Alors que je rééduque ma marche. Petit pas par petit pas, je me rappelle des leçons de mes 13 ans.
Ces dures leçons acquises au fil des heures, des semaines et des mois passés avec mon physio.
J'ai complètement oublié son nom mais je me rappelle de sa bienveillance, de sa gentillesse et de sa compréhension.
Il y a trente ans, en un petit village jurassien, j'apprenais à remarcher. Il devait avoir la quarantaine à l'époque. Il doit être vieux maintenant. Je me demande même s'il est encore vivant!
Encore une fois, alors que ses paroles d'antan me reviennent en mémoire, mon coeur déborde de reconnaissance envers lui. Je me rappelle aussi que c'est en ce processus de réapprendre à marcher, au sortir de l'enfance, que j'ai commencé à apprivoiser la notion de liberté. C'est aussi en ce processus que j'ai appris à me foutre du regard d'autrui...
En recommançant à marcher. D'abord tout croche. Comme une demeurée. En faisant fi des douleurs physiques et des regards de pitié envers moi. Cela m'a pris un an pour arriver à remarcher normalement. J'ai ensuite grandi avec les douleurs physiques de cet accident mais je suis restée debout. Et j'ai marché!
C'est en immigrant au Québec, à l'aube de mes quinze ans, que j'ai poursuivi ma quête de liberté. Alors que je remarchais sans boiter depuis quelques mois à peine, j'ai débuté une nouvelle vie.
Ce fut une renaissance au coeur de l'adolescence qui s'est éclatée à Montréal. Entre le haut de la Montagne et le Plateau Mont-Royal...
Trente ans plus tard, me voilà femme mûre, mère et épouse. Et je me demande si je ne suis pas devenue une sorte de femme alpha sous la mère louve qui dicte la nature du quotidien...
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