lundi, mars 16, 2020


Ce matin, le monde se réveille en une nouvelle ère, celle du Covid19.

Miss Soleil voulait vivre un moment historique en sa vie, elle est gâtée! À chaque fois qu'elle comprend ce qu'elle devra sacrifier en ce moment présent, école, amies, voyages, etc. Je lui rappelle ce désir qu'elle avait de vivre un moment qui entrerait dans les livres d'Histoire...

Je viens de passer trois années confinée, par la maladie et la douleur physique. J'ai lutté comme une lionne pour retrouver les capacités physiques de vivre en un monde dit actif. Jamais je n'aurais pensé qu'il me rejoindrait à mi chemin...

Je viens de profiter d'un gros mois de semi liberté retrouvée. Depuis trois semaines, j'apprécie chaque sortie extérieure. J'en observe les normalités, avec la conscience de cette facilité de vie dont tout le monde profite, sans même y penser.

J'ai apprécié la simplicité de ce monde insouciant, avec la sensation aiguë que cela risquait de ne pas durer. Avoir raison en ce genre de prédictions n'est jamais vraiment satisfaisant.

Isolation volontaire

Me voilà de nouveau confinée, volontairement cette fois. Tout en sachant que ce confinement risque de retarder la progression de ma rémission physique. Mais tant que l'on a pas à aller vivre en une chambre d'hôpital, c'est ben correct! On va faire avec.

Et puisque je ne pourrai plus me fatiguer en piscine, je réanimerai ce blogue avec cette énergie recyclée. Je préfère être confinée, en sécurité, plutôt que de prendre la chance de me retrouver en pire état, sur un lit d'hôpital, en pleine épidémie.

Être confiné, sans douleur physique, avec les gens que l'on aime est un privilège en soi. Évidement, s'il y a de l'eau dans le gaz des relations, cela pourra faire des étincelles. Ces feux invisibles risquent de provoquer des brasiers d'humanité. À chacun de les éteindre et de mieux se comprendre. C'est l'occasion de devenir meilleur... ou pire... à vous de choisir!

À chacun de sacrifier un peu de son individualité pour sauver la collectivité. Car c'est en sauvant la santé collective que l'on sauvera l'individu..


Être confiné, c'est l'occasion de se regarder en face et d'approfondir la compréhension que l'on a de soi. Si l'on choisit consciemment de cultiver une bonne attitude alors on en ressortira amélioré plutôt que détérioré. C'est l'occasion de grandir et de se renforcer.

Rester Zen et responsable

Paniquer est inutile, s’adapter est essentiel. Nous avons possédons désormais la responsabilité de la santé collective, à chacun de faire les bons choix et de prendre les bonnes décisions. À chacun de se prendre en main afin d'éviter le pire pour tous.

L'autre choix est de se lamenter, de s'apitoyer, de geindre et d'aigrir. C'est une attitude qui est plus facile à court terme mais qui se révèle destructive à moyen terme. De celles qui peuvent foutre en l'air une société.

Cela ne sera facile pour personne mais cela sera encore plus difficile pour ceux qui préfèrent regarder leur nombril plutôt que de l'étirer. Et cela sera encore pire pour tous ceux qui se retrouveront sous oxygène!

Les égocentrés de ce monde ne pourront plus s'enivrer des superficialités de notre société, ils devront apprendre la sobriété et l'introspection. Ceux là souffriront le plus. Et pourront apprendre beaucoup!


Soyez les héros anonymes du Covid, restez chez vous!

Méditer aide à cultiver la bonne attitude. Celle qui permet de s'élever et de s'adapter aux difficultés. Cultiver une attitude réfléchie permet d'accepter l'épreuve à traverser et de trouver les voies pour la surmonter.

J'imagine que dans les prochaines semaines, l'on verra le meilleur comme le pire de nos humanités. Chaque culture réagira au problème à sa manière. Les choix de chacun auront des répercussions sur tous.

Les plus malheureux seront ceux qui se retrouveront intubés, avec la mort à leur chevet, en un univers de cosmonautes angoissés. Croire que ce coronavirus est une grippette est faire preuve de cruelle stupidité.

Une grippette n'a pas le pouvoir de faire exploser le système hospitalier des pays civilisés! Une grippette ne te donne pas des pneumonies si aiguës que tu ne peux y survivre qu'en étant branché sur un respirateur artificiel! Une grippette ne met pas en danger l'ordre social...

Désormais, l'on possède tous la même responsabilité de sauver le monde. Chacun à son échelle peut être un héros du quotidien. En choisissant de cultiver la bonne attitude et les bons gestes barrieres.

Merci à tous ceux qui feront le choix d'être un héros invisible en ces prochaines semaines. Merci à tous ceux qui iront au front, lutter contre les dommages que ce virus fera en nos populations pour sauver tous ceux qui pourront l'être. 




Laissons souffler la planète

Toute personne aux affinités écologiques pourra apprécier le fait que la planète en profite pour souffler. Il n'y a rien comme une bonne quarantaine mondiale pour que les taux de pollution mondiale diminuent. Les résultats se font déjà remarquer. Et ce n'est qu'un début...

L'on peut aussi noter l'ironie que ce virus amène avec lui. Il aura fallu que l'humain étouffe pour que la planète respire de nouveau!

Car la particularité de ce jeune virus est bien comment il s'attaque principalement aux poumons. Son objectif ultime est d'étouffer sa victime. Aucun pays ne possède assez d’oxygène en bouteille ni de respirateurs artificiels, pour sauver toute une population humaine contaminée massivement en même temps!

D'ailleurs plusieurs de ceux qui y sont déjà passés témoignent de cette sensation d'étouffer. Pas de nez bouchés mais la réelle sensation de suffoquer. Plusieurs jeunes italiens sont intubés alors que périssent les plus vieux...

Entre son temps d'incubation, ses contagieux asymptomatiques et son étouffement final, ce virus est bien spécial. Il n'est pas à prendre à la légère, aussi jeune que l'on soit!

Voici venu le temps de laisser respirer la planète...

Sois le héros du Covid! Pas sa victime, ni son complice...

dimanche, mars 15, 2020


Durant les trois dernières semaines, nous nous sommes tranquillement préparés à l'éventualité d'entrer en isolation volontaire. Sachant que nous sommes tous deux à risque et que j'étais sur informée.

Si le grand public avait eu vent de la moitié des infos chinoises que j'ai consommé au mois de janvier, il aurait sûrement été plus prudent avec ce virus, beaucoup plus malin qu'il n'y parait. La censure chinoise s'est très bien resserrée au fil de leur quarantaine. Jusqu'à en colmater toutes les fuites indésirables. Ce qui a permis de fausser tous les chiffres et perceptions du problème.


Pandémie en cours...

L'Italie est mon groupe témoin depuis des semaines. Ce que l'on en apprend n'a rien de rassurant. Du côté des États, c'est aussi la cata, je pense que le chaos gronde. Quand on sait combien ce pays est armé jusqu'aux dents, il y a de quoi s'inquiéter. Ou souhaiter que cela mette en lumière l’incompétence de Trump?

Ma courbe de progression de rééducation physique promet aussi un ralentissement avec la fermeture des piscines et mon osteo en quatorzaine. Voilà qui donne un coup à mon processus de rééducation/rémission dorsale. Je n'ai malheureusement pas d'amis qui possèdent une piscine intérieure. À moins que je ne frappe à la porte des châteaux en bord de lac? Qui sont sûrement inoccupés pour l'hiver...


En atténuant la courbe de progression du virus, ma courbe de d’amélioration de rétablissement physique risque de ralentir. Là sera mon sacrifice personnel pour la collectivité.

En étant prudente, je peux tenir deux à trois semaines sans séance de chiro. Sauf urgence. Mais les traitements d'osteo aident beaucoup à la progression de mon état. J'en ressens déjà le douloureux manque à venir en des symptômes dorsaux que je connais et reconnais. Combien de temps le chiro sera-t-il ouvert est une autre question sans réponse.

Je considère la chance d'aller mieux malgré tout. J'ai l'espoir de tenir la route et de garder le cap. Sachant que j'ai déjà une année de retard sur mon rétablissement possible lié à l'attente du rendez-vous médical pour la prescription de mes infiltrations.

