lundi, avril 03, 2006

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Tricot de vie.

Micro-tronc-IISpring-Light

Le temps n’a plus la même substance. Je n’arrive pas encore à l’expliquer, à l’exprimer, juste à le ressentir. Depuis que je suis mère, le temps m’échappe…

Une fin de semaine tranquille. La première depuis des semaines. Se retrouver en harmonie à la maison. Recevoir de la visite sympathique samedi soir et en profiter pour aller jeter un dernier coup d’œil à l’hôtel de glace qui agonise. Que c’est triste de le voir fondre ainsi! Œuvre d’art éphémère qui s’efface avec la saison. L’on se raisonne vite en se disant qu’il sera bien vite de retour avec le prochain hiver.

Melting-Ice

Depuis que je suis mère, ais-je encore la même substance? Il me semble que oui, même si celle-ci me fait quelque peu défaut depuis que je me suis brouillée avec ma peau. Depuis septembre dernier et particulièrement depuis que j'ai accouché, ma santé défaillante rythme mon quotdien, chaque jour est un défi pour aller mieux. Le printemps qui s’installe et apporte avec lui les beaux jours redonne espoir à mon corps magané. La lumière change, se cristalise et il me semble la voir au bout de ce tunnel qui m'englobe les sens.

Centre-village

Hier, pour la première fois depuis des lustres, nous sommes allées nous promener. Le ciel était d’azur, la neige fondait, les oiseaux piaillaient et Lily-Soleil sortait en poussette pour la première fois dans le village. Nous n’étions pas les seuls de sortie puisque en une petite heure nous avons rencontré et salué une poignée de connaissances. Avec les beaux jours qui reviennent, nous retrouvons le voisinage. Car dans le fond, le village est un gros quartier où l’on se connaît tous plus ou moins. 300 habitants l’hiver et 3000 l’été. Les citadins n’ont pas encore envahis notre tranquillité boisé. Les résidences secondaires sont encore fermées. Le lac bien gelé. Et dès que l’on met le bout du nez dehors par une belle journée, l’on a toutes les chances de rencontrer des visages familiers. Bébé attire les regards et offre des sourires aux inconnus qui la papouillent.

Une anecdote de village, toute notre rue savait que l’on allait déménager avant même que l’on n’en soit sûrs. La nouvelle se propageait comme un feu de paille alors que nous nous débattions avec les banques pour se trouver une hypothèque. Un soir que l’on prenait l’air de la nuit, nous nous sommes rendus compte que tous savaient déjà la nouvelle. Cela nous fit sourire! Je ne m’ennuie pas de l’anonymat Montréalais où l’on sait à peine qui loge à deux pas de chez soi.

Il est cependant possible de garder une distance où tout le monde vit sa petite vie plus ou moins tranquille. Et je finirais bien par savoir la vérité sur le sort de mes chats disparus! D’ailleurs j’ai une bonne idée des coupables qui, comme par hasard, sont les seuls à dire bonjour du bout des dents et à ignorer bébé lorsqu’on les croise au détour d’une balade!

Même si l’on se connaît et reconnait, je crois qu’il est sain de garder une part de sa vie privée, de ne pas trop s’occuper des voisins. La nature humaine est volatile et pour vivre tranquille, mieux vaut parfois rester dans son coin afin de s’éloigner des envies et jalousies futiles. Cependant j’apprécie la chaleur humaine qui se dégage de ces échanges villageois. Il faut aussi avouer que notre village au bord de l'eau est particulièrement charmant, un coin de villégiature privilégié durant l’été, un petit coin entre ciel et lac où (d'après ce qu'ils en disent) il fait bon élever des enfants…

D'ailleurs, l’une de mes premières nouvelles qui a été publiée sur papier était inspirée de ce petit village qui me charme. Un zeste de vérité enrobée de science-fiction qu’il faudrait bien que je retravaille lorsque j’arriverai à retrouver une routine de mots, un discipline de moi. Lorsque j’aurai enfin apprivoisé cette nouvelle substance temporelle qui moule désormais mon quotidien maternel.

Reflets

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