lundi, novembre 28, 2005

Flocons de lundi

Univers de blancheur cotonneuse. Le ciel s'harmonise avec le paysage. Je regarde par ma fenêtre pour n’y voir que l’hiver qui s’installe. Il paraît qu'il a fait -18 il y a quelques jours, je n'ai rien vu, rien senti! Je ne suis pas sortie dehors depuis plus d’une semaine. À mesure que je reprends un peu de forces, une subtile envie d’aller m’y changer les idées se forme. Mais elle se fait aussitôt avaler par mes seins qui produisent cet or blanc (comme dirait l’infirmière). Ma mine de lait me garde au chaud dans le cocon de ma convalescence. Au moins je commence à dégonfler, voilà de quoi me faire retrouver le sourire!

Le temps est tout retourné, plus j'y pense, plus cela m'entourne la cervelle! Soucis pour l’avenir qui s’accrochent à mes idées révoltées. Aujourd'hui a débuté à Montréal la conférence sur les changements climatiques. Espérons que les dirigeants de nos mondes avides vont finir par prendre au sérieux les dangers de l'insouciance humaine qui entraîne la planète en des transformations qui seront sûrement bien négatives pour les générations à venir...

Comme je ne sors pas, je me défoule de mon extension numérique sur mon petit bout de bébé. J’emmagasine les images en essayant de dépasser ma phobie amérindienne. J’en garde (sur mon compte) en privé ou semi-privé, histoire de me raisonner. J’en ai déjà plusieurs centaines dans mes archives informatiques. Je ne veux pas lui voler son âme! Mais en 2005 avec la technologie actuelle et ma légère passion photographique, difficile de résister à traquer toutes ses faces qu’elle nous offre. Parfois j'atrappe un ou deux chats qui roupillent par là...

D'ici les fêtes, je devrais avoir retrouvé mes forces. Fatiguée d'être épuisée, ma patience parfois s'envole entre deux complaintes. Alors je regarde ce visage d'ange qui dort dans la sécurité de ma maisonnée et je me dis que j'ai bien de la chance! J'avale mes idées de malchances et je force ce repos nécessaire à mon corps, nécessaire pour rattraper cette santé qui a bien failli s'évaporer plus vite que je n'aurais pu l'imaginer.

Encore deux jours d’antibiotiques, j’imagine qu’après cela ira plus vite. Les crises d’urticaires, effets secondaires de la chose, arrêteront de me rendre folle. Cette semaine, je voudrais tant être apte à reprendre un peu du fil de ma vie, de mon être et de mes mots…

Lilypie Baby PicLilypie Baby Ticker

Baby-Fingers

Il regarde avec tendresse son petit bout de chou qu’il tient au creux de ses bras et s’exclame :

- J’espère qu’on arrivera à en faire un être heureux!

Je lui réponds :

- Oui, moi aussi. J’espère qu’à sa petite échelle elle améliora l’humanité plutôt que de l’empirer!

Entre elle et lui, je m’abandonne les sentiments. Mon cœur s’ébat tandis que mon corps récupère de ses douleurs (frayeurs). Je me repose à la chaleur de sa peau. Ses boucles d’ébène font rejaillir son regard de jade, je m’y perds. Dans une bulle de caresses et de douceur, je me fonds…

Baby-face

dimanche, novembre 27, 2005

La gaieté chasse la fatigue, or de la fatigue provient le découragement.
Saint Séraphin de Sarov

La vieillesse est comparable à l'ascension d'une montagne. Plus vous montez, plus vous êtes fatigué et hors d'haleine, mais combien votre vision s'est élargie !
Ingmar Bergman

Il est une boisson dont on ne se lasse jamais : l'eau ; il est un fruit dont on ne se fatigue jamais : l'enfant.
Proverbe tamil

vendredi, novembre 25, 2005

Mes mots pour Lui
Autumn-Motion

Parce-qu’il m’aime et me désire même lorsque mon corps se transforme au pire et qu'il trouve malgré tout ces petits bouts de moi qui restent jolis. Parce-que sa beauté n'est pas qu'extérieure. Parce-qu'il est coquin et me rend coquine.

