Transformations maternelles
Rien que la vision de son visage me ravit. L’émotion que je ressens pour ce petit brin de fille est presque irréelle, elle m’ensorcelle. Jamais je n’avais aimé de la sorte...
Avant de la mettre au monde j’avais maintes fois entendu les couplets des parents en transe qui dissertaient sur la transformation de l’être, sur cet amour incroyable qui bouleverse tout, sur l'enfant chéri qui redéfinit les contours de la vie. Je n’y croyais pas vraiment. Je ne voyais pas ce que cet amour pouvait avoir de si exceptionnel! Cela m’intriguait tout autant que cela m’échappait.
D’accord, l’enfant vient de toi, cela ne peut qu’être complexe émotionnellement, j'en conviens. Mais comment est-ce que cela pourrait être plus fort que toutes les autres choses que l’on peut vivre sur Terre? Comment est-ce que cela pourrait être plus fort que l’amour que l’on ressent pour les proches qui nous entourent? Plus profond que la passion qui nous emporte lorsque l'on tombe amoureux? Il est vrai que je voyais brûler la flamme au fond de leurs prunelles mais non, je ne comprenais rien. J’hochai de la tête, empathique, pensive. Le mystère demeurait entier. Je doutais que cela puisse m’arriver un jour. J’étais certaine d’aimer mon futur enfant mais je ne voyais pas comment sa présence pourrait complètement révolutionner mon monde, après tout, mon monde continuerait de tourner!
Ce que je n’avais pas compris c’est qu’en donnant vie à mon enfant, mon monde n’a pas seulement continué de tourner, il s’est mis à tourbillonner. Une fois passé la première année du bébé, une fois l’acquisition des connaissances de base accomplies, il a ralenti sa folle cadence, et puis petit à petit, le voilà qui recommence à tourner plus ou moins normalement mais c’est alors que je réalise qu’il ne tourne plus de la même manière!!! Comment exprimer ces sensations que mon petit brin de fille fait jaillir en mon âme et conscience? J'apprivoise ces émotions vives, presque indescriptibles, que je ressens à la regarder évoluer à mes cotés. Ces émotions qui ont fait dévier la roue de mon existence. Je me sens modifiée. J’ai maintenant pénétré la zone de la « parentitude ». Mon monde se ressemble mais plus rien n’est pareil.
Après avoir été le nombril de mes jours, l’enfant qui grandit joliment s’installe à la source de mon quotidien. Et je commence à comprendre à quel point elle le transforme…
jeudi, mai 31, 2007
« Ne tirez pas sur le pianiste ! »
EXPRESSION (via expressio.fr)
« Ne tirez pas sur le pianiste ! »
SIGNIFICATION
Soyez indulgent envers une personne qui est de bonne volonté ! N'accusez / n'agressez pas un lampiste au lieu du véritable responsable !
ORIGINE
C'est Oscar Wilde qui, dans ses "Impressions d'Amérique", raconte qu'en 1880, dans le saloon de Leadville, ville-champignon où l'on venait de découvrir des gisements aurifères, il y avait un panneau qui disait "Please don't shoot the pianist. He is doing his best". Ce qui, en bon français, veut dire "Merci de ne pas tirer sur le pianiste. Il fait de son mieux". Car c'est bien par allusion au Far-West que cette expression est née. Qui n'a vu, entre autres dans ces livres de l'Ouest illustrée par Morris et Goscinny ou dans des westerns, ce fameux pianiste qui, dans les saloons, est toujours là, à la fois pour animer un peu les lieux et pour, grâce à sa musique, "adoucir les moeurs". Sauf que quand les bagarres se déclenchaient ou les balles commençaient à voler, les deux premières victimes étaient souvent le miroir placé derrière le comptoir et le pianiste. Celui qui 'prenait' était donc ce pauvre bougre plein de bonne volonté, tentant juste de faire son job, et certainement pas le responsable de la bagarre générale (sauf, peut-être, si sa musique était aussi pénible à supporter que celle d'Assurancetourix).
« Ne tirez pas sur le pianiste ! »
SIGNIFICATION
Soyez indulgent envers une personne qui est de bonne volonté ! N'accusez / n'agressez pas un lampiste au lieu du véritable responsable !
ORIGINE
C'est Oscar Wilde qui, dans ses "Impressions d'Amérique", raconte qu'en 1880, dans le saloon de Leadville, ville-champignon où l'on venait de découvrir des gisements aurifères, il y avait un panneau qui disait "Please don't shoot the pianist. He is doing his best". Ce qui, en bon français, veut dire "Merci de ne pas tirer sur le pianiste. Il fait de son mieux". Car c'est bien par allusion au Far-West que cette expression est née. Qui n'a vu, entre autres dans ces livres de l'Ouest illustrée par Morris et Goscinny ou dans des westerns, ce fameux pianiste qui, dans les saloons, est toujours là, à la fois pour animer un peu les lieux et pour, grâce à sa musique, "adoucir les moeurs". Sauf que quand les bagarres se déclenchaient ou les balles commençaient à voler, les deux premières victimes étaient souvent le miroir placé derrière le comptoir et le pianiste. Celui qui 'prenait' était donc ce pauvre bougre plein de bonne volonté, tentant juste de faire son job, et certainement pas le responsable de la bagarre générale (sauf, peut-être, si sa musique était aussi pénible à supporter que celle d'Assurancetourix).
En croisade...
Etolane part en croisade. Une croisade non pas sainte mais bleue de lac. Une croisade dangereuse. Les hostilités ont commencé. Elle enfile son armure. La route est longue, pleine d'embûches et de colères. Les occasions de se faire tirer seront nombreuses. Le silence qui toise comme bouclier.
"L'Individualisme aisé" manie son parti de main de maître, sûr de son pouvoir, arrogant. Tout cela à son petit coté Far-West (sans les pistolets). Les seules armes de ces batailles sont faites de volontés et d'esprits. Les balles qui composent ces conflits sont les mots qui assassinent...
Toiser, v tr. - 1268 toisier 1260 ; teser XIIe ; de toise. 1. VIEILLI estimer à la vue (une quantité). « Il avait fini par toiser d’un coup d’œil le prix d’une page » (Balzac) 2. XVIIIe FIG. et MOD. Regarder avec défi, ou plus souvent, avec dédain, mépris. « Elle le couvrit de son mépris en le toisant des pieds à la tête » (Balzac) – PRONOM. « Ils se toisèrent. Même rage froide, même rancune » (Martin du Gard)
"L'Individualisme aisé" manie son parti de main de maître, sûr de son pouvoir, arrogant. Tout cela à son petit coté Far-West (sans les pistolets). Les seules armes de ces batailles sont faites de volontés et d'esprits. Les balles qui composent ces conflits sont les mots qui assassinent...
Toiser, v tr. - 1268 toisier 1260 ; teser XIIe ; de toise. 1. VIEILLI estimer à la vue (une quantité). « Il avait fini par toiser d’un coup d’œil le prix d’une page » (Balzac) 2. XVIIIe FIG. et MOD. Regarder avec défi, ou plus souvent, avec dédain, mépris. « Elle le couvrit de son mépris en le toisant des pieds à la tête » (Balzac) – PRONOM. « Ils se toisèrent. Même rage froide, même rancune » (Martin du Gard)
À l'infini
Surréel.
Mon regard s’accroche à une magnifique pleine lune. Ronde comme la Terre, jaune de soleil, elle domine le soir bleuté. Elle se balance, gigantesque, au bout du chemin de gravillons qui s’enfonce dans la forêt. À peine plus haute que la cîme des arbres, elle surplombe le paysage de sa fière allure galactique. Soupçon d'irréel. Son image se grave en ma mémoire visuelle. Impressionnante boule de ciel qui m’effraie et m’attire tout à la fois, je force mon regard à s'en détacher. Le jour s'éteint dans la nuit qui tombe tandis qu'elle s'élève, intemporelle...
Mon regard s’accroche à une magnifique pleine lune. Ronde comme la Terre, jaune de soleil, elle domine le soir bleuté. Elle se balance, gigantesque, au bout du chemin de gravillons qui s’enfonce dans la forêt. À peine plus haute que la cîme des arbres, elle surplombe le paysage de sa fière allure galactique. Soupçon d'irréel. Son image se grave en ma mémoire visuelle. Impressionnante boule de ciel qui m’effraie et m’attire tout à la fois, je force mon regard à s'en détacher. Le jour s'éteint dans la nuit qui tombe tandis qu'elle s'élève, intemporelle...
lundi, mai 28, 2007
Samedi soir à Québec
Un samedi soir à Québec
Samedi dernier nous sommes allés voir Fred Pellerin au Grand Théâtre de Québec. Cette soirée était mon cadeau de St-Valentin pour l'homme qui voulait voir le conteur depuis des lustres (depuis un show à Tadoussac, l'année où Fred Fortin faillit dégobiller sa gueule de bois sur scène, la conséquence visible de trois jours de beuverie!). Après l’avoir raté à différentes occasions, Juan n'y croyait plus, pour lui faire plaisir, je me suis procurée deux places en même temps que se passait la Valentin et hop, d’une pierre deux coups…
C’était un cadeau de rire et de patience. Il fallait la patience d’attendre la date du spectacle pour pouvoir rire des pérégrinations verbales de l’artiste. Juan est un fan. Personnellement je suis plus froide, je souris, c’est amusant, mais je ne suis pas transcendée. Je me prépare l'humeur mi-figue mi-raisin. Je ne sais pas trop ce que je vais en penser. J’espère tenir durant les trois heures du spectacle sans trop souffrir. L'on dépose l'enfant chez sa Mère-Grand. L'on se prend un souffle de liberté bien mérité. Dans la douceur du soir qui se couche, il me sourit, il est content. L’on se gare à deux pas. L'on entre dans le Grand-Théatre. L’on s’assoit à nos places..
Fred Pellerin est un maître en son genre, avec son drôle de conte « abracadabranquesque » intitulé « comme une odeur de muscles », en quelques tours de langue, il emporte la salle qui s’esclaffe joyeusement. Il personnifie son spectacle en apostrophant régulièrement "Québec". Sans malice, il se moque de Rimouski tout en faisant remarquer que ce sera notre tour une fois qu'il sera rendu à Sherbrooke! Je remarque qu'il n'a pas changé de pantalon depuis Tadoussac, son style pyjama me divertit malgré moi. Mon homme, qui connaît bien le conte en question, rigole de bon cœur. Je me laisse bercer par la bonne humeur générale qui m’enrobe toute entière.
Je découvre que j’apprécie sa verve plus que je ne le pensais. Sa riche personnalité dégage une "humanitude" qui m'accroche l'esprit. Cela fait du bien. La linguiste en moi s'adapte à la saveur du soir et s’amuse en silence des barbarismes qui la choque. Je me trémousse sur mon siège. Fred Pellerin avec sa bouille de gentil mariole génère les bons sentiments, il nous touche de l'intérieur, sur le fil de sa langue, l’on se régale. Les oreilles écarquillées, l'on se marre tout en se plongeant les idées dans un folklore riche en couleurs. L’entracte procure un temps de calme. La salle se vide. L’on reste sur place. L'on se câline. Il fait bon se retrouver ainsi, ensemble, en couple, en ville. Bientôt le spectacle reprend et les rires fusent de nouveau dans la salle en délire.
En ce qui me concerne une subtile tristesse m’entraîne inexorablement vers des contrées lointaines. Le conte de Fred tourne autour de sa grand-mère. Mes pensées, en décalage, se tourne vers la mienne, disparue depuis plus d’un an. Mon cœur se serre. Mes pensées rejoignent la profondeur de ma tristesse. Plus il évoque l’image de sa grand-mère (ce qui est régulièrement) et plus je pense à la mienne qui n’est plus. Je sens monter les larmes. J’entends rire la salle. Je déconnecte. Je pense à elle qui aimait tant me conter toutes sortes d'histoires croustillantes en son langage si expressif. Elle me manque viscéralement. Ma chère Mère-grand que je n'entendrais plus de mon vivant. Je laisse couler ma tristesse au compte gouttes sur mes joues. Le spectacle s’achève. Les lumières se rallument, les yeux pleins d’eau, je m’essuie subrepticement le visage. Je baisse la tête.
J’entends commenter les inconnus qui m’entourent. Plusieurs s’extasient sur leur soirée. Certains s'étonnent de lui découvrir un si grand talent d'humoriste. L’humeur est à la satisfaction commune. Les critiques sont bonnes. Grâce à son charme clownesque vibrant d'intelligence savamment maîtrisée, Fred Pellerin a réellement conquis son audience. Une douce odeur de bonheur flotte dans l'air.
Je retiens ses paroles de clôture qui parlent d'exode rurale. Je retiens qu'en habitant dans un petit village, je fais un choix social que l'artiste appelle "un geste de rêve". L'expression me plait, je m'accorde à ses sages paroles. Je renifle discrétement. Juan me serre contre lui. En un simple geste, il m'aime. Je me laisse porter par son cœur. L’on marche avec la foule. La lune brille. La nuit est douce, je laisse flotter ma peine entre deux étoiles…
Samedi dernier nous sommes allés voir Fred Pellerin au Grand Théâtre de Québec. Cette soirée était mon cadeau de St-Valentin pour l'homme qui voulait voir le conteur depuis des lustres (depuis un show à Tadoussac, l'année où Fred Fortin faillit dégobiller sa gueule de bois sur scène, la conséquence visible de trois jours de beuverie!). Après l’avoir raté à différentes occasions, Juan n'y croyait plus, pour lui faire plaisir, je me suis procurée deux places en même temps que se passait la Valentin et hop, d’une pierre deux coups…
C’était un cadeau de rire et de patience. Il fallait la patience d’attendre la date du spectacle pour pouvoir rire des pérégrinations verbales de l’artiste. Juan est un fan. Personnellement je suis plus froide, je souris, c’est amusant, mais je ne suis pas transcendée. Je me prépare l'humeur mi-figue mi-raisin. Je ne sais pas trop ce que je vais en penser. J’espère tenir durant les trois heures du spectacle sans trop souffrir. L'on dépose l'enfant chez sa Mère-Grand. L'on se prend un souffle de liberté bien mérité. Dans la douceur du soir qui se couche, il me sourit, il est content. L’on se gare à deux pas. L'on entre dans le Grand-Théatre. L’on s’assoit à nos places..
Fred Pellerin est un maître en son genre, avec son drôle de conte « abracadabranquesque » intitulé « comme une odeur de muscles », en quelques tours de langue, il emporte la salle qui s’esclaffe joyeusement. Il personnifie son spectacle en apostrophant régulièrement "Québec". Sans malice, il se moque de Rimouski tout en faisant remarquer que ce sera notre tour une fois qu'il sera rendu à Sherbrooke! Je remarque qu'il n'a pas changé de pantalon depuis Tadoussac, son style pyjama me divertit malgré moi. Mon homme, qui connaît bien le conte en question, rigole de bon cœur. Je me laisse bercer par la bonne humeur générale qui m’enrobe toute entière.
Je découvre que j’apprécie sa verve plus que je ne le pensais. Sa riche personnalité dégage une "humanitude" qui m'accroche l'esprit. Cela fait du bien. La linguiste en moi s'adapte à la saveur du soir et s’amuse en silence des barbarismes qui la choque. Je me trémousse sur mon siège. Fred Pellerin avec sa bouille de gentil mariole génère les bons sentiments, il nous touche de l'intérieur, sur le fil de sa langue, l’on se régale. Les oreilles écarquillées, l'on se marre tout en se plongeant les idées dans un folklore riche en couleurs. L’entracte procure un temps de calme. La salle se vide. L’on reste sur place. L'on se câline. Il fait bon se retrouver ainsi, ensemble, en couple, en ville. Bientôt le spectacle reprend et les rires fusent de nouveau dans la salle en délire.
En ce qui me concerne une subtile tristesse m’entraîne inexorablement vers des contrées lointaines. Le conte de Fred tourne autour de sa grand-mère. Mes pensées, en décalage, se tourne vers la mienne, disparue depuis plus d’un an. Mon cœur se serre. Mes pensées rejoignent la profondeur de ma tristesse. Plus il évoque l’image de sa grand-mère (ce qui est régulièrement) et plus je pense à la mienne qui n’est plus. Je sens monter les larmes. J’entends rire la salle. Je déconnecte. Je pense à elle qui aimait tant me conter toutes sortes d'histoires croustillantes en son langage si expressif. Elle me manque viscéralement. Ma chère Mère-grand que je n'entendrais plus de mon vivant. Je laisse couler ma tristesse au compte gouttes sur mes joues. Le spectacle s’achève. Les lumières se rallument, les yeux pleins d’eau, je m’essuie subrepticement le visage. Je baisse la tête.
J’entends commenter les inconnus qui m’entourent. Plusieurs s’extasient sur leur soirée. Certains s'étonnent de lui découvrir un si grand talent d'humoriste. L’humeur est à la satisfaction commune. Les critiques sont bonnes. Grâce à son charme clownesque vibrant d'intelligence savamment maîtrisée, Fred Pellerin a réellement conquis son audience. Une douce odeur de bonheur flotte dans l'air.
