Downtown
Je suis dans la fourmilière humaine. Petite chose parmi des millions d’autres. Je ne suis qu’une poussière de vie dans la cohue urbaine.
De nature contemplative, je scrute, je dissèque, je note, je sonde, j’évalue, j’extrapole, j’espionne, je dévisage, j’imagine cet autre qui me frôle. Chaque individu que je croise est une interrogation en puissance.
Je vois le malheureux dans la rue qui dort sous une vieille couverture entre deux cartons sales. Je remarque la femme, coquette, qui se dépêche je ne sais où. Je regarde le travailleur impassible, l’homme en costume cravate, le touriste ahuri…
C’est ici, en cette ville, au fil de plusieurs quartiers que les graines de ma féminité ont été plantées. Je reviens à ce terroir urbain où s’est construit une partie de moi. Anonyme dans les airs, je souris de bien-être. Je possède en ma chair le calme de la forêt. J’ai le sang qui vibre de clarté au milieu de cette agitation permanente. Des vagues de souvenirs me submergent. Je suis aussi, ici, chez moi.
Ma Montréalité en dormance s’éveille. Sortie d’un long sommeil, elle baille et s’étire. Je retrouve mes marques citadines. La ville enivre. Légère comme une bulle, libre comme l’air, je flotte, immobile…
Plongée dans la rumeur citadine, j’écris ces mots du haut d’un balcon surplombant le centre ville. Du seizième étage mes mots s’envolent dans la pollution. Je respire la densité de l’air, des bouffées de civilisation me dépaysent les poumons. Presque fébrile, je revis mes premiers émois urbains. Émois qui remontent du fin fond de mon adolescence, lorsque je débarquai de ma cambrousse jurassienne, pour atterrir au 21ième étage d’une tour du centre ville. Sensations de vertiges…
J’avais oublié le bourdonnement constant, ce brouhaha incessant qui m’enveloppe l’être perché. J’avais oublié l’ivresse des hauteurs. Se tenir au dessus du vide, tout en haut d’un building. Envol. La ville grouille sous mes pieds. Les grattes ciels me font de l’œil. J’observe les reflets de la ville dans la surface miroir de celui qui me fait face. Distorsions de réels.
En dessous de moi, le vacarme de cette énorme artère montréalaise pompe l’énergie urbaine qui n’en finit plus de s’écouler. La clameur ambiante est composée de centaines de moteurs, de bruits de freins pressés, de sirènes bruyantes et de klaxons énervés. Comment ai-je jamais pu vivre dans un tel boucan?
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