dimanche, novembre 21, 2004

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Morceaux de réel,

Absorbée par la vie, pas moyen de mettre la main sur un clavier depuis quelques jours! Cet après-midi un classique de la cinémathèque au musée, je crains que ce film en couleur ne me fasse moins tripper que le dernier en date, mais je reste ouverte à l’expérience du passé….

Hier soir s’est déroulée, au sein de l'université, une soirée "socio-multiculturelle". Buffet multiculturel, goûts d’ailleurs, odeurs métissées, saveurs entrelacées, au cœur de la nuit, une foule de cultures mélangées, un soirée soufflée au rythme des danses du monde et du spectacle donné. Avec un ami camerounais, je suis montée sur scène le temps d’un sketch représentant une ultra féministe et un macho qui traversent leurs préjugés en une rencontre autour d’un café. Dix minutes pour faire passer un message de tolérance, dix minutes pour effacer quelques traces de racisme. Étouffer la haine avec des rires, ouvrir la pensée et laisser couler la vie.

Depuis deux semaines, nous nous préparons entre deux cours, entre deux examens, au coin d’une table de café, à ce petit moment interculturel. Pourtant, je dois avouer que notre préparation fut relativement minime. Hier, lorsque j’ai vu se remplir la grande salle, j’ai un peu avalé de travers! Avec Kiria, danseuse de Baladi, nous nous sommes regardées, du coin de l'oeil, pas vraiment rassurées! Alors que mon beau Serge m’explique qu’il attend au moins 200 personnes, je commence à sentir un petit trac se glisser au creux de mes entrailles. Pas envie de me planter devant 250 personnes, je sens inexorablement monter la pression interne. Mon collège de scène, très impliqué dans les préparations de la soirée, n’eut guère le temps de se pratiquer. Je l’attrape au détour d’une danse, entre deux numéros, il me rassure en me disant qu’il compte sur moi et que s’il se mélange les pinceaux, je n’aurais qu’à improviser! Là, je commence à respirer un peu plus difficilement. Je regarde autour de moi tous ces hommes à la peau noire qui vont bientôt me regarder inonder la scène de féminisme effronté, je fais une prière mentale pour ne pas me faire brûler vive sur le bûcher! Ok! Rendu, là, je dramatise un peu! Je reprends le contrôle de mes idées, et lorsque vient le moment de m’exposer sous les projecteurs, je respire un bon coup et avance sur la scène, bien décidée à ne pas m’écrouler, bien décidée à rester posée…

Nous avions prévu de faire rire. Pourtant je n’avais pas prévu cette étrange sensation qui m’envahit lorsque j’entendis rire la salle aux éclats! Nous n’avions pas prévu de suivre le fil des rires que nous pourrions provoquer et quelques répliques se perdirent dans un flot joyeux, cascades de rires appréciées. Quel « rush » que de divertir ainsi l'audience tout en essayant de faire passer un message des plus sérieux. Malgré une fin qui se fit plus improvisée que préparée, ce qui paraît-il ajouta au naturel de la situation, il semble que nous nous en soyons pas mal bien tirés. Lorsque je repris ma place, un voisin de table, rwandais d’origine commença à me faire de bien jolis sourires tout en m’expliquant qu’il trouvait extrêmement touchant ces mélanges de cultures, il y ressentait une tolérance qui lui donnait espoir en le monde. Du coup, je fus moi aussi toute émue! Une bien belle soirée, riche d’expériences et de connaissances que je garderai longtemps nichée au fond de mon petit cœur.

Danseuses-RwandaisesBaladi-Flows

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