jeudi, mars 29, 2007

des ondes...

La musique est la vapeur de l'art. Elle est à la poésie ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l'océan des nuées est à l'océan des ondes.
Victor Hugo

Qui serait assez téméraire pour affirmer que nous connaissons et percevons toutes les forces, toutes les ondes et tous les moyens de communications ?
Hubert Reeves

Chacun de nous est un petit émetteur-récepteur qui s'ignore.
Michelle Guérin

D’ondes et de ménage.

D’ondes et de ménage.

L’enfant endormie, je vais à pas de loups dans la cuisine, je croise le génie du ménage au coin de la table. Sa minuscule tête posée entre ses minuscules mains, sa peau iridescente dans la lumière, il respire la tristesse à plein nez. Je m’assois, je le regarde, il lève la tête. Je rencontre son regard fluorescent, une larme d’ivoire coule sur sa joue et se dépose au bout de son petit menton pointu. Je lui demande :

- Bon, c’est quoi ton problème?
- La maison est un vrai champ de bataille…
- Ah!

Je contemple l’ampleur des dégâts, c’est un fait, le bordel règne. Devant moi traîne une chaussure d’enfant accompagné du sel en ballade. Un peu plus loin un torchon sale côtoie le courrier en vrac. Par endroits le plancher est jonché de bebelles colorées, une pile de linge attend son tour. Après quelques secondes de silence, il enchaîne :

- Tout est à l’envers! Cela me désespère.
- Ouais, j'avoue, c’est pas glorieux mais bon, y’a pas à s’en faire une maladie non plus! Tu n’exagères pas un petit peu là? C’est quand même pas si pire! Y'a vraiment pas de quoi en faire une montagne! Pis tu ne prends même pas en compte ma chiante sciatique et les «ragnagnas» sanglantes! T’es pas super cool non plus! Même que plus j’y pense et plus je trouve que c’est vraiment pas si pire! C’est un bordel contrôlé mon cher!!!
- C’est que tes ondes m’alarment aussi. Elles m’inquiètent…
- Mes ondes?
- Oui, je suis ton génie attitré depuis quelques années déjà, je connais chacune de tes profondeurs, en ma qualité surnaturelle, je m’occupe plus souvent de ton abstrait que de ton concret…
- Ah! Mais c’est un peu n’importe quoi, tu es un génie du ménage! Je te rappelle que le ménage est un concept matériel. Alors qu’est-ce que mes ondes ont à voir là au milieu? Je fais le ménage ou je le fais pas, point! C’est quand même pas sorcier comme tâche à surveiller!!! Faut pas charrier, t’es pas non plus un ange divin tombé du ciel!

Je le vois prendre une grande respiration, il fait papillonner ses minuscules ailes argentées, il me regarde avec insistance. Il esquisse une sorte de sourire avant de poursuivre:

- Le ménage n’est qu’un symbole, le terrain commun de nos compréhensions, il est la porte d’entrée par laquelle nous communiquons. Je n'ai jamais abordé ce sujet avec toi, peut-être est-ce le temps que nous approfondissions notre relation. Tu sais bien que rien n’est si simple dans l’univers. Je possède des pouvoirs qui me permettent de te voir en transparence, rien ne m’échappe et tes ondes sont en ce moment…
- Ah! Okay, parfait, merci! Je vais réfléchir à mes ondes un de ces quatre! Mais dis, ça te dirait pas de me lâcher la grappe deux minutes? T’as pas d’autres humains imparfaits à embêter les surfaces? D’ailleurs rien que pour le plaisir de te faire taire je vais tout de suite remettre de l’ordre dans la maison, justement faut que je le fasse pendant que dort l'enfant, allez, zou, de l’air, va voir ailleurs si j'y suis…

Je me lève pour ramasser un livre, un ruban, une boite, un cube, une tasse, une chaussette, bref, tout ce qui traîne sur ma route! En un pouf discret je l’entends disparaître. Je m’assois sur le divan et en un soupir je dépose ma tête entre mes mains…

mardi, mars 27, 2007

Soupçons de printemps

Soupçons de printemps

D'or-et-de-béton


Dans la fonte des neiges se reflétent les douceurs de la prochaine saison. Une vive lumière réchauffe l'atmosphère qui réveille les esprits assoupis. Sur mon chemin, une flaque miroite des reflets d'or. Des bourgeons d'espoir chatouillent les monotonies de ma peau. D'un revers de pensée, j'essuie les larmes de l'hiver qui se meurt...

Stimulations…

Stimulations et petits chatons…


Les températures dépassent de quelques degrés la barrière du zéro pour la première fois depuis des mois. Le ciel est gris, chargé de fine pluie, l’atmosphère de fonte monotone ne m’inspire guère. J’ai un petit soleil qui brille dans ma maison. Il me force à prendre l’air. L'on est rendu à cette période grise où l'on se demande si l'on reverra un jour la pelouse! Les dunes de neige se ramolissent. Les enfants glissent. Goutte après goutte, l'hiver fond. C'est long...

Lily-et-Raphy-IIILily-So-II

Son manteau dans une main, son pantalon dans une autre, elle me tend ses habits avec sa volonté se sortir. Elle regarde par la fenêtre, se dirige vers la porte d’entrée, revient m’expliquer des choses en son langage qui se dessine. Son petit manège qui m’amuse. Elle n’a pas besoin de verbaliser son envie pour que je la comprenne parfaitement. Le printemps l’appelle. J’en comprends l’instinct. Nos journées sont emplies de fascinations. Les siennes pour cet univers qu’elle découvre, les miennes pour elle qui me ressource le cœur. Je sais la fugacité de la petite enfance. Tous ces premiers moments que je vis à ses cotés sont à la hauteur des sacrifices qui me permettent de lui consacrer le fil de mes jours.

Avec elle, je vis mes jours dans « l’émotionnel ». C’est une étrange expérience. Mes choix de vie présents sont les fruits de mon passé. Je comprends ces acquis que j’assume. En accord avec moi-même, j’oublie que je nage souvent à contre-courant. J’explore ces sensations qui font de moi une mère. Je les apprivoise, je les assimile, je me stabilise. Les cicatrices de mon enfance s’effacent. Les rebellions de mon adolescence s’ajustent avec l’adulte devenu. Je suis femme.

L’enfant patauge dans les flaques d’eau qui se forment entre deux textures de glace fondante (ou pilée). Je me souviens avec précision de ces temps lointain où je sautais à pieds joints dans les flaques qui se trouvaient sur mon chemin. Je la laisse profiter de ces premières sensations sans intercéder. Ses sourires rayonnent sous la grisaille du ciel. À seize mois, la vie est pure comme de l’eau de source…

Les minuscules chatons attirent les enfants du coin qui n’en finissent plus de visiter mon placard! Lily-Soleil les imite avec bonheur. Elle copine avec Raphy, la plus proche voisine âgée de cinq ans, aussi jolie que délurée. Raphy qui n’en finit pas de papoter sa vie et qui entraîne mon petit bout de fille dans son sillage enfantin. Un duo à surveiller de près car la connerie n’est jamais bien loin. Patty, âgée de neuf ans, arrive du bout de la rue, ses visites sont moins fréquentes. Elle est plus responsable, elle adore ma ménagerie, et aime bien discuter des choses de la vie, parfois sa petite sœur Cri-Cri, cinq ans l’accompagne. Celle-ci est une fillette timide, le regard cachée derrière des lunettes à gros foyers, elle parle peu. Elle aime brosser Chanelle. Ainsi, certains jours, ma cuisine se transforme en une sorte d’« animalie-garderie » qui ravit mon petit bout de fille en devenir.

Avec ces petites filles qui défilent dans ma maison, j'aperçois des soupçons de futur. Je réalise ce qui m'attend. J'espère que le temps ne passera pas trop vite même si je sais bien comment il file entre les doigts...

Raphy et les chatons
Raphy et les chatons

dimanche, mars 25, 2007

Remue-méninges

Remue-méninges

Les disparités que je constate entre les sociétés humaines me troublent. Nos perceptions évoluent au fil de la Science qui élargit son empire (et qui nous en fout plein la vue). "La Science", nouvelle Évangile, que j'imagine souvent comme une monstrueuse pieuvre, gourmande, avide, dangereuse. La planète, prise dans le tourbillon d'une incroyable révolution technologique, se rétrécit irrémédiablement. Pourtant les fossés qui séparent certains peuples s’approfondissent rapidement. La planète est en pleine ébullition humaine. De plus en plus, les différences qui nous éloignent les uns des autres me sont choquantes.

