jeudi, mars 31, 2005

Vu chez Miss Lulu qui le tenait de Miss Candy Froggie

What Does Your Name Mean?


ETOLANE
E is for Excellent
T is for Tricky
O is for Openhearted
L is for Legendary
A is for Amazing
N is for Neat
E is for Extreme
Petite graine surprise

Avant toute chose, je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui ont pris la peine de me laisser un petit mot pour cette nouvelle vie qui croit en moi. Je suis aussi touchée qu'émue. De tout coeur: Merci.

Depuis quelques jours, je me faisais plus absente, l’écriture m’échappait! Je ne comprenais plus mon corps, j’étais malade et j’attendais que cela passe. Manifestement cela ne passera pas! Tout du moins je l’espère! J’ai tout à fait conscience que les 12 premières semaines sont les plus dangereuses et maintenant que la graine s’est plantée en mon terreau intérieur, je n’ai pas envie de la voir disparaître! J’espère que j’arriverai à porter à terme cette petite chose qui a pris place en moi. Même si j’ai une peur bleue de ce qui va arriver à mon corps : peur de grossir, peur de changer, peur de ne plus me reconnaître, peur de cet inconnu que je comprends mal…

Je crois que je pourrais survivre aux trois prochaines semaines de cours malgré ces nausées qui ne me lâchent pas. Je suis aussi plus fatiguée mais le pire ce sont les seins! Ce sont d’ailleurs eux qui m’ont mis la puce à l’oreille. Depuis 15 jours, ils sont en mode « grossitif », douloureux, tendus, au début, je me disais : «Bon, ben c’est mes règles qui s’en viennent! » Puis celles-ci ne viennent pas. Je suis mal dans mon corps, arrivent les vomissement, je me dis : « Bon, ben j’ai du attraper la gastro qui traîne! » Mais les nausées se manifestent principalement en début de journée et depuis quand est-ce qu’une gastro affecte les seins?!? Finalement comme les règles tardent, je commence à réfléchir sur nos activités intimes du mois dernier. Il faut avouer que sur le coup, je n’ai absolument pas pensé bébé! Durant les dernières semaines, nous avons été trop occupés pour batifoler et il me faut réfléchir longtemps pour me souvenir que peu de temps après mes dernières menstruations, nous avions eu un très bon moment où Juan s’était un peu échappé! Persuadé qu’il était que je venais tout juste d’être menstruée. Je lui avais dit:

- Ben t’y es allé un peu fort sur ce coup là!

Il m’avait répondu :

- Ben, tu viens juste d’avoir tes règles!
- Heu oui, y’a genre une semaine, mais bon, on va pas capoter pour quelques gouttes…

J’ai toujours eu au fond de moi la crainte d’être stérile. Dans mes idées noires, toujours cette même crainte qu’à force d’attendre, je ne puisse enfanter lorsque serait venu le temps. Je m’étais dit qu’il faudrait sûrement qu’il m’inonde de sperme pour que j’arrive à procréer. Lui se foutait un peu de moi et de mes idées noires, il était persuadé que j’étais aussi capable de féconder que n’importe quelle autre femme. Mais je ne le croyais pas vraiment. Et puis ne dit-on pas qu’après 30 ans, il faut en moyenne 18 mois pour procréer? Ainsi nous avions décidé de commencer à essayer à partir de Noël prochain. C’est un peu plus tôt que prévu mais je vais bien finir par comprendre que la vie se passe rarement comme on le prévoit!

Hier Nath m’appelle et je lui parle de mes symptômes, de mes malaises, elle me dit en rigolant : « Etol, tu sais, il suffit d’une fois ». Oui, je le sais même si au fond de moi je ne croyais sérieusement pas que cela pouvait m'arriver. Cependant histoire d’être fixée sur mon sort, suivant ses conseils judicieux, je me décide à faire le test. Il m’a bien fallu regarder 15 fois les petites barres pour y croire, Juan, lui y a cru dès que la couleur s’est manifestée! Encore maintenant, j’ai du mal à y croire. Jamais je n’aurais pensé que cela pouvait se faire si facilement, c’est niaiseux, mais j’ai mes cotés comme ça…

Je regarde les petites barres pour enregistrer que « oui », contre toute évidence une petite graine est venue avec le printemps s’installer dans mon terreau organique! Je trouve le symbole merveilleux. Je deviendrai jardin avec les beaux jours. Tout comme la vie qui revient avec les températures qui remontent, la vie est venue en moi comme un doux un rayon de soleil qui me caresse l'âme. C’est toute une surprise! Du bonheur mêlé de grosse frayeur. Serais-je à la hauteur? Que ce soit une fille ou un garçon, je m’en fous. Tout ce que je voudrais c’est un bébé en bonne santé! J’espère aussi qu’il ne sera pas un mirage dans ma vie même si je crains beaucoup les mois venir…

Déjà que je ne vois plus mes pieds tellement mes seins ont grossi, (bon c’est vrai qu’à la base, j’en ai une paire considérable)! Je me demande bien comment je vais survivre à leur transformation et comment je risque de les récupérer s’ils décident de grossir toujours plus! Au secours!!! Et puis il y a ses nausées qui sont loin d’être de la petite bière! Vivi me dit : « Si tu vomis dés le début, tu risques d’avoir une grossesse vomissante! » Yeah! Génial comme optique, je suis emballée! Moi qui suis haute comme trois pommes, je n’ai pas le goût de me transformer en baleine, ou en boule qui roule quand on la pousse! Je suis aussi un peu douillette sur les bords! Déjà que je ne comprends pas comment on peut vomir autant sans décrocher l’œuf, je suis sure que je peux m’attendre à ne pas comprendre grand chose de ce qui va se passer en moi dans les mois venir! J’imagine que lorsque l’on a déjà eu une première grossesse, cela ne fait plus peur, mais quand c’est la première fois, c’est incroyablement effrayant! Je me demande si cela va affecter mon inspiration…

Tout le monde dit que cela change la vie, qu’après plus rien n’est comme avant, cela aussi c’est effrayant! Juan me dit « Mais si cela change pour le meilleur, faut pas avoir peur! » C’est un fait! C’est un fait que déjà je me sens chanceuse, étrange, déstabilisée et hyper émotive! Voir l’émotion dans les yeux de mon homme me transperce. Il a presque moins peur que moi. Faut dire c’est pas lui qui le portera dans son ventre! Il me rassure, me dit que tout ira bien, que c’est une bonne surprise, qu’il est content…

C’est comme un cadeau du ciel. Dimanche dernier nous àtions allés voir « Genesis » avec Petite Clo. Un film qui m’a aussi touché qu’il a dégoûté la petite. J’ai eu un sentiment étrange durant ce film, voir l’évolution d’un fœtus m’a mis les larmes aux yeux. Je me suis sentie toute "émotionnée"! Il faut dire que je me sens hypra sensible ces derniers jours et ce film extrordinaire m’a ouvert les yeux sur la beauté de la vie, sur sa nature qui passe. Le vieux sage a dit : « Nous sommes des formes irriguées de matière » Cette phrase s’est inscrite en moi et voilà pas que désormais une nouvelle matière se forme en moi…

mercredi, mars 30, 2005

Gasp!

Depuis quelques jours, je suis virée à l'envers (comme on dit ici). J'ai des nausées récurrentes et les seins sur le bord d'exploser. Aprés ces quelques jours à ne pas me sentir bien, des doutes s'infiltrent dans mes pensées et celles de Juan. Aujourd'hui alors que je n'en peux plus de ne pas comprendre ce qui se passe avec mon corps, je demande à Juan d'aller acheter ce fameux test. Je fais le test et...

Gasp

Deux petites barres= un résultat positif! J'ose à peine y croire. J'oscille entre suprise, panique, joie. L'homme me sourit et les yeux pétillants me prend dans ses bras. C'est une nouvelle vie qui commence, dois-je avoir peur, dois-je être heureuse? Tant d'émotions qui se mélangent, le bonheur de savoir que je peux donner la vie et l'hystérie de me demander ce qui va se passer avec mon corps, avec mes jours...

lundi, mars 28, 2005

Un mot pour tous, tous pour un mot….

Rue-Ketanou-VIKetanou-et-Dobas

Bouffées de musique, bouffées d’euphorie, bouffées de soleil intérieur. La musique emporte, la musique guérit. Énergie collective et chaleur humaine bienfaisante. Mission photo pour Journal au petit bonheur de la dame qui retrouve avec quelques amis sous le chandelier de l’Impérial. En mon cœur, je voulais revoir les Dobacaracol, j’étais tombée sous le charme à Tadoussac l’été dernier. J’ai tout simplement adoré leur premier album, découverte du deuxième sur cette scène chauffée par les deux magiciennes aux danses tribales.

La Rue Kétanou, que je n’avais encore jamais vu sur scène, m’a transportée en une communauté de fête et de joie qui m’a embaumé le cœur. Séduisant Florent à l’accordéon ou la guitare pour me faire pétiller du regard. Joyeuse troupe de la Rue Kétanou et autres compères qui emporta si bien la foule qu’elle fit vibrer le plancher qui ondulait sous mes pieds. Tous arboraient le tissu rouge en soutien à la grève étudiante. Étonnants militants qui intégrèrent nos 103 millions en l’une de leur chanson!

