vendredi, août 01, 2008

En exil doré

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En exil doré

- Moi z’ai kinze ans !

Une semaine en exil dans un quatre étoiles de l’autre coté du lac et M’zelle Soleil prend le large. Elle rencontre un petit Étienne à la porte voisine et décide d’un coup de se faire passer pour une ado. Quand la maman lui demande quel est son âge, elle répond le plus sérieusement du monde :

- Moi z’ai kinze ans !

Ben oui, ma puce qui rêve en couleurs ! Je souris malgré moi. La maman est morte de rire. Je la comprends! Du coup le petit homme de cinq ans déclare qu’il en a vingt-cinq ! Évidement. Depuis deux jours, la voilà donc qui a décidé qu’elle avait quinze ans et de me dire :

- Oui maman, moi ze suis crande, z’ai kinze ans !

Bien-sur ma puce, t’as le droit d’y croire un peu si cela t’amuse ! D’ailleurs ne dit-on pas que le « Terrible two » est l’équivalent de la crise d’ado version petite enfance ? Ceci explique peut-être cela..

Depuis cet après-midi, elle a cependant réajusté le tir, M'zelle Soleil a maintenant cinq ans, comme par hasard l’âge réel du petit Etienne qui la regarde avec des yeux de merlans frits. Sa mère est aussi tombée sous le charme de mon petit spécimen de fille. Les enfants se sont rencontrés pour la première fois à la piscine où M’zelle Soleil pratique le saut avec brio et enthousiasme. Le petit Etienne plus peureux que mon spécimen n’ose point se lancer ainsi dans l’eau. Sa mère qui adore la bravoure de ma fille se prend d’amitié pour ma pomme et je m’ouvre à ses sourires pour quelques sympathiques jasettes.

La piscine, lieu de prédilection de M'zelle Soleil (deux ans et demi) qui ne voit que cette facette de notre exil forcé. Un exil doré il faut bien l’admettre ! Comme le temps est pourri et que la piscine est intérieure, nous y passons la majeure partie de nos temps libres. Du coup, je me tape des heures à l’eau et je suis chlorée à l’os. Je ne dois surtout pas l'aider à quoi que ce soit mais je ne dois pas trop m'éloigner non plus! Au bout de trois jours, je suis rendue à me faire des séances d’aqua-forme pour me tenir occupée (mon entorse encore présente supporte plutôt bien ce traitement). Je fais du jogging sur place, avec quelques vagues, au milieu de la fracassée de gamins qui s’éclatent et des parents qui font tourner la sauce. Je m’amuse de l’air ultra stoïque de la fille qui surveille la piscine. Elle est à moitié statue et somnole parfois au coin de sa table. Je regarde passer les touristes, légèrement blasée de mon sort. Je regarde jouer les papas et je manque mon homme de retour au bureau. Je suis dans ma routine maternelle à l’hôtel. Je ne suis pas vraiment en vacances, j’ai juste changé de décor, perdu en espace personnel, gagné en service domestique. J’apprécie la vue sur ce lac que je chéris. Je me fous de la pluie, du temps gris et des averses. Je ne suis pas en vacances, je suis en exil dans une jolie cage. Je sais que je suis la seule à ne pas avoir les moyens de rester aussi longtemps en un tel endroit. Mais le ciel, en nous mettant dans les bras d'une assurance bienveillante, a décidé de soulager les désagréments de ma maison en chantier pour me faire résider en ce lieu confortable sans que nous ayons à débourser un sou. Au bout d’une semaine, je commence à faire un peu partie du décor. Je suis en marge, comme d’hab, rien de nouveau sous mes tropiques. C’est une expérience intéressante, pas déplaisante du tout, juste étonnante. Je me lève avec les yeux dans le lac et j'adore ça! Malheureusement cet endroit niché en un complexe eco-touristique n’est pas vraiment idéal pour les moins de cinq ans. Même pas une seule glissade ou balançoire sur tout le domaine. Lorsque je m'enquiers de ce fait à la réception, j’apprends que je ne suis pas la seule à m’en plaindre. Toutes sortes d’activités sont offertes pour les enfants de cinq ans et plus mais pour les petits, c’est le désert. Alors, entre deux tours d'ascenseur, l’on se rabat sur la piscine….

Aujourd’hui pourtant, le bonbon se dessine sous la forme d’un papa canon. Je l’observe du coin de l’œil. Papa d’une adorable petite blonde âgée d’une année, il barbote dans l’eau et soudainement éclaire mon paysage. Sa femme n’est vraiment pas une beauté fatale mais lui est comme un jeune Thierry Lhermite, charmant sous tous les angles, un regard limpide et un sourire à faire défaillir! En plus, avec ses petites fesses rebondies, il n'a même pas l'air de se la péter, ce qui est encore plus sexy! Je manque de pouffer des bulles lorsque je vois la surveillante, dans la jeune vingtaine, se lever de son socle pour aller lui parler. Depuis une semaine que je fréquente la place je ne l’ai pas vu bouger d’un poil. Mais la voilà qui, d’un coup, se lève pour aller papoter avec le jeune papa. Ben dis don’ y’a pas que moi qui a remarqué le bonbon du jour ! Je reprends ma poule d’eau sous mon aile et retourne à ma chambre pour le retour de mon homme.

Une fois à table, je lui dis que ma seule attraction du jour fut un papa canon. À peine ai-je parlé du phénomène que le voilà qui se pointe avec femme et enfant pour s’installer à la table d’à coté ! Avec mon phénomène de fille impossible de ne pas se faire remarquer surtout lorsque par inattention elle envoie valser son verre qui se fracasse par terre. Sourire du papa canon en ma direction. Ah bien merci ma fille ! C'est qu'il cartonne le beau mâle! Juan, confiant de ses charmes, rit de ma pomme qui s’émoustille ! Évidement l’on finira par papoter avec le couple et sa progéniture, une petite fille aussi craquante que la mienne…

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