Ainsi entre l’américain friqué qui scintille de mille folies, le paysan asiatique qui trime derrière ses bœufs, l’africain démuni sans eau courante ni électricité, le sud-américain oublié sur sa barrière des Andes, entre tous ces individus, d'immenses fossés n’en finissent plus de s’ouvrir. Tant et si bien que l’on pourrait presque croire que l’on ne vit pas tous dans le même espace temps ni sur la même planète! Même si le progrès, pour ceux qui y ont accès, uniformise les cultures et rétrécit les distances, ceux qui sont en marge de celui-ci se retrouvent complètement déconnectés de nos réalités (et nous des leurs). Les fossés n’en finissent plus de se creuser. Qu’est-ce le concept d’un ordinateur pour l’enfant marocain qui fait brouter ses chèvres sur la montagne aride et qui vit plus près du Moyen-âge que de l'ère spatiale?

Il y a encore 150 ans, les différences entre les peuples des différents continents n’étaient pas si flagrantes. Dans le fond, sans électricité ni eau courante tout le monde est pas mal logé à la même enseigne! Les traditions changent suivant les cultures qui ne se ressemblent pas mais le fonctionnement de la vie reste similaire partout sur la planète. Avant l’ère industrielle et ses délires technologiques, il y avait bien les fossés creusés par le concept de l’argent et du pouvoir et peut-être aussi par celui du Savoir, mais tout le monde devait puiser son eau, voyager à cheval ou par bateau, manger ses produits locaux selon les saisons, laver son linge à la main, s’éclairer à l’aide de torches et de bougies, écrire à la plume, etc.…

Ces modes de vie peuvent désormains nous sembler si loin, si archaïques pour celui qui se cache derrière l’écran de la machine et pourtant, c’est encore le réel présent de certains peuples vivant sur Terre. Et désormais, entre ma pomme des bois, vous qui lisez ces mots, nous qui vivons comme des rois au rythme d’une frénésie virtuellement démentielle et ces gens aux mœurs et aux habitudes d’un autre temps, les fossés qui nous séparent sont devenus vertigineux.

Tant qu'ils m'effrayent et m'inondent de malaises confus. Trop y penser m’entourne l’esprit, me donne une certaine nausée. Des frissons parcourent ma peau troublée par les émotions qui s’enchaînent sous le flot de mes lucidités. Le vertige est si proche que ma raison vacille.

« Passer (sauter) du coq à l'âne »

L'expression de la semaine se décline sous un classique que j'utilise depuis des lustres. Un classique qui se révèlerait si ancien que l'origine s'en est évanouie du savoir collectif...

EXPRESSION
« Passer (sauter) du coq à l'âne »

SIGNIFICATION
Dans une discussion ou un écrit, passer brutalement d'un sujet à un autre, sans transition ni liaison. Par extension : tenir des propos incohérents.

ORIGINE
Ceux qui ont été confrontés à l'éducation d'adolescents savent que ceux-ci sont prompts à (tenter de) passer d'un sujet qui les dérange ("où en es-tu de tes devoirs ?") à un autre sans aucun lien qui les intéresse ou ne les met pas en difficulté. Le passage du coq à l'âne, ils savent parfaitement le pratiquer quand cela les arrange. Malheureusement, aujourd'hui, le pourquoi de l'âne opposé au coq s'est complètement perdu et il semble n'exister aucune explication réellement satisfaisante de la présence de ces deux animaux dans l'expression.

Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle est très ancienne, puisqu'au XIVe siècle, on disait déjà "saillir du coq en l'asne", puis au XVe, "sauter du coq à l'asne". Duneton, sans pouvoir en apporter de preuve, évoque une possible confusion entre l'âne et la 'cane' (la femelle du canard), parce que, jusqu'à la fin du XIIIe siècle, l'âne désignait la cane. Mais l'asne (le baudet) se prononçant de la même manière, puis se transformant ensuite en âne, c'est lui qui serait resté dans les mémoires. L'ancienne version de l'expression (avec 'saillir') aurait alors évoqué des rapports bizarres entre un coq et une cane, mais sans qu'on puisse vraiment établir un lien avec la signification qui nous en reste.

jeudi, mars 22, 2007

Brève de comptoir.

Brève de comptoir

Après une excursion nocturne en un palace de glace, je me suis couchée au chaud dans mon lit et j’ai rêvé d'aventures torrides à Miami…

Sous les étoiles...

Sous les étoiles...

Ice-hotel-II

L’enfant est chez sa Mère-Grand, me voilà seule pour la première fois depuis longtemps. Mes premières heures de liberté sont creuses. Le cœur me tiraille douloureusement la raison. Un peu perdue, je retrouve une solitude oubliée. Il y a toutes sortes de solitudes sur Terre, certaines sont aussi plaisantes que d’autres sont malsaines. Il y a toutes sortes de solitaires sur Terre…

Entre deux tortures d’esprit, j’en profite pour vilipender l’esprit du ménage qui n’en finit pas de m'ennuyer avec ses regards lourds de sous-entendus. Ses petites ailes frôlent mon bras nu, il essaie de se poser sur ma main, je l’envoie valser sans prévenir. Il est si tenace que je finis par capituler. J’embarque sans entrain dans ces tâches ingrates qui font de moi une bonne femme de maison. Enfin s’il y a une chose de sûr, c’est que ce sont des tâches beaucoup plus faciles à effectuer sans un bambin accroché à ma jupe! La journée se passe. L’enfant au téléphone est en pleine forme. Mon cœur se serre lorsque je raccroche. Une petite voix pas très gentille me taraude l’esprit, je lui fais les gros yeux. Suis-je une mère indigne pour apprécier ces instants tranquilles?

L’homme arrive de la ville avec les victuailles pour notre soirée givrée. Sushis, pâtisseries et Amarula seront de la partie. L’on se prépare à partir. L’on se change dans la chambre pour enfiler de chauds habits. En effet, avec cette vilaine habitude de porter des jupes à la maison, je ne suis pas du tout en accord avec la saison ni avec l'expédition à venir! Juan enlève son costume de travail pour enfiler jeans et pulls. Savane-A, grosse comme un baril, me passe sous le nez pour rejoindre Nougatine dans un coin.

Mon petit doigt me chuchote des choses à l’oreille. Savane-A est bizarre, elle se frotte contre Nougatine, elle semble un peu effrayée. Il ne me faut pas longtemps pour réaliser que le moment crucial est arrivé. D’ailleurs tiens, n’est-ce pas une contraction qui s’en vient juste là? Éh bien oui, c’en est une!

- Juan, je pense que c’est le temps que tu ailles chercher une boite en bas, cela s’en vient! Et cela s'en vient vite!!!!


Sans se presser, il finit de s’habiller. Savane-A se tortille le derrière.

- Juan, je réitère, je pense que cela s’en vient comme maintenant!!!!
- Ouais, ben c’était évident, c’est juste le soir où on a pas de bébé! Il fallait bien qu’elle se décide à nous en ramener là!!! Me lance-t-il en sortant dehors.

Il revient avec une boite juste à temps, elle vient de perdre ses eaux. Il vide le fouillis du fond de placard. Ahah! Voici un endroit qui a échappé aux remontrances du génie du ménage! Il pose Savane-A dedans, il la rassure. Nougatine semble s’être chargée d’accompagner sa fille dans ce premier accouchement. De tous ceux que nous avons eu à la maison, c’est la première fois que je vois un tel comportement de la part d'une ainée. C’est touchant presque troublant. Nougatine léchouille Savane-A qui pousse en silence, elle inspecte la boite, le placard, tout semble sous contrôle.

- C’est bizarre on dirait que Nougatine l’aide de son mieux et Savane-A n’a pas l’air de paniquer du tout…
- Ouais, j’ai encore jamais vu ça non plus! Ah! Tiens, en voilà un de sorti!
- Elles ont du se parler préalablement. N’empêche quand on dit accoucher comme une chatte, ça fait du sens à la voir aller! J’aurai bien aimé accoucher si facilement! Bon! On y va parce-que sinon on ne se rendra jamais…

L’homme qui grogne parfois de mes élans félins est presque ému, tout doucement, il caresse l’animal en plein travail. Nougatine veille au grain, tout va bien. Nous partons l’esprit serein.

Ice-LandCosy-in-Ice

Quelques minutes plus tard nous voici à la réception de l’hôtel pour prendre possession de notre suite de glace. Le portier est un copain, qui de plus est un voisin, tout content de nous voir arriver, il est aux petits soins. Notre suite est prête. Deux énormes sacs de couchage sont posés sur les fourrures qui recouvrent le lit fait de glace. Des bougies scintillent et la porte qui mène vers la terrasse est déverrouillée. Sous les étoiles, un sauna se réchauffe et un spa tourbillonne. C’est luxueusement surréaliste.