Les filles des Dobacaracol se joignirent à la fête le temps de quelques « tounes » au grand plaisir de la foule en liesse. Les Kétanous soulignèrent à maintes reprises qu’ils étaient fiers d’être en pays « Polémil ». Avec espoir, le chanteur appela Polémil à l’horizon légèrement déçu de leur absence. Ils fallut deux rappels pour que le public accepte la fin d’une trop bonne soirée. Minuit sonnait aux clochers de la ville, il fallut bien abandonner le rêve commun pour retrouver nos réalités évadées…

Ketanou-et-Dobas-V

samedi, mars 26, 2005

jeudi, mars 24, 2005

Étonnant pourcentage de croyances...

Via Houssein, je ne puis résister à tester cet autre truc...
Si le bouddhisme ne me choque point, le satanisme me plait moins...



You scored as Buddhism. Your beliefs most closely resemble those of Buddhism. Do more research on Buddhism and possibly consider becoming Buddhist, if you are not already.

In Buddhism, there are Four Noble Truths: (1) Life is suffering. (2) All suffering is caused by ignorance of the nature of reality and the craving, attachment, and grasping that result from such ignorance. (3) Suffering can be ended by overcoming ignorance and attachment. (4) The path to the suppression of suffering is the Noble Eightfold Path, which consists of right views, right intention, right speech, right action, right livelihood, right effort, right-mindedness, and right contemplation. These eight are usually divided into three categories that base the Buddhist faith: morality, wisdom, and samadhi, or concentration. In Buddhism, there is no hierarchy, nor caste system; the Buddha taught that one's spiritual worth is not based on birth.


Buddhism


83%

Hinduism


71%

Paganism


67%

Islam


63%

Christianity


54%

Judaism


50%

agnosticism


50%

Satanism


50%

atheism


25%

Which religion is the right one for you? (new version)
created with QuizFarm.com
Etolane chagrin

Que peut-il arriver de pire à un auteur que de perdre ses mots? L’année dernière, j’avais participé à un concours qui conjuguait images et mots pour une exposition à l’université. Sur une photo de prières, j’avais écrit un texte sur la folie religieuse. Je ne me souviens plus de ces mots depuis disparus de ma mémoire. À ma grande surprise, je gagnai le deuxième prix du public. De ce fait, ce texte devait être publié dans l'édition suivante de la revue littéraire l’Écrit Primal.

Déjà après l’avoir envoyé, je me souviens maintenant d’un de ces bugs informatique qui avala la copie de Word de mon texte. Je ne paniquai pas car je me dis qu’il était dans mes éléments envoyés, de plus comme il était bien arrivé à destination, je ne me pris pas la tête outre-mesure. Malheureusement il y eut un problème pour récupérer la photo, plus moyen de mettre la main dessus! Les deux textes gagnants de ce concours furent donc mis en attente du prochain numéro prévu en avril. Je n’y pensa plus jusqu’à ces derniers jours où j’appris que celui qui avait pris cette photo avait disparu avec celle-ci sans laisser de trace! Il y aurait donc changement de photo, l’on en cherchait une similaire qui s’appliquerait au texte, une notification serait inscrite pour expliquer le changement de photo. Cela me déconcerta un peu, mais tant que ce texte trouvait sa petite place sur papier illustré, cela me suffisait. Après tout, il avait quand même gagné la sympathie d’une majorité, ceci malgré un contenu relatif à controverse! Entre temps, je recherchai ce texte dans mes archives sans être capable de le retrouver, je commençai à m’inquiéter un peu…

Avec raisons puisque j’appris ce matin qu’il y avait eu un problème de serveur durant la révision des textes et que le fameux serveur avait avalé tout le contenu. Mon texte venait de s’évanouir dans le néant! Mini choc et nausées. Juan prit tous les moyens possibles pour rechercher les entrailles de notre bête, mais non, je l’avais bien perdu après l’avoir envoyé. L’avais-je écrit dans un carnet ou une feuille volante? Je ne me souviens plus. Est-ce que j'ai une chance de le retrouver, j’en doute…

C’était la première fois que je gagnais quelque chose. Il n’en restera rien d’autre qu’un souvenir éphémère que la vie effacera dans la mémoire de ceux qui l’ont lu. L’écriture comme art éphémère, voilà un aspect que je n’aurais jamais pensé développer. Mais tout semble s’être ligué contre ce texte. L’ordinateur qui a reçu mon mail fut dérobé avec son contenu quelque mois plus tard. La seule version qui restait était sur ce serveur qui le mangea hier sans pitié! Juan n’a pas fait de back-up sur trois mois et ce sont en plein les trois mois où j’ai envoyé le texte. Je ne l’avais pas posté ici pour garder un peu d’inédit, pour ne pas conjurer le sort, parce-que je voulais le mettre avec photo. Il me semblait un peu fort sans image, j’avais donc mis à sa place un autre texte! Well, cela me rappelle d’un coup que j’ai, à l’origine, ouvert ce carnet comme aide-mémoire! Avant d’être un « blog », ce carnet était une façon de ranger mes mots, un moyen pour ne pas les voir s’évaporer dans l’air du temps…

Cependant il semble bien que ce petit texte, lauréat fantôme, est bien mort et enterré sous une foule de circonstances défavorables! Après les chats, voici les mots qui disparaissent, c’est ma fête ces temps-ci! Dans le prochain numéro paraîtra cependant une nouvelle version longue de mes amazones, toujours nues sur le pont Pierre-Laporte. Ces amazones sont un projet en construction, un projet qui devrait continuer de se développer dans les prochains mois, j’attends juste de mettre dans ma poche ce diplôme de traduction pour prendre d’autres directions…

Quelques autres nouvelles doivent aussi sortir dans une autre revue littéraire de la région, des textes remaniés d’entrées consommées en cet atelier virtuel. Sensations floues. Je rame au milieu de doutes qui me croustille l’esprit! Présentement, j’avale le sort de ce petit texte disparu. Je digère mes émotions biscornues. Je retourne à ce travail de traduction qui m’aspire inlassablement les neurones…
Ensemble pour l'éducation

La grève scinde. La grève rassemble. La grève bien vivante revient aux portes de notre programme mardi prochain. Dès que j’eus reçu le mail d’une nouvelle assemblée générale, les « sans couilles » se faufilèrent dans le paysage de ma boite aux lettres pour crier leur volonté de défier le mouvement étudiant! Il faut dire que nous sommes l’une des rares assos de notre faculté à résister. Ces lettres, ramassis d’égoisme, mettent de l’huile sur le feu de cette révolte née lors de la dernière assemblée. Je retournerai voter même si je me fais peu d’illusion. Je suis légèrement désabusée devant l’attitude de mes pairs. J’ai honte de continuer à travailler alors que d’autres se battent dans les couloirs (et la rue) pour mes droits. Je ne comprends pas ce manque de solidarité, je ne comprends pas cette forme d'individualisme. Une forme humaine qui me blesse de ses douces griffes…

J’irai donc voter sans quoi ma conscience risquerait de ne plus me supporter. Je l’ouvrirais peut-être même si je crains un peu de m’ébouillanter dans le feu de l’action! Je sais bien que je ne pourrais pas la fermer si ce que j’entends ressemble trop à ce que je lis par derrière! Je ne crois pas que nous perdrons la session, si c’est le cas, ce serait une première dans l’Histoire québécoise et ma foi, au pire, on fera un peu partie de l’Histoire! Si l’on ne s’oublie pas un peu pour résister à l’injustice, dans quel monde finirons-nous par habiter? L’attitude de mes pairs me choque et m’angoisse. Je vais devoir cogiter sur cette réalité. À savoir de quoi demain sera fait, comme le dit si bien le dicton : Qui vivra verra…

Grèvistes-de-rédaction-IIGrèvistes-de-rédaction-IIIGeography-on-StrikeAssemblée-generale-IIMarche-de-grèveStudents-on-Strike

mardi, mars 22, 2005

Divagations printanières

Plutôt que de décortiquer l’infidélité, je voudrais analyser la fidélité. Plutôt que d’étudier la crasse humaine, je voudrais examiner sa beauté universelle. Plutôt que de me plonger dans les moindres faiblesses de notre humanité, je voudrais en comprendre ses forces. Je ne veux pas croire que le mensonge paye. Je ne veux pas croire que l’avarice est source de richesse…

Tant bien mal m'en fasse, la richesse spirituelle m'apparaît plus importante que la richesse matérielle. Je conçois que c’est un calcul de vie différent de ce qui fait la norme de mes pairs. Cela naît pourtant d’une certaine logique qui me souffle à l’oreille que tout ce que je gagnerais ainsi, je pourrais l’emporter avec moi dans l'au-delà plutôt que de devoir pleurer les possesions que je laisserais derrière moi. Comme le disent toutes sortes de dictons : « L’on a jamais vu un coffre fort suivre un corbillard! . » Ce qui ne veut pas dire que je n’aspire pas à un confort matériel aux normes de cette société dans laquelle je me meus. J’imagine que tout est question d’équilibre. Le secret est dans les manières de gérer chacun des déséquilibres qui façonnent notre genre humain. Car le déséquilibre fait aussi partie de l’équilibre! Puisqu’il paraît que tant que l’on est sur Terre, les déséquilibres feront partie de notre essence de bipèdes évolués! Une sorte de combat universel, intemporel. Les richesses intérieures ne se gagnent que sur ces fronts là, dans ces batailles abstraites entre l’esprit, le corps, l’environnement et les autres.