Je retiens ses paroles de clôture qui parlent d'exode rurale. Je retiens qu'en habitant dans un petit village, je fais un choix social que l'artiste appelle "un geste de rêve". L'expression me plait, je m'accorde à ses sages paroles. Je renifle discrétement. Juan me serre contre lui. En un simple geste, il m'aime. Je me laisse porter par son cœur. L’on marche avec la foule. La lune brille. La nuit est douce, je laisse flotter ma peine entre deux étoiles…
vendredi, mai 25, 2007
Biblio Lys
Biblio Lys
Une initiative de blogosphère qui vise à découvrir la littérature québécoise et qui se déroule ainsi: "C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Carole et Mîreldar unissent leurs efforts pour créer le concours Biblio Lys, afin d’encourager la lecture et la découverte de romans québécois. Biblio Lys se déroulera en cinq étapes:
1. Du 7 mai au 2 juin, nous vous invitons à suggérer des titres (limite de 2 suggestions par participant) de romans québécois que vous aimeriez lire ou faire découvrir aux autres. 2. Du 3 juin au 23 juin, vous aurez à décider quels titres dans ceux suggérés seront élus dans le top 5 de lecture. 3. Du 24 juin au 22 septembre, vous aurez tout l’été pour lire et écrire des commentaires de lecture (10 lignes et plus) sur chacun des cinq romans sélectionnés. 4. Du 23 septembre au 29 septembre, vous aurez à voter pour votre commentateur préféré (celui qui vous aura donné le goût de lire un ou plusieurs romans). 5. Le 29 septembre, le dévoilement du résultat du vote et l’attribution des prix. Après mûres réflexions, je suggère à cet effet "Le Torrent" de Anne Hébert qui m'a délicieusement troublée et mon outsider: "Les Saisons atikamekw" de Line Rainville pour découvrir de l'intérieur le monde méconnu des communautés autochtones...
Une initiative de blogosphère qui vise à découvrir la littérature québécoise et qui se déroule ainsi: "C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Carole et Mîreldar unissent leurs efforts pour créer le concours Biblio Lys, afin d’encourager la lecture et la découverte de romans québécois. Biblio Lys se déroulera en cinq étapes:
* Note : Pour être éligibles, au prix du commentateur, les participants devront avoir commenté les cinq romans sélectionnés. Un deuxième prix sera attribué par tirage au sort parmi tous les participants. Ce concours est ouvert à tous, quel que soit votre âge ou votre pays d’origine. Le commentateur gagnant se méritera 5 romans et le prix de participation 1 roman.
Les suggestions de lecture se font sur ce billet..."
À l’ombre...
À l’ombre...
Il fait chaud, si chaud que l’on se promènerait nu avec plaisir si cela était permis (où si je m’étais encore plus entraînée et qu’il ne me restait plus rien à perdre de ma grossesse passée!). Sans transition, le temps s'est renversé. Il fait plus de 30 degrés aujourd’hui, plus chaud qu’au Mexique! Si, si, c'est possible! Ils l’ont dit aujourd’hui sur la chaîne météo, il fait plus chaud chez nous que dans le sud! La peau grille au soleil de midi.
L'on se fait la belle à la plage. L'atmosphère crépite de chaleur exotique. Le grand lac se réchauffe et nous rafraîchit tout à la fois. Le village se transforme subtilement sous le débarquement des citadins en manque d'air pur. Le lac dégourdit les âmes transies d'hiver. Il est de plus en plus facile de s’y tremper les pieds, même s'il est encore glacé, c'est un véritable plaisir de s'y mouiller lorsque le jour se transforme en four. Dire que cette étendue limpide était encore gelée dure il y a moins d'un mois!!! Si l’on sait qu’il faisait -20 il n’y a pas si longtemps, une journée comme celle-ci, c’est presque un choc thermique, plus de 50 degrés de différence en quelques semaines à peine! À laisser baba (de joie)…
L’homme a pris sa journée pour la passer en notre compagnie. Cela faisait deux semaines qu’on ne l’avait pas tant vu. La petite est aux anges, la mère aussi! Après s'être bien remplie la panse, la petite fait la sieste. L’homme décide d'en faire autant. L’œil coquin, il m’invite à l’y rejoindre. Je souris sans mot dire. Je le laisse somnoler quelques minutes. En silence, je m'empiffre le corps de chaleur bénie tout en méditant sur quelques pensées peu catholiques. Puis, en catimini, je me dépêche d'aller retrouver mon homme assoupi…
Il fait chaud, si chaud que l’on se promènerait nu avec plaisir si cela était permis (où si je m’étais encore plus entraînée et qu’il ne me restait plus rien à perdre de ma grossesse passée!). Sans transition, le temps s'est renversé. Il fait plus de 30 degrés aujourd’hui, plus chaud qu’au Mexique! Si, si, c'est possible! Ils l’ont dit aujourd’hui sur la chaîne météo, il fait plus chaud chez nous que dans le sud! La peau grille au soleil de midi.
L'on se fait la belle à la plage. L'atmosphère crépite de chaleur exotique. Le grand lac se réchauffe et nous rafraîchit tout à la fois. Le village se transforme subtilement sous le débarquement des citadins en manque d'air pur. Le lac dégourdit les âmes transies d'hiver. Il est de plus en plus facile de s’y tremper les pieds, même s'il est encore glacé, c'est un véritable plaisir de s'y mouiller lorsque le jour se transforme en four. Dire que cette étendue limpide était encore gelée dure il y a moins d'un mois!!! Si l’on sait qu’il faisait -20 il n’y a pas si longtemps, une journée comme celle-ci, c’est presque un choc thermique, plus de 50 degrés de différence en quelques semaines à peine! À laisser baba (de joie)…
L’homme a pris sa journée pour la passer en notre compagnie. Cela faisait deux semaines qu’on ne l’avait pas tant vu. La petite est aux anges, la mère aussi! Après s'être bien remplie la panse, la petite fait la sieste. L’homme décide d'en faire autant. L’œil coquin, il m’invite à l’y rejoindre. Je souris sans mot dire. Je le laisse somnoler quelques minutes. En silence, je m'empiffre le corps de chaleur bénie tout en méditant sur quelques pensées peu catholiques. Puis, en catimini, je me dépêche d'aller retrouver mon homme assoupi…
(Se) faire la belle
L'expression de la semaine est inspirée par les beaux jours qui me font faire la belle...
EXPRESSION (via expressio.fr)
« (Se) faire la belle »
SIGNIFICATION
S'évader.
ORIGINE
Cette expression de l'argot des truands date du début du XXe siècle (mais le mot 'belle' pour 'évasion' date de la deuxième moitié du XIXe). L'emploi de 'belle'était fréquent en français, dans des expressions comme "vous l'aviez belle de partir", "vous l'aviez belle de vous expliquer"... où 'belle' sous-entend "une belle occasion". Ce 'belle' s'est progressivement substantivé et faire la belle, c'est profiter d'une belle occasion de s'évader. Cette expression se disait d'abord simplement "faire la belle", mais par analogie avec "se faire la malle", de signification très proche, le 'se' pronominal est devenu un ajout fréquent.
EXEMPLE
« Évidemment, j'ai eu tort de partir comme une fille qui se fait la belle. Seulement ça a été plus fort que moi. » Pierre Bénard - Ces messieurs de Buenos-Ayres
EXPRESSION (via expressio.fr)
« (Se) faire la belle »
SIGNIFICATION
S'évader.
ORIGINE
Cette expression de l'argot des truands date du début du XXe siècle (mais le mot 'belle' pour 'évasion' date de la deuxième moitié du XIXe). L'emploi de 'belle'était fréquent en français, dans des expressions comme "vous l'aviez belle de partir", "vous l'aviez belle de vous expliquer"... où 'belle' sous-entend "une belle occasion". Ce 'belle' s'est progressivement substantivé et faire la belle, c'est profiter d'une belle occasion de s'évader. Cette expression se disait d'abord simplement "faire la belle", mais par analogie avec "se faire la malle", de signification très proche, le 'se' pronominal est devenu un ajout fréquent.
EXEMPLE
« Évidemment, j'ai eu tort de partir comme une fille qui se fait la belle. Seulement ça a été plus fort que moi. » Pierre Bénard - Ces messieurs de Buenos-Ayres
jeudi, mai 24, 2007
En vert et bleu...
En vert et bleu...
Le fil de mon quotidien se déroule sous les bienfaits de la chaleur qui s’installe peu à peu en nos froides latitudes. L’humeur du jour est à l’été. L'on se trempe les pieds dans l'eau claire. En une petite semaine, les feuilles vertes se seront assez ouvertes pour bruisser dans le vent qui se tièdit langoureusement. J’existe entre ciel et terre. J’absorbe l’air du temps loin de l’ordinateur "avale heures". En compagnie de M’zelle Soleil, je savoure tendrement la vie, lovée dans sa bulle de pureté et d’innocence bambine…
Seule ombre à mon tableau d'Eden (il faut bien qu’il y en ait une puisque nous sommes sur Terre!), là-bas, derrière les collines, les militaires jouent à la guerre. L’éclats des bombes fracassent la paix divine de mon petit paradis, les folles rafales de mitraillettes empoisonnent l'horizon lointain. Mon coeur se serre et mes pensées divaguent vers ces souffrances d’ici et d'ailleurs…
Le fil de mon quotidien se déroule sous les bienfaits de la chaleur qui s’installe peu à peu en nos froides latitudes. L’humeur du jour est à l’été. L'on se trempe les pieds dans l'eau claire. En une petite semaine, les feuilles vertes se seront assez ouvertes pour bruisser dans le vent qui se tièdit langoureusement. J’existe entre ciel et terre. J’absorbe l’air du temps loin de l’ordinateur "avale heures". En compagnie de M’zelle Soleil, je savoure tendrement la vie, lovée dans sa bulle de pureté et d’innocence bambine…
Seule ombre à mon tableau d'Eden (il faut bien qu’il y en ait une puisque nous sommes sur Terre!), là-bas, derrière les collines, les militaires jouent à la guerre. L’éclats des bombes fracassent la paix divine de mon petit paradis, les folles rafales de mitraillettes empoisonnent l'horizon lointain. Mon coeur se serre et mes pensées divaguent vers ces souffrances d’ici et d'ailleurs…
Les blessures de l’âme
Un texte empoussiéré écrit il y a quelques années qu’il me plait de remettre à jour dans l’idée de le retravailler ou développer. Je farfouille les entrailles de mes archives. Je dois achever quelques projets d’écriture cet été avant de retrouver les flots de la traduction. Pour ce faire, je force ma pomme à se sortir la tête de l’eau maternelle quelques heures par semaine, pas facile de trouver la liberté de ces quelques heures. L’idée de la gardienne un jour par semaine va dans cet ordre d’idées…
Les blessures de l’âme
Les blessures de l’âme sont souvent ignorées dans les expressions de nos réalités. Invisibles à l’œil nu, elles sont pourtant capables de toucher le corps à l’interne et de le dévaster. Elles sont le lot de tous, à chaque échelle, à chaque culture, à chaque être, des multitudes de blessures abstraites suintent des actes humains…
Comment reconnaître les souffrances qui parcourent l’intérieur des êtres ? Est-ce que le cœur peut être responsable des déboires de l’âme ? La douleur, tout comme Dieu, est la même pour tous même si elle se décline en différentes variations. Chacun l’interprète à sa façon. Certains s’en nourrissent, d’autres la fuient. Plusieurs l’étouffent entre quatre murs bien calfeutrés où ils ne laisseront jamais personne entrer.
Les blessures de l’âme sont aussi réelles que celles du corps. Mais puisque l’on ne peut les voir, les ausculter, les palper, les diagnostiquer, les irradier, elles restent mystérieuses, effrayantes. Peu savent les apprivoiser, les guérir. Elles cicatrisent difficilement, promptes à se rouvrir au moindre coup bas. Elles saignent d’émotions sans nom. Elles marquent l’esprit, l’affaiblissent où le renforcent, tout dépend de comment elles sont gérées.
Quelques médecines douces et spiritualités essaient d’en venir à bout. Il y a toutes sortes de remèdes aussi étranges que les tourments qui étranglent ces réalités que l’on voudrait fuguer. Intimes, intérieures, elles perturbent l’extérieur avec subtilité. Certains disent même qu’elles peuvent atteindre la chair. Elles l’emprisonnent en cancers insoupçonnés. L’âme blessée souffre dans un univers d’abstractions.
Les blessures de l’âme
Les blessures de l’âme sont souvent ignorées dans les expressions de nos réalités. Invisibles à l’œil nu, elles sont pourtant capables de toucher le corps à l’interne et de le dévaster. Elles sont le lot de tous, à chaque échelle, à chaque culture, à chaque être, des multitudes de blessures abstraites suintent des actes humains…
Comment reconnaître les souffrances qui parcourent l’intérieur des êtres ? Est-ce que le cœur peut être responsable des déboires de l’âme ? La douleur, tout comme Dieu, est la même pour tous même si elle se décline en différentes variations. Chacun l’interprète à sa façon. Certains s’en nourrissent, d’autres la fuient. Plusieurs l’étouffent entre quatre murs bien calfeutrés où ils ne laisseront jamais personne entrer.
Les blessures de l’âme sont aussi réelles que celles du corps. Mais puisque l’on ne peut les voir, les ausculter, les palper, les diagnostiquer, les irradier, elles restent mystérieuses, effrayantes. Peu savent les apprivoiser, les guérir. Elles cicatrisent difficilement, promptes à se rouvrir au moindre coup bas. Elles saignent d’émotions sans nom. Elles marquent l’esprit, l’affaiblissent où le renforcent, tout dépend de comment elles sont gérées.
Quelques médecines douces et spiritualités essaient d’en venir à bout. Il y a toutes sortes de remèdes aussi étranges que les tourments qui étranglent ces réalités que l’on voudrait fuguer. Intimes, intérieures, elles perturbent l’extérieur avec subtilité. Certains disent même qu’elles peuvent atteindre la chair. Elles l’emprisonnent en cancers insoupçonnés. L’âme blessée souffre dans un univers d’abstractions.
Maman à plein temps.
Maman à plein temps.
Parfois au creux de mes journées, je me dis que j’aurai bien envie d’écrire et de m’épanouir les neurones. Une autre fois, l’envie de traduire et de me rappeler ce qu’est un pouvoir d’achat me traverse la chair. Et puis je la regarde me sourire, j’entends ce « Maman » terme multifonctionnel qui m’appelle et plus rien d’autre ne compte…
« Maman », ça y est j’ai inséré le terme en mon identité. Elle dit « Maman ! » et j’apparais comme par magie. Je suis là pour consoler, donner, aider, ramasser, porter, éduquer. Je suis un mot à multiples fonctions! Parfois, je sature et que j’aimerai bien me souvenir que j’ai un prénom. Et puis son rire m’entraîne et je m'oublie...
La mère en moi s’active, cogite. Elle a 18 mois, elle baragouine beaucoup mais parle peu à mon goût. Le « Maman » télépathique rendant trop bien service. Je lis que les enfants qui marchent tôt parlent plus tard et vice-versa. Elle possède une douzaine de mots à son vocabulaire. Elle a développé un langage onomatopéique très coloré. Cependant je soupçonne mon dévouement de ne pas l’encourager à parler plus clairement. Je médite sur le sujet et décide d’appuyer sur la pédale du langage. Plus de niaisages…
Je l’encourage à être autonome en lui apprenant à s’habiller et se déshabiller, en la laissant expérimenter ce qui lui passe par la tête, en essayant de ne pas répondre à chacune de ses demandes. Ce dernier point est le plus ténu. J’estime qu’en étant à la maison mon emploi est son bien-être, or ce faisant me voilà un peu sa bonne! Il faut que je révise un peu le sujet. L’homme me réprimande un peu et trouve que je ne pense à assez à moi. Pffff! Leur bien-être est mon bonheur...
Je dois me surveiller si je ne veux pas en faire une enfant capricieuse. Pour l’instant, j’ai encore l’impression d’équilibres. Même si je vis selon son rythme, elle sait mes limites et ne les dépasse pas. Elle est bien dans sa peau, vive et agréable à vivre. Pourvu que cela dure! Eve, enceinte jusqu’aux dents la trouve toujours de bonne humeur, elle n’est pas la seule à nous le faire remarquer. Partout où on la trimballe, elle attire les gens qui viennent lui faire des risettes et n’en finissent plus de nous dire combien elle est souriante.
Tant et si bien que l’autre jour, au dépanneur du coin, alors que je feuillette des magazines (que je n’ai plus les moyens d’acheter) et que M’zelle Soleil s’amuse à accueillir chaque personne avec un signe de la main et un sourire. La dame derrière la caisse papote allégrement sur le fait qu’elle n’en revient pas combien cet enfant est charmante. Mentalement, je grogne en silence: « Oui, je sais, je sais, c’est un petit rayon de soleil mais pourrais-je lire deux potins tranquille deux minutes ? ». Une bouffée d'impatience s'échappe de ma peau, entre deux lignes volées, je ne peux m’empêcher de rétorquer un peu sèchement : « Cela doit être parce-que je me dévoue à son bonheur! » Merci. Bonjour. Fin de la conversation. Je parcoure encore quelques pages avant d’enlever ma jolie qui sourit à la ronde. Parfois, je fatigue...
Cette semaine, pas de journée de gardienne pour cause de jour férié. Son apprentissage de la garderie n'est pas violent! Un jour à la fois, par ci par là dans le mois, c'est suffisant. Je n'aime pas l'idée de devoir m'habituer à ne pas l'avoir avec moi. Je sais que tout ce temps que je passe avec elle est précieux. Je ne m'en plains pas. J'espère que je ne me trompe pas, que je lui apporte tout ce dont elle a besoin, que je sers à quelque chose d'utile. Je sais que tout ce temps passé avec elle est presque un luxe par nos temps modernes. Un luxe qui m’entraîne dans la simplicité « involontaire » parce-que, honnêtement, je ne suis pas sure que si j’avais un pouvoir d’achat je serai aussi ascétique sur le plan de mes envies de consommation. Enfin vu que mon choix de vie ne me porte pas dans cette direction, y penser ne sert à rien! Peut-être un peu malgré moi, j’apprécie cette simplicité loin des artifices. Je l’apprécie assez pour l’apprivoiser et m’y sentir à l’aise. Je réprime mes insatisfactions personnelles, mes frustrations matérielles, la culpabilité d’appauvrir mon foyer, pour me donner entièrement à ce devoir que je ressens, ce besoin d’être auprès d’elle. Je réalise aussi que moins j’ai d’argent, moins j’en ai envie (si je ne pense pas aux réparations de l’auto et à l’étage d’en dessous à rénover!). Moins j’ai d’argent dans mes poches et plus j’ai l’impression de ne vivre que des vraies choses. C’est étrange. J’en connais tant des gens plein aux as qui plus ils en ont, plus ils en veulent! Et plus ils sonnent creux de l’intérieur...