Parce-qu’il accompagne mes douleurs et gère ses impatiences pour me blesser le moins possible. Parce-qu'avec un grand sourire, il me remercie de lui donner la vie et s'extasie devant sa minuscule fille...

Parce-qu’il se coupe en quatre pour réussir carrière et famille sans broncher malgré ce diabète qui lui encombre l’existence et pique ses jours. Parce-qu’il m’a sauvé la peau et qu’il a eut si peur de me perdre même si j’avais l’impression de ne plus être.

Parce-qu'il me console même lorsqu'il n'y comprend rien. Parce-qu'il me montre qu'il est possible de s'aimer réellement en nos mondes remplis de futilités. Pour tout cela et bien d’autres raisons que j’oublie en cet instant qui me serre les émotions…

Parce-qu’il étouffe ses angoisses lorsque au neuvième mois de grossesse mon corps me fait défaut. Parce-que je le vois combattre ces démons intérieurs qui viennent lui bousculer les idées mais que cela ne l'empêche pas de rester un roc à mes cotés. Parce-qu’il me dit ensuite:

- Tu sais, j’en ai « rushé (en chi...)» les dernières semaines, je me sentais un peu perdu dans ma tête. Je me demandais si je serais à la hauteur d’être père. Je me demandais comment je me sentirais, si j’y arriverais, comment cela me changerait et puis la petite est arrivée et tout va de soi. Je me rends compte que je reste le même avec juste un petit bout en plus dans ma vie. Je suis pareil mais j'ai maintenant ce petit bout qui me donne du bonheur, je n’ai plus peur et en plus j’aime cela…

Il est plus jeune que moi (sept années nous séparent mais ce n’est juste qu’un chiffre humain qui ne veut rien dire au cœurs qui battent dans nos poitrines). À l’aube de sa vingtaine, il a tout quitté pour me rejoindre, pour m’aimer, pour réparer mon âme blessée.

Il
n'est pas tous les jours parfait (après tout cela reste un homme sur la Terre) mais il me complète à merveille. Il est aussi sensible que courageux, combat ses peurs et bataille son quotidien pour se construire toujours plus fort.

Il n’a pas encore les moyens de me gâter financièrement mais il me gâte émotionnellement et dans le fond c’est ce qui compte lorsque viendra le temps qui m’emportera dans l’indicible au-delà…

Mon-acrobateSpring-Jumping-JuanBlur-Fun

jeudi, novembre 24, 2005

En convalescence

L’une a dit :

- Tu reviens de loin, tu ne récupéreras pas en 3 jours, tu dois te laisser le temps et te reposer énormément pour ne pas faire de rechute! Et puis l’allaitement c’est une job à temps plein! Tu as assez pour te fatiguer juste avec ça!

L’autre a dit :

- Ton corps vient de vivre de grosses épreuves, tu dois te reposer. Tu dois passer au travers des effets secondaires des antibiotiques et prendre le temps de te remettre sur pieds. Moins tu te reposes, plus cela prendra longtemps pour récupérer!

Après ces conseils de médecins, mon homme fait tout ce qui est en son pouvoir pour que je me repose le plus possible. J’obéis. Parfois malgré moi. Je m’ennuie mais je sens que mes énergies sont si basses qu’un rien me ratatine comme une vieille chaussette! Pour répondre à la question de Candy : « Qu’est-ce qui peut causer une endométrite? » En fait ce ne sont pas mes points qui d’après Juan sont très beaux. Mon intimité reste donc indemne, bien raccommodée, elle n’en gardera qu’une fine balafre qui j’imagine aura un certain charme pour le principal intéressé! Finalement même si j’ai été lacérée à un sérieux degré, c’est ce que j’aurais le mieux supportée! Le pire n'est jamais là où l'on s'y attend!