Ces derniers jours, l’affaire de la dame américaine devenue légume fait des vagues chez nos voisins et éclabousse nos ondes. J'ai du mal à comprendre que l’euthanasie animale soit si évidente pour la majorité tandis que l’euthanasie humaine semble si difficile à accepter! Qu’avons-nous donc de plus que les autres espèces vivantes? Tout ce qui nous rend différent (langage, outils, technologies), tout ce qui nous donne cette impression d’être les maîtres de la planète ne fait certainement pas de nous des dieux. Seulement l’animal en chef de la grosse boule bleue qui flotte dans cette galaxie qui nous échappe!

Évidemment, la mort, de quelque nature qu’elle soit est un sujet délicat. Lorsqu’elle touche l’humain, elle devient souvent tabou. Un tabou qui me dérange. Pourquoi faire l’autruche devant l’inévitable? S’il y a bien une justice universelle pour tous c’est la mort. L’on y passera tous, ce n’est qu’une question de temps après tout! La disparition de mes proches me fait réellement peur, c'est évident. Cependant, je préfère essayer de me préparer à la mienne plutôt que de paniquer furieusement à son approche. Ainsi, je m’attends à ce que l’on me respecte si un jour je devais me retrouver dans un état végétatif, que l’on abrége ce séjour de prison corporelle. J’aimerais que ceux qui disent m’aimer choisissent de libérer mon âme d’un corps devenu ultime misère.

Je ne sais pas à quoi ressemblera ma mort, mais je sais pertinemment bien que ce jour viendra et que ce jour en question est en étroite relation avec le bon fonctionnement de mon corps. Si mon corps ne fonctionne plus, d’une façon ou d’une autre, il me faudra bien mourir et partir. Je me demande si Bush aimerait se retrouver prisonnier d’une carcasse inutile, orgueilleux comme il semble l’être, en mon fort intérieur, je pencherais pour croire qu’il désirerait lui-même être "débranché" d'un tel calvaire. Qui sain d’esprit voudrait d’un tel sort? Ce genre d’acharnement thérapeutique me dépasse…

Et pendant ce temps avec tout cet argent dilapidé en idéologies vaines, des hommes, des femmes et des enfants bien vivants souffrent sur terre sans aucune aide des esprits biens pensants. Au grand jamais je ne veux offrir mon âme au Dieu Argent! Source de pouvoir si mal géré, source d’autant de maux que de bienfaits. Source matrice d’un univers où la notion d’équilibre est aussi fantomatique que les ectoplasmes invisibles des manoirs hantés d’Angleterre.

Les promesses du printemps teintées de cette douce tristesse illustrée par la peine visible de Pimprenelle m’emporte les pensées. La fonte des neige réveille mes espoirs endormis. Je dois cependant rattrouper mes idées éparses en un ensemble cohérent pour cheminer sous le soleil de cette nouvelle journée…
Journée mondiale de l'eau

échouée-sur-le-sable

Ce n'est pas parce-qu'au Québec l'on est gâté sur ce plan, qu'il faut oublier les autres endroits de la planète moins privilégiés, sans compter toutes les menaces de pollution...

Vibrations…

Extrait choisi du livre "Les Grandes Marées" de Jacques Poulin:

"Quand le mot « clairvoyance » lui vint à l’esprit, Teddy le trouva un peu bizarre sans savoir pourquoi et il attendit quelques instants pour voir ce qui allait se passer. Alors il vit que le mot n’était pas seul et qu’il traînait derrière lui deux autres mots de même sens mais d’allure différente : « perspicacité » et « lucidité »; il écarta le premier, qui avait un air sournois, puis il tenta de comparer « lucidité » et « clairvoyance », mais, sous l’effet de la fatigue, ses pensées se mirent à dériver au gré des associations inconscientes et il en arriva à la conclusion irrationnelle que le mot « lucidité » convenait mieux à la chaleur de l’été tandis que le mot « clairvoyance » se prêtait davantage à la saison hivernale." (Chap. 20)
Abstractions

C'est toujours avec le même plaisir que je me plonge dans l'univers de Michael Parkes. Difficile de choisir une oeuvre en particulier. Celle-ci se détache du lot pour accrocher l'humeur du jour...


Desert Dream ~ Michael Parkes
Jeu de sphère

Looange me passe le flambeau. Voici donc ma boucle de cette autre chaîne virtuelle…

Combien lisez-vous de livres par an?

Je les compte pas vraiment, j’en lis plus l’été que durant l’année scolaire, je dirais une bonne trentaine et des poussières...

Quel est le dernier livre que vous ayez acheté ?

Ces derniers temps, j’ai reçu plusieurs livres en cadeaux, mais, lorsque je les achète, j’aime bien dénicher de vieux bouquins que je grappille par dizaines parce-que c'est pas cher et puis j'aime m'entourer de leur présence discrète. Durant ma dernière excursion, j'ai ramené à la maison : Les cerfs volants de Romain Gary, Le bruit et la fureur de Faulkner, Terre des hommes de St-Exupéry.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Sans nouvelles de Gurb d'Eduardo Mendoza

Listez 5 livres qui comptent beaucoup pour vous ou que vous avez particulièrement appréciés.

Pas évident, encore une fois il faut piger dans une liste pas mal plus longue de livres particulièrement appréciés. Essayons avec….

La terre de Zola
Amarok de Bernard Clavel
Le grand secret de Barjavel
Les clochards célestes de Kerouac
Les enfants de la Terre de Jean Auel

A qui allez vous passer le relais? (3 blogueurs)

Zénon, Jibi et Orangekaki

dimanche, mars 20, 2005

Art Organique (F.U.L.L)

Cercle-de-danse

Dans une salle teintée de noir, en un cercle de lumière, quatre danseuses évoluent sur des pôles écarlates. Cinquante minutes de liberté, de mouvements conjugués qui élèvent l’esprit vers des sphères abstraites, aériennes. L’énergie fébrile de l’adolescence reflétée dans ces danses offertes me rappelle avec vivacité ces années passées mais non oubliées.

Après le spectacle, le chorégraphe Harold Rhéaume se donne aux questions et sensations du public. Avec passion, il parle d’Art vivant et de mémoire corporelle. Il se confie, développe son processus de création, s'ouvre et se découvre. J'écoute avec attention ces fibres d'un autre univers. Une notion physique se glisse entre deux idées. J’apprends sans surprise que chez les danseurs, ce sont les muscles plus que la tête qui retiennent la mémoire des numéros. Cela me marque les neurones!

Bref, tout cela m’aura donné bien envie de retrouver la maîtrise de mon corps empâté d’hiver! Envie de reprendre ma « routine-discipline » de Pilates, envie de retrouver le contrôle de ces muscles qui m’articulent…

samedi, mars 19, 2005

Âpre réalité

Last-Pictures-of-Tenzin-andLast-Pictures-of-Tenzin-III

C’est le cœur gros que j’écris ces mots. La mort a frappé notre routine quotidienne. Un autre de mes chats est parti. Alors qu’hier encore j’écrivais dans les commentaires que Tenzin se portait bien (c’est ce que je croyais), alors qu’hier encore je volais des images de sa petite mine féline. Cet après-midi, le voilà qui n’est plus! Toute vie ne tient qu’à un fil…

Ce matin, à mon réveil, je ne vis pas comme à l’habitude Monsieur Tenzin venir me quémander sa nourriture fraîche ou m’ordonner de lui ouvrir la fenêtre. En quelques minutes mon regard se posa sous la table. Je sens une vague d'inquiètude m'effleurer. Je remarque Tenzin couché prés de son gros jouet à gratter. En quelques secondes, je me rends compte qu’il ne va pas bien. Je connais son handicap, je reconnais ses symptômes, je le caresse tendrement. Il semble mal en point, il lève la tête et la souffrance cachée dans son regard alerta mon cœur sur-le-champ. Petite Clo se réveille, elle vient voir ce que je fais à quatre pattes sous la table. Je lui montre Petit Tenzin et lui explique mes craintes. Je lui donne un peu d'eau dans un bol. Il boit tout d’un coup. Il se lève avec difficulté, fait quelques pas et vomit toute l’eau ingérée. Mon cœur se fend davantage. Comment pouvait-il paraître si bien hier? Comment peut-il avoir l’air si mal ce matin!?!

Je réveille Juan. Il vient constater de lui-même la gravité de son état. Nous décidons de l’emmener à l’hôpital vétérinaire. Petite Clo s’interroge : « Mais comment cela y existe des ‘hopitals’ pour les chats!?! » Sur le trajet, alors que la pauvre bête repose au creux de mon bras, Juan me dit :

- Mais tu sais, on connaît son problème, on savait qu’il risquait de ne pas aller bien. On va surement devoir peut-être prendre une grosse décision sur place…
- Tu veux dire de le faire piquer?
- Ben oui, on devrait peut-être en parler avant!
- Non! On en parlera quand ce sera le temps que l’on en parle! Je peux pas penser à sa mort alors qu’il est là vivant dans mes bras!


Clo de sa petite voix d’enfant s'exprime : « Mais c’est quand même une vie!!! ». Tenzin est sage comme une image. Son bassin est parcouru de spasmes réguliers. Il est un peu amorphe et la douleur jaillit de tout son corps. Cela me semble bien plus grave que sa dernière infection urinaire. Cela ressemble à cette fois étrange durant l’automne: Cela faisait quelques jours seulement que nous l’avions récupéré. Il devait avoir à peine un mois. Nous venions à peine de découvrir que sa petite sœur avait pris son minuscule pénis pour une tétine et que celui-ci n’était pas beau à voir. Un matin, comme celui là, je le découvris à moitié mort dans un coin. Son pénis était enflé de façon démesurée et manifestement il ne pouvait plus uriner et s’empoissonnait lentement. Sylvie était certaine qu’il ne passerait pas la journée, elle m’avait dit : « Essaie de l’emmailloter comme un bébé, il est tout petit, prends le contre ta poitrine et masse lui le ventre, cela lui donnera peut-être une chance!» C’est ce que je fis! Durant deux heures, sous le soleil de ma terrasse, logé au creux de mes seins, le petit être erra entre la vie et la mort. Il s’accrocha à la vie, et à force de lui masser sa petite vessie, elle se vida complètement. Son pénis n’était pas joli à voir mais Tenzin retrouva la joie de vivre du petit chaton en forme. Quelques semaines plus tard, il fit une infection urinaire. Une fois chez le vétérinaire, l’on constata le piteux état de son pénis et comme nous n’avons pas les moyens de financer une chirurgie, nous optâmes pour les antibiotiques. Il finit par guérir. Un bon chat, affectueux, comique, vif. Les semaines passèrent et je m’attachai à cette petite boule de poil. Je repris espoir en ses chances de survie jusqu’à ce matin…

Une fois arrivés en cet hôpital qui me rappela plusieurs des mauvais souvenirs. Je me préparai au pire tout en gardant une goutte d’espoir pour le meilleur. La clinique où nous allons habituellement n’avait plus de place, celle-ci nous transfera à l’hôpital pour les urgences. Petite Clo entre tristesse et étonnement : « Mais il ont des urgences pour les animaux! ». Nous n’étions pas venus là depuis Bamboo. Je n’y vis pas un bon présage…

Une fois dans la salle de consultation, nous expliquâmes le problème à la vétérinaire. Notre clinique avait déjà faxé le dossier ouvert lors de sa dernière infection. Il ne lui prit pas longtemps pour mettre le doigt sur le bobo. Tenzin n’avait plus d’urètre! La cicatrisation finale avait complètement fermé son petit organe qui enfermait son pénis qui mûrissait à mesure qu'il grandissait. Sa vessie était dangereusement gonflée. Il n’avait plus de trou pour évacuer les toxines de son urine! Alors que la gentille dame massait sa petite chose, à peine quelques gouttes s’échappaient. Le doux minou se plaignait à peine. Les larmes mouillaient les joues de Petite Clo. La vétérinaire nous expliqua que son cas était réparable. Il fallait le faire opérer d’urgence, une chirurgie de reconstruction pouvait le sauver! L’on se doute bien que c'est une opération délicate et méticuleuse. Il faudra s’attendre à un minimum de 1000 $ de frais! Sinon, la cicatrisation a si bien refermée sa chair que son pénis est définitivement obstrué et vu son état présent, il n’en a plus que pour quelques jours de souffrance avant que son cœur ne succombe à la souffrance toxique de son état misérable! Je sens mes yeux prendre l’eau. Je m’exclame pour ne pas me noyer :

- Mais c’est un si bon chat! Et il avait tant grandi! Il allait encore bien hier!!!
- Oui, je sais, c’est souvent les meilleurs qui partent les premiers!

Surprise, je plonge mes yeux dans les siens. Elle poursuit :

- C’est vrai, je le vois, ceux qui ont mauvais caractères, on finit souvent par les sauver et les chats gentils comme lui, cela se voit ceux qui sont bons car un chat qui souffre et reste doux est un très bon chat! Ceux-là on les voit beaucoup partir...

Elle nous laisse quelques minutes pour prendre cette décision que nous ne voulons mais que nous devons prendre! Cette décision qui me peine tant. Du haut de ses douze ans, la petite pleure à chaudes larmes. Elle se rebelle devant l’injustice de la situation. La vie est injuste ma Petite Clo, ce n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres! Après avoir vécu la même chose avec Bamboo au même endroit, je ne me sens pas la force d’accompagner la mort une autre fois en ces lieux! Entre les disparitions, les causes naturelles et Atlantik, je crois que c’est le dixième chat que je perds depuis l’ouverture de ce jardin virtuel! Je n’en peux plus de voir mes chats s’envoler dans l’air du temps! Je commence par en avoir sacrément marre! Serais-je maudite?

Petite Clo vibre de cette tristesse de l’enfance devant la mort concrète. Je ne ressens que cette résignation d’adulte devant la vie qui se passe. Je console l’enfant devant moi, par ce fait, je console aussi celui qui survit en mes veines. Juan nous retrouve dehors. Les yeux rouges de pleurs, il nous prend dans ses bras. C’est fini. Tenzin est parti. Il nous dit que même la vétérinaire pleura devant la désolation de cet acte. La petite dit :

- Ben c'est normal, quand elle a voulu apprendre son métier, ce devait être pour soigner les animaux, pas pour les tuer!!!
- Oui, surtout lorsque qu’elle pourrait le sauver mais comprend aussi qu’un budget étudiant ne permet pas ce genre de chirurgie et que c’est alors la seule solution devant la souffrance évidente de l’animal.

L’on se raisonne en se disant qu’il n’est pas mort à trois semaines, abandonné dans le froid et effrayé au bord d’une route déserte. Qu’il n’est pas mort avec comme seule émotion, la difficulté de naître dans un monde hostile ! Qu’avant de disparaître, il aura été aimé, il aura mangé à sa faim, joué avec des copains, connu des moments de bonheur félin, de douceur humaine! Et comme me le rappelle Juan, il aura aussi sauvé sa soeur qui pète désormais la forme! Mais aujourd'hui ses petits yeux jaunes se sont fermés pour toujours. Un autre chat qui me manquera! Il reste cette peine amère que je ressens au fond de mon cœur tanné. Cette peine qui me gratouille la plaie de mes chats disparus. Une plaie qui n’est pas encore guérie de ses tendres maux. Aujourd'hui, une fine tristesse est tombée sur notre maison. Petit souffle de vie avalé par le temps. Espèrons que le spectacle de ce soir saura nous changer les idées sombres…

vendredi, mars 18, 2005

Friday's Video

Entre Toundra et Savane, envie d'Erykah! Cause' there is only one Badu! Elle marche dans un désert d'or, j'évolue dans un désert d'ivoire. Surréalisme ambiant. Carrefour d'humeurs musicales...


Erykah Badu - Didn't Cha Know
Grimaces.

Par ma fenêtre, encore il neige! Tenzin perché sur une montagne d’hiver observe l’horizon monotone. Tout est silence. Sur mes feuilles blanches, je me penche.

jeudi, mars 17, 2005

Le bonheur, quel qu'il soit, apporte air, lumière et liberté de mouvement. « Friedrich Nietzsche

C'est dans le choix que nous faisons de nos pensées que réside notre liberté.
Fox Emmet

Les peuples n'ont jamais que le degré de liberté que leur audace conquiert sur la peur. Stendhal

mercredi, mars 16, 2005

Extrait de Poésie humaine:

"Qu’importe la couleur de sa peau, lorsqu’un homme pleure, ses larmes sont toujours salées. Qu’importe sa culture, lorsqu'une femme saigne, son sang est toujours rouge et de quelque origine qu’il soit, lorsqu’un enfant s’amuse, son rire a toujours la même saveur. Pourquoi haïr ces différences qui n’existent que dans l’ignorance?"
Snow-Creature

Grève générale, la situation semble s’envenimer. Grosse manifestation à Montréal. Même mon programme est en gréve aujourd'hui! J’écoute parler le ministre, cela ne me rassure point. À suivre…

Ma cabane continue de se faire ensevelir sous des couches de neige bien fraîches. Le ciel se conjugue douloureusement avec le paysage. Les températures remontent et les flocons tombent toujours. Autre grosse journée de travail. Jongler entre traduction, rédaction et écriture sans se brûler le cerveau. Un petit texte sur le racisme à pondre pour lecture demain soir. Un thème qui me tient à cœur et que j’espère ne pas charcuter! D'autres travaux "à clancher" en silence. Le petit écran en couleur donne des nouvelles du front étudiant. Dans ma bulle crayeuse, j’ouvre grand les yeux…

lundi, mars 14, 2005

Réveil de conscience

GrévisteTambour-de-grève

Depuis quelques jours le campus est en ébullition. La grève est à nos portes, les unes après les autres les assos étudiantes organisent des assemblées générales pour déterminer qui se mettra en grève. Depuis quelques jours, je regarde les choses aller plus amusée que consciente. À environ de 5 semaines de mon diplôme, je regarde les évènements se multiplier sans vraiment m’impliquer. La cause est des plus justes, je suis moi-même touchée, première sur le front des victimes, coupée par la nouvelle réforme décriée. Je suis heureuse de finir cette année et il est plus facile de ne pas tant m’en préoccuper. J’appuie moralement la révolte qui gronde sans rien faire d’autre que de prendre en photos quelques actions dispersées. Puis, ce matin, la grève est arrivée dans ma petite bulle d’égoïsme…

Après un examen en matinée, j’entends couler les rumeurs d’une assemblée générale de l’association de traduction. Pour la première fois, je me pose sérieusement la question : « Est-ce que je veux la grève oui ou non??? » Mon premier réflexe n’est pas favorable, je discute avec des gens à droite, à gauche et si tout le monde se rejoint sur l’injustice de la réforme, peu se prononcent en faveur d’une décision qui risquerait de bouleverser nos vies. Personne n’a envie de se voir prolonger une session qui se doit d’être finale. Pour ces mêmes raisons, je penche pour dire « non » à cette grève étudiante.

