Lundi matin, l'empereur, sa femme et le petit prince...
Petit matin ensoleillé, l’enfant joviale imite mes souffles, l’homme se prépare pour son départ. L’enfant mignonne me sourit tendrement. Je lui explique qu’aujourd’hui elle va aller chez Manon voir les enfants, Angélique et Alexandre. Elle me sourit toujours. J’avale cette angoisse qui m’arrache la gorge. Je m’assois. Elle papote, appelle son père de cette petite voix toute neuve qui m'émeut le coeur. Impassible, je combats la nausée qui me soulève l’estomac. Une bouffée de chaleur m'inonde, rien de tel pour mieux réchauffer l’inquiétude irraisonnée de la mère poulette. Quelques sueurs empestent mon atmosphère, plus les minutes passent, plus je pue, l’angoisse me coule des dessous de bras. Yerk! Je suis en total contrôle. L’homme en revient à peine et se moque de moi :
- J’en reviens pas, tu as plus de difficulté qu’elle!
J’avale, ce n’est pas drôle. Je hausse les épaules. Il observe mon silence contrit :
- Je comprends pas…
- Je sais…
Comment pourrait-il comprendre ce que c’est que d’entrer en processus de gestation, que de se déformer le corps, que de souffrir pour pondre de sa chair un petit être parfait à ses yeux de père comblé? Que de manquer d’y laisser sa peau et d’aimer ce petit être de façon totalement viscérale? Que d’avoir cette impression magique de lui avoir transmis la vie en y donnant un peu de la sienne? Que de se dévouer le quotidien au bonheur de l'enfant? Que de ressentir un gigantesque devoir vis-à-vis de ce petit être imprégné d'innocence? Que d'éprouver cette fulgurante responsabilité de ses jours présents et futurs? Il en comprend assez pour supporter mes états d'âmes et continuer de m'aimer...
Il s'est habitué à la quitter tous les matins pour aller au bureau, aucune anormalité ne se dessine dans sa matinée. Et oui, gnagnagna, blablablabla, je sais que c’est bon pour elle, qu'une journée par semaine hors des jupes de sa mère ne la traumatisera pas! C’est pour elle que je contrôle d’une main de fer le cours de mes émotions folles. Elle est y allée pour la première fois lundi dernier. Elle y ira tous les lundis jusqu’en août. J’ai une totale confiance en Manon. Sa maison est grande, son terrain est jonché de dizaines de jouets, de glissades, de cabanes. Plus de jouets que Lily n’en a jamais vu à la fois. Lorsque je suis allée la chercher lundi dernier, elle m’a vue et m'a demandé :
- Papa?
- Papa est parti au bureau ma puce.
- Papa api?
- Oui, il va revenir tout à l’heure…
Et la voilà qui me pleurniche dans les bras! Je suis légèrement vexée, c’est la vie dans ma face! Je discute quelques minutes avec Manon sur le complexe d’Œdipe. Nous en revenons à la journée qui vient de se passer. Ma progéniture aura été trés agréable, un exemple parfait de bonne adaptation à un nouvel environnement. Manon n'en revient pas comment elle écoute sagement durant la lecture d'un livre ou comment elle s'applique à essayer d'écrire. Manon m'explique que la présence de Lily (18 mois) stimule Alexandre (15 mois) qui ne voit pas beaucoup d’enfants dans sa tranche d’âge. Lui qui refuse de marcher ou de se relever lorsqu’il tombe aura joué de son orgueil de mâle à la journée longue en trottinant comme jamais pour rivaliser avec l’ardeur de mon petit monstre toujours en mouvement. L’on se prépare à filer lorsque qu’Angélique (trois ans) commence à faire la trogne. Elle est triste de voir partir Lily-Soleil! C’est encore la meilleure, voilà pas que ma coquine aura charmée toute la maisonnée!!!
Je file dans le vent avec ma petite merveille, le cœur battant, je ressens un étrange sentiment, une sensation nouvelle, une grande fierté toute maternelle…
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