samedi, septembre 07, 2013

Confessions maternelles...

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J'ai passé l'été avec ma fille. Ce temps passé en sa compagnie a irrigué nos canaux de communications et abreuvé nos idées communes.

J'ai maintenant passé plus de temps avec ma fille de sept ans et demi que je n'en ai jamais passé avec ma mère en 40 ans de vie. Passer du temps avec ma puce me permet non seulement de tisser des liens solides avec elle mais aussi de cicatriser les blessures profondes issues de cette carence maternelle que je trimbale en mes entrailles.

La mère que je suis ne suit aucun modèle précis. Juste un idéal. Un idéal qui se dessine depuis le temps où j'ai commencé à étudier les adultes qui composaient mon enfance. Cultiver les idéaux fait depuis longtemps partie de ma personnalité.

Cet été, nous avons vécu de ces moments complices mère/fille qui font tant de bien au cœur et aussi de ces moments moins drôles où l'envie de m'arracher les cheveux est intense. Ces moments rigidifiés par la discipline à exercer, par l'éducation à appliquer. Ces moment sont une corvée parentale. Ils contrebalancent les joies de voir grandir en beauté son rejeton.

Ma fille n'est pas la septième merveille du monde. Elle est humaine. Elle a ses défauts et ses qualités, ses forces et ses faiblesses. Je crois qu'il est de mon devoir maternel de l'aider à épanouir ses qualités et à maîtriser ses défauts. En mon devoir parental, je me dois de séparer le grain de l'ivraie. Tout un défi!

Casser les cycles malheureux de ma propre enfance est une ambition que je poursuis envers et contre tout. Élever mon enfant unique est source de bien des réflexions intérieures. La fillette en mon sang, qui a grandit sans père et avec une mère absente, ne manque jamais d'y mettre son grain de sel. J'ai longtemps attendu avant d'enfanter et ce n'est définitivement pas un hasard...

Le retour à l'école

Avec la nouvelle année scolaire, le festival des virus et de la morve à gogo fait la fête à la maison. Un méchant virus fait effet domino. Après l'homme et la puce, à mon tour d'être KO. S'ajoute à cette équation les douleurs faciales chroniques avec lesquelles je vis depuis ma paralysie. Rien n'est jamais aussi facile qu'il n'y paraît.

En ce début de deuxième année de primaire pour la puce, les parents que nous sommes bataillons avec la commission scolaire qui a coupé notre service du bus du midi en notre secteur (tout en augmentant les taxes scolaires) parce-qu'il n'est pas rentable. Une histoire administrative abracadabrante comme il en existe tant.

Évidement de moins en moins d'enfants mangent à la maison le midi. Et même si je travaille majoritairement depuis la maison, il m'est difficile de travailler correctement si elle rentre tous les midis. Mon travail en est un de concentration et je suis beaucoup plus productive si je peux me concentrer plus de deux heures à la fois!

Ceci dit, je trouve important qu'elle puisse rentrer manger à la maison deux jours par semaine. Je me souviens du bien-être que je ressentais à rentrer le midi chez ma grand-mère lorsque j'étais au primaire. Et je sais combien elle apprécie pouvoir revenir manger à la maison le midi. J'estime que cela bénéficie à son équilibre intérieur. Et son équilibre intérieur me tient particulièrement à cœur.

On finira par trouver une solution même si cela consiste à aller prendre le bus chez une amie à quelques rues de chez nous (dont le bus passe encore le midi). En attendant de trouver une solution finale j'ai passé les premiers jours de sa rentrée à faire la navette sans pouvoir me concentrer correctement. Au final, sa rentrée s'est bien passée. Sans réelle difficulté pour l'enfant qui grandit. Si ce n'est le Festival de virus et de morve...

Après une semaine sa nouvelle maîtresse a déjà complimenté ses attitudes et comportements. J'espère que cela continuera. Tout comme les années précédentes, je compte sur le fait que Miss Soleil ne soit pas de ces enfants qui donnent du fil à retordre aux enseignants mais plutôt de ceux qui les inspirent à continuer l'exigeant travail qui est le leur.

