vendredi, juin 25, 2010

Bloguera le Festival d'été...

Avec un grand sourire ensoleillé...

Après une fête de la St-Jean bien tranquille en notre maison de lac (du repos, du roller et une sortie ciné en famille pour voir "une histoire de jouets"), la semaine s'achève sur une bien bonne nouvelle bloguesque!

En effet, je suis heureuse d'annoncer que je ferai partie des blogueurs officiels du Festival d'été de Québec. Une nouvelle aventure estivale prend forme...

Merci aux organisateurs du Festival d'été qui ont eu cette bonne idée de rassembler des blogueurs pour composer un collectif virtuel de Festival. Six blogueurs ont été choisis pour composer ce collectif virtuel de Festival d'été. J'en profite d'ailleurs pour saluer chaleureusement les blogueurs de Culturils, Le SmogFrancis DesharnaisBurpLe Culture Club...

Je tiens aussi à remercier tous ceux qui ont appuyé ma candidature virtuelle. Vos mots et encouragements m'ont profondément émue. Merci de cette présence virtuelle qui m'accompagne les idées numériques. C'est avec grand bonheur que je vous partagerai mes impressions de Festival et ses atmosphères musicales.

Alors du 8 au 18 juillet prochain, Etolane festivalera l'été à Québec. Au plaisir de s'y retrouver au réel comme au virtuel.

Expression et discipline

Expression et discipline

Alors que je discute avec une amie, elle me dit: "Tu sais, quatre ans c'est la période de discipline". Je soupire intérieurement. Il me semble que la discipline parentale existe en notre maison depuis déjà deux ans et je me dis que ce n'est certainement pas prêt d'arrêter...

Le lendemain, je discute avec une autre amie sur la plage qui me dit: "Ah! Tu sais, quatre ans, c'est l'âge de l'opposition. Enfin on dit que cela commence là parce-que je sais pas quand ça finit". Je déglutis.

En effet, ces temps-ci, la discipline enfantine est un sujet récurrent en notre mode adulte. C'est un sujet qui peut facilement semer la discorde entre les deux parents. Mais en notre maison, l'on a pour politique intérieure de faire front parental, de se serrer les coudes.
Si l'on veut survivre à l'épreuve, il faut se soutenir l'un l'autre. Ce n'est pas toujours évident. Communication, respect et compromis sont de rigueur. Heureusement que nous avons les mêmes valeurs.

Cela dit, généralement je suis le "bad cop" du commissariat parental. Parfois je demande grâce. Dans ces moments là, Juan accepte de se rigidifier davantage. L'on travaille à trouver le meilleur équilibre. C'est un défi quotidien car la Miss ne manque pas une seule faille parentale. Il est certain qu'elle sait manier l'opposition avec talent. Nous nous concertons régulièrement pour ne pas flancher devant ses volontés. La constance est certainement la meilleure arme dans cette bataille. Et l'une des plus complexes à manier. Rester ferme et calme à la fois est notre ambition de fond. Si l'on crie, l'on perd. C'est tout un exercice pour les nerfs. Cela travaille les patiences. Cela façonne le quotidien.

C'est d'autant plus difficile que pour rester crédible au regard sensible de l'enfant, il est nécessaire de se discipliner soi-même. Toujours faire ce que l'on dit. Ne jamais menacer si l'on n'est pas prêt à punir. Et une fois que l'on se durcit, il faut accepter les mots de colère qui disent: "Je t'aime plus, t'es méchant(e)!" et répondre avec affection à la résistance enfantine.

Comme j'apprécie sa répartie, je dois faire attention à ne pas lui offrir trop de latitudes. Sinon je sais bien que je risque de me faire ramasser au coin d'un carrefour. Pourtant, j'aime lui laisser un espace de liberté pour qu'elle puisse épanouir sa personnalité propre. Je pose cependant mes limites pour encadrer cet espace de liberté. Et je les déplace au fur et à mesure qu'elle grandit. En même temps que j'élève ma fille, je raisonne la rebelle au fond de mon sang. Est-ce que je m'élève ce faisant? La tolérance et l'ouverture restent les figures de proue de ma navigation maternelle. Et le respect de chacun est essentiel.

Pour la fête des pères, j'ai offert à Juan un cadeau invisible. De bon matin, juste avant qu'il ne se réveille, j'ai expliqué à ma Mini Miss que puisque c'était le jour des pères, pour lui faire plaisir, l'on devait dire "oui papa" toute la journée. Sans oublier que la moindre résistance à ce principe entrainerait une conséquence immédiate.

Je sais qu'elle encore assez petite pour que j'applique la philosophie Borg " Résistance is futile". Et comme je suis le "bad cop" de la maison. Elle sait que je ne menace jamais dans le vide. Pas tout à fait certaine de mon idée, elle grogne un peu en demandant le pourquoi du comment. Pour adoucir le tout je lui explique combien cela ferait plaisir à papa. Elle se plie à mon idée abstraite (que j'applique aussi à mon échelle féminine).

En ce qui concerne les punitions, même si elles sont rares, elles existent. L'on se fait un peu violence à chaque fois que l'on punit car c'est pour la bonne cause. L'envoyer au coin est encore de circonstance mais au fur et à mesure qu'elle grandit, les conséquences deviennent plus efficaces. Une conséquence étant le retrait d'un de ses plaisirs d'enfance.

