Sans titre
La semaine dernière, une nouvelle terrible a frappé la blogosphère « familiale ». Un enfant en bas âge est décédé dans les bras de sa maman. Je n’ose imaginer la détresse (l'impuissance) de cette femme face à une telle tragédie. Une nouvelle que personne ne veut entendre. La nouvelle qui transperce l’âme et le cœur. Je suis persuadée que de tous les drames humains possibles celui-ci fait partie des plus terribles. Perdre son petit…
Il y a quelques années, j’ai écrit un billet sur la mort de Colette, la petite sœur de ma grand-mère. Mon enfance a été bercée par cette histoire qui me suspendait aux lèvres de ma mère-grand. Une histoire que je creusais plus je devenais grande et que j’ai fini par connaître en son entier. Ma grand-mère devait avoir six ou sept ans. La petite Colette avait deux ans et des poussières. L’histoire familiale raconte qu’elle est tombée malade subitement, un méchant rhume peut-être, qui sait? Les détails sont vagues. Trois ou quatre jours ont suffit pour emporter cette petite fille vers l’au-delà. Elle s'est aussi éteinte dans les bras de sa maman, mon arrière-grand-mère Berthe. Berthe avait déjà perdu deux enfants peu de temps après leur naissance. Sur les huit enfants qu'elle mis au monde, cinq arrivèrent à maturité. D’après ce que m’en conta ma mère-grand, la perte de Colette fut celle qui la déstabilisa le plus.
Il paraît que c'était une petite fille adorable, gaie, pleine de vie, toute la famille y était attachée. Elle ne parlait sûrement pas vraiment mais elle devait se dandiner en toute innocence dans la cuisine d'antan et faire rire sa fratrie avec ses mimiques bambines. Une fois que je fus adulte, ma grand-mère me raconta plusieurs fois combien la douleur que sa propre mère avait ressentie (à la vue de sa fillette sans vie déposée sur la table) avait été intense. Phénoménale souffrance. Berthe avait perdu la tête, une folie passagère l’avait emportée dans les champs. Criblée de douleurs, elle hurlait à la mort...
Ma grand-mère, encore petite fille, en fut si traumatisée qu’une fois devenue mère, elle n’avait qu’une crainte, voir disparaître ses enfants avant elle. Cette émotion profonde l’avait même guidée jusqu’à Lourdes. Là, elle avait prié et invoqué la Vierge de toujours protéger ses petits. Je pense même que la Vierge l’a entendue car ses trois enfants ont survécu à d’innombrables expériences qui auraient dû les tuer. Il n’y a qu’à penser à mon oncle qui s’est fait frapper par la foudre alors qu’il était enfant de cœur et qu’il servait un enterrement! La légende veut qu’il soit mort sept minutes avant de revenir parmi les vivants. Le plus triste dans tout cela c’est que tous les trois ont essayé à un moment donné de s’enlever la vie. Sans succès.
Je sentais que ma grand-mère aimait bien partager l’histoire de la petite Colette. Peut-être avait-elle l’impression de l’immortaliser en ma mémoire. Elle, qui comprenait les profondeurs de mon âme. Lorsque j’étais petite fille, ensemble, nous allions fleurir la tombe des ancêtres, là où se trouvait les nourrissons sans vécu et la petite fille disparue. Toujours j'avais une pensée douce pour cet enfant inconnue.
L’histoire de ce petit garçon parti trop tôt a ravivé en ma mémoire la lueur fantomatique de Colette. Cependant l’histoire de notre petite Colette remonte aux années 40, elle se situe aux confins de la France. À cette époque, l’on se déplaçait encore en charrette et en sabots! Qu’il puisse arriver de telles choses de nos jours est pas mal plus révoltant. D’après ce que j’en comprends, le petit Benjamin a été victime d’une certaine négligence médicale. Un choc septique l’a emporté, une situation dont nous possédons, aujourd’hui, les moyens d’éviter.
Ceci, par exemple, ne m’étonne point, pour avoir moi-même failli trépasser en une urgence surchargée, je peux bien imaginer les lacunes du système. Pour m’être retrouvée en septicémie quelques jours après mon accouchement, à mourir tranquillement dans une salle oubliée, je sais bien les défauts du système. Et si ce n’était du scandale que fit mon homme, je pense que j’aurai connu le coma avant les médicaments. Une fois que le personnel médical s’est rappelé de ma présence et a constaté mon état (Cela faisait plus de douze heures que j’attendais de voir un médecin), j’ai été si rapidement prise en charge que c’en est presque risible. En dix minutes, j’étais intubée. En deux heures, j’étais sauvée. Sauvée par un puissant cocktail d’antibiotiques aspiré par mes veines durant plusieurs jours. Je garde de cette expérience précise un certain traumatisme et une nouvelle reconnaissance d’existence.
