Relativiser la nouveauté...
Je travaille en compagnie de mon homme qui se frotte au télétravail. En silence, l'on se concentre. Dehors octobre appelle novembre. Journée grise et pluvieuse. Les dernières feuilles s'envolent...
J'explore la Toile à la recherche de sujets pour mes articles techno lorsque je tombe sur un débat qui me royalement sourire. Je m'exclame en me tournant vers l'homme:
- Come on! Là, c'est vraiment n'importe quoi! T'y crois-tu, y'a un débat sur le droit à la vie privée du fœtus sur le Web!?!?!
- Ben voyons! qu'il me répond. C'est n'importe quoi! J'en aurai vraiment rien à foutre d'avoir ma photo de fœtus sur le Web, même avec les jambes écartées! C'est un peu du foutage de gueule...
L'homme s'amuse de cette idée autant que moi. L'on en discute en riant. En fait, plus je réfléchis au concept et plus je rigole. J'imagine que je fais partie de cette majorité de ces mères canadiennes peu concernées par le sujet! En effet, de plus en plus de photos de fœtus se retrouvent sur la Toile. Et alors? Le fœtus s'en bat le coquillon et la plupart des gens aussi! Le fœtus de ma fille est sur Internet et le monde s'en fout... Mais bon, je ne dois pas être un bon exemple à suivre.
D'après cet article, les mères espagnoles seraient le plus inquiètes quant à ce nouveau phénomène. Les cultures et les perceptions, c'est comme les goûts et les couleurs, cela ne s'explique pas vraiment. En ce qui me concerne, je suis tout à fait sensible à mes virtualités partagées. Celles-ci offrent un éclairage sur ma fille depuis son foetus. J'ai conscience de cet état de fait. Je me pose régulièrement des questions sur le sujet afin de me sentir à l'aise dans mon utilisation bloguesque. Mon état passionné de photographe n'aide pas mon cas. Ma fillette est devenue une petite muse que je prends grand plaisir à photographier. Elle m'inspire et je me laisse un peu aller. Que les Espagnoles me fouettent! Je suis peut-être un cas irrécupérable...
Je ne cache rien de son état blogué à M'zelle Soleil. D'ailleurs elle rencontre régulièrement des gens qui la connaissent virtuellement. Je lui explique la chose à la mesure de sa compréhension enfantine. En gros, elle sait que maman écrit des "texcxtes" et que je la prends beaucoup en photo! Je sais aussi que mon attention photographique a une influence positive sur son estime personnelle. Et j'en profite pour régulièrement aborder le concept de beauté intérieure afin de ne pas lui enfler les chevilles. Pour ne point l'étouffer de ma lentille, je la capte souvent au naturel, alors qu'elle bouge, qu'elle joue, qu'elle vit. Depuis peu, elle aime poser et je bataille un peu le principe. Je remarque aussi qu'elle comprend de mieux en mieux la photo. Assez bien d'ailleurs pour que je lui prête la bête et la laisse expérimenter le terrain...
Au fur et à mesure qu'elle grandit, je réajuste mon tir virtuel. Plus elle possédera une vie privée qui sera sienne et moins je la bloguerai. C'est certain. Cependant, il est bien possible que je continue de bloguer mes perceptions de la parentalité.
En mes questionnement sur le sujet, j'en viens toujours à relativiser le concept. Ne sommes-nous pas que des grains de sable sur les plages de l'humanité? Ma fille n'est certainement pas la seule enfant en photo sur le Web. Dans la multitude des images d'enfants, mes photos d'elle sont une goutte d'eau dans l'océan! Après tout, 81% des petits se retrouvent sur le Web avant d'avoir deux ans. Le principe se normalise. Cela va de pair avec nos nouveaux modes de vie numériques. Et ne dit-on point que c'est dans la masse que l'on peut le mieux se cacher?
En extrapolant un peu, l'on peut imaginer que virtualiser l'enfance c'est comme se promener dans les rues de New-York avec son rejeton. Si je marche dans les rues d'une grande mégalopole avec ma fille, tous les passants peuvent la regarder, est-ce que je la mets plus en danger qu'en publiant des photos d'elle sur le Web?
