jeudi, mars 26, 2020

Nager à contre-courant...

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Un tiers de la planète est en mode confinement, le reste n'a sûrement ni les moyens, ni les gouvernements pour confiner son monde.

En moins d'un mois, la vie de tous a été chamboulée par ce coronavirus sorti de Wuhan. Maintenant, tous les pays civilisés sont en pause. Tout le monde doit s'adapter à une nouvelle réalité qui fait couler les plans de chacun.

Cette pandémie fait déjà bien des victimes physiques et économiques. Elle transforme l'humanité une semaine après l'autre. Et si elle transformait le monde pour le mieux?

L'humanité façonne le monde et le virus transforme l'humanité. Mais nous gardons tous le contrôle de nos attitudes. Et c'est maintenant le temps d'en prendre conscience.

En ces temps confinés, ce ne sont plus les richesses matérielles qui comptent, ce sont plutôt les richesses humaines qui prennent le devant de la scène. Ceux qui savent s'adapter et contrôler leurs émotions seront bien mieux lotis que tous les autres...


Inspirer, accepter, s'adapter

Il y a deux mois, j'étais étiquetée "malchanceuse" en ce monde pressé qui n'en finissait pas de s'éclater entre ses performances et ses divertissements. La maladie m'avait arrêté en vol. Je vivais au ralenti par rapport au reste de mes pairs. Je n'étais plus grand chose au yeux de la société. Pourtant, je travaillais fort à transformer ma fatalité en force.

Maintenant que la vie de tous est sur pause, je me sens toujours en décalage mais voilà que la roue a tourné. Je ne fais plus partie des malchanceuses puisque mon mari peut télé-travailler et que l'on est confiné en un endroit empli d'espace. J'ai même la chance de pouvoir continuer d'être traitée par mon chiro!

Je suis heureuse de passer du temps avec ma fille et mon mari. Je pense que cette expérience nous rapprochera en notre cellule familiale. Et toute cette frénésie d'actualité tend à me stimuler. J'ai beaucoup de peine pour les familles qui sont touchées par les tragédies causées par ce virus. Et je prie pour que le monde s'en trouve transformé pour le meilleur plutôt que le pire.

Je ne me sens ni anxieuse, ni angoissée par le fait que le monde soit mis sur pause. Au contraire, je trouve cela plutôt reposant. D'un coup, je n'ai plus à gérer toutes ses émotions de tristesse à voir le monde tourner sans moi. Vivre en un monde en pause fait que ma vie me semble moins ralentie.

Je ne sous-estime pas ce virus qui fait la loi du jour, je le crains. Je sais qu'il pourrait nous faire du tort. Je le respecte. J'en accepte sa réalité et l'on se protège. Accepter ce qui est, aide à s'y adapter.


Accepter l'inconfort et persévérer

Passer d'une rééducation physique en piscine à une rééducation terrestre n'est pas simple. Mon dos n'est pas du tout satisfait de la situation. Il se rebelle et me le fait bien sentir. Mais tant que le chiro peut me replacer, je suis prête à m'adapter, rendu là, souffrir physiquemet est un art de vivre... 

Il y a un mois, ma courbe de progression physique n'arrêtait pas de grimper. Ce n'est plus le cas. Mais tant qu'elle ne dégringole pas, ça va. Tant que je suis debout, c'est correct. Tant que je ne régresse pas, je prends sur moi et m'adapte.

Il y a trois ans, ma vie a été mise sur pause, contre mon gré. Regarder le monde tourner fut une énorme souffrance à gérer. Perdre le fil de ma carrière et tous mes repères, pour me retrouver avec les invalides de ce monde, fut une souffrance sans nom. De ces souffrances mentales qui s'ajoutent à d'infernales douleurs physiques.

Il n'y a pas de vie sans épreuves. En ces états difficiles à vivre, regarder tout ce que l'on a perdu. Tout ce que l'on perd. Tout ce que l'on perdra est destructif. Humain certes, mais destructif. Lorsque les repères du quotidien disparaissent, il est nécessaire de s'accrocher à ce qu'il nous reste.

Regarder ce que l'on a aide à gérer les tristesses de ce que l'on perd. Lorsque ma vie s'est mise sur pause contre mon gré, j'ai pleuré ce que je perdais et j'ai regardé ce qu'il me restait. Ainsi j'ai trouvé la force d'avancer dans l'obscurité, la volonté de persévérer dans la douleur et l'incertitude.


Alors que je passe au travers les photos capturées en notre sortie d'hier, je réalise qu'une des raisons pourquoi j'aime tant les croquer en l'air est parce-que ce sont des actions et des mouvements que j'ai perdu. Je ne possède plus la capacité de sauter, de tomber, de gambader, de courir...

Mais j'ai retrouvé la capacité de marcher et de rire. Même si je continue à vivre avec toutes sortes de maux à gérer, je ne lâche pas, je persévère...

1 commentaires:

Jenny a dit…

Au-delà de l'horreur de la maladie léthale et de ma crainte de voir mes proches malades, je pense que ce temps de pause peut avoir des vertus collatérales...
Depuis juillet 2019, je me sens en décalage avec le monde des "actifs". Certes, je ne suis pas inactive : j'étudie, mais je n'ai plus de contacts professionnels et je suis chez moi une bonne partie de la semaine.
Je goûte le calme retrouvé maintenant que la circulation sur la natioanle derrière chez moi s'est évaporée. Tout est lent et calme et ce n'est pas pour me déplaire.
Je souhaite de tout coeur que la pandémie s'arrête le plus vite possible, qu'elle épargne le maximum de gens, bien sûr. Mais j'espère (sans trop y croire) que cela permettra aux uns et aux autres de réfléchir à ce qu'ils souhaitent à l'avenir pour le monde, la société et pour eux-mêmes.