lundi, septembre 16, 2019
Revenir de très très très loin...
Février 2011, une paralysie faciale m’amène dans le monde des douloureux chroniques avec des séquelles neuropathiques permanentes. En tant que pigiste, s’arrêter est une hantise sans nom. Alors je m'accroche et je réussis même quelque bons coups.
J'apprends à gérer les douleurs physiques et je remplis d'outils mon expérience de vie. Je fais quelques burnouts en cours de route. Cela fait partie de l’apprentissage de vivre en douleurs persistantes. Je ralentis le rythme mais je ne lâche pas le morceau jusqu'à ce que...
Les épreuves de santé s’enchaînent mais ne se ressemblent pas
Été 2015, une tumeur dans le bras me fait traverser l'horreur. J'en traverse l'épreuve sans trop broncher. Je garde l'espoir de vite reprendre du service, même si ralenti.
Remise à l'hiver 2016, Miss Soleil revient de l’école avec une sévère commotion cérébrale. Ce qui me met sur le pied de guerre. Toute mon énergie vitale s'y concentre.
Avril 2016, mon utérus me déclare la guerre. C'est un autre parcours du combattant à affronter. J'en comprends que je ne gagnerai cette autre bataille qu'en m'en débarrassant.
Mais je ne sais pas encore qu'il faudra que je surmonte bien d'autres épreuves de santé avant de pouvoir y arriver. Je ne sais pas que je croiserai la mort en face...
Août 2016, mon genou explose. C'était une bombe à retardement. Je le savais. Le médecin aussi. Opérée en urgence. Six mois de guérison et rééducation sont requis pour remarcher normalement. je traverse et surmonte une autre fois.
Pendant ce temps, je découvre enfin un traitement pertinent pour soulager mes neuropathies permanentes, séquelles de la paralysie de Bell. C'est une réelle victoire sur six années de batailles. Je reprends l'espoir de pouvoir retravailler, presque normalement.
En fait, j'accumule les victoires sans jamais pouvoir les savourer, ou me reposer, puisque les guerres ne cessent point de se déclarer. Je sais que la prochaine étape est de faire enlever mon utérus devenu meurtrier. Je m'y prépare. Rendu là je ne compte plus tous mes allers et retours au bloc opératoire!
Printemps 2017, la physio qui me traite depuis deux ans pour mes neuropathies faciales, reçoit une formation sur le dos. Comme mes neuropathies faciales vont mieux, elle me persuade d'examiner celui-ci. Sachant très bien que je garde des séquelles d'un sévère accident qui me paralysa à l'âge de douze ans.
Elle y retrouve la D3 figée. Elle décide de la défiger. Je lui fais confiance. Elle en a abuse. Cette D3 figée l'était pour mon bien. Elle faisait partie des séquelles avec lesquelles j'avais appris à vivre.
Réactiver une sévère blessure
À douze ans, j'ai perdu la capacité de marcher. À 13 ans, j'ai appris de nouveau. À quatorze ans, j'ai repris ma vie, en marche, à Montréal.
Lorsque cette physio a manipulé cette D3. Elle y est va trop fort. Bien trop fort. Deux séances de suite. Sans jamais accepter d'en prendre la responsabilité.
C'est le chiro, un mois plus tard, qui m'a sauvée, en me récupérant à moitié morte, et en acceptant d'en réparer les dégâts
Avec ses manipulations en profondeur, la physio a permis à mon dos d'exploser. Et ma vie avec! Ma colonne s'est courbée à 17 degrés entre la D4 et la D8. Ce qui n'est pas une coïncidence, juste la suite malheureuse de ces manipulations peu conscientes de sa part.
Rendu là, mon corps n'a plus su comment fonctionner. Ma colonne a pris feu. Elle s'est enflammée comme un feu de paille. J'ai vu la mort arriver. Comme une lionne enragée, je lui ai résisté.
A peine capable de bouger sans me mettre à vomir et convulser, je suis devenue invalide. Je ne pouvais plus ni m’asseoir sur une chaise, ni marcher plus de 2 minutes sans que je ne me mette à vomir et convulser.
J'ai vu la mort veiller. L'on a pas mal conversé. Il a fallu environ six mois pour arriver à me remettre la colonne assez droite pour que j'arrête de vomir et de convulser. Pour que la mort commence à s'éloigner. Six mois d'enfer pour enfin arriver à un état où m'enlever l'utérus était possible. Cet utérus toujours aussi meurtrier en son coin de chair.
Octobre 2017, je repasse sur le billard pour mon utérus foutu. Rendu là, je perds la notion des mois, je perds la notion du temps, et je perds ces amis pour qui je ne suis plus divertissante. Pour qui je deviens déprimante. J'en encaisse méchancetés, abandons et déceptions. J'en apprends bien des leçons.
Janvier 2018, je commence un début de rééducation dorsal en piscine. C'est mon Everest personnel, je commence à grimper. Les séances, pré infiltrations de cortisone, ne sont rien d'autre que de la torture physique mais je me l'inflige en connaissance de cause.
Tout en attendant, impatiemment, The rendez-vous avec le spécialiste qui me prescrira des injections pour désenflammer ma colonne, devenue instable dans la foulée. Quatorze injections sur une durée de neuf mois.
Bref, depuis août 2016, je n'ai pas arrêté de traverser des épreuves de santé. Je suis tombée. je me suis relevée. Je suis tombée. J'ai rebondi. Je suis tombée, j'ai rampé, j'ai sangloté. Je suis tombée. Sans répit, j'ai souffert à en effleurer la mort. Mais toujours je me suis relevée.
Un peu plus forte, un peu plus sage, un peu plus droite à chaque fois.