Il faut dire que M’zelle Soleil me comble de mille bonheurs qui me donnent l’impression de vivre dans une inestimable richesse maternelle. Chacun de ses sourires confiants, de ses baisers baveux qu’elle m’offre généreusement m’enrichit l’esprit. Ses petites mains qui serrent mon cou affectueusement me remplissent le coeur de chaleur. Son regard me bouleverse et ses mimiques me renversent l'être. Jour après jour, elle se personnalise, elle émerge de la coquille du bébé pour devenir une toute petite fille. Jour après jour, je m'émerveille...
Alors que je lui explique toutes sortes de choses et l’incite à dire les mots qui les désignent. Elle préfère souvent mimer ses désirs. Elle me fait signe qu’elle veut boire, je lui demande de répéter le mot : « eau ». Elle me regarde d’un drôle d’air et ne me réponds rien :
- Dis eau Lily, dis le mot…
Elle me regarde sérieusement et d’une toute petite voix timide me dit :
- Mmmoooooo
Okay la mère! J’éclate de rire. Bien répliqué ma fille! Je ne veux pas non plus la brusquer dans le rythme de ses apprentissages, je lève un peu la pédale de ma passion. Malgré tout, elle parle un petit peu plus chaque jour, comprend tout ce que je lui raconte et répète de plus en plus après moi. Tout comme lorsqu’elle était bébé ses rires cristallins m’évoquaient des chants d'oiseaux de paradis, sa petite voix toute neuve m’enchante l’ouie.
Il fait bon être sa maman à temps plein. L’hiver prochain, je devrai m’en séparer un peu, passer le flambeau à une autre quelques jours par semaine, histoire que l’on évite la banqueroute et que mon mari ne meurt pas de soucis! Cependant, présentement, l’élever dans ce cocon tissé de la douceur de mon cœur est ma seule priorité et c'est ainsi…
Parfois au creux de mes journées, je me dis que j’aurai bien envie d’écrire et de m’épanouir les neurones. Une autre fois, l’envie de traduire et de me rappeler ce qu’est un pouvoir d’achat me traverse la chair. Et puis je la regarde me sourire, j’entends ce « Maman » terme multifonctionnel qui m’appelle et plus rien d’autre ne compte…
« Maman », ça y est j’ai inséré le terme en mon identité. Elle dit « Maman ! » et j’apparais comme par magie. Je suis là pour consoler, donner, aider, ramasser, porter, éduquer. Je suis un mot à multiples fonctions! Parfois, je sature et que j’aimerai bien me souvenir que j’ai un prénom. Et puis son rire m’entraîne et je m'oublie...
La mère en moi s’active, cogite. Elle a 18 mois, elle baragouine beaucoup mais parle peu à mon goût. Le « Maman » télépathique rendant trop bien service. Je lis que les enfants qui marchent tôt parlent plus tard et vice-versa. Elle possède une douzaine de mots à son vocabulaire. Elle a développé un langage onomatopéique très coloré. Cependant je soupçonne mon dévouement de ne pas l’encourager à parler plus clairement. Je médite sur le sujet et décide d’appuyer sur la pédale du langage. Plus de niaisages…
Je l’encourage à être autonome en lui apprenant à s’habiller et se déshabiller, en la laissant expérimenter ce qui lui passe par la tête, en essayant de ne pas répondre à chacune de ses demandes. Ce dernier point est le plus ténu. J’estime qu’en étant à la maison mon emploi est son bien-être, or ce faisant me voilà un peu sa bonne! Il faut que je révise un peu le sujet. L’homme me réprimande un peu et trouve que je ne pense à assez à moi. Pffff! Leur bien-être est mon bonheur...
Je dois me surveiller si je ne veux pas en faire une enfant capricieuse. Pour l’instant, j’ai encore l’impression d’équilibres. Même si je vis selon son rythme, elle sait mes limites et ne les dépasse pas. Elle est bien dans sa peau, vive et agréable à vivre. Pourvu que cela dure! Eve, enceinte jusqu’aux dents la trouve toujours de bonne humeur, elle n’est pas la seule à nous le faire remarquer. Partout où on la trimballe, elle attire les gens qui viennent lui faire des risettes et n’en finissent plus de nous dire combien elle est souriante.
Tant et si bien que l’autre jour, au dépanneur du coin, alors que je feuillette des magazines (que je n’ai plus les moyens d’acheter) et que M’zelle Soleil s’amuse à accueillir chaque personne avec un signe de la main et un sourire. La dame derrière la caisse papote allégrement sur le fait qu’elle n’en revient pas combien cet enfant est charmante. Mentalement, je grogne en silence: « Oui, je sais, je sais, c’est un petit rayon de soleil mais pourrais-je lire deux potins tranquille deux minutes ? ». Une bouffée d'impatience s'échappe de ma peau, entre deux lignes volées, je ne peux m’empêcher de rétorquer un peu sèchement : « Cela doit être parce-que je me dévoue à son bonheur! » Merci. Bonjour. Fin de la conversation. Je parcoure encore quelques pages avant d’enlever ma jolie qui sourit à la ronde. Parfois, je fatigue...
Cette semaine, pas de journée de gardienne pour cause de jour férié. Son apprentissage de la garderie n'est pas violent! Un jour à la fois, par ci par là dans le mois, c'est suffisant. Je n'aime pas l'idée de devoir m'habituer à ne pas l'avoir avec moi. Je sais que tout ce temps que je passe avec elle est précieux. Je ne m'en plains pas. J'espère que je ne me trompe pas, que je lui apporte tout ce dont elle a besoin, que je sers à quelque chose d'utile. Je sais que tout ce temps passé avec elle est presque un luxe par nos temps modernes. Un luxe qui m’entraîne dans la simplicité « involontaire » parce-que, honnêtement, je ne suis pas sure que si j’avais un pouvoir d’achat je serai aussi ascétique sur le plan de mes envies de consommation. Enfin vu que mon choix de vie ne me porte pas dans cette direction, y penser ne sert à rien! Peut-être un peu malgré moi, j’apprécie cette simplicité loin des artifices. Je l’apprécie assez pour l’apprivoiser et m’y sentir à l’aise. Je réprime mes insatisfactions personnelles, mes frustrations matérielles, la culpabilité d’appauvrir mon foyer, pour me donner entièrement à ce devoir que je ressens, ce besoin d’être auprès d’elle. Je réalise aussi que moins j’ai d’argent, moins j’en ai envie (si je ne pense pas aux réparations de l’auto et à l’étage d’en dessous à rénover!). Moins j’ai d’argent dans mes poches et plus j’ai l’impression de ne vivre que des vraies choses. C’est étrange. J’en connais tant des gens plein aux as qui plus ils en ont, plus ils en veulent! Et plus ils sonnent creux de l’intérieur...
Il faut dire que M’zelle Soleil me comble de mille bonheurs qui me donnent l’impression de vivre dans une inestimable richesse maternelle. Chacun de ses sourires confiants, de ses baisers baveux qu’elle m’offre généreusement m’enrichit l’esprit. Ses petites mains qui serrent mon cou affectueusement me remplissent le coeur de chaleur. Son regard me bouleverse et ses mimiques me renversent l'être. Jour après jour, elle se personnalise, elle émerge de la coquille du bébé pour devenir une toute petite fille. Jour après jour, je m'émerveille...
Alors que je lui explique toutes sortes de choses et l’incite à dire les mots qui les désignent. Elle préfère souvent mimer ses désirs. Elle me fait signe qu’elle veut boire, je lui demande de répéter le mot : « eau ». Elle me regarde d’un drôle d’air et ne me réponds rien :
- Dis eau Lily, dis le mot…
Elle me regarde sérieusement et d’une toute petite voix timide me dit :
- Mmmoooooo
Okay la mère! J’éclate de rire. Bien répliqué ma fille! Je ne veux pas non plus la brusquer dans le rythme de ses apprentissages, je lève un peu la pédale de ma passion. Malgré tout, elle parle un petit peu plus chaque jour, comprend tout ce que je lui raconte et répète de plus en plus après moi. Tout comme lorsqu’elle était bébé ses rires cristallins m’évoquaient des chants d'oiseaux de paradis, sa petite voix toute neuve m’enchante l’ouie.
Il fait bon être sa maman à temps plein. L’hiver prochain, je devrai m’en séparer un peu, passer le flambeau à une autre quelques jours par semaine, histoire que l’on évite la banqueroute et que mon mari ne meurt pas de soucis! Cependant, présentement, l’élever dans ce cocon tissé de la douceur de mon cœur est ma seule priorité et c'est ainsi…
lundi, mai 21, 2007
Caprices informatiques
...
Il semblerait que mon habituelle boite de commentaires fasse beaucoup des ratés en ce moment. Les mots envoyés s'évaporent en un click, le service est souvent indisponible, bref c'est tannant lorsque cela arrive régulièrement! Le service est instable, il laisse passer quelques messages ou les avale selon ses caprices informatiques! Blogger qui héberge cette page propose aussi un service de commentaires que je n'ai jamais utilisé, ceci est un test relié à la chose en question...
... Quelques minutes plus tard... Je réalise que cela ne marche pas! Pourquoi une fois activée dans le compte, le système de commentaire de Blogger n'apparaît pas ici? Mystère sans boule de gomme! Ceci aura malheureusement épuisé le peu de patience que je possède présentement pour ce genre de troubles blogoshèriques! Alors il faudra s'armer de patience avec la boite existante (laisser la chance au coureur) avant de se décider à en changer définitivement. Ce qui m'ennuierait puisque trifouiller dans les entrailles de la bête virtuelle m'énerve J'ai bon espoir que le trouble passe et s'efface. Désolée pour ce petit inconvénient passager...
Il semblerait que mon habituelle boite de commentaires fasse beaucoup des ratés en ce moment. Les mots envoyés s'évaporent en un click, le service est souvent indisponible, bref c'est tannant lorsque cela arrive régulièrement! Le service est instable, il laisse passer quelques messages ou les avale selon ses caprices informatiques! Blogger qui héberge cette page propose aussi un service de commentaires que je n'ai jamais utilisé, ceci est un test relié à la chose en question...
... Quelques minutes plus tard... Je réalise que cela ne marche pas! Pourquoi une fois activée dans le compte, le système de commentaire de Blogger n'apparaît pas ici? Mystère sans boule de gomme! Ceci aura malheureusement épuisé le peu de patience que je possède présentement pour ce genre de troubles blogoshèriques! Alors il faudra s'armer de patience avec la boite existante (laisser la chance au coureur) avant de se décider à en changer définitivement. Ce qui m'ennuierait puisque trifouiller dans les entrailles de la bête virtuelle m'énerve J'ai bon espoir que le trouble passe et s'efface. Désolée pour ce petit inconvénient passager...
samedi, mai 19, 2007
Entre les pages...
Entre les pages...
M'zelle Soleil lors de son premier lancement littéraire fut presque aussi sage qu'une image mais ne fut pas du tout transcendée par la lecture des haïkus de cette poétesse (dont j’ai malheureusement oublié le nom) de grande renommée en son domaine. Un petit lancement pour la dernière édition d'une revue locale (Le Bilboquet) et pour le nouveau recueil de poésie de Fabienne Roitel.
Un petit lancement qui fit remonter de subtiles sensations (de ma vie d'avant enfantement) à la surface de mes émotions et qui remit un peu d’huile créative dans mes roulements grinçants. Je me dérouille lentement les neurones, demain est une autre saison...
Voilà longtemps que je ne me suis pas pliée à un petit jeu de blogosphère. J'ai la cervelle qui chauffe, j'en profite pour prendre le relais passé par Calamity…
Quatre livres de mon enfance.
Un "Oui-Oui", deux au pif du Club des cinq de la bibliothèque verte et n'importe lequel de la serie de Fantomette…
Quatre écrivains que je lirai et relirai encore
Zola, Barjavel, Kerouac, Kundera
Quatre auteurs que je n’achèterai probablement plus
Hum, je n’en ai pas vraiment en tête, peut-on jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau? L'ouvrage que j’ai le plus détesté lire fut American Psycho de Bret Easton Ellis Je l’ai lu tout le long avec une nausée de fond, je me suis acharnée à le finir, à ingurgiter la sauce nauséabonde jusqu’à la dernière page. Lorsque j’ai fermé ce bouquin là, révulsée à la moelle, pour l’unique fois de ma vie, j’ai désiré le détruire. Si j’avais eu un feu de joie devant moi à ce moment là, je l’aurai sûrement jeté dedans! Il m’a fallu des semaines pour me défaire de l’écoeurement qu’il m’aura inspirée. Pourtant le fait qu’il m’ait autant atteint ne peut que refléter le talent de son auteur qui aura réussi à m’affecter profondément. De plus j'ai adoré "Less than Zero"alors je reboirai sûrement un jour à cette fontaine! Et puis comme je ne lis présentement aucun livre par obligation et qu’il y a tellement de choix de lectures dans les deux langues que je consomme, je doute de me retrouver prochainement devant ce dilemme. En revanche, j'aimerai bien lire le dernier bouquin de Claire Castillon...
Quatre bouquins que j’emmènerai sur une île déserte
En plus du Robert j’emmènerai
- La Terre de Zola
- Les clochards célestes de Kerouac
- Le spleen de Paris de Baudelaire
- L'œuvre fantastique de Théophile Gautier
Les (quatre fois quatre) derniers mots d’un de mes livres préférés
« (…) leur tournai le dos et continuai le long du sentier vers ce bas monde. »
Jack Kerouac (Les clochards célestes)
Les quatre derniers bouquins de ma liste
Dans une petite pile, sur mon bureau, à coté de mon écran: La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin. La guerre des sexes de Nando Michaud. Le Père de nos pères de Bernard Werber. Sonde ton cœur Laurie Rivers de Stephane Bourguignon
Quatre lecteurs ou lectrices dont j’aimerai connaître les quatre
Je laisse libre arbitre à qui voudra bien se plier à ce petit jeu des quatre…
M'zelle Soleil lors de son premier lancement littéraire fut presque aussi sage qu'une image mais ne fut pas du tout transcendée par la lecture des haïkus de cette poétesse (dont j’ai malheureusement oublié le nom) de grande renommée en son domaine. Un petit lancement pour la dernière édition d'une revue locale (Le Bilboquet) et pour le nouveau recueil de poésie de Fabienne Roitel.
Un petit lancement qui fit remonter de subtiles sensations (de ma vie d'avant enfantement) à la surface de mes émotions et qui remit un peu d’huile créative dans mes roulements grinçants. Je me dérouille lentement les neurones, demain est une autre saison...
Voilà longtemps que je ne me suis pas pliée à un petit jeu de blogosphère. J'ai la cervelle qui chauffe, j'en profite pour prendre le relais passé par Calamity…
Quatre livres de mon enfance.
Un "Oui-Oui", deux au pif du Club des cinq de la bibliothèque verte et n'importe lequel de la serie de Fantomette…
Quatre écrivains que je lirai et relirai encore
Zola, Barjavel, Kerouac, Kundera
Quatre auteurs que je n’achèterai probablement plus
Hum, je n’en ai pas vraiment en tête, peut-on jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau? L'ouvrage que j’ai le plus détesté lire fut American Psycho de Bret Easton Ellis Je l’ai lu tout le long avec une nausée de fond, je me suis acharnée à le finir, à ingurgiter la sauce nauséabonde jusqu’à la dernière page. Lorsque j’ai fermé ce bouquin là, révulsée à la moelle, pour l’unique fois de ma vie, j’ai désiré le détruire. Si j’avais eu un feu de joie devant moi à ce moment là, je l’aurai sûrement jeté dedans! Il m’a fallu des semaines pour me défaire de l’écoeurement qu’il m’aura inspirée. Pourtant le fait qu’il m’ait autant atteint ne peut que refléter le talent de son auteur qui aura réussi à m’affecter profondément. De plus j'ai adoré "Less than Zero"alors je reboirai sûrement un jour à cette fontaine! Et puis comme je ne lis présentement aucun livre par obligation et qu’il y a tellement de choix de lectures dans les deux langues que je consomme, je doute de me retrouver prochainement devant ce dilemme. En revanche, j'aimerai bien lire le dernier bouquin de Claire Castillon...
Quatre bouquins que j’emmènerai sur une île déserte
En plus du Robert j’emmènerai
- La Terre de Zola
- Les clochards célestes de Kerouac
- Le spleen de Paris de Baudelaire
- L'œuvre fantastique de Théophile Gautier
Les (quatre fois quatre) derniers mots d’un de mes livres préférés
« (…) leur tournai le dos et continuai le long du sentier vers ce bas monde. »
Jack Kerouac (Les clochards célestes)
Les quatre derniers bouquins de ma liste
Dans une petite pile, sur mon bureau, à coté de mon écran: La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin. La guerre des sexes de Nando Michaud. Le Père de nos pères de Bernard Werber. Sonde ton cœur Laurie Rivers de Stephane Bourguignon
Quatre lecteurs ou lectrices dont j’aimerai connaître les quatre
Je laisse libre arbitre à qui voudra bien se plier à ce petit jeu des quatre…
Au coeur de l’idéal..
Au coeur de mon idéal..
Un ciel d’azur, la phosphorescente verdure des feuilles sur les branches, le soleil réchauffe les corps en peine. La voiture au garage nous offre une facture salée. Mon homme parti en Gaspésie pour un tournoi de Volley-Ball. Une voiture neuve dans l’allée dont les kilométrages sont comptés pour ne pas pimenter davantage les soucis financiers. Les oiseaux gazouillent dans les arbres. Le lac tranquille se prépare à l'assaut de mes pairs. Lily-Soleil scotchée à ma jambe…
Lorsqu’on lui a proposé de participer à ce tournoi situé à plusieurs centaines de kilomètres, Juan a tout d’abord refusé en pensant à moi. Puis j’ai pensé à lui et je l’ai encouragé à accepter, mon amour le commandait. Lui qui trime depuis que je suis tombée enceinte pour sécuriser ma pomme dans cette construction de famille méritait bien de se changer les idées. En moi s'agite la hantise de devoir vivre mon quotidien en une dynamique monoparentale. Mon amour est plus fort que ma peur. Il est bon d’affronter ses peurs si on veut les dépasser.
Je suis le fruit d’une passion éphémère. Née d’un mariage éclair, mes parents, à peine majeurs, ont divorcé avant que je ne fête ma première année. Je n’ai jamais rien connu d’autre que les recompositions familiales maternelles et la démission paternelle. Écartée. J’ai toujours eu l'impression d’exister en marge de la vie de ma mère. Mon enfance différente de la norme n'a pas été malheureuse. Entre ma mère et ma grand-mère, c'est un peu comme si j’avais été élevée (si l'on transpose le concept à New-York en 2010) par un couple de lesbiennes divorcées (en bon terme) qui se partageraient ma garde. Par moment c’était bizarre, doucement surréaliste. Je sais que les circonstances de mon enfance ont façonné l’adulte que je suis devenue. Avec Juan, je vis le fantasme de la petite fille aux sensations orphelines qui chuchote son bonheur sous ma chair. Tout ce que je désire est d’une banale normalité. Un père et une mère en harmonie qui s’épanouissent sous le même toit. Peut-être n’est-ce pas si normal que cela puisque les exemples de couples qui traversent les décennies tout en cultivant leur amour intact se font bien rares…
Seule avec ma fille, je vais bien. Je ne m’effondre pas, j’affronte, je me débrouille avec ma progéniture sans trouble. Si vite pourtant je reconnais cette dynamique honnie. Je suis de l’autre coté du miroir. Je me moule à ces quelques jours sans présence masculine. Seule. Je suis forte. Je fonctionne sans problémes apparents. C’est un peu comme refaire de la bicyclette (du tandem en fait) après un long temps d’arrêt. Je suis désormais aux commandes. Je pense à lui, il pense à nous, je suis heureuse qu’il profite de sa vie. Je ne suis pas seule à l’intérieur. Lily-Soleil en ses babillages bambins me demande « Où est papa ? ». Je sens qu'elle le cherche. Je lui explique qu’il est aller jouer au ballon avec ses amis, que nous irons bientôt le chercher, que tout va bien. Elle semble comprendre même si elle pleurniche un peu. Seule avec ma fille je suis. Si vite, les sensations d'antan m'assaillent. Je sais combien il est difficile d’élever seule un enfant. Je possède en moi la mémoire de ma mère. Je ne veux pas revivre sa vie de l’autre coté de la barrière. Je veux construire la mienne, à part, à ma manière. Je veux savoir ce que c’est qu’un père et une mère qui élèvent ensemble une famille, la même, la leur…
L'enfant est un miroir dans lequel le parent se reflète. Je sais la mère que je désire être. Je l'ai rêvée durant tant d'années. Patiente, attentive, douce, aimante, présente, compréhensive, attentionnée. Je voudrais tout donner à ma petite fille, lui donner le meilleur de mon coeur, m’écarter du pire, boucher les gouffres qui m'attirent. Je suis prête à affronter tous les démons qui me chatouillent l’obscurité pour mieux les annihiler. Arriverai-je à devenir la mère que je désire être? Le chemin est long, périlleux, les obstacles sont multiples. Je suis prête à plier pour trouver le juste équilibre entre leurs émotions et mes sentiments. Jamais je ne serai parfaite, toujours je pourrai faire mieux, jusqu’à mon dernier souffle j’essayerai d’avancer encore plus près de cette lumière qui m’éclaire l’esprit.
Un ciel d’azur, la phosphorescente verdure des feuilles sur les branches, le soleil réchauffe les corps en peine. La voiture au garage nous offre une facture salée. Mon homme parti en Gaspésie pour un tournoi de Volley-Ball. Une voiture neuve dans l’allée dont les kilométrages sont comptés pour ne pas pimenter davantage les soucis financiers. Les oiseaux gazouillent dans les arbres. Le lac tranquille se prépare à l'assaut de mes pairs. Lily-Soleil scotchée à ma jambe…
Lorsqu’on lui a proposé de participer à ce tournoi situé à plusieurs centaines de kilomètres, Juan a tout d’abord refusé en pensant à moi. Puis j’ai pensé à lui et je l’ai encouragé à accepter, mon amour le commandait. Lui qui trime depuis que je suis tombée enceinte pour sécuriser ma pomme dans cette construction de famille méritait bien de se changer les idées. En moi s'agite la hantise de devoir vivre mon quotidien en une dynamique monoparentale. Mon amour est plus fort que ma peur. Il est bon d’affronter ses peurs si on veut les dépasser.
Je suis le fruit d’une passion éphémère. Née d’un mariage éclair, mes parents, à peine majeurs, ont divorcé avant que je ne fête ma première année. Je n’ai jamais rien connu d’autre que les recompositions familiales maternelles et la démission paternelle. Écartée. J’ai toujours eu l'impression d’exister en marge de la vie de ma mère. Mon enfance différente de la norme n'a pas été malheureuse. Entre ma mère et ma grand-mère, c'est un peu comme si j’avais été élevée (si l'on transpose le concept à New-York en 2010) par un couple de lesbiennes divorcées (en bon terme) qui se partageraient ma garde. Par moment c’était bizarre, doucement surréaliste. Je sais que les circonstances de mon enfance ont façonné l’adulte que je suis devenue. Avec Juan, je vis le fantasme de la petite fille aux sensations orphelines qui chuchote son bonheur sous ma chair. Tout ce que je désire est d’une banale normalité. Un père et une mère en harmonie qui s’épanouissent sous le même toit. Peut-être n’est-ce pas si normal que cela puisque les exemples de couples qui traversent les décennies tout en cultivant leur amour intact se font bien rares…
Seule avec ma fille, je vais bien. Je ne m’effondre pas, j’affronte, je me débrouille avec ma progéniture sans trouble. Si vite pourtant je reconnais cette dynamique honnie. Je suis de l’autre coté du miroir. Je me moule à ces quelques jours sans présence masculine. Seule. Je suis forte. Je fonctionne sans problémes apparents. C’est un peu comme refaire de la bicyclette (du tandem en fait) après un long temps d’arrêt. Je suis désormais aux commandes. Je pense à lui, il pense à nous, je suis heureuse qu’il profite de sa vie. Je ne suis pas seule à l’intérieur. Lily-Soleil en ses babillages bambins me demande « Où est papa ? ». Je sens qu'elle le cherche. Je lui explique qu’il est aller jouer au ballon avec ses amis, que nous irons bientôt le chercher, que tout va bien. Elle semble comprendre même si elle pleurniche un peu. Seule avec ma fille je suis. Si vite, les sensations d'antan m'assaillent. Je sais combien il est difficile d’élever seule un enfant. Je possède en moi la mémoire de ma mère. Je ne veux pas revivre sa vie de l’autre coté de la barrière. Je veux construire la mienne, à part, à ma manière. Je veux savoir ce que c’est qu’un père et une mère qui élèvent ensemble une famille, la même, la leur…
L'enfant est un miroir dans lequel le parent se reflète. Je sais la mère que je désire être. Je l'ai rêvée durant tant d'années. Patiente, attentive, douce, aimante, présente, compréhensive, attentionnée. Je voudrais tout donner à ma petite fille, lui donner le meilleur de mon coeur, m’écarter du pire, boucher les gouffres qui m'attirent. Je suis prête à affronter tous les démons qui me chatouillent l’obscurité pour mieux les annihiler. Arriverai-je à devenir la mère que je désire être? Le chemin est long, périlleux, les obstacles sont multiples. Je suis prête à plier pour trouver le juste équilibre entre leurs émotions et mes sentiments. Jamais je ne serai parfaite, toujours je pourrai faire mieux, jusqu’à mon dernier souffle j’essayerai d’avancer encore plus près de cette lumière qui m’éclaire l’esprit.
mercredi, mai 16, 2007
Prendre le large
EXPRESSION
« Prendre le large / mettre les voiles »
SIGNIFICATION
S'éloigner, s'éclipser, s'enfuir.
ORIGINE
Voilà deux expressions de même sens dont personne ne pourra nier l'origine maritime. Le 'large', même un montagnard sait qu'il s'agit de ce qui est loin d'une côte maritime (du côté mer, bien sûr !). Prendre le large, c'est aller vers le large, donc s'éloigner de la côte et des gens qui y sont en train d'agiter leur mouchoir pour dire adieu à celui qui a pris la mer et s'en va vers l'aventure au galop avec une possibilité de non retour, tellement la mer peut être capable de faire disparaître qui elle veut. Et, lorsque c'est à bord d'un voilier qu'on quitte le plancher des vaches, pour prendre le large, il faut d'abord hisser (ou mettre) les voiles.
Nous avons donc ici affaire à deux métaphores maritimes qui illustrent un départ, un éloignement et, par extension, une fuite. La première des deux date du XVe siècle. La seconde, dans sa forme actuelle, est beaucoup plus récente puisque attestée vers 1900, mais elle existait déjà sous la forme "bander ses voiles" au XVIIe.
« Prendre le large / mettre les voiles »
SIGNIFICATION
S'éloigner, s'éclipser, s'enfuir.
ORIGINE
Voilà deux expressions de même sens dont personne ne pourra nier l'origine maritime. Le 'large', même un montagnard sait qu'il s'agit de ce qui est loin d'une côte maritime (du côté mer, bien sûr !). Prendre le large, c'est aller vers le large, donc s'éloigner de la côte et des gens qui y sont en train d'agiter leur mouchoir pour dire adieu à celui qui a pris la mer et s'en va vers l'aventure au galop avec une possibilité de non retour, tellement la mer peut être capable de faire disparaître qui elle veut. Et, lorsque c'est à bord d'un voilier qu'on quitte le plancher des vaches, pour prendre le large, il faut d'abord hisser (ou mettre) les voiles.
Nous avons donc ici affaire à deux métaphores maritimes qui illustrent un départ, un éloignement et, par extension, une fuite. La première des deux date du XVe siècle. La seconde, dans sa forme actuelle, est beaucoup plus récente puisque attestée vers 1900, mais elle existait déjà sous la forme "bander ses voiles" au XVIIe.
Printemps en chute libre
Printemps en chute libre
Aprés plusieurs beaux jours en continu, alors que l'on s'y habituait déjà, le vent tourne la saison à l'envers. Ce matin, aux nouvelles, « ils » ont eu l’audace de parler de neige fondante! Ce matin, en jetant un coup d'oeil par la fenêtre, j'ai attrapé un colibri du regard. Frissons terrestres. La lune prend le large. La température replonge les nuits au dessous de zéro. On se lève et on gèle. Remonter le chauffage. Écouter de la musique qui plane. À l'horizon, une froide grisaille pénètre l’atmosphère. Le jour grelotte. La lumière extérieure se voile, je m’évade dans les rayons éclatants de mon soleil bambin…
Aprés plusieurs beaux jours en continu, alors que l'on s'y habituait déjà, le vent tourne la saison à l'envers. Ce matin, aux nouvelles, « ils » ont eu l’audace de parler de neige fondante! Ce matin, en jetant un coup d'oeil par la fenêtre, j'ai attrapé un colibri du regard. Frissons terrestres. La lune prend le large. La température replonge les nuits au dessous de zéro. On se lève et on gèle. Remonter le chauffage. Écouter de la musique qui plane. À l'horizon, une froide grisaille pénètre l’atmosphère. Le jour grelotte. La lumière extérieure se voile, je m’évade dans les rayons éclatants de mon soleil bambin…
mardi, mai 15, 2007
Nocturne
Nocturne...
Après plus de 18 mois de retraite maternelle, je reçois encore quelques communiqués de presse égarés en mes courriels. Sachant que j’avais un rendez-vous en ville vendredi tôt le matin, je prends note de l’annonce d’un show pour le jeudi soir. Je fais suivre l’info à Miss Dee qui propage la nouvelle.
Il nous faut toute une organisation parentale pour envisager telle sortie. S’arranger avec la grand-mère pour aller coucher l’enfant dans son lit et prendre une chambre où dormir la nuit. Ma mère possédant un petit « Bed and Breakfast » tout près de la vieille ville, c’est quand même facile de s’y trouver une chambre! Le temps d’endormir l’enfant qui soudainement s'accroche à mon cou et nous voilà partis sur la rue St-Jean...
L’on est en retard mais pas trop, l’on y retrouve une « gang » d’amis avec qui profiter du soir. Au cœur de l’action, le JMC Project, un groupe hip-hop jazz des plus sympathiques. Le « groove» est bon. En souvenir du moment qui passe, j’attrape quelques minutes d’atmosphère nocturne. Nous sommes au Ninkasi, un nouveau bar sur la rue St-Jean qui fait de plus en plus parler de lui. Une connaissance que je n’avais pas vu depuis des lustres m’explique que c’est le nouvel endroit à la mode. En gros, il me dévelloppe ce résumé: "De l’art en bar: Les employés de la Ninkasi sont tous des passionnés qui pratiquent l’art à leur façon. En plus de mettre les produits québécois en valeur, la maison fait de même avec les artistes émergents qui touchent à tous les styles. Ce pub est une scène privilégiée pour découvrir de nouvelles révélations musicales, avec une salle pouvant accueillir 225 personnes. Une pièce est également réservée aux expositions d’artistes locaux et le tout offert gratuitement."
Je me laisse bercer par les rythmes qui me parcourent le corps, le « beat » est bon. L'oiseau de nuit bien réveillé palpite en la liberté de ma peau. C'est presque une renaissance. Le « show » terminé, des petits attroupements se forment sur la rue. La nuit est douce. Tout le monde est satisfait de sa soirée. L’ambiance est à la bonne humeur. Notre petite troupe décide d’aller croquer quelques conversations dans un appart à deux pas. En petit comité, l’on savoure la nuit quelques instants encore avant de se séparer pour retrouver les jours de nos réalités respectives…
Après plus de 18 mois de retraite maternelle, je reçois encore quelques communiqués de presse égarés en mes courriels. Sachant que j’avais un rendez-vous en ville vendredi tôt le matin, je prends note de l’annonce d’un show pour le jeudi soir. Je fais suivre l’info à Miss Dee qui propage la nouvelle.
Il nous faut toute une organisation parentale pour envisager telle sortie. S’arranger avec la grand-mère pour aller coucher l’enfant dans son lit et prendre une chambre où dormir la nuit. Ma mère possédant un petit « Bed and Breakfast » tout près de la vieille ville, c’est quand même facile de s’y trouver une chambre! Le temps d’endormir l’enfant qui soudainement s'accroche à mon cou et nous voilà partis sur la rue St-Jean...
L’on est en retard mais pas trop, l’on y retrouve une « gang » d’amis avec qui profiter du soir. Au cœur de l’action, le JMC Project, un groupe hip-hop jazz des plus sympathiques. Le « groove» est bon. En souvenir du moment qui passe, j’attrape quelques minutes d’atmosphère nocturne. Nous sommes au Ninkasi, un nouveau bar sur la rue St-Jean qui fait de plus en plus parler de lui. Une connaissance que je n’avais pas vu depuis des lustres m’explique que c’est le nouvel endroit à la mode. En gros, il me dévelloppe ce résumé: "De l’art en bar: Les employés de la Ninkasi sont tous des passionnés qui pratiquent l’art à leur façon. En plus de mettre les produits québécois en valeur, la maison fait de même avec les artistes émergents qui touchent à tous les styles. Ce pub est une scène privilégiée pour découvrir de nouvelles révélations musicales, avec une salle pouvant accueillir 225 personnes. Une pièce est également réservée aux expositions d’artistes locaux et le tout offert gratuitement."
Je me laisse bercer par les rythmes qui me parcourent le corps, le « beat » est bon. L'oiseau de nuit bien réveillé palpite en la liberté de ma peau. C'est presque une renaissance. Le « show » terminé, des petits attroupements se forment sur la rue. La nuit est douce. Tout le monde est satisfait de sa soirée. L’ambiance est à la bonne humeur. Notre petite troupe décide d’aller croquer quelques conversations dans un appart à deux pas. En petit comité, l’on savoure la nuit quelques instants encore avant de se séparer pour retrouver les jours de nos réalités respectives…
lundi, mai 14, 2007
Miroir, mon beau miroir...
Celui qui a écarté la convoitise, la haine et la sottise, ressemble à un miroir frotté.
Bouddha
La vie est comme un miroir. Si tu lui souris, elle te renvoie ton image.
Louis Nucera
Le monde visible n'est que le miroir de la volonté.
Arthur Schopenhauer
Et maintenant, réfléchissez, les miroirs.
Jacques Rigaut
Bouddha
La vie est comme un miroir. Si tu lui souris, elle te renvoie ton image.
Louis Nucera
Le monde visible n'est que le miroir de la volonté.
Arthur Schopenhauer
Et maintenant, réfléchissez, les miroirs.
Jacques Rigaut
Lundi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince...
Lundi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince...