Tous les âges peuvent avoir besoin d'un respirateur!

Je sais combien le système hospitalier n'a que peu de latitudes pour absorber les dégâts d'une telle épidémie. Je peux facilement imaginer les complications à venir pour tous les malades actuels. Et le danger que le système médical soit incapable de répondre à la demande...

Espérons que l'on pourra surfer une courbe aplanie de l'épidémie en cours, plutôt qu'un pic aiguisé qui nous fera traverser une catastrophe sanitaire. Tous ceux qui sont déjà malades seront les premiers affectés par la catastrophe en cours.

En Italie, le système hospitalier explose et les docteurs assument le fait que les + de soixante ans ou les - de soixante ans avec maladie chronique (comme le diabète) ne sont plus pris en charge. Ils n'ont plus la possibilité de se retrouver sur ce respirateur artificiel qui en sauve tant.

Ce qui veut dire qu'il y a beaucoup de personnes en dessous de soixante ans et en bonne santé avec des complications sévères. Beaucoup de personnes, soit disant sans risque, qui se retrouvent sous ventilation. Je souhaite que l'on en arrive pas là.


C'est pourquoi l'on doit accepter cette situation, s'adapter et coopérer. Et se sacrifier! Non seulement pour les personnes vulnérables mais aussi pour tous les "bien-portants" qui pourraient tirer le mauvais numéro à la loterie du Covid_19.

Évidement, les plus faibles tomberont les premiers mais ceux qui tomberont ensuite seront de tous les âges et ce sera peu-être vous! Sans même parler d'en mourir, quiconque se retrouve en réa passe le pire quart d'heure de leur vie!

Il y a eu énormément d'informations erronées dans les dernières semaines sur le sujet. Les notions de collectivité et de quarantaine ne sont pas au goût du jour. Ce virus est en train de donner toute une claque au monde moderne!

Le Québec embarque dans la danse du Coronavirus

Après avoir regardé le point de presse du Québec, j'avoue être satisfaite des mesures mises en place. Rassurée. Il faudra maintenant attendre de voir comment la population se comportera.

Le Québec fait preuves de mesures préventives avant que ne soit confirmés des cas de transmission communautaire. Ce qui me semble être très raisonnable. J'approuve.

À noter que je ne comprends toujours pas pourquoi on encourage pas la désinfection systématique des surfaces que l'on croise avec des lingettes de Clorox? Les gestes barrières sont essentiels mais ne pourrait-on pas pousser encore plus loin la bonne volonté?

Prêt pour la grande quarantaine? 

En notre coin de brousse nous sommes prêts à nous adapter à la situation en cours. En mes diverses recherches sur le sujet, la vitamine D3 revient régulièrement sur le tapis, en guise de prévention. Il parait que le #Covid19 ne l'apprécie pas...


Nous sommes deux parents à risque. En tant que diabétique, l'homme semble être dans la ligne de mire du virus. Aussi j'ai mis en place un petit régiment préventif de trois pilules, curcuma, omega 3 et D3.

En ce qui me concerne, je peux zapper la D3 vu que j'ai, en mon traitement médicamenteux de base, une pilule hebdomadaire de vitamine D, en dose massive. Dix fois plus concentrée que celles en vente libre. Mais j'y rajoute du Bio K.

Je prenais plus ou moins régulièrement cette pilule, depuis ma dernière prise de sang qui montrait que je n'étais plus au seuil dangereux, mais j'ai recommencé à la prendre avec diligence.


Sans même parler d'en mourir, juste l'idée que lui ou moi nous retrouvions en piteux état en un hôpital me fout les boules et le cafard!

Et puis plus le virus se transmet plus il mute. À Wuhan, c'était un bébé. En Europe, c'est rendu un ado. Qu'on ne veut pas mener à l'âge adulte...

Comment comptez-vous vous adapter?

Pour garder intacte notre cellule familiale. Avec l'aide du ciel, de la vie et la connaissance des gestes barrières, nous nous adapterons. Nous serons patients et disciplinés. Nous penserons à la collectivité avant de penser à soi.

Conscient de la chance que nous avons de pouvoir être isolés en un endroit où l'on peut sortir dehors, et aller humer la glace du lac si l'envie nous en prend. Cela ne sera facile pour personne.

Mais plus les personnes accepteront le problème actuel, plus ils feront l'effort de s'y adapter et mieux l'on passera au travers la crise, avec le minimum de dommages possibles. C'est le temps du sacrifice personnel pour le bien commun.

À partir de lundi, l'on ne sortira plus du village si ce n'est pour aller à l'épicerie, à la pharmacie ou à la clinique interdisciplinaire pour mes traitements manuels. Si elle reste ouverte...

Prédire le futur?

Il y a environ trois semaines, je croise la directrice du complexe récréatif où je fais ma rééducation physique en piscine. Après deux années de fréquentation constante, on connait tout le personnel!

 Assise sur un banc, j'enfile mes bottes en grimaçant. En passant devant moi, elle me demande comment je vais. Je lui réponds avec un sourire:

 - Ben... je profite de la piscine avant la grande quarantaine! 

 Interloquée, subtilement choquée, elle me répond avec certitude:

- Ben voyons don', faut pas s'inquiéter pour ça! Ça arrivera pas chez nous, on est ben correct! 

- Hum humm... 

J'avale cette impression d'être posée sur le toit du train qui va tout droit dans le mur tout en essayant de parler avec un passager assis à sa fenêtre.

Je mets mes bottes tout en prenant conscience du privilège de pouvoir me réeduquer la peau en cette superbe piscine à moins de 20 minutes de ma maison.


Même si chaque séance est une petite torture physique qui me fatigue, c'est aussi une partie intégrante de mon processus de rémission. Je sens que l'athlète invisible sera triste de ne plus pouvoir y aller au cours des prochaines semaines.

J'ai toujours pensé qu'une civilisation avec des piscines communautaires propres reflétaient une société en santé. C'est l'un de ces blablas que je radote en mes conversations avec l'homme. Aujourd'hui notre civilisation n'est plus en santé.

Alors maintenant que le coronavirus est au grand jour, êtes-vous prêt à vous y adapter?

Entrer en isolation volontaire...

vendredi, mars 13, 2020


Je fais de la veille de coronavirus depuis janvier. Mon homme trouve mes comptes rendus plus étoffés que les nouvelles qu'il entend à la radio. Deux semaines après que je lui en ai parlé...

La majorité est sous informée et je le suis trop! Avec mon mari diabétique, ce n'est pas tant de la rigolade et je ne rigole pas. Je me soucie du futur à venir.

Ce coronavirus réveille la journaliste en mon sang. Signe de mon rétablissement en cours. Entre deux rééducations et trois fatigues, j'étudie les actualités du coronavirus selon les différents pays et cultures.

J'en observe les différentes réactions selon les gouvernements. J'en analyse le tout et j'en déduis des prédictions que je partage à l'intime.

L'on fait un plan d'action pour se préparer. Et je prends l'habitude de tout désinfecter sur mon passage...

Evidemment, Trump est désolant. Les chinois mentent comme Pinocchio. La Corée du Sud semble montrer l'exemple à suivre. Des images satellites montrerait des fosses communes en Iran. L'Italie va mal, si mal qu'elle ne soigne plus les contaminés de plus de soixante ans et démontre qu'il n'y a pas que les personnes âgées qui sont touchées. Son système hospitalier explose. C'est le début de l'hécatombe...

Il est maintenant clair que les moins de soixante ans, même en pleine santé, se retrouvent aussi en réanimation. L’Italie montre ce qu'il en est lorsqu'on s'en préoccupe trop peu!

Si la Chine n'avait pas tant caché l'horreur en son pays alors que l’épidémie devenait pandémie, le monde aurait peut-être été moins nonchalant?

J'ai lu quelque part qu'une société était civilisée lorsqu'elle était capable de protéger les plus vulnérables. Sommes-nous réellement civilisés? Nous le saurons bientôt...

