Phases de blogue
Lorsque j’ai ouvert ce carnet de mots, personne ne savait ce qu’était un blogue, ce n’était pas une mode. C'était l'époque où lorsque l'on utilisait le terme "blogue", les gens écarquillaient les yeux et restaient la bouche ouverte avec une interrogation au fond du regard! Perplexes! J'aimais bien cette réaction, comme si on parlait d'un truc d'extraterrestres. Cela n'évoquait rien au commun des mortels, c'était juste un courant souterrain pour esprit désireux de s’aventurer sur la Toile, autrement…
Après avoir bredouillé des mots épars, transformé ce coin de rien en un brouillon où donner mes fictions à consommer aux quatre vents. Après avoir été femme active, épouse, traductrice aux études, journaliste passionnée de littérature et de musique, photographe. Artiste de chair et de sang…
Après avoir « blogué » la nature, mon lac, Québec, l’extérieur, l’intérieur, des touches d’érotisme, des zestes fantaisistes, des trips surréalistes, partagé mes goûts et découvertes, exploré la sphère infernale de long en large, parcouru la Toile…
Après avoir puisé dans le laboratoire de ma vie, de l’Amour, exposé mes humeurs, étudié mes émotions, communiqué mes passions. Fait des rencontres, lié des amitiés, vu passer des dizaines d’inconnus au fil des commentaires, quelques uns restent et entrent dans ma bulle. D’autres s’évanouissent au fil du temps. C'est vrai, parfois cela m'attriste un peu (on se sent un peu abandonné) mais c'est pour cela que la distance existe, pour que cela ne m'atteigne pas au réel, parce-que le virtuel, ce n'est pas la vie, c'est juste un écran et des mots offerts. Et je ne sais rien des regards silencieux qui me grignotent régulièrement….
Après avoir transformé une partie de mes plates bandes virtuelles en Journal de grossesse, suivi les balbutiements de bébé au fur et à mesure que je les comprends, me voilà blogueuse Housewive! F... alors!!!
Mais sans rigoler, je n’arrive pas vraiment à prendre la blogosphère au sérieux. Et plus elle se prend au sérieux, plus cela me donne envie de m’évader! Tout ça c’est quand même du vent! La « Staritude » de la chose me fait doucement sourire. Réalité virtuelle si facile à déguiser, transformer, manipuler. Illusion qui se déguste en solitaire…
Je ne coure pas après le public, en fait, je veux juste faire ma popote tranquille au meilleur de mon possible. Je ne cherche pas les débats à n'en plus finir, la controverse, je ne désire pas provoquer ou choquer pour une dizaine de lecteurs en plus. Je veux juste approfondir (apprivoiser, maîtriser) ma discipline d'écriture. Aller toujours plus loin au pays des mots. Explorer les phrases qui s'emballent, les sujets qui m'enveloppent, les sensations qui m'inondent, les fictions qui me travaillent, la linguistique qui m'emporte les neurones. Juste rester vraie, rester en accord avec ce qui je suis émotionnellement...
Si ce que je barbouille plait, tant mieux, sinon tant pis! Je viens de l’ancienne vague, de celle qui écrivait juste pour le plaisir de se faire plaisir (et de partager gratuitement), juste pour l'aventure...
Je n’arrive pas à dépasser cette distance que je ressens entre ce reflet de moi que j’expose et les regards gourmands qui défilent. Distance de l’écran si blanc que je décore selon l’air du temps…
Depuis que je suis « blogueuse de salon » (l’expression calque de l’hexagone m’exaspère un peu!), j’ai l’impression que j’explore le registre des émotions, nouvelle phase de ce blogue qui n’en est pas vraiment un! Car après tout, c’est quoi un blogue? Juste un peu de tout et n’importe quoi…
Un peu d’humanité qui se partage au gré des jours, des idées qui s’écoulent, des morceaux de vie qui se mangent, des histoires qui s’envolent…
Mais aujourd’hui, je suis curieuse, je me plie à ce petit vice qui me titille. Et je m’adresse à vous, à toi qui me lit moi. Oui, Toi que je connais ou pas. Peux-tu me dire qui tu es, d’où tu viens? Peux-tu me donner un signe de ta présence, une raison? Juste un signe de vie, rien qu’un signe simplement…
Update du soir: Sur ce carnet, passent ceux que je connais en vrai, amis, famille proches ou loins (même si je ne sais pas vraiment lesquels), puis il y a ceux que je connais en parcourant les carnets ou que je découvre avec un commentaire, ceux que je connais un peu plus car j'interagis avec eux par le biais des commentaires et ceux dont j'ignore complètement l'existence de par leur silence (que je comprends puisque cela fait partie du jeu). Pourtant de temps en temps, c'est sympa de savoir qui passe par là, je sais les statistiques mais, dans le fond, cela ne me dit pas grand chose puisque je vois des habitudes qui vont et viennent sans que je ne puisse jamais mettre le doigt sur le promeneur anonyme! Alors ne soyez pas timides (connu ou inconnu), je sais que vous êtes là! Et une fois n'est pas coutume, je me questionne (et m'ouvre les idées) à votre sujet! Bien assez vite, je retournerai dans ma bulle...
J'avoue, je me sens un peu orpheline, vulnérable, fragile, bouleversée (le choc de la disparition de ma Mère-Grand qui me déboussole! ), un peu de chaleur humaine ne ferait pas de mal à mon âme en peine. Je m'efface pour aller ranger quelques photos volées au présent, avant d'en disperser quelques unes en ce billet, qui se construit avec les heures nocturnes qui le cogitent. Dans cet invisible qui nous enlace, asseyez-vous un instant à mes cotés...
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