En ce matin de Pâques pluvieux, je déserte la chaleur du lit où dorment mes deux amours pour venir grappiller quelques instants de mots. Notre premier Pâques en tant que parents, mon premier Pâques sans une conversation avec ma chère Mère-Grand. Bébé met du baume sur mon cœur qui peine. Elle allège mon chagrin de ses sourires coquins.
Là-bas, au loin, repose ma chère grand-mère dans un coma profond. Maintenue en vie par une science sans cœur qui ne respecte guère la personne anonyme. Cet état de fait était son cauchemar lorsque la vie l’animait. Autant mon cœur saigne d’associer la mort à son être. Autant la savoir se « végétaliser », prisonnière d’une chair qui ne répond plus à ses volontés me torture l'âme.
Il parait qu’il est très compliqué de débrancher de tel cas. Mais elle ne vit pas, je sais qu’elle ne reviendra pas, elle est trop abîmée maintenant. Et s’il fallait qu’elle revienne sans aucune de ses facultés chéries, elle nous en voudrait de ne pas l’avoir laisser partir. Elle, qui m’a inculqué la foi, doucement, tendrement, sans fanatisme ni obligation. Elle, qui a été si bonne tout au long de sa vie. Elle qui, malgré une vie de misère, ne s’est jamais aigrie, n’a jamais désespérée. Elle, si généreuse, qui a toujours cherché à offrir le meilleur aux gens qu’elle aimait. Elle, qui m’a inculqué des principes de morale universelle, et qui, jamais au grand jamais, n’aurait accepté qu’on la maintienne ainsi. Pâques est le temps de la mort, de la résurrection et de la renaissance. Aujourd’hui, mon Pâques n’est pas fait de chocolats mais d’intenses émotions qui me remuent les entrailles.
Ce matin, j’emmènerai mon bébé à sa première messe, j’irai prier pour ma grand-mère. Simplement. La religion n’est pour moi qu’une marque humaine. À mes yeux, ce qui compte, c’est la foi en une puissance (conscience) supérieure. L'Amour est divin. Que ce soit, par exemple Jésus, Allah, Bouddha ou le Grand Esprit (je me sens plus proche de ses deux derniers, même si culturellement, je suis chrétienne et que je l’avoue humblement, en tant que femme libérée, j’ai bien du mal à comprendre et à accepter les principes musulmans. En fait toute forme d'extrémisme m'horripile) ce qui compte c’est de posséder une certaine spiritualité, car au fond, c’est tout du pareil au même, des valeurs qui s’assemblent en un gigantesque puzzle de croyances, des valeurs qui se dépeignent selon les cultures qui gravitent sur notre étonnante boule bleue. Mes propres croyances sont un étrange amalgame d'idées religieuses teintées de Foi où règne Marie et où le concept de tolérance est roi. Lily-Soleil sera baptisée, ira à des Pow-Wow et peut-être même (si c’était possible dans le meilleur des mondes) à Dharamsala. Ensuite, elle pourra choisir ce qui lui convient le mieux spirituellement parlant...
Ma grand-mère m’a élevée et m’a façonnée de bien des façons, sans le savoir elle m’a donnée un amour de la linguistique grâce à son langage si souvent fleuri de toute sortes d’expressions qui me fascinaient et m'emportaient l'imagination. Elle a toujours fait de son mieux pour respecter l'écriture qui coule dans mon sang (même si cela n'a jamais fait aucun sens à sa vie). Ma grand-mère m’habite et restera toujours dans mon cœur. Elle ne mérite pas d’agoniser dans les bras de la science, elle ne mérite que le ciel et ses étoiles…
Joyeuses Pâques à vous,
connus et inconnus qui passez par là...
connus et inconnus qui passez par là...
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