L’on va chercher notre cocktail au bar. Alors que je me ballade les yeux dans mon objectif numérique, Juan s’amuse avec un bloc de glace! Dans un coin de la discothèque, une douzaine de personnes font de même. Exploration d'un thème! Avant de te coucher, pour te mettre dans l’ambiance, tu reçois un petit bloc de glace dans lequel tu peux figer l’instant présent. L’homme s’amuse comme un petit fou, il adore cela. Une sympathique animatrice dirige cet étrange atelier. Elle demande à Juan :

- Ah! Tu as l'air d'avoir une idée de ce que tu veux sculpter!
- Oui, je fais un chat, en honneur du mien qui accouche à la maison…

Je vagabonde en solitaire. J’erre dans les couloirs secrets de l’hiver apprivoisé. Le silence est maître des lieux. Le gigantesque igloo étouffe tous les bruits ambiants, l’air est glacé, il ravigote. La nuit est déjà bien entamée. L’on se rejoint devant les flammes de notre cheminée privée. Il pose son oeuvre féline dans la chambre. J’utilise l'un des énormes sacs de couchage comme dossier douillet. J’ai pris soin d’amener une douce couverture pour me couvrir les jambes. Je n’ai pas oublié mes gants. Un verre de glace à la main, j’absorbe l’atmosphère surréelle. Cela fait si longtemps que l’on a pas passé une soirée seuls, sans bébé, sans amis, juste ensemble. J’apprécie ce délicieux moment. L’on s’amuse les sens sans penser à rien, juste à nous deux, en harmonie. L’on se prépare à se déshabiller…

Pas évident de trouver l'envie de se mettre à poil quand la température de la pièce tourne autour de – 5 et qu’il fait un bon -10 (-15?) dehors! Juan va chercher nos peignoirs à l’accueil. Je m’enferme dans le sauna. Douce chaleur qui donne du courage au cœur. Merveilleuse odeur de cèdre qui me remplit les narines et me rappelle ces longs mois passés à écrire dans ma petite maison de bois joli. Je suis prête. Juan revient avec les peignoirs. C’est le temps de se dévêtir. L’on rigole à s’entortiller dans le petit espace qui nous abrite. Nus comme des vers, l’on hésite quelques secondes avant d’ouvrir la porte. L’on se précipite dans les marches de neige pour accéder à ce petit promontoire où règne le spa des rêves de l’homme. Le froid pince la peau avec autorité. Je mets un pied dans l’eau brûlante, ouf! C’est vraiment chaud. Le contraste me prend par surprise mais le froid me pousse les fesses. Je m’assois dans l’eau claire. L’homme prend plus de temps, il a les « coucougnettes » qui résistent à la subite chaleur. Je ris. Comme ne pas m’amuser de le voir nu sous les étoiles. Mon coeur bat la chamade. L’on s’installe confortablement. Il me pointe la Grande Ourse juste au dessus de nous. Que de sensations étonnantes…

L’heure qui suit se savoure dans un amusant jeu de contrastes, entre sauna et spa, vapeur et froideur, chaleur et congélateur! C’est toute une aventure sensorielle!!! L’on en profite comme des gamins, l’on se retrouve, comme avant, l'on se détend. Cela fait si longtemps que nous n’avons pas été si insouciants, spontanés, légers. Lorsque l’on devient parent, c’est ce qui prend le bord en premier: l’insouciance et les moments spontanés. Lorsque l’on ne pense à rien d’autre qu’à exister selon ses envies passagères, lorsque l’on n’en fait qu’à sa tête! Une fois bébé arrivé, c’est au pas de la routine et de l’organisation qu’il faut marcher. Et c’est sans compter les tourbillons d’émotions qui se mettent dans le chemin!

La nuit s’écoule doucement, l’on sait pertinement que l’on ne dormira pas là. Pour l'avoir déjà expérimenté une fois l’année dernière, l’idée de me retrouver saucissonnée dans mon "sac momie" ne me tente guère. À vol d’oiseau, mon lit douillet est tout près. La tentation est trop grande pour y résister. Tout guilleret et passablement fatigués, nous nous rhabillons et nous rapportons nos peignoirs mouillés. Le concierge de nuit nous demande :

- Mais vous avez un back-up, une chambre au domaine?

L’on ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Juan répond.

- Oui on a le back-up de notre lit à la maison! On habite au village à coté…

Aux petites heures du matin, l’on retrouve la chaleur de notre maisonnée. Savane-A a eu six petits qu’elle a cachés précieusement au fond du placard. La boite où elle a accouché est propre tout comme les petits endormis. Il ne reste qu’une serviette souillée qu’il sera facile de laver. L'animal a mis bas sans soucis pendant que nous nous amusions dans la nuit et que la petite découchait! Finalement tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes! Et que je suis heureuse de ne pas devoir vivre dans un igloo aussi grandiose soit-il!!!

My creation

L’on se glisse dans la chaleur du lit qui nous accueille majestueusement. Notre peau est toute douce de cette étrange soirée passée entre eau brûlante et nuit glaciale. Sa main vagabonde. Sans résister, je le laisse m’emporter au creux de ses désirs…

mercredi, mars 21, 2007

Nouvelle saison !?!

Nouvelle saison !?!
(dans mes rêves les plus fous)

Aujourd'hui, les saveurs du printemps me passent par dessus la tête sans même m'effleurer un seul cheveu. J'ai la pomme qui givre. Point de rosée: -28. Qui dit mieux au bataillon des frigorifiés? Aujourd'hui, officiellement, c'est le printemps! Ah bon! Je ne l'avais tout simplement pas remarqué!!!

Sur la route...

Sur la route...

Du village congelé aux glaces du fleuve St-Laurent, l'hiver s'étire...



Plus de vidéos...

mardi, mars 20, 2007

Fille polaire

Fille polaire

Mots soufflés à l’aube du printemps qui n’est définitivement pas arrivé par chez moi! Ce matin, de violentes bourrasques de neige secouent les arbres de la forêt. L'atmosphère se tourmente. Les gigantesques flocons caressent les fenêtres au rythme des courants qui les entraînent. L’on se rapproche du zéro mais le paysage est hivernal à souhait! Un bon mètre de neige recouvre ma pelouse et la transforme en un désert de petites dunes blanches. L’atmosphère est poudreuse, un bon dix centimètres est tombé durant la nuit…

Je me dénoue les nerfs à l’aide de quelques savants raisonnements. L’enfant fait ses dents. Les journées ne sont pas de tout repos. J’ai oublié à quoi ressemblait le printemps. Enfermée dans ma bulle d’hiver, je flotte hors du temps. Une nuit de glace m’attend. Dans quelques jours, nous profiterons de l’un de mes privilèges en tant qu’ambassadrice de l’hôtel. Nous régnerons quelques heures dans la super-mega suite! Hum! On reste quand même bien loin du Ritz! En fait, c’est un palace version igloo! On traverse les frontières de la dimension polaire.

Cette année, l’hiver, même s’il a débuté doucement, a été assez rude pour bien conserver l’éphémère palais de glace. La super-mega suite est dotée d’un foyer et d’une terrasse fermée avec spa, sauna et vue sur le lac gelé (on ne sera pas trop dépaysés puisque si je suis le crissement de mes pas dans la neige ci- dessus, je traverse le grand lac en une quarantaine de minutes et je tombe direct sur la super-mega suite!). Une immense chambre aux murs de neige et aux meubles de glace juste pour nous! J’avoue avoir hésité à offrir cette suite à des amis qui en rêvent, parce-que bon, je sais pas jusqu’à quel point mon moral peut encore supporter d’hiver! Cependant l’homme, qui d’habitude rechigne à la chose, est cette année des plus motivés. Il tient mordicus à cette soirée.

Monsieur veut absolument profiter de ce spa privé. Ses petits sourires coquins en révèlent long sur ses intentions. Séduite, je flanche. Nous irons donc nous geler le bout des fesses. À nous l'hiver! On va s'en siroter une dernière dose avant de le voir fondre. À moins que cela soit nous qui fondions les premiers! De mon coté, c’est la cheminée que j’aurais tendance à préférer. Le contraste des flammes contre la glace, du feu dans la neige, c’est une sensation surréaliste dont je suis gourmande. La nuit s'annonce chaude.

Entrance
À suivre…

Théme de glace...

