Instants de solitude nocturne
Au coeur de la nuit, coincée entre l"immense fleuve et la falaise escarpée, une certaine urbanité m’encercle les heures qui défilent. Dans le silence de la ville bruyante, franche cité qui vibre de sa modernité, je m’étourdis. À Québec depuis quelques jours, exilée de mon lac bien-aimé pour de multiples raisons, je traque la routine de bébé. Juan travaille fort sur son dernier TP, exilé sur le campus, il lutte. Bébé semble partie pour sa nuit. Elle pousse la vie, souffle le passé, dessine le présent et rayonne le futur. Elle nous révolutionne.
Ici, je retrouve des sensations citadines qui me gratouillent les vaisseaux. Il y a, en ville, une agitation de fond qui parasite mes inspirations. Comme une pesanteur rampante qui embrouille les réceptions. Défricher l’humanité. S’y fondre. Garder la tête hors du tourbillon d’émotions qui assassinent. Sourire aux petits bonheurs offerts.
Hier soir, seuls, un moment calme dans une tempête de jours qui se fracassent les uns contre les autres, nous regardons les Poupées Russes. Harmonie de l'esprit. Une minuscule soirée qui nous guide les sens vers d'intimes plaisirs nocturnes…
Elle : Je ne me souviens pas de la dernière fois à répétition…
Lui : Et pourtant! Ce n’était pas la première fois que tu me taquines après l’un de mes exploits!
Je n’ai pas trouvé mon Prince, j’ai simplement épousé un chevalier. Noble et beau. Par dessus toute autre considération, le chevalier possède en son sang honneur et courage. Un chevalier n’est ni lâche, ni volage. Il faut de la chance pour en trouver un par ces temps présents qui nous consument.Il se fait plutôt rare sur les routes d'asphalte.
Quelques années durant, je me suis installé dans un royaume quelconque où un Prince blond me fit la cour. De la poudre plein les yeux, je succombai à ses charmes, m’y attachai et d’un seul élan lui donnait mon cœur sur un plateau d’argent. Virevoltante dans de jolis châteaux, gâtée, misérable. Dans la ville des lumières, j'errai, ténébreuse, alors que mon cœur se faisait piétiner jusqu’à l’âme…
Sanguinolente, je me sauvai chez ma Mère-Grand. Elle recueillit mes pleurs. Elle me poussa vers les cartes du bonheur qui se joue à la table des destins croisés. Arroser les racines. En exil, au détour d’un carrefour, je rencontrai un Chevalier bouclé. Il était jeune et fougueux comme un étalon. Palpitations torrides. Il me fit monter au ciel, voir ces étoiles que j’avais rêvées tout au long de ces nuits douloureuses passées dans ma tour d'ivoire. Je quittai mon palais frigide pour une hutte toute tissée de tendresse.
Un jour, il faudra que je conte la rencontre foudroyante d'une fière sauvage et d'un chevalier solitaire en des hasards de France…
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