jeudi, octobre 16, 2008

D'un oeil averti

Leave a Comment
Au service du lac...

Matinée de pluie, jour gris, M'zelle Soleil à la garderie. Une tonne de choses à faire avant le retour de ma fillette grandissante. Une nouvelle routine s’établit. Je retrouve quelques libertés personnelles. Je cherche des contrats, en achève certains et me tourne vers d'autres. Bientôt je reprendrai mes voies d'écriture. Dernièrement, j’ai accepté, en lien avec mon retour à la vie « active », d’entrer au conseil d’administration de l’association pour la préservation du lac.

L'association compte plusieurs centaines de membres. Nous sommes donc sept à la direction de ce mouvement humain au service de la nature. Je suis la plus jeune, tant et si bien que du haut de mes trente-cinq ans, j’ai la sensation d’en avoir vingt! J'ai l'impression d'avoir toute la vie devant moi. Un seul homme d’une cinquantaine d’année, professionnel dans le domaine de l’écologie et quatre autres femmes dans la cinquantaine aussi, toutes accomplies en leurs carrières de chef d’entreprises, de professeur ou de traducteur. La dernière est une jeune retraitée qui commence l’année sans plus se préoccuper de sa carrière au sein d’Hydro-Québec. En ce monde majoritairement féminin, je suis en charge des communications avec une implication au niveau de la sensibilisation. Depuis deux ans que je tiens, en parallèle, le blogue de l’association j’ai fait mes preuves en ce domaine. J’en profite d'ailleurs pour partager en ce petit coin de Toile plus personnel, un texte que j’ai écrit pour le compte de l’Asso et qui traite des algues bleues en notre quotidien automnal…

Car cette année encore, nous avons dû compter avec quelques épisodes de cyanobactéries plus ou moins développés, rien de bien grave selon les dires du gouvernement mais bien assez grave pour savoir que les excès humains entrainent un vieillissement prématuré de cet organisme liquide pourtant voué à vivre des milliers d'années. Il n'est pas tant ici question de pollution. L'on ne peut pas vraiment considérer les algues bleues comme de la pollution. Il s'agit plutôt d'un symptôme, une façon pour la nature de nous expliquer que nous exagérons. Je n'en verrai peut-être pas le pire, même si j'en perçois la dérive. Si l'insouciance se poursuit, le pire sera réservé à nos enfants et à nos petits enfants. Il n'est pas encore trop tard pour renverser la vapeur, espérons que l'humanité de ce petit coin de paradis québécois en prendra vite conscience...

Colors of October


Comme à mon habitude, je retrouve ce coin de lac qui enchante le fil de mes saisons. L’automne mordoré enveloppe les collines de ses couleurs chatoyantes. Les chalets d'été sont déserts. Les citadins ont repris leur routine urbaine. La forêt regorge de senteurs qui embaument l’atmosphère. L’air est doux. Le lac, serein et paisible s’étend à l’horizon. Je m’approche de l’eau fraîche. À première vue, de loin, tout semble normal. Je fais quelques pas sur la plage. J'inspire l’air du temps. Je me fonds dans la nature généreuse tandis que mon œil perçant observe son environnement.

Regarder la nature avec attention

S’il s’approche de plus près, l’œil averti se rendra vite compte que la substance de l’eau est plus lourde qu’à la normale. La qualité de l’eau semble plus dense. Ceci lui donne une allure stagnante. Si l’œil averti s’approche davantage, il constatera alors une impression de soupe. De minuscules grains verdâtres composent une sorte de poudre qui épaissit la surface du lac. L’eau claire est recouverte d’une subtile couche presque visqueuse. L’œil averti aura vite compris qu’il est ici en présence d’algues bleues. Ceci est une soupe de cyanobactéries

Malheureusement, sans parler des éclosions virulentes qui sont apparues à plusieurs reprises dans le lac cet automne, j’ai pu personnellement remarquer que cet endroit de lac précis n'arrivait pas à se débarrasser de ces algues bleues-vertes. En ce petit coin d'eau que je fréquente régulièrement elles se sont manifestées début septembre. Depuis elles ne se sont plus vraiment dissipées. Il faudra atteindre l'hiver et les grands froids pour les voir disparaitre au fond du lac. En nappes plus ou moins épaisses, elles se sont logées en des recoins dispersés. Est-ce un processus auquel il faudra désormais s’habituer? Avec chaque automne venu, le retour de la soupe? Le lac est malade, en ce symptôme précis, il nous fait signe. Arriverons-nous à l’entendre?

Comme ce n’est que de la soupe et non pas une nappe épaisse qui recouvre la surface de l’eau, je laisse aller mon chien qui aime s’y rafraîchir les coussinets. L’eau est épaisse, les bulles qu’il laisse sur son passage n’éclatent pas comme elles le devraient. Elles glissent à la surface avant de se poser sur le sable. Est-ce l’eau plus lourde, l’eau chargée d’algues bleues qui les retient ainsi? La strie d’un canard qui vogue sur le lac paisible se fait aussi très longue. Le lac miroir reflète le ciel qui s’ennuage. Une feuille morte tombe à l’eau. Elle se pose sur un léger tapis d’algues microscopiques. Microscopiques mais pourtant en assez grande quantité pour que l’œil averti en prenne facilement conscience...

Et puis en y regardant d’encore plus prés, l’œil averti verra le sable se teinter de traces verdâtres et là, au coin d’un rocher, une concentration de cyanobactéries attirera facilement le regard de quiconque s’y posera et prendra la peine de regarder…

Algues bleues Été 2008 : Un premier bilan

En cliquant sur les liens, les images choisies avertiront l'oeil sensible à cette cause...

0 commentaires: