Dehors, les autres tuent l’hiver. Le silence de ce petit coin de vie civilisé résonne des voix qui s’agitent en sourdine, des bribes de phrases, des autres qui jasent au rythme des coups de pelles qui font bruisser la neige, la déplacent pour qu’elle s’évapore plus vite, changement de saison…
Dedans, des cascades de larmes scindent des océans sombres. Dans le livre de mon existence, une page, un chapitre, un tome se pulvérise et devient poussière. Un désert naît. Des torrents d’affection disparaissent dans le néant lugubre de l’au-delà. Des richesses, qui auparavant, faisaient vibrer le cœur, s’effacent. Des paillettes de vie qui étincellent et s’éteignent.
Des fleuves de compréhensions, des prairies d’attentions. C’est toute une vallée d Amour qui brûle dans mon cœur. Ma grand-mère se meure. Maman de mon intérieur. Dans un clignement d’œil, à deux doigts de rencontrer son arrière petite fille, elle se repose et s’étiole. Tangue les émotions, les regrets, la peine et la résignation. La famille se déchire ou s’unit selon les courants d’idées et les générations. Seule dans mon coin, je sanglote. Je ne veux pas entrer dans la danse. Je veux me recueillir et me souvenir…
Je ne veux rien oublier, ramasser toutes mes miettes pour m’en construire un quartier de pensées douces. Mon cerveau papillonne, s’accroche aux rayons de paix, aux touches de lumières qui caressent l’âme endolorie. En deuil, je suis…
Dans des ténèbres, j’erre, je me perds. Trop de remords géographiques. Et ce printemps qui me nargue. Cette chaleur qui renaît des cendres de la saison dernière, mon corps qui, malgré moi, reprend le contrôle de sa chair meurtrie. Juan nous entoure, nous dorlote, me réconforte. Se retirer dans une solitude personnelle, à l’écoute de cette petite voix intérieure, murmures de Marie-Thérése, ma grand-mère qui s’installe en mon sein, en ma douleur et mes bonheurs…
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