Mais le diabète gestationnel, le streptocoque B, une césarienne et la rupture des membranes durant une longue période sont les facteurs qui peuvent entraîner ce qui a failli m’emporter. En fait j’avais 3 facteurs sur 4 ( j'ai évité la césarienne!!!). Assez pour sentir les ailes de la mort me frôler de près. Je dois admettre en être encore légèrement contrariée…

Moi qui n’avais jamais eu peur de celle-ci, qui avait si souvent joué avec elle durant ma vingtaine dès je l’ai sentie m’effleurer, une chose étrange s'est démarquée du reste! La peur de ne plus revoir mon bébé de quatre jours a dépassé ma fascination antérieure. Entre deux poussées de fièvre fulgurantes, je me suis sentie m’évaporer et pour la première fois j’ai ressenti ce besoin de vivre dont l’on m’avait tant parlé, cet instinct de survie qui fait que l’on s’accroche à chaque fibre de la vie qui s’étiole. Enfin mieux vaut se tourner vers ce futur qui se dessine entre deux flocons.

Je tire presque deux litres de lait par jour et j’avoue : « Cela nicke sa mère! » On va bientôt ne plus savoir quoi en faire! Je suis handicapée du mamelon (invaginée, la nature m’a dépourvue de tétines adéquates pour cette "jobine"!) mais pas de la production! Comme dirait Miss Lou, « Ben vu ta paire, ça ne m’étonne guère! » Au moins quelque chose qui marche bien, croisons les tétons pour que cela continue ainsi! Pour que les drames ne viennent plus m’empoisonner l’existence, pour que la vie reprenne ses droits.

Mama's-milk

Coté lait, bientôt la congélation. Lily-Soleil en boit presque un litre par jour. Ma trayeuse maison électrique est plus qu’efficace! Les temps modernes nous sauvent la vie! Petite Clo a bien rigolé de me voir ainsi emmanchée! Je suis passée par-dessus l’humiliation première des premiers jours, je m’y suis faite! On se fait à tout comme le dirait quelques dictons de sages ancêtres…

J’ai l’écriture qui me démange le sang embrouillé. Aurais-je jamais la force de retracer le fil de ces évènements qui se sont enchaînés depuis le 10 novembre? Je flotte moins sur des nuages de codéine, je diminue mes doses avec mes douleurs qui se font moins vives. C'est un début...

Bébé pousse comme un champignon magique, d’ailleurs on la surnomme aussi Lily-Magique! Elle est sage comme une image, pleure peu, dort énormément, fait des risettes qui font fondre mon cœur. Sa peau d'ange, ses mimiques comiques, ses grimaces (son père qui s'exclame: « Mais elle est venue au monde avec tout un répertoire de faces ) ses positions rigolotes, sa pureté, ses sommeils sereins, la douceur de ses traits. Des bouffées d’amour me traversent l’être, hier un éclat de rire faillit me faire défaillir, je craque…

Ce soir, une petite tempête de neige blanchit le paysage endormi. Une petite tempête qui appelle les silences de l’hiver. Tout est blanc, calme, immaculé…

lundi, novembre 21, 2005

Donner la vie, attraper la mort

En attendant l’infirmière (très bonne) qui fait mon suivi à la maison, je laisse glisser ces mots tout en sachant que je vais devoir retourner au lit pour calmer ces maux qui me clouent au repos. J’ai des milliers de phrases qui me trottent dans la tête. Des phrases que je tourne à l’endroit et à l’envers de ma mémoire pour ne rien oublier avant de les inscrire entre papier et clavier. Peu de forces, juste quelques gouttes d’énergie et le silence de ma cervelle qui se trémousse inlassablement.

Je lis les commentaires que je reçois en ces eaux virtuelles avec tendresse, je suis émue par ces pensées de vous. Merci de tout coeur de penser à ma pomme affaiblie. Pour la première fois les mots me manquent pour y répondre. Dès que je reprends un peu plus de poils de la bête, c'est avec plaisir que je répondrais à tous ces petits mots qui m'inspirent. Présentement enfermée dans une étrange bulle qui ne me permet que de laisser glisser quelques idées avant de devoir me reposer le corps qui se remet péniblement de toutes les aventures de ces dernières semaines. Fin de grossesse difficile, accouchement intense et complications dangereuses. Tout un parcours pour ce petit miracle de soleil qui illumine nos coeurs effrayés.

