samedi, janvier 19, 2013

Un papa et une maman pour tous disent-t-ils...

8 comments
De mon coin de brousse enneigée, j’écoute les brouhahas humains, certains m’inspirent. Beaucoup me désespèrent.

Je regarde la France s’enflammer sur le sujet de l’homoparentalité et je secoue de la tête en silence. Quand même dépitée.

Un papa et une maman pour tous. C’est sûr que c’est bien. C’est l’idéal. C’est Adam et Ève qui fécondent l’humanité. Cela a un petit gout de paradis. Je peux en témoigner.

Malheureusement la Terre n’est pas le Paradis. Si c’était le cas, on le saurait depuis longtemps! Faudrait quand même en revenir...

Si la vie sur Terre peut parfois parfois ressembler au Paradis, il y a aussi pas mal de purgatoire pour balancer. Et si on a de la chance, la vie est juste un long fleuve tranquille où s’épanouir paisiblement.

Bref, un papa et une maman cela veut tout dire et cela ne veut rien dire. Ce qui compte c’est la valeur et la qualité du parent pas son sexe (ni sa couleur d'ailleurs). Il y a bien des hétéros qui ne méritent pas leur enfant et on ne descend pas dans la rue pour autant!

Un bon parent est universel. Un couple gay peut tout aussi bien réussir à correctement élever son enfant qu’un hétéro. Tant qu’il y a de l’amour, de l’équilibre et du bon sens, tout est possible.

J’ai moi-même été élevée dans une unité de même sexe . Entre ma mère et ma grand-mère. Dans l’équation, c’était ma mère mon père et ma grand-mère ma mère. Petite, je ne réalisais pas tant l’incongruité de ma situation c’est en grandissant que j’ai commencé à mieux comprendre…

Le stigmate d’être une enfant de divorcée (avec père déserteur) était la tendance de l’époque. Au milieu des années 70, j'étais à l'école primaire. Dans un petit village du Jura. France profonde. Et je me souviens de ces quelques occasions où après avoir commencé à me lier d’amitié avec un autre enfant, celui-ci venait me voir pour me dire aussi gentiment que possible : « Mes parents veulent pas que je joue avec toi parce-que tu es une enfant de divorcés. » Mange ta claque ma fille.

Inutile de dire que le cœur me serrait à chaque fois. Tout autant que l’incompréhension de la chose. Je me sentais aussi humaine qu’eux. Je n'étais pas si différente. En quoi le divorce de mes parents alors que j’étais bébé changeait quelque chose à qui j’étais dans la cour d'école!?!

Interloquée, je choisissais de laisser glisser. Et puis plus je grandissais et plus le divorce devenait monnaie courante. Pré ado, je m’amusais à dire que j’étais élevée par deux lesbiennes tellement il y avait de l’œstrogène en ma parentalité. Être élevée par deux femmes me semblait normal puisque je ne connaissais rien d’autre.

À l’adolescence, le stigmate du divorce commençait doucement à s’estomper. Entre temps, je vivais ma vie avec les moyens à mon bord. Débarquée à Montréal à 14 ans, j’ai dû apprendre à me débrouiller de plus en plus seule. Même si c’est avec ma mère que j’avais immigrée, celle-ci avait d’autres chats à fouetter que ma pomme. Livrée à moi-même j'ai vogué.

À 20 ans, lorsque j’allais en sa maison je me sentais comme un vieux meuble. De celui que l’on a rangé au grenier et qui s’empoussière. De celui que l’on ne veut plus voir et qui dérange dans le salon. Bref.

À 30 ans, j’avais développé toute une philosophie personnelle sur la parentalité. Je commençais à y penser moi-même. À l’aube de mes 33 ans je suis devenue maman. Avec un papa et cette dynamique que les français brandissent sur leurs pancartes. Ces gens de bonne foi qui vivent avec les œillères de leur quotidien linéaire.

Aujourd’hui à 40 ans tout juste, je sais qu’être un parent n’est pas une question de sexe mais une question de cœur. De coeur et de volonté. D'abord il faut que le cœur y soit. Tant que le cœur y est, l’enfant est heureux. Ensuite la bonne volonté aide beaucoup. Et si l'intelligence y est, c'est le jackpot!

Qu’importe que deux parents soient homos ou hétéros, ce qui compte c’est la chaleur et l’attention avec laquelle ils élèvent l’enfant à leur charge. Tout est dans la bienveillance, pas dans l’orientation sexuelle!

Aujourd'hui ma puce de sept ans me parle de sa classe où elle y remarque beaucoup d'enfants de parents séparés. Cela donne sujet à conversation.

Je lis le témoignage d’une maman qui parle de sa fillette, traumatisée, par le comportement de certains enfants de sa classe qui se vantent d’être allés manifester. Ces enfants qui crient haut et fort les dires de leurs parents et qui expliquent combien c’est immoral d’avoir deux parents de même sexe.

