Sous les étoiles
J’observe le ciel bleuté de jour. La nuit m’enrobe de sa fraicheur, au loin un feu crépite, tout proche un bébé dort. Je suis de garde dans la cabane silencieuse. Au bout de la rue, dans la maison vide, Juan et Clo peignent les murs nus. Dans ma cabane, des cartons pleins, vides, à moitié remplis s’amoncellent de part et d'autre. Ils transforment notre intérieur en un véritable bronx. Le déménagement se précise dangereusement...
C’est la saison des périples en tout genre. L’on tire le diable par la queue pour arriver à joindre les deux bouts et il en résulte toutes sortes aventures pour arriver à se déplacer le quotidien de "point A" à "point B". Se trouver de nouveaux électroménagers, changer les services Hydro-Québec, téléphone, câble. Changer de banque. Faire les fonds de tiroirs des proches pour y récupérer des pots de peintures abandonnés à leur triste sort. Repeindre. Finir la chambre de bébé en enlevant l'horrible tapis, condamner l'escalier, poser un nouveau plancher. Se trouver un lit. Déplacer le monstre de bordel et l'apprivoiser pour mieux le réorganiser deux cent mètres plus loin. Juan a des envies minimalistes. Je traîne mes coins de mémoires en des boites éparses. Ranger, laver, rafraîchir, emballer, laver, ranger, laver, déballer, rénover…
C’est l’air des prochains jours que l’on chante avec le sourire. Lorsque la montagne sera franchie, une nouvelle aire de vie, plus spacieuse, nous accueillera. Des travaux divers en toile de fond et le bonheur de se construire un nouveau nid pour une nouvelle vie. Trois vies pour se construire un embryon de famille entre ciel et bois. L'on se dispute pour des broutilles, l'on se rabiboche avec une plaisanterie, l'on se marre pour des niaiseries. L'on se botte le cul pour ne pas croupir. L'on se serre tout près l'un de l'autre dans la pénombre de nos draps (lorsque la petite ne les squatte pas). L'on s'irrite entre deux fatigues. L'on s'aime entre trois discussions, deux mots doux et un souffle de tendresse partagé.
Demain c’est la St-Jean, la fête nationale du Québec. Cette année nous la passerons entre peinture et cartons. Ailleurs, les jeunes feront la fête, les groupes d’amis en tout genre se réjouiront autour d’alcool et de feux joyeux. Les adultes « lâcheront leur fou » et les bébés comme Lily-Soleil dormiront paisiblement dans leur lit sous l'oeil vigilant des nouveaux parents…
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