Il parait qu'une épidémie est l'instant où l'individu doit passer après la collectivité. Et c'est en pensant à la collectivité que l'on sauve l'individu. Cette pandémie met en lumière des notions peu pratiquées par nos sociétés modernes. Elle nous transformera qu'on le veuille ou pas...

Le pire est à venir...

Les États-Unis ne sont pas plus honnêtes que les Chinois. Ça magouille, ça cafouille, ça dérouille. La planète commence à tourner au ralenti.

J'ai découvert toutes sortes d'informations troublantes avant que la Chine n'arrive à couper toute communication avec l'extérieur. Assez informée pour penser à acheter du gel antibactérien il y a dix jours...

Après ces semaines à creuser le sujet pour mieux comprendre ce virus, je ne suis pas du tout étonnée de la tournure des choses actuelles. Entre le temps d'incubation et les contagieux asymptomatiques, il y a de quoi s’inquiéter et se préparer au pire.

Depuis des semaines, j'ai l'impression de voir un train aller droit dans un gigantesque mur. J'ai l'étrange sensation d'être posée sur le toit de ce train qui file à vive allure vers la catastrophe. Tandis que les passagers regardent le paysage sans se soucier de ce qui s'en vient, droit devant.



Depuis un mois, l'on se prépare à ce moment présent. Assez pour que Miss Soleil m'explique qu'elle a l'impression de réviser pour un examen invisible.

Elle connait tous les gestes barrières, elle est consciente du problème. On est prêt pour l'examen!

À la maison, on a des masques, une visière et du purell. On a les provisions nécessaires. L'homme a de l'insuline, j'ai mes médicaments. Tant que la piscine est ouverte, ma routine restera la même. Mais pour combien de temps?

Hier, en allant au chiro hier, j'en ai profité pour désinfecter sa salle de traitement. Mon osteo sera en isolation au retour de sa semaine de vacances pour deux semaines. Heureusement que je vais mieux...

Là ou je passe, le virus trépasse...

Pour aider à la lutte anti virus, je désinfecte tout sur mon passage depuis plusieurs jours déjà, armée de mon Purell et de mes lingettes Clorox. Je fais attention de ne pas me toucher le visage, je suis consciente du danger.

Je me dis que si l'on était plus à tout désinfecter sur notre passage, le virus aurait moins d'espace pour traîner.

Désinfecter pour moi et pour ceux qui passent derrière aide mes nerfs éprouvés par bien des ennuis de santé. Je sais ce qu'il en est de perdre le contrôle de son corps. Je prie pour que l'on évite le pire de ce méchant virus.

Entre l'Asie, l'Europe, l'Orient, l'Afrique et les USA, ça s'en vient de tous bords tous côtés...

Montréal ferme aussi ses piscines, bibliothèques, spectacles, Québec suit.

Il n'y a plus de gels antibactériens, nulle part, depuis des jours. Les épiceries se vident de leurs papier toilettes, la mienne comprise!

Après avoir déclaré toutes sortes d'inepties, Trump retourne son fusil d'épaules et prend le virus au sérieux. Surement trop tard pour bien faire.

Tom Hanks est touché par le virus, cela met un visage connu et aimé sur la chose. Le monde civilisé se réveille alors qu'il rentre dans le mur? Est-ce que le Canada saura aplanir la fameuse courbe de contagion?

Sachant que le virus s’accroît  de façon exponentielle et qu'aucun pays ne possède l’infrastructure hospitalière adéquate pour faire face à ce virus tout neuf, il y a de quoi s’inquiéter pour l'ordre social.

La France se met peu à peu en quarantaine. L’Espagne suit. Justin Trudeau est en isolation avec sa femme positive au coronavirus. L'Ontario ferme ses écoles, la rumeur court que le Québec suivra sous peu.

Ce qui est maintenant fait! Plus d'école pour la puce. L'université  ferme aussi. Mon homme diabétique va se mettre au télétravail. C'est pour le mieux. Être confinés en notre coin de brousse n'est pas la pire des situations. Il y a pire logés à l'enseigne de ce virus qui fait la fête à l'humanité!

Ce mois-ci marque trois ans depuis mon dos a été explosé. Trois années confinées de douleurs et de rééducations physiques. Enfin je vais mieux. Enfin je peux envisager de sortir à nouveau... Ou pas!

Le monde se met sur pause alors je commence à pouvoir sortir de la mienne. Il est vraiment particulier de revenir à la vie en une société qui se referme sur lui-même!


Pis, chez vous, ça covid?


Ce mois de mars marque les trois ans de mon dos explosé. J'en retiens les émotions de colère pour me concentrer sur le rétablissement en cours...

La première année fut la pire alors que je me suis retrouvée totalement invalide, enfermée en mon corps ravagé par de violents symptômes douloureux. Les deux suivantes furent aussi bien douloureuses, toutes en rééducations et traitements médicaux. 

Après trois années d’efforts et de luttes pour réparer un dos sévèrement endommagé, je vois enfin de la lumière au fond du tunnel. Et j'espère bien finir par l'atteindre.

Il y a bientôt trois ans de cela, une physio recommandée par l'hôpital, m'a sévèrement abîmé le dos.

Elle était supposée traiter mes neuropathies faciales et non pas me foutre la vie en l'air! Après avoir gagné ma confiance, elle en a abusé en me traitant comme un cobaye.

Elle m'a invalidée en provoquant une serieuse convexité en mon dos, qui a très mal réagi, et qui s'est enflammé en crises de convulsion. Comme s’il était nécessaire d'ajouter à la collection de problèmes de santé que je venais d'affronter ou que j'étais en train de traverser...

En ces neuf dernières années, j’ai surmonté plusieurs problèmes de santé. Je les ai traversés les uns après les autres. Sans répit ni pitié. Sans m'apitoyer ni capituler.

Mais le pire de tous mes problèmes de santé aura été provoqué par ces manipulations de physio qui ont bien failli me détruire. Mon dos fut cassé de nouveau. Et je me suis retrouvée hors jeu! Out of the game of life...

Back to Hell en quelques manipulations dorsales

J’avais déjà été paraplégique à douze ans et je n’avais pas imaginé me retrouver de nouveau invalide. En ces premiers mois d’horreur, j'ai senti la vie s'écouler hors de moi, comme une invisible hémorragie. J'ai vu la mort veiller quelques semaines avant de me lâcher la peau. Pour survivre à l’intensité des symptômes physiques, mon esprit a appris à se désincarner et à se renforcer.

Pendant des mois, j'ai expérimenté des douleurs physiques si sévères que j'ai eu l'impression de devenir un automate humain. J’ai appris à donner l'impression d'être vivante tout en forçant la vie à persévérer en mon sang.

En ces situations bien effrayantes, il est important, le plus possible, de continuer d'être soi, même si on ne le ressent plus intérieurement.

Pour avancer, l’on doit se rappeler de ce qui fait notre identité. Et s'y accrocher. Même si on ne se sent plus soi, on doit se forcer à effectuer ces petites choses qui font que l’on est soi.

Durant des mois, j'ai utilisé les quelques gouttes d'énergie en ma peau pour continuer de prendre des photos. Même si tout goût ou envie était annihilé par le brasier en ma colonne vertébrale. Pour l'amour des miens, j'ai forcé la vie à persévérer en mon sang.

J’ai accepté de me torturer le corps afin de le stabiliser. Trois fois par semaine en des séances de piscines toutes bien douloureuses. Il aura fallu quatorze horribles infiltrations de colonne, sur une année, pour venir à bout de l'inflammation, provoquée par ces manipulations qui m'ont tordu le dos.

Il aura fallu une centaine de traitements de chiropractie pour arriver à rétablir ma colonne et la garder droite. Sans compter les dizaines et dizaines de traitements de kiné puis d'ostéopathie ni les centaines de séances de piscine. Trois années de calvaire corporel ainsi se sont passées. Et je suis devenue une athlète invisible.


Back to life, une saison à la fois

Au fil des traitements, des efforts, des volontés, des disciplines de vie, j'ai commencé à retrouver des capacités physiques. Petit à petit, mon corps a accepté de refonctionner. Doucement mais surement, j'avance et je dépasse les obstacles qui entravent ma route.

