Tout le monde peut bien me dire que ce n'est pas maintenant l'été indien, que c’est fin septembre, mais je n’y crois pas ! L’on me dit cela à chaque année et j’ai jamais aussi chaud début octobre !!! Je suis d’accord que les feuilles ne sont pas encore assez rouges et la lumière aussi mystérieuse qu’elle devrait l’être, mais avec la planète à l’envers, je suis pas sure qu’il y aura un autre temps où l’on pourra se dire : tiens voilà l’été indien 2003 ! S’il revient tant mieux ! Sinon, ces jours-ci seront mon été indien à moi. Na !
Il fait presque 30 au soleil, pieds nus dans l’eau bien fraîche, je sue et j’aime ça ! Et puis la lumière d’automne si étrange qui rend l’été des indiens si intriguant n’est vraiment pas loin…
Il fait plus chaud qu’il n’en a fait depuis des lustres, l’atmosphère est lourde, presque humide, c’est un petit miracle ! Un vent tiède fait bruisser les feuilles qui s’assèchent et le soleil fouette !!! Paradisiaque…
Mais pourquoi faut-il que je partage mon seul après-midi tranquille avec 2 jeunes filles qui ont envahi mon coin de sable ? Petite épine dans le pied en traversant le dernier Eden…
Le lac limpide est lisse comme le ciel bleu poudre qui sans l’ombre d’un nuage le bleuit subtilement. Les deux étudiantes ont l'air d'avoir chaud à réviser je ne sais quoi. Elles vont se tremper les pieds à deux pas des miens ! La plus dodue a un dauphin tatoué sur la cheville. Elles s’éloignent…
La plus fine décide de se baigner toute habillée, invitant l’autre à la rejoindre, il fait si chaud ! Elles doivent avoirs 18 ans et des poussières, elles papotent à hautes et fortes voix !
Indifférente à l’envahisseur, je suis la course du soleil les pieds dans l’eau…
Je suis venue ici lire un livre de Douglas Glover, Le pas de l’ourse. Une commande de Miss Pippa, 300 mots pour le 19 septembre…
Je n’étais pas sure d’avoir le temps puis j’ai senti ce souffle d’été arriver et j’ai révisé mes positions. Aller lire au soleil, supposément tranquille au bord du lac, ça ne se refuse pas !!!
Miss Pippa m’a dit :
- Tu vas voir, c’est une française qui se retrouve en milieu amérindien, paraît qu’elle a un caractère particulier, tu m’en diras des nouvelles…
- Ok, d’abord ! D’accord Miss Pippa, mais j’ai pas un caractère si particulier que ça moi !?!
Alors, je plonge, j’oublie le blabla des jeunes filles qui s’effarouchent sous mes regards courroucés, je pars pour 1542 et une traversée de l’Atlantique qui me mènera à l'Isle aux Démons, perdue quelque part dans l'embouchure du St-Laurent…
75 pages plus tard
J’ai chaud, chaud, chaud, je vais me baigner ! L’eau a la fraîcheur de l’automne. Elle me pince la peau dés mes premiers pas, c’est un rafraîchissement immédiat !!!
J’avance jusqu'à m’y tremper le bout des seins. Tandis que mes cuisses s’habituent à l’eau presque froide, je reste posée là devant l’horizon liquide qui m’enrobe le corps. Les pieds bien ancrés dans le sable, attentive au moindre mouvement de l’eau, je me fous de tout…
Je veux me perdre encore dans cette vaste étendue qui me libère, je voudrais me faire emporter en un endroit où il fait toujours chaud.
Le temps que je retrouve ma serviette multicolore, les jeunes filles ont désertées les lieux. Parties magasiner Place Laurier d’après les bribes de conversations se sont envolées jusqu'à moi…
Je peux profiter de mon vingt mètre de sable en toute solitude. Plus loin, le monde s’acoquine tous ensemble, petite foule dénudée, assise, sur des chaises qui font face au soleil, absorbant la chaleur bénie de cet après-midi paisible…
Le temps passe, je me prélasse, la lumière s’évade, la chaleur reste sur place…
Il fait si bon que le temps d’écrire sur papier ces quelques lignes et je suis déjà sèche ! Si ce n’est pas l’été indien, j’ai hâte de goûter au vrai où il doit faire encore plus chaud d’après la rumeur locale…
L’envie de retourner me mouiller est irrésistible, sentir la fraîcheur de l’eau pure sur ma peau qui s’adoucit de plaisir…
Une autre cinquantaine de pages et je suis décidée, c’est fois-ci c’est entière que j’y passerai ! De la tête au pieds, je me tremperai….
Une libellule effleure le lac de son vol rapide. Les sauterelles imitent le chant des grillons…
Je retourne me tremper...
Une fois habituée aux pincements frais du lac, je trouve le moyen de torturer une moule qui traçait doucement son chemin sous l’eau...
Le corps gorgé de rayons chaleureux , je finis mon livre avec le soleil qui se couche et je tourne la dernière page de cette étrange histoire…
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