Petit matin ensoleillé, l’enfant joviale imite mes souffles, l’homme se prépare pour son départ. L’enfant mignonne me sourit tendrement. Je lui explique qu’aujourd’hui elle va aller chez Manon voir les enfants, Angélique et Alexandre. Elle me sourit toujours. J’avale cette angoisse qui m’arrache la gorge. Je m’assois. Elle papote, appelle son père de cette petite voix toute neuve qui m'émeut le coeur. Impassible, je combats la nausée qui me soulève l’estomac. Une bouffée de chaleur m'inonde, rien de tel pour mieux réchauffer l’inquiétude irraisonnée de la mère poulette. Quelques sueurs empestent mon atmosphère, plus les minutes passent, plus je pue, l’angoisse me coule des dessous de bras. Yerk! Je suis en total contrôle. L’homme en revient à peine et se moque de moi :
- J’en reviens pas, tu as plus de difficulté qu’elle!
J’avale, ce n’est pas drôle. Je hausse les épaules. Il observe mon silence contrit :
- Je comprends pas…
- Je sais…
Comment pourrait-il comprendre ce que c’est que d’entrer en processus de gestation, que de se déformer le corps, que de souffrir pour pondre de sa chair un petit être parfait à ses yeux de père comblé? Que de manquer d’y laisser sa peau et d’aimer ce petit être de façon totalement viscérale? Que d’avoir cette impression magique de lui avoir transmis la vie en y donnant un peu de la sienne? Que de se dévouer le quotidien au bonheur de l'enfant? Que de ressentir un gigantesque devoir vis-à-vis de ce petit être imprégné d'innocence? Que d'éprouver cette fulgurante responsabilité de ses jours présents et futurs? Il en comprend assez pour supporter mes états d'âmes et continuer de m'aimer...
Il s'est habitué à la quitter tous les matins pour aller au bureau, aucune anormalité ne se dessine dans sa matinée. Et oui, gnagnagna, blablablabla, je sais que c’est bon pour elle, qu'une journée par semaine hors des jupes de sa mère ne la traumatisera pas! C’est pour elle que je contrôle d’une main de fer le cours de mes émotions folles. Elle est y allée pour la première fois lundi dernier. Elle y ira tous les lundis jusqu’en août. J’ai une totale confiance en Manon. Sa maison est grande, son terrain est jonché de dizaines de jouets, de glissades, de cabanes. Plus de jouets que Lily n’en a jamais vu à la fois. Lorsque je suis allée la chercher lundi dernier, elle m’a vue et m'a demandé :
- Papa?
- Papa est parti au bureau ma puce.
- Papa api?
- Oui, il va revenir tout à l’heure…
Et la voilà qui me pleurniche dans les bras! Je suis légèrement vexée, c’est la vie dans ma face! Je discute quelques minutes avec Manon sur le complexe d’Œdipe. Nous en revenons à la journée qui vient de se passer. Ma progéniture aura été trés agréable, un exemple parfait de bonne adaptation à un nouvel environnement. Manon n'en revient pas comment elle écoute sagement durant la lecture d'un livre ou comment elle s'applique à essayer d'écrire. Manon m'explique que la présence de Lily (18 mois) stimule Alexandre (15 mois) qui ne voit pas beaucoup d’enfants dans sa tranche d’âge. Lui qui refuse de marcher ou de se relever lorsqu’il tombe aura joué de son orgueil de mâle à la journée longue en trottinant comme jamais pour rivaliser avec l’ardeur de mon petit monstre toujours en mouvement. L’on se prépare à filer lorsque qu’Angélique (trois ans) commence à faire la trogne. Elle est triste de voir partir Lily-Soleil! C’est encore la meilleure, voilà pas que ma coquine aura charmée toute la maisonnée!!!
Je file dans le vent avec ma petite merveille, le cœur battant, je ressens un étrange sentiment, une sensation nouvelle, une grande fierté toute maternelle…
Petit matin ensoleillé, l’enfant joviale imite mes souffles, l’homme se prépare pour son départ. L’enfant mignonne me sourit tendrement. Je lui explique qu’aujourd’hui elle va aller chez Manon voir les enfants, Angélique et Alexandre. Elle me sourit toujours. J’avale cette angoisse qui m’arrache la gorge. Je m’assois. Elle papote, appelle son père de cette petite voix toute neuve qui m'émeut le coeur. Impassible, je combats la nausée qui me soulève l’estomac. Une bouffée de chaleur m'inonde, rien de tel pour mieux réchauffer l’inquiétude irraisonnée de la mère poulette. Quelques sueurs empestent mon atmosphère, plus les minutes passent, plus je pue, l’angoisse me coule des dessous de bras. Yerk! Je suis en total contrôle. L’homme en revient à peine et se moque de moi :
- J’en reviens pas, tu as plus de difficulté qu’elle!
J’avale, ce n’est pas drôle. Je hausse les épaules. Il observe mon silence contrit :
- Je comprends pas…
- Je sais…
Comment pourrait-il comprendre ce que c’est que d’entrer en processus de gestation, que de se déformer le corps, que de souffrir pour pondre de sa chair un petit être parfait à ses yeux de père comblé? Que de manquer d’y laisser sa peau et d’aimer ce petit être de façon totalement viscérale? Que d’avoir cette impression magique de lui avoir transmis la vie en y donnant un peu de la sienne? Que de se dévouer le quotidien au bonheur de l'enfant? Que de ressentir un gigantesque devoir vis-à-vis de ce petit être imprégné d'innocence? Que d'éprouver cette fulgurante responsabilité de ses jours présents et futurs? Il en comprend assez pour supporter mes états d'âmes et continuer de m'aimer...
Il s'est habitué à la quitter tous les matins pour aller au bureau, aucune anormalité ne se dessine dans sa matinée. Et oui, gnagnagna, blablablabla, je sais que c’est bon pour elle, qu'une journée par semaine hors des jupes de sa mère ne la traumatisera pas! C’est pour elle que je contrôle d’une main de fer le cours de mes émotions folles. Elle est y allée pour la première fois lundi dernier. Elle y ira tous les lundis jusqu’en août. J’ai une totale confiance en Manon. Sa maison est grande, son terrain est jonché de dizaines de jouets, de glissades, de cabanes. Plus de jouets que Lily n’en a jamais vu à la fois. Lorsque je suis allée la chercher lundi dernier, elle m’a vue et m'a demandé :
- Papa?
- Papa est parti au bureau ma puce.
- Papa api?
- Oui, il va revenir tout à l’heure…
Et la voilà qui me pleurniche dans les bras! Je suis légèrement vexée, c’est la vie dans ma face! Je discute quelques minutes avec Manon sur le complexe d’Œdipe. Nous en revenons à la journée qui vient de se passer. Ma progéniture aura été trés agréable, un exemple parfait de bonne adaptation à un nouvel environnement. Manon n'en revient pas comment elle écoute sagement durant la lecture d'un livre ou comment elle s'applique à essayer d'écrire. Manon m'explique que la présence de Lily (18 mois) stimule Alexandre (15 mois) qui ne voit pas beaucoup d’enfants dans sa tranche d’âge. Lui qui refuse de marcher ou de se relever lorsqu’il tombe aura joué de son orgueil de mâle à la journée longue en trottinant comme jamais pour rivaliser avec l’ardeur de mon petit monstre toujours en mouvement. L’on se prépare à filer lorsque qu’Angélique (trois ans) commence à faire la trogne. Elle est triste de voir partir Lily-Soleil! C’est encore la meilleure, voilà pas que ma coquine aura charmée toute la maisonnée!!!
Je file dans le vent avec ma petite merveille, le cœur battant, je ressens un étrange sentiment, une sensation nouvelle, une grande fierté toute maternelle…
jeudi, mai 10, 2007
Bouffée...
Immuable...
Frissons de lac. Atmosphère sauvage intacte. Il régne en ces eaux calmes une paix universelle, divine. En cet espace temps, l'invisible est à portée de l'esprit...
Immuable adj. - 1327 ; de 1. in- et muable, d'apr le lat immutabilis. 1. DIDACT. Qui reste identique à soi-même; qui ne peut éprouver aucun changement. Dieu éternel et immuable. Croire en une vérité absolue et immuable 2. COUR. Qui ne change guère; qui dure longtemps. = constant, durable, inaltérable, intemporel, invariable. Passion immuable.
Frissons de lac. Atmosphère sauvage intacte. Il régne en ces eaux calmes une paix universelle, divine. En cet espace temps, l'invisible est à portée de l'esprit...
Immuable adj. - 1327 ; de 1. in- et muable, d'apr le lat immutabilis. 1. DIDACT. Qui reste identique à soi-même; qui ne peut éprouver aucun changement. Dieu éternel et immuable. Croire en une vérité absolue et immuable 2. COUR. Qui ne change guère; qui dure longtemps. = constant, durable, inaltérable, intemporel, invariable. Passion immuable.
Tergiversations...
"The truth is out there"
Comment croire qu’un bébé puisse naître mauvais? Parfois j’imagine Hitler en petit bébé et je ne peux m’empêcher de me demander si j’aurais ressenti un quelconque malaise en le prenant dans mes bras. Tous les bébés ne naissent-ils pas purs? Après tout un bébé est peut-être tout simplement une sorte de canevas dans lequel se dessine l’adulte qu’il sera selon ses expériences, ses contextes, ses circonstances, sa résilience…
Mais ensuite peut-on avoir en sa chimie personnelle une prédisposition au mal ou au bien? C’est ce point là qui me chicote. Mon homme tombé diabétique à 15 ans avait en ses gènes une prédisposition au diabète juvénile, peut-être aurait-il pu ne jamais le développer ou l’attraper plus tôt ou plus tard dans sa vie, qui sait? Est-ce qu’Hitler possédait en sa chimie spirituelle une prédisposition au mal? Comment expliquer autrement l’adulte qu'il est devenu? Possédons-nous tous en notre coeur et âme une prédisposition à la gentillesse ou à la méchanceté? Dans cette réflexion personnelle, il n’est pas question de religion, les grandes religions ont les mêmes grandes lignes, perçues de différentes façons, toutes s’accordent en une recherche du bien. Et toutes semblent posséder leurs propres ombres. Le christianisme a le satanisme, l’Islam a le fanatisme (même si toutes formes de fanatisme religieux est dangereuse, l'Islam est particulièrement choyé sur ce plan), j’imagine que le judaïsme et l’hindouisme doivent aussi posséder des branches enclines à propager le mal et la souffrance. Peut-être même que le bouddhisme a une zone obscure...
Qu’est-ce que le "mal" et le "bien"? La grande question est là et ses réponses sont si complexes qu’une bonne partie de l’humanité finit toujours par y perdre les pédales! Le bien de certains nuit à d’autres, la douleur de l’un peut faire le bonheur de l’autre. Rien n'est clair sur ce sujet. Cependant il doit bien y avoir des vérités universelles qui se cachent quelque part. Des vérités qui se réverbèrent dans les grandes lignes des religions connues? Ne sait-on tous pas en notre fort intérieur ce qui est bon et ce qui est mauvais? Peut-être pas. Peut-être que parfois l'on devient aussi brouillé qu'un oeuf prêt pour le déjeuner! Est-ce que ces vérités universelles se cachent dans une perpétuelle quête?
Aussi n’y-a-t-il pas sur Terre des exemples d’humains foncièrement bons ou foncièrement mauvais? Est-ce les exceptions qui font la règle? La règle du flou spirituel dans lequel patauge le commun des mortels…
Comment croire qu’un bébé puisse naître mauvais? Parfois j’imagine Hitler en petit bébé et je ne peux m’empêcher de me demander si j’aurais ressenti un quelconque malaise en le prenant dans mes bras. Tous les bébés ne naissent-ils pas purs? Après tout un bébé est peut-être tout simplement une sorte de canevas dans lequel se dessine l’adulte qu’il sera selon ses expériences, ses contextes, ses circonstances, sa résilience…
Mais ensuite peut-on avoir en sa chimie personnelle une prédisposition au mal ou au bien? C’est ce point là qui me chicote. Mon homme tombé diabétique à 15 ans avait en ses gènes une prédisposition au diabète juvénile, peut-être aurait-il pu ne jamais le développer ou l’attraper plus tôt ou plus tard dans sa vie, qui sait? Est-ce qu’Hitler possédait en sa chimie spirituelle une prédisposition au mal? Comment expliquer autrement l’adulte qu'il est devenu? Possédons-nous tous en notre coeur et âme une prédisposition à la gentillesse ou à la méchanceté? Dans cette réflexion personnelle, il n’est pas question de religion, les grandes religions ont les mêmes grandes lignes, perçues de différentes façons, toutes s’accordent en une recherche du bien. Et toutes semblent posséder leurs propres ombres. Le christianisme a le satanisme, l’Islam a le fanatisme (même si toutes formes de fanatisme religieux est dangereuse, l'Islam est particulièrement choyé sur ce plan), j’imagine que le judaïsme et l’hindouisme doivent aussi posséder des branches enclines à propager le mal et la souffrance. Peut-être même que le bouddhisme a une zone obscure...
Qu’est-ce que le "mal" et le "bien"? La grande question est là et ses réponses sont si complexes qu’une bonne partie de l’humanité finit toujours par y perdre les pédales! Le bien de certains nuit à d’autres, la douleur de l’un peut faire le bonheur de l’autre. Rien n'est clair sur ce sujet. Cependant il doit bien y avoir des vérités universelles qui se cachent quelque part. Des vérités qui se réverbèrent dans les grandes lignes des religions connues? Ne sait-on tous pas en notre fort intérieur ce qui est bon et ce qui est mauvais? Peut-être pas. Peut-être que parfois l'on devient aussi brouillé qu'un oeuf prêt pour le déjeuner! Est-ce que ces vérités universelles se cachent dans une perpétuelle quête?
Aussi n’y-a-t-il pas sur Terre des exemples d’humains foncièrement bons ou foncièrement mauvais? Est-ce les exceptions qui font la règle? La règle du flou spirituel dans lequel patauge le commun des mortels…
mercredi, mai 09, 2007
Sous le soleil
Sous le soleil..
Il fait beau, il fait bon, la réalité des mois derniers s’est renversée en un petit paradis d’où sortent les bourgeons. Le vent transporte la chaleur et les odeurs. Le petit village niché sur la montagne voit déjà revenir quelques citadins assoiffés d'atmosphères non polluées. La transition climatique s’achève, l’été est presque arrivé. Les moustiques aussi. Engourdis mais voraces, des éclaireurs trouvent ma porte ouverte et mes lumières électriques. Je les entends se faufiler dans la pénombre, ils cherchent ma peau. Une demi douzaine de piqûres plus tard, le paradis picote et gratouille...
Dans les arbres encore dénudés, les oiseaux n’en finissent plus de gazouiller. Les grenouilles se réveillent et font des petits concerts nocturnes. Quelques fleurs commencent à sortir de terre. Les couleurs sont de retour. Mon regard affamé s'en délecte. L’humidex se met de la partie, ils annoncent une sensation de trente degrés pour le sud du Québec aujourd’hui. Rien que du plaisir...
Lily-Soleil, tout à fait consciente de son environnement, s’épanouit entre lac et forêt. Le nez dans le vent, les deux mains dans le sable, les pieds dans la mousse, le regard perdu à l'horizon, elle emmagasine toutes sortes de sensations terrestres. Elle s'en imprègne. C’est une enfant privilégiée. De ces privilèges qui n’ont rien de matériel. C’est une petite fille qui m’émerveille, évidemment c’est la mienne!!! Mais j'ai parfois l'impression que c’est encore plus fort que cela. Est-ce mon amour de mère qui m'aveugle ou est-elle particulièrement exceptionnelle? Comme me dirait l'homme empreint de sagesse : « Mais voyons Etolane tous les enfants sont exceptionnels!!! ». Ce qui ne l'empêche pas de penser que la sienne est la plus belle...
Éveillée, téméraire, enjouée, volontaire, aventurière, amicale, souriante, elle n’émerveille pas que moi! Son sillon est tracé de sourires et de compliments. D'ailleurs, elle fait tomber les victimes sous son charme bambin avec la facilité d’une tapette à mouche! Peu y résistent. Beaucoup succombent. Plusieurs trouvent qu'elle fait plus grande que son âge. En passant, elle a vu, il y a deux jours, une mouche égarée et me l’a bien fait remarquer. En mère béate, j'étais comblée. Je lui ai montré l'univers des fourmis. Elle aime écouter le chant des oiseaux. Ensemble, l'on regarde le ciel. Curieuse, elle m'écoute lui raconter la vie. Notre étrange monologue est de plus en plus interactif. Elle comprend ce que je lui dit, elle me répond et à mon tour, je la comprends de mieux en mieux. Elle imite, elle répète, elle apprend, elle rayonne. Son innocence me transperce. Mon monde se renverse. Dans l'éclat de ses rires je me reconstruis l'être.
Sa naissance tel un puissant tremblement aura secoué les solides fondations de notre couple puis elle aura soudé les brèches de cet incroyable amour qui se partage désormais à trois. Elle fait de nous des parents conscients. Son caractère étant de nature agréable, ses colères (pour l'instant) sont loin d'être incontrôlables. Ce n’est pas une enfant qui dérange mais bel et bien une enfant qui enchante. J'espère que cela continuera longtemps ainsi. Jour après jour, elle me fait grandir intérieurement. J’aime vivre à ses cotés. J’aime être le pilier de son monde.
Être sa maman est aussi un privilège qui n'a rien de matériel. La saison nouvelle promet multiples tendresses. Si l’on nous cherche nous sommes les pieds dans l'herbe, les pieds dans l'eau, les pieds dehors…
Il fait beau, il fait bon, la réalité des mois derniers s’est renversée en un petit paradis d’où sortent les bourgeons. Le vent transporte la chaleur et les odeurs. Le petit village niché sur la montagne voit déjà revenir quelques citadins assoiffés d'atmosphères non polluées. La transition climatique s’achève, l’été est presque arrivé. Les moustiques aussi. Engourdis mais voraces, des éclaireurs trouvent ma porte ouverte et mes lumières électriques. Je les entends se faufiler dans la pénombre, ils cherchent ma peau. Une demi douzaine de piqûres plus tard, le paradis picote et gratouille...