Je crois qu'il est de mon devoir de maman d'envoyer à l'école une enfant capable d'apporter à sa classe et non de lui nuire. Tout comme j'espère, en bout de ligne, élever un humain qui contribuera à améliorer la société plutôt que l'empoisonner. Mais surtout je souhaite qu'elle arrive à l'âge adulte avec les outils en mains pour être bien dans sa peau.

Alors, souvent, contre l'air du temps, je m'adapte à sa vie afin qu'elle puisse s'épanouir au mieux. Je me plie à son rythme d'enfance en m'oubliant. À date, c'est une enfant épanouie. Je ne compte plus les louanges que l'on me fait à son sujet. Beaucoup de ceux qui n'ont pas encore d'enfant me disent qu'ils souhaitent avoir un jour la même. Si seulement ils savaient combien je trime à la tâche!

À chaque fois que l'on me dit combien c'est une enfant lumineuse, je me dis que le travail de fond que je fais avec elle porte fruit. Mes sacrifices personnels ne sont pas vains. Rien n'est jamais aussi facile qu'il n'y paraît...

S'accorder aux rythmes d'enfance



Depuis sa naissance, j'ai pris le parti de m'adapter à ses rythmes d'enfance. Ainsi va ma vie. Il n'y a rien comme posséder une bonne carence maternelle et manquer de mourir en donnant la vie pour ajuster ses perspectives et priorités personnelles.

J'en conçois toutes sortes de sacrifices adultes qui me font parfois sentir comme une extra-terrestre. Son bien-être mental passe avant mon bien-être financier. Ma liberté d'exister s'ajuste à son autonomie. Ce n'est pas tous les jours évident. Mais la voir passer les étapes d'enfance sans difficulté est ma récompense. Je me dis qu'investir en son enfance n'est pas peine perdue.

Depuis qu'elle est née cette subtile sensation m'habite: elle représente le futur, je serai son passé et notre présent fait le lien entre ces deux dimensions temps. La responsabilité que j'en ressens guide mes choix de maman.

Choisir la pige me permet de travailler de la maison (et de vivre dans un océan d'incertitudes professionnelles où nagent bien des requins). C'est un stress de fond quotidien. Je me dis qu'elle grandit pas mal vite et plus elle grandit plus je suis libre. Un jour, sa vie sera sienne et je retrouverai la mienne. En espérant ne pas avoir trop raté de ma vie individuelle en chemin.

Elle est d'ailleurs maintenant assez grande pour que je ne ressente plus de scrupules à aller passer une journée à Montréal pour un événement quelconque ou partir pour quelques jours en voyage de presse si l'occasion se présente.

Je prends le parti de m'ajuster à son rythme d'enfance et d'essayer de lui éviter des traumatismes inutiles. Je ne suis pas parfaite mais j'ai envie d'être digne avec elle. Et je suis loin d'être une mère laxiste en ce qui concerne la discipline. Avec les années qui passent je réalise même à quel point je suis sévère.

Assez sévère pour que ma coolitude personnelle en souffre. Je crois que la discipline est nécessaire à son bien-être (pas au mien par exemple). Je travaille à être juste et sévère. Si je perds patience et si je crie c'est avant tout mon erreur. Avant de devoir vivre avec une douleur chronique je n'ai jamais crié. À mes sens, hausser le ton est une bonne chose, crier est une défaite.

Depuis que je vis avec une incessante douleur faciale, ma patience en prend pour son grade. La discipliner devient plus compliqué. Mais je ne lâche pas prise. Je travaille à prendre de grandes respirations quand je sens mes nerfs lâcher sous la pression. Et je demande plus souvent l'aide de son père...

Comme je suis celle qui passe le plus de temps avec elle, je me retrouve aux commandes du commissariat familial. Si d'autres enfants se retrouvent en mon territoire, les mêmes lois enfantines s'appliquent. Réprimander un enfant qui n'est pas le mien en ma maison ne me pose aucun problème. Et je crois à la solidarité parentale en ce qui concerne la discipline à l'extérieur de mes quartiers.

