Dépasser la borne.
Lily-Soleil s’amuse de ma pomme. Cela devient un peu une habitude. Alors que je lui répète une autre fois d’arrêter de jouer avec les boutons de la télévision, elle me rit carrément au nez tout en appuyant malicieusement sur l’interdit. Je sens monter l'énervement. Je me dis qu’il est temps que je fasse preuve d’un peu de discipline. L’instant est critique. L'équilibre parent-enfant est sens dessus dessous. Rien ne va plus, faites vos jeux...
Je la vois se moquer totalement de mes paroles. Elle se fout joyeusement de moi tandis que je rumine en silence. Je sais que je suis en train de me faire gaiement marcher dessus. J’ai beau éloigner le petit monstre de l’engin qui l'attire. Dès que je la pose par terre, elle y retourne dans un éclat de rire. L’interdit est devenu un jeu. Voilà, j’ai vraiment perdu toute autorité…
Agir est de mise. Je la soulève et l’emporte avec moi. Je lui explique les raisons de mon geste. Je la pose au milieu de la salle de bain. Je me retourne prestement et je ferme la porte derrière moi. Elle hurle de toutes ses forces. Je regarde l’heure. Un an, une minute de punition. Ce faisant, je réalise que je ne l’ai pas disciplinée depuis des lustres. J'ai bien du utilisé ce stratagème une ou deux fois durant l'été mais je n'y suis vraiment pas rodée. J’imagine que le temps était venu. Plus elle grandit, plus elle comprend. À seize mois tout ne peut être permis. Elle hurle de plus belle derrière la porte. Je tiens mon point sans flancher. La longue minute s’achève enfin. J’ouvre la porte pour découvrir ma petite terreur en pleurs. Les joues trempées, la morve qui dégouline, le hoquet de détresse. Tout y est.
Je lui tends les bras sans rancune. Sa petite main s’accroche fermement à mon cou, elle cache sa tête au creux de mon épaule en me serrant de toutes ses forces. Je lui explique les raisons de mon action. Jamais elle ne s’est tant agrippée à moi. Je m’assieds sur le sofa tout en la gardant serrée contre moi. Calme comme une image, elle me câline sans bouger. Jamais elle ne m’a montrée une telle affection. Je savoure l’étreinte. Je lui parle doucement. Elle chantonne. Elle me caresse le bras. Les secondes défilent dans une ambiance toute douce. J’en suis toute décontenancée. Vingt minutes passent dans cette quiétude angélique. À croire que cet instant de discipline lui aura fait du bien!
En une minute complète, le courant s’est inversé, l’irritation a fait place à de la tendresse. Un peu estomaquée, je ne peux que constater les bienfaits de mon geste. La discipline n’est pas l’aspect que je préfère dans l’apprentissage de ma « parentitude » mais le respect me tient à cœur et il semble bien qu’à un certain point, les deux vont de pair. La « parentitude » est un long processus marqué de maintes leçons. En cet instant réfléchi de discipline, j’ai bien l’impression d’en avoir appris une…
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