Devenir invalide et se battre pour rester en vie
Toutes ces épreuves de santé conjuguées m'ont emprisonnée le corps et parfois même l'esprit. Durant des années,je ne suis sortie de ma chambre que pour des rendez-vous médicaux, des traitements et de la rééducation. Isolée. Résiliente. Déterminée.
Entourée de mon mari, ma fille et de quelques amis. Sans aucune famille extérieure pour nous aider, pour nous soulager. Par instinct de survie, nous nous sommes repliés sur ce noyau familial que nous construisons. Pour mieux lutter, nous avons affronté ensemble.
Je me suis accrochée à la vie par amour pour mon homme et ma fille. J'ai refusé de lâcher prise. J'ai affronté. J'ai ramé comme un galérien en pleine tempête. J'ai dépassé mes limites et j'ai surpassé mes forces en continu. J'ai souffert comme peu de mots peuvent l'exprimer. J'ai souffert comme peu d'oreilles peuvent l'entendre.
La mère en mon sang a tenu la femme en marche. En cette rééducation qui est devenu travail à temps plein, s'inscrivent mes devoirs maternels. Même à moitié vivante, je suis restée entièrement mère. J'en ai puisé des forces insoupçonnées. J'en ai compris toute la puissance intérieure...
Revenir de là où certains ne reviennent pas
Été 2019, je recommence à me sentir un peu mieux. un peu moins ravagée par ma colonne enflammée. En mon chemin de rééducation, doivent maintenant s'incorporer de nouvelles activités.
En plus de mes routines d’exercices physiques et de mes routines maternelles, je dois progressivement introduire des routines sociales. Avec l'objectif ultime de pouvoir retravailler. L’ultime désir de retrouver ma place dans le monde des valides malgré mes handicaps invisibles à l'oeil nu.
L'été 2019 est celui de la renaissance. Je commence par aller côtoyer ce lac qui participe à mes équilibres intérieurs. Je force et je force encore. Je retrouve le plaisir d'y chasser ses couchers de soleil. Je me force à les apprécier malgré les maux en ma peau.
Je reviens un peu plus sur Instagram. Une amie nous offre la possibilité d'aller voir un spectacle en ville. Ma puce me fait prendre la route pour un concours de chant en région. Mon homme nous organise une sortie romantique en ville. Je travaille fort pour apprécier ces moments malgré les douleurs physiques à gérer.
En juillet, une quatrième ronde d'injections dorsales me remettent à terre. Mais dès que les douleurs me le permettent, je reprends le fil de ces rééducations qui me ramènent à la vie, qui conjurent le malheur, qui cultivent l'espoir.
À force de gagner des batailles, je gagne du terrain. Entre injections, médications, méditations, traitements de chiro et d'osteo, je poursuis mes efforts avec volonté et persévérance.
Blogueuse vétérante toujours en vie
Septembre 2019, le temps est revenu pour Etolane de reprendre vie. J'en cogite les idées durant l'été. Instagram décide de m'en faire une page définie, que je découvre un mois plus tard. Je me prends au jeu. Je nourris la bestiole numérique. J'y réfléchis davantage. Puis je me dis qu'à partir de cent abonnés, il n'est plus question de reculer. À partir de cent abonnés, je retourne sur Blogger!
Un autre mois passe et les abonnés atteignent la centaine. Si une centaine de personnes s'abonnent à cette page Facebook, sensée représenter mon identité de blogueuse, je ne peux l'ignorer. Sachant combien je me suis déconnectée pour mieux avancer.
Je ne peux ignorer le soutien subtil. Et l'intérêt? Ce qui est particulier est que ce chiffre est atteint juste au bon moment en mon contexte de rééducation. J'ai atteint ce niveau de rémission qui me permet d'envisager plus de liberté personnelle. Revenir de loin prend du temps. Revenir de si loin est mêlant. Par où reprendre les fils? Par ici, par là ou là-bas?
Méditer sur le sujet. Avec toujours le même feeling qui revient. Retourner à la source. Reprendre le blogue à la base de mon existence numérique. J'estime être physiquement remise à environ 55%. Juste assez pour me redonner la capacité d'envisager de nouveau une discipline d'écriture quotidienne.
En ce dur et long chemin de rééducation physique, de rémissions et de de douleurs chroniques, bloguer est une autre de ces étapes de rétablissement qui me rappelle à ma vie...
Qu'il est agréable de voir dans la liste de mon reader la publication de ton article.
RépondreSupprimerAussi loin que nous sommes séparées, je pensais souvent à toi. Le vide des écrits m'indiquait alors que tu devais souffrir, encore...
Il y a de l'espoir dans ton dernier paragraphe, un souffle de renouveau, une grande respiration qui te fait revenir vers nous.
Merci Etolane et félicitations pour tes rudes combats que tu as menés de main de maître malgré les difficultés et les douleurs.
Je te souhaite désormais énormément de bonheur avec miss Soleil (qui doit avoir changé!!... quel âge déjà?) et ton homme là-bas près du lac enchanteur.
Je t'embrasse
Continue de te rétablir...je suis une lectrice silencieuse depuis longtemps....
RépondreSupprimerAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasti. Moi qui ai tendance à imaginer que le silence bloguesque, c'est un non-silence sur les réseaux sociaux et le signe qu'on est passé à autre chose, ailleurs... Mea culpa, j'aurais dû t'envoyer un mot en forme de point d'interrogation.
RépondreSupprimerJe suis très contente que tu gagnes tous ces combats, mais là, un peu de ptite vie tranquille, douce et quasi plate, non...? Allez, la vie, on lui donne un répit, un peu!