L'automne dernier, j'ai commencé à sentir une sève revenir en mon tronc. Avec cette sève revenait la vie, celle qui fait que l'on existe...

Depuis, mois après mois, je poursuis mes rééducations et les améliorations se concrétisent. La sève nourrit le tronc qui revient à la vie. Elle se répand peti à petit dans le reste du corps meurtri.

Encore quelques mois de torture physique et je devrais finir par gagner cette foutue guerre. Tant que le coronavirus ne vient pas foutre le chaos en mon chemin de rétablissement!

Traverser les épreuves humaines en mode conjugal

Cette année est la vingtième en ce mariage qui nous unit. En ces deux décennies, nous avons traversé tant d'obstacles, nous avons affronté tant d'épreuves, et nous sommes toujours là.

Nous partageons cette même volonté de construire une réelle fondation humaine pour notre enfant unique. Ensemble, nous partageons cette même valeur de construire cette famille que l'on a jamais connu.

Vingt ans plus tard, je l'aime toujours. Plus profondément. Notre travail de parents arrive bientôt à finition. Passé 20 ans, la relation parent/enfant devient adulte. Elle se transforme et évolue.

La responsabilité d'élever et d'encadrer n'est plus, il reste celle de guider et de soutenir.

Il est dit que la présence de l'un nourrit la force de l'autre. Cela résonne en mon âme qui approuve.

Leur double présence me donne cette force nécessaire à la bataille quotidienne. Sans eux, je suis peu. Avec eux, je suis tout.

La vie est une sève qui nourrit l'essence humaine

La sève qui a commencé à s'écouler en mon dos, tout doucement, se répand maintenant, un peu plus loin chaque mois. C'est elle qui me donne cette étrange sensation de revenir à la vie.

Mon osteo travaille sur mon cas et me fait prendre conscience des améliorations en cours. Même si j'en arrache encore beaucoup, je vais beaucoup mieux. Je suis entre deux étapes. Lorsque la rééducation devient réadaptation...

Je peux de nouveau passer inaperçue dans le monde des bien-portants, quelques heures durant. Puis j'en paie le prix en silence et souffrances. Mais tant que je peux soigner convenablement mes neuropathies et rééduquer ma colonne, je peux avancer, m'adapter, évoluer.

Il paraît que je dois prendre conscience de mon endurance physique qui s'étire. Mais tant que je n'ai pas retrouvé une endurance digne de ce nom, je n'ai pas l'impression d'être revenue valide. J'ai juste la sensation de lutter en continu pour l’être de nouveau.

Présentement, je canalise toutes mes énergies sur elle et lui. Plus mon endurance physique progressera et plus je pourrai me focuser sur moi-même. C'est le plan. Patience et persévérance...

L'on vit en une société qui met l'accent sur "penser à soi" comme mode de vie. Je n'y crois pas. Lorsque je me suis retrouvée en l'enfer de la maladie qui invalide, penser à moi ne me donnait pas la force de lutter ni d'avancer. C'est en pensant à eux que je trouvais la force de ne pas lâcher.

Penser à eux par me rendait surhumaine. Penser à moi me faisait sentir sous-humaine

Dès j'ai un peu d'énergie vitale, instinctivement, c'est à eux que je la donne, afin qu'ils puissent vivre le plus normalement possible malgré les épreuves en mon corps.

Je pense à moi en me pliant aux rééducations et aux traitements. Je pense à moi en prenant mon cas en charge et en persévérant. Je pense à moi en me dépassant quotidiennement.

Mais je ne peux pas vivre en ne pensant qu'à moi! C'est trop restrictif et égoïste. Combien de fois peut-on faire le tour de son nombril sans devenir un poisson rouge?

Étirer son nombril en pensant aux autres fait du bien à l’âme. Travailler ses neuroplasticités en ne pensant pas qu'à soi enrichit la texture d'une vie.

Il fut un temps lointain où la vie quotidienne était si ardue qu'il était alors nécessaire de se rappeler de penser à soi. Ce n'est plus vraiment le cas. Si nos ancêtres voyaient la vie que l'on mène, ils nous prendraient tous pour des rois.

Penser à soi a ses limites. Trop penser à soi limite

Penser à elle me grandit. Penser à lui me nourrit. Penser à eux avant moi-même me semble naturel et essentiel. Comme que je dois l'aider à grandir et mûrir. Je pense à elle et je fais mon possible pour lui offrir une douce enfance. Je me fatigue pour elle plutôt que pour moi et cela me paraît normal. Cela fait travailler mes endurances et je suis heureuse de la voir heureuse. Même si je finis brûlée comme une toast oubliée dans un vieux grille-pain, ce n'est jamais vain...

Les enfants d'aujourd'hui sont le présent de demain. La seule influence présente que l'on possède sur le futur passe à travers eux...

Comme je dois aussi penser à maintenir en santé ma relation conjugale, penser à lui est normal. Je sais combien ces dernières années ont aussi été difficiles pour lui. Cela me peine beaucoup. Mais quand je vois ses briller parce-que j'ai retrouvé la capacité physique de rire, je ressens que ce lien unique qui nous unit.

Je désire être grand-mère avec lui...



Même si je suis fatiguée de toujours forcer mon corps à avancer, tannée de ne pas travailler comme je le voudrais, déprimée de me sentir comme cette branche de sapin emprisonnée dans la glace, je garde le cap que je me suis donné.

Méditer, rééduquer, aimer, élever, persévérer font ma routine de vie. Méditer pour digérer ces multiples frustrations de ne pas vivre comme je l'entend. Méditer pour muscler ma cervelle et ne pas lâcher.

Garder le cap avec cet objectif têtu de reprendre du service en septembre. D'ici là le monde devrait bien s'être remis du coronavirus!

Soit il sera meilleur, soit il sera pire. Mais il sera obligatoirement transformé par cette épidémie en cours. On a été pas mal épargné à date au Québec mais avec le retour des vacances de la relâche, il est évident que plusieurs auront ramené en leurs bagages des virus clandestins.

Encore une ou deux semaines d'incubation et on rejoindra sûrement le reste de la planète. Déjà des mesures préventives définissent un futur possible en quarantaine mondiale.

Entre deux efforts et trois fatigues, j'observe l'évolution de la chose. Je fais de la veille de virus. Il y aurait deux souches qui circulent, l'une serait moins virulente que l'autre mais il serait aussi possible d'attraper les deux. Non ce n'est pas une grippe, et oui les moins de soixante ans peuvent se retrouver en réanimation.

J'entends le monde se plaindre des multiples inconvénients que cela implique. J'entends le monde craindre une récession économique. J'entends le monde en santé clamer que cela ne met pas leur vie en danger. Mais j'entends peu de monde désirer protéger les plus vulnérables en sacrifiant de leur individualité. 

J'ai lu quelque part qu'une société était civilisée lorsqu'elle était capable de protéger les plus vulnérables. Sommes-nous réellement civilisés?

J'imagine que l'avenir nous le dira. un avenir que je compte bien de nouveau bloguer en ces eaux virtuelles qui sont miennes. Au plaisir de se retrouver!


De retour en ligne...

lundi, septembre 23, 2019


Depuis août 2016, les épreuves de santé se succèdent à un rythme effréné. Au printemps 2017, me voilà devenue invalide. Cloîtrée par les douleurs et maladies.

En cette condition, le quotidien devient lutte. Je ne sors plus de ma chambre que pour des rendez-vous médicaux et des traitements. Dire combien c'est dur sur le moral est très peu dire. La méditation aide le cerveau à tenir. L'affection de mes proches aussi.

À l'automne dernier, je commence une série d'infiltrations dorsales. Tous les trois mois, à vif, sous radioscopie, sentir l'aiguille se planter dans ma colonne et y répandre le liquide qui brûle. Une fois, deux fois, trois fois, parfois cinq fois à la fois. Selon la série du mois. Repartir pire que l'on est arrivé pour espérer aller mieux le mois suivant.

L'un des pires traitements que j'ai vécu. C'est si pénible qu'il me faut tout l'amour des miens pour tenir le choc. Dieu merci, au fil des mois, l'inflammation commence à montrer des signes de diminution, je m'accroche. Et m'isole. Je me déconnecte. Parler devient une corvée. Je me sens en apnée. Je n’écris plus.