Glace : matière à réflexion.
Léo Campion

La pensée se glace en se traduisant en phrases.
Gérard de Nerval

Beaucoup de personnes cherchent à se représenter l'infini. Imaginez deux glaces ayant les mêmes formes et dimensions, posées en face l'une de l'autre : l'infini est le reflet qu'elles se renvoient.
Francis Picabia

lundi, mars 19, 2007

Reconnaissance.

Reconnaissance.

Un tout petit mot pour remercier ceux et celles qui ont ajouté leur grain de sel à mon irritation virtuelle. À ceux qui m’ont envoyé un courriel, je vais faire mon possible pour y répondre rapidement. Une nouvelle semaine commence, l'hiver persiste et signe le jour, l'enfant sieste, la poussière retombe…

La jeune fille en question a retiré sans autre forme de procès mon contenu de son site. Je ne m'attendais pas à plus. Il aura suffit d'une petite gueulante pour que les choses rentrent dans l'ordre mais qu'aura-t-elle retiré de son expérience? J'espère qu'elle en aura aperçu un certain savoir-vivre de Toile...

Soulagée de ne plus être détournée en ces eaux troubles, je m'ébroue les idées floues et je poursuis mon chemin. La route est longue...

Entre lune et soleil....

Entre lune et soleil ...

Insomnie d’une nuit sans lune. Je n’aime pas les nuits sans lune. Les saveurs nocturnes de la pleine lune me laissent froide même si sa beauté me fascine toujours l'imaginaire. Au pire, elle m'indiffère, au mieux, je la trouve divertissante. Cependant les nuits sans lune m’affectent belles et bien. Je les sens transpercer mes angoisses. Elles réveillent les dangereuses créatures endormies au fin fond des gouffres de mon âme. Troublantes, elles me cherchent peine et misère. De mon fort vaillant, je les attends toujours de pieds fermes et que s’engage la bataille au creux de la nuit noire...

Nuit sans lune. Le jour joliment bleuté se lève, accompagné de flocons bien dodus, il respire la profondeur de mes silences. Les précipitations de neige ont laissé une douce couverture fraîche sur le paysage. L’ambiance cotonneuse baume mes idées ténébreuses. L'homme et l'enfant émergent de leurs songes, je me laisser bercer la vie dans leurs sourires lumineux.

Début de semaine sous le soleil, après la neige, le beau temps… et le frette… On n’est toujours pas remonté au dessus de zéro et les nuits glaciales tournent autour de -15.

Toute la fin de semaine, j’avais Yann dans la tête, pour me rendre compte trop tard qu’il était de passage à Québec avec sa lune. Voilà qui m’aurait été un bon remède. Ma vie culturelle séche sur la place polaire. Mais je l’ai manqué une autre fois! Tout comme je l'avais déjà raté au dernier festival de Tadoussac ( il faut dire que sur ce coup là, c'est carrément le festival que j'ai raté!), je compte cependant bien l'attraper à la prochaine virée à Tadoussac où je vais courir me rafraîchir l'humeur en bonne compagnie, (ce qui me rappelle que la première fois que je l'ai croisé c'était dans la cour de l'Auberge de jeunesse de Tadou). La dernière fois que je l’ai vu sur scène, je venais d’apprendre que j’étais enceinte, presque une autre vie…

Yann, mon cher Yann, symbolisera donc mon humeur vidéo du jour…


Perreau et la lune: Grande brune (live)

Vrac de liens: Le petit vidéoblogue de Yann, Ma vie, my life: Yann Perreau, sur Myspace, sur YouTube, Yann Perreau, homme de la Lune, Funambule made in Québec...

samedi, mars 17, 2007

Un autre plagiat!!!

Un autre plagiat sort du placard!!!

Bon là j’avoue cela commence à me pomper sérieusement le pompon!!! C’est pas que, mais bon, pourrais-je au moins conserver ma propriété intellectuelle même si je la partage aux quatre vents!!! Dois-je obligatoirement être "copiée-collée"? Et si j'en trouve si régulièrement des traces, est-ce que cela veut dire que cela arrive encore plus souvent que je ne peux le penser?

Ici et , l’on me copie encore, mais en plus l’on me pique photo et vidéo et pour quoi? Pourquoi? Pour se faire croire que l’on me vit? Pour s’approprier quoi, qui? Pour se faire passer comme mère de ma fille? Pour se glisser dans ma peau? Cela me dépasse! À force cela finit par devenir du vol d’identité!!! En ce matin de tempête, alors que tombe la neige, je ne me sens guère d'humeur philosophique, je rumine et fulmine, un mélange de frustration et d’irritation m’inonde les sens.

Le pire c'est qu'à chaque fois, cela empire un petit peu, à chaque fois le bouchon est poussé un plus loin! Devrais-je donc retourner mon écriture dans la poussière de mes tiroirs secrets pour ne pas me faire voler comme une misérable pomme d'étalage? Dois-je accepter ce fait sans émotion, sans réfléxion? Dois-je encore m'attendre à la même rengaine lorsque je me fâche. Le refrain: "C'est parce-que tu me plais tant que je veux absorber tes mots comme si c'étaient les miens"? Pffff...

Et le respect de l'autre dans tout cela? Je montre la chose à l'homme qui se gratte la tête sans comprendre:

- Mais c'est quand même hallucinant! C'est quoi qu'elle pense cette fille!!! Et y'a des photos de moi?
- Oui, et de mon ventre, de Ves, Chanelle, le coucher de soleil sur le lac...
- Franchement je comprends pas ces gens, mais qu'est-ce que cela leur rapporte?

Alors là, avant d'agir, je m'adresse à vous, oui vous qui lisez ma cuisine depuis le début ou depuis peu. Vous qui me consommez à votre guise (souvent en silence), qu'en pensez-vous? Comment comprenez-vous ce genre de comportement? Que feriez-vous à ma place? Seriez-vous fâché, irrité, blasé, indifférent?

vendredi, mars 16, 2007

Mars Atmosphère

Mars Atmosphère

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Brume: n.f. 1562; lat. class. bruma "(solstices d')hiver" probalt par l'a. provenç. bruma. Brouillard plus ou moins épais. Les brumes d'Ecosse. Brume de chaleur. "Des nappes de brumes dormantes s'étirent dans le vent" Martin du Gard. - METÉOROL. Brouillard léger, laissant une visibilité supérieure à 1km. MAR. Brouillard de mer. Corne, signal de brume, pour signaler sa présence sur l'eau. FIG. Ce qui empêche de voir, de comprendre clairement. Les brumes de l'ivresse, de l'alcool - vapeur. "Réalisme, idéalisme, autant de brumes" (Renard)

Mars Atmosphère II

Mars Atmosphère II

Brume épaisse et mélancolie douce. En la solitude de mes bois enneigés, une étrange dimension s'ouvre entre deux ambiances glacées. Cette dimension nouvelle embue et dégouline. Elle réveille quelques sens engourdis. Elle m'emporte l'esprit.

Les idées en bataille, se replier en veilleuse dans la chaleur de sa bulle nacrée. Combattre l’insomnie. Travailler les rêves endoloris. Se balancer aux rythmes de ces mélodies invisibles qui parcourent le coeur. Tuer les fatigues en décapitant quelques noires pensées. Cogner sur le pire et inspirer le meilleur. Patienter les beaux jours.

Dans la lumière de l'enfant chérie je me love l'instant présent.

Lily d'hiverMa fille

Dépasser la borne.

Dépasser la borne.

Lily-Soleil s’amuse de ma pomme. Cela devient un peu une habitude. Alors que je lui répète une autre fois d’arrêter de jouer avec les boutons de la télévision, elle me rit carrément au nez tout en appuyant malicieusement sur l’interdit. Je sens monter l'énervement. Je me dis qu’il est temps que je fasse preuve d’un peu de discipline. L’instant est critique. L'équilibre parent-enfant est sens dessus dessous. Rien ne va plus, faites vos jeux...

Je la vois se moquer totalement de mes paroles. Elle se fout joyeusement de moi tandis que je rumine en silence. Je sais que je suis en train de me faire gaiement marcher dessus. J’ai beau éloigner le petit monstre de l’engin qui l'attire. Dès que je la pose par terre, elle y retourne dans un éclat de rire. L’interdit est devenu un jeu. Voilà, j’ai vraiment perdu toute autorité…

Agir est de mise. Je la soulève et l’emporte avec moi. Je lui explique les raisons de mon geste. Je la pose au milieu de la salle de bain. Je me retourne prestement et je ferme la porte derrière moi. Elle hurle de toutes ses forces. Je regarde l’heure. Un an, une minute de punition. Ce faisant, je réalise que je ne l’ai pas disciplinée depuis des lustres. J'ai bien du utilisé ce stratagème une ou deux fois durant l'été mais je n'y suis vraiment pas rodée. J’imagine que le temps était venu. Plus elle grandit, plus elle comprend. À seize mois tout ne peut être permis. Elle hurle de plus belle derrière la porte. Je tiens mon point sans flancher. La longue minute s’achève enfin. J’ouvre la porte pour découvrir ma petite terreur en pleurs. Les joues trempées, la morve qui dégouline, le hoquet de détresse. Tout y est.