Dans les arbres encore dénudés, les oiseaux n’en finissent plus de gazouiller. Les grenouilles se réveillent et font des petits concerts nocturnes. Quelques fleurs commencent à sortir de terre. Les couleurs sont de retour. Mon regard affamé s'en délecte. L’humidex se met de la partie, ils annoncent une sensation de trente degrés pour le sud du Québec aujourd’hui. Rien que du plaisir...
Lily-Soleil, tout à fait consciente de son environnement, s’épanouit entre lac et forêt. Le nez dans le vent, les deux mains dans le sable, les pieds dans la mousse, le regard perdu à l'horizon, elle emmagasine toutes sortes de sensations terrestres. Elle s'en imprègne. C’est une enfant privilégiée. De ces privilèges qui n’ont rien de matériel. C’est une petite fille qui m’émerveille, évidemment c’est la mienne!!! Mais j'ai parfois l'impression que c’est encore plus fort que cela. Est-ce mon amour de mère qui m'aveugle ou est-elle particulièrement exceptionnelle? Comme me dirait l'homme empreint de sagesse : « Mais voyons Etolane tous les enfants sont exceptionnels!!! ». Ce qui ne l'empêche pas de penser que la sienne est la plus belle...
Éveillée, téméraire, enjouée, volontaire, aventurière, amicale, souriante, elle n’émerveille pas que moi! Son sillon est tracé de sourires et de compliments. D'ailleurs, elle fait tomber les victimes sous son charme bambin avec la facilité d’une tapette à mouche! Peu y résistent. Beaucoup succombent. Plusieurs trouvent qu'elle fait plus grande que son âge. En passant, elle a vu, il y a deux jours, une mouche égarée et me l’a bien fait remarquer. En mère béate, j'étais comblée. Je lui ai montré l'univers des fourmis. Elle aime écouter le chant des oiseaux. Ensemble, l'on regarde le ciel. Curieuse, elle m'écoute lui raconter la vie. Notre étrange monologue est de plus en plus interactif. Elle comprend ce que je lui dit, elle me répond et à mon tour, je la comprends de mieux en mieux. Elle imite, elle répète, elle apprend, elle rayonne. Son innocence me transperce. Mon monde se renverse. Dans l'éclat de ses rires je me reconstruis l'être.
Sa naissance tel un puissant tremblement aura secoué les solides fondations de notre couple puis elle aura soudé les brèches de cet incroyable amour qui se partage désormais à trois. Elle fait de nous des parents conscients. Son caractère étant de nature agréable, ses colères (pour l'instant) sont loin d'être incontrôlables. Ce n’est pas une enfant qui dérange mais bel et bien une enfant qui enchante. J'espère que cela continuera longtemps ainsi. Jour après jour, elle me fait grandir intérieurement. J’aime vivre à ses cotés. J’aime être le pilier de son monde.
Être sa maman est aussi un privilège qui n'a rien de matériel. La saison nouvelle promet multiples tendresses. Si l’on nous cherche nous sommes les pieds dans l'herbe, les pieds dans l'eau, les pieds dehors…
S'entendre comme larrons en foire
L'expression choisie de la semaine m'est inspirée par la petite bouille de Raphy et du bonheur maternel de la voir stimuler mon petit rayon de soleil.
Raphy et Lily s'entendent souvent comme larrons en foire (sans surveillance la bêtise n'est jamais bien loin) et c'est un bonheur que de pénétrer le monde de l'enfance à leurs cotés. Raphy est la petite voisine, fille d'Ève enceinte jusqu'aux dents, elle habite à deux pas et tout comme moi adore les chats.
Mon foyer est un aimant pour cette adorable lutine de six ans. La présence de Lily-Soleil ajoute à l'attraction, au final, Raphy est l'une des visiteuses les plus régulières de la maisonnée et l'on ne s'en porte pas plus mal! C'est aussi un adorable modèle que je croque souvent avec plaisir. Les images que j'attrape sont la rançon de mes patiences lorsque mon salon se transforme en garderie de quartier.
Sur la rue, huit maisons sont habitées à l’année. Nous sommes au bout de la rue, à l’orée du bois, tout au bout du petit village, à quelques centaines de mètres de la plage. Notre pseudo quartier se compose du chalet de Raphy et sa famille, de celui de Yolande, amie des chats, vieille dame pimpante toujours en vadrouille et de notre humble demeure recouverte de galets. La mignonne relation qui se développe entre les fillettes rapproche les parents que nous sommes. Du coup, le quartier prend un petit air de communauté où l’on s’entend tous comme larrons en foire…
EXPRESSION
« S'entendre comme larrons en foire »
SIGNIFICATION
Très bien s'entendre.
ORIGINE
Un larron étant, selon Littré, "celui qui commet un larcin, qui dérobe furtivement", l'expression "s'entendre comme larrons" (version du XVIe siècle) désignait des compères qui s'entendaient pour préparer un mauvais coup. C'est au XVIIe que la 'foire' est ajoutée. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une foire du genre de celle du Trône, avec manèges et barbe à papa à foison, mais de ces foires qui désignent de grands marchés publics où toutes sortes d'articles sont présentés et mis en vente. Le genre de lieu où les mauvais coups au détriment aussi bien des marchands que des visiteurs peuvent être faciles à perpétrer.
Dans cette expression, la notion de 'brigand' associée à 'larron' s'est peu à peu perdue, et, si on l'emploie aujourd'hui facilement pour désigner deux gamins qui s'entendent si bien qu'on imagine qu'ils pourraient très bien faire des bêtises ensemble, elle peut aussi simplement désigner des gens qui s'entendent à merveille, sans autre connotation.
Raphy et Lily s'entendent souvent comme larrons en foire (sans surveillance la bêtise n'est jamais bien loin) et c'est un bonheur que de pénétrer le monde de l'enfance à leurs cotés. Raphy est la petite voisine, fille d'Ève enceinte jusqu'aux dents, elle habite à deux pas et tout comme moi adore les chats.
Mon foyer est un aimant pour cette adorable lutine de six ans. La présence de Lily-Soleil ajoute à l'attraction, au final, Raphy est l'une des visiteuses les plus régulières de la maisonnée et l'on ne s'en porte pas plus mal! C'est aussi un adorable modèle que je croque souvent avec plaisir. Les images que j'attrape sont la rançon de mes patiences lorsque mon salon se transforme en garderie de quartier.
Sur la rue, huit maisons sont habitées à l’année. Nous sommes au bout de la rue, à l’orée du bois, tout au bout du petit village, à quelques centaines de mètres de la plage. Notre pseudo quartier se compose du chalet de Raphy et sa famille, de celui de Yolande, amie des chats, vieille dame pimpante toujours en vadrouille et de notre humble demeure recouverte de galets. La mignonne relation qui se développe entre les fillettes rapproche les parents que nous sommes. Du coup, le quartier prend un petit air de communauté où l’on s’entend tous comme larrons en foire…
EXPRESSION
« S'entendre comme larrons en foire »
SIGNIFICATION
Très bien s'entendre.
ORIGINE
Un larron étant, selon Littré, "celui qui commet un larcin, qui dérobe furtivement", l'expression "s'entendre comme larrons" (version du XVIe siècle) désignait des compères qui s'entendaient pour préparer un mauvais coup. C'est au XVIIe que la 'foire' est ajoutée. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une foire du genre de celle du Trône, avec manèges et barbe à papa à foison, mais de ces foires qui désignent de grands marchés publics où toutes sortes d'articles sont présentés et mis en vente. Le genre de lieu où les mauvais coups au détriment aussi bien des marchands que des visiteurs peuvent être faciles à perpétrer.
Dans cette expression, la notion de 'brigand' associée à 'larron' s'est peu à peu perdue, et, si on l'emploie aujourd'hui facilement pour désigner deux gamins qui s'entendent si bien qu'on imagine qu'ils pourraient très bien faire des bêtises ensemble, elle peut aussi simplement désigner des gens qui s'entendent à merveille, sans autre connotation.
lundi, mai 07, 2007
Sous la lune...
Sous la lune...
Après mûres réflexions, je décide qu’il est temps que je me retrempe les pieds dans le bain de mon individualité. J’ai un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps qui tient un stand au premier rendez-vous des éditions parallèles à Québec.
Miss Dee, ma comparse citadine pense y faire un tour, comme je ne l’ai pas vue depuis quelques temps, je décide de l’y accompagner. Juan m’encourage à sortir de ma retraite sauvage. Samedi, fin d’après-midi, voici le temps de mon départ, l’ambiance printanière est à la fête. L’homme fait le menuisier sur la pelouse afin de changer notre escalier au bois pourri en instance de s’effondrer. L’enfant vadrouille sa joie de vivre. Je m’extirpe de ce cocon tout chaud pour partir. Je lui dis :
- Oh! Je vais sûrement rentrer pas tard, pis je vais juste passer au truc voir guillou et la Miss deux minutes.
- Mais tu peux t’amuser, rentres tard si tu veux, c’est bien, tu le mérites…
- Mais je vais pas m’amuser tant que cela! Pis je pensais rentrer vers neuf heures..
Il éclate de sourire et me répond :
- Etolane, tu ne vas pas me faire croire que tu ne sais pas ce que c’est d’être un oiseau de nuit!
Je fronce les sourcils tout en me mettant derrière le volant. Dans mon rétroviseur, ils me font signe de la main. Mon cœur se serre, je prends la route, libre comme l’air. Sur l’autoroute, je monte le son, la ville à l’horizon. J’arrive sur la rue de Miss Dee où je dois faire trois tours de quartier avant de trouver une place! Je suis un peu en retard et je soupçonne Miss Dee de ne pas être prête. Elle est en effet sous la douche lorsque j’arrive. Je jase avec Phil, il finit par me dire :
- Si tu veux faire un peu de pression, descends, ça fait plus de 20 minutes qu’elle prend sa douche!
Subrepticement, je descends les escaliers dans l’antre de la belle. J’entends chauffer le sèche-cheveux, je m’approche à pas de loups, je discerne des cuisses, une petite culotte. Comme une ogresse prête à dévorer sa proie, je me lance sur Miss Dee qui sursaute en criant, je m’écroule de rire. Sa salle de bain est un sauna qui invite les secondes au ralenti, je l’en sors de force, elle s’habille en trente secondes.
Il commence à être tard, je doute que nous arrivions à temps, ce qui n’est pas si grave en soi puisque je ne sors que pour me mouiller un orteil pas prendre un bain social! Je me fonds dans le rythme de la Miss qui m’entraîne. Nous sortons de chez elle dans le soir couchant.
En passant devant ma voiture, je prends mon portefeuille que je donne à Miss Dee qui le range dans son sac. En quelques minutes de pente raide, nous sommes sur St-Jean à deux pas du Rendez-vous des éditions parallèles à Québec. Je ne suis pas étonnée de voir que tous les stands sont pliés et qu’il ne reste qu’un petit groupe d’irréductibles. Tandis que Miss Dee butine les connaissances, j’observe en silence. Notre ami est parti diner.
Nous décidons d’aller prendre un thé chez Moisan. Blablabla, blablabla, deux copines autour d’un thé et de pâtisseries fines, cela prend son pied à papoter à qui mieux-mieux. La serveuse nous annonce qu’elle ferme. L’on se réveille et l’on paye. À la caisse l’on rencontre David, un copain que je ne n’avais pas vu depuis des lustres, lui aussi a raté Guillou. L'on discute quelques minutes puis l’on se sépare sur le coin de la rue. Enfin on le laisse un peu à plat sur le coin de la rue pour rentrer, guillerettes, chez la Miss. Je me dis mentalement : « Ahah, n’importe quoi l’homme, je serai rentrée pour dix heures! ».
Chez la Miss, son homme nous retrouve bientôt. Il nous a raté pendant notre escapade thé mais il a rencontré Guillou revenu de diner qu’il a invité à passer. Je décide de rester encore un peu. Guillou le terrible se pointe le nez, cela fait du bien de lui voir le menton. Claire au téléphone s’ennuie dans les travaux de son doctorat, on l’invite à nous rejoindre en la cuisine chaleureuse de la Miss. Quelques minutes plus tard, elle débarque. Claire donnera à la session prochaine un cours de philo à l’université qui portera sur la sexologie. Cela ne peut que piquer ma curiosité aiguisée. J’engage la conversation en ces eaux moites. Quelques heures plus tard, la discussion va bon train. Il faut dire que le sujet est croustillant. Je sais que je n’ai pas eu de telle soirée depuis des mois et des mois et des mois. Cela fait du bien de me sortir un peu l'essence de ma maternité. Mes amis s’amusent de ma sauvagerie en plaisantant que l’une a percé mes pneus et l’autre aura caché mes clés pour que je ne puisse pas rentrer et passer la nuit en ville. Guillou finit par nous quitter pour aller voir un concert pas loin. Minuit approche, une petite voix se moque de moi, je ne l’écoute pas, je me dis que je vais partir. Miss Dee me dit :
- Tu fais ta cendrillon Etolane?
Je refronce des sourcils, incapable de mettre le doigt sur cette sensation fuyante qui m’énerve.
- Hein?
- Ben oui, minuit approche, tu files dans ton carrosse…
C’est un fait que l’idée de me retrouver en guenilles avec une citrouille comme moyen de locomotion ne me réjouit pas! Sans que je ne m’en rende compte, l’ambiance chaleureuse m’enrobe, la conversation repart orientée trois femmes au creux de la nuit. Elle dévie maternité et accouchements, je suis la seule à avoir enfanter, je joue des ombres de la lune. Elles frissonnent. Je souris. Lorsque je vois approcher deux heures du matin, je casse le charme qui me retient là en me forçant à partir malgré les caresses nocturnes de la soirée plus qu’agréable. je prends mon manteau, cherche mes clés.
- Dee, c’est toi qui a mon portefeuille, t’aurais pas mes clés je les trouve pas?
Elle se lève et farfouille son sac, me rend mon portefeuille mais n’y trouve pas mon trousseau de clés. Je fouille mes poches, le salon, pas de clés! Aille! Je sens un petit vent de panique m’emporter. Mon cerveau carbure à mille à l’heure. Mierda! Mon carrosse est devenu une citrouille!!! Si j'ai oublié mes clés à Moisan, j'ai peut-être une chance de les retrouver, mais soudain une pensée acérée me découpe finement le cerveau : « T’aurais quand même pas laissé les clés sur la portière!!! » L’effroi se profile dans mon cœur! Non! Non, non, non mais le doute est vif. "Criss"...
Au pas de course, je traverse les deux coins de rue. J’aperçois ma voiture mal garée qui dépasse du lit bien rangé des véhicules qui tapissent cette petite rue du coeur de Québec. Ouf! Je respire, au moins "le char" est là! Je m’approche et manque de défaillir! Non! Non! Mon cerveau refuse de comprendre ce qu’il voit : sur la portière du passager pendouille gentiment mon trousseau de clés…
Je regarde à droite et à gauche, la rue silencieuse, tout est calme, enchanté. Il est presque deux heures du matin et je suis passée ici la dernière fois à six heures du soir! Mes clés pendouillent gentiment à attendre ma pomme des bois!!! Merci la nuit. Québec, je t’aime…
Sur le chemin du retour, dans l'obscurité qui absorbe la montagne, l’oiseau de nuit en ma peau est bien réveillé et merveilleusement comblé. L’oiseau de nuit inonde mes pensées de centaines de souvenirs nocturnes qui défilent comme un film dans ma tête, "Montrealités", aventures humaines, urbanités diverses, anecdotes multiples, je me souviens et je réalise, d’un coup d’éclair lucide, que je m’étais oubliée pas mal plus que Juan ne m’avait oubliée. À méditer…
Après mûres réflexions, je décide qu’il est temps que je me retrempe les pieds dans le bain de mon individualité. J’ai un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps qui tient un stand au premier rendez-vous des éditions parallèles à Québec.
Miss Dee, ma comparse citadine pense y faire un tour, comme je ne l’ai pas vue depuis quelques temps, je décide de l’y accompagner. Juan m’encourage à sortir de ma retraite sauvage. Samedi, fin d’après-midi, voici le temps de mon départ, l’ambiance printanière est à la fête. L’homme fait le menuisier sur la pelouse afin de changer notre escalier au bois pourri en instance de s’effondrer. L’enfant vadrouille sa joie de vivre. Je m’extirpe de ce cocon tout chaud pour partir. Je lui dis :
- Oh! Je vais sûrement rentrer pas tard, pis je vais juste passer au truc voir guillou et la Miss deux minutes.
- Mais tu peux t’amuser, rentres tard si tu veux, c’est bien, tu le mérites…
- Mais je vais pas m’amuser tant que cela! Pis je pensais rentrer vers neuf heures..
Il éclate de sourire et me répond :
- Etolane, tu ne vas pas me faire croire que tu ne sais pas ce que c’est d’être un oiseau de nuit!
Je fronce les sourcils tout en me mettant derrière le volant. Dans mon rétroviseur, ils me font signe de la main. Mon cœur se serre, je prends la route, libre comme l’air. Sur l’autoroute, je monte le son, la ville à l’horizon. J’arrive sur la rue de Miss Dee où je dois faire trois tours de quartier avant de trouver une place! Je suis un peu en retard et je soupçonne Miss Dee de ne pas être prête. Elle est en effet sous la douche lorsque j’arrive. Je jase avec Phil, il finit par me dire :
- Si tu veux faire un peu de pression, descends, ça fait plus de 20 minutes qu’elle prend sa douche!