Alors que ma colonne s'embrase, j'ai la sensation de m’éteindre. J'attise mes braises intérieures avec le souffle affectueux des miens. J’enchaîne rééducation et traitements. Tout en me médicamentant et en méditant. Je m'épuise.

Je m'accroche et je force. Au fur et à mesure que l'inflammation en mes vertèbres diminue, je reprends vie.

En la prison de ma chair: réclusion et rééducations 

Avec l'été arrive ma dernière série d’infiltrations de cortisone, pour un total de 14 injections dans la colonne vertébrale en neuf mois. Je commence à voir des réels signes d’amélioration en ce qui concerne ma mobilité et ses maux. Chiro, ostéo et doc de famille notent aussi l'évolution positive.

Je poursuis mes rééducations. Je commence à sortir de ma chambre pour autre chose que du médical. Chaque sortie est bien douloureuse mais tant qu'elle est possible, c'est ce qui compte. À chaque mois, le défi d'une sortie. Chaque sortie accentue les maux tout en travaillant l'endurance du corps. Et de l'esprit...

L'on accompagne Miss Soleil en un concours de chant à Trois Pistoles. J'arrive à aller voir un concert au festival d’été et un spectacle de théâtre à Montréal. Je réussis à faire une sortie romantique avec mon homme. Je recommence à chasser les couchers de soleil au coin de mon lac. Tout ceci ne se fait pas sans peines ni multiples douleurs. tout ceci s’inscrit dans la continuation de cette rééducation auquel je m'applique.

À force d'efforts et de volonté, je reprends des forces. Mon dos me fait fortement souffrir, en continu, mais je retrouve un peu de mobilité. L'insupportable se fait un peu plus supportable. Mon objectif étant de retrouver une zone non point tant confortable que supportable...

Mon corps me fait souffrir physiquement mais ne plus travailler est une souffrance morale qui me mine aussi. Je commence à reprendre assez de force pour pouvoir y penser. J'anticipe la rentrée avec un plan d'action afin de retrouver mes chemins d'écritures.


Une invitation qui tombe à point

C'est alors que me contacte une recherchiste de l'émission Zone Franche qui est diffusée sur Télé-Québec. Elle est tombée sur le groupe de douleurs chroniques que j'ai fondé sur Facebook et s’intéresse à mon cas dans le cadre d'une émission portant sur la médication. Après quelques conversations profondes, elle me confirme que la production m'invite à participer à l'émission dont le tournage se déroulera la semaine suivante.

Je me renseigne sur le format de l'émission. Je le trouve intéressant. Les invités débattent d'un vaste sujet sur un plateau en forme de ring. Je trouve que c'est un concept intéressant et les discussions sont bien menées.

Je regarde en ligne quelques épisodes de la première saison. J’apprécie le ton de l'émission et les deux animateurs qui en tiennent la barre. Je me dis que c'est un défi à relever. Après tant d’années cloîtrée, le contraste est stimulant. Mes experts médicaux pensent que je suis prête. Cela ne sera pas facile mais c'est possible. Ce qui ne l'aurait pas été six mois auparavant.

J'estime être rétablie à environ 55%. Mon objectif étant 75/80% d'ici une autre année. Je m'y accroche les volontés pour en poursuivre les traitements et rééducations. Mais 55% et des poussières, c'est juste assez pour me rendre en ville et fonctionner sur ce tournage professionnel.

J'accepte l'invitation tout en planifiant savamment comment faire pour y arriver. J'apprécie l'attitude bienveillante de la recherchiste qui me met en confiance. Une semaine passe et nous voilà partis, en famille, à Montréal.

Je sais que je vais accentuer plusieurs douleurs physiques mais bon, quand on vit en douleurs constantes, l'on apprend à vivre avec. L'on apprend à s'y adapter pour continuer d'avancer. Sinon à quoi bon?


En tournage à Montréal

L'homme conduit et soutient, la puce profite de l'expérience. Ils seront tous les deux du public. Je suis contente de les emmener de nouveau en une aventure qui nous sort de l'ordinaire. Cela me rappelle à ma vie. Cela me rappelle à mon monde.

Même si je représente la malade de service, la journaliste en ma peau se réveille. Ce n'est pas ma première télé. Mais c'est la plus conséquente. Je me sens prête. Prête à ressortir de ma chambre pour de nouveau exister.

Après plus de deux années à ne sortir de ma chambre que pour aller à l'hôpital, à des rendez-vous médicaux, à des traitements divers et a des séances de rééducations, me retrouver sur ce plateau de télé est un petit choc pour ma cervelle!

Un choc qui fait du bien au psychique même si ça fait mal au physique. Ce qui est fascinant c'est que je ressens à peine le stress. Gérer les douleurs physiques pour tenir le coup absorbe le stress de la chose. C'est le seul avantage de bien des inconvénients.

L'émission est un débat donc en soi c'est de l'improvisation et de la réflexion, sauf pour l'intro, que l'on prépare à l'avance.

Je passe la journée du tournage à me reposer, à méditer, et à mettre de la glace là où ça fait trop mal. Je prépare aussi mes notes pour mon intro. Je décide d'une tenue adéquate en faisant mon possible pour ne pas penser comment je suis bouffie de cortisone.

Sachant que la camera ajoute dix livres, je ne suis pas extatique de la chose. Mon ego soupire. Enfin mieux vaut être bouffie de cortisone et debout, que couchée à vie.

L'on arrive au studio passé 19 heures. Je rencontre brièvement l'équipe et les autres invités dans les loges et pouf, me voila dans la chaise du maquilleur.

Il me demande si j'ai une préférence, je lui souffle "Smoky Eyes" avec un sourire. Et c'est parti pour une séance de maquillage qui me transforme en Cendrillon prête pour aller à la fête. Ou aller dans un ring?


Pendant que Richard me transforme, je lui pose quelques questions, curieuse de savoir ce qui l'a poussé à devenir maquilleur professionnel. Il me raconte son parcours pro et je trouve que c'est une belle histoire sur comment trouver sa voie et s'y épanouir. Je trouve son histoire inspirante et j'adore son travail sur ma face! Je n'en reviens pas.

En me regardant dans le miroir, je reconnais la femme oubliée. Celle qui est sur la glace depuis si longtemps. Celle que la mère tient en vie depuis si longtemps!

Je lui explique que mon corps, en s'adaptant à la douleur constante, me fait suer beaucoup. Comme je ne tiens plus grand compte de ses signaux de douleurs, il me les rappelle en me faisant suer à fond. Richard me rassure et m'assure qu'il sera là pour retoucher au besoin.

Ce qu'il fera, en effet, avec soin tout au long du tournage. Jusqu'à ce que la couche de maquillage forme une véritable protection contre la sudation!

Et pouf, me voilà maintenant dans la chaise de la coiffeuse. Tout aussi sympathique que le maquilleur. Elle se contente d'affirmer mes boucles et de les maîtriser. À peine a-t-elle finit que c'est le moment d'aller sur le plateau. Je prends le temps de prendre ma morphine du soir, pressée, j'en oublie la pilule qui calme les nerfs. Je suis la troupe du soir. Sans transition, me voilà sur le plateau!

Silence, on tourne!

Juan et Miss Soleil sont en face de mon tabouret. Ils me sourient. Je regarde le public qui nous entoure, composé d'une centaine d'âmes. J'ignore les maux de mon dos. Et ces neuropathies sous jacentes qui ne demandent qu'à s'activer.

J'inspire. J'observe les animateurs répéter, à mi voix, leurs phrases d'intro et je me dis que c'est un peu de la triche. À ce moment précis, je réalise que j'ai laissé mes notes dans la loge. Et que je ne les ai pas révisées!

Schnoutte de schnoutte de schnoutte. Je réalise que pendant que je me faisais maquiller et coiffer, les autres révisaient leurs notes. Ma cervelle commence à sacrer en même temps que j'entends: "Silence, on tourne!"

