Location,location,location... (à prononcer à l'anglaise)
Nichée quelque part dans un quartier chic de Montréal, je retrouve la ville que mon enfant découvre. Il ne m'aura pas fallu plus de dix minutes pour ressentir cette essence urbaine qui est mienne. Cette urbanité que j'étouffe à coups de brousse mais qui rejaillit au cœur de cette ville qui a enrobé toute une décennie de ma vie. Il ne me faudra pas plus de trois jours pour ressentir l'appel de la forêt que j'aime...
Je me ballade sur l'une des veines de ce quartier que je connais sans y avoir jamais habité. Je sens la forêt m'irradier le sang, je ne possède pas la même vibration que ces passants que je croise sur la rue. Je soupèse les regards que j'accroche, je me retiens de sourire le plus possible même si je ne peux retenir ceux qui m'effleurent les lèvres. Je ne baisse jamais la tête devant l'inconnu qui s'efface.
Ro (à prononcer à l'anglaise) nous a prêté son appartement coquet. Ro vit avec Chico, ce petit chien pourri gâté qui est comme son enfant. Ro est partie quelques jours chez son amie Chris. Ro travaille dans le milieu de la télévision. D'origine italienne, elle vit en anglais même si ce n'est pas sa langue maternelle et parle couramment le français. Elle le parle rarement et "relationne" peu en cette langue. Je dois être l'une de ses rares amies francophones, parfois elle cherche ses mots lorsque nos discussions s'enflamment et l'anglais n'est jamais bien loin pour récupérer une idée qui se perd. Chris est journaliste à Manhattan. Elle vit avec son chat Charlotte quelque part dans l'East Village. Ro et Chris cultivent leur affection entre deux frontières. Toutes deux pigistes, elle alternent leurs moments passés ensemble d'une ville à l'autre. Ro va régulièrement à N.Y et Chris passe souvent du temps à Montréal, en couple depuis plusieurs années, elles s'aiment tout simplement. Passionnées de culture et de télévisuel, elles savourent leurs intérêts de citadines en cette harmonie qui est la leur.
Ro m'a gentiment prêté son joli appartement pour que nous puissions profiter de la ville à son meilleur. C'est un geste qui me touche, qui reflète cette humanité qui est sienne. Cette humanité que j'apprécie depuis nos vingt ans. Elle nous accueille avec cette chaleur latine que j'adore. Elle offre à M'zelle Soleil une petite poupée et des biscuits. Lily tombe sous le charme. Elle observe avec curiosité ce nouvel environnement. Ves ne tarde pas à arriver, Ro doit bientôt prendre son bus, nous échangeons des sourires, l'on se serre fort avant de se quitter. Mister K vient rejoindre sa dulcinée. Notre petite comité d'accueil est à l'image de la grande ville multicuturelle. Cela fait du bien de les revoir. Grâce à Montréal, j'ai pu apprendre et comprendre les richesses qui se cachent dans les différences humaines. Montréal m'a grandit l'esprit. J'apprécie ce mélange de cultures que je ne côtoie plus. Désormais je vis en une enclave québécoise qui porte le français sur ses épaules. Une enclave québécoise à l'image du village d'irréductibles gaulois des bandes dessinées de mon enfance...
L'on couche notre petite puce qui sautille. L'on s'assoit au salon et l'on discute comme à nos habitudes. Nos amis partent autour de minuit. Nous errons une petite heure sur le câble. L'un contre l'autre, écrasés sur le confortable sofa, nous nous retrouvons. Vient le temps de se glisser dans la douceur fraîche des draps de Ro. Juan se sent presque gêné. Il faut dire que l'appartement respire la féminité épanouie et rares sont les mâles qui se profilent en ce décor. Chico, le chien de maison, prend ses aises sur le lit. Je me colle contre mon homme qui me serre. L'on s'endort au rythme de la respiration de l'enfant qui rêve.
Je vogue entre deux états. J'écoute la ville qui ronronne en bruit de fond. Je me sens étrangère même si l'ambiance m'est familière. Je rumine. La douceur des draps m'entraînent dans des songes sans images. La petite se réveille la première, elle passe la tête par dessus la barrière de son lit de voyage, elle éclate de rire. Nous sommes vendredi matin. Notre programme des jours à venir est bien rempli. M'zelle Soleil s'adapte à cette atmosphère urbaine avec toute sa joyeuse innocence. L'homme est heureux de sentir vibrer la ville. Je me love en cette petite famille qui est mienne. Ainsi débutent nos vacances citadines qui viendront enrober le passage de la nouvelle année et de mes trente cinq ans conjugués...
1 commentaires:
Profitez-en bien ;) J'aime aussi allez me perdre dans Montréal de temps en temps. Je me sens dépaysée... mais toujours contente de rentrer dans mon patelin ;)
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