samedi, octobre 15, 2005

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Dans le flou onctueux d’un petit matin,

Le jour se lève. Dans la poésie de l’aube pluvieuse, je contemple ma vie. Prisonnière de mon corps qui pèse lourd sur la balance, j’écoute le sommeil de Juan à mes cotés. Instants fugaces de douce sérénité. J’allume le petit écran lumineux, zappe à la volée avant de l’éteindre, saturée. En silence, je tourne et retourne le film de ma vie en une suite de pensées décousues. Ma vingtaine révoltée, ma trentaine en construction. Cette quête de l’Amour qui ne me quitte pas. Fuite urbaine et besoin de nature. Ma légende personnelle se tisse de ces créations qui se fondent tout doucement au fil des années effacées. Cette vie que je crée de l’intérieur, concept qui m’éblouit, me séduit et me fait un peu perdre l’esprit. Le jour s’est levé. Grisaille d’octobre sur fond d’humidité, envie de framboises. Envie d’art et de mots pour oublier ces maux qui m’emportent la peau.

Ma maison tangue. L’on dit que le dernier mois de grossesse n’est pas une sinécure, c’est, en ce qui me concerne, tout à fait vrai. En résumé le premier trimestre fut un chemin de croix, le deuxième me redonna quelques forces et une bonne dose de musique pour supporter ce troisième qui n’est pas des plus simples. Je ne crée pas dans la facilité de la chair. Il y a pire c’est certain, alors à quoi bon me plaindre aux quatre vents de ce clavier? L’important est ailleurs

Malgré tout, chaque jour recèle sous la forme de plusieurs maux physiques une multitude d’obstacles. Chaque jour me rapproche aussi de cet instant qui sera certainement aussi difficile que magique. Je suis prête à plusieurs sacrifices tant que je mets au monde un bébé en santé qui sera apte à vivre sans trop de soucis. La vie est fragile. Je me soucie énormément de ce petit être qui compte déjà tellement sur (pour) moi. Prise dans ce tourbillon corporel qui m’échappe, jamais je n’ai été si centrée sur cette dimension physique, qui dans le fond m’ennuie, je ne peux plus m’envoler selon mes volontés invisibles, cela m'attriste subtilement. Encore plusieurs mois de patience avant de retrouver ma peau solitaire, est-il égoïste que de penser un peu à soi-même? Car il n’est ici plus question de ma pomme alourdie, juste d’elle toute légère

Elle, qui sera bientôt dans ce petit lit installé près du nôtre, en cette cabane qui nous abrite les coeurs. Elle, qui est le fruit de nous deux, troisième partie de notre vie. Je la sens qui fait des vagues, je m’inquiète pour elle, je voudrais lui donner le meilleur de moi-même, le meilleur de nous, le meilleur de la vie. Mais pour cela, je dois commencer par achever cette traduction qui m’obsède le cerveau. Mettre de coté mes inspirations personnelles. Prendre mon courage à dix doigts et mettre ma cervelle à l’emploi.

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