À son réveil, en découvrant son cadeau d'attitude, Juan est aux anges. Je donne l'exemple. Et, en bout de journée, il faut avouer que la Miss aura trouvé sa journée un plus rude que prévue. Le "oui papa" n'est pas toujours facile à sa vie. Elle qui aime bien pimenter notre quotidien de quelques "nons" bien pensés a gentiment avalé ses rebellions. Avec tout l'amour qu'elle porte à son paternel, elle s'est pliée à cet exercice maternel. J'étais fière d'elle. Et l'on était bien content de prendre des vacances des "non, je veux pas...", des "mais, moi je veux...", des "moi, j'aime pas..." des "c'est parce-que je veux..." et autres techniques de protestation enfantine.

En ce dimanche de claire obéissance, dès que monte la tergiversation, il suffit que je fronce les sourcils et lui lance un regard perçant en chuchotant "oui papa" pour que s'efface l'opposition, et que d'une petite voix contrite elle réponde: "oui papa.". Je n'oublie pas de montrer l'exemple en acquiesçant à toutes les requêtes de mon homme. Comme celles-ci sont raisonnables, cela ne m'est pas si difficile. Sur le coup de midi, alors que M'zelle Soleil a bien compris le principe du jour, elle me demande d'un air sérieux:

- Mais maman, c'est quand le jour des petites filles?

J'éclate de rire et je ne peux que répondre:

- Mais voyons ma puce, c'est tous les jours...

Avec une moue insatisfaite, elle marmonne que si c'est la fête des papas et la fête des mamans, il devrait bien y avoir une fête des petites filles! Je rigole en mon chignon. Et j'y réfléchis. Peut-être bien qu'il devrait y avoir un jour de petite fille après tout. Si en tant que parent, l'on doit appliquer des conséquences, l'on doit aussi donner des récompenses. Je note son idée en silence.

Et puis, en fin de journée, alors que l'on se dirige vers un petit resto africain pour célébrer ce jour des pères, M'zelle Soleil nous explique qu'elle n'aime pas oublier les choses qu'elle a en tête. Elle décide de nous expliquer en une longue phrase tout ce qu'elle pense de la vie. Je comprends alors que cela la fâche intérieurement lorsqu'elle oublie les choses qu'elle aimerait dire. C'est intéressant de découvrir le fond de sa pensée.

Je l'écoute avec attention, toujours fascinée par le développement de ses idées qui définissent déjà sa personnalité propre. Un jour, peut-être pas si lointain, je sais qu'elle m'expliquera la vie. Et ce jour là, je l'écouterai car je suis certaine que ses propos m'enrichiront les idées.

Alors je me pratique déjà, j'écoute ma petite puce qui parle plus vite que son ombre. Je dois me concentrer pour en suivre le fil. Mes oreilles vibrent mais elles commencent à s'habituer à ce début accéléré d'enfance qui veut tout comprendre et expliquer...

mardi, juin 22, 2010

Hybride francophone

Hybride francophone

Par moment, ma fillette a un accent à couper au couteau. J'y fais à peine attention, mes oreilles ne s'y accrochent pas vraiment. Tant qu'elle a du vocabulaire et qu'elle sait structurer ses phrases, c'est tout ce qui m'importe.

Nous avons des amis qui font parler leurs enfants à la française, ceux-ci sont un peu choqués de la langue de ma fille. Et je trouve cela un peu choquant qu'il soit choqués!

Tout comme j'ai failli tomber par terre lorsque la mamie voisine m'a dit il y a quelques mois:

- Eh ben, elle a un bon accent!
- Ouais, on dirait bien...
- C'est dommage, vous qui parlez si bien!
- Heu...


Que répondre à ce genre de complexe linguistique si ce n'est rassurer? Expliquer qu'il n'est pas nécessaire de se dénigrer. J'apprécie la langue québécoise qui berce ma vie...

La langue d'ici peut être aussi belle que celle de Paris. Il suffit de la considérer pour en découvrir la richesse ancestrale. Et puis, en France, il y a encore quelques patois et accents chantants qui ne sont pas des sous-langues pour autant. Enfin je l'espère! Et je ne parlerais même pas du verlan ou des anglicismes à gogo qui animent les bouches de l'hexagone! À mes yeux, la langue québécoise possède une histoire et une résistance qui est fascinante. Elle n'est pas parfaite. C'est un fait. Mais la perfection n'est-elle pas illusion?

Ce qui paradoxal c'est que le français de passage ne me reconnait plus depuis des lunes. Tout français que je rencontre, fraichement débarqué, ne se rend pas compte que je suis de la même origine que lui. Il trouve qu'il me comprend plus facilement que les autres québécois mais il ne se demande pas pourquoi! Parfois, je ne prends pas la peine de lui expliquer ma vie et dans ces temps là, il prend toujours la peine de m'expliquer la France. Je suis une hybride de langue...

En ma brousse, la langue française est souvent corsée, on est très loin des pointes acérées du titi parisien. Ici, même si le français de passage ne me remarque guère, le québécois pur laine m'accorde facilement le titre de minorité auditive. Celui-ci peine à croire que ma langue est méconnaissable à l'oreille des français de France. Hybride je me sens. Non pas de sang ou de peau mais de langue.

À la radio, j'écoute ma voix qui s'articule. Mon oreille québécoise entend les tonalités du pays de mes ancêtres. Mes racines françaises la trouve polie comme les pierres de rivière qui couvrent ma maison de lac. Douce aux tympans, elle a perdu ses pointes depuis bien longtemps. Ici, elle s'enrobe de grands espaces et de liberté...

Cela fait plus de vingt ans que j'existe en cette province de langue française. Plus de vingt ans que je nage en cette goutte francophone qui se perd dans un océan d'anglais. Au fil des ans, je suis devenue une sorte d'oiseau exotique pour les français de là-bas. Et je serai toujours une plante exotique dans le terroir d'ici.