Je lui tends les bras sans rancune. Sa petite main s’accroche fermement à mon cou, elle cache sa tête au creux de mon épaule en me serrant de toutes ses forces. Je lui explique les raisons de mon action. Jamais elle ne s’est tant agrippée à moi. Je m’assieds sur le sofa tout en la gardant serrée contre moi. Calme comme une image, elle me câline sans bouger. Jamais elle ne m’a montrée une telle affection. Je savoure l’étreinte. Je lui parle doucement. Elle chantonne. Elle me caresse le bras. Les secondes défilent dans une ambiance toute douce. J’en suis toute décontenancée. Vingt minutes passent dans cette quiétude angélique. À croire que cet instant de discipline lui aura fait du bien!

En une minute complète, le courant s’est inversé, l’irritation a fait place à de la tendresse. Un peu estomaquée, je ne peux que constater les bienfaits de mon geste. La discipline n’est pas l’aspect que je préfère dans l’apprentissage de ma « parentitude » mais le respect me tient à cœur et il semble bien qu’à un certain point, les deux vont de pair. La « parentitude » est un long processus marqué de maintes leçons. En cet instant réfléchi de discipline, j’ai bien l’impression d’en avoir appris une…

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Cercle vicieux

L’expression de la semaine tire son essence de ce concept abstrait qui, un jour ou l'autre, nous malmène tous. Si l’existence est un long fleuve qui s'écoule, les cercles vicieux sont ces méchants tourbillons qui nous entraînent vers l’abysse. Dans le long fleuve pas toujours tranquille de la vie, il faut parfois nager avec courage et ténacité contre les courants de ces tourbillons malfaisants...

EXPRESSION
« Cercle vicieux »

SIGNIFICATION
Situation à la fois compliquée, dangereuse et inextricable car on a du mal à s'en sortir.

ORIGINE
Le vice, ici, ne désigne pas un défaut mais un danger réel.Cette locution serait une image liée à la situation mauvaise (vicieuse) dans laquelle on est enfermé, comme dans un cercle dans lequel on ne peut que tourner en rond.

mercredi, mars 14, 2007

Dans le soir..

Gazeebo oubliée dans le soir givré.

Winter-Gazeebo


Sous son épaisse croûte d'hiver, soir après soir, le lac attend la renaissance printanière qui le libérera de son joug de glace. Tranquille, il savoure ses derniers instants de solitude paisible.

Ce matin, le petit jour gris se lève dans une brume de neige fondante. L'air est doux. Une fine pluie ajoute à l'ambiance humide. C'est le début de la fin d'une blanche saison.

enfance

Le génie, c'est l'enfance retrouvée à volonté.
Charles Baudelaire

Enfance, seul âge de la vie où le bonheur puisse être un état.
Paule Saint-Onge

On ne renie pas son enfance ; on l'enfouit au fond de son coeur, et l'ombre portée, l'ombre magique devient un symbole.
Dominique Blondeau

mardi, mars 13, 2007

Petit matin sous la bruine

Petit matin sous la bruine.

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Les températures remontent de quelques degrés au dessus de zéro, le temps est gris, humide, fantomatique. L’air se respire sans peine. Au loin, une nouvelle saison est en chemin…

Bien sûr il ne sert à rien de s’emballer trop vite puisqu’une nouvelle chute des températures est prévue à moyen terme et que les feuilles ne sortent pas avant début juin! Sans compter que le lac ne « cale » pas son dernier morceau de glace avant le mois de mai. Cependant il semble que nous ayons essuyé la dernière vague de grand froid. Ce qui n'est pas dommage! De plus, le changement d’heure aide à rallonger considérablement les journées, ce qui n’est pas pour être désagréable. Les -30 à répétition commençaient à peser sur le moral givré! L’hibernation des dernières semaines tire à sa fin…

Avec l’été qui nous fera voyager les sens, je devrai me préparer à l’idée de faire garder mon bout de chou sur une base régulière durant l’automne prochain. Ceci de manière à reprendre des contrats de traduction. C'est la dèche des déches. La ceinture même bien serrée ne boucle pas. L'homme s'inquiète, je sens la culpabilité me gagner avec cette même impression de ne jamais rien faire comme les autres. Comme un poisson d'eau douce dans la mer. Je lis les magazines féminins et c'est toujours la même rengaine qui finit par m'énerver: "Ne culpabiliser pas à travailler, blablablabla!", jamais je ne trouve d'article qui titre : "Ne culpabiliser pas à ne pas gagner d'argent car votre quotidien a aussi de la valeur!". Je trouve tout à fait normal que les femmes puissent travailler à leur guise selon leurs envies mais n'est-ce pas le pouvoir de choisir qui est à la base de cette liberté bien méritée? Dans tout choix, son lot de sacrifices. Celui-ci n'est peut-être pas tant un sacrifice puisque de toutes façons je ne suis encore jamais arrivée à diriger ma vie selon les principes de mon banquier! Rien de mortel, juste la vie matérielle qui s'enraye.

D’ici l’automne, quelques projets d’écriture en attente depuis trop longtemps à fignoler et à finaliser. Il est temps de reprendre de la plume et du clavier! Doucement mais sûrement, je m’y remets . Avec le printemps revenu, mon travail bénévole avec l'association à la défense du lac reprendra du service actif. Et toujours je me consacre à l’enfant. J'en fais mon emploi. Une ou deux fois par mois, je m’offre une escapade urbaine en compagnie d’une amie chère qui m’ouvre une petite fenêtre sur le monde extérieur. Cela me donne des bouffées d’air, cela me rafraîchit les idées et cela me permet de ne plus être mère couveuse durant quelques heures de liberté personnelle…

L'homme marmonne et grogne sur l'état de nos finances mais ne supporte pas l'idée que je me mine. Il a l'élégance de me rappeler que je participe activement à l'équilibre de notre petite famille. Durant une visite administrative au palais d'hiver, j'apprends avec plaisir que les produits dérivés de mes photos, en vente à la boutique de l'Hotel de glace, se sont tous vendus. Peut-être un zeste d'espoir pour mon portefeuille d'ici le printemps. Nouveau coup de fil avec la gardienne potentielle (qui semble des plus parfaites) en ce qui concerne ce projet en cours. Je dois la rencontrer d’ici le printemps. Heureusement qu’elle est des plus compréhensives et empathiques car je suis plus lente que l’escargot de service. Lily-Soleil fêtera ses deux ans l'automne prochain, elle devra alors amorcer le long processus d'intégration sociale.

En ma fonction de digne maman, je profite d'une escapade urbaine pour l'emmener avec sa grand-mère faire un tour au paradis des enfants. Une fois sur place, je réalise que je suis tombée en plein dans la semaine de relâche, l'ambiance est pour le moins électrique! Cela pullule d'enfance et d'adolescence. Indépendante, Lily-Soleil se faufile entre les gens, elle ouvre grand ses yeux d'azur où brillent mille étoiles.

Elle observe tout ce qui l'entoure. Elle absorbe l'atmosphère survoltée avec un calme et des sourires qui m'embaument le coeur. Elle charme quelques passants. Elle se laisse hypnotiser par la ronde des patineurs sur la glace. Elle croise un petit garçon dans ses pérégrinations. Elle ne parait pas particulièrement intéressée à interagir avec les autres bébés (sauf peut-être les petits garçons). Elle me semble beaucoup plus stimulée par ses sessions avec les copines de la rue. Deux heures plus tard, je sors de l'endroit avec un soupçon de migraine et un bébé épuisé dans les bras. J'en profite pour filer à l'anglaise pendant que l'enfant se fait couver par sa mère-grand.



L'homme regarde les vidéos de sa fille en vadrouille et me dit d'un ton ému qui me fait l'effet d'une flèche dans le coeur:

- Oh! J'ai l'impression qu'on la perd déjà un peu!


