samedi, décembre 08, 2007

Chroniques de petite enfance

Leave a Comment
Chroniques de petite enfance.

My creation

Depuis quelques semaines c’est « Lily fé tò seule» à toutes les sauces. M’zelle Soleil prend conscience de son individualité et l’expérimente à tours de jours. Elle sait mettre ses bottes et certaines paires de ses chaussures seule. Lorsqu'elle y arrive, après une bonne dose de concentration, elle se félicite en disant tout haut « Gravo Lily! ». Elle montre un désir de s'habiller par elle même et commence à assimiler l'idée de vivre sans couches. Elle roule des "r" quand elle parle, cela lui donne un petit accent que je ne saisis pas vraiment mais que je me surprends à reproduire malgré moi par ci par là! Elle construit ses petits looks perso qui me font craquer comme par exemple cette façon de porter son serre-tête sur le front! Il y a aussi le look T-Shirt, petite culotte, bottes de neige, gants roses et chapeau d'été en tricot qui me fait bien rire...

Je commence à lui apprendre les couleurs, elle fait une petite fixette sur le bleu. Elle adore dessiner et gribouiller. Elle sait presque compter. Elle dit: « un deux, crois, six, sept! ». Elle joue avec ses poupées comme une vraie petite fille et je ne me lasse pas de l'observer. Toujours je respecte les rythmes de son enfance. J’ai l'étrange impression de devoir m’adapter sans arrêt à ce petit bout de chou que je materne avec passion. Et dire que je n'en suis encore qu'au début du long chemin de ma "parentitude"...

Depuis qu’elle va chez la gardienne en compagnie de « Lilicque » (Angélique, trois ans bien sonnés), elle a découvert Dora, ce personnage de fillette qui illustre tant d’articles enfantins. Elle même possède une chaise de salon et un ensemble de jardin décorés du visage de ce personnage archi connu chez les moins de cinq ans. Sa "matante" la gâte beaucoup, ainsi Dora a fait son apparition depuis longtemps en notre maison. Dora est tellement partout qu’elle en connaît le visage sans jamais avoir regardé l’émission de télévision qui est à la source de cette invasion. Pour lui faire plaisir, je lui ai acheté des chaussettes Dora, une attention qui n’a pas manqué de faire son effet. Elle est si contente que lorsque je lui enfile (après qu’elle eut accepté les limites de ses indépendances), elle me dit : « Oh! C’é bô Dora... ».

Elle se personnifie à vitesse grand V. Son nouveau truc est de nous appeler par nos prénoms. Elle a commencé par le mien la semaine dernière, les premières fois, j’en suis restée bouche bée. Depuis qu’elle a découvert le truc, elle appelle « maman, maman, maman » et si je ne lui réponds pas assez rapidement, elle enchaîne en m’interpellant par mon prénom qu’elle écorche sur les bords mais que je reconnais sur le champ! C’est une drôle de sensation. Mon bébé s'est transformé en une petite fille. Je prends le parti de ne pas y accorder beaucoup d’importance pour ne point l’encourager dans cette direction qui m’effraie un peu. J’en parlote avec l’homme qui rigole et je me demande pourquoi son père ne subit pas le même traitement. Finalement depuis deux jours, c’est à son tour. Elle l’appelle « Juan ». Sur le coup il ne se rend pas compte qu’elle s’adresse à lui. Mais comme je comprends 90 % de tout ce qu’elle raconte, je fais vite le lien. Elle confirme mon intuition. Je souris sous cape. 

Désormais lorsqu’elle veut provoquer une réaction, c’est avec nos prénoms qu’elle nous désigne.
Elle commence à utiliser le passé composé. Il y a désormais deux temps à ses cordes. Le passé et le présent se concrétisent sous sa langue qui se délie. Elle n’a pas encore capté le concept du futur, pourtant lorsque je la regarde grandir, je ne vois plus que cela. C’est devenu mon petit futur sur pattes! Elle dit « Padon » (pardon) lorsqu’elle bouscule le chien. Cela me fait sourire. Elle a une centaine de mots à son vocabulaire qu’elle utilise de plus en plus librement. Elle répète quasiment tout ce qu’on lui explique et elle n’a pas besoin de se faire répéter longtemps un terme pour l’enregistrer. Elle connait par coeur la chanson de "Papa Nowel". Je lui chante les couplets en laissant des trous qu'elle remplit de sa petite voix toute neuve. Cela me fait craquer.
Selon les contextes donnés, elle place les mots au bon endroit pour se faire comprendre. Elle structure de plus en plus de phrases. Elle sait très bien exprimer ses désirs. Elle a de plus en plus d'histoires à raconter. C’est une petite bavarde en devenir. Elle me demande: « É balade la vroom vroom maman? » (Elle est malade l’auto?). Sans attendre de réponse elle continue sur un ton enjoué: « Non, guérie, é guérie vrom vrom ». Je remarque aussi que ses onomatopées deviennent de plus en plus souvent des mots que l’on comprend facilement (le tchou-tchou est un "crain"). Juan est rendu à 70% de compréhension bambine et je traduis le pourcentage qui lui manque sur une base régulière. Quant à la demoiselle en question, elle comprends tout ce qu'on lui raconte et même plus...

M'zelle Soleil chouine un petit peu mais jamais elle ne pleure longtemps ou sans raison et les crises sont si rares que je n'ai même pas un exemple en mémoire. Affectueuse, coquine, câline, acrobate et casse cou, c’est mon petit soleil de maison. Elle m’illumine de l’intérieur. Elle me remplit de toutes sortes de petits bonheurs. J'en partage en ces mots les douceurs...
Je l’observe grandir avec une fierté toute maternelle. Ses sourires si purs me ravissent le coeur. Elle m’imprègne de son innocence que j’inspire à pleines bouffées. Voir la vie à travers ses yeux est magique. Elle n’a encore aucune idée de toute la méchanceté qui règne sur le monde. 

Nous la protégeons de tout ce qui pourrait la blesser. Je fais de mon mieux pour lui offrir un équilibre physique et émotionnel. Et même si nos finances font pitié, j'estime qu'elle est privilégiée de pouvoir vivre une petite enfance sans heurts ni tracas. Parfois je pense à ce jour où elle sera confrontée à la méchanceté humaine.

Un jour, je sais qu’elle prendra conscience de la douleur intérieure, des haines et des travers qui sillonnent nos humanités. Je sais qu’un jour viendra où l’innocence s’effacera. Je souhaite simplement que cela se fasse graduellement. Lorsque j’y pense trop fort, mon cœur se fendille. Alors je la regarde grandir joliment et je remercie le ciel de ses bontés. Le temps s'écoule si vite aux contacts de ces enfants que l'on chérit, de ces petits enfants qui deviendront grands...
Déjà deux ans de gagnés, deux ans sans traumatisme particulier, deux années d’amour et d’attention: sur une vie c’est déjà cela de pris! J’espère que nous pourrons conserver ce cocon d’amour pour les quinze prochaines années et que nous saurons l’entourer de nos attentions au fur et à mesure qu’elle découvrira les aléas de la vie. J'espère que nous saurons la guider et l'éduquer sans jamais nous déchirer. J'espère le meilleur, j'oublie le pire en contrôlant mes angoisses diffuses. Je me contente d'apprécier consciemment ces instants bénis. Il est si bon de savourer cet havre de pureté qu’elle nous offre en ses façons douces, en ses clowneries et son affection à profusion.

C'est Lily tò seule

0 commentaires: