lundi, décembre 01, 2008

L'enfant bavarde

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Bavardises de M'Zelle Soleil…

Maintenant que l’acquisition du langage est faite. M’zelle Soleil du haut de ses trois ans explore sa répartie sur le dos de ses parents.

Ceci nous donne souvent des échanges de regards interloqués. Nous découvrons un nouvel univers d’enfance, en cette nouvelle étape, l’intellect se joint à la partie. Les discussions s’approfondissent. Le vocabulaire de la Miss s’enrichit. Juan me dit : « Des fois, elle dit des choses juste pour parler, elle utilise des mots sans toujours les comprendre, ils sont pas vraiment dans le bon contexte et puis d’autre fois, elle te sort le mot juste au bon moment et te ramasse bien comme il faut! On dirait, qu’elle attend le bon moment pour sortir le mot qu’elle a jamais utilisé avant et là, elle te regarde ramer! ». J’acquiesce silencieusement. L'on a pas fini de se poser des questions, de chercher des solutions, de trouver les bonnes raisons...

Notre petite scorpionne possède une belle vivacité d'esprit. C’est le revers de notre médaille. D’un coté, elle est vive et intelligente et de l’autre elle nous donne un peu de fil à retordre parce-qu’elle n’en laisse pas passer une. Elle nous fait travailler sur nous-même. Parfois je me demande si le rôle de l’enfant n’est pas aussi d’apprendre à ses parents à évoluer. C’est un processus profondément humain. En notre rôle de parents il nous faut guider l’enfant, l’encadrer et lui apprendre les bases de la vie telle que nous la comprenons. Mais je crois que le véritable apprentissage se fait dans les deux sens. Chacun apprend de l’autre. Depuis que M’zelle Soleil est née, j’ai appris et compris bien des choses, ma perspective du monde s’est agrandie, presque épanouie. Je ne vois plus le cours de la vie en fonction de ma peau, je la vois en fonction de la sienne. En elle, je vois le futur et le devoir de ne pas le gâcher.

Je suis si fière de la voir utiliser sa langue ancestrale. Mes racines sont ancrées dans ma langue. Et ma langue est ce que j’ai de plus cher à lui transmettre. L'écouter utiliser différents temps, exploiter les mots et essayer d'en maitriser les subtilités est un plaisir à mon coeur. Qu’il est plaisant de récolter quelques fruits de mon travail effectué au cours des trois dernières années. Voir pousser les graines que l’on a plantées dans le terreau innocent de ce petit être qui jaillit de nos entrailles.

L'enfant choyée fait de plus en plus la différence entre le français et l’anglais. Elle me dit : » Maman, s’il vous plait c’est français et Pleeease c’est en anglais, hein maman? »

Dans la voiture, la musique est un peu forte, l’on discute par dessus elle pour échanger de notre journée avec l’homme qui conduit. N’a-t-on jamais remarqué combien « discuter » et « disputer » sont proches à l’oreille. Je ne suis pas sure que la Miss en fasse encore bien la nuance. Depuis qu'elle mélange les deux termes en sa bouche enfantine, j'en réalise leur proximité. Alors que l’on papote entre deux notes. La demoiselle s’exclame : « Hé, les amis on se calme l’énergie! ». L’on pouffe de rire à la version enfantine de « on se calme les nerfs! »

Elle dit à son père qui a un bouton pas beau sur l'épaule « Papa t'as un grain de sable là ». Il sourit et lui dit « Si seulement c'était un grain de sable! Mais c'est même pas un grain de beauté! ».

Elle joue à la poupée avec son père. Il ne semble pas donner à manger comme il faut, elle le reprend: « Non papa, c'est pas comme ça, c'est comme je fais! Sinon il va s'étouffer! »

Alors qu’elle est d’humeur rebelle, guère encline à écouter les consignes, elle se retrouve au piquet. Une fois dans le coin, la technique de la maison est qu’elle doit expliquer ce qui là mené là et s’en excuser. Alors que je lui demande pourquoi elle est dans le coin, elle me répond avec férocité : « C’est parke tu m’as déranzé. Z’ai en colère! »

Elle finit par casser le collier sur lequel je lui demande de ne pas tirer. Son père est témoin de la chose mais croit à un accident ne sachant pas que j’ai passé l’après midi à la prévenir. Lorsqu’il m’explique le méfait, guère satisfaite je suis. Une petite leçon à la sauce maternelle s’échappe de ma bouche mécontente. L’enfant me regarde avec témérité et me dit :

- Mais maman, c’est juste des mots, c’est pas grave!
- Ah non, ma fille, c’est pas juste des mots, c’est un collier! C’est le collier qui est cassé et ce sont les mots qui expliquent la situation!

Collé contre mon sein, elle se câline à mon essence. Affectueusement, l’on regarde un livre de chevaux posés sur nos genoux. Henri le chat vient s’installer dessus et ronronne contre nos joues. M’zelle Soleil me dit :

- Gade maman, y’a un avion de soleil sur Henri
- Un rayon de soleil?
- Oui, regarde, c'est beau…

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