L'homme n'aime pas l'idée des petits garçons dans la vie de sa petite merveille. Ce matin, avant de partir il attrape dans ses bras notre petit bout de Soleil. Il la fait voler dans les airs tout en l'embrassant gaiement et tout en exprimant cet amour qu'il lui voue. Amour que je contemple et savoure avec une insatiable curiosité. Pour la première fois de ma vie, je découvre un père dans ma maison...

Pour l'instant, je lâche prise et je vis au rythme de ma fille. Je fonde les bases de mon éducation en apprenant à me connaître en tant que parent. J’installe une nouvelle dynamique. Je réalise ce qui me convient le mieux. Je délimite les limites permises. Et je profite au maximum de ces instants de petite enfance ravissante. Je désire le plus possible prendre les moyens de réussir cette relation naissante entre une mère et sa fille. Je sais que la route est longue, périlleuse et que je vis présentement mes jours dans de la guimauve bambine. Alors je m'en gave à volonté sans m'en retourner l'estomac...

Nos journées passées ensemble tissent la toile de fond de cette relation qui se déroulera sur le restant de ma vie. L'amour que je ressens pour ce petit bout de nous est sans pareil. Ces journées précieuses se transforment au fil du temps en des houblons d’or que l’on dépose dans le coffre de notre trésor familial. J’accepte de lâcher prise avec certaines facettes de mon individualité pour enrichir ce coffret intime. Je travaille à mes patiences, je grandis.

dimanche, mars 11, 2007

L’enfant et le chat.

L’enfant et le chat.

L’enfant vit dans une maison où règne une petite communauté féline. Seule Nougatine était là avant l’arrivée de l’enfant. Nougatine est la digne descendante d'une longue lignée aux branches multiples qui s’aligne sur cinq générations. Une lignée féline qui prit racine en notre foyer humain il y a de cela plusieurs années. Cependant les dangers de la forêt sont tels que chaque été est meurtrier. Chaque été décime les sujets de notre population de chats. Chaque été malmène nos harmonies félines.

Nougatine est la seule survivante de la dernière période estivale. Ginette-Georgette, Savane-A et Grosse Patate sont les rejetons de la dernière portée de Nougatine et de Bergamote. Bergamote et son frère Praliné ne passèrent pas l’été. Après quatre saisons meurtrières et la vie qui n'en finit pas d'évoluer, il m’est toujours aussi impossible de me passer de chats. Leur présence m’est indispensable. J'ai tous les jours besoin de ma dose féline. Cependant mon inspiration pour les nommer se tarit comme en témoigne la dernière portée et il m’est légèrement plus difficile de m’y attacher. Pourtant, me voilà l’émotion bien attachée à Nougatine, reine de son royaume, incroyablement agile, à l'intelligence acérée, chasseuse hors pair (capable de d'attraper sa proie même avec une clochette au cou), délicieusement affectueuse…

L’enfant entretient une relation particulière avec Savane-A, jolie fille de Nougatine. Savane-A, aussi minuscule de taille que grosse de bedaine, comme un baril prêt à exploser. Savane-A cherche l'enfant, se roule à ses pieds, toute douce, c'est la première qui accoure lorsque l'enfant pleure, crie ou rage. Ceci désamorce bien souvent les pleurs stridents. Une précieuse aide féline pour la mère humaine qui trime à l'ouvrage bambin.

Il y a quelques jours de cela, l’homme regarde passer le chat qui se traîne la panse, il me lance un regard perçant et me demande:

- Mais dis, elle serait pas enceinte elle?
- Mmmm, mouais, il était temps que tu t’en rendes compte, elle est bientôt due! Je me demandais si tu allais percuter avant qu’elle n’accouche!!!

Il maugrée et je souris sous cape. Par amour, il accepte mes besoins félins, il les supporte, en aime certains et change la(les) litière(s). Ce qui, en soi, est une preuve d’amour! Quatre chats est mon minimum, c’est désormais son maximum, un équilibre est atteint. L'époque des colonies est révolue. Une nouvelle génération s'en vient, il me sera difficile de tous les donner. L’expérience sera bénéfique pour Lily-Soleil. Et si les deux plus jeunes femelles passent l’examen des beaux jours, elles se feront opérer tout comme Nougatine l’est déjà. J’espère que Nougatine passera l’été sans se faire attraper par les dangers qui rôdent en notre brousse. Mon coeur en a marre d'enterrer ses compagnons intimes mais se refuse à leur soutirer cette liberté à laquelle ils ont droit.

L’enfant a appris à (re)connaître les chats et à respecter leurs limites, à s’adoucir à leur contact, à les intégrer dans ses journées. Elle les cherche. Elle les trouve. Ils sont devenus ses compagnons de jeux. Elle joue avec « la papate » mal-aimée qui n’est déjà pas gâtée de ce nom dont je l’ai affublé mais qui, en plus, n’a rien de charmant en soi. C’est tout le portrait de son père! Un matou mal famé qui s’est installé en notre cabane durant notre absence l’hiver dernier alors que j’étais malade et nous avions dû prendre quartier en ville.

La (Grosse) Patate est un chat grassouillet (né rachétique, chaton famélique, il perdit sa mère en bas-age et fut alllaité puis sevré par Nougatine qui prit sous sa coupe les petits de sa soeur lorsque cette dernière disparut subitement, Nougatine s'étiola à la tâche mais arriva à sauver les petits orphelins assoiffés), trapu, court sur pattes, le regard fuyant, à l’intelligence bancale, limite agressif si on l'embête. C’est malgré tout une bonne pâte en son genre. L’enfant sait qu’il griffe, elle le cherche du bout des doigts sans le provoquer. Elle se joue avec brio de ses humeurs malcommodes. Il n’attaque jamais. Il se contente principalement de délimiter son territoire ou de se cacher, les oreilles basses, en un recoin sombre d'où elle ne peut le déranger.

L’enfant sait approcher timide Ginette-Georgette qui a presque peur de son ombre. Elle qui disparaît d’ailleurs plus vite que son ombre au moindre sentiment d’insécurité mais qui se laisse si facilement manipuler par l’enfant charmant. L’enfant papouille avec tendresse l’animal qui ronronne sous ses brusques caresses. L’animal se frotte, l’enfant grimace. L’enfant glousse et passe de longues minutes à gazouiller avec l’animal comblé. À la suite de «Maman et Papa» l'un des premiers mots de l'enfant fut « Miaou », ce qui fit la fierté de sa mére enchantée.

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Pimprenelle et Hypérion (mars 2005)

L’enfant sait qu'il lui faut respecter Nougatine, fécondée de l’affection qui naquit entre Pimprenelle la rescapée et Hypérion. Ces deux là vécurent une subtile histoire d'amour féline qui me fascina un instant l'imaginaire. Hypérion fils de Gaia fille de Bamboo. Nougatine, nouvelle chef de clan entretient avec l’enfant une relation plutôt indifférente. Elle fait pourtant le bonheur de l’enfant qui s’amuse joyeusement en sa compagnie silencieuse…

Lorsque l'enfant est en crise, les chats se dépêchent d'intervenir, l'un après l'autre, ils pointent leurs moustaches fines pour voir ce qui se trame. Nougatine a tendance à me regarder d'un air outré. Savane-A se colle à l'enfant en détresse. Ginette-Georgette, toute douce, ose une léchouille. La (Grosse) Patate suit les autres et entre dans la ronde sans trop comprendre pourquoi. Ensemble, ils entourent l'enfant en larmes et de leurs attentions félines arrachent des sourires salés à l'enfant décontenancé par tant d'affection animale.

Dans l'instant en images attrapées, la mère attentive décrypte (après coup) les gazouillis de l'enfant pour y ressentir le baragouinage qui désigne Nougatine. Sage Nougatine qui se fait mâcher menue dans la bouche de l'enfant innocent. L'enfant qui pratique cette langue que je materne religieusement. La mère attendrie s'imprègne des mimiques de l'enfant chéri. Le foyer ronronne.

Au détour d'une conversation nocturne, je questionne l'homme sur la filiation des félins qui vivent à nos cotés. L'homme blasé a la mémoire bien courte. En quelques minutes, je retrace la lignée des dernières années. L'on se remémore quelques aventures croustillantes. Je vois défiler les souvenirs de mes chats défunts. Je me souviens de toutes ces tragédies félines. Quelques pincements de coeur se font ressentir. L'homme est beaucoup moins émotionné que ma pomme. Je dépasse régulièrement ses limites lorsqu'il s'agit de ma tolérance des chats. J'écoute pour la éniéme fois les complaintes masculines. Je compatis. Il me sourit. Un chat s'étire.

