mardi, mai 13, 2014

À quel âge peut-on commencer à bloguer?

9 comments
Quand le bleu du ciel rejoint le bleu du lac, délivré de ses glaces, j'ai toujours la subtile sensation de changer de pays.

On change nos habitudes quotidiennes, on range l'hiver au placard et on se prépare à une nouvelle vie. Une vie où reviennent les odeurs puis les couleurs.

On accueille les premières fleurs avec bonheur. Et chaque bourgeon est signe de temps meilleurs.

Ah! Que l'hiver fut rude! Mais il est passé, disparu. Et mieux vaut l'oublier au plus vite. Oublier la neige et le frette. Se concentrer sur le présent.

Au présent, il y a l'enfance qui grandit. L'enfance qui lit et qui écrit. Miss Soleil veut écrire des textes inspirés des photos de sa vie. Sans en avoir vraiment conscience, Miss Soleil veut bloguer!

De bébé blogué à fillette blogueuse j'imagine qu'il n'y a qu'un pas...

Alors que je médite sur son éducation numérique, elle intègre Internet au quotidien avec une facilité qui me fascine. Je lui explique que tout n'est pas si simple que cela en a l'air (sans pour autant désirer briser son élan). Mais comment encadrer l'élan? Tel est mon présent dilemme.

Son père n'est pas super ouvert au concept mais il a confiance en mes connaissances. On en discute ensemble et avec elle. Manifestement elle a assimilé assez de théorie numérique pour vouloir en pratiquer la chose, il nous faut donc l'encourager. La guider. Et l'encadrer...

Même si je la prépare aux dangers que l'on retrouve sur le Web tout comme je la prépare aux dangers du monde réel, je m'inquiète. Son désir de communiquer avec le monde par Internet (comme elle me voit le faire depuis toujours) est fort. Elle comprend parfaitement le fonctionnement de la chose. En un sens après avoir compris le principe, il est naturel qu'elle ressente l'envie d'explorer.

Elle veut écrire des textes avec des photos et les mettre sur Internet. Et peut-être que si elle fait ça bien, on lui proposera aussi des petits voyages, pas loin, genre à Wendake, m'explique-t-elle. Je reste bouche bée. Elle comprend aussi très bien le concept du voyage de presse!

Sidérée de la voir grandir si vite. Fière de la voir si bien grandir. Et inquiète. Inquiète des revers du monde humain...

Nous continuons à en discuter en long et en travers. Je la trouve encore trop petite pour Instagram. L'un de ses petits plaisirs virtuels est de parcourir mon fil Instagram et de "liker" les images qui lui plaisent. Cela nous donne l'occasion de parler créativité numérique. En cette utilisation, j'ai confiance en elle.

Cet hiver, j'ai réalisé qu'elle allait aussi se balader sur mon fil Facebook. J'en ai réalisé toute l'aventure quand j'ai vu popper des "likes" que je n'avais pas mis et apparaître des amis que je n'avais pas invités! Ce qui fut l'occasion d'une grande discussion sur la responsabilité numérique. Une discussion assez sérieuse pour lui couper l'envie de s'y aventurer de nouveau!

Elle me dit maintenant qu'elle veut écrire des textes. Quand une enfant de huit ans exprime le désir d'écrire des textes, en brimer l'élan est un crime. J'en discute longuement avec elle et pour tester sa volonté, je lui demande de m'écrire un texte. Un vrai.

L'une de mes photos prise en ville l'inspire, elle a une piste. Je la vois errer dans l'inconnu. Je réponds à ses questions tout en essayant de guider ses réflexions. Je lui donne la première phrase et je la laisse aller. Si elle veut vraiment écrire des textes, elle doit les écrire elle-même.

Elle me dit aussi qu'elle veut avoir des "j'aime" (influence culturelle de Facebook) et des commentaires. Qu'elle veut savoir ce que les gens pensent de ses textes et de ses photos...