La petite fille dans le coin de la classe souffre. Je peux la comprendre. En mon enfance, deux parents divorcés c’était immoral. Et regardez le monde aujourd’hui. Combien de ces adultes qui revendiquent dans la rue sont divorcés. Je miserais sur la majorité. Est-ce les mêmes dont les parents auraient manifesté contre le divorce si l’occasion s’était présentée il y a 40 ans?

Car si l'on regarde en face la souffrance de la petite fille seule dans le coin de la classe, ce n'est pas l'homoparentalité dans laquelle elle est élevée qui la fait souffrir. C'est plutôt ceux qui clament vouloir la protéger. Ce sont les préjugés sociaux qui la blessent et non sa réalité. Parfois la bêtise humaine semble sans fin...

Rendu là, en 2013, n’avons-nous pas l’intelligence collective de voir plus loin que le bout de notre nez? Plus loin que l’ignorance et l’intolérance qui font le côté obscur de l’humanité? 

N’avons-nous pas encore assez de bon sens pour réfléchir au fond des choses plutôt que de s’amuser à nager en surface, entre deux vagues de bêtises? Sommes-nous encore si petits?

La différence fait partie de l’humanité. C’est l’exception qui fait la règle et non seulement elle existe mais elle a tout aussi le droit d’exister que la norme qui fait la majorité. Et pour la majorité, cette différence est une richesse. Une richesse qu’elle devrait chérir plutôt que craindre. La différence n’a jamais tuée personne mais l’intolérance par exemple…

L’intolérance nourrit la haine qui construit ces violences qui font souffrir le monde en son entier. Et il n’y a rien de plus laid à mes yeux que d’offrir l’intolérance en héritage. Personnellement  je trouve immoral d'élever un enfant dans le venin de ces haines qui diminuent la qualité de nos sociétés.

Être parent c’est aimer avant tout mais c'est aussi apprendre à réfléchir, apprendre à réfléchir autrement qu’autour de son nombril. La tâche de guider un enfant qui grandit est complexe. Heureux sont ces enfants qui sont bénis d’adultes intelligents et responsables en leur vie. Et si ces deux adultes se révèlent du même sexe, aussi heureux que les autres il sont. J'en suis certaine. 

Et je me demande bien pour quelle raison les gens descendront dans la rue dans 40 ans. J'aimerais croire que cela sera pour de meilleures causes que celles de manifester l'intolérance et le jugement fermé...

Merci à Judith Lussier pour l’inspiration de son texte qui a fait jaillir de mes trippes celui-ci...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne peux qu'abonder dans ton sens. Ces manifestations me dégoûtent. Surtout quand je sais que d'anciens amis s'y sont rendus... Il y a tant d'enfants qui n'ont pas la chance d'avoir ne serait-ce qu'un parent, ou qui en ont deux mais sont malheureux... Alors pourquoi s'acharner contre des gens qui ne demandent qu'à avoir les mêmes droits que les autres?

Céline a dit…

Merci Etolane, merci pour ses mots vrais et justes. Je viens de lire l'article de Judith qui elle-même renvoie à un autre et comme toi, je secoue la tête (mais pas en silence par contre!)... tout ça m'exaspère à un point si tu savais! Je ne comprends pas tous ces manifestants, ça me dépasse... :x

Blandine a dit…

J'adhere à tes idées. Tellement.

Et moi ce qui me dérange c'est justement que ces "gens" qui manifestent contre ce mariage d'amour, me choquent autant que ceux qui en leur temps avaient refusé de laisser monter Rosa Parks dans son bus...

skaribou a dit…

Ouai, moi non plus je ne comprends pas. Mais ça commence dès la cours d'école ! C'est grave !
Un soir, mon fils m'a raconté que dès qu'un garçon pleurait ou se blessait et qu'un autre venait le consoler ou l'aider, ils se faisaient appelés "homosexuels" par les autres.
Il a donc fallu que je lui explique que ce n'était pas une insulte mais le reflet de la bêtise et de l'ignorance de ses collègues d'école !
Heureusement, on l'élève dans un esprit de tolérance et d'ouverture...mais en 2013 en France le mot "homosexuel" est considéré comme une insulte dans certaines cours d'école !

Ca me désole :-(.

Nomadesse a dit…

Je suis moi aussi extrêmement surprise et attristée de cette opposition française. Pour les raisons que tu expliques si bien dans ton texte, parce qu'il me semble que l'humanité, c'est pas les sexes des personnes, mais l'amour et l'attention qu'elles donnent à leur enfant.

MamaFunky a dit…

Je suis entièrement d'accord avec toi ! Je ne sais plus sur quel blog je laissais un commentaire en prenant le même exemple que toi sur les enfants de divorcés.
Dans 20 ans, les enfants de familles homoparentales seront plus que banales! Je l'espère.

toutaubord a dit…

Et nous ne parlons aprés tout que d'amour!

prinsessan Fluflu a dit…

Tout le monde n´est pas contre, crois-moi!
Moi l apremière!

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/01/27/01016-20130127DIMFIG00128-la-mobilisation-reussie-des-pro-mariage-gay.php