Sa main dans la mienne...
Alors que les mois et les années défilent, je sens grandir la main de M'zelle Soleil au creux de la mienne. Et ces dernières semaines c'est un fait qui est flagrant à mes idées de maman. À chaque fois que je lui prends la main, je ressens une étrange sensation. Je réalise combien sa main dans la mienne grandit. C'est un petit détail qui me fait ressentir mille émotions. Et il n'y a pas que sa main qui grandit, sa compréhension et ses réflexions aussi...
Depuis plusieurs mois je médite sur l'idée (ou plutôt la non idée) d'un bébé. Plus je médite sur le sujet et plus le courage d'en faire un autre me manque. Physiquement, la force me manque. Le frôlement de la grande faucheuse à la naissance de mon petit soleil m'a profondément marquée. Les séquelles qui ont suivi ma survie sont encore bien vivaces en ma mémoire. Et alors que je commence à retrouver la liberté de mon corps (et de mon esprit), l'enchainer en une autre grossesse me donne envie de fuir. Financièrement c'est aussi bien compliqué, sans compter que la place manque en notre maison où un seul étage sur deux est rénové! Émotionnellement parlant, par exemple, c'est une autre histoire! Comme une subtile douleur qui enserre le coeur...
Surtout lorsque je regarde grandir ma fille et que je sens qu'elle ferait une bonne grande soeur. Que cela serait peut-être bon à ses jours. Sans compter qu'elle en rêve en couleurs...
- Maman, z'aimerais bien avoir une soeur pake ze suis seule...
Je marmonne une réponse incompréhensible tandis que je sens pincer la douleur en mon coeur. Et lorsqu'elle revient sur le sujet quelques jours plus tard:
- Maman, fais des autres bébés...
- Je ne sais pas si j'ai le courage ma puce.
- Mais ze vais te donner du courage moi!
Coeur en fonte et mère en sucre. Je décide alors qu'il est peut-être temps de communiquer davantage sur le sujet:
- Tu sais j'ai été très malade quand tu étais bébé...
- Ah! Oui?
- Oui, je suis allée à l'hôpital pour me faire soigner après que tu sois née car c'était grave...
- Ah! Oui? Et les docteurs t'ont soignée?
- Oui. Ils m'ont bien soignée...
- Mais c'est quoi qui serait arrivé si les docteurs t'avaient pas soignée?
- Je serai morte.
- Vraiment?
- Oui.
- Et z'aurai zuste eu un papa?
- Oui
- Oh! Maman, ze suis contente que t'es pas morte! Ze suis contente que tu sois ma maman!
- Moi, aussi je suis très contente d'être ta maman...
Elle se rapproche et me serre dans ses petits bras.
- Heureusement que les docteurs ils t'ont soignée parce-que z'aurais pas voulu être comme les enfants pauvres!
Je réalise alors qu'elle associe, en son monde d'enfance, le malheur aux enfants pauvres. Je la serre contre mon coeur qui bat la chamade et je me dis qu'il n'y a vraiment pas que ses mains qui grandissent...
17 commentaires:
C'est vrai que ça ne doit pas être facile quand la première grossesse a été difficile. En même temps, il n'y en a pas une de pareil :)
Mais en attendant je peux te prêter des petites soeurs :) C'est gratuit lol
Touchant ton billet..
Je te comprends bien. Dans le plus profond de mon coeur, j'aimerais d'autres enfants, j'aimerais encore sentir mon ventre qui grossi, un bébé qui y grandit et ensuite lui donner naissance..
Mais la réalité, la vie de tous les jours fait que moi non plus, je ne veux plus me relancer dans cette aventure...
Comme je comprends cette sensation... La petite main de ma puce n'est plus si petite. Heureusement, elle ne me demande pas encore de petit frère ou de petite soeur parce que moi non plus, je n'ai pas envie de revivre un accouchement... Billet très touchant.
Et pourquoi pas adopter si tu ne te sens pas le courage de faire un deuxième. ??
Je comprends ton inquiétude et ton envie. Qu'en pense ta moitié ???
Peut être que tu devrais consulter un médecin ou un psychologue pour voir ???
Anyway grosse bise a vous trois
Looange, en fait il y a la grossesse qui fut difficile et septicémie qui suivit l'accouchement. Et la septicémie, c'est toute une expérience! Cela a foutu à terre mon système, en fait les médecins m'ont soignée sporadiquement durant trois ans... L'autre jour j'ai rêvé que j'étais enceinte, genre dans le deuxième trimestre, cela allait bien! :) Et puis je me suis réveillée! ;) J'en ai parlé à l'homme et voir son expression séduite, mon coeur s'est resserré. Mais c'est aussi un tout complexe, il y a mon âge, son diabète et l'envie intense d'avoir un peu de répit...
