mercredi, août 11, 2004

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Cat trouble (La Mère Michel s'énerve)...

A l’aube, je me réveille. Le corps plein de sanglots, le cœur en peine, je cherche mes chats dans le néant. Je cherche le visible pour n'y trouver qu'un énorme vide. Depuis un mois, tous mes chats ont disparu les uns après les autres. Je pleure ma famille féline. Habitués depuis des années à aller et venir entre le chalet et la forêt, ils étaient libres de leurs mouvements. Ils revenaient toujours de leurs aventures, nous ne nous en faisions guère sur leur sécurité.

Tout a commencé avec Gaia qui a disparu la première, jolie Gaia, affectueuse, forte et chasseuse. Puis ce fut le tour de Patapouf de disparaître. Mon gentil Patapouf qui faisait des dialogues entiers en miaulant, phrases de chats que je ne comprenais pas. Puis Petite Crevette partit un jour se promener pour ne plus revenir, Petite Crevette, si douce et docile, petite boule d’affection et de discrétion. Sumiko, belle comme la nuit suivit le même chemin et depuis maintenant une semaine Yoda ne réapparaît plus! Et là, c’est trop!!! Mon cœur tempête, fait rage, il se brise contre les écueils de cette vie qui me souffle des cercueils de chats dans la tête. Les questions tournent en rond dans un océan d’incertitude. Où sont partis mes chats???

Je veux bien croire que la nature peut être responsable, mais de là à croquer mes chats les uns après les autres, je ne la crois pas si cruelle! Ne serait-ce pas plutôt l'une des caractéristiques de l’Homme? Qui a pris mes chats?!?!

Sur cette dernière rue du village, entre lac et forêt, (nous sommes l’une des rues les plus habitées à l’année), sur 16 maisons ou chalets, 12 vibrent d'humanité à l’année, ce qui est plutôt rare dans ce village composé à 75 % de résidences secondaires. Sur ces douze maisons, beaucoup aiment les chats, d’autres se taisent ou chuchotent, y’a-t-il un meurtrier sur ma rue?

La vieille madame tout au fond posséde une dizaine de chats qu’elle garde jalousement, peu sortent. Elle est un peu paranoïaque sur le sujet, elle parle de renards, d’ours, des dangers de la forêt et de ces gens qui tuent les chats par plaisir, on ne sait jamais qui c’est, mais ils existent répéte-t-elle! Il y a le p’tit couple à coté qui avait un chien assez tannant, gentil, mais un peu tannant. Le papy d’en face leur avait fait des menaces. En mars, le chien a disparu de leur terrasse, il leur reste trois chats! En les croisant au IGA, l’on partage nos malchances animales. Depuis la mort d’Atlantik, c’est l’apocalypse féline en notre chaumière!

Sur leur coté de rue, trois autres couples de vieux entre 50 et 70 ans que l’on ne voit guère, y’aurait-il un tueur de chats parmi eux? Les vieux si ça se tannent de voir un chat traverser leur précieux jardin, cela peut avoir la main sévère, après tout ce ne sont que des chats, n'est-ce pas?

De notre coté de la rue, au fond, le couple de sportifs, très doux et granola, je ne les vois guère tuer mes chats. Puis le Papy qui s’entend comme chien et chat avec la Mamie d’en face. Je le connais un peu, il craque à mon charme comme une brindille sèche. Il aime bien les chats et ne voyaient pas souvent les miens. Il n'aurait jamais osé me blesser. Il me dit entre deux confidences que c'est peut-être sa voisine qui les a kinappés! Heu! Pas sure! Puis vient une famille que l’on ne connaît pas. Arrivent ensuite nos voisins coté gauche, là je ne sais pas trop. L’année dernière, madame ne voulait pas nous dire bonjour car elle trouvait que nos chats allaient trop chez eux. En plus c’est des passionnés d’oiseaux alors bon! Et voilà pas que cette année, la vapeur s’est renversée et ils sont extra-gentils avec nous, proposent des outils si Juan veut s’amuser à construire de quoi, tente, réchaud, tout est soudainement à notre disposition! Que s’est-il donc passé dans leur tête! Et comme par hasard voilà que je n’ai plus un chat adulte dans ma maison! Serait-ce là un cas de mauvaise conscience prononcé, je me pose des questions...

Les voisins de l’autre bord ont eux-mêmes deux chats, ils aimaient bien les nôtres, je ne les vois pas virer couleur homicide. Ce matin, le cœur en chagrin, je me suis levée à l’aube, je suis partie dans la forêt derrière la maison, j’ai laissé couler mes larmes entre bois mort et rosée. Tandis que je parcourais la brousse, les fougères sont partout, j'ai cherché d'un regard fou mes chats disparus, je n'ai rien vu! Peu courageuse, je ne me suis pas aventurée trop loin, après tout, j’ai pas vraiment le goût de croiser un ours égaré à 6 heures du matin! À force d’entendre les légendes villageoises, un certain effet commence à se faire sentir en mes pensées, est-ce que les ours mangent les chats?

En attendant, quelques jours encore sans revoir mon Yoda ou aucun de mes chats et je vais aller faire le tour des maisons du quartier. Exposer ma peine, blablater mon histoire et guetter les réactions sur les visages, je vais entendre des dizaines de légendes rurales, maudit été de c...!!! Je ne peux pas croire que je ne reverrais aucun de mes gentils minous. La nuit, ils me visitent en rêve, je n’y vois pas là un bon « Omen »! Si au moins, il pouvait en revenir un seul, cela mettrait un peu de baume sur ma douleur interne. D'ailleurs, je n’ai pas dit mon dernier mot!

Hypérion, fils de Gaia, qui s’était sauvé le jour où ses frères prirent le chemin du Pet Shop et Obsidien, fils de Petite Crevette qui a lui aussi échappé à l’orphelinat des chats sont à mes cotés pour me nourrir de cette vibration féline nécessaire à mes jours. Je ne puis vivre sans chats, c’est inexplicable. I should have been a cat woman! J’espère bien ne pas devenir la petite vieille au fond de la rue qui ne vit qu’avec ses chats, à moitié sénile et complètement hermite. J’ai juste besoin d’avoir des chats dans ma vie, c'est plus fort que tout! Plus que deux minis chats entre mes 4 murs, cela ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. La maison me semble si vide, le silence plus intense, l'atmosphère moins légère. « Je veux revoir mes chats » hurle la petite fille au fond de moi....

La voisine de mon âge qui a perdu son chien me dit : «Brocoli est enceinte, si tu veux tu pourras venir prendre un p'tit minou!». Peut-être... Avant cela, je dois traverser cette contrée solitaire où me transporte ma peine, il faut que je trouve un coin tranquille où la déposer gentiment, ouvrir une boite de souvenirs pour y déposer ces pensées glacées, continuer d’enquêter...

D’un autre coté, si je dénichais un responsable humain, la vague de haine qui m’emporterait serait si forte que je ne sais pas si je serais en mesure de la contrôler, aprés tout je ne suis qu'une simple humaine sur la Terre! Mais Dieu sait si je déteste ressentir la haine m’inonder l’être et me bouffer la moelle de ses crocs d'ébène...

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