vendredi, avril 03, 2020

Entre crise et catastrophe?

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Chroniques de confinement

Il parait que lorsque la société traverse une crise, le monde repart ensuite comme avant.

Mais lorsqu'il traverse une catastrophe, il en ressort obligatoirement transformé. Pour le meilleur ou pour le pire.

Pour certains pays, ce virus est déjà une catastrophe. Pour le Québec, c'est encore une crise. Selon comment chacun réagira, l'on verra si cela deviendra une catastrophe...

Troisième semaine de confinement en cours pour notre trio familial. Cette semaine, l'homme a testé la livraison IGA à trois heures du matin après une hypoglycémie. Elle été livré deux jours plus tard.

S'adapter, s'ajuster, créer un nouveau rythme

Je cherche désespérément piscine et traitements manuels pour décrisper mon dos qui recommence à cimenter. Lorsque l'on prend l'air sur le lac, je ne peux m'empêcher de me coucher sur sa surface glacée. Mon dos meurtri si près de l'eau et pourtant si loin.

Malgré les difficultés, l'on s'est déjà pas mal adapté à la situation. J'imagine qu'on a de la pratique. Grâce à des routines qui deviennent des habitudes et qui font un rythme de vie, l’on essaie de tirer le meilleur de la situation.

La puce nous dit qu'elle aime passer du temps avec nous. On aime passer du temps avec elle. Passer du temps ensemble n'est pas une torture chez nous. C'est plutôt l'occasion de resserrer des liens et de vivre des expériences atypiques comme la classe virtuelle de brousse.


C'est l'occasion de nous harmoniser et approfondir nos relations à l'intérieur de notre cellule familiale. Tant qu'il y a de l'amour et du respect, il y a de l'espoir. La clé étant certainement dans la gestion des émotions. Lorsque l'on commence à se taper sur les nerfs, on regarde en face le problème, on l'affronte, on réajuste le tir, chacun fait ses efforts et on avance...

Le plus compliqué pour l'homme, qui est en mode télé-travail, est de décoller de son écran! Son unité à l'université travaille sur les plate-formes des cours à distance. Le travail ne manquera pas pour lui en les prochaines semaines...

Miss Soleil est celle qui perd le plus d'expériences de vie, de voyages, de projets scolaires, de socialisation et de continuité en son éducation. Pour en compenser la peine, j'essaie de lui donner l'occasion de vivre de nouvelles expériences comme l'école de brousse. Je continue de l'éduquer au fil des jours.

Discuter du virus et de ses courbes exponentielles donne l'occasion de réviser des maths. Il y a toujours un peu de culture générale à dénicher au détour d'une discussion. Elle révise aussi tous mes textes de blogue, ce qui nous fait discuter du français. Et puis il y a maintenant les jours de classe de brousse qui font travailler les neurones.


Perdre du terrain coté rétablissement physique

De mon côté, la continuité de mes soins de santé, en mon processus de rééducation physique, est complexe. Je dois accepter que l'amélioration des trois derniers mois n'est plus. Je dois accepter de retrouver des douleurs dorsales qui commençaient à s'atténuer et je dois continuer malgré tout le processus de rééducation physique. J'ai perdu la continuité de mes soins médicaux et c'est une pilule qui est très difficile à avaler.

Pour essayer de faire du sens du fait que la continuité de mes soins médicaux n'a pas plus d'importance que celle de la continuité scolaire des jeunes, je creuse le sujet côté chiro et ostéo...

Ce que me choque davantage est que toutes mes recherches finissent avec le même sujet, l'impact financier sur la profession. Et comment faire pour être indemnisé. Quant à l'impact sur la santé physique des patients, causé par la fermeture de ces cliniques, c'est le néant! Il n'y a absolument rien à signaler.

En France, quelques rares médecins ont pris la peine de s'en inquiéter. Sans en recevoir aucun intérêt. Donc, si je comprends bien, les chiros et ostéos seront indemnisés pour ces fermetures de clinique pendant que les patients, abandonnés à leur mauvais sort, n'auront qu'à souffrir davantage et se taire? Pour ensuite payer une multitude de traitements en espérant que cela en réparera les dommages.

Ou aller noyer leurs misères humaines à la SAQ qui elle, reste ouverte? Dommage que je ne sois pas alcoolique...

Il y a pourtant ce concept présent qui s'efface des esprits, celui de la "perte de chance" des malades. La perte de la chance de pouvoir être soigné décemment quand on n'a pas la santé pour acquis.

Déjà, je perds du terrain chèrement gagné. Je ne peux plus rire aux éclats sans que mon dos n'en hurle. Même si je m'évertue à marcher et à prendre soin de ma peau du mieux possible, mon état commence à peu à peu se détériorer.

Respire la planète !

Alors que le virus prend plaisir à étouffer les humains qui courent après des respirateurs artificiels, la planète de son coté prend une grande respiration. La qualité de l'air s'améliore partout sur la Terre. Les canaux de Venise n'ont jamais été aussi translucides, ses eaux sont maintenant si propres que des cygnes et des dauphins y batifolent!

Selon le journal local La Nuova di Vene­zia, le confinement a «ramené les eaux des lagunes des temps anciens, ceux de la période de l’après-guerre, quand il était encore possible de se baigner dans les canaux», où on peut voir leur fond et les poissons.

Pour avaler la pilule douloureuse, je pense à la Terre, qui prend des vacances de nous, humanité gâtée et inconsciente. Je me dis que la planète mérite bien un peu de calme. Même s'il est temporaire. Et que je suis prête à souffrir davantage pour elle durant ce temps.

 Tout en faisant mon possible afin d'aider un brin de jeunesse dans la foulée. Puisque c'est toujours à travers les jeunes que les plus vieux façonnent le futur...

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