lundi, octobre 16, 2006

Sale journée pour l'orignal

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Sale journée pour l'orignal...

La saison de chasse s’est terminée ce soir. Nous partons en excursion dans un petit bout de monde où s’arrête la route, symbole de notre civilisation. L’asphalte se perdre dans la forêt sauvage, l’on pénètre dans l’univers des chasseurs et de leurs trophées sanglants fièrement ligotés sur leurs automobiles. Je ne peux m’empêcher de ressentir de la peine pour ces pauvres bêtes décapitées.

En effet, je n’ai jamais vu autant de têtes d’orignaux qu’en ce dimanche d’octobre ! Il faut dire que je n’avais jamais vu d’orignal auparavant de mes propres yeux. Aujourd’hui, j’en ai bien vu un, de près, cadavre paradé sur une échelle dans un pick-up vieillot devant une maison gardée par un chien pas vraiment méchant. La bête entière, déchue, trônait sur le toit de l’engin. La curiosité fut plus forte que le malaise ! L’on s’arrête et l’on observe le carnage…

Jour-de-chasseJour-de-chasse-II

Hum, j’aurais bien aimé en voir un vivant !| Pour une première c’est plutôt morbide ! Et là, je ne savais encore pas que ce trophée de chasse serait le thème de l’escapade dominicale! L’on poursuit notre route jusqu’aux environs de St-Raymond pour y dénicher du fromage de chèvre artisanal.

L’on arrive à la ferme Tourilli dans une éphémère tempête de grelots. A l’intérieur de la minuscule boutique, il fait bon déguster quelques fromages pour oublier le mauvais temps qui tambourine dehors. Dans l’étable remplie de foin, l’on rencontre le petit Théodore maître des lieux qui nous parle avec bonheur de son domaine. L’on en profite pour faire découvrir de nouveaux animaux à bébé Soleil qui écarquille ses petits yeux bien éveillés. De retour à la voiture, le ciel se dégage et laisse même percevoir quelques rayons de lumière.

Mont-Laura-HDR

L’on décide d’aller jeter un coup d'œil à St-Raymond depuis la superbe vue d’un petit Mont à saveur religieuse. Le ciel oscille entre colère et pardon. La qualité de l’air est irréprochable, l’espace se déroule sous nos pieds. L’on reprend la route vers la civilisation.

Après avoir fait quelques courses à St-Raymond, où nous croisons encore quelques voitures ornées d’orignaux fraîchement tués, nous prenons la direction de la Rivière-à-Pierre. Là-bas, c’est un peu le bout du monde. Dans cette direction, la route prend fin pour laisser place à la nature sauvage. Il semblerait aussi que cela soit aussi le paradis des chasseurs et des «coupeurs» de bois.

Dans-la-forêtDAns-la-forêt-IV

Nous y découvrons une chute vrombissante qui nous promène en un délicieux intervalle d’odeurs boisées qui enivrent mes narines sensibles. Le ciel nous offre même quelques rayons de soleil pour réchauffer le jour. Bonheur suprême. Moment de forêt presque vierge où l’absence des peuples natifs, ces peuples d’antan disparus, me serre le cœur. Micah marche devant moi et je ne peux m’empêcher de marmonner.

- Ouais, ben c’est quand même triste même si c’est un beau sentier parce-que ce serait quand même cool de croiser un indien avec qui on pourrait sympathiser et qui nous inviterait à dîner dans son campement avec sa bande...

Micah rigole de mes fantasmes. Lily-Soleil, dans les bras de son père et aux anges, son petit bout de nez rosit dans la saison fraîche. Je la couvre d'un regard empli de tendresse dévorante. L’on retrouve notre auto avec le soir qui approche à grands pas. Dans ce petit village centenaire nommé Rivière-à-Pierre, l’on s’arrête dans un « boui-boui » pour une restauration express.

Dans la salle presque vide, un groupe de chasseurs avec femmes et enfants semble bien heureux de leur journée. Ce n’est qu’après avoir mangé et être sortie dehors que je réalise toute la portée de leur bonheur. Les têtes d’orignaux trônent dans la nuit blanche. Il y en a une énorme qui m’impressionne et m’attriste tout à la fois. Mon flash crépite dans le noir, une voiture s’arrête à ma hauteur, un homme m’apostrophe:

- Hé, c’est à qui celui-ci ?
- Heu, ben je sais pas…

Juan nous explique qu’au poste de contrôle, à la frontière de la forêt, la dame en service lui a dit qu’il y avait eu 40 orignaux de tués aujourd’hui, j’imagine que celui-ci faisait partie des plus gros! Je n’arrive pas à comprendre la gloire d’une telle prise. J’aime tellement mieux l’imaginer en paix dans la forêt à vivre sa vie loin des turpitudes humaines. A la rigueur, je l’imagine mieux dans une tribu indienne qui le respecte et reconnaît ce sacrifice animal qui nourrira son peuple. Ah ! Je chasse mes pensées moroses en embrassant du regard cette pauvre bête qui connut une sale journée, pauvre bête débusquée pour mieux être décapitée !

Orignal

Ouais, ce dimanche fut une bien mauvaise journée pour les orignaux locaux ! Cela ne doit pas être la joie de leur coté de la forêt ! Avec la semaine qui arrive au tournant de la nuit bien avancée, je fuis le sommeil. Dehors, l’automne laisse tranquillement sa place à ce "pré-hiver" qui nous prépare du royaume des glaces…

Ces derniers jours furent bien remplis entre un petit party à la maison vendredi soir, un samedi mollo pour récupérer de la veille et une sortie dominicale plutôt surprenante! J'entends ma raison nocturne appeller mon lit, je l'écoute et file sous mes draps...

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