Vendredi, de très bon matin, je prends la route en direction du quartier général du Carnaval de Québec.
Une route longue et jonchée de trafic matinal. Une route où je dois gérer maintes émotions.
Dont celle, effrayante, de manquer de lave glace, sur l'autoroute. Quiconque en connait les affres me comprendra facilement. Ahhhhh....
Étant déjà subtilement à la bourre, m'arrêter est hors de question. Je raisonne l'émotion qui me panique les pensées à mesure que mon pare-brise s’obstrue. Gérer l'émotion laisse la place à une idée que je trouve absolument géniale sur le moment.
Profiter du ralentissent routier pour ouvrir ma fenêtre et asperger mon pare-brise avec la bouteille d'eau en mon sac. Yes, Ça marche! Bon, c'est artisanal et plutôt original mais cela dépanne. J'arrive enfin à destination. Saine et sauve.
Il fait un froid sibérien et je trouve marrant l'idée d'aller jeter un œil dans les coulisses du Carnaval. De plus, la conférence du jour est animé par David Desjardins. Connaissant l'énergumène, elle ne peut être qu'intéressante...
En prenant un chaï offert par Monsieur T, je papote avec un copain et en salue un autre. Je m'amuse de voir un étrange Narval (aperçu durant le défilé du Carnaval). Et c'est parti!
S'inspirer les idées matinales
Le thème du jour, dirigé par David Desjardins, porte sur le climat anxiogène de nos sociétés modernes.
Il explore ainsi le thème de la peur. Celle qui se transforme en anxiété. De ces peurs qui forment les multiples angoisses de nos sociétés modernes. Des peurs souvent irraisonnées, générées par l'émotion qui oublie de réfléchir.
Pour illustrer sa pensée, il propose l'image d'un parc rempli d'enfants et de parents branchés, un beau jour d'été. Arrive un inconnu louche dans le décor. Instinctivement, comme des chiens de prairies, les parents se mettent à renifler l'inconnu. Embarque la peur. Invisible. Collective. Les adultes ne perdent pas de temps à imaginer le pire. Des forces invisibles conspirent pour leur inspirer cette peur instinctive qu'ils ressentent.
Bombardés d'actualités toujours plus catastrophiques les unes que les autres, nous sommes programmés à cultiver les peurs. Des peurs souvent irrationnelles...
En effet, il est bien rare qu'un inconnu kidnappe un enfant, en plein jour, dans un parc. Mais si les circonstances s'y prêtent alors la peur se faufile. Et le parent frémit. Réagit. Sans réfléchir.
Ce qui me rappelle à l'esprit un documentaire vu dernièrement. Il y était question de la peur de prendre l'avion déclenchée par l'effondrement tragique du World Trade Center. Ironiquement, en cette vague de peur, moins de gens ont pris l'avion pour privilégier la voiture et l'on remarqué une augmentation des accidents routiers!
Selon David Desjardins, l'on vit dans une société anxieuse. Une société qui semble cultiver la volonté du risque zéro. Ne plus vouloir prendre de risques. Laisser la peur contrôler l'action. S'immobiliser. Car avancer dans la vie, c'est aussi apprendre à gérer les risques...
Gérer la peur du risque
La peur est un phénomène de survie qui se révèle utile en certaines situations mais le reste du temps elle est inutile sinon futile. Et comble d'horreur, elle paralyse!
Pourtant jamais l'on a vécu d'époque plus confortable. La vie n'a jamais été aussi simple et facile!
Comme je le crois aussi personnellement, David Desjardins nous rappelle combien nous vivons aujourd'hui à une époque sécuritaire. Peut-être même la plus sécuritaire de notre histoire humaine...
Le monde est plus sûr qu'avant et pourtant les enfants d'aujourd'hui obtiennent à 14 ans l'autorisation de faire les choses que des enfants de 8 ans faisaient auparavant. En poursuivant cette volonté du risque zéro, on perd l'habitude de prendre des risques. Et cela nous nuit!