Le Québec est mon pays même si ce n'est pas vraiment un pays. Il m'a adoptée comme un parent adopte un enfant. Lorsque je suis arrivée ici, je sortais à peine de l'enfance. J'avais 14 ans. Montréal a été ma terre d'accueil . En ce coin de lac, je m'enracine l'esprit.

J'ai grandi en m'intégrant à la société qui m'hébergeait. J'ai laissé de coté tout ce qui me déplaisait de ma terre patrie et j'ai comblé le vide avec tout ce qui me plaisait de ma terre d'adoption. En ce coin de province tranquille, j'ai planté les graines de ma famille. Et c'est pour cela que cela ne me dérange pas du tout que ma fille ait un accent bien de chez elle...

samedi, juin 19, 2010

Le premier homme dans la vie de ma fille.

Le premier homme dans la vie de ma fille.


Il a trente ans cette année. Depuis ses vingt ans l'on s'aime. Au quotidien. Depuis ses quinze ans il se pique. Tous les jours. Plusieurs fois par jour. Non pas pour mourir mais pour vivre.

Comme les autres qui se portent bien, il avance dans sa vie. Dépendant à l'insuline, il survit grâce à un monde moderne qui souvent le désole.

Courageux, doté d'une profondeur humaine rare, il est à la fois fort et sensible. Il est le père de ma fille.

Père aimant, il s'implique dans le périlleux chemin d'élevage d'enfance. Ensemble, l'on fait front parental. C'est aussi grâce à lui que je puis être la mère que je suis.

Il est le seul "père" qui n'ait jamais habité ma maison. Et même si je n'ai aucune réelle notion paternelle, j'en possède certain idéal auquel je m'accroche le coeur.

Il sait s'approcher assez près de cet idéal pour que mon coeur cicatrise. Car même si la vie n'est pas rose tous les jours, il la rend plus jolie. Je crois que ma fille a bien de la chance de l'avoir comme papa. Il est son prince d'enfance. Malgré tout, souvent il doute. Mais en affrontant ses doutes, il n'en devient que plus grand. Je l'aime pour ce qu'il est, en ses qualités et malgré ses défauts. Avec respect, je lui souhaite une bonne fête des pères...

Et à tous les pères qui sont des repères solides pour leurs enfants, bonne fête à vous, hommes de valeur...

mardi, juin 15, 2010

Bonne pression

Bribes de jour...

Après que la pression ait atteint son point culminant, l'instant se déroule souvent comme par magie. Et la (bonne) pression retombe comme un délicieux soufflé que l'on vient de croquer.

Dans l'aventure des piges, il arrive régulièrement que je traverse des pics de pression. J'aime cette sensation. Elle ajoute du piquant à mes jours de brousse. Lorsque la pression monte, il y a quelque chose d'excitant à vivre. Cela fait palpiter la vie professionnelle.

Ce matin, j'ai été invitée à faire une chronique Web sur la FIFA à Radio-Canada. C'était ma deuxième participation à l'émission Première Heure. J'avais déjà fait un bilan Web de fin d'année et j'étais bien contente d'être rappelée à la pige vendredi dernier.

Comme je boucle en ce moment un dossier Web pour un article papier (à sortir cet automne), j'ai senti monter la fameuse pression dès que j'ai accepté cette chronique radio. Le sujet traitait de la FIFA via le Web. N'en ayant pas grand chose à battre, le foot est loin d'être une passion, l'ironie était superbe.

Comme je mange du Web au quotidien, j'étais quand même terrain connu. J'ai donc creusé la chose durant la fin de semaine. J'ai questionné ma famille proche, mes amis et mon réseau. J'ai parcouru la Toile de long en large. Bref j'ai récolté une tonne d'informations. Et la pression continue de monter. L'on s'y ajuste. L'on prend plaisir à la contrôler.

Ce matin, j'étais fine prête. La pression atteignait son poids culminant. De bonne heure et bonne humeur, j'ai embarqué ma tribu pour un tour de centre-ville. Comme ma chronique était à 8:30, l'on a trouvé plus pratique que Juan et M'zelle Soleil m'accompagnent et m'attendent. Ensuite, au programme, emmener Juan au bureau et M'zelle Soleil à sa garderie (afin de garder en ma possession l'unique voiture de la famille).

En arrivant au studio, alors que je laisse mes amours derrière moi, le recherchiste de l'émission, super sympa, me propose de les faire entrer. Un peu gênée mais contente de les avoir en mon sillon, j'accepte sa proposition. Et nous voilà en tribu de lac à débarquer dans ce studio radio qui donne sur la rue St-Jean. Tandis que je fais un blitz du sujet avec le recherchiste, mes amours dans un coin observent le déroulement de l'opération.

Derrière la vitre, l'émission du matin est en pleine action. En cet espace temps précis, l'atmosphère semble s'accélérer. Pas une seconde n'est épargnée. En studio, chaque minute compte. Là, la pression est toujours à son comble. Et cela tombe bien car la mienne est à son apogée. Mon topo dure dix minutes. Mon plus grand défi est d'arriver à en dire le plus possible tout en sachant que j'ai trop d'infos. Ne pas déborder de la cervelle. Être claire, ne pas perdre l'auditeur, ne pas bafouiller, ne pas cafouiller, ne pas bredouiller. C'est mon tour. L'animateur est sympathique (en plus d'être mignon), je prends une grande respiration et je plonge en ondes...