Aussi au fil des années, je remarque que beaucoup de ceux qui viennent butiner mon jardin virtuel envoient de bonnes pensées à M'zelle Soleil. Il veulent son bien et son bonheur. Je les en remercie et j'en apprécie la chaleur humaine. C'est une énergie positive qui même si invisible n'en est pas moins réelle. La famille et amis éloignés ont aussi la possibilité de la voir grandir. Je n'en vois pas le mal. Et même si je comprends la peur de certains, je refuse de laisser cette peur dicter ma vie. Les temps changent. Le Web s'imprègne de nos vies. C'est ainsi.
Et puis, la paranoïa c'est pas mon truc. Si j'en ressens les frissons, je vais illico me balader au royaume des mamans blogueuses. Je regarde les photos des enfants que je vois. J'analyse les sentiments que je ressens devant ces images partagées. Et comme mes sentiments sont toujours positifs, je relativise encore et toujours...
8 commentaires:
Ça me fait du bien de lire ton point de vue, tout à fait rationnelle et à ton image !
Depuis quelque temps, il y a beaucoup d'article sur le privée v/s public (worldwide) de l'internet et ton texte me rassure.
Je pense comme toi et tenir un coin de toile à l'effigie de mes deux pommes enrichit mon expérience de mère, lire celui des autres aussi. Cependant mon homme ne voit pas ça d'un bon oeil, pas du tout. Il voudrait que je ferme les lieux. C'est un point douloureux entre nous? Pour l'instant je persiste. Je l'écoute bien sûr et je m'auto censure surement sur certains points mais je persiste. J'espère lui faire comprendre et accepter pourquoi, petit à petit
Je suis comme toi. Je ne suis pas très paranoïaques. Ce qui fait que je me cache peu sous mon blogue. Sinon j'ai l'impression que je ne pourrais pas dire grand chose ;)
Je passe pour la première fois et je souri en voyant ta petite, je m'intéresse à votre vie lointaine et à ce que tu donne de toi dans tes lignes... Mon blog raconte notre vie de famille et ne cache rien, il est une collection de moments quotidien..
La Belle, je crois que même s'il faut avoir conscience de ce que l'on diffuse en ligne, il ne faut pas virer fou non plus! Mais c'est à chacun d'y trouver son équilibre...
Minute,oh! :( Cela ne doit pas être facile pour toi! Il a peur de quoi en particulier? Est-ce qu'il est lui-même internaute de son état?
Looange, d'un autre coté as-tu eu jamais de mauvaises expériences? Parce-que lorsque l'on fait nos bilans de blogue, l'on a souvent bien plus de positif que de négatif à mettre dans la balance. Enfin me semble...
Bonjour Anne, merci de la visite, je vais aller faire un tour par chez vous! :)
Je suis bien d'accord avec toi, ce débat est ridicule.
Comme toi, je blogue des photos de mon fils, pose sears ou au naturel, il aime si c'est tourné en jeu et comme toi aussi, je le laisse jouer avec l'appareil et diriger les poses.
Je lui explique que maman partage les photos, les souvenirs et ses écrits avec des amies qui habitent loin loin loin. Il n'a pas d'objection.
Les gens capotent pour rien. Le kidnapping c'est souvent par un membre de la famille et puis c'est très très rare... disons que les accidents d'autos sont pas mal plus fréquents! Et ce ne sont pas des photos qui pourrait alléché le pire des pervers! Non mais vraiment. On a le droit d'être fière, de partager...
xoxo
Ah! Ah! Ah! Le droit à la vie privée du foetus! C'est un foetus qui s'est plaint?! Moi, je dis continuons de mettre les photos de nos enfants sur Internet, ça met du soleil dans la vie des gens qui les regardent.
Jane, je suis tout à fait d'accord avec ce raisonnement. Il est certain qu'il faut avoir conscience de ce que l'on diffuse sur le Net mais bon faut aussi relativiser! ;) J'apprécie particulièrement ta dernière phrase! :) Pensées...
Anouchka, :lol: elle est bonne! Tu m'as fait rire toute seule devant mon écran! ;)
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