Au coeur de la petite maison de galets, les chats domestiqués mènent leur petit train d'existence sans se préoccuper outre mesure de l'humanité qui les nourrit. Tout comme leurs maîtres, plus patients peut-être, ils attendent l'arrivée du printemps qui réveillera la nature et les sens en dormance...

jeudi, mars 08, 2007

Pour les femmes

En ce jour...

Depuis la nuit des temps, les femmes sont la source de l’humanité, le puit fécond d’où jaillissent ces enfants qui assurent le futur...

Forte et fragile à la fois rarement faible, la femme sait toujours dépasser ses souffrances personnelles pour le bien commun de ses pairs. Tout aussi imparfaite que l’homme, tout aussi humaine, elle est cependant trop souvent méprisée, abusée, dénigrée, violentée, mutilée, annihilée par des sociétés d’hommes imbibés de pouvoir, gavés d’arrogance et emplis d'ignorance. Aujourd’hui en cette journée internationale de la femme, je dénonce ces pays qui ne la respectent pas, ces pays où elle n’est encore qu’une personne de seconde classe.

En plusieurs endroits de notre petite planète, des femmes souffrent en silence, pleurent sur les bêtises humaines, supportent leur malheur sans même posséder le luxe de s’en plaindre. Quelque part dans le monde, en cet instant présent une femme se fait violer, une autre est effrayée, blessée, dominée, écrasée. Quelque part, une petite fille naît dans un univers où elle n’aura jamais de place. Où elle n’aura que le choix de se plier assez bas pour mordre la poussière de ses espoirs intérieurs.

Ici, en ce pays congelé d'hiver fringuant, les femmes sont reines. Merci à nos mères et grand-mères qui bataillèrent notre indépendance présente à coups de manifestation convaincues et de justes réclamations. Tout n'est pas gagné, rien n'est jamais acquis mais que de chemin parcouru depuis la nuit des temps! Un bel équilibre prend forme entre les deux sexes. Saluons haut et fort les hommes d’ici qui reconnaissent la valeur de l’essence féminine. Saluons ces hommes d’ici et d’ailleurs qui sont assez fort pour accepter l’égalité de leurs consœurs sans se sentir menacés en leur virilité. Encensons celles qui continuent de se battre pour un monde meilleur.

J’en profite pour souffler une pensée admirative à toutes ces femmes monoparentales qui élèvent seules les adultes de demain, qui travaillent fort et se sacrifient de multiples façons pour le bien-être de leur progéniture.

Alors que j’observe mon petit bout de fille faire le pitre sous mon nez, je ne peux m’empêcher de prendre conscience de la chance qu’elle a. Elle qui peut espérer devenir un jour ce qu’elle a envie d’être, en toute liberté d’action et de penser. Ce n'est malheureusement pas le cas de toutes les petites filles qui vivent sur la Terre...
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"L'année 2007 marque le 30e anniversaire de la Journée internationale de la femme (JIF). Instituée en 1977 par les Nations Unies, cette importante journée nous donne l'occasion de célébrer les progrès accomplis dans la promotion des droits des femmes et d'évaluer les difficultés auxquelles elles sont encore confrontées. Elle nous permet aussi de nous pencher sur les moyens à prendre pour que les femmes et les filles, dans toute leur diversité, atteignent l'égalité et de célébrer le pouvoir collectif des femmes, dans le passé, de nos jours et à l'avenir."

Au creux de l'hiver

Au creux de l'hiver torride

À moins -20 et des poussières sous mes tropiques, j’hiberne en pyjama rouge à pois roses. Mais le soleil frappe si fort à mes fenêtres qu’il m’invite à me mettre en jupe. J’en ressors une de mes archives vestimentaires. Je m’en pare. La journée s'écoule en quelques tourbillons de tissus, de boucles folles et de chiffons. L'homme rentre de nuit. Avec lui, une bouffée d'air glacial pénètre la maison. Je me rappelle que je ne suis vraiment pas en accord avec la saison frigide.

L’enfant et le chien lui font la fête, l’une trépigne, l’autre chouine. Bien évidemment c’est l’enfant qui trépigne et le chien qui chouine! Un baiser furtif dans la cohue, l’homme soulève sa petite puce qui s’illumine. Je lui parle de notre journée. L’enfant n’en finit pas de sourire et de gazouiller. Il me raconte la sienne. Il dépose l'enfant pour aller se déshabiller, elle trotte à sa suite. Il revient simplement vêtu d'un caleçon.

- Mais tu es en caleçon?
- Ben oui, je vais lui donner son bain alors autant le faire torse nu
- Hum, ah, okay…


L’enfant s’accroche aux poils de ses jambes velues. Il la soulève, elle se love au creux de son épaule. Il l’emmène vers la chambre. Je les suis. Le chien aussi. Il la déshabille en deux temps trois mouvements. D’un coup, entre deux conversations, il me demande :

- Mais d’abord, est-ce que tu as une culotte?
- Ben, non pour quoi faire?!?


Son regard étincelle, ses lèvres s’ourlent, je le vois venir avec ses gros sabots. Je fais mine de rien. La petite, nue comme un vers, se trémousse sur la couette. Elle piaille, descend du lit et gambade à droite et à gauche en se tatouillant le nombril. Je vais prendre une pause dans le salon, la petite sur les talons, il la rattrape d’un tour de bras musclé.

Il l’emporte vers la salle de bain, elle gigote et rigole. Leurs rires conjugués me font l’effet d’une cascade de cristal sur le cœur. Je prépare un biberon que je dépose sur la table. Je me cale en tailleur sur le divan, la télécommande dans une main. Je les vois bientôt revenir. La petite est en pyjama rose. Elle attrape le biberon d’une main agile. Je l’embrasse. Il part la coucher. Quelques minutes plus tard, il ferme délicatement la porte de sa chambre et vient me rejoindre sur le divan…

Pisser dans un violon

Voici cette semaine une expression que j'affectionne particulièrement lorsque la moutarde me monte au nez...

EXPRESSION
« Pisser dans un violon »

SIGNIFICATION
Ne servir à rien. Faire quelque chose de complètement inutile, inefficace.

ORIGINE
Cette expression s'emploie très souvent dans des formes comme "c'est comme si on pissait dans un violon" ou bien "autant pisser dans un violon !" pour indiquer l'inutilité totale de l'action ainsi qualifiée. "Pisser", mot qui vient du bas latin 'pissiare' (pour 'uriner'), n'est considéré comme vulgaire que depuis le XIXe siècle. Auparavant, son usage était aussi naturel que la fonction elle-même, le mot 'uriner' étant réservé au milieu médical. De nos jours, dans le langage courant, on ne dit ni "uriner", vu comme trop pédant ("Claire-Marie, j'arrive dans deux minutes, je m'en vais d'abord uriner quelque peu"), ni pisser, trop vulgaire, mais plutôt "faire pipi" considéré comme acceptable et venu du monde des enfants.

Il est certain que, si on veut produire une agréable mélodie, pisser dans un violon ne servira vraiment pas à grand chose, même en visant les cordes et en y baladant le jet. Mais pourquoi une telle association ? Pourquoi un violon au lieu d'un banjo, d'une pelle à tarte ou d'une passoire? Telle quelle, l'expression date de la fin du XIXe siècle, et rien ne l'explique vraiment.

Mais Alain Rey suppose que le verbe "pisser'" n'est apparu, par plaisanterie, qu'en remplacement d'un verbe comme '"souffler'" ou '"siffler'". La locution d'origine aurait alors été "souffler dans un violon", action dont l'inutilité est flagrante lorsqu'on sait que souffler dans une flûte ou une trompette permet effectivement de produire de la musique, mais qu'avec un violon, le résultat devient tout de suite nettement moins probant.

EXEMPLE
« Tu as beau faire l'oeil en coulisse, roucouler et manger tous les soirs la botte, elle se fiche de ta fiole... C'est comme si tu pissais dans un violon » Les Joyeusetés du régiment.

mercredi, mars 07, 2007

Zestes de petite enfance

Zestes de petite enfance.

Forgotten

Mon petit bébé est devenu un chérubin taquin. L’ultime farce consiste à soulever le vêtement pour apercevoir la peau dénudée. Chatouiller la victime étonnée avec des « Goglio glio glio » de circonstance tout en se fendant la poire.

BambinetteCoquinette

Pourquoi s’asseoir à terre lorsque l’on peut s’élever les fesses? Mon petit bébé est devenu un bambin coquin qui, de son propre chef, a décidé que c’était bien mieux de s’installer sur la table du salon plutôt que d’user le plancher. Un petit bout de chou qui déplace les meubles avec ferveur. Un véritable petit casse-cou qui me fait frissonner de ses acrobaties journalières...