Dans le fond de mon cerveau, je me souviens des deux grèves différentes que j’ai déjà traversées depuis que j’ai commencé ce programme de traduction. Première année: grève des professeurs qui nous paralysa durant plusieurs semaines. Je me souviens de mon écœurement à savoir que ceux-ci étaient payés même s’ils faisaient grève alors que je devais payer des cours que l’on ne me donnait pas. Des cours que je n’ai jamais eu puisque lorsque repris la session « in extremis » les profs ont condensé la matière pour ne pas avoir à prolonger la session. Je me souviens m’être dit que le service à la clientèle n’était vraiment pas excellent! Puis les mois ont passé et j’ai continué de cheminer sur cette route d’instruction. La deuxième année se passa sans anicroches ( si l’on oublie le fait que Juan se cassa le cou à la rentrée. 1 an de convalescence et beaucoup de chance). La troisième année nous eûmes droit à la grève des chargés de cours. « Refelemele comme en 40 » comme ce fut le cas avec les profs, cela dura quelques semaines et cela s’arrêta juste avant que l’on ne perde la session. Les cours furent condensés, encore une fois l’on en eut pas vraiment pour notre argent, mais bon j’étais depuis habituée aux vicissitudes de l’université! Mon écœurement fut moindre d’autant plus que leur combat comportait certaines vérités qu’il me plaisait de voir défendues. Les mois passèrent. Septembre dernier me rendit verte de rage un long moment aprés que j'eus compris cette nouvelle réforme venue me croquer la pomme, mais le quotidien me rattrapa et l’envie de finir emporta tout sur son passage…

Depuis quelques jours, je regarde se faire la grève sans trop y penser, sans vraiment m’en préoccupée. Ce matin, j’écoute parler les gens et pour la première fois me penche sérieusement sur le problème. J’entends quelqu’un dire : « De toute façon comme j’ai quasiment fini et que je suis de nature égoïste même si la cause est juste, je vais sûrement choisir la solution égoïste

Je descends les escaliers vers la cafétéria, cette petite phrase innocente se faufile entre mes idées, me bouscule les pensées, s’incruste jusque dans mon cœur. Je sens un malaise remonter le long de mes veines. Je sens que mon avis est subtilement en train de changer. Je rencontre d’autres gens qui finissent aussi en mai et toujours revient cette même réflexion, puisque l’on est si proche de la fin on va pas se faire chambouler la vie pour rien! Je regarde les étudiants en grève du coin de l’œil, je souris à leur marche passionnée accompagnée de chants et tambours. Un fille me demande :

- Et toi, tu vas voter quoi finalement?
- Ben tu sais, j’ai entendu ce matin quelqu’un parler de choisir la solution égoïste et comme je n’ai jamais aimé être égoïste, je crois que je risque de dire oui à la grève…

La notion d’égoïsme réveille quelques âmes qui opinent du chef en silence. Une jeune fille qui respire le cash à plein nez m’explique qu’elle ne votera pas « oui » car il est hors de question qu’elle prenne le risque de perdre sa session! Je lui demande : « Mais es-tu concernée par la réforme, est-ce que tu en touches? » Elle me répond vivement qu’elle n’en a pas besoin alors ce n'est pas vraiment ses oignons! Elle est d’accord avec le fait que ce n'est pas juste pour les autres mais bon!!!

C’est l’heure de l’assemblée, je retourne dans ce même amphi que je viens de quitter. L’ambiance concentrée de l’examen a laissé place à l’agitation de cette mesure exceptionnelle. Je m’assois sur une table et regarde la faune autour du moi. Une jeune étudiante au programme d’Histoire est sur le devant de la scène. Elle commence à nous expliquer ce que veut dire la grève en quelques mots calmes et posés: Depuis un an, plusieurs associations étudiantes font des pieds et des mains pour se faire entendre du gouvernement sans retenir l’attention, c’est pourquoi l’on en est arrivé là! Même si ce n’est pas la meilleure solution, toutes les autres ont échoué et c’est comme cela que s’est déclenché ce mouvement de grève générale. Sur le campus de Laval un étudiant sur trois est touché. Sur l’ensemble de la province, 85 000 étudiants ont déjà pris le pli de la gréve avec l’espoir que le nombre fera la force. Il paraît que cela coûterait plus cher au gouvernement de rallonger une session que d’annuler ces coupures injustes qui visent principalement les étudiants les plus pauvres. Elle explique que dans toute l’histoire du Québec, il y eut 7 grèves générales de la population étudiante et jamais l’on annula une session. Ce sont des paroles que l’on se dit pour se faire peur mais cela n'est sont encore jamais arrivé! Après la jeune fille calme posée, un étudiant à lunettes prend le devant de la scène et commence ainsi :

- Alors moi je suis en première année, je suis sur le régime des prêts-bourses et je suis contre la grève car je ne veux absolument pas perdre ma session! C'est clair que je ne prendrai pas le risque de perdre une session que j'ai payé…

Je sens mon sang bouillir doucement. Une petite voix s’exclame dans ma tête : « Quoi! tu es en pleine sur la ligne de front et tu as pas plus de couilles que ça pour défendre tes droits!!! » Il enchaîne :

- De toute façon au Québec, c’est là où on paye le moins cher alors pour ne pas perdre ma session, je suis prêt à me sacrifier pour me rendre au même point que les autres provinces!

Je manque de m’étouffer : « Ben voyons, essaye surtout pas de protéger tes acquis le gros! ». Je sens mon sang bouillir dangereusement, je sens monter la révolte en même temps que ce malaise de me retrouver au milieu de ce troupeau d’individualistes pas capable de voir plus loin que le bout de leur nez, que les limites de leurs petits bulles d'existences paisibles. Je sens monter la nausée…

Une "vielle peau" dans l’assemblée appuie ce point et je manque d’exploser devant une telle sensation d’individualité. Je ronge mon frein et vais voter « oui » sans plus me poser de question. Ma conscience sociale s’est d’un coup réveillée et je ne ferais certainement pas partie de ce troupeau de moutons qui se laisserait ‘manger la laine sur le dos’ sans même se rebeller. J’ai le sang qui bouillonne comme un volcan prêt à rugir! D'étranges sensations me chauffent les neurones et je ne peux m’empêcher d’apostropher la "vieille peau" sur le chemin de ma sortie. Je regarde son petit sac à main, son air rangé et alors qu’elle m’empoisonne de son égoïsme fier, je rassemble toute mon énergie pour ne pas lui donner un coup de boules! Je n'en reviens pas de la violence de mes émotions. Elle me dit :

- De toute façon la grève ne changera rien!
- Et rien faire ne changera rien non plus et là au moins on en est sûr!

Oh! Lala que je suis en criss’ (colère noire)! Je sens jaillir en moi la révolte, je la sens qui m’emporte, je contemple la femme âgée d’un regard méprisant avant de me sauver pour ne pas exploser! Cette individualité de masse me choque profondément! Comment tout le monde peut-il être d’accord sur le fait que les coupures ne sont pas justes et ne pas ressentir le besoin d’agir. Et lorsque tu es touché de plein fouet, décider de ne pas agir, n’est-ce pas la solution la plus lâche possible? Et même si tu ne l’est pas, n’est-il pas possible que tu essayes de te mettre dans la peau de ton voisin de table juste deux petites minutes?

Je n’en reviens pas! Est-ce si difficile pour la majorité de ressentir une once de compassion, un zeste d’empathie! Est-ce si difficile de voir plus loin que le bout de son nez ? Parce-que si on y pense à long terme: moins l’éducation est accessible à tous et plus la société s’appauvrit intellectuellement! Pour le bien de tous, ne vaut-il pas mieux que les pauvres aient aussi le droit d’étudier si telle est leur volonté (sans s’endetter à l’os)? Comment peut-on hypothéquer l’avenir de cette portion de la population sans penser que dans le grand schéma des choses tout le monde y perdra de toute façon???