Ma cervelle fait des tours dans le vide. What! F.... Mes notes! Fu.... c'était quoi encore mon intro! Non, je l'ai oubliée! Ma cervelle se vide et sacre en silence. Je sens monter la panique silencieuse alors que les autres invités se présentent. Ils disent leur intro, la panique augmente. Fu... Fu... Fu... Et bang, c'est mon tour! Nooooooonnnnn.

Pour la première fois de ma vie, ma cervelle ne répond plus à mes commandes. J'ouvre la bouche et rien ne sort. Cramoisie, j'essaie une deuxième fois. Mais rien ne sort, je ne sais plus rien. Je bafouille. Ma langue trébuche. Mes idées me fuient! J'ai tout oublié. Je sais qui je suis mais je ne sais plus ce que j'ai à dire!

J'essaie une troisième fois, incapable de former une phrase digne de ce nom. Je suis foutue! Et c'est là où les animateurs m'enrobent de leur compréhension et gentillesse. On ne dit jamais à quel point la bienveillance est une force tranquille qui soutient dans la déroute.

Raed, à mes cotés, me sourit avec chaleur et sincérité. Isabelle explique au public que c'est ma première sortie professionnelle depuis des années. Le public m'accorde alors une salve d'applaudissements. Tout cela est surréel. On fait une pause, j'essaie de retrouver mes notes. Je me perds dans mon téléphone et je finis par déclarer forfait. Voilà j'ai raté mon intro. Je l'accepte. Je suis verte!

J'apprendrai, après coup, l'angoisse de la puce à me voir ainsi bafouiller et la certitude de mon homme que je vis, en direct, un petit choc traumatique.

À me retrouver ainsi sous les projecteurs, mon cerveau sursaute. L'équipe me rassure, on n'y verra rien au montage. Je le sais. Mais quand même, je ne suis pas fière de moi.

Arrive la partie débat, plus de question de notes, juste de la conversation réfléchie. Je rappelle à ma cervelle qu'elle sait réfléchir et converser. Je me concentre,de tous mes sens, sur la discussion qui s'enclenche. Enfin mon cerveau se met en branle.


Reprendre le contrôle de ma cervelle

Fâchée d'avoir si bien raté mon intro, je me concentre sur les paroles des invités. J'entre dans la discussion. Je me mets à si bien parler que, l'une des invitées, très empathique, m'en félicite durant la pause qui suit. Cela me fait chaud au coeur.

J'imagine que le contraste est frappant. La puce respire enfin. En fait, cette intro ratée me pousse à faire encore mieux. Même si j'ai l'impression de parler comme un camionneur dans un bar de danseuses!

Pendant que Richard me retouche le visage, je lui demande si mes phrases font du sens. Il me répond que je suis excellente alors que je lui souffle ma perception de parler tout croche. Je me dis que c'est juste ma cervelle qui me joue des tours.

Je me reconcentre sur le débat en cours. Il y a beaucoup de théories autour du sujet mais j'en connais bien la pratique. Mes interventions semblent pertinentes, j'arrive même à faire rire le public. La douleur monte. L'ignorer devient de plus en plus ardu.

Ultra concentrée, j'en oublie le public. Je parle, j'aligne des mots et des phrases tout en ayant cette étrange impression de parler croche. Miss Soleil et Juan me rassurent, je parle tout à fait normalement et c'est même intéressant! Je décide de les croire.

Passer par dessus les vives douleurs qui s'accentuent en ma colonne.

Passer au travers bien des émotions pour participer à ce tournage qui fait de moi "Une malade avec opinions". J'espère mettre en lumière le fait qu'on peut gérer sa maladie et rester digne dans le malheur.

Je souffre en silence. J'essaie de sourire pour que la camera ne m'attrape pas trop souvent à faire une gueule de cent pieds de long. Ou à avoir trois double mentons! Je suis déjà assez bouffie de même!

Je réalise qu'après avoir conversé tant de mois avec la mort, mon mental s'est assez renforcé pour supporter de franches douleurs tout en restant humaine et lucide. Assez pour converser en un environnement qui fait monter la pression.

Le tournage aura duré prés de deux heures. Lorsqu'il s’achève, je suis en miettes. La douleur est puissante mais je suis contente d'avoir tenu le coup. Les animateurs me félicitent, les invités et le public aussi. Il parait que j'ai tenu bien la route. De cela je suis fière. C'est signe que j'ai passé un nouveau cap.

Je reçois tant de compliments que j'en suis troublée. Je sors du studio en ayant aucune idée de ce que j'ai pu raconter. La douleur physique prend le dessus. Je sais que je me suis exprimé mais je n'ai aucune idée de ce que j'ai dit!

Revenir à l’hôtel juste avant minuit. Me sentir comme Cendrillon qui va retrouver sa citrouille. Refuser de me démaquiller. Accepter la douleur aiguë qui éloigne le sommeil et brouille les pensées. Méditer jusqu'à l'aube qui réveille la ville endormie.

Le lendemain, alors que la douleur redescend un peu, je me souviens des concepts que j'ai avancé, sans trop me souvenir de comment je les ai présentés. Je me souviens des commentaires et des regards chaleureux.


Le lendemain, je commence à me rappeler de ce que j'aurais pu ajouter à mes interventions sans vraiment me souvenir de comment j'ai développé mes idées. En soi, le tournage fut bien dur pour ma peau mais si bon pour ma tête.

Même si celle-ci a connu quelques ratés, elle a fini par fonctionner. Comme quoi des heures et des heures de méditation, ça finit par payer!

J'en découvre un élan de vie dont je me nourris. Pour garder le cap...

Gratitude et après-coup

Et que dire du privilège de se faire maquiller par un professionnel! Que du bonheur. Comme une plongée de douceur enrobée de fun.

Un énorme merci à Richard Bouthillier pour cette séance de maquillage aussi humaine que douce. La femme en ma peau s'est éveillée de nouveau. Et ça c'est un quasi miracle! Reconnaissante je suis d'avoir bénéficié de son talent et partager un morceau de son humanité.

Je tiens à mentionner la bienveillance et le professionnalisme de toutes les personnes rencontrées durant ce tournage.

Je n'étais plus guère vaillante à la fin de l'émission mais je souriais pareil. Ce fut une excellente expérience, à aucun moment donné, je ne suis sentie jugée. En fait, tout le long du tournage, je me suis sentie respectée et soutenue. Merci à toute l'équipe de Zone Franche.


De retour au bercail, je soigne l'après-coup de douleurs tout en méditant sur ces inspirations qui pointent leurs idées à développer. Je repars ce blogue qui perdure depuis si longtemps.

Je poursuis le cycle des réeducations, de ses efforts et de ses fatigues. J'essaie de profiter du lac avant qu'il ne congèle. Je suis mère. Je redeviens femme. J'avance. Pas à pas. Lentement mais surement.

Alors qu'arrive le jour de la première diffusion de cet épisode de Zone Franche dont je fais partie, j'essaie de ne pas trop penser à la bouffitude de cortisone qui sera bientôt à l'écran ni à ma cervelle rouillée. Ni à ces années sacrifiées.

Même si je trébuche, je rebondis et je reste droite. Durant ce tournage, j'ai trébuché, j'ai rebondi, j'ai existé. Je suis restée debout et concentrée. Même quand des milliers d'invisibles aiguilles ont violement pénétré ma colonne avant d'y mettre le feu!


Je suis fière de persévérer dans l'adversité. Fière d'être encore debout. De recommencer à marcher, parler, vivre...

J'espère que, ce soir, je ne serai ni trop laide, ni trop bête devant les dizaines de milliers de québécois qui me découvriront sur leur petit écran. Sans avoir aucune idée de comment ma cervelle a failli me lâcher en début d'émission!

L'émission dure 45 minutes environ, le tournage a duré près de deux heures. Je ne connaitrai pas le résultat du montage final avant la diffusion de l'émission. Ce soir...

C'est dans les zones grises qu'on trouve la zone franche...

jeudi, septembre 19, 2019


En coin de lac, au creux de soi, partir à la recherche de ma plume. Respirer l'air pur. Méditer au fil de l'eau qui se fait miroir. Inspirer le flot de ces idées à développer. Chercher l'énergie d'avancer. Trouver sa force intérieure. Puiser.