J'attrape le "flow" qui passe et je parle du sujet bien préparé. Je fais mon possible pour annihiler mon stress de fond. C'est tout un sport que de faire de la radio, suivre le flow, diffuser l'info, être pertinent! Je sors de ma chronique de dix minutes (en espérant m'en être bien tirée) avec plusieurs gouttes de sueur sur le bout du nez.

En studio, tout le monde à l'air content. Le recherchiste sourit à pleines dents. J'imagine que j'ai été correcte. Je ne sais plus trop bien ce que j'ai raconté. Je sais que j'aurais pu faire mieux. On peut toujours mieux faire n'est-ce pas? Je suis certaine que j'ai oublié de dire des trucs. La pression commence à redescendre.

M'zelle Soleil se colle à mes jambes et me murmure: " Je t'aime maman". L'espace d'une seconde, je fonds. Je me reprends tandis que la pression continue de redescendre. Mes nerfs se ramollissent. Je ramasse mes affaires et mes amours. Il est temps de repartir. L'aventure est finie pour aujourd'hui mais j'espère qu'elle continuera de se renouveler...

lundi, juin 14, 2010

sous pression...

L'homme se fait ; il n'est pas tout fait d'abord, il se fait en choisissant sa morale, et la pression des circonstances est telle qu'il ne peut pas ne pas en choisir une.
Jean-Paul Sartre

Un homme fait ce qu'il a à faire malgré les conséquences sur sa vie, les obstacles, les dangers et la pression ; c'est la base de toute morale humaine.
John Fitzgerald Kennedy

Un mariage heureux peut supporter n'importe quelle pression extérieure, un mariage malheureux se brise.
Paul Auster

jeudi, juin 10, 2010

Sentimentalement fille.

Sentimentalement fille...

Mon amie Dee a un petit briochon dans le bedon. Un petit briochon nommé Arthur. Un petit briochon qui a été longtemps couvé dans le coeur du futur papa. Mon amie Dee était mon dernier repère amical sans enfant...

Autant j'ai pu rager et espérer qu'elle fasse un bébé pour combler ce fossé mental qui nous séparait les premières années de ma mamitude, autant maintenant que je m'y suis habituée (et que nous y avons construit un pont), je me sens toute chose de la voir rejoindre l'univers galactique de la mamatitude.

Comme elle vous le dirait si elle m'entendait: "Etol, t'es jamais contente!". Tout comme elle me l'a dit lorsque je lui en ai parlé. Et elle a tout à fait raison à ce sujet. C'est que je l'aime beaucoup mon amie Dee. Nous nous sommes rencontrées dans une salle de cours à l'université. Puis nous sommes tombées en amitié sur les marches du pavillon de Koeninck.

Notre première discussion a duré deux heures et j'ai même raté l'un de mes cours de tutorat pour ne pas la quitter cette première fois. Nous étions toutes les deux à refaire notre vie ici. Fraichement débarquée de France, elle venait rejoindre son amour de Phil, futur papa de briochon Arthur. Je refaisais aussi ma vie avec mon amour de Juan qui était arrivé de France l'année précédente.

Lorsque je l'ai rencontrée, j'étais dans une drôle d'humeur. Je n'avais plus envie d'avoir des amis. Je prenais des vacances. Mon mari (aussi mon meilleur ami) me comblait toute entière. Je rénovais mon coeur blasé. Et puis trop de gens avaient défilé au cours de ma vie. Bien-sur, il y a le bonheur de l'amitié mais il y a aussi des déceptions et des blessures. Ma vingtaine vivait ses dernières années et j'étais dans une drôle d'humeur...

Fraichement mariée, j'étais de retour sur les bancs de l'université. Je reconstruisais ma vie à neuf. À cette époque là, même si le Web existait, peu de gens étaient connectés et l'on n'y socialisait guère. Je me baladais seule sur la Toile. Existentiellement, j'étais dans l'une de mes humeurs sauvages qui me fondent l'esprit en une solitude sereine. Mais, évidement, en recontrant Miss Dee j'ai flanché. Elle m'est rentrée dans le coeur comme une fléche de Cupidon!

Lorsque l'on est une fille, il y a de ces autres filles avec qui l'on développe des relations sentimentales. L'amour n'a pas toujours un sexe. Plus souvent qu'on y pense, il n'en a pas! Je crois qu'entre filles hétérosexuelles, l'on peut aussi entrer en relation sentimentale. Un peu au même titre qu'avec un garçon. La seule différence, en ce qui me concerne, c'est qu'avec un garçon s'ajoute l'attraction et le désir physique alors qu'avec une fille, je reste de glace. Enfin les garçons sont un autre sujet qui n'est pas celui du jour.

Dee et ma pomme avons donc commencé à "sortir ensemble". Je l'ai embarqué dans l'association littéraire que je présidais. Elle y a excellé. Et l'on a commencé à "relationner". Elle et moi sommes capable de nous parler pendant des heures et des heures. À ce sujet, nos hommes sont souvent déconcertés. On est de vraies pies. Avec les années, Juan a baissé les bras. Il ne cherche plus à comprendre notre relation féminine. Sans oublier que c'est aussi ma copine de partys! Car Miss Dee est une jolie abeille qui butine l'humanité sur son chemin. Elle a le social dans le sang. Mais nous ne nous ressemblons pas. Nous sommes très différentes l'une de l'autre. J'aime la richesse de ces différences. Nos personnalités s'entrechoquent parfois mais l'on se rejoint sur une multitude de points...