Je vais me cacher au fond de la bibliothèque histoire de calmer mes passions. J’appelle Maitre Gwido caché au fond de sa tanière urbaine. Je lui résume la situation, me défoule un peu sur une oreille amicale, je sens à peine baisser la pression de ma révolte éveillée. Il me dit : « Ben tsé, les étudiants en anthropo, socio et sciences-po, on leur apprend à réfléchir, alors c’est normal qu’ils aient une conscience sociale! »

Je macère sur cette idée qui n’est pas folle alors que je vais rejoindre Juan qui m’attend pour rentrer. En chemin, je rencontre Steph et Ève, évidemment la discussion tourne autour de la grève. Elles ont raté l’assemblée, je leur résume la situation, je suis pompée et elles rigolent de me voir si énervée! Elle reconnaissent la vieille peau que j’ai apostrophée pour une chiante de leur année. Elles m’expliquent que celle-ci a mari et enfants, elle vit dans un bungalow de banlieue et qu’elle se résume très bien à sa petite bulle! Voilà qui ne m’étonne pas pour un sou! Comble de malheur alors que je leur parle de mon dégoût de ce gars de première année qui vint expliquer à la ronde sa petite individualité, je le vois arriver droit sur nous, je m’exclame : « Mais c’est lui! » Il me sourit et me répond, fier comme un coq : « Oui, c’est moi le capitaliste! ». C’en est trop, j’éclate :

- Et bien laisse moi te dire que je trouve ce genre de discours honteux!

Je le regarde droit dans les yeux et me répète! Il prend la mouche et me dit :

- Je te juge pas, alors tu n’as pas le droit de juger!
- J’ai le droit de dire ce que je pense et je trouve que c’est une honte que de penser ainsi!
- Tu n’as pas le droit de me dire cela, je ne te traite pas de communiste!
- De un, je vois pas le rapport, de deux, tu te proclames capitaliste, tu craches sur tes acquis et j’ai tout à fait le droit de dire que je trouve que c’est honteux après ton discours de tout à l’heure!

Il prend peur, je le comprends, je me sens légèrement enragée! Je me retiens de l’agresser davantage en lui disant qu’en plus je le trouve lâche et que je me demande bien s’il a des couilles dans son pantalon! Je sens la furie me chauffer les veines. Je respire par les oreilles. Il rejoint le local en me lançant en regard sombre. Je sors dehors respirer l’air froid pour ne pas m’étouffer de révolte intérieure. Une seule notion résonne en mes neurones électrocutés: « Conscience sociale ». Je ne pense pas que cette notion ne se soit jamais dessinée avec autant de clarté en mes idées…

Histoire-de-grève

Une jolie fille fume une cigarette, je me tourne vers elle et gentiment lui demande son avis sur la chose. Elle me répond le discours habituel d’égoïsme ambiant. J’essaie de racheter un peu de mon karma en discutant calmement avec elle, je lui expose ces points qui me révoltent. J’entends les mêmes préjugés qui m’énervent. Ces mensonges qui veulent faire croire que les étudiants sur les prêts et bourses vivent comme des rois! Je n’en peux plus d’entendre ou de lire pareilles conneries. S’il y en a certains qui profitent du système, ce n’est pas la majorité et je suis bien placée pour savoir qu’avec 9000 $ par année, tu es bien loin sous le seuil de pauvreté! Je suis bien placée pour savoir que certains jours, il n’y a pas gros à manger! Je me colore la vie en rose avec mes petits moyens conjugués à une grosse dose d’espoir, une recherche de savoir. Je connais beaucoup de monde qui vivent de façon pas mal plus misérable que moi! Que dire du petit gars de Limoilou qui aurait le goût et les capacités d'étudier? Ou de l'adulte sur un retour d'études qui lâche tout pour s'instruire? Ne désirons nous pas une société instruite? Ne creusera-t-on pas avec cette réforme le fossé entre les riches et les pauvres? N'y aura-t-il plus que les riches qui pourront étudier? Avec surprise je l’entends me dire : « Tu sais, c’est pas con ce que tu dis, c’est vrai que je n’avais jamais pensé de cette façon et maintenant qu’on en parle, je me rends compte que je fais pas assez attention au tout ».

Je vois Juan arriver. Je la remercie de cette discussion civilisée et j’embarque dans l’auto, je suis encore chauffée à bloc! Juan rigole de me voir toute excitée. Il sourit devant l’éveil de cette conscience qu’il contemple avec douceur. Les kilomètres défilent alors que je m’exprime. L’on arrive dans le silence de notre village cossu. De retour dans ma bulle, je laisse mon clavier avaler ma révolte sourde…

samedi, mars 12, 2005

Sentiments flous

Lorsque l’on se cherche trop dans le regard des autres, l’on y perd des morceaux de son âme. Poser un regard juste sur soi-même est un exercice aussi périlleux que complexe. Un exercice qui demande la concentration de l'esprit en son entier (et des années de pratique acharnées). Ainsi, il est nécessaire de toujours faire bien attention à ne pas se laisser dévorer l'âme fragile par l'enthousiasme ou la haine d'autrui..

Avant toute autre chose, je voudrais m’éteindre avec une vision claire de ce que fut ma vie sur Terre...

vendredi, mars 11, 2005

Déconnectée…

After-the-stormAt-the-end-of-my-street

Ce matin, Juan regarde flotter les flocons par la fenêtre, les vitres sont bien givrées, il se demande quelle peut bien être la température aujourd’hui et allume la télévision. Depuis des jours, cela tourne autour de –20. De quoi prendre un avion pour le Sud sur le champ! Ah! Si seulement nous avions quelques sous pour fuir cet hiver qui s’acharne sur nos jours! Cet hiver capricieux, qui à l’aube d’un printemps, décide ne nous geler le sang. Je suis proche de déclarer forfait! En phase avec la nature, mon corps souhaiterait hiberner jusqu’au retour de la verdure! Juan allume la télévision. Mais l’écran couvert de neige fonctionne étrangement. Il m’appelle :

-Dis Etol, ça marches-tu la TV dans la chambre?

Je rampe sur le lit pour tourner l’antique roulette et l’écran s’allume sur un écran noir bredouillant des spasmes d’images. Je change de chaîne et ne voit plus que des parasites bruyants et tordus.

- Nope, ça marche pas ici! T’as bien envoyé le chèque pour l’abonnement?

Je le rejoins dans la cuisine. Mal réveillé, il me répond :

- Oui, je suis certain, c’est parti y’a au moins 15 jours!
- Ah! Alors si on est pas coupé, y’a peut-être eu une panne d’électricité! Parfois ça fait sauter le câble!
- Pourtant tout marche correctement! Je suis en train de faire le café!

Je décroche le téléphone à coté de moi. Un silence pénétrant me répond. Plus de tonalité dans mon combiné! À cet instant présent, je commence à paniquer légèrement :

- Mais!!! Comment ça! Y’a plus de téléphone! Comment ça y’a plus de téléphone?!? Y’a jamais plus de téléphone!!! Oh! My God!

Juan me regarde pas vraiment bouleversé. J’allume son portable. Il me dit :

- Ben si y’a plus de téléphone, comme ça passe par la ligne, y’a sûrement plus d’Internet non plus!
- Ben, on a pas le câble?
- Non, on est DSL, ça passe par la ligne téléphonique!
- Ben là! On est complètement déconnecté! Pas de tv, pas de téléphone, pas d’Internet! Si ça se trouve la planète a explosé et on le sait même pas!

Il me regarde en souriant.

- Ben, au moins on a toujours l’électricité!
- True! Mais c’est ce qui est le plus étrange! D’habitude c’est des coupures d’électricité pas de téléphone et de câble! Tu veux pas aller demander au voisin, si c’est pareil pour lui?

Il tergiverse deux minutes, mais bon mari qu’il est, il finit par braver le froid pinçant pour rassurer son épouse irritée. Il revient dix minutes plus tard et confirme que toute la rue semble dans la même situation! C’est étrange de se retrouver sans téléphone dans ce monde moderne auquel nous ne faisons plus attention! Ce n’est pas aussi stressant que de se retrouver sans électricité, mais cela reste quand même perturbant…

Juan plus dépité qu’autre chose de ne pas savoir la température extérieure se prépare à partir en ville. Au moment où il sort dehors, Mademoiselle Chanelle apparaît sur le perron! Elle rigole en me montrant ses petites dents de devant, cela faisait au moins quatre jours que je ne l’avais pas vue! Chanelle entre, Juan s’en va…

J’essaie d’oublier que je suis déconnectée mais le mystère de la chose n’arrête pas de me hanter. Troublée, je n’arrive guère à me concentrer. J’en profite pour lire ce livre que je voulais finir. J’entends frapper à la porte. Vivi, maîtresse officielle de Chanelle vient voir si sa chienne est là. Elle s’assure que j’ai bien enregistré que j’en avais la garde légale pour toute la fin de semaine car la petite famille part en voyage. Comme elle habite sur la rue d’en face, j’en profite pour me renseigner sur cette situation de câble et téléphone absents:

- Pis, t’as-tu le câble chez toi?
- Non, ni câble ni téléphone! C’est à cause de l’autre bizarre à l’autre bout du village!
- Le bizarre?
- Oui, tu sais la maison au coin de la rue du carrefour avant la côte! Celui qui a toujours des trucs à vendre devant chez lui!
- Oh! Lui! La maison qu’a l’air toujours en semi-construction. Celui qui a son propre tracteur pour déneiger son entrée!
- Ouais, celui qui se construit ses cabanons maison! Ben imagine-toi que l’un de ses cabanons a pris feu!
- Non!!!
- Ouais, pis je comprends pas pourquoi mais cela a fait sauter tout le truc, y’a 10 camions de Bell devant chez lui, personne sait trop bien comment cela s’est passé! Mais il a fait sauter toute la patente!
- Hein!?! J’en reviens pas, tout ça à cause de l’autre weirdo qui a fait flamber son cabanon???
- Oui, on est 3000 mille touchés! Nous autres et le village en bas!
- Ben voyons! C’est débile! Y savent-tu quand ça va repartir?
- Non, mais je te dis c’est plein de camions de Bell, je suis passée devant avant de venir, pis c’était la grosse foire!