On effleure ici l'un des multiples dangers de la chose. Je lui explique alors que je refuserai de lui ouvrir un espace sur Internet si c'est ce qui la motive. La motivation doit venir d'une envie intérieure de créer et de partager, pas de plaire à tout prix. Les "likes" sont un bonus, pas une raison. Je dois être certaine qu'elle en comprend le principe avant d'aller plus loin.

Je lui parle des prédateurs. Sans oublier de préciser qu'en mettant un texte sur Internet elle s'expose à la critique. Il y aura aussi des gens qui n'aimeront pas ce qu'elle fait. Elle me répond avec une certaine lassitude qui m'amuse, avec ce petit air blasé de la fille qui se répète...

- Je sais maman, je comprends. On en a déjà parlé plein de fois. Mais c'est pas grave. Cela me dérange pas si les gens ils aiment pas. C'est pareil que quand je mets des cœurs sur Instagram. Y'a des photos que j'aime et d'autres que j'aime pas. Ça fait rien. Si je mets des photos c'est normal que y'a des gens qui aiment et d'autres qui aiment pas!

Elle me revient ensuite avec un texte d'environ 500 mots, écrit à la main, dans son cahier de brouillons.

Impressionnée par la pertinence et la structure de celui-ci, il m'est impossible de ne pas lui ouvrir une porte sur le Web.

Miss Soleil veut bloguer et je crois qu'elle est prête. OMG!

J'hésite entre Tumblr ou Blogspot. J'hésite. Je frissonne. Je raisonne mes peurs. Comment lui ouvrir un blogue sans trop l'exposer? Je ne connais pas beaucoup de fillettes de huit ans qui bloguent! En connaissez-vous?

Par quel bout prendre la chose?

Dans un sens, je préfère qu'elle fasse ses premiers pas sur la Toile à mes côtés plutôt qu'elle y soit garochée à l'aube adolescente sans autre forme de procès. Je vois beaucoup d'ados sans guides ni repères qui s'égarent sur le Web...

Si elle capable de bloguer (sous mon aile) du haut de ses huit ans, je me dois de l'encourager n'est-ce pas?

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma fille de 4 ans et 1/2 a bloqué son récent voyage en Allemagne... Je l'ai accompagnée dans ce processus. Elle me dictait généralement ce qu'elle voulait "écrire", et des fois, prenait contrôle du clavier, désirant rédiger elle même, lettre par lettre, ses messages aux amis de la classe ou à la famille. Ce fut un bel apprentissage. Elle a appris à intégrer ses photos, à "résumer" des journées, à raconter, à structurer sa pensée. Pour les "likes", les commentaires des "amis" et de la famille étaient d'une grande motivation.
Au final, je crois qu'un projet de blogue, accompagné, sous forme d'exercice de groupe, seul ou avec des amis, et supervisé par un parent, est extrêmement bénéfique et apporte de la confiance. Je crois justement que dans l'enseignement d'un emploi "correct" des bonnes règles de conduites et sécuritaires, et avec un encadrement, toujours dans le plaisir, les enfants découvriront un univers fascinant. Surtout si c'est la passion de maman Étolane! :)
Katry Ann

Etolane a dit…

Merci Katry Ann, tu ne peux savoir comment te lire me fait du bien et estompe toutes ces angoisses que je peux ressentir...

Je crois aussi que cela peut être bénéfique sur plusieurs plans éducatifs. J'ai vraiment été impressionnée par la qualité de son texte. Rendu là, je ne peux plus reculer! Et avec l'hiver rude que je viens de passer coté santé, son élan réveille cette passion que je possède et combien il me fait plaisir de la partager avec elle. Je vais donc lui ouvrir un blogue. À suivre...

Nicole a dit…

C'est en effet un sujet délicat. Mais tout comme tu l'as bien écrit, il ne faut pas que la motivation soit celle d'avoir des «like» ou des commentaires, parce que pour moi cela cache une certaine forme de volonté à vouloir plaire à tout prix et à rechercher l'approbation d'autrui. Écrire ce n'est pas ça. C'est un partage.