On perd l'habitude d'apprendre ce que le risque enseigne. Paradoxalement on vénère de plus en plus ceux qui prennent des risques et les sports extrêmes sont de plus en plus populaires...
Ah! la débilité humaine! Souvent je me dis que si la connerie humaine était mortelle, il y aurait hécatombe. Et si je pousse l'imaginaire en cette direction, je me demande comment évoluerait une humanité où la connerie est mortelle?
Par instinct de survie, l'humain apprendrait obligatoirement à contrôler ses conneries. Arriverait-on plus vite à un monde meilleur? Comme je m'y attendais, la pertinence de ce garçon me stimule les neurones.
Il explique combien il est bon de prendre des risques pour en apprendre les leçons, je souris intérieurement. Selon ses sources, les pires délinquants sont des gens à qui on a jamais appris à prendre de risques...
Anecdote Alligator!
Mais s'il est bon de prendre des risques intelligents, prendre des risques imbéciles est bien con. Ce qui, d'un coup, me fait penser à la peur collective des alligators.
À chaque fois que je suis allée faire un tour en Floride, ou encore en Louisiane, j'ai creusé cette peur primitive du crocodile. Je suis passée au travers lorsque j'ai réalisé que la majorité des décès d'humains par alligators étaient causés par la connerie humaine. Cela m'a tant rassurée que j'ai complètement éradiqué cette peur niaiseuse de mon système...
Maintenant non seulement je n'ai plus peur mais je me régale du risque à chaque fois que je m'approche d'un alligator! Un risque raisonné et conscient. Jamais oh! grand jamais, je n'irai patauger bêtement en leur territoire. Mais explorer leurs contrées sur un aéroglisseur, j'adore!
Alligator croqué sur les rives du lac Trafford (dans les Everglades) lors d'une expédition avec Airboats et Alligators durant l'hiver 2013. |
Je suis donc tout à fait d'accord avec le point matinal de David. Il faut être apte à prendre des risques qui peuvent nous faire avancer et reconnaître les risques que l'on peut prendre sans grand danger.
Il faut réfléchir et oser prendre du recul. Déterminer les peurs irraisonnées et les éradiquer. Penser autrement est l'une de mes activités favorites. Avec l'effort de se fracturer le crâne afin de se garder l'esprit ouvert. Et l'audace de sortir de sa zone de confort pour accrocher la magie de l'univers. Y'a pas, il m'éveille la cervelle de bon matin ce garçon!
Oser affronter le danger de nos émotions
David Desjardins évoque avec clarté ce climat anxiogène qui paralyse notre époque. Une époque avec peu de prises de risques, peu de projets fous.
Il termine cette conférence matinale en affirmant qu'il faut repenser l'échec. Ne pas croire que l'échec est une fin. Ne pas s'enliser dans l'échec. Encore une fois j'approuve le cours de ses réflexions.
Car l'échec n'est-il pas qu'échec si celui qui le vit n'en apprend rien? Dès qu'il surmonte, s’élève et apprend, l'échec s'efface. Malheureusement, on valorise trop peu les leçons de l'échec en notre société anxieuse.
David Desjardins croit que le climat social actuel, rempli de peurs irraisonnées, nous empêche d'imaginer le monde autrement. Selon lui, l'audace paie. Non pas l'audace folle mais l'audace raisonnée. Raisonner le risque, calculer intelligemment les avantages et inconvénients pour évoluer différemment.
J'acquiesce mentalement à ses propos. Il est tellement facile de se créer un problème imaginaire. Un problème imaginaire qui devient plus grand que l'obstacle imposé par le réel. Il est si facile de se laisser emporter par l'émotion ressentie plutôt que de se sortir la tête de l'émotion éphémère pour aller dans le sens de sa raison.
Apprivoiser le risque en apprivoisant l'émotion. Ce qui, à mon sens, revient à dire que la gestion des émotions est à la source de l'apprentissage conscient de la prise de risque! Voilà ce que je retiens de cette conférence au cœur des ateliers de Bonhomme.
Bref, La pertinence de David Desjardins de bon matin, ça fait du bien. Ça nourrit délicieusement le mental englué...
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