Ainsi, même s'il m'a parfois consolée, Juan ne s'est jamais mêlé de mon histoire avec Miss Dee. Il comprend que l'on possède quelque chose d'indéfinissable. C'est qu'au fil des années, l'on s'est disputées aussi. C'est d'ailleurs la seule fille avec qui je me suis disputée depuis mon adolescence! L'on s'est surement disputées parce-que l'on s'aimait, un peu comme des gamines. Mais c'est avec maturité nous sommes passés au travers. Je ne lui en suis que plus attachée. Et puis, sentimentalement, l'on a fini par trouver notre équilibre.

J'ai bon espoir que nous ne nous disputerons plus avant nos 70 ans car nous avons trouvé une compréhension et une acceptation mutuelle de nos deux êtres. Et puis l'on a un pacte de vieillesse. Un pacte secret de petites mamies ridées. Résultat: même si je ne voulais pas d'amis lorsque je l'ai rencontrée maintenant que je l'aime je ne veux plus jamais la quitter! Ne jamais dire "Fontaine je ne boirai pas de ton eau"...

Notre histoire de filles dure depuis huit ans et je l'ai dans le coeur ma Miss Dee. Sans compter qu'elle compte aussi beaucoup dans le coeur de ma fille. Voir une belle relation se développer en mon amie chère et M'zelle Soleil me comble d'émotions. Alors je raisonne ma grogne d'ado attardée et malgré le fait que je perds ma copine de fille, je sais que je vais surement gagner une copine de mère! Je suis très heureuse pour elle. Sa grossesse se déroule à merveille. Je suis la photographe officielle de sa précieuse bedaine. Le bébé est prévu pour la fin juillet. Je lui souhaite le plus doux des accouchements.

Pour l'anecdote, c'est elle qui a pris le contrôle de ce blogue pour annoncer la naissance de M'zelle Soleil en novembre 2005. Et, il faut aussi confesser que Miss Dee est au coeur de ma gang de Festival. Il est vrai que j'adorerai la voir perdre ses eaux durant un concert sur les plaines. Ce serait du domaine de la légende d'Arthur...

Et, ce matin, au petit déjeuner alors que l'on parle du Festival, M'zelle Soleil s'emballe. Pour elle le Festival,  c'est sacré. Et le Festival, c'est aussi Miss Dee! Son appartement, en un quartier branché de Québec, devient notre quartier général. Cela fait partie de la tradition. Lorsque j'explique à ma fillette que le bébé risque de sortir à cette période festive et qu'il est possible que Miss Dee ait un énorme bedon qui la garde à la maison, M'zelle Soleil est plus ou moins satisfaite de ce fait. Elle réfléchit quelques secondes et nous dit:

- Mais, quand il va sortir du ventre, est-ce qu'Arthur va venir nous rejoindre au Festival?

Éclat de rire parental. La demoiselle se renfrogne. Elle pense que l'on se moque d'elle alors que l'on trouve sa blague trop bonne! L'on essaie alors de lui expliquer que cela risque d'être un peu compliqué mais ce n'est pas gagné. Dans l'esprit de ma fille, Miss Dee est le Festival d'été vont de pair. Dans tous les cas, j'espère que mon amie aura la chance de vivre une expérience de maman aussi enrichissante que se révèle être la mienne...

Miss Dee et Lily

mardi, juin 08, 2010

Bloguer le festival d'été...

Bloguer le festival d'été...

La semaine dernière, j'ai appris via le Web une petite nouvelle qui a "rocké" mon monde intérieur. Le Festival d'été de Québec est à la recherche de blogueurs.... "Je veux, je veux, je veux..." Immédiatement, mon esprit fait des tours sur lui même et répète cette petite phrase lancinante! En effet, me dit ma raison, tu possèdes certainement l'expérience désirée vu que tu blogues le Festival d'été depuis 2004...

Ceci, sans parler du fait que je technoblogue professionnellement sur un grand portail Web ni de mon expérience de journaliste ou encore que je fais aussi de la photographie et que j'ai une bien bonne connaissances des réseaux sociaux. Évidement, l'idée s'ancre dans mon coeur qui se met à battre plus fort...

Au festival d'été...

Mais commençons plutôt par le début de ma pratique virtuelle en ce qui concerne le principe de bloguer le Festival d'été de Québec. L'on se propulse dans le passé: été 2004. C'est avec un billet sur le show de Wyclef que je commence à dessiner en ma tête le principe de la chose. En 2005, une fois le festival revenu, je continue sur ma lancée virtuelle. Cette année là, j'ai un appareil photo numérique et j'en profite pour commencer ma tradition annuelle de faire des albums de Festival d'été sur Flickr. Le Web 2.0 prend alors son essor et je nage tranquillement en ses eaux tumultueuses. En 2005, le Festival m'inspire une bulle d'idées nocturnes, une anecdote de foule et quelques petits bouts de festival. Cette année là, il y a Lhassa et Taima...

En 2006, ma santé me fait cruellement défaut, je traverse péniblement les complications de ma grossesse et accouchement. Cependant, malgré les douleurs complexes, je ne peux résister à aller faire un tour de Festival. Et je ne peux pas rater Louise Attaque de passage en ville! Cette année là, je commence à vidéobloguer le festival. Rendu là, l'on aura bien compris que je suis une inconditionnelle du Festival d'été de Québec. En fait, je peux même confier en ces lignes que c'est grâce au Festival que j'ai appris à aimer la ville.

