Il y a dans le club de Gym de Miss Soleil, une trisomique, athlète para-olympique, qui m'émeut aux larmes à chacune de ses prestations par sa grâce et la fluidité de mouvements.
À chaque fois que je la vois performer devant moi, des larmes coulent. Larmes d'émotions de voir l'impossible être possible sous mes yeux.
J'aime les exemples d'impossibles qui s' inscrivent en ces arbres des possibles de nos réalités humaines.
C'est pour cette raison que je me suis abonnée à la page Facebook et le compte Instagram de cette jeune fille, Madeline Stuart, trisomique de naissance, débute une carrière de mannequinat en Australie.
En l'invisible de nos virtualités, je l'encourage avec âme, cœur et conscience. Elle me touche tout comme la jeune femme du club de gym de la Miss.
Je me rappelle mon enfance en ce petit village jurassien, avec en son sein, une institution pour jeunes trisomiques.
On les voyait souvent se promener en file indienne dans les rues du village. C'était l'époque de mon primaire...
Ils piquaient ma curiosité lorsque je les voyais ainsi se balader dans les rues. Certains passants détournaient le regard, d'autres évitaient de les regarder et le nuage de malaises qui se baladait au-dessus d'eux m'interpellait. Ma grand-mère les appelait les "papillons blancs", du nom de l'institution qui les hébergeait. D'autres les appelaient plus méchamment "la troupe de mongoles".
Du coup, j'étais encore plus intriguée. Je n'y comprenais rien. Ma grand-mère me disaient qu'ils étaient doux et gentils. D'autres me disaient qu'ils étaient juste laids et stupides. Moi je les trouvais souriants et étranges. Les vieux disaient que c'étaient les enfants du bon Dieu!
Finalement je ne sais plus qui a pris la peine de m'expliquer le concept de trisomie. J'ai alors compris qu'ils étaient juste nés comme ça! Mais cela m'a pris quelques années pour ne plus appeler un trisomique, papillon blanc. Je trouvais ça plus joli papillon blanc...
Mais je garde de mon enfance la conscience des préjugés et de la méchanceté de beaucoup envers eux. Ce qui m'a toujours bien attristée. Et je suis contente de voir qu'à notre époque moderne, la trisomie n'est plus une telle fatalité et que plusieurs la dépassent pour s'épanouir et de cette façon, ouvrir et élargir nos horizons humains...
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