Accrocher quelques inspirations. Penser progression. Inspirer la transparence de l'eau. Expirer les tristesses et les doutes. Méditer au soleil cru qui chauffe les multiples couches de la peau. Inspirer le ciel d'azur qui s'étend à l'infini. Prier à l'invisible univers. Expirer.

Respirer le silence de septembre et sa plage désertée. Surmonter les innombrables maux du corps. Dépasser les peines de l'esprit. Méditer en profondeur. Inspirer l'extérieur qui m'a tant manqué. Expirer les angoisses générées par la maladie. Laisser flotter le malheur à la surface de l'eau. Laisser glisser les pensées en forme de pleurs. Plonger en soi. Inspirer.

Marcher pieds nus dans le sable doux. Respirer la nature qui s'étire dans le temps. Absorber ces fatigues physiques qui ralentissent les jours. Apprecier la tranquillité de l'instant. Accepter ces lenteurs qui agressent le coeur. Forcer le corps. Pousser l'esprit. Laisser filer les vagues à l'âme. Inspirer, méditer, respirer. Exister...

D'air et d'eau...

Mère brûlée. Mère combattante. Mère constamment brûlée mais toujours vivante. Mère brûlée mais pas minée. Fière de rester mère lorsque son corps l’emmène en guerre.

La semaine dernière, un ami d'université, rejaillit en notre réel. Nous l'invitons à reprendre contact humain en soupant à la maison. Il tombe sous le charme de Miss Soleil.

Il finit par se demander si elle est surdouée. Je ne le pense pas, je pense qu'elle est juste bien élevée, selon mes sens maternels. Ce qui ne se fait point sans efforts, volontés, et intentions...

Il mentionne que, malgré les épreuves que nous traversons, elle transpire le bien être. Ce qui me fait du bien au coeur. En effet, je travaille fort à ne pas faire peser mon malheur sur ses épaules.

Puiser en la force maternelle

Je travaille fort à gérer mes malheurs personnels tout en faisant mon possible pour l'éprouver le moins possible. Tout en m'appliquant à la troubler le moins possible. En faisant tout ce qui est en mon pouvoir pour lui donner un exemple de persévérance et de détermination. Tout en faisant tout mon possible pour transformer mes faiblesses en force.

Ainsi, je fais maints efforts pour pousser mon corps afin de rester un minimum actif même au pire de sa forme. Mon corps peut souffrir l'enfer, je reste mère. Et la mère est guerrière.

De plus, il me semble que l'on sous-estime la force puissante que nous donne nos enfants à élever. Qu'on oublie de la mettre en valeur. Qu'oublie de l'exploiter.

Pourtant, la force d'une mère ne vient-elle pas de la profondeur de cet l'amour qu'elle porte an à son enfant? De cette profonde affection qu'elle ressent pour l'humain qu'elle a mis au monde?

Tandis que ma peau entraîne mon quotidien en un monde de rééducation physique, je force mes volontés à ne pas lâcher. À dépasser le mal qui handicape la vie. À prendre sur soi. à dépasser ses limites.

Gérer les douleurs physiques est un long processus qui façonne la vie... et le caractère. Mon état de santé progresse. À force de lutter, j'avance. À force de lutter, je gagne du terrain. À mesure que se renforce mon dos blessé, mon mental suit. Rien n'est facile mais tout est possible.

Retour en classe

La rentrée scolaire s'enclenche avec le mois de septembre. Encore une fois, je me sens à contre courant des parents volubiles qui attendent celle-ci avec impatience. Je me sens plus tristounette que soulagée. 

Même si élever un être humain peut être usant, stressant, irritant, etc... Je m'en tape! 

Je le vis et je passe au travers. Jamais je ne m'en plains car cela me semble vain. Je préfère plutôt tisser et solidifier ce lien qui nous unit.

Les années s'écoulent assez vite pour ne pas les presser. Pour en apprécier ces temps passés ensemble. Même si je suis fatiguée, même si je diminuée, même si mes nerfs s'aiguisent, j'éduque en continu. Je cultive l'amour et l’éducation en un même élan de vie. Rien n'est facile, c'est juste la vie!

Prendre le temps d'être parent

Éduquer l'enfance qui devient adolescence est difficile. Mais ce n'est pas grave. Au contraire, c'est l'occasion de s'enrichir de l'intérieur, de devenir meilleur. De grandir.

Toutes les difficultés cachent des richesses humaines insoupçonnées. Pourquoi refuser de les explorer? Pourquoi laisser la peur dicter ses lois? Pourquoi en fuir les difficultés? Mieux vaut les affronter. Affronter est la seule façon de surmonter. Et d'en retirer l'invisible force qu'offrent ces épreuves.

Depuis sa naissance, j'aime passer du temps libre avec elle. Ce n'est pas toujours facile.

Devenir gendarme. Etre si responsable qu'on se demande parfois si on en devient pas juste plate et poche? Si on y perd pas toute sa coolness...

Mais qu'il y a-t-il de plus cool que de grandir avec l'enfant qui s’élève. En acceptant ses innombrables étapes d'apprentissage (qui n'en finissent pas de se succéder). Il nous apprend l'adaptation en continu.

Se fatiguer à la tâche de semer un maximum de graines pour aider l'enfant à reflechir n'est pas futile. Il n'y a rien de poche ou de plat là dedans! Il y a juste l'amour qui s'écoule et la vie qui se passe.

Materner, conforter, guider, écouter, consoler, aimer, soutenir, accompagner. Tout donner pour ensuite laisser s'envoler l'humain devenu grand. Tout un défi pour l'âme et le coeur!

Sachant que ce jour là arrivera trop vite pour mon coeur, je m'y prépare. Au fil de ces étapes qui la grandissent. Je me prépare avec attention afin d'en garder intime le chagrin personnel qui en découlera. Afin de la laisser s'épanouir en beauté pour qu'elle puisse exploiter au maximum ses potentiels humains.

Bref, je prends la peine de prendre le temps d'être sa maman.

Parfaitement consciente que le jour viendra (trop vite) où elle s'envolera vers ses propres destinées. et qu'alors, il ne sera plus le temps de regretter ce qui n'a pas été fait mais celui de récolter les fruits ce de qui fut cultivé...

Parentalité en cours...

lundi, septembre 16, 2019


Février 2011, une paralysie faciale m’amène dans le monde des douloureux chroniques avec des séquelles neuropathiques permanentes. En tant que pigiste, s’arrêter est une hantise sans nom. Alors je m'accroche et je réussis même quelque bons coups.

J'apprends à gérer les douleurs physiques et je remplis d'outils mon expérience de vie. Je fais quelques burnouts en cours de route. Cela fait partie de l’apprentissage de vivre en douleurs persistantes. Je ralentis le rythme mais je ne lâche pas le morceau jusqu'à ce que...

Les épreuves de santé s’enchaînent mais ne se ressemblent pas

Été 2015, une tumeur dans le bras me fait traverser l'horreur. J'en traverse l'épreuve sans trop broncher. Je garde l'espoir de vite reprendre du service, même si ralenti.

Remise à l'hiver 2016, Miss Soleil revient de l’école avec une sévère commotion cérébrale. Ce qui me met sur le pied de guerre. Toute mon énergie vitale s'y concentre.

Avril 2016, mon utérus me déclare la guerre. C'est un autre parcours du combattant à affronter. J'en comprends que je ne gagnerai cette autre bataille qu'en m'en débarrassant.

Mais je ne sais pas encore qu'il faudra que je surmonte bien d'autres épreuves de santé avant de pouvoir y arriver. Je ne sais pas que je croiserai la mort en face...

Août 2016, mon genou explose. C'était une bombe à retardement. Je le savais. Le médecin aussi. Opérée en urgence. Six mois de guérison et rééducation sont requis pour remarcher normalement. je traverse et surmonte une autre fois.

Pendant ce temps, je découvre enfin un traitement pertinent pour soulager mes neuropathies permanentes, séquelles de la paralysie de Bell. C'est une réelle victoire sur six années de batailles. Je reprends l'espoir de pouvoir retravailler, presque normalement.

