lundi, novembre 08, 2004

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Érotisme Surréaliste

Encore sous le choc du film que j’ai vu hier (L’année dernière à Marienbad), expérience aussi merveilleuse qu’enivrante. Pourquoi ne fait-on plus de films comme cela de nos jours! Ah! Peut-être à cause de l’effort, subtil comme celui d’ouvrir un livre, qui offre à l’intellect l’occasion de voyager. Comment décrire cet instant d’Art visuel? Quelques mots ne peuvent suffire pour décrire le bonheur hypnotique de ces émotions qui m’envahirent en ces deux heures magiques. Tant de thèmes et de symboles qui se mélangent dans l’énorme marmite de mes pensées et font cette soupe étrange que je mange avec délice, mijotée de culture à l’état pur.. L’abandon, l’oubli, l’angoisse, le faste, la chasse, la biche et ce désir…

Ce désir, intense, brutal qui me foudroya littéralement sur place. Saturée du sexe exhibé sous toutes formes de notre société, je me rends compte être, avec cette trentaine qui se dessine à mes jours, immunisée devant ces flots d’images, ces délires de cul sous tous angles qui font mousser tant de personnes si l’on en croit les courants populaires de notre époque moderne. Tout cela est bien beau pour ceux à qui cela plait, mais je l’avoue, plus les années passent et plus j’en ai plein mon casque de ce sexe à toutes les sauces. Ainsi le désir flottant entre les images de ce drôle de film me percuta violemment l'esprit. Petit à petit, à mesure que je me plongeais dans les entrailles sans couleur de ce fil sans histoire, une merveilleuse sensation commença à me réchauffer subtilement le bas-ventre. Voilà un état de fait qui me surprit beaucoup! J’essayai d’analyser la source de cette soudaine humidité, lorsque je pris conscience de ce désir intense qui enrobait chaque scène que je regardais, je me laissai parcourir par cette sensation nouvelle, les neurones surchauffés, je glissai silencieusement une main vers l’homme à mes cotés…

Dans la déstructuration de ces pensées en noir en blanc, je bouillonnai de plaisir, dans cet étrange chaos d’images et de sons, tout était clair comme de l’eau…

En sortant de la salle, alors que j’étais encore subjuguée par cette expérience, Juan, quand même plus modéré dans son interprétation de la chose, n’en revenait pas de tout ce que j’avais pu ressortir de ce film si différent de la norme. Je lui parlai de ce désir incroyable alors que nous reprenions le chemin du retour. Interloquée, je m’exclamai

- Man! T’as pas senti ce désir intense!
- Heu, ben pas vraiment…
- Ben moi, j’en suis encore soufflée!
- Come on Étol! Y’avait tellement rien de sexuel, c’était tellement cérébral!
- Ben n’empêche que je crois bien avoir mouillée!
- Non!


Il lâche son volant, manque de freiner subitement et se tourne vers moi.

- Vraiment?
- Ben oui, c’était trop fort! Trop de désir en boite, on est plus habitué! J’ai trouvé cela complétement fou! Érotique à mort! Vraiment rafraîchissant! De nos jours, dès que le désir se pointe, boum bang, il est consommé! C’est toujours pareil! C’est comme les films de c…, t’en a vu un, tu les as tous vus, pis plus tu en vois, plus tu as l’impression de toujours voir le même! Alors que ça, ben j’avais jamais vu!!! Dans le fond c’est le désir qui est excitant, pis là, ce foutu désir qui n’en pouvait plus de rejaillir dans le non-dit de cette put… d’histoire, je n’en pouvais plus! Heureusement qu’il lui a effleuré un sein le bonhomme! Parce-que sinon c’était trop dur, cela devenait une vraie torture!
- Come on! J’y crois pas! Pour vrai? Ce film t’a excitée! Non, mais vraiment, tu m’hallucines! Ça veut dire que toutes tes pulsions sexuelles sont mentales! C'était tellement refléchi comme film, t'es mortelle quand tu t'y met!
- Ben quoi! Je vois pas ce qu'il y a de si bizarre! T’as pas vu quand je t’ai touché!


Il manque de s’étouffer une autre fois. Dieu merci un feu rouge!

- Comment!!! C’était là, c’était ça!
- Ben oui, j’ai pas pu m’empêcher, c’était trop fort….


Il me regarde, sidéré, éclate de rire. Je ris avec lui, quelques paillettes dans les yeux, il y lit ces messages qui lui font pétiller le regard. Le feu devient vert et l’on reprend la route alors qu’il continue de creuser un peu plus ces idées jaillissantes de mes émotions à fleur de peau qui me retournent gentiment le cerveau en ce dimanche nuit…

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