Je me demande la pertinence de bloguer pour un jeune enfant. Mais il faut dire que je ne suis pas tout à fait en faveur au blogue de type journal qui se sont beaucoup créés durant les dernières années. (un peu comme le tien, que pourtant je lis fréquemment, mais c'est un des rares dans ce genre que je lis). Mais je comprends que parfois les gens ressentent le besoin de partager des pensées et peut-être d'y trouver un réconfort auprès des lecteurs qui sauront encourager ou offrir leurs conseils.

Il n'en demeure pas moins que selon moi, avant de se lancer dans ce genre d'aventure c'est de savoir exactement quel sera le but de ce blogue. Si elle devait tenir un livre avec des photos et des textes est-ce que le résultat serait le même? La pertinence d'être vu par un public sur le Web est difficile à évaluer, mais peut-être que c'est dans la pratique qu'il sera possible de le faire.

Je crois que tu sauras faire le bon choix et cela avec elle et que tu seras certainement une guide précieuse si ta fille prend le chemin de la toile pour y installer sa vitrine.

Et puis si les choses ne prennent pas une direction intéressante, il est toujours possible de se réorienter dans la vie... les chemins sont tracés, mais c'est nous qui choisissons ceux que l'on souhaite emprunter!

Isabelle a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Isabelle a dit…

Merci Étolane de partager tes réflexions, car ma fille de huit ans m'a également demandé de bloguer récemment. Je lui ai donc ouvert un blogue sur Blogger (tout comme moi). Pour l'instant, elle n'a écrit qu'un court texte de présentation (sur elle-même et sur les fameuses Monster High). Elle voudrait écrire davantage, mais je freine ses élans, ce qui, comme tu l'as si bien écrit, constitue pratiquement un crime… Tes réflexions soulèvent des questions, mais je perçois des réponses. Si nos filles ressentent le besoin d'écrire et de partager leurs textes, je crois que nous devons les encourager et les guider. À suivre...

Etolane a dit…

Nicole, en effet, et à un certain point generationnel car depuis que j'ai écrit ce texte. Plusieurs mamans m'ont écrit que leurs enfants dans la même tranche d'âge ont aussi exprimé la même envie!

Pour moi la pertinence de bloguer à son âge vient avec le désir d'écrire et la capacité de le faire consciemment. Et je discute aussi avec elle de la pertinence d'être lue par le public. Mais j'en suis au point où la pratique me semble la seule façon d'avancer. Je suis sur le pont et je dois le traverser avec elle...

Tant que c'est fait avec réflexions, je me dis que cela ne pas lui faire de tort. Mais j'avoue que je traverse ce pont en ressentant un petit vertige maternel...

Merci de tes réflexions partagées, je les apprécie! :)

Etolane a dit…

Isabelle, c'est fascinant de savoir que plusieurs enfants dans la même tranche d'âge ressentent cette envie. C'est peut-être juste la suite des choses...

Merci de partager ton expérience sur le sujet. Je me dis que c'est l'occasion pour elle d'apprendre. Et pour moi de l'encadrer! Et de traverser toutes sortes d'émotions ce faisant! :lol:

Ma philosophie présente est que si elle prête à travailler sur le sujet alors je ne peux que l'encourager. Ensuite on va y aller un texte à la fois, à son rythme...

Cynthia a dit…

Sur blogger tu peux être co-administratrice du blog avec elle.

Personnellement, le truc qui me ferait peur ce sont les commentaires qui sont parfois déplacés, peut-être que les modérer serait une bonne idée?

Anonyme a dit…

Je suis impressionné, une fois de plus, par ton approche! Je ne connais pas vraiment tumblr, mais je sais que tumblr et wordpress permettent les "blogs à plusieurs". Personnellement, j'aurais tendance à choisir une plateforme me permettant d'avoir un semblant de "contrôle parental", et une modération des commentaires, au moins au début, pour l'accompagner dans ses premiers pas numériques :)