vendredi, août 26, 2005

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Transparence

Plume-et-sablePlume-flottante

Au fil du lac flotte mon ventre rond comme un ballon. Souffles de vent sous un soleil chaud. Légèreté divine, fraîcheur bénie. Quelques voiles à l’horizon. Une vingtaine d’humains lézardent au milieu de la plage. Dans mon coin de sable, je savoure mon calme solitaire. Harmonie du temps et de l’eau. Une mélodie générée par la Terre soulage mes oreilles irritées. Bruissements d’arbres et de vagues.

Les bateaux se font de plus en plus rares. Les citoyens urbains ainsi que leur bruyante marmaille sont repartis en leur quotidien automnal, rentrée oblige. Ces derniers beaux jours sont sacrés. L’on se sent privilégié de pouvoir les attraper. Malgré la fatigue, le poids, les soucis de toute vie, l’on se rend compte de sa chance. Richesse du temps, bonheur de cœur, paix de l’âme.

Le vert des arbres se fonce subtilement. Déjà quelques couleurs parsèment les collines qui enrobent l’immensité nacrée. L’on sent s’esquiver l’été à petit pas pour accueillir l’automne qui se faufile. Alors que je profite de ces moments de nature, de ces instants de plénitude, une dame me rappelle que ce sont là mes derniers temps de solitude tranquille...

Je médite en silence sur ces mots qui reviennent trop souvent dans la bouche des gens depuis que mon ventre prend possession de mes jours. Est-ce vraiment la fin d’une période qui ne reviendra plus? Est-ce le début d’une autre qu’il me faut redouter par crainte de ne plus me retrouver? Ne puis-t-il pas avoir un juste milieu entre les deux? Dois-je obligatoirement perdre l’un pour gagner l’autre? Ne puis-je donc pas accumuler les savoirs? Amonceler les connaissances et les états d’humanité?

Mon esprit se perd au détour de toutes ces questions! À la frontière des doutes, je l’arrête. Contemplatif, il se recule pour mieux se glisser dans la sérénité d’un paysage révéré. À quoi bon se tourmenter en une si belle journée?

Beautiful-day

La vie est ce qu’elle est. Elle nous guide, nous malmène, nous surprend, nous emmène vers quelques bonheurs, nous fait traverser certains malheurs. L’on nage, l’on ondule, l’on rame ou l’on se noie. La force est en nous. L’on peut aussi la puiser au détour d’un coin de nature, d’un geste d’amitié, d’une touche d’affection. La vie est dure. La vie est douce. Elle est parfois injuste. La vie est ce qu’elle est!

Elle est le moteur de nos corps éphémères. On ne sait pas toujours à quoi elle sert. Elle nous dépasse trop souvent. Il faut savoir en profiter sans pour autant l’exploiter. L’on se doit de l’encenser, de l’apprivoiser pour ne pas sombrer, pour en tirer le maximum de ce qu’elle peut nous donner tout en la respectant, toujours, encore...

Mais voilà que je m’évade, que je divague au fil de l’eau qui éclabousse mes pages! Mes mots s’envolent, s’échappent de ma raison, enivrent mon cœur qui bat pour deux. Mes pieds flottent à la douceur du lac qui les porte, qui les rafraîchit. Ma peau se dore sous les rayons lumineux qu'elle absorbe, les fesses immergées sur ma chaise bien calée dans le sable, aux rythmes des vagues qui emportent mes émotions violentées par quelques hormones déchaînées, je me laisse buller. Après avoir mangé Werber et ses amis les humains, je me sens prête à dévorer Amelie Nothomb et son hygiène de l’assassin.

Chaise-d'eau

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