Pour la petite anecdote, alors que je prenais l'avion pour un voyage de presse en Alberta se retrouve devant moi une mère avec sa tribu. Exaspérée, elle fait de son mieux pour gérer son garçon d'une dizaine d'années qui se fout royalement de ses consignes. Je sais combien elle a envie de s'arracher quelques poignées de cheveux. Venir à sa rescousse est plus fort que moi.

Je tapote l'épaule du gamin qui l'ignore joyeusement. Il se retourne. Avec mon ton ferme de mère gendarme je le regarde droit dans les yeux et lui dit: "Tommy listen to your mother!" Estomaqué, le voilà qui plie d'un coup sec. La mère me regarde avec gratitude et me remercie tandis que je lui adresse un sourire empli de compréhension. Je ne crois pas au jugement mais je crois à la solidarité maternelle.

L'obligation d'obéir

Ma puce, si facile pour l'extérieur, possède un sacré caractère. J'ai commencé à réaliser qu'il fallait que je la discipline avec le fameux "Terrible Two".

Les premiers temps furent difficiles mais je savais en mon âme et conscience que je devais affronter l'obstacle si je ne voulais pas me retrouver avec un petit monstre.

À l'époque, je me forçais à regarder ces émissions où viennent les "Nannys" à la rescousse. Voir à l'écran comment un enfant indiscipliné pouvait être intenable suffisait à me garder motivée.

Vers cinq ans les leçons de morale ont débuté. C'est l'évolution de la discipline d'enfance. Même malaise personnel de devoir m'y plier et même sentiment d'obligation. Pour son propre bien, je crois qu'il est bon qu'elle soit bien élevée. Qu'elle sache se tenir en public sans déranger la galerie. Qu'elle soit polie et respectueuse avec autrui. Ce qu'elle apprend petite, elle n'aura plus à l'apprendre lorsqu'elle sera grande...

Je peux aussi comprendre les parents qui laissent aller car c'est en effet bien difficile à tenir. Discipliner un enfant est une tâche complexe. Il faut être ferme tout en gardant son calme. La stabilité mentale est primordiale. Et pour discipliner son enfant il faut surtout commencer par se discipliner soi-même. Pas cool. Et puis il ne faut pas perdre la tête à force de répéter les mêmes choses dix mille fois par mois! Rien n'est jamais aussi facile qu'il n'y paraît.

Et non seulement ce n'est pas facile mais en plus c'est ingrat. Je sais combien il paraît naturel, de l'extérieur, que ma fille ne soit pas tannante. Mais il n'y a rien d'inné à la chose. Tout est acquis à la force de ma volonté et de mes nerfs. Me voir en pleine action de sévérité m'est douloureux de l'intérieur. Cela brime ma bohème personnelle. Je le fais non pas avec plaisir mais avec conviction.

Ainsi, j'utilise régulièrement des tableaux de comportements. D'ailleurs j'ai trouvé une super App sur le sujet dont j'ai écrit un article techno sur Branchez-Vous. Avec un concours pour récompenser les parents (pour ceux que cela intéressent)...

L'on élève notre puce seuls, sans famille externe. Ainsi est notre destin. Je discute discipline d'enfance avec l'homme sur une base régulière. Rester ferme et juste. Être punitive, récompenser les bonnes actions? Ce n'est pas évident de trouver le juste milieu. On en discute plus souvent qu'il en a envie. Ce qui peut donner lieu à quelques frictions.

On doit s'accorder pour faire front au défi. De son côté il aime être cool et comme il passe moins de temps avec elle, il préfère jouer que discipliner. Ce qui peut facilement m'énerver. De mon coté j'aimerais avoir le loisir d'être plus cool tandis qu'il serre la bride. Heureusement que l'on a les mêmes valeurs parentales car élever l'enfance peut réellement déchirer un couple fragile.

Mais que je peux rire en mon chignon lorsqu'il finit par se rendre compte qu'il doit aussi y passer! Quel soulagement pour ma pomme lorsqu'il porte son chapeau de gendarme quand elle s'amuse à tester ses propres limites.

