Suivi médical
Autant il peut être rassurant de se sentir surveillée durant la grossesse, autant chaque visite m’est éprouvante….
Chaque visite commence par la fameuse pesée et juste ce fait est un véritable calvaire. J’accumule les livres comme une bibliothécaire en manque. J’ai beau me surveiller, faire attention, être des plus équilibrées, il n’y a rien à y faire, je m’alourdis comme une marmotte qui se prépare à l’hiver!
Sans que cela ne soit réellement catastrophique, c’est quand même relativement déplaisant de voir ainsi grimper les chiffres de la maudite balance. Je deviens pulpeuse, voluptueuses, « baleinesque »? Je me retrouve chez le nutritionniste qui m’apprend que mes délires de jeunesse semblent m’avoir ralenti le métabolisme, c’est un délice! Tu as voulu jeûner, te sacrifier à des critères de magazines irréels à coups de faim irraisonnée, tu as voulu être la plus belle et bien paye maintenant! La maudite balance ravive mes anciennes paniques heureusement que Juan ne s’en préoccupe guère et me trouve toujours à son goût. Il me câline, m’épanouit et je survis…
Vient ensuite la réflexion poussée sur ces petits bobos du mois. Est-ce normal, suis-je malade? Toutes sortes d’angoisses qui viennent pointer le bout de leur malice et m’aspirent les idées traumatisées. Fatigue, faiblesses, rétention d’eau, œdèmes, tiraillements, reflux, lourdeurs, toxo, diabète?
Ces prises de sang qui m’épouvantent. Je fais ma grande fille adulte, je serre les dents, étouffe les cris de la petite fille en moi qui ne désire que prendre ses jambes à son cou comme lorsqu’elle avait huit ans et faisait courir les docteurs entre tables et couloirs! Attendre les résultats sans broncher, être sage et raisonnable…
Puis il y a ces moments de bonheur où après avoir traversé toutes sortes de petites frayeurs, l’on entend enfin battre le cœur du bébé. Un « beat » qui rassure, qui émeut, qui inspire. Un rythme qui appelle à la vie, endors les paniques, éveille l’espoir…
Le bébé bouge-t-il assez? Va-t-il bien dans sa bulle d’eau? Grandit-il comme il faut? Autant de questions souvent sans réponses véritables. Et cette petite lumière qui s’éclaire avec les battements de son cœur qui résonnent au grand air…
Chacune de ces visites médicales me retourne l’être, me plonge en quelques noirceurs intérieures, m’inonde de marées anxieuses…
Il me faut souvent le reste de la journée pour retrouver mes repères. Reposer les pieds sur Terre. Dans ces moments là, je rêvasse à une cigarette qui me détendrait les nerfs aiguisés!
Juan m’entoure, me calme, cajole mes inquiétudes et fait tourner la grande roue des jours. Dans une semaine, les résultats d’autres examens m’apprendront si tout va bien. En attendant, tout faire pour ne pas se miner. Pour ne pas se ronger les sangs et laisser vibrer la machine qui produit cette autre vie que la mienne…
Surélever mes chevilles, oublier les kilos, ne pas penser à mes bras potelés, mes joues lunaires, reposer ma chair fatiguée. Calmer mon hypersensibilité, mes émotions exacerbées. Me baigner dans l’eau claire et faire taire ces démons intérieurs pour ne me tourner que vers les anges célestes cachés quelque part derrières les étoiles. Sourire à l’Amour, s’ouvrir au Soleil et laisser rouler la Terre…
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