En fait, j'accumule les victoires sans jamais pouvoir les savourer, ou me reposer, puisque les guerres ne cessent point de se déclarer. Je sais que la prochaine étape est de faire enlever mon utérus devenu meurtrier. Je m'y prépare. Rendu là je ne compte plus tous mes allers et retours au bloc opératoire!

Printemps 2017, la physio qui me traite depuis deux ans pour mes neuropathies faciales, reçoit une formation sur le dos. Comme mes neuropathies faciales vont mieux, elle me persuade d'examiner celui-ci. Sachant très bien que je garde des séquelles d'un sévère accident qui me paralysa à l'âge de douze ans.

Elle y retrouve la D3 figée. Elle décide de la défiger. Je lui fais confiance. Elle en a abuse. Cette D3 figée l'était pour mon bien. Elle faisait partie des séquelles avec lesquelles j'avais appris à vivre.

Réactiver une sévère blessure

À douze ans, j'ai perdu la capacité de marcher. À 13 ans, j'ai appris de nouveau. À quatorze ans, j'ai repris ma vie, en marche, à Montréal.

Lorsque cette physio a manipulé cette D3. Elle y est va trop fort. Bien trop fort. Deux séances de suite. Sans jamais accepter d'en prendre la responsabilité.

C'est le chiro, un mois plus tard, qui m'a sauvée, en me récupérant à moitié morte, et en acceptant d'en réparer les dégâts

Avec ses manipulations en profondeur, la physio a permis à mon dos d'exploser. Et ma vie avec! Ma colonne s'est courbée à 17 degrés entre la D4 et la D8. Ce qui n'est pas une coïncidence, juste la suite malheureuse de ces manipulations peu conscientes de sa part.

Rendu là, mon corps n'a plus su comment fonctionner. Ma colonne a pris feu. Elle s'est enflammée comme un feu de paille. J'ai vu la mort arriver. Comme une lionne enragée, je lui ai résisté.

A peine capable de bouger sans me mettre à vomir et convulser, je suis devenue invalide. Je ne pouvais plus ni m’asseoir sur une chaise, ni marcher plus de 2 minutes sans que je ne me mette à vomir et convulser.

J'ai vu la mort veiller. L'on a pas mal conversé. Il a fallu environ six mois pour arriver à me remettre la colonne assez droite pour que j'arrête de vomir et de convulser. Pour que la mort commence à s'éloigner. Six mois d'enfer pour enfin arriver à un état où m'enlever l'utérus était possible. Cet utérus toujours aussi meurtrier en son coin de chair.

Octobre 2017, je repasse sur le billard pour mon utérus foutu. Rendu là, je perds la notion des mois, je perds la notion du temps, et je perds ces amis pour qui je ne suis plus divertissante. Pour qui je deviens déprimante. J'en encaisse méchancetés, abandons et déceptions. J'en apprends bien des leçons.

Janvier 2018, je commence un début de rééducation dorsal en piscine. C'est mon Everest personnel, je commence à grimper. Les séances, pré infiltrations de cortisone, ne sont rien d'autre que de la torture physique mais je me l'inflige en connaissance de cause.

Tout en attendant, impatiemment, The rendez-vous avec le spécialiste qui me prescrira des injections pour désenflammer ma colonne, devenue instable dans la foulée. Quatorze injections sur une durée de neuf mois.

Bref, depuis août 2016, je n'ai pas arrêté de traverser des épreuves de santé. Je suis tombée. je me suis relevée. Je suis tombée. J'ai rebondi. Je suis tombée, j'ai rampé, j'ai sangloté. Je suis tombée. Sans répit, j'ai souffert à en effleurer la mort. Mais toujours je me suis relevée.

Un peu plus forte, un peu plus sage, un peu plus droite à chaque fois.

Devenir invalide et se battre pour rester en vie

Toutes ces épreuves de santé conjuguées m'ont emprisonnée le corps et parfois même l'esprit. Durant des années,je ne suis sortie de ma chambre que pour des rendez-vous médicaux, des traitements et de la rééducation. Isolée. Résiliente. Déterminée.

Entourée de mon mari, ma fille et de quelques amis. Sans aucune famille extérieure pour nous aider, pour nous soulager. Par instinct de survie, nous nous sommes repliés sur ce noyau familial que nous construisons. Pour mieux lutter, nous avons affronté ensemble.

Je me suis accrochée à la vie par amour pour mon homme et ma fille. J'ai refusé de lâcher prise. J'ai affronté. J'ai ramé comme un galérien en pleine tempête. J'ai dépassé mes limites et j'ai surpassé mes forces en continu. J'ai souffert comme peu de mots peuvent l'exprimer. J'ai souffert comme peu d'oreilles peuvent l'entendre.

La mère en mon sang a tenu la femme en marche. En cette rééducation qui est devenu travail à temps plein, s'inscrivent mes devoirs maternels. Même à moitié vivante, je suis restée entièrement mère. J'en ai puisé des forces insoupçonnées. J'en ai compris toute la puissance intérieure...


Revenir de là où certains ne reviennent pas

Été 2019, je recommence à me sentir un peu mieux. un peu moins ravagée par ma colonne enflammée. En mon chemin de rééducation, doivent maintenant s'incorporer de nouvelles activités.

En plus de mes routines d’exercices physiques et de mes routines maternelles, je dois progressivement introduire des routines sociales. Avec l'objectif ultime de pouvoir retravailler. L’ultime désir de retrouver ma place dans le monde des valides malgré mes handicaps invisibles à l'oeil nu.

L'été 2019 est celui de la renaissance. Je commence par aller côtoyer ce lac qui participe à mes équilibres intérieurs. Je force et je force encore. Je retrouve le plaisir d'y chasser ses couchers de soleil. Je me force à les apprécier malgré les maux en ma peau.

Je reviens un peu plus sur Instagram. Une amie nous offre la possibilité d'aller voir un spectacle en ville. Ma puce me fait prendre la route pour un concours de chant en région. Mon homme nous organise une sortie  romantique en ville. Je travaille fort pour apprécier ces moments malgré les douleurs physiques à gérer.

En juillet, une quatrième ronde d'injections dorsales me remettent à terre. Mais dès que les douleurs me le permettent, je reprends le fil de ces rééducations qui me ramènent à la vie, qui conjurent le malheur, qui cultivent l'espoir.

À force de gagner des batailles, je gagne du terrain. Entre injections, médications, méditations, traitements de chiro et d'osteo, je poursuis mes efforts avec volonté et persévérance.


Blogueuse vétérante toujours en vie

Septembre 2019, le temps est revenu pour Etolane de reprendre vie. J'en cogite les idées durant l'été. Instagram décide de m'en faire une page définie, que je découvre un mois plus tard. Je me prends au jeu. Je nourris la bestiole numérique. J'y réfléchis davantage. Puis je me dis qu'à partir de cent abonnés, il n'est plus question de reculer. À partir de cent abonnés, je retourne sur Blogger!

Un autre mois passe et les abonnés atteignent la centaine. Si une centaine de personnes s'abonnent à cette page Facebook, sensée représenter mon identité de blogueuse, je ne peux l'ignorer. Sachant combien je me suis déconnectée pour mieux avancer.

Je ne peux ignorer le soutien subtil. Et l'intérêt? Ce qui est particulier est que ce chiffre est atteint juste au bon moment en mon contexte de rééducation. J'ai atteint ce niveau de rémission qui me permet d'envisager plus de liberté personnelle. Revenir de loin prend du temps. Revenir de si loin est mêlant. Par où reprendre les fils? Par ici, par là ou là-bas?

Méditer sur le sujet. Avec toujours le même feeling qui revient. Retourner à la source. Reprendre le blogue à la base de mon existence numérique. J'estime être physiquement remise à environ 55%. Juste assez pour me redonner la capacité d'envisager de nouveau une discipline d'écriture quotidienne.

En ce dur et long chemin de rééducation physique, de rémissions et de de douleurs chroniques, bloguer est une autre de ces étapes de rétablissement qui me rappelle à ma vie...


Revenir de très très très loin...