Ayant habité une décennie à Montréal, je suis venue refaire ma vie en périphérie de Québec avec quelques préjugés montréalais dans le coeur. Je l'admets. Mais c'est avec le Festival que j'ai eu le déclic! Ce fut un véritable coup de coeur. L'atmosphère du Festival transforme la ville, elle la sublime d'une façon particulière, presque magique. Malgré moi, sans vraiment m'en rendre compte, je suis complètement tombée sous le charme. Au final, le Festival d'été m'a fait tomber en amour avec la ville de Québec. Et, si j'aime Québec comme je l'aime aujourd'hui c'est aussi parce-que j'aime tant son festival qui célèbre l'été durement gagné.

Lorsque juillet s'installe, grâce au Festival, durant une dizaine de jours, l'on pénètre une dimension parallèle en plein coeur de la ville. Une dimension de Festival qui fait vibrer la place d'Youville, rocker le pigeonnier et qui allume les Plaines d'un océan de lumière humaine. Des milliers de coeurs nocturnes palpitent sous les étoiles tandis que la musique s'empare des murs qui fortifie la ville...

Festival d'été

Au fil des années, le Festival d'été est devenu une véritable tradition en notre maison. L'on forme une petite gang d'amis avec la même passion. Chaque année, nous nous faisons le festival. Chaque été, l'on festivale Québec. Tant est si bien que pour M'zelle Soleil, le Festival d'été fait totalement partie de sa culture d'enfance. "Pestival" fut même l'un des premiers mots de son vocabulaire et l'un de ses premiers sujets de discussion bambine.

Mais revenons à nos années qui défilent. En 2007, je reprends le dessus sur la maladie et j'ai une petite soif de revanche dans le coeur. Coté festival, je suis encore frustrée de l'année précédente! Cette année là, je décide de vivre le Festival au max et de le bloguer en beauté! Cette année là, je suis armée de tous mes outils numériques. Je vais bloguer, faire des albums photos, mettre des vidéos sur YouTube. Ceci donne cela:

- Etolane festivale l'été
- Fantasmagorie de Festival
- Désolée pour demain
- "Défestivaler et reroutiner la semaine"...
- Bilan de festival

En 2008, mon été est ultra rempli, l'on a des problèmes de fuites d'eau dans la maison, des rénovations, un "road trip" au Nouveau Brunswick. Bloguer est un peu compliqué. Cela dit, je ne peux passer à coté du Festival et du moulin à images. Et Feist sous les étoiles reste l'un de mes souvenirs mémorables de cette année là. C'est aussi l'année où l'on découvre le Festival des petits en allant avec M'zelle Soleil fêter à la place de la Famille. Et puis, en 2009, habituée à festivaler en compagnie de mes outils numériques, sans trop y penser, il y a:

- D'orages et de festival...
Brève de festival
- Jeux de langue

Ainsi, le Festival d'été fait définitivement partie de mes habitudes de vie (et de blogue). Inutile de dire combien je serai enchantée de pouvoir cette année bloguer le Festival avec le Festival!!!

Alors, je conjure les âmes qui décident du sort des futurs blogueurs du Festival d'été de tenir compte de ma candidature virtuelle qui est sérieusement motivée par la passion du Web et de la musique. Et si vous, qui lisez ces mots, avez aussi envie de me voir bloguer officiellement pour le Festival cet été, n'hésitez pas à appuyer ma candidature là-bas (en suggérant dans les commentaires ma pomme de lac). Dans tous les cas de figure, l'on peut être sur que cette année encore, l'on sera ma fille, mon homme, mes amis et ma pomme du Festival d'été 2010...

vendredi, juin 04, 2010

Poupée en sucre et discipline de fer...

Brève d'enfance (poupée en sucre et discipline de fer)

M'zelle Soleil fronde l'autorité parentale avec une charmante impertinence. Avec enthousiasme, elle explore les limites de ses quatre ans...

Par obligation plus que par plaisir, les parents que nous sommes devons resserrer quelques vis de discipline ici et là. Ce faisant, l'on se botte soi-même les fesses pour ne pas se laisser emporter par ses volontés enfantines. L'on fait front parental. En équipe, l'on résiste.

En fait, j'ai la distincte impression que les enfants disciplinent leurs parents autant que nous les disciplinons. La seule différence que j'y vois est qu'ils le font inconsciemment alors que nous devons consciemment le faire.

Du coq à l'âne; quelques phrases d'enfance récoltées durant cette première semaine de juin:

Alors que l'on niaisouille à faire des acrobaties dans le salon. Elle s'éclate tellement que je m'exclame:

- Arrête Liloo, j'ai peur de te casser!
- Mais maman, c'est pas possible! Je peux pas casser, je suis faite en os!

Une minuscule égratignure au doigt, la blessure à peine visible prend alors des proportions dramatiques. M'zelle Soleil gémit d'une voix misérable et rageuse à la fois:

- Mais, c'est vrai! J'ai vraiment beaucoup beaucoup mal!
- Ah oui, t'as mal comment?
- J'ai mal noir!!!

Après un petit resserrage de vis paternel, Mini Miss survit à l'épreuve parentale. Juste avant d'aller se coucher, elle explique calmement à son père:

- Un bon papa, ça punit pas et ça dit toujours oui! 

À bon entendeur...

Équilibre de plume...

Équilibre de plume...

Parfois je trempe ma plume dans l'encre de mon coeur et d'autres fois je la trempe au creux de mes neurones. Souvent j'essaie de mélanger les deux encres pour y trouver mon juste milieu.

Lorsque je traduis, ma plume est à 90% intello. Selon le domaine à traduire, je garde un petit pourcentage d'inspiration libre dans l'équation.

