Réflexions de saison
Vingt deux degrés au soleil. L'été indien bat son plein. La nature se pare de ses couleurs d'automne. Le paysage se fait une beauté. Ce matin, nous sommes allées vagabonder non loin de chez nous. En ces endroits gardés dont je connais la clé. Là où s'offre le lac à nos pieds. Malheureusement ce matin, le lac n'était pas en bonne santé et les striures verdâtres à sa surface étaient bien un signe d'éclosion d'algues bleues. Ce matin, M'zelle Soleil n'a pas mis les pieds dans l'eau. Ni le chien. Est-ce que Chanelle a compris lorsque j'ai dit à ma fille:
- Non Lily, tu peux pas y aller, il y a des algues bleues aujourd'hui...
Ou est-ce que le chien aura humé quelque chose qui lui aura déplu? C'est un mystère. Alors que d'habitude Chanelle se précipite dans le lac. Aujourd'hui elle n'a pas bougé, elle est restée sagement sur le sable sans poser un seul coussinet dans l'eau. C'est avec une grande tristesse que j'ai contemplé cette poudre verte dans l'eau. Je sais que c'est l'époque, je sais bien trop de choses sur ce phénomène pour ne pas ressentir ce malaise qui résonne en mon coeur. La batterie de mon appareil photo était à plat. Cette fois ci pas une seule image pour témoigner des dégâts. Juste cette sensation lourde en mon âme. Pour le bien de ma fille, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour garder mon humeur légère. M'zelle Soleil n'a pas cherché à me désobéir, elle a juste cherché à comprendre.
- Maman, sont où les z'agues bleues?
- Tu vois, la poudre verte là en surface et aussi là? C'est ça des algues bleues...
À cette époque le lac est déserté, les riches demeures qui couvrent ses berges sont vides. Les citadins sont retournés en leurs routines urbaines, ils se soucient peu des conséquences de leur excès sur la nature. Cette nature généreuse dont il profitent à leur guise sans essayer de la préserver. L'ignorance est si facile. Surtout lorsque plus personne ne semble se préoccuper du phénomène...
Ce matin, alors que j'expliquais à ma fille comment reconnaitre les algues bleues. Mon coeur sombrait en d'amères reflexions. Combien de temps encore avant qu'il ne soit trop tard? Combien de temps encore pourrons nous abuser ainsi de la planète?
Mon enfant jouait à grimper sur un rocher. J'ai plongé mon regard dans la magnificence du paysage. Le bleu du ciel qui se réverbère sur l'eau fraîche, les collines qui se transforment en d'immenses tapis persan. Une vue splendide sous un soleil chaud. Un petit vent s'est levé. Des vaguelettes se sont formées. Elles ont ramassé la poudre verte et dans l'éclat du soleil, j'ai vu la transparence de l'eau se colorer. Ceci n'est qu'un symptôme. Ce n'est pas encore la fin du monde. Mais comment ne pas ressentir cette culpabilité qui m'étreint perceptiblement. À ce rythme là, dans quelle nature vivront les enfants des enfants de nos enfants?
2 commentaires:
Vraiment un beau texte... là où j'habite, c'est un combat de tous les jours également.
Merci Morgane. C'est un sujet qui me tient énormément à coeur. Si ce n'était indiscret je te demanderai où est-ce que tu habites et comment se déroule ton combat quotidien. Si tu veux m'envoyer un mail, je serai heureuse d'échanger sur ce sujet... ;)
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