Stimulations et petits chatons…
Les températures dépassent de quelques degrés la barrière du zéro pour la première fois depuis des mois. Le ciel est gris, chargé de fine pluie, l’atmosphère de fonte monotone ne m’inspire guère. J’ai un petit soleil qui brille dans ma maison. Il me force à prendre l’air. L'on est rendu à cette période grise où l'on se demande si l'on reverra un jour la pelouse! Les dunes de neige se ramolissent. Les enfants glissent. Goutte après goutte, l'hiver fond. C'est long...
Son manteau dans une main, son pantalon dans une autre, elle me tend ses habits avec sa volonté se sortir. Elle regarde par la fenêtre, se dirige vers la porte d’entrée, revient m’expliquer des choses en son langage qui se dessine. Son petit manège qui m’amuse. Elle n’a pas besoin de verbaliser son envie pour que je la comprenne parfaitement. Le printemps l’appelle. J’en comprends l’instinct. Nos journées sont emplies de fascinations. Les siennes pour cet univers qu’elle découvre, les miennes pour elle qui me ressource le cœur. Je sais la fugacité de la petite enfance. Tous ces premiers moments que je vis à ses cotés sont à la hauteur des sacrifices qui me permettent de lui consacrer le fil de mes jours.
Avec elle, je vis mes jours dans « l’émotionnel ». C’est une étrange expérience. Mes choix de vie présents sont les fruits de mon passé. Je comprends ces acquis que j’assume. En accord avec moi-même, j’oublie que je nage souvent à contre-courant. J’explore ces sensations qui font de moi une mère. Je les apprivoise, je les assimile, je me stabilise. Les cicatrices de mon enfance s’effacent. Les rebellions de mon adolescence s’ajustent avec l’adulte devenu. Je suis femme.
L’enfant patauge dans les flaques d’eau qui se forment entre deux textures de glace fondante (ou pilée). Je me souviens avec précision de ces temps lointain où je sautais à pieds joints dans les flaques qui se trouvaient sur mon chemin. Je la laisse profiter de ces premières sensations sans intercéder. Ses sourires rayonnent sous la grisaille du ciel. À seize mois, la vie est pure comme de l’eau de source…
Les minuscules chatons attirent les enfants du coin qui n’en finissent plus de visiter mon placard! Lily-Soleil les imite avec bonheur. Elle copine avec Raphy, la plus proche voisine âgée de cinq ans, aussi jolie que délurée. Raphy qui n’en finit pas de papoter sa vie et qui entraîne mon petit bout de fille dans son sillage enfantin. Un duo à surveiller de près car la connerie n’est jamais bien loin. Patty, âgée de neuf ans, arrive du bout de la rue, ses visites sont moins fréquentes. Elle est plus responsable, elle adore ma ménagerie, et aime bien discuter des choses de la vie, parfois sa petite sœur Cri-Cri, cinq ans l’accompagne. Celle-ci est une fillette timide, le regard cachée derrière des lunettes à gros foyers, elle parle peu. Elle aime brosser Chanelle. Ainsi, certains jours, ma cuisine se transforme en une sorte d’« animalie-garderie » qui ravit mon petit bout de fille en devenir.
Avec ces petites filles qui défilent dans ma maison, j'aperçois des soupçons de futur. Je réalise ce qui m'attend. J'espère que le temps ne passera pas trop vite même si je sais bien comment il file entre les doigts...
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