jeudi, avril 07, 2005

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Malade de vie

Voilà plusieurs jours que je subis toutes sortes de transformations hormonales et au grand jamais je n'aurais cru que cela pouvait être si éprouvant. J'ai du mal à suivre ce qui m'arrive mais j'essaie de le prendre avec philosophie. Intense fatigue, intense émotivité, intenses nausées, tout un cocktail! Et puis il y a cette peur bleue de voir cette petite chose de 7 grammes disparaitre de mon corps, la peur de vivre un mirage, la peur de voir s'effondrer mes espoirs. Angoisse et anxiété deux ennemies à combattre sans relâche.

Hier aprés une grosse contrariété matinale, d'étranges symptomes se pointent et la peur prend toute la place et m'aspire. Gentille Nath me dit: “Allez, viens je t'emmène au CLSC, au moins tu seras fixée”, et me voilà repartie chez le docteur! J'y suis allée plus souvent dans la dernière semaine que dans la dernière année! Une vraie moumoune! Ma tension est trop haute, il faut que je me repose. Je suis trop anxieuse parait-il! Je dois me relaxer les émotions, je dois me ménager, je dois m'alimenter, je dois éviter toute source de contrariété, je dois lacher prise. Ouf! Facile à dire! Et puis je n'ai pas l'habitude de tant m'occuper de moi! Juan est un ange, aux petits soins pour ma pomme maganée même si je suis en train de lui détruire ses illusions romantiques sur la femme enceinte, il ne semble pas m'en vouloir pour autant. Jamais il n'aurait pensé que cela pouvait être si complexe et pourtant lorsqu'il y reflechit il trouve cela normal. Il me dit “Ben c'est toute une machine qui se met en marche!” Ouais et bien elle en arrache présentement ma machine! J'ai bien hâte de passer le cap des 12 semaines, de me dire que ça y est la vie s'est bien accrochée puis de connaitre le fameux épanouissement du deuxiéme trimestre. C'est que j'ai si peur de le perdre! Plus les jours passent et moins je crains de voir évoluer mon état que de le voir s'évanouir dans le néant...

Alors j'écoute les conseils du medecin, je m'ennuie sans bougonner dans le silence de mes jours. Je suis si fatiguée que j'ai l'impression de me faire bouffer toute mon énergie de l'intérieur, y'a pas, je n'ai plus 20 ans! On a beau me dire qu'au Québec, je suis en plein dans la norme, qu'ici les femmes font souvent les enfants en début de trentaine, je ne peux pas croire que c'est pas plus facile physiquement quand tu es dans la vingtaine!!! Je prends conscience du probléme de dénatalité lorsque qu'un ami de Juan dans la quarantaine vient me dire:

- Merci de faire un enfant, on en a ben besoin car sinon y'aura personne pour payer ma pension!
- Heu, de rien...


Ou lorsque je pleure devant l'infirmière en lui expliquant mes peurs et qu'elle me répond toute émue: "Tu sais, habituellement les femmes enceintes que je vois ici ne pleurent pas pour les mêmes raisons que toi. C'est souvent moins touchant! T'inquiètes pas autant et surtout reste positive, dis toi que tu vas avoir un super beau bébé en santé et répète le toi plusieurs fois par jour!" Douce dame qui m'explique en détail tout se qui se passe en mon corps, ce à quoi je dois m'attendre, ce que je peux comprendre de mes émotions emballées...

Hier, j'ai aussi eu la surprise de rencontrer la douce de Blu, Schyzocath m'a gentiment approchée pour se présenter lors du lancement de L'écrit Primal, j'ai trouvé cela bien sympa même si la pauvre n'aura pas eu la chance de me voir au meilleur de ma forme! Le cheveu triste, la mine défaite, je n'ai pas eu le temps de jaser car j'étais si fatiguée aprés cette autre visite chez le docteur que je n'avais qu'une envie m'allonger et oublier...

Je me suis décidée à prendre ces médicaments prescrits contre la nausée, je suis un peu craintive mais si cela peut m'aider à survivre, je crois que je me dois d'essayer même si j'ai un peu honte de ne pas avoir la force de faire sans. J'espère sincèrement que si les premières semaines sont si dures, le reste de l'aventure sera plus facile à vivre. Ce qui me fascine c'est que je n'en veux même pas au petit tétard qui nage en moi. Je me dis : “Ok, vas-y nourris toi de moi, mais attention ne me tues pas car tu y passerais aussi!”. Les odeurs m'agressent, le sucre me lève le coeur, mon cerveau pédale dans la semoule, mais c'est correct, je vais faire avec! Je compte sur les beaux jours pour retrouver la forme. Hé les beaux jours venez donc me changer un coup les idées! Ce matin il neigeait encore à gros flocons! Dur, dur pour le moral! On est bien loin de se faire bronzer la bedaine sur la terrasse...

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