J’ai été heureuse hier de pouvoir partager oralement mon expérience pas joyeuse avec Ebb qui me passa gentiment un coup de fil pour prendre de mes nouvelles. Elle m’apprend ensuite par mail « que 6-7 % des femmes font une endométrite (à divers degrés) et que c’est si ce n'est pas pris à temps, c'est une des causes qui demeurent de mortalité maternelle, donc ce n'est pas une partie de plaisir ! » En effet c’est le moins que l’on puisse dire !!!

Lily-curieuseLily-SoFunny-Lily-Soleil

Lily-Soleil a attrapé un petit rhume mais reste très gentille malgré l’inconfort que cela lui apporte. Elle aime écouter les Dobacaracol, se souvient-elle des concerts in vitro? Juan est aussi pas mal fatigué, il a des tonnes de travaux à rattraper mais fait de son mieux pour m’épauler. Vivi vient nous aider aux taches ménagères puisque je ne peux rien faire et que le bordel m’énerve! Difficile de se retenir à ne pas se bouger le bout de ses fesses...

Je me remets tranquillement de mes émotions, contente d’être sortie de l’hôpital (même si les visites des amis et de la famille ont permis à mes idées noires de se noyer au fil de leurs sourires), contente de profiter un peu de ma maison, contente de ne plus avoir de cathéter dans le bras, contente de voir tomber les flocons qui me font penser à un conte de Noël où tout est beau, où tout est doux, où tout va bien

Ce-matin-IIPelouse-blanche

dimanche, novembre 20, 2005

Quelques nouvelles fraîches

Nous sommes enfin rentrés chez nous dans la soirée de samedi. Je remonte doucement la pente, d’ici une quinzaine de jours si tout continue dans cette voie, je devrais être remise sur pieds.

En fait nous étions les 3 à l’hôpital car j’ai été admise à l’îlot parental qui permet aux mères de nourrissons de ne pas être séparée de leur bébé ni de leur mari. Juan a été trés fort et a fait des pieds et des mains pour que je ne sois pas mise au rencard des turpitudes du sytéme.

Être dans une chambre avec son bébé plutôt que dans le corridor de l'urgence, c’est meilleur pour le moral, pas si facile pour celui du mari qui s'est battu comme un lion pour me sauver de toutes sortes de difficultés autant physiques qu'administratives!

Après plus de 48 heures sous perfusions intraveineuses, nourrie d’un cocktail explosif de puissants antibiotiques, gavée de doses massives de ces médicaments qui sauvent désormais les vies des mères comme moi qui font des endométrites aiguës. Quels genres d’endométrites est-ce que j’ai eu, personne n’a pris la peine de me l’expliquer! Y-a-t-il des risques de stérilité? Un point qui a tendance à m’angoisser…

En fait, tout ce que je sais vraiment est que j’ai été sous le joug d’une infection carabinée qui m’a valu des poussées de fièvres aussi sérieuses que violentes. Que j’ai failli y passer à l’urgence, aprés plus de 6 heurs d'attentes, lors de l’une de ces poussées de fièvre fulgurante et que sans Juan pour hurler à ma place, je serais vite tombée en septicémie. Il semble que je l’ai frôlé de très prés. J’ai fait peur aux résidents, aux infirmiers et surtout à Juan qui a bien cru me perdre. J’ai eu bien peur aussi lorsque j’ai réalisé entre deux frissons qui m’avalait le sang que j’étais si mal en point que je ne reverrais peut-être plus cette petite fille à qui j’avais donnée la vie seulement quelques jours plus tôt.

J’ai vu un docteur en coup de vent à 5 heures du matin trois jours après mon admission et la résidente qui a signé mon congé m’a bien expliqué que je rentrais à la maison toujours sous antibiotiques (oraux)mélangés à d'autres cachets pour contrer l'inflammation et les douleurs intenses que je n’avais le droit de rien faire d’autre sinon d’allaiter. Mon devoir est de me reposer si je ne veux pas donner la chance à un soldat de microbe égaré en mon organisme de se remonter une armée pour essayer de m’anéantir à nouveau! Elle m’a aussi expliqué que si je n’étais pas venue à l’urgence comme je l’avais fait en trois ou quatre jours supplémentaires, celle que l’on connaît ici sous le nom d’Etolane aurait certainement décédée dans le silence de son lit. Cela arrive encore en 2005 au Québec paraît-il et sans aucun doute cela doit encore arriver fréquemment dans plusieurs endroits du globe!

