vendredi, mai 08, 2009

Fête et grimaces entre deux bourrasques...

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Fête et grimaces entre deux bourrasques...

Par grands vents

Dimanche prochain c'est la fête des mères et il faut avouer que cette semaine c'est bien ma fête! Depuis dimanche dernier, M'zelle Soleil fait de la résistance avec insistance. Elle collectionne les bêtises et les rebellions en tout genre. Dire que dimanche dernier, je m'étais justement dit que la semaine venait de se passer comme un charme. Pas une seule punition à donner! C'était trop beau pour durer. Comme le calme avant la tempête....

Si tout le monde parle avec terreur de l'étape des deux ans, de mon coté je trouve les trois ans bien plus effrayant. Maintenant qu'elle maitrise sa langue, la demoiselle commence à comprendre qu'elle peut nous envoyer paitre. Ce qui donne généralement une sauce à la "Vous z'étes pas mes parents! Arrête de me parler. Ze suis tannée de toi!" dès que l'on essaie de sensibiliser sa petite personne à certaines bases de la vie. L'insolence pointe le bout de son nez et son père se fait quelques cheveux gris. S'adapter aux rythmes de sa croissance n'est pas toujours évident...

Du haut de ses trois, elle se sent maintenant assez autonome pour nous tenir tête avec conviction. Elle sait batailler, résister, contester, provoquer. "Les chiens ne font pas des chats" disait ma Mère-Grand! En tant que parents, c'est dans ces petits ouragans qu'il faut aller chercher en soi des trésors de patiences. Des trésors de patiences cachés au fond d'océans de calme et de contrôle mental. Alors que l'enfance fait sa révolution, coté parental, il ne faut pas flancher, ne pas s'énerver, ne pas crier, ne pas perdre son calme. S'accrocher dans la tempête du jour et tenir fermement la barre. "Il faut bien qu'enfance se passe" disait aussi ma grand-mère...

MIni Miss

Se retrouver de ce coté là du miroir met en perspectives bien des horizons. Cela vient remuer les profondeurs de l'être humain. Il faut puiser dans toutes ses ressources d'adulte pour ne pas grimper aux rideaux. Alors que nous discutons de notre position parentale dans la vie de cette Mini Miss que nous avons mis au monde (enfin surtout moi parce-que bon! La gestation n'est pas une mince affaire et n'est définitivement pas masculine!), Juan me dit: "Elle est maintenant assez grande pour nous défier. Depuis qu'elle est née, nous la regardons comme une petite merveille mais maintenant qu'elle grandit il faut accepter que notre petite merveille n'est pas tous les jours merveilleuse!"

Je crois que c'est ce qui me plait le moins dans tout cela. Il a raison. Je le sais. Elle est humaine, comme nous tous, plus elle grandit et plus elle devra exploiter ses qualités et soigner ses défauts. Cependant la mère que je suis aimerait bien souvent ignorer ses défauts et ne plus voir que ses qualités. Cela n'est pas la solution. Alors j'accepte cette vérité. J'accepte l'idée que certaines semaines couleront comme de l'eau de source tandis que d'autres ressembleront à une rivière en furie. Ainsi va la vie...

Je prends les moyens nécessaires pour confronter cette réalité. Entre temps, j'essaie de lui expliquer le principe du mensonge qu'elle a découvert récemment (pour se sortir de situations désagréables). Avec une certaine nostalgique je repense à l'innocence du bambin qu'elle était il y a encore quelques mois. Mon Dieu! C'est vrai que passe vite. Coté conneries quotidiennes, je lui laisse une certaine marge de manœuvre. Ma sévérité a aussi ses limites. Je ne veux pas être qu'une maman gendarme (fais pas ci, fais pas ça, fais comme ci, fais comme ça. Ouf! À grosse dose je me sature moi-même !) Il faut aussi qu'elle apprenne de ses expériences. Qu'elle comprenne les conséquences de ses choix. Malgré tout, je recherche un certain équilibre entre sévérité et liberté. Pas facile à trouver. Aussi lorsqu'elle me dit: "Maman, tournes toi, tu me regardes pas hein?" alors que le reste du temps c'est plutôt "Maman, maman, regarde, regarde maman!", je sais que c'est bien louche. Si ce qui trame n'est pas bien grave, je me détourne en lui répondant :

- C'est pas parce-que je ne te vois pas, que je ne sais pas que tu fais une bêtise! Si cela dégénère...
- Oui, ze sais maman, cela m'emmènera au piquet!

Ces moments là se déroulent sur une fine frontière entre sévir et laisser faire. Ah! les joies de la parentitude! Heureusement que les moments d'affection rappellent à la douceur. Et si elle me raconte un bobard gros comme la lune pour ne pas se faire punir d'une bêtise quelconque, je lui réponds " Tu sais que les mamans, cela finit toujours par savoir la vérité!". Et je finis toujours par lui tirer les vers du nez. Trois ans, toutes ses dents de lait, plus si innocente mais encore bien naïve...