Mais, okay, je prends les petites soeurs gratuites, M'zelle Soleil sera extatique! :lol:
Eve, oui c'est exactement cela la réalité de tous les jours ne s'accorde pas toujours avec les élan du coeur et c'est ainsi. Il y a aussi l'horloge biologique qui tique, j'ai 37 ans et pas vraiment le gout (ni les moyens) d'avoir un bébé maintenant, tout de suite, et puis avoir un bébé à 40 ans, ouf, pas sure du tout... Mais il reste cette sensation interne et une sensation de deuil... Je suis certaine par exemple que je ne suis pas la seule à vivre cette émotion. On a l'air pas mal dans le même bateau! ;) Enfin l'important est de profiter de ce que l'on a là, maintenant, tout de suite...
Marie-Julie, j'imagine. Sais-tu qu'entre ton cas et le mien on résume les deux premières causes de mortalité maternelle? Tu as de la chance qu'elle ne te demande pas. Cela me déchire un peu à chaque fois qu'elle m'en parle et puis cela remet tant de choses en perspectives ...
Emmanuelle, en fait dans les facteurs négatifs il y a le coté financier alors adopter n'est même pas dans l'arbre de nos possibles...
Juan est pas mal dans le même état d'esprit que moi. il est plus jeune mais diabétique. Pour lui, c'est un peu comme jouer à la roulette russe. Il est très heureux que M'zelle Soleil n'ai pas le gène mais l'on prend une chance à chaque essai. Et même si vivre avec le diabète n'est pas une tare, c'est une difficulté de vie. Et puis mes oeufs arriveront bientôt à leur date de péremption...
Il y a de ces réalités que l'on ne peut changer, de ces réalités qu'il nous faut accepter...
Le médecin pense que pour l'instant je suis encore trop fragile. Mieux vaut attendre. Peut-être dans un ou deux ans, mais là, moi je me trouve trop vieille! Un bébé c'est énergivore et je n'ai plus l'énergie de ma vingtaine. Coté psy, cela devrait bien aller! ;) J'ai une adorable fillette, je m'estime déjà très chanceuse.
Mais je ne peux m'empêcher de me demander si tu es cette Emmanuelle qui a voyagé entre la France et le Québec et que je n'ai pas vu virtuellement depuis longtemps! ;) Au plaisir de cette toile invisible qui nous lie...
Je partage tes inquiétudes et je fonds devant les réflexions de ton Soleil.
Elle est bien grande déjà cette petite poupée !
Quant à la seconde grossesse je suis au niveau de tes reflexions, sauf que moi je suis certaine d'en avoir envie, et je suis révoltée que seules les conditions matérielles (et aussi ma thyroide) nous mettent des batons dans les roues. On ne devrait pas envisager un enfant comme un cout...
Pensées et dialogues parallèles, ces jours-ci. Oui, elles changent, nos princesses...
Bonjour, j'ai eu deux enfants, pour le premier tout c'est bien passé mais pour le deuxième cela a été affreusement difficile avec un risque de trisomie, une suspicion de nanisme et j'en passe, une grossesse n'est pas toujours rose et facile. Bon courage.
Comme je te comprends... Dernière j'écris sur la grossesse et je crois que mon désir d'enfants est encore si présent...
Nostalgie :0))
Superbe billet
Toi seule peut répondre à une pareille question. C'est quand même une victoire pour les femmes, il y a 50 ans, les femmes ne choisissaient pas, elles avaient des enfants.
Moukmouk, oui c'est vrai mais il y a 50 ans, je n'aurais pas vécu assez longtemps pour me poser cette question puisque je n'aurai pas survécu à mon accouchement... ;)
Vero, merci, oui j'ai vu. C'est que le désir d'enfant se confronte à la réalité et que parfois il ne s'accorde pas...
Luna, ouf cela n'a pas du être facile pour toi et au final tout était correct? En fait en mon expérience, le bébé était toujours parfait, en bonne santé mais c'est moi qui allait mal et après sa naissance à chaque fois que je me retrouvais à l'hôpital j'étais contente que cela soit moi qui aille mal et pas elle...
J'envie un peu celles qui sont capable d'enfanter à la suite, sans problème...
Anne, être femme et maman, des concepts que l'on réfléchit virtuellement! :) Oui, elles changent et nous entrainent avec elles! ;)
Blandine, je t'avoue que si la maison était rénovée, qu'il y ait une chambre prête à accueillir un nouveau bébé et que notre compte en banque soit garni de façon à ne jamais s'en soucier, je crois que cela me donnerait plus de force pour affronter l'épreuve physique mais comme ce n'est pas le cas...