Vivi repart chez elle. Je reste seule avec le chien et les chats. Rassurée de savoir l’origine du problème, impatiente de le voir réglé! Au bout de quelques heures, le câble renait sur les écrans de ma cabane ensevelie sous des montagnes d’hiver. Un soupçon de normalité retrouvé. Je finis ce livre que je ne suis vraiment pas sure d’avoir aimé. Tourner autour des imperfections humaines m’ennuie. Si c’est pour farfouiller comment nous sommes tous à moitié tordus, pervertis et avides de mensonges, pas besoin de lire 300 pages pour m’en rappeler! Le désespoir, la perversité, l’infidélité, le cul, l’astiquage de nombril, toutes ces notions à la mode me saoulent dès que je dois les avaler par phrases entières couchées sur papier. Tant et si bien que j’en viens parfois à me dire que je suis tout à fait archaïque ou complètement hors série! Au moins, ce petit carnet de discipline et de vents me tient un peu à la page! Un aspect que je n’avais jamais réalisé jusque là. Ce qui peut paraître étonnant c’est que je peux être la première à choquer les oreilles prudes dans les discussions qui tournent autour de ces tons de société. Mais les explorer par l’écriture ne me tente pas pour trois milliards de sous! Je préfère encore m’enivrer avec une bonne dose de surréalisme, ou mieux encore, me perdre aux frontières de la quatrième dimension…

Les images défilent dans le petit écran de nouveau vivant. La tonalité du combiné, elle, se fait toujours attendre. Le génie du ménage me fait la grimace. Les mauvais anges se fendent la gueule. Je prends l’un des pains qui traînent sur ma planche de travail et l’envoie avec force dans la face démoniaque de celui qui se marre le plus. Il couine et répond avec la force d’une rafale de doutes enrobés de malaises qui me transpercent les émotions. Je lui tire la langue et réplique en permettant au petit génie rose de se glisser sur mon épaule nue. Je le caresse de ma joue et agrippe un chiffon sous le regard indifférent de Pimprenelle qui sommeille.
Urbania

Via Orangekaki, un test mixte visuellement divertissant qui pose ces deux questions:
Quel genre de gars êtes-vous? Quel genre de gars aimez-vous?

L'homme obtient un taux de 65% de "rositude", voici mon résultat:

profil

mercredi, mars 09, 2005

Touchée.

Quelques petits mots reçus par courriel qui me font un bien fou au cœur et à l'âme. Parfois un rien fait du bien. Soupçons de vérité qui m'embaument les idées. Quelques petits mots qui représentent tout ce qui vibre en mes veines: "Je vous encourage à écrire. Écrivez. Écrivez. Écrivez. Ne cessez pas d'écrire. Le livre (le roman) est au terme d'une lutte patiente, amoureuse, courageuse avec soi-même et avec les mots." Merci Marc.
Âme sensibles s’abstenir…

Via Lavomatic, une vidéo insoutenable sur le traitement des animaux et de leurs fourrures. Je n'ai que de la fausse fourrure pour me réchauffer et franchement ma conscience ne s'en porte pas plus mal!!!
Pensées éparpillées

Hier c’était la journée internationale de la femme et j’ai passé cette journée dans un état semi-conscient de remerciements intérieurs. Reconnaissante d’habiter dans un pays qui respecte et protége les droits de la femme. Un pays où la femme a autant de place que l’homme…

Évidemment tout n’est pas parfait, si cela l’était ce ne serait plus sur la Terre que nous habiterions mais au paradis! Et s’il y a parfois des paradis sur Terre, ils cohabitent joyeusement avec des enfers en toutes sortes de quotidiens qui forment cette étrange balance universelle.

Cependant si au Canada la balance penche favorablement pour les femmes, ce n’est pas une généralité terrienne!Tout en ressentant ce bonheur d’habiter une société où ma place en tant que femme n’est ni bafouée, ni dénigrée, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces destins de femmes brisées de part le monde.

Soutenez la campagne d'Amnesty International : Les droits humains s'accordent aussi au féminin

L’excision, la burka, la violence, le viol, les mariages forcés, les grossesses difficiles et ces guerres d’hommes qui font tant de mal. Autant de minuscules enfers qui collectivement peignent un tableau terrifiant de ce que cela peut vouloir dire d’être une femme en 2005! Je ne peux m’empêcher de me sentir extrêmement privilégiée en cette réalité québécoise qui me porte. Je connais une liberté rare, j’ai un mari que j’ai choisi, qui me respecte et accepte de bousculer les rôles des genres ancestraux pour que je puisse être heureuse d’exister. Que puis-je faire d’autre en une journée dédiée à la femme que de remercier le ciel de mon sort béni! Et pourtant aussi béni soit-il, il n’en est pas moins difficile et demande une attention et un travail quotidien.

Non, le paradis n’existe pas sur Terre mais certains endroits sont plus confortables que d’autres! Le Canada est pour les femmes, un endroit bien confortable. Même si quand on y réfléchit, il fait assez froid pour que l’on se couvre le corps la moitié de l’année! Certains jours de mois de mars glacial, on en arrive, au détour d’une discussion, à se demander si la burka par –30 ne recèle pas un certain confort. Et si finalement on en garderait pas un exemplaire dans son garde-robe pour ces occasions là! Faudrait quand même enlever le grillage bien que, qui sait? Cela pourrait devenir une protection contre le facteur vent!

Mais je plaisante pour ne pas pleurer! Car le sort de toutes ces femmes rabaissées dans le monde me peine profondément. L’injustice que l’on peut retrouver dans le monde vis-à-vis des femmes me révolte. Parfois tant que j’aurais presque envie de devenir un homme( avec muscles d'acier alimentés par une tonne de testostérone) pour aller combattre sur le front! Mais là je m'emporte un peu! Parce-que bon, aussi libérée que je sois, j'ai bien du mal avec l’idée des femmes au combat! J’ai une impression floue qu’il y a là une trop grande dénaturation de l’état féminin. Même si je sais très bien que je prendrais les armes en deux minutes si la guerre se retrouvait à me menacer sur le pas de ma porte! Je n’aime pourtant pas l’idée que des femmes fassent carrière dans la guerre! Mais je ne puis condamner celles qui le font. Toute femme est libre de choisir le destin de ses jours et si ses choix ne me correspondent pas toujours, tant qu'ils ne me blessent pas, je dois les tolérer et ne pas me laisser emporter par la haine gratuite et inutile! C’est pourquoi même si je ne comprends pas certaines soumissions féminines à l’état masculin, si celles-ci sont réellement prises en toutes connaissances de causes alors je me dois de les respecter. Cependant combien de femmes soumises le sont par choix personnel?

Évidemment, il ne faut pas oublier l’autre coté de la médaille canadienne, ce coté qui force les hommes à s’adapter à une situation nouvelle et délicate. Mon homme parfois se rebelle :

- Tsé, au bureau, j’entends plein de remarques machos! Mais ce qui est le pire, c’est qu’elles ne proviennent pas de la bouche des hommes mais de celles des femmes! Cela me tue! Sans jokes cela me troue le c…! Parce-que franchement c’est pas être égales que de prendre le pouvoir et de faire comme les hommes!
- Oh! Comme quoi d’abord?
- Ben tsé, des jokes genre comme on fait en France, les jokes où le dindon de la farce c’est la femme, les jokes de la blondasse connasse, ici c’est renversé. Genre y’a un con au volant, ben c’est sur que c’est un homme! Le con de l’histoire c’est obligatoirement l’homme! Cela m'écoeure...

Dans ces temps là, je l’avoue humblement, je ne peux m’empêcher de sourire. Il n’aime pas du tout cela et me jette alors des regards noirs. Mais je n’y peux rien c’est plus fort que moi! Je sais qu’il a raison et que ce n’est pas bien, que ce ne sont pas de bons comportements mais je ne peux m’empêcher de penser que cela leur fait du bien de goûter un peu de leur propre médecine, de celle que les femmes ont goûtée durant des millénaires et goûtent encore dans plusieurs parties du monde...