Subrepticement, je descends les escaliers dans l’antre de la belle. J’entends chauffer le sèche-cheveux, je m’approche à pas de loups, je discerne des cuisses, une petite culotte. Comme une ogresse prête à dévorer sa proie, je me lance sur Miss Dee qui sursaute en criant, je m’écroule de rire. Sa salle de bain est un sauna qui invite les secondes au ralenti, je l’en sors de force, elle s’habille en trente secondes.
Il commence à être tard, je doute que nous arrivions à temps, ce qui n’est pas si grave en soi puisque je ne sors que pour me mouiller un orteil pas prendre un bain social! Je me fonds dans le rythme de la Miss qui m’entraîne. Nous sortons de chez elle dans le soir couchant.
En passant devant ma voiture, je prends mon portefeuille que je donne à Miss Dee qui le range dans son sac. En quelques minutes de pente raide, nous sommes sur St-Jean à deux pas du Rendez-vous des éditions parallèles à Québec. Je ne suis pas étonnée de voir que tous les stands sont pliés et qu’il ne reste qu’un petit groupe d’irréductibles. Tandis que Miss Dee butine les connaissances, j’observe en silence. Notre ami est parti diner.
Nous décidons d’aller prendre un thé chez Moisan. Blablabla, blablabla, deux copines autour d’un thé et de pâtisseries fines, cela prend son pied à papoter à qui mieux-mieux. La serveuse nous annonce qu’elle ferme. L’on se réveille et l’on paye. À la caisse l’on rencontre David, un copain que je ne n’avais pas vu depuis des lustres, lui aussi a raté Guillou. L'on discute quelques minutes puis l’on se sépare sur le coin de la rue. Enfin on le laisse un peu à plat sur le coin de la rue pour rentrer, guillerettes, chez la Miss. Je me dis mentalement : « Ahah, n’importe quoi l’homme, je serai rentrée pour dix heures! ».
Chez la Miss, son homme nous retrouve bientôt. Il nous a raté pendant notre escapade thé mais il a rencontré Guillou revenu de diner qu’il a invité à passer. Je décide de rester encore un peu. Guillou le terrible se pointe le nez, cela fait du bien de lui voir le menton. Claire au téléphone s’ennuie dans les travaux de son doctorat, on l’invite à nous rejoindre en la cuisine chaleureuse de la Miss. Quelques minutes plus tard, elle débarque. Claire donnera à la session prochaine un cours de philo à l’université qui portera sur la sexologie. Cela ne peut que piquer ma curiosité aiguisée. J’engage la conversation en ces eaux moites. Quelques heures plus tard, la discussion va bon train. Il faut dire que le sujet est croustillant. Je sais que je n’ai pas eu de telle soirée depuis des mois et des mois et des mois. Cela fait du bien de me sortir un peu l'essence de ma maternité. Mes amis s’amusent de ma sauvagerie en plaisantant que l’une a percé mes pneus et l’autre aura caché mes clés pour que je ne puisse pas rentrer et passer la nuit en ville. Guillou finit par nous quitter pour aller voir un concert pas loin. Minuit approche, une petite voix se moque de moi, je ne l’écoute pas, je me dis que je vais partir. Miss Dee me dit :
- Tu fais ta cendrillon Etolane?
Je refronce des sourcils, incapable de mettre le doigt sur cette sensation fuyante qui m’énerve.
- Hein?
- Ben oui, minuit approche, tu files dans ton carrosse…
C’est un fait que l’idée de me retrouver en guenilles avec une citrouille comme moyen de locomotion ne me réjouit pas! Sans que je ne m’en rende compte, l’ambiance chaleureuse m’enrobe, la conversation repart orientée trois femmes au creux de la nuit. Elle dévie maternité et accouchements, je suis la seule à avoir enfanter, je joue des ombres de la lune. Elles frissonnent. Je souris. Lorsque je vois approcher deux heures du matin, je casse le charme qui me retient là en me forçant à partir malgré les caresses nocturnes de la soirée plus qu’agréable. je prends mon manteau, cherche mes clés.
- Dee, c’est toi qui a mon portefeuille, t’aurais pas mes clés je les trouve pas?
Elle se lève et farfouille son sac, me rend mon portefeuille mais n’y trouve pas mon trousseau de clés. Je fouille mes poches, le salon, pas de clés! Aille! Je sens un petit vent de panique m’emporter. Mon cerveau carbure à mille à l’heure. Mierda! Mon carrosse est devenu une citrouille!!! Si j'ai oublié mes clés à Moisan, j'ai peut-être une chance de les retrouver, mais soudain une pensée acérée me découpe finement le cerveau : « T’aurais quand même pas laissé les clés sur la portière!!! » L’effroi se profile dans mon cœur! Non! Non, non, non mais le doute est vif. "Criss"...
Au pas de course, je traverse les deux coins de rue. J’aperçois ma voiture mal garée qui dépasse du lit bien rangé des véhicules qui tapissent cette petite rue du coeur de Québec. Ouf! Je respire, au moins "le char" est là! Je m’approche et manque de défaillir! Non! Non! Mon cerveau refuse de comprendre ce qu’il voit : sur la portière du passager pendouille gentiment mon trousseau de clés…
Je regarde à droite et à gauche, la rue silencieuse, tout est calme, enchanté. Il est presque deux heures du matin et je suis passée ici la dernière fois à six heures du soir! Mes clés pendouillent gentiment à attendre ma pomme des bois!!! Merci la nuit. Québec, je t’aime…
Sur le chemin du retour, dans l'obscurité qui absorbe la montagne, l’oiseau de nuit en ma peau est bien réveillé et merveilleusement comblé. L’oiseau de nuit inonde mes pensées de centaines de souvenirs nocturnes qui défilent comme un film dans ma tête, "Montrealités", aventures humaines, urbanités diverses, anecdotes multiples, je me souviens et je réalise, d’un coup d’éclair lucide, que je m’étais oubliée pas mal plus que Juan ne m’avait oubliée. À méditer…
Brève
Brève du dimanche.
Un bras sur mon épaule, une main sur la poussette, il me serre contre lui. Le soleil caresse nos visages. L’enfant, le nez dans le vent, se retourne et nous offre une délicieuse moue de satisfaction. Je m’exclame :
- C’est vrai que cela respire le « bon air » !
Il rétorque :
- Tu veux dire que cela respire le « bonheur » ?
Mon cœur se fond dans l'harmonie de l’instant présent. En ma mémoire, l’émotion douce grave le merveilleux de l’instant déjà passé.
Un bras sur mon épaule, une main sur la poussette, il me serre contre lui. Le soleil caresse nos visages. L’enfant, le nez dans le vent, se retourne et nous offre une délicieuse moue de satisfaction. Je m’exclame :
- C’est vrai que cela respire le « bon air » !
Il rétorque :
- Tu veux dire que cela respire le « bonheur » ?
Mon cœur se fond dans l'harmonie de l’instant présent. En ma mémoire, l’émotion douce grave le merveilleux de l’instant déjà passé.
samedi, mai 05, 2007
Mondes miniatures
Terrestre.
Loin de la fougue urbaine, se cachent dans mon arrière cour boisée d'étranges mondes que l'on foule de nos pas insouciants. Au coeur de ces univers oubliés, le printemps s'éveille, s'étire, s'ébat la nature entre deux touffes de mousse fluorescence.
Les mondes miniatures s'animent. Pour les espionner, il suffit de s'approcher tout près de la Terre, humer ses effluves, baisser le nez, ouvrir l'oeil et se pencher un tout petit peu pour mieux profiter de ces étonnantes beautés.
Surréalité: n.f - 1919 ; de sur- et réalité, d'apr. surréalisme. LITTÈR. Ce qui dépasse la réalité courante. « Je crois à la résolution future de ces deux états (…) que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de "surréalité", si l’on peut ainsi dire » (Breton)
Loin de la fougue urbaine, se cachent dans mon arrière cour boisée d'étranges mondes que l'on foule de nos pas insouciants. Au coeur de ces univers oubliés, le printemps s'éveille, s'étire, s'ébat la nature entre deux touffes de mousse fluorescence.
Les mondes miniatures s'animent. Pour les espionner, il suffit de s'approcher tout près de la Terre, humer ses effluves, baisser le nez, ouvrir l'oeil et se pencher un tout petit peu pour mieux profiter de ces étonnantes beautés.
Surréalité: n.f - 1919 ; de sur- et réalité, d'apr. surréalisme. LITTÈR. Ce qui dépasse la réalité courante. « Je crois à la résolution future de ces deux états (…) que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de "surréalité", si l’on peut ainsi dire » (Breton)
vendredi, mai 04, 2007
Blogosphèrique,
Blogosphèrique,
Dans l’infernale sphère, je me faufile sous le masque de MediaTic, je collectionne des moments magiques sur ce photoblogue, je récolte des atmosphères humaines ici et par association je virevolte par là…
Quatre ans d’existence de "blogosphère", je n’y pense pas beaucoup car cela me fait sentir trop vieille. C'est que je « bloguotte », « blogopote », « blogopapote » depuis des lustres. Si l’on multiplie par sept pour trouver l’âge d’un chat. En terme de blogosphère, je dois bien avoir 80 ans maintenant! J’en ai vu passer des courants et des marées…
Au début, alors que je me glissais l’être en cet univers virtuel, je ressentais l’effervescence d’une adolescente pimpante. Je me suis laissée porter par les flots, les mots éparpillés se sont écoulés sous le clavier au fil des années qui se sont déroulées. Désormais, je détecte une certaine sagesse à l’horizon, je suis curieuse d’expérimenter cette prochaine étape…
Dans l’infernale sphère, je me faufile sous le masque de MediaTic, je collectionne des moments magiques sur ce photoblogue, je récolte des atmosphères humaines ici et par association je virevolte par là…
Quatre ans d’existence de "blogosphère", je n’y pense pas beaucoup car cela me fait sentir trop vieille. C'est que je « bloguotte », « blogopote », « blogopapote » depuis des lustres. Si l’on multiplie par sept pour trouver l’âge d’un chat. En terme de blogosphère, je dois bien avoir 80 ans maintenant! J’en ai vu passer des courants et des marées…
Au début, alors que je me glissais l’être en cet univers virtuel, je ressentais l’effervescence d’une adolescente pimpante. Je me suis laissée porter par les flots, les mots éparpillés se sont écoulés sous le clavier au fil des années qui se sont déroulées. Désormais, je détecte une certaine sagesse à l’horizon, je suis curieuse d’expérimenter cette prochaine étape…
jeudi, mai 03, 2007
De soleil et de lune
De soleil et de lune
Hier matin, mon petit bout de soleil part avec son père pour passer une journée avec sa grand-mère. Comme je sais qu’elle est bien arrivée, je fais le point de mes objectifs du jour (courriel, écriture, ménage, exercice, etc.) prête à m'y mettre de pied ferme. C’est toujours complexe de se remettre à ne penser qu’à soi lorsque l’on est bien rodée à ne penser principalement qu’à l’enfant, sa routine et ses besoins. Habituée à suivre les rythmes de l’évolution bambine sans vraiment y imposer les siens.
Deux heures après leur départ, l’homme m’appelle pour avoir le numéro de carte maladie de Lily. Sans trop me poser de questions, persuadée que c’est pour un papier quelconque, je lui donne tandis qu’il me raconte qu’il s’est fait arrêter par la police en sortant du village pour avoir grillé un stop. Je ne suis pas super satisfaite, cela fait 100 fois que je luis dis de faire le stop même s’il ne sert à rien! Évidement cela rentre par une oreille pour ressortir aussi vite de l'autre! Quand même l’on se serait bien passé de l’amende salée, cela fait mal à notre maigre portefeuille! Pas super contente de mon homme je suis! Il m’explique que le policier a été super gentil et lui a dit que c’était les gens du coin qui avaient fait une plainte pour qu’il vienne attraper tout ceux qui ont pris l'habitude de ne pas faire leur stop à cet endroit là! C’est un bon coup pour la ville qui s’en met plein les poches au passage…
Avant de raccrocher, je mentionne que c’est la pleine lune et qu’il fait toujours bon être prudent dans ces temps là. L’on n’y fait souvent peu attention mais certaines pleines lunes ont plus d’influences sur nos vies que d’autres. La lune affecte les marées et ce n’est pas de la superstition. Si l’on connaît peu toute la variété des influences de la lune sur nos jours, il est reconnu qu’elle possède bien des tours dans son sac! Une heure plus tard, il me rappelle pour me remercier d’une pensée tendre que je viens de lui envoyer par courriel et m’apprendre dans la foulée que ma fille est à l’hôpital!!!
- Quoi? Comment? Quoi????
Il me raconte que mon petit casse-cou s’est ramassé la face en arrivant chez ma mère, qu’elle l’a appelé, qu’il lui a dit d’aller à l’hôpital, qu’elle est passée au triage et que tout est sous contrôle! Je manque de défaillir!
- Comment ça tu ne m’as rien dit! C’est pour cela que tu avais besoin de son numéro!!!
- Je ne voulais pas t’inquiéter avant d’être sur que tout allait bien, elle est pockée mais ça devrait bien aller, je ne voulais pas te gâcher ta journée…
- Mais, mais. Mais…
J’ai l’estomac qui sombre. La culpabilité de l’avoir laissé s’éloigner de mes jupons remonte à vitesse grand V pour venir brouiller la surface de mes pensées. Je suis à pieds, à 40 kilomètres de la ville, impuissante. L’homme me dit qu’il va aller la voir sur son heure de midi et me donner des nouvelles. Je raccroche et appelle ma mère qui n’a pas le droit d’utiliser son cellulaire à l’hôpital. J’entends mon petit bout de fille qui gazouille dans l’arrière fond. Cela me rassure. Elles attendent leur tour. Je ne peux rien faire d’où je suis sinon contrer cette angoisse qui m’étouffe. Je passe par toutes sortes d’émotions qui se succèdent les unes après les autres, je suis fâchée, soucieuse, inquiète, troublée, coupable, impatiente…
Je sors dehors respirer le grand air, le téléphone dans ma poche. J’en profite pour faire des abdos et quelques exercices au soleil histoire de me défouler les hormones. Une heure se passe avant que l’homme ne me donne des nouvelles. Il l’a vu, elle est amochée, maganée mais ne semble pas en danger. Cela fait trois heures qu’elles attendent à l’urgence, elles devraient bientôt voir un docteur, il repart au bureau. J’attends. Empêtrée dans le tourbillon de mes émotions, j’accroche les idées positives à mon esprit pour essayer de noyer les pensées négatives qui m’agressent en rafales.
Finalement ma mère me rappelle, le docteur a vu mon bout de fille. Le pire est un risque de cicatrice à l’arcade sourcilière (ce qui n’est pas trop grave), je respire enfin, moyennement soulagée grandement troublée. Voilà pourquoi je n’aime pas la voir sortir de mes jupes! Bien-sur c’est un accident, je sais que ma fille est un casse cou qui n’en rate pas une (d’ailleurs son père s’est cassé le cou il y a quelques années, elle a de qui tenir!) mais l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose lorsque je ne l’ai plus dans mon champ de vision m'est intolérable! Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne tombe jamais en ma compagnie puisqu’elle a passé le mois dernier avec une belle « balafre-bleu » sur la joue! Mais je suis une vraie mère poule. Je me saoule moi-même tellement je suis « madame attention », tout au long de la journée, je la tiens à l’œil, je veille au grain et au poussin. Je répète mille fois : « Attention Lily. Lily-Soleil attention! Attention! Non ne fais pas cela! Lily attention!!! ». Vraiment pas drôle la mère! Dans ces temps, je me dis que ma vie d’avant (qui se déroulait entre travaux intellectuels et entrevues culturelles) est rendue bien loin. Cependant cela marche, elle m’écoute, elle fige dans son élan lorsque je professe le mot magique : Attention!!! D’ailleurs, lorsque je me retrouve toute seule, ce petit mot me reste dans la tête comme une fâcheuse rengaine, rendu là, j’ai presque l’impression de me laver le cerveau moi-même!!!
J’essaie de penser ménage sans trouver le courage de m’y mettre. Je sors la mop. La dépose dans un coin et décide d’aller voir mes mails. Pouf, dans un nuage de fumée, apparaît Shni, mon génie favori. Je soupire et résiste à son attraction. Il se rapproche de mon clavier.
- Etolane?
- Hum…
- Etolane?
- Hum, laisse moi tranquille…
- Etolane, je ne suis là que pour t’encourager à poursuivre la bonne voie…
- Ouais, t’es surtout là pour me faire chi…
- Mais non, tu te trompes, je n’aspire qu’à ton meilleur. Je suis heureux d’être affilié à ta maisonnée.
- Écoute, j’ai pas le goût de passer la mop. Je suis inquiète pour ma fille…
- Mais elle va bien ta fille, elle est juste un peu cabossée, je suis passée la voir tout à l’heure, elle charmait tous les petits vieux dans la salle d’attente!
- Tu l’as vu, elle est pas trop mal en point?
- Elle va bien. Au fait, j’y pense, peut-être que tu devrais changer ta façon de laver ton plancher, tu devrais te moderniser…
- De quoi tu me parles? Y’a pas trois cent mille manière de passer la serpillière!?!
- Il y a les Swiffer WetJet!!!
Je ressens une étrange impulsion me parcourir l’échine! Un Swiffer, c’est vrai que j’en rêve parfois. Tout à coup, je me demande si l’envie que je ressens depuis des semaines à ce sujet n’est pas une tactique télépathique de ce maudit génie!
- C’est vrai, j’y ai pensé, j’en ai même parlé à l’homme qui trouve l’achat totalement ridicule…
- Mais est-ce qu’il passe la mop?
