samedi, décembre 31, 2005

Avoir l’âge du Christ…

D’où vient donc cette expression? 33 ans l’âge du Christ. N’est-ce pas la croyance populaire? Je farfouille la toile moderne sans en trouver de preuves. Est-ce parce-que le Christ est mort à 33 ans ???

Mort et ressuscité, il a traversé les frontières de nos perceptions pour devenir le Fils. Boule qui roule. Comme chaque année, l’horloge sonnera une fois de plus pour ma pomme! Cette année, elle sonne ses trente trois coups. L’âge du Christ, paraît-il…

Je laisse derrière moi une année remplit d’intensité, une trente deuxième ronde croquée au quart de tour. Un diplôme, la fin d’un cycle. Une grossesse "rock'n rollesque", un bébé, transitions et transformations. Une naissance et un frôlement de mort. De l'amour. Quelques nouvelles de publiées, une grosse poignée d’articles en tous genres, des traductions, des entrevues, des rencontres, des concerts, des artistes, des concepts et des amis. Du savoir, d'la culture et de l'air. Un blogue. Trente et un, trente deux et trentre-trois…

Jamais ma face, rien que des mots, ma face qui s’efface. Juste quelques phrases. Un souffle de liberté rebelle. Cette année, pas de Montréal où l’on se cotonne dans une bulle de Ves. Instants d'effervescence. Passer sous le sablier du temps avec Ves, mon amie, ma sœur de Colomb, entre deux coupes de champagne et une montagne de rires…

Cette année, j’ai 33 ans et un bébé Soleil qui me pousse la vie. Un Juan fort et courageux, un chien adopté et trois petits chats de moi. Quatre saisons, des joies et des miséres. Rien qu'une vie qui se déroule sur la Terre. Oh! Well! Dans un débordement de jours, je vole une heure de solitude, rien qu'une minuscule heure. Juste des mots qui se rouillent et dérouillent, rien que quelques phrases et une cascade de Jorane

Des mots qui s’amoncellent, des mots qui se refusent, des languissements de langues. Évolution de l’être. Résolutions silencieuses. Paradoxes et ironies enivrées qui se faufilent dans cette heure qui se referme, un atome d’art.

The Rest ~ Pablo Picasso

Bonne année 2006 à vous qui lisez ceci.
Un autre tour sur le tourniquet de la Terre qui nous héberge.
Espérons qu'elle résistera au prochain siècle...

vendredi, décembre 30, 2005

Mots épars

Nuit blanche. Silence d’hiver pénétrant de givre doux. Ambiance immobile. Subtil air de gel. La température oscille autour de –5. Douceur de sévère saison. Chaleur amicale. Soirée de rires. Petits bonheurs. Pas un seul bruit pour perturber un pur ciel sans lune. Atmosphère surréelle. Fraîcheur hivernale. Neige flottante. Silence…

Se réconcilier avec son corps entre deux souffles de peaux. Caresses d'existence. Monter la montagne de santé où fleurissent les délicieuses émotions. Assimiler cette transition parentale. Prendre sa chair en patience. Laisser fondre les maux entre deux pics verglacés. Avancer en silence. Mouvance...

Mosaik inspirée

Jouer avec Flickr...

Se perdre dans un instant créatif au milieu de la nuit sans bruit. La neige étouffe la nature qui s'endort sous une épaisse couche aussi cotoneuse qu'un rêve d'enfant. Laisser glisser le vent sur l'hiver en décalage...


Mosaik inspirée
Originally uploaded by Etolane.

mercredi, décembre 28, 2005

Humour d'hiver

Let's-barbecueWinter-Baby

"Icitte" l'on connaît tous le texte sur la "marde blanche" qui fait toujours sourire même si c'est niaiseux à souhait. À ma grande surprise, j'ai trouvé par hasard aujourd'hui la version du Parisien en Haute-Savoie qui semble directement inspirée de celle faite au Québec. Tout comme la version québécoise, l'on en trouve plusieurs avec un langage plus ou moins grossier.

Celle-ci (version hexagone) bat des records, mon homme a failli s'étouffer de rire lorsqu'il l'a entendu. Déjà qu'il a toujours trouvé la version québécoise bien comique, même s'il l'oublie lorsqu'il doit aller pelleter (déblayer) l'entrée après une petite tempête de 40 cm bien tassée. Et qu'il sacre alors comme un putois mal luné digne de ce conte d'hiver humoristique...

White-WorldSunny-daySunny-Day-IIISunny-day-II

lundi, décembre 26, 2005

Blanche fatigue.

In-winterland

L’homme souffle les flocons qui n’en finissent plus d’encombrer le chemin qui mène à notre cabane. Il ronchonne et les minous frissonnent. Bébé grognon retrouve difficilement ses repères et nous fait tourner en bourriques des fêtes. Cernes livides et nerfs enroulés de fatigue. L’hiver construit ses murs de neige. D’énormes congères dégoulinent et enlacent la maison qui s'oublie sous une épaisse couverture d’ivoire.

Grincheux de sommeils volés, l’on part à la recherche de la magie de Noël pour la trouver dans les sourires de bébé et la douceur du paysage immaculé. Pas de cadeaux pour les parents en déche. Juste un joli bébé en santé pour nous apprendre à vivre autrement. Pour nous emporter aux frontières de l'innocence, de la fragilité, de la vulnérabilité. Pour nous faire grandir, pour nous faire rêver. Et ça c'est surement le plus beau des cadeaux...

Christmas-BabySoleil-roseLily Soleil

De plus cette année la mère est dépitée d’apprendre le rôle de Coca-Cola dans la légende du Père Noël! D’abord, j’aime ça moi, croire au vieux bonhomme barbu dans son manteau rouge et blanc. J’aime croire que nous pouvons être bons, faire fonctionner notre imaginaire pour penser aux autres plutôt qu’à soi et faire délirer les petits enfants. Pis je m’en fous si c’est la faute à Coke! À la base toute cette histoire est née d’un poème

Et avant la folie des temps modernes, il y avait bien St-Nicholas pour les enfants européens. Ensuite il y a eu Clément Clarke Moore qui a écrit ce joli poème pour ses enfants, poème qui inspira l’image actuelle du Père-Noël. Et puis Noël c’est aussi la crèche et le petit Jésus même si celui-ci n’est plus vraiment à la mode de chez nous. Pauvres humains d'Occident déboussolés par une société de consommation rampante. Heureusement qu’il reste le plaisir d’offrir…

Extrait traduit du poème de Moore:

"C'était la nuit de Noël, un peu avant minuit,
A l'heure où tout est calme, même les souris.
On avait pendu nos bas devant la cheminée,
Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.
Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,
Les enfants sages s'étaient déjà endormis.

Maman et moi