Mais je sais aussi qu’il a raison, la solution n’est pas de se transformer en homme, en brutes, la solution n’est pas de reproduire ces comportements que l’on a bannis! Il faut souvegarder une certaine féminité et laisser la place à cette masculinité nécessaire pour un bon équilibre des êtres. Mais le sentiment de vengeance, aussi laid soit-il est tellement humain! Je ne suis pas sure que je n’y peux rien! Je le refoule mais je ne suis ni un ange, ni une sainte! L’humain est bien loin d’être parfait!!! Si c'était le cas, cela se saurait! Homme ou femme, c’est pas mal le même combat pour arriver au bien...

Avec l’égalité féminine, les divorces se sont multipliés, les familles ont explosé, elles se sont recomposées mais d’une façon générale tout cet aspect de nos vies a été chamboulé, disloqué, éparpillé! Tant de souffrances acidulées! Il y a tant à apprendre de part et d’autre avant de pouvoir composer, ensemble, cette harmonie des genres qui ferait de la Terre un véritable paradis…

Two Women Running on the Beach
Pablo Picasso

Posez un geste concert en envoyant une carte virtuelle aux femmes qui vous sont chères. Un don pour chaque carte sera envoyé à la Fondation canadienne des femmes.

mardi, mars 08, 2005

Flickr a disparu dans le champ!


Et moi qui avais une tonne de photos à « uploader » me voilà bien frustrée! Bénabar dans les oreilles. Minuit heure des sorcières! Cela dure tant que je n'ai plus qu'à aller me coucher! Les singes derrière les ordinateurs travaillent fort. Les junkies des images se gratouillent la couenne. Lorsque Flickr aura fini de se faire masser la cervelle, j'aurais surement oublié ce petit désagrément...

lundi, mars 07, 2005

De l’azur à la tempête

Ce matin, l’on décolle pour le campus sous un ciel d’azur, un univers de neige pure, un soleil éblouissant et un froid de chien. La luminosité est incroyable, la visibilité parfaite, l’on arrive sans troubles en territoire urbain. Un gentil camionneur me fait un signe du haut de sa tour. Je n’ai pas oublié mon extension numérique. Juan, lui, a oublié de remplir le lave-glace! Arrêt obligatoire sur le bord du chemin, je grogne, il rigole. Le froid dessine ces volutes et colonnes de fumée invisibles le reste du temps. Une brume d’hiver enrobe l’horizon bleuté, 8 heures du matin, pas un nuage à l’horizon urbain, la journée est magnifique

Quebec-Skyline

Sur le campus frigorifié, les humains bien emmitouflés vaquent à leurs obligations. Avant de monter les escaliers pour aller dans ma salle de cours, je jette un œil sur la cafétéria. Un homme à terre! Je cligne des yeux, curieuse, je m’approche et découvre un étudiant en révolte passive. La grève fomente parmi les étudiants présentement, difficile d’avaler le tour de salaud de Charest. Des actions de part et d’autres vomissent leur rancœur. Ce matin c’est le coup de l’étudiant scotché au plancher! Je ne suis pas sure d’avoir bien compris le symbole, mais cela m’a permis de prendre quelques étonnantes photos. Celui-ci tout content que je le photographie me fit même un petit sourire pour la cause. Pas le temps de niaiser, je monte en quatrième vitesse les escaliers et j’arrive essoufflée pour m’écraser à ma place habituelle. Bonne note au réveil. Traduction de John Irving. Le cours se passe sans heurts. Durant la pause, je descends voir si l’étudiant scotché a décollé. Il a déjà disparu, un peu déçue, je remonte avec un café. Le cours reprend. Mes idées se réchauffent. Mon stylo coule, je me barbouille sans trop m’en rendre compte. Miss Combat, toute joyeuse d’avoir rendu sa thèse de doctorat, rayonne comme le soleil matinal. Les phrases se déroulent. Le cours s’achève…

On-the-road-againImmersion-dans-la-villeManifestant-scotchéRévolte-étudianteSortie-de-cours-11hres30Fumeur-solitaire

Je sors voir à quoi ressemble le début d’après-midi. Je découvre un ciel lourd, grisâtre, chargé de menaces hivernales. L’atmosphère dense a complètement avalé le soleil qui n’est plus! La lumière est transformée. L’air est glacé. Y fait frette en tabarouette!!! Je rentre dans la chaleur de ma civilisation moderne. Révision et discussions diverses. Conversations coquines. Musculation grammaticale stylistique et différentielle. J’ai bien hâte que cela se passe! Encore un petit effort. Dehors le temps continue de se dégrader. L’hiver fait le malin. C’est l’heure de l’examen. Yes! Cela se passe enfin! Je ne peux m’empêcher de faire démarrer mes neurones au quart de tour, histoire que cela finisse vite, histoire que je ne me fasse pas exploser les idées à trop ruminer sur des notions trop carrées pour ma pomme givrée!

Je retrouve Juan et l’on part voir Petite Clo dans le soir couchant. Il a commencé à neiger sérieusement. Du bien mauvais temps à l’horizon, visibilité réduite, la route devient bataille en deux-temps, trois mouvements. Les bourrasques se lèvent, violentes, elles transportent la poudreuse folle qui excite la tempête en fête! Le temps que l’on aille casser la croûte, que l’on ramène la petite en son antre et la tempête fait rage au-dessus de nos têtes! La visibilité est nulle, parfaitement nulle! La route est si enneigée que l’on risque de s’embourber dés que l’on s’arrête. Enfer blanc. C’est un véritable combat routier! Une bonne dose d’aventure hivernale, de celle qui fait serrer des fesses et palpiter les émotions entre deux bancs de neige (devenus vivants sous des rafales d’hiver déchaîné). Rentrer à la maison ne se fait pas sans risque. C’est donc au ralenti que l’on reprend ce chemin si ensoleillé ce matin mais bien cotonneux en cette nuit sauvage…

Stormy-rideOn-the-winter-roadVisibilité-nulleAlmost-Home

dimanche, mars 06, 2005

Sans Titre

Une secousse dans la nuit. Hélène seule dans son grand lit regarde vibrer ses meubles. Elle ose à peine bouger. Les secondes lui semblent interminables. L'atmosphère se calme enfin. Sa maison a résisté à l'assaut inconnu. Elle se lève pour aller inspecter les lieux. Elle ramasse quelques pots cassés. Elle regarde par ses fenêtres la petite ville endormie. Les lampadaires clignotent un instant. Hélène se frotte les yeux. Tout semble normal. Elle secoue la tête, caresse le chat qui se frotte contre ses jambes nues, et retourne s’enfouir dans la chaleur de ses draps tièdes.

Elle se réveille avec les premiers rayons du soleil. Elle s’étire langoureusement avant de se lever pour enfiler une jupe sombre et un t-shirt usé. Elle fait son lit, comme à son habitude, elle prépare le café. Elle fait griller ses deux tranches de pain et s’assoit, silencieuse, pour grignoter son petit déjeuner. Le chat vient quémander sa pâtée. Sans un mot, elle ouvre la boite métallique et dépose la nourriture dans son assiette. Le chat se gave en ronronnant. Elle soupire, essuie ses miettes et lave sa tasse. Elle ramasse l’assiette sale et la passe sous l’eau sans y penser…

Hélène s’apprête à sortir lorsqu’elle remarque un objet insolite devant le garage de son voisin. Elle s’approche de la porte vitrée et aperçoit un drôle d’engin garé à la place de la vieille Cadillac du vieux Georges. Elle fronce les sourcils et agrippe son sac tout en se mordillant la lèvre inférieure. Elle échappe un cri lorsqu’elle aperçoit le vieux Georges sortir de l’engin. Il lui manque un bras et sa tête s’articule étrangement sur ses épaules. Une main sur la poignée, elle ferme les yeux sans se décider à déverrouiller cette porte qui la sépare de l’extérieur. Elle ouvre les yeux tout en se baissant derrière le battant de bois. Elle lève la tête et regarde timidement ce qui se passe chez son voisin. Le vieux Georges se dodelinant de façon surnaturelle entre chez lui et ferme sa porte. L’engin vibre et semble se suspendre dans l’air. Hélène, inconsciemment, se glisse sous l’évier. Elle ose à peine respirer. Elle entend des pas pesants dans son allée. Son cœur manque d’exploser. Le chat trouve son chemin sous sa jupe et se colle contre ses jambes humides. La vibration s’accentue comme si l’engin se posait sur son gazon. Elle se fait toute petite dans sa cage d’acier.

Un rayon lumineux traverse, sans bruit, la maison. Du coin de l’œil, elle aperçoit une lueur mauve enrober tout sur son passage. Son intérieur propre comme un hôtel déserté ne montre aucun signe de vie apparent. Hélène se replie sur elle-même, le chat au creux de ses jambes, elle frissonne. La lueur mauve ne semble pas pénétrer l’endroit où elle se terre. La vibration diminue soudainement. Le danger s’éloigne. Hélène ose à peine étirer ses jambes sillonnées de crampes, le chat sort le bout de son nez. Il avance timidement sur le plancher de bois. Rien ne se passe. Hélène rampe hors de sa cachette, à quatre pattes, elle descend au sous-sol. Dans la pénombre elle ouvre la porte de son gymnase personnel et allume le petit écran sur le mur. Elle baisse le son au maximum et regarde avec horreur défiler les nouvelles en couleurs…