- Heu, non, en effet…
- Alors comment peut-il connaître les dernières révolutions dans ce domaine…
- Ouais bon, c’est quand même juste passer la serpillière! Et puis, je ne suis pas sure du coté écologique de la chose, c’est pour cela que je n’insiste pas…
Alors que je fais la conversation avec le petit génie rosé assis sur le bord de mon clavier, j’ouvre un courriel envoyé par l’homme de maison et m’exclame :
-Ah! Ah! Tu vois, c’est hyper dangereux, ton truc! Dis, tu aurais pas un agenda toxique caché quelque part?
- Pardon?
- As-tu toute l’information nécessaire pour bien aiguiller ma maisonnée. Désires-tu nous envoyer à notre perte?
- Voyons, tu deviens complètement paranoïaque! Je suis un génie juste et propre!
- Ah oui? Alors écoute cela.
« S'il vous plaît, faites circuler cet avertissement à vos connaissances et contacts même si vous n'avez pas de jeunes ou d'animaux de compagnie car eux peuvent connaître des gens qui en ont. La ville de Blainville demande de faire circuler ce message. Un couple de Blainville avait un chien, un berger allemand de cinq ans qui venait de mourir à cause d'une insuffisance du foie. Le chien était en parfaite santé jusqu'à quelques semaines auparavant, alors ils ont fait une autopsie sur le chien afin de connaître la cause du décès. Le foie était dans un état pitoyable, comme si le chien avait ingéré une sorte de poison. Le chien était gardé à l'intérieur et quand il était à l'extérieur, il y avait toujours quelqu'un avec lui. L'idée qu'il aurait ramassé quelque chose d'inconnu était donc peu probable. Le couple a alors commencé à passer en revue tous les items de la maison. Quand ils sont arrivés au Swiffer WetJet, ils ont remarqué en très petits caractères un avertissement qui se lisait comme suit: "Peut être dangereux pour les petits enfants et les animaux". Ils ont appelé la compagnie pour demander de quoi était composé l'agent nettoyant et ils ont été ébahis de découvrir que l'antigel est un des ingrédients. À vrai dire, ils se sont fait répondre que c'est un composé qui est à une molécule près de l'antigel. Donc, seulement en marchant sur le plancher nettoyé avec la solution, en léchant ses propres pattes et en mangeant dans son bol qui était gardé sur le plancher de la cuisine nettoyé avec la solution, le chien a ingéré assez de solution pour détruire son foie. Juste après la mort de leur chien, les deux chats de leur femme de ménage sont morts aussi d'insuffisance du foie. Ils utilisaient le Swiffer WetJet pour un petit nettoyage rapide. Aucune autopsie n'a été pratiquée sur les chats afin que ces gens ne puissent pas effectuer de poursuites. Cependant, le propriétaire a demandé de répandre la nouvelle au plus grand nombre de gens possible afin d'éviter d'autres empoisonnement. N'utilisez plus le Swiffer WetJet si vous avez de jeunes enfants ou des animaux à la maison. S'il vous plaît, faites circuler ce message. Merci! Jimmy Vallée, avocat Greffier-adjoint et chef du contentieux. Ville de Blainville Région Haute Normandie. »
Il grognasse et me répond :
- C’est peut-être n’importe quoi, qui te dit que c’est valide? C’est peut-être de fausses rumeurs.
- Peut-être mais malgré tout, il n’y a pas fumée sans feu! Cela me conforte en ce mauvais sentiment qui transperce mon envie du truc. Dans le doute, je vais m'abstenir de dépenser mes sous pour alimenter ma société de consommation sans queue ni tête! Je pense que je vais continuer de fonctionner à l’ancienne. Et en attendant, tu ferais bien d’aller te renseigner plus amplement auprès de tes supérieurs sur les produits que tu conseilles!!
Shni semble soudainement troublé. Il gratte vigoureusement son crâne dégarni qui luit sous un rayon de soleil. Sans même un mot à mon égard, pouf, il disparaît en quelques volutes blanchâtres. Je ne me sens pas le courage d’écrire mes courriels. Je me lève en soupirant. J’attrape la maudite « mop » et remplit ma tâche avant de disparaître dans les vents de ma bulle de lac.
Le soir venu, Juan ramène mon Soleil. La vue de son oeil poché me bouleverse. Je maîtrise le flot d'émotions qui me submerge pour lui offrir une humeur stable et enjouée. J’ai conscience que c’est un accident et qu’elle a été chanceuse de ne pas y perdre l’oeil! Pourtant je me sens coupable sans trop savoir pourquoi. Parce-que je n'étais pas là, parce-que je n'ai pu éviter le mal, parce-qu'il est de mon devoir de veiller sur elle. Je la serre contre moi. Si heureuse de la sentir en un seul morceau, Dieu merci. Elle me sourit.
Je la berce doucement dans ses vagues d’amour qui m’emportent. Elle est saine et sauve, avec un méchant gnon, comme si elle revenait de la guerre ou d'une violente querelle qui aurait mal tournée, ma jolie petite chouette a l’air d’un boxer! La paupière tombante lui donne un look tabassé pas particulièrement charmant! Elle risque d’en porter la marque pour quelques semaines, j’imagine que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel vont y passer…
Ce qui me remet en mémoire cette phrase que tout le monde connait: "Les enfants cela en fait voir de toutes les couleurs..." Hummm, elle aura 18 mois dans une semaine, on n'a pas fini d'en voir!
Hier matin, mon petit bout de soleil part avec son père pour passer une journée avec sa grand-mère. Comme je sais qu’elle est bien arrivée, je fais le point de mes objectifs du jour (courriel, écriture, ménage, exercice, etc.) prête à m'y mettre de pied ferme. C’est toujours complexe de se remettre à ne penser qu’à soi lorsque l’on est bien rodée à ne penser principalement qu’à l’enfant, sa routine et ses besoins. Habituée à suivre les rythmes de l’évolution bambine sans vraiment y imposer les siens.
Deux heures après leur départ, l’homme m’appelle pour avoir le numéro de carte maladie de Lily. Sans trop me poser de questions, persuadée que c’est pour un papier quelconque, je lui donne tandis qu’il me raconte qu’il s’est fait arrêter par la police en sortant du village pour avoir grillé un stop. Je ne suis pas super satisfaite, cela fait 100 fois que je luis dis de faire le stop même s’il ne sert à rien! Évidement cela rentre par une oreille pour ressortir aussi vite de l'autre! Quand même l’on se serait bien passé de l’amende salée, cela fait mal à notre maigre portefeuille! Pas super contente de mon homme je suis! Il m’explique que le policier a été super gentil et lui a dit que c’était les gens du coin qui avaient fait une plainte pour qu’il vienne attraper tout ceux qui ont pris l'habitude de ne pas faire leur stop à cet endroit là! C’est un bon coup pour la ville qui s’en met plein les poches au passage…
Avant de raccrocher, je mentionne que c’est la pleine lune et qu’il fait toujours bon être prudent dans ces temps là. L’on n’y fait souvent peu attention mais certaines pleines lunes ont plus d’influences sur nos vies que d’autres. La lune affecte les marées et ce n’est pas de la superstition. Si l’on connaît peu toute la variété des influences de la lune sur nos jours, il est reconnu qu’elle possède bien des tours dans son sac! Une heure plus tard, il me rappelle pour me remercier d’une pensée tendre que je viens de lui envoyer par courriel et m’apprendre dans la foulée que ma fille est à l’hôpital!!!
- Quoi? Comment? Quoi????
Il me raconte que mon petit casse-cou s’est ramassé la face en arrivant chez ma mère, qu’elle l’a appelé, qu’il lui a dit d’aller à l’hôpital, qu’elle est passée au triage et que tout est sous contrôle! Je manque de défaillir!
- Comment ça tu ne m’as rien dit! C’est pour cela que tu avais besoin de son numéro!!!
- Je ne voulais pas t’inquiéter avant d’être sur que tout allait bien, elle est pockée mais ça devrait bien aller, je ne voulais pas te gâcher ta journée…
- Mais, mais. Mais…
J’ai l’estomac qui sombre. La culpabilité de l’avoir laissé s’éloigner de mes jupons remonte à vitesse grand V pour venir brouiller la surface de mes pensées. Je suis à pieds, à 40 kilomètres de la ville, impuissante. L’homme me dit qu’il va aller la voir sur son heure de midi et me donner des nouvelles. Je raccroche et appelle ma mère qui n’a pas le droit d’utiliser son cellulaire à l’hôpital. J’entends mon petit bout de fille qui gazouille dans l’arrière fond. Cela me rassure. Elles attendent leur tour. Je ne peux rien faire d’où je suis sinon contrer cette angoisse qui m’étouffe. Je passe par toutes sortes d’émotions qui se succèdent les unes après les autres, je suis fâchée, soucieuse, inquiète, troublée, coupable, impatiente…
Je sors dehors respirer le grand air, le téléphone dans ma poche. J’en profite pour faire des abdos et quelques exercices au soleil histoire de me défouler les hormones. Une heure se passe avant que l’homme ne me donne des nouvelles. Il l’a vu, elle est amochée, maganée mais ne semble pas en danger. Cela fait trois heures qu’elles attendent à l’urgence, elles devraient bientôt voir un docteur, il repart au bureau. J’attends. Empêtrée dans le tourbillon de mes émotions, j’accroche les idées positives à mon esprit pour essayer de noyer les pensées négatives qui m’agressent en rafales.
Finalement ma mère me rappelle, le docteur a vu mon bout de fille. Le pire est un risque de cicatrice à l’arcade sourcilière (ce qui n’est pas trop grave), je respire enfin, moyennement soulagée grandement troublée. Voilà pourquoi je n’aime pas la voir sortir de mes jupes! Bien-sur c’est un accident, je sais que ma fille est un casse cou qui n’en rate pas une (d’ailleurs son père s’est cassé le cou il y a quelques années, elle a de qui tenir!) mais l’idée qu’il puisse lui arriver quelque chose lorsque je ne l’ai plus dans mon champ de vision m'est intolérable! Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne tombe jamais en ma compagnie puisqu’elle a passé le mois dernier avec une belle « balafre-bleu » sur la joue! Mais je suis une vraie mère poule. Je me saoule moi-même tellement je suis « madame attention », tout au long de la journée, je la tiens à l’œil, je veille au grain et au poussin. Je répète mille fois : « Attention Lily. Lily-Soleil attention! Attention! Non ne fais pas cela! Lily attention!!! ». Vraiment pas drôle la mère! Dans ces temps, je me dis que ma vie d’avant (qui se déroulait entre travaux intellectuels et entrevues culturelles) est rendue bien loin. Cependant cela marche, elle m’écoute, elle fige dans son élan lorsque je professe le mot magique : Attention!!! D’ailleurs, lorsque je me retrouve toute seule, ce petit mot me reste dans la tête comme une fâcheuse rengaine, rendu là, j’ai presque l’impression de me laver le cerveau moi-même!!!
J’essaie de penser ménage sans trouver le courage de m’y mettre. Je sors la mop. La dépose dans un coin et décide d’aller voir mes mails. Pouf, dans un nuage de fumée, apparaît Shni, mon génie favori. Je soupire et résiste à son attraction. Il se rapproche de mon clavier.
- Etolane?
- Hum…
- Etolane?
- Hum, laisse moi tranquille…
- Etolane, je ne suis là que pour t’encourager à poursuivre la bonne voie…
- Ouais, t’es surtout là pour me faire chi…
- Mais non, tu te trompes, je n’aspire qu’à ton meilleur. Je suis heureux d’être affilié à ta maisonnée.
- Écoute, j’ai pas le goût de passer la mop. Je suis inquiète pour ma fille…
- Mais elle va bien ta fille, elle est juste un peu cabossée, je suis passée la voir tout à l’heure, elle charmait tous les petits vieux dans la salle d’attente!
- Tu l’as vu, elle est pas trop mal en point?
- Elle va bien. Au fait, j’y pense, peut-être que tu devrais changer ta façon de laver ton plancher, tu devrais te moderniser…
- De quoi tu me parles? Y’a pas trois cent mille manière de passer la serpillière!?!
- Il y a les Swiffer WetJet!!!
Je ressens une étrange impulsion me parcourir l’échine! Un Swiffer, c’est vrai que j’en rêve parfois. Tout à coup, je me demande si l’envie que je ressens depuis des semaines à ce sujet n’est pas une tactique télépathique de ce maudit génie!
- C’est vrai, j’y ai pensé, j’en ai même parlé à l’homme qui trouve l’achat totalement ridicule…
- Mais est-ce qu’il passe la mop?
- Heu, non, en effet…
- Alors comment peut-il connaître les dernières révolutions dans ce domaine…
- Ouais bon, c’est quand même juste passer la serpillière! Et puis, je ne suis pas sure du coté écologique de la chose, c’est pour cela que je n’insiste pas…
Alors que je fais la conversation avec le petit génie rosé assis sur le bord de mon clavier, j’ouvre un courriel envoyé par l’homme de maison et m’exclame :
-Ah! Ah! Tu vois, c’est hyper dangereux, ton truc! Dis, tu aurais pas un agenda toxique caché quelque part?
- Pardon?
- As-tu toute l’information nécessaire pour bien aiguiller ma maisonnée. Désires-tu nous envoyer à notre perte?
- Voyons, tu deviens complètement paranoïaque! Je suis un génie juste et propre!
- Ah oui? Alors écoute cela.
« S'il vous plaît, faites circuler cet avertissement à vos connaissances et contacts même si vous n'avez pas de jeunes ou d'animaux de compagnie car eux peuvent connaître des gens qui en ont. La ville de Blainville demande de faire circuler ce message. Un couple de Blainville avait un chien, un berger allemand de cinq ans qui venait de mourir à cause d'une insuffisance du foie. Le chien était en parfaite santé jusqu'à quelques semaines auparavant, alors ils ont fait une autopsie sur le chien afin de connaître la cause du décès. Le foie était dans un état pitoyable, comme si le chien avait ingéré une sorte de poison. Le chien était gardé à l'intérieur et quand il était à l'extérieur, il y avait toujours quelqu'un avec lui. L'idée qu'il aurait ramassé quelque chose d'inconnu était donc peu probable. Le couple a alors commencé à passer en revue tous les items de la maison. Quand ils sont arrivés au Swiffer WetJet, ils ont remarqué en très petits caractères un avertissement qui se lisait comme suit: "Peut être dangereux pour les petits enfants et les animaux". Ils ont appelé la compagnie pour demander de quoi était composé l'agent nettoyant et ils ont été ébahis de découvrir que l'antigel est un des ingrédients. À vrai dire, ils se sont fait répondre que c'est un composé qui est à une molécule près de l'antigel. Donc, seulement en marchant sur le plancher nettoyé avec la solution, en léchant ses propres pattes et en mangeant dans son bol qui était gardé sur le plancher de la cuisine nettoyé avec la solution, le chien a ingéré assez de solution pour détruire son foie. Juste après la mort de leur chien, les deux chats de leur femme de ménage sont morts aussi d'insuffisance du foie. Ils utilisaient le Swiffer WetJet pour un petit nettoyage rapide. Aucune autopsie n'a été pratiquée sur les chats afin que ces gens ne puissent pas effectuer de poursuites. Cependant, le propriétaire a demandé de répandre la nouvelle au plus grand nombre de gens possible afin d'éviter d'autres empoisonnement. N'utilisez plus le Swiffer WetJet si vous avez de jeunes enfants ou des animaux à la maison. S'il vous plaît, faites circuler ce message. Merci! Jimmy Vallée, avocat Greffier-adjoint et chef du contentieux. Ville de Blainville Région Haute Normandie. »
Il grognasse et me répond :
- C’est peut-être n’importe quoi, qui te dit que c’est valide? C’est peut-être de fausses rumeurs.
- Peut-être mais malgré tout, il n’y a pas fumée sans feu! Cela me conforte en ce mauvais sentiment qui transperce mon envie du truc. Dans le doute, je vais m'abstenir de dépenser mes sous pour alimenter ma société de consommation sans queue ni tête! Je pense que je vais continuer de fonctionner à l’ancienne. Et en attendant, tu ferais bien d’aller te renseigner plus amplement auprès de tes supérieurs sur les produits que tu conseilles!!
Shni semble soudainement troublé. Il gratte vigoureusement son crâne dégarni qui luit sous un rayon de soleil. Sans même un mot à mon égard, pouf, il disparaît en quelques volutes blanchâtres. Je ne me sens pas le courage d’écrire mes courriels. Je me lève en soupirant. J’attrape la maudite « mop » et remplit ma tâche avant de disparaître dans les vents de ma bulle de lac.
Le soir venu, Juan ramène mon Soleil. La vue de son oeil poché me bouleverse. Je maîtrise le flot d'émotions qui me submerge pour lui offrir une humeur stable et enjouée. J’ai conscience que c’est un accident et qu’elle a été chanceuse de ne pas y perdre l’oeil! Pourtant je me sens coupable sans trop savoir pourquoi. Parce-que je n'étais pas là, parce-que je n'ai pu éviter le mal, parce-qu'il est de mon devoir de veiller sur elle. Je la serre contre moi. Si heureuse de la sentir en un seul morceau, Dieu merci. Elle me sourit.
Je la berce doucement dans ses vagues d’amour qui m’emportent. Elle est saine et sauve, avec un méchant gnon, comme si elle revenait de la guerre ou d'une violente querelle qui aurait mal tournée, ma jolie petite chouette a l’air d’un boxer! La paupière tombante lui donne un look tabassé pas particulièrement charmant! Elle risque d’en porter la marque pour quelques semaines, j’imagine que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel vont y passer…
Ce qui me remet en mémoire cette phrase que tout le monde connait: "Les enfants cela en fait voir de toutes les couleurs..." Hummm, elle aura 18 mois dans une semaine, on n'a pas fini d'en voir!