Mon petit bébé est désormais un mini bout de fille qui se fait un plaisir d’imiter les copines lorsqu’il s’agit de s’amuser entre deux flocons d’hiver. L'enfance attire l'enfance qui m'absorbe les sens...

Snow-Children-VISnow-Children-III

Mon petit bébé s'épanouit en une petite personne déterminée qui suit le fil de ses idées avec volonté. 16 mois dans 3 jours, plus vraiment un petit bébé...

...

L'enfer, c'est l'absence éternelle.
Victor Hugo

Le dernier degré du bonheur est l'absence de tout mal.
Epicure

Le monde, c'est la trop lourde présence des choses où l'on sent parfois la trop vive absence de Dieu. Le désert, c'est la trop dure absence des choses où l'on sent parfois la trop douce présence de Dieu.
Jean-Yves Leloup

mardi, mars 06, 2007

...

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Snow-Baby (lost in a winter night)

En ce matin de mars, -35 dans le vent! Après un léger redou qui nous fit (rêver) presque frôler le zéro et une petite tempête pour saupoudrer le tout, c’est le retour de l’air arctique qui descend du Grand Nord.

Après des journées teintées de neige, le soleil revient frapper à mes fenêtres. Encabanée avec mon bébé, je materne à gogo. J’éduque à petites doses, j’observe avec attention, apprentie maman à temps plein, je profite de ces instants bambins. Réfugiée au royaume des tendresses, je me fonds en des régiments de baisers qui s’éclatent au festival des chatouilles. Lily-Soleil bataille la routine des siestes, perce des canines, fait l’acrobate ou le clown, rigole à pleine gorge, comprend ce qu'on lui dit, grimpe sur tout ce qu’elle trouve, essaie de parler…

- Hawaye ah. Ka ah gugou tuc! Héyoha a pa qhech ta abouqué. A titetita begeo. Ayeu ayhou a kaka. Abequi ho apique ayeho abeyouha! Schtou?

Être vigilante, patiente et attentionnée. Aimer. Expliquer les faits et gestes d’une journée pour enrichir le vocabulaire en gestation. S’écouter vivre. Apprendre à déchiffrer les balbutiements d’un langage qui se forme. Des plages de silences s’insèrent au rythme des heures qui s'effacent. Les jours se passent. Lily-Soleil découvre sa langue maternelle dans ma bouche. Elle absorbe et assimile les sons qui se lient aux choses de son monde. Elle échappe de longues tirades de plus en plus complexes. Elle s'exprime, explique, bavarde, enchante. «Maman » est le mot le plus populaire du lot, suivi de « Papa, Ka (chat), Miam-miam (manger) », le reste est un charabia élaboré que je décrypte à la pratique. S’en suivent quelques conversations surréalistes.

Une journée typique se déroule en un long monologue. Chansonnettes, autorité douce et changements de couches ponctués d’expressions enfantines sont à la source de mon quotidien. Parfois, c’est vrai, j’étouffe. Je me replie sur moi-même. Je laisse couler les émotions. Ses sourires et ses gestes de plus en plus affectueux, cette confiance avec laquelle elle me berce sont des bols d’oxygéne pure que j'inhale avec bonheur. Un certain équilibre s’installe. La mère prend sa place au sein de mon identité, je me reforme, (tout comme mon corps de plus en plus ferme). Je me mue. À pareille date l’année dernière, je n’étais plus qu’une larve en larmes. Avec l’été est apparue la chenille, au creux de l’hiver, la chenille est prête à mourir. En suspension, elle s’isole et devient chrysalide. (Quand les chenilles ont terminé leur développement, elles effectuent une dernière mue qui fera d’elles des chrysalides. Ce stade est appelé « stade nymphal ». C’est le stade le plus vulnérable dans la vie d’un papillon.).

Je n’ose pas encore faire le point de cette grossesse qui m’a fracassée l’être. L'enfant est le trésor que j'ai gagné. Semaine après semaine, je me rappelle qui je suis. J’assassine les démons qui s’agitent dans le noir. Le regard perdu dans le vide, je me souviens de ces mois si difficiles où les étoiles dans leurs yeux furent les seules lueurs de mes obscurités. J’enveloppe mes réalités dans un cocon de neige immaculée. Je monte le son. Lily-Soleil posée sur ma hanche, sa petite main accrochée à mon épaule, je danse. Je suis femme, je suis mère et je suis vivante…

vendredi, mars 02, 2007

Un p'tit verre?

Un p'tit verre?

Ce matin, l’humanité à un petit goût de Perrier. Elle m’évoque une source céleste composée de bulles effervescentes qui pétillent à l’infini. La blogosphère? Un entrepôt aux dimensions pharaonique où s'entreposent des milliers de bouteilles remplies de cette liqueur humaine. À consommer avec modération pour ne point s’enivrer les émotions…

Sur un fil de Toile…

Sur un fil de Toile…

Il y a celles qui sacrifient l’enfant pour le confort de l’argent. Il y a celles qui sacrifient l’argent pour les douceurs de l’enfant. Le sacrifice maternel semble inné à la cause.

Les sacrifices tout comme les douleurs ne peuvent se comparer. L'on ne peut qu'essayer de comprendre. Qui sommes-nous pour pouvoir juger nos pairs? Je me perds les pédales dans des tergiversations sans nom. Dans la forêt, le vent grogne sournoisement sans se manifester réellement. L’atmosphère s’électrise au fil des heures. Le ciel s’habille d’une luminescence d’ivoire. Le calme résonne avant la tempête. Pas besoin des météorologues pour savoir qu’il se couve quelque chose. Enfin, comme ils sont là, à portée d’écran, je sais qu’ils annoncent près de 25 centimètres d’ici ce soir. Ma journée sera blanche.

Une journée cotonneuse pour achever cette semaine périlleuse. La petite m’aura un peu fait tourner en bourrique. Elle arrive à un âge où il faut instaurer une certaine discipline. Elle cherche les limites de son univers. Me voilà les deux pieds bien trempés dans ce nouveau rôle de mère. Une main de fer dans un gant de velours? Ne pas crier, rester ferme, calme, affirmer l'autorité, respirer par grandes bouffées, se contrôler, donner l’exemple. Ouf! Ma patience est mise à rude épreuve par quelques soubresauts de la vie adulte. Soubresauts qui m’usent les nerfs qui faiblissent. Bâilloner l'angoisse. Le moral flanche, je le redresse à coups de bâton. Aille! Le cœur, parfois saignant, tient bon le cours des jours. Il se nourrit d’espérances et de poésie. Il fait battre la vie en mes veines...

jeudi, mars 01, 2007

L'un dans l'autre

L'expression de la semaine s'emboîte dans ce premier jour de mars...

EXPRESSION

« L'un dans l'autre »

SIGNIFICATION
Tout bien considéré, tout compte fait.
En définitive.

ORIGINE
Cette expression, qui daterait du début du XIXe siècle (citée par Wartburg en 1812), marque un constat, une évaluation a posteriori d'une situation généralement équilibrée ou favorable. L'origine n'en est pas vraiment connue. Alain Rey indique qu'il peut s'agir d'une image d'un emboîtement de deux pièces bien adaptées l'une à l'autre, comme un tenon et une mortaise dans deux pièces de bois constitutives d'un meuble. Le Dictionnaire de l'Académie Française de 1832 indique que l'un dans l'autre avait la même signification que "l'un portant l'autre" avec le sens de "en compensant l'un avec l'autre".

EXEMPLE
« Quel bouge ! Mais l'un dans l'autre c'était une bonne soirée, dit Henri »
Simone de Beauvoir - Les mandarins

Poème à deux plumes

Poésie sur deux plumes

Souvent, je dépose des petits mots sur une feuille blanche ouverte dans Word. Je les laisse macérer. Des petits mots noirs sur blanc pour retenir des souffles d’idées. Des petits mots qui peuvent se délier en un texte qui tournera son sujet autour de cette inspiration de passage. Des petits mots qui peuvent mourir au coin du clavier ou s'envoler sur ma plume...

L’autre soir, en revenant de m’entraîner, je découvre avec surprise que ma feuille n'est plus aussi vierge que dans mon souvenir, Juan a ajouté ses mots aux miens. Cela pour ceci…

Harmonie.
Allumer son mari.

Aimer sa femme,
La séduire comme si elle n’avait jamais été tienne.

Sur le vif de l'hiver

Sur le vif de l'hiver

Entre deux bancs de neige, petits pas et exploration polaire...

Lily-Soleil se proméne