De ce que j'en comprends, en mon expérience de maman, le naturel de l'enfant est de pousser les limites que doivent continuellement poser les parents. Il y a de quoi écrire bien des livres sur le sujet...

Le temps des devoirs et des routines scolaires...

Bref, alors qu'elle recommence l'école, revient la routine des devoirs. Le premier soir, elle me sort une attitude incroyablement désagréable. Cela suffit à faire sortir mon invisible bâton de gendarme.

Ce soir là, elle pousse si bien mes limites que je manque de péter une coche. J'arrive, de peine et de misère, à garder mon calme mais j'en fais le sujet de conversation du souper. Voyant combien je suis fatiguée de l'expérience, son père me soutient sans difficulté. Et c'est parti pour une leçon de morale peu agréable. Pas le meilleur souper de la semaine!

Le lendemain soir se passe comme sur des roulettes et je me souviens de cette phase rebelle qu'elle a eu autour de ses trois ans. Une phase où elle testait mes limites tous les trois jours. Une journée à se retrouver plusieurs fois par jour au coin et à me faire tourner en bourrique. Puis deux jours angéliques avant que ne recommence les caprices. Une phase qui a duré plusieurs semaines avant de finalement passer...

Cet été, j'ai aussi dû serrer la bribe plus souvent qu'à l'habitude. J'imagine que cela fait partie des phases de croissances mentales. Et si ce n'est pas la première, je sais aussi que ce n'est pas la dernière. Mais j'espère que le travail que l'on fait durant son enfance nous servira à l'adolescence. Car il y a une chose dont je suis certaine. On ne peut jamais retourner en arrière. Ce qui n'a pas été fait n'est plus à faire.

Je commence sérieusement à travailler avec elle sur le principe de confiance et de respect. Je désire instaurer un climat de respect qui me permettra de lui faire entièrement confiance quand viendra le temps qu'elle explore ses premières libertés d'ados.

J'en frissonne déjà à penser à tous les dangers mais je me dis que la seule chose qui est en mon pouvoir est de tisser une bonne relation avec elle d'ici là. Et de tenir la route de la discipline d'enfance même si ce n'est pas la route la plus cool...

5 commentaires:

Anne a dit…

Très joli texte, très clair, dans lequel je me retrouve sur les grands principes! Les phases de "rébellion", où l'enfant teste les limites sont cycliques au vu mon expérience personnelle... Mais tu as raison, ce qui est fait n'est pas à refaire!

Emmanuelle a dit…

Comme je te comprends...on a un peu plus de mal avec le deuxième qu'avec le premier :-(.
Mais ca reste difficile de trouver le mode d'emploi.
Comme dans la chanson de stromae, je pense que nous sommes beaucoup a savoir faire des bb mais pas forcément savoir comment devenir parent :-S.
Moi aussi je me dis quand je les sermonne que prefererais jouer et m'amuser plutot que de les préparer pour l'avenir.
Notre objectif est de faire d'eux de "bonnes personnes" tout en sachant ne pas se faire abuser par des "mauvaises personnes"...pas facile :-(.

Etolane a dit…


Merci Anne! Et ton expérience est grande! :) Les cycles de rébellion à la discipline sont une calamité parentale :lol:

Emmanuelle, après avoir écrit ce texte je me disais que le défi d'avoir à éduquer plusieurs enfants est encore une autre paire de manches! Sermoner me parait nécessaire mais c'est si chiant! Et puis il faut trouver le bon ton sans perdre patience, ouf... #solidarité :)

Céline a dit…

Mes expériences de garde d'enfants (même si je conçois que c'est encore une autre paire de manches avec les siens!) rejoignent complètement ton récit Etolane... je partage ta vision de l'éducation. Les enfants (et les ados) testent les limites en permanence... je le vois également dans l'enseignement.
Ta puce te sera reconnaissante un jour, assurément!

NoVaLiSa a dit…

Merci de partager toutes ces précieuses pensées...