J'utilise parfois certains subterfuges pas trop catholiques pour enrayer quelques dérives. Pour ce faire, il m'arrive de tracer une frontière subtile entre le mensonge et le développement de l'imaginaire. Je n'aime pas le mensonge mais je crois au pouvoir de l'imagination. Alors pour enrayer la mode des grimaces en tout genre, j'ai eu une illumination. Après des semaines à supporter des grimaces de bouche écartelée (et blagues de caca-prout), je commençais à sérieusement voir le bout de mes patiences. J'étais à bout de réserves. Et puis, un matin, tandis qu'elle se déforme le visage avec une dextérité qui me décourage, je m'exclame:

- Oh! Attention, je crois que je viens de voir passer la sorcière à grimaces!!!

Elle laisse tomber la grimace pour écarquiller les yeux.

- Où ça une sorcière!!!

- Par la fenêtre. Et je crois bien que c'était la sorcière à grimaces!!!!
- La sorcière à grimaces????
- Oui, faut faire attention parce-que elle gèle les grimaces sur le visage des enfants!
- ????!!!! Comment elle fait?
- Quand elle voit un enfant faire une grimace, elle lui gèle fa face! Et après l'enfant est pogné avec sa grimace! Il ne peut plus l'enlever. Alors il doit manger avec sa grimace, aller à l'école avec sa grimace, parler avec sa grimace, la vie devient très difficile...

L'homme embarque dans mon train et ajoute du grain à mon moulin. Il fait une grimace affreuse. Il mime le fait de manger ou de parler ainsi. J'avoue qu'il fait peur! M'zelle Soleil est rendue bien impressionnée. J'ai dans l'idée que l'on va connaitre des vacances de grimaces pour quelques temps! Après tout, il y a bien le Père-Noël, les lapins de pâques, la fée des dents, et j'en passe, il peut bien aussi y avoir une sorcière à geler les grimaces sur place! Et c'est terrible comment cela marche...




Être parent est toute une aventure humaine. Je réalise que le fait d'avoir un partenaire sur lequel je peux compter est une chance. Ensemble l'on affronte notre petit monstre au sourire angélique. L'on se soutient l'un l'autre, l'on communique nos joies et nos craintes. L'on en discute et l'on en devient plus fort. L'on forme une équipe. J'ai bien conscience que cela serait beaucoup plus difficile si j'étais seule dans ma barque maternelle.

Pendant ce temps M'zelle Soleil s'éveille à notre monde humain. Elle en comprend de plus en plus de choses. Elle se positionne. Elle se transforme en la personne qu'elle deviendra. Même si nous avons fondu en elle nos gènes, même si nous reconnaissons notre humanité en la sienne, elle n'est pas nous. Elle vient juste de nous. Mais nous avons sur sa vie une grande influence morale. Nous avons le devoir de la guider tout le long de ce sentier ardu qui la mènera à sa maturité...

Souvent Juan me dit: " C'est quand même cruel ce truc d'élever nos enfants, de les aimer pour qu'ensuite ils nous quittent! Tout ça pour ça." Tout ça aussi pour cultiver l'espoir intime d'avoir un jour une bonne relation avec la femme qu'elle sera. Même si je sais que la route est longue, je lui souhaite tous les jours de devenir une adulte bien dans sa peau et sa tête. Une adulte qui aidera le futur à mener notre humanité vers son accomplissement plutôt que vers sa destruction. Tout un défi! Mais n'est-ce pas là l'envie de toutes les mères que l'on célébrera ce dimanche?

Alors que je médite sur notre cas. M'zelle Soleil, chantonne des comptines sans queue ni tête, elle me demande:

- Mais maman, c'est où la fête de mères?

Je prends quelques secondes de réflexion alors que mon cerveau tourne à cent à l'heure à la recherche d'une réponse.

- Heu, c'est dans le coeur ma puce... Et c'est dimanche...

4 commentaires:

minutepapillon a dit…

C'est tous les jours la fête des mères quand on vient lire tes pensées de maman sur ce coin de toile. Et chez nous ça se fête à la fin du mois. Que la vie soit une fête de chaque jour!

Etolane a dit…

Merci de ces bons mots. J,avoue avoir été gâtée cette année! :D Je te souhaite pour ta fin du mois une toute aussi belle fête des mères! :) Parce-qu'avec tout ce que l'on donne à nos petits, on le vaut bien! ;)

Junko a dit…

Mes parents m'avaient dit la même chose quand j'étais petite. Enfin, ils n'avaient pas parlé de sorcière à grimace, mais il m'avait dit : "attention, si tu continues à faire des grimaces, tu peux rester figé comme ça toute ta vie et tu seras très laide". J'avais eu peur et j'avais arrêté illico (je continuais uniquement à tirer la langue parce que ça me paraissait inoffensif quand même :p). En plus, je l'avais répété à mes copines donc nombre de parents ont dû être débarrassés des grimaces de leurs enfants dans la foulée ! Bref, crois-en mon expérience, tu as eu une très bonne idée, et c'est bien plus joli de passer par l'intermédiaire d'une "sorcière à grimaces"...

Etolane a dit…

:lol: ah ben, du vécu de grimaces! Cool! C'est vrai que cela marche d'enfer, pas une seule grimace depuis l'arrivée de l'idée! ;)