Ces temps-ci, je traduis des chroniques de voyages qui m'offrent quelques latitudes créatives. Ceci me convient parfaitement.

Lorsque j'écris un article avec un sujet précis en toile de fond, suivant le sujet, j'ajuste le mélange. Mais celui-ci reste principalement intello.

Lorsque j'écris de la fiction, j'inverse le mélange. Et lorsque j'écris en ce jardin de Toile, il y a des jours où je ne trempe ma plume que dans mon coeur. Au creux de mon coeur réside mon enfant. C'est surement pour cette raison particulière qu'ici, depuis sa naissance, ma fille devient la muse de mes mots. Elle m'emporte l'inspiration tout comme elle hypnotise mon objectif...

Car en ma trousse d'outils artistiques, il y a aussi la photo. La photographie est la seule chose au monde qui m'enlève les mots de la tête. Cela me repose les idées en constante réflexion. C'est aussi une façon de canaliser l'inspiration qui s'écoule au fil de mes jours. Sans la photo, l'écriture me noie l'esprit. En ces abstraites conditions, à la recherche perpétuelle du meilleur équilibre de plume, je vis.

mercredi, juin 02, 2010

100% papier

100% papier

Il y a des jours où je rêve de vivre dans un monde sans plastique. Sans pétrole. Vivre dans un monde parallèle où l'on respecterait l'environnement et où l'on trouverait les moyens d'évoluer sans le contaminer.

Je me souviens que lorsque j'étais petite, ma Mère-Grand me parlait du temps où elle était enfant. J'étais déjà fascinée par le fossé qui existait entre son enfance et la mienne.

Et lorsque je me laissais aller les idées folles, j'auscultais le passé de mon arrière grand-mère. Une très vieille dame qui était née en 1898. Durant toute mon enfance, juste penser à sa date de naissance m'emportait l'imaginaire en des films épiques qui me divertissaient l'esprit durant des heures...

Lorsque ma Grand-Mère était petite, elle portait des sabots de bois et des habits qui étaient fabriqués localement. Les dimanches, en sabots dondaine, elle marchait plusieurs kilomètres pour aller voir ses cousins dans les villages voisins. En son enfance, il n'y avait ni laveuse, ni sécheuse, ni salle de bain. Ma grand-mère ne vivait pas dans un monde de plastique fait en Chine. Elle vivait dans un petit village jurassien de la France profonde. À son époque, l'esprit de communauté familiale était très fort. Son monde n'existe plus. Ce passé s'éteint irrémédiablement avec les ainés qui meurent les uns après les autres. "C'est la vie!" Aurait dit ma Mère-Grand de son vivant.

Lorsque j'étais enfant, je discutais avec elle du monde moderne qui naissait. Avec le recul, je me rends compte qu'elle découvrait en même temps que moi ce nouveau monde qui allait devenir si plastifié. À ses yeux, le plastique était une véritable bénédiction. Il préservait, protégeait, servait de contenant fiable, était jetable...

Aujourd'hui ma fille grandit dans un monde qui n'a rien à voir avec celui de ma Grand-Mère. Et le plastique fait désormais partie intégrante de notre mode de vie moderne. Si demain, nous ne devions plus jamais en utiliser, nous nous retrouverions bien couillons! Toutes nos habitudes quotidiennes devraient être revues et modifiées. Toute notre vie en serait transformée.

La semaine dernière, en mes tâches maternelles, je suis partie en quête d'un chapeau d'été pour M'zelle Soleil. Lorsque je l'ai trouvé, je n'ai pas tout de suite regardé l'étiquette. Sachant déjà que c'était fait en Chine, je n'avais pas besoin de remuer le couteau dans la plaie.

Au toucher, la texture était correcte. Je me suis dit que cela devait être l'une de ces textures modernes. Tellement habituée à vivre en ma société plastifiée qui fait naitre continuellement des nouvelles textures dont la composition m'échappe royalement.

En fait, c'est à peine si je me suis posée la question! Le chapeau était parfait. Le prix était adéquat à ma bourse. J'étais tannée de chercher. En ma superficialité humaine, à l'instant précis de l'achat, qu'il soit parfait sur la tête de ma puce était pas mal tout ce qui comptait.

Et puis, à notre retour du royaume des chinoiseries modernes que l'on nomme Walmart, l'homme s'est penché sur cette question qui m'avait échappée. Il a regardé l'étiquette du fameux chapeau. Et c'est alors qu'il s'est exclamé:

- Whaou, tu as vu c'est fait en papier?
- Hein, non, j'ai pas regardé. En papier???
- Oui, 100% papier!

Et pour une fois, en mes désillusions internes, j'ai vu une étincelle. En effet, durant un instant, j'ai aperçu une toute petite lueur d'espoir au bout du tunnel de mes tourmentes plastifiées...

mardi, juin 01, 2010

"Faut encore qu'on vive dans cette planète!"

"Faut encore qu'on vive dans cette planète!"

L'année dernière, j'ai eu une bonne altercation avec un militaire sauvage sur la base qui se situe à une quinzaine de kilomètres de mon lac.

M'zelle Soleil avait trois ans et demi et je crois qu'elle a bien vu que je me mettais en situation de danger. Ce n'est pas dans mes habitudes. Je pense qu'elle en a été impressionnée en son petit monde d'enfance.

Elle a vite voulu comprendre ce qui venait de se passer. Je lui ai simplement expliqué. Depuis, ma Mini Miss ne rate pas une seule occasion de ramasser un déchet par terre... Dehors.