Alors que je sentais la mort à mes trousses, j’ai prié le ciel et la Vierge de me permettre d’être mère, de me donner la chance d’éduquer et de connaître mon enfant. Depuis que je suis revenue à la vie, un devoir maternel m’élève le cœur. Depuis que je suis revenue à la vie, ma plus grande peur est certainement la disparition de mon enfant chérie. La simple pensée de ce fait me remplit d’effroi. Une pensée que j’essaie de chasser sur une base régulière. Je crois qu’une fois devenue maman, perdre son petit est l’idée que l’on redoute le plus. En nos quartiers de blogosphère, bien des mamans et des papas ont été touchés par cette tragédie…
Une tragédie qui vient réveiller nos angoisses parentales. Un évènement qui marque nos pensées les plus intimes, qui nous fait toucher une peur viscérale. De tout coeur, j’espère que cette famille bénéficiera de tout le soutien nécessaire pour traverser une telle épreuve et je ne peux que comprendre sa colère envers le milieu médical.
Que dire devant un tel drame? Ceci ne peut que mettre en évidence combien nous devons chérir nos petits en nos maisons. La vie ne tient que trop souvent à un fil, l'apprécier est d’une importante capitale (même si ce n’est pas facile tous les jours).
9 commentaires:
Vraiment, les mots sont peu de choses devant un tel drame :(
J'avais vu chez Looange mais toi tu as monté un vrai dossier qui éclaire ma lanterne.
Que c'est triste que de telles choses arrivent en 2009! À trop vouloir bien faire, à trop vouloir rationaliser les services: ça donne des flops comme ça!
Je n'imagine pas de douleur plus grande que celle-là. Et chaque fois que j'y pense... j'essaye de penser à autre chose très très vite.
Ça me pogne encore en dedans toute cette malheureuse histoire. Comme trop de questions qui viennent dans ma tête. J'imagine les parents en ce moment... Je ne veux tellement pas que ça nous arrive, mais on a tellement pas de pouvoir là-dessus.
Profiter du moment, c'est ça que je retiens, surtout.
C'est un tel drame qu'il n'existe pas de mot dans le dictionnaire pour le nommer. On peut tour à tour être veuf ou orphelin, mais en deuil d'enfant cela ne se dit point.
Triste histoire que cela puisse arriver encore. Cruelle douleur inconcevable en mon coeur de mere, je crois que je ne m'en relèverai pas. Berthe a été très forte.
Tellement affreux.
Mijo, oui, le pire...
Blandine, ceci me fait penser à mon aïeule Berthe, je ne possède que deux photos d'elle, celle de son mariage que j'ai inséré en ce texte et l'une de sa carte d'identité alors que la vie avait déjà bien marqué son visage. Je ne l'ai connu qu'ancestrale, elle était née en 1899. À vingt ans, elle s'était disputée avec son paternel et était partie à Paris, sept ans, avant de revenir en son village jurassien et de ce marié juste avant sa trentaine avec Urbain. C'était une sacré femme... Ma grand-mère me disait souvent qu'à l'époque perdre ses petits faisant partie du jeu. C'est aussi pour cela qu'ils en faisaient plusieurs. C'est sur que nous avec nos enfants uniques, si on les perd, c'est toute notre descendance qui s'éteint. Cependant de nos jours, on ne parcoure plus les routes en sabots, les antibiotiques sont à portée de la main, encore faut-il arriver à mettre la main sur un docteur!!! Oui une bien triste histoire....
Yano, oui je crois aussi que c'est une bonne raison pour se rappeler combien nous sommes chanceux d'avoir des enfants, plein de vie, turbulents, aimants...
Jenny, je suis aussi certaine que pour une femme, une mère, c'est la pire, moi aussi je préfère y pense le moins possible, tellement de chagrin cela doit engendrer...
Merci Beo, oui c'est vraiment inacceptable du point de vue médical, je n'en sais pas les détails mais il semble quand même avoir eu négligence médicale...
Je ne sais pas quoi dire dans ces moments là, la douleur est telle qu'aucun mot ne peut la définir ! La pire horreur, perdre son enfant : celà doit être horrible ! J'ai parcouru ton blog, je reviendrai car il me plait : émouvant, vivant et simple...Bises.
Oh oui je crois que c'est un véritable cauchemar...
Merci de tes bons mots, au plaisir de te revoir en mes eaux virtuelles alors! ;) Pensées...
Il ne doit y exister des peines plus grandes, émotions plus fortes, surement.
Mon arrière grand mère, Paula, avait eu 7 enfants dont l'une as disparu, à deux ans foudroyé en quelques heures. A 98 ans, elle pleurait encore la racontant.
J'ai presque perdu mon futur fils, et j'ai tremblé pour sa vie même ensuite.
Pourtant, la chose sage serait à ne pas y penser. Cela ne fait que nous angoisser, saper notre santé et énergie. Ce n'est pas facile.
Surtout après avoir survécu par miracle, comme toi. Enfin, pas miracle, à force d'énergie et amour de ton bonhomme.
Enregistrer un commentaire