Je suis encore un peu choquée par toutes ces péripéties. Fatiguée jusqu’à la moelle de mon existence, soulagée d’être encore vivante pour avoir une chance de voir grandir mon bébé. J’aurais tout un roman à raconter sur tout ce qui m’est arrivée depuis jeudi dernier où j’ai accouché de cette petite fille qui rayonne au creux de notre quotidien chamboulé. Avant de partir nous avons vu le pédiatre qui craint que Lily ait attrapé un petit rhume, nous devons la surveiller de prés. Je rêve de journées paisibles sans soucis ni stress de santé.

Je vais présentement me reposer le corps même si mon cerveau est tout ébouillanté. Je vous remercie de tout mon cœur de ces pensées d’encouragement et d’amitié virtuelle qui me touchent énormément. Je vais certainement avoir besoin d’évacuer en quelques textes toutes ces expériences des derniers jours dès que j’aurais retrouvé plus de forces…

jeudi, novembre 17, 2005

Juan aux commandes du vaisseau virtuel

Je reçois les instructions du commandant de bord qui a dû être hospitalisée d'urgence pour cause d'infection sévère. Après avoir frolé la mort à cause d'un choc septique, laissée à l'abandon par les médecins de l'urgence, étolane est de retour à la case départ dans une chambre située à quelques pas de celle qui avait vu naître notre Lily-Soleil cinq plus tôt. Heureusement le bébé gloutonne et donne du courage à sa maman pour se battre contre les aléas de la vie qui lui échappe.

Je vais de ce pas la re joindre et essayerai de vous donner d'autres nouvelles bientôt.

Merci de vos pensées virtuelles.

mardi, novembre 15, 2005

Éteindre les feux du quotidien

Depuis jeudi dernier, je suis déconnectée de l’actualité qui embrase les sociétés tourmentées. Depuis jeudi dernier je m’efforce de survivre à ma propre actualité qui allume des petits foyers d’urgence entre deux feux de joies…

Ce matin l’infirmière nous a félicité pour avoir réussi à sortir la petite du bois qui la menaçait. On l’a un peu gavé, je suis devenue vache laitière sous machine industrielle! Du coup, elle a repris 200 grammes en 24 heures. Ce n’est plus une poupée molle qui s'affaisse au fil des heures qui passent! Elle reprend son tonus et sa vigueur qui la caractérisait à la naissance alors que j’ai l’impression de laisser quelques plumes sur mon chemin, mais ça c'est pas bien grave...

Ce matin l’infirmière nous a dit que maintenant je devais me concentrer à retrouver des forces, à m’occuper de ma pomme maganée, charcutée et raccommodée. Lorsque ce dernier feu sera éteint, j’ai bon espoir de trouver un rythme de croisière et de pouvoir ainsi laisser couler ces mots qui m’encombrent l’esprit. Besoin d’évacuer des centaines de sensations aussi étranges qu'étonnantes, de me souvenir, de laisser une trace dans ma mémoire de ces instants précieux en quelques phrases bien pesées.

Présentement ma cervelle est encore engourdie mais un besoin d’écriture me démange les neurones. Encore quelques efforts et je devrais retrouver cette source qui me nourrit de l’intérieur. Je n’ai pas encore assez d’énergie pour répondre aux commentaires que je lis avec attention et qui me touchent au plus profond de mes émotions, encore un peu de temps m’est nécessaire pour ce faire…

Lily-Sol-Bath-II

lundi, novembre 14, 2005

Nouvelles du front de la vie

Lily-Soleil (12 hours day old)

Après une grossesse difficile, un accouchement périlleux et un allaitement digne du parcours du combattant. Le retour à la maison se fait dans un tourbillon de joies et de soucis conjugués à un présent qui emporte tout sur son passage…

Bébé facile avec un caractère bien trempé. Papa complétement gaga. Maman ensorcellée par ce miracle d'existence qui s'est nourrit de tous ces mois de ventre. Lily-Soleil transforme le cours de notre amour. Lily-loo, Lilou-Poo, Lily-So, les petits noms défilent au rythme de notre affection qui s'épanouit et des heures qui nous charment, notre coeur bondit au moindre de ses gestes. L'on s'ajuste, l'on apprend, l'on s'aime...