Autant il est difficile de lui faire ramasser quelque chose dans sa chambre, autant elle se jette sur le premier déchet qui traine dans la rue! Je dois admettre que ce comportement enfantin gonfle de fierté mon coeur de mère. Ceci me fait penser à cela...

Ce jour là, il a fait plus de trente degrés et la plage a connu sa première invasion humaine. À coté de nous, un petit groupe de jeunes détonnait dans le paysage familial en buvant du champagne à la bouteille et en fumant de l'herbe fraiche. Ils chantaient à l'unisson des raps cochons tout en se chamaillant gaiement. Ils s'éclaboussaient et faisaient des vagues de sable. Je les observais du coin de l'oeil. La Miss était subtilement fascinée par cette débandade de garçons. Ces jeunes d'à peine 20 ans n'étaient pas québécois. Ce qui rendait le tout encore plus rare. C'était une exception de plage. De ces exceptions qui font les règles. L'été, la plage est gardée et surveillée. Habituellement je m'en plains mais je dois avouer que ce jour là, en mon coeur de mère, pour la première fois j'en ai compris la raison adulte. Cette raison subite m'a fait frissonner l'âme...

Bref, vu que c'est rare, j'ai laissé ma Mini Miss contempler librement cette faune exotique. Elle vit assez dans un cocon douillet pour pouvoir apprendre que la vie n'est pas seulement un paradis de lac. J'en ai  aussi profité pour m'ouvrir l'esprit vieilli, pour me rappeler mes folies d'adolescences. "Jeunesse doit se passer" disait ma Mère-Grand. Et ces jeunes là ne devaient pas avoir la vie aussi facile qu'ils se la faisait en ce dimanche tropical. Je me suis donc contentée de les avoir à l'oeil et de jeter par ci, par là, quelques regards aiguisés de mère louve.

Lorsque les chamailleries se sont rapprochées de ma fillette, j'ai enlevé mes lunettes de soleil et j'ai engainé mon regard maternel. Un regard qui s'est chargé de menaces. Mais avant que je ne doive bouger d'un poil, l'un d'entre eux s'est exclamé avec un accent d'ailleurs qui a roulé jusqu'à mes oreilles: "Attention les gars y'a des enfants ici!".

De mon carré de sable, j'ai souri à celui-ci. Peu de temps après, ils sont partis d'eux-même, l'ambiance familiale de la plage étant suffisante pour les voir prendre la poudre d'escampette une fois rafraichis. Alors que la troupe se lève, je remarque cependant qu'ils laissent derrière eux leurs bouteilles de bière. C'est là que ma limite est dépassée. Je les interpelle:

- Hé les garçons!

L'un deux se retourne. J'enclenche:

- Je crois que vous oubliez quelque chose!

Et là, à mon agréable surprise, un premier s'excuse:

- Oh! Excusez m'dame on avait pas vu!

Alors que les autres ramassent...

Je souris tout en gardant un regard d'acier. Quand même un peu bouleversée intérieurement d'être la "madame" qui fait le gendarme de service. Quand je dis que je vieillis! La mamamitude, c'est beau et c'est doux mais cela ne fait pas rajeunir...

Enfin, tout est bien qui finit bien. Deux heures plus tard, l'on commence à servir de snack aux moustiques du soir. M'zelle Soleil et ma pomme ramassons notre bordel de sable. Enfin, surtout ma pomme car à part pour le bien public, M'zelle Soleil n'aime guère ramasser son bordel personnel. Je ratiboise donc toutes nos affaires dans la brouette de plage et l'on prend le départ. Quelques pas plus tard M'zelle Soleil s'insurge:

- Maman, maman, regarde, y'a des bouteilles et plein de déchets là!!!

En effet, un carré de sable est souillé! Des canettes de bière, un yaourt ensablé et quelques papiers trainent en vrac. Comme j'en ai déjà plein les mains, ma Mini Miss se penche et commence à ramasser avant même que je puisse y penser! Instant de mère comblée. Cela dit, en même temps, je pense à quel point ce n'est pas ce que le parent dit qui compte mais bien ce que le parent fait...

La preuve: nous ne sommes pas des maniaques de ménage. C'est notre sujet de chamaillerie préféré entre Juan et moi. Qui fait quoi. Avec quelques remous, l'on arrive au final à partager les tâches domestiques de façon équitable. Mais ce n'est jamais de gaieté de coeur que l'on se donne au ménage.

Il arrive aussi que le bordel prenne d'assaut la maison. Dans ces moments là, apparait même Shni, mon petit génie de ménage. Ceci étant, il est bien difficile de transformer notre Mini Miss en femme de ménage miniature. Et même si on lui répète les même trucs que l'on se répète en nous-même (sans toujours en démontrer la discipline), rien n'y fait! Et l'on peut même se transformer en perroquets robotisés, rien n'y fera! Alors l'on doit se botter les fesses tous ensemble, en famille. De plus en plus la demoiselle participe à l'effort collectif. Elle grandit. Comme il le faut bien en notre fonction parentale, l'on s'adultifie. Et la demoiselle possède maintenant un tableau de tâches domestiques avec récompenses à la clé...

Mais je m'égare en mes quatre murs alors que c'est la Terre qui importe. L'autre jour, en allant à la plage, M'zelle Soleil m'explique "qu'il ne faut pas que la Terre soit morte!". Ébahie, je l'écoute alors qu'elle m'explique "qu'il faut encore qu'on vive dans cette planète!". En regardant ce petit bout d'enfant, mon coeur se serre d'inquiétudes et je pense avec tristesse à la sagesse amérindienne qui commandait à tous de vivre sa vie en fonction des sept générations à venir...