Je ne veux pas non plus enlever le pain de la bouche de ma fille. Un jour une dame avec qui j'en parlais m'a dit: "Mais les ainés sont toujours sacrifiés pour les petits derniers!" Et j'imagine que dans le temps c'était vrai. Mais je refuse de sacrifier le futur de ma fille après m'être tant investi dans son présent! Financièrement présentement c'est impossible et c'est vrai que cela pèse aussi lourd dans ma balance. D'un autre coté, les enfants c'est pas le tout de les faire (même si c'est déjà toute une paire de manches) encore faut-il les élever... Dixit ma Mère-Grand au ciel... Et en notre monde moderne, élever un enfant n'a rien de gratuit et je suis pas mal sure que plus l'enfant grandit, plus cela coûte cher... Par exemple si l'envie est très forte et que ton physique te le permet, je te souhaite de pouvoir le faire bientôt. ET sinon tu pourras venir dans mon club! ;) Parce-que même s'il ne faut jamais dire "Fontaine je ne boirai pas de ton eau" Je ne suis pas sure que je vais arriver à retrouver le chemin de la fontaine avant que mes oeufs ne soient périmés!!!
Tu sais Sandra, je te comprends tellement. J'aurais aimé avoir trois enfants, mais je n'en ai eu qu'un seul. Un merveilleux fils.
Cependant, comme pour toi, l'accouchement a été très difficile: 36 heures de travail intense, suivies d'une césarienne. Puis, des complications par la suite ont fait que j'ai été alitée 2 ans, avec plusieurs hospitalisations.
Mais lorsque mon petit a eu 4 ans, je me suis mise à y penser encore. Je voulais un autre enfant et j'oubliais toute cette souffrance physique que j'avais subie pendant plusieurs années (???).
La vie en a voulu autrement avant que nous nous décisions moi et mon conjoint, puisqu'il y a eu séparation de couple plus tard.
Ce deuil à faire en lien avec l'acceptation de ne plus jamais enfanter nous tord les boyaux. Mais tranquillement, toutes les autres joies de la vie nous font oublier cet état de fait. Il est tellement important de savourer cette vie en forme et ce, autant pour nous que pour toute la famille.
Mon fils, très jeune, réclamait un frère. Quelques années plus tard il me disait être content d'être seul. Tu vois, cela change selon l’âge. Et aujourd'hui, ce n'est pas comme avant d'être enfant unique. Ils ont tellement d'amis avec tous les différents type de communication qui existent (ex.: Web). Ils développent de très belles amitiés, quelquefois encore plus fortes qu'entre frère et sœur.
Mais je te comprends, car lorsque je te vois te questionner à ce sujet, je sens très bien des petites gouttes de 'cœur saignant' dans tes textes.
Aujourd'hui, je ne regrette aucunement le fait d’avoir eu un seul enfant. C'est déjà un très gros cadeau de la vie d'avoir pu enfanter, ne serait-ce qu'une seule fois.
Bonne chance Sandra, mais je sais que tu (avec ton homme), prendras la bonne décision. Tu es consciente de ces étapes de deuil à venir dans le cas où tu décidais de ne plus avoir d'enfant, et c'est un pas dans la bonne direction.
Bonjour, je découvre ton blog et ta note très touchante,
au plaisir de te lire !
Touchant ce message... Il me fait réaliser la chance que j'ai d'avoir eu un deuxième.
J'ai juste envie de te dire combien je suis heureuse de savoir que tout va mieux pour toi et que tu as une merveilleuse fille qui grandit vite! J'adore la façon dont elle aborde la vie !
En fait je suis l'énorme skaribou enceinte de 7 mois a qui tu avais fait découvrir ton merveilleux lac.
Je comprends la galère financière . Nous on s'est lance quand meme mais niveau santé on est ok même si ma moitié porte lui aussi un gêne "pourri".
Peut être que dans deux ans te santiras plus prête que jAmais ?? Et que tu auras gagne au 649 ??
En tous cas profitez bien nous on aime bien etre 3 et on aprehende le passage a 4 !
Joiedevivre, merci de ces mots qui me rappellent que je ne suis pas la seule à ressentir ces émotions paradoxales. Alors tu as eu aussi une expérience d'enfantement pas facile...
J'avoue que pour l'instant je profite de cette bulle d'Enfance que Lily nous offre et j'ai du mal à me visualiser le jour où elle sera grande courra la galipette comme disait ma grand-mère! :)
Merci de tes bons mots qui me font du bien au coeur et à l'âme...
Camaienne, merci de ce petit signe de vie. Au plaisir des mots partagés...
La Belle, j'avoue que je t'envie un peu même si je peux imaginer que c'est bien de la job. Si ma santé ne m'avait pas fait défaut... Merci de tes mots. C'est vrai que je suis fière de ma fillette et qu'elle ensoleille ma vie. :D
Manue, ben oui don, c'est que je juste habituée à te voir en skaribou ici! Si je gagne au 649 (bon faudrait que je commence à jouer) possible que je me relancerai, avec crainte... Je suis contente que ta grossesse se passe bien. Bien hâte de lui voir la binette à ce petite 4ième. :)
Je crois que l'envie d'enfanter est présente durant bien des années et c'est tout à fait naturel.
J'aurais aimé avoir 3 enfants, c'est plutôt mon ex qui a décidé que 2 ça suffisait. J'ai eu cette envie pourtant durant bien des années par la suite.
Ton questionnement est normal, il faut juste que ça ne tourne pas à la torture hein! Bises!
Enregistrer un commentaire