Vol de jour
Bébé Soleil se réveille. Elle ingurgite une compote de poires. Prête pour l’aventure, elle gigote comme un asticot sur sa chaise haute tandis que je mange, en vitesse, un croque-monsieur maison. Le soleil éclaire un ciel bleu, quelques nuages cotonneux se baladent. L’on part pour la plage.
Sur le chemin, l’on rencontre deux fillettes, dans une petite charrette, tirées par une maman pressée. Les enfants se reconnaissent, l’on se salue. L’on tourne en direction de la plage, elles suivent le chemin qui mène au centre du village. La plage est semi-déserte, quelques enfants, une poignée d’adultes, Lily-Soleil piétine le sable chaud…
À l’horizon, quelques nuages menacent la beauté du jour. Lily-Soleil se lève, prend mes mains et me montre son désir de marcher. Je suis sa volonté qui nous fait tremper des pieds dans une eau délicieusement fraîche. La plage est un énorme bac à sable, bébé s’éclate. J'absorbe le paysage...
Bientôt l’horizon s’assombrit et les nuages galopent d’un pas guerrier en direction de nos têtes. La plage se vide à mesure que l’ombre rattrape lr lac. Paresseusement, Lily-Soleil boit son jus de pomme, lovée dans mes bras. Je regarde le ciel d’un œil dubitatif. Il ne me dit rien qui vaille. Je ramasse tranquillement nos affaires. Lily-Soleil fatigue.
Je la couche dans sa poussette, son restant de biberon dans le bec. À peine avons nous roulé quelques instants que l’on croise les deux fillettes et leur maman. Elle me demande s’il y a du monde. « Non, tout le monde est parti. Le ciel est pas beau, cela sent l’orage ». je pointe en direction du ciel bleu de colère. Elle décide de rentrer. L’on réalise que l,on est sur la même rue. Elle m’explique qu’ils sont en vacances, ils habitent à Québec et ont loué un chalet pour quinze jours. Le même chalet que mes beaux-parents louaient lorsqu’ils venaient voir leur fils les dernières années.
Juste avant la petite côte qui mène en nos pénates. La pluie commence à tomber. L’orage nous rattrape. Cela gronde. L’on accélère le pas tout en continuant de papoter. Soudain, c’est une grosse douche de pluie qui se déverse sur nos épaules. L’on couvre nos enfants respectifs et l’on se dépêche de rentrer en riant. Son chalet est au début de la rue, ma maison est à la fin. Arrivés à destination, elle m'invite à me réfugier chez elle. Je refuse poliment. Je préfère retourner d’un pas vif chez moi. Bébé est affamé, l’heure de la sieste approche…
Les derniers cent mètres achèvent de me tremper. Bébé Soleil regarde le temps, sans piper, avec de gros yeux ronds, toute perplexe. Le rythme de sa routine nous guide. Elle mange avec appétit, je change la énième couche de ma journée, elle s’assoupit sagement. Je ferme la porte de sa chambre et je sors sur la pointe des pieds.
Dehors les averses, plus ou moins violentes, continuent de rafraîchir l’air humide. Entre deux colères de ciel, le soleil fait des percées de lumière. Les averses passent comme des coups de vents, elles soufflent les unes après les autres. Tiens en voilà une autre!
Le tonnerre vrombit au loin, sous une pluie ruisselante, il fracasse l’atmosphère capricieuse. Le canal météo avait raison, cette journée est définitivement orageuse…
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