Cependant quelques soucis à l'horizon encombrent nos pensées présentes. Un bébé tout doux qui perd du poids à vue d’œil, légère jaunisse, pleurs nocturnes, et cycles pernicieux qui ennuagent notre coeur gonflé d'enchantement. Grosses fatigues et infinis bonheurs. Plus de mots à venir lorsque les maux se seront évaporés de nos jours et nuits enlacés.

Cette nuit sera critique à savoir s’il faudra retourner à l’hôpital où si l’on arrivera à passer le cap santé, ce tournant qui remettra les choses dans le bon ordre…

Merci à tous de vos félicitations et bons mots qui nous encouragent, nous vous en sommes extrêmement reconnaissants. Merci à Super Didine, reporter du pays de l'amitié.

Peu d'énergie présentement mais quelques photos de la petite puce à se mettre sous la dent avant que je ne retourne batailler cette vie qui m’éblouit profondément…

lilysoleil1

vendredi, novembre 11, 2005

Ici Dee, envoyée spéciale sur le front de la maternité, prenant le relais de la chatoyante plume d'Étolane à sa demande pour vous annoncer que la petite Miss Soleil et ses parents se portent comme des charmes! C'est un bébé tout rose tout doux, aux grands yeux bridés de son papa, à la chevelure brune et bouclée de sa maman, et aux mains de fée qui est entré dans le monde hier soir à 20h16, une journée avant la date prévue du déclenchement!

C'est un grand bébé dodu: elle mesure 51 cm et pèse 3k6, et le mystère persiste lorsqu'on la voit sur le ventre d'Étolane : Mais comment a-t-elle pu tenir dedans ? Étolane, les jambes encore engourdies, a les pommettes roses et le sourire ravi et Juan, aux anges, a les yeux qui brillent très fort lorsqu'il dit "ma fille".

Lily-Soleil est sage et très curieuse, elle suit les mouvements des yeux, dessine des volutes du bout de ses longs doigts, gazouille déjà et pleure très peu. Mais lorsqu'elle pleure, planquez vos tympans! La demoiselle a du coffre et maîtrise les aigus les plus stridents!

Aujourd'hui nous retournons leur rendre visite en escadron d'amis admiratifs.
Après une semaine de temps gris, le ciel est bleu vif, le soleil grand: bienvenue dans ta vie Lily!

mercredi, novembre 09, 2005

Émotions furtives

Ma fille ne sera pas mutilée, ne sera pas excisée. Elle n’aura pas à se voiler, à se cacher des regards pervertis par l'intolérance, elle ne devra pas se soumettre dès sa naissance à des hommes et des lois sans pitié. Ma fille naîtra dans un monde d’égalité où ses droits seront respectés, protégés.

Elle n’aura pas à se battre pour exister comme une personne à part entière. Pour ne pas être une sous-humaine que l’on désirera écraser. Ma fille naîtra au Québec! Là où les femmes peuvent vivre à leur guise, s’exprimer en toute liberté, se révolter selon leurs volontés...

Tant de douleurs féminines parcourent le monde. Supplices de femmes qui frissonnent et sanglotent des peines inavouées. Victimes de violences en tous genres. Inimaginables pour nous qui avons la chance de vivre en ce pays qui nous rend dignes.

Donner le plaisir sans jamais en recevoir. Obéir sans jamais se faire voir. Effarouchées, dénigrées, serviles. Accepter le pire parce-que l’on n’est pas né avec une queue entre les deux jambes. Se taire pour survivre.

C’est malheureusement le destin effacé de trop de femmes sur notre Terre. Ce ne sera pas le destin de ma fille qui naîtra là où sévit l’hiver mais pas là où eègenent des hommes masqués de haine et d’ignorance stupide…

Ici les hommes aussi gagnent à laisser libre les femmes. Débarrassés du carcan machiste qui les encerclait dans le passé, ils peuvent désormais ressentir leurs tripes. Pleurer, émotionner, vibrer de l'intérieur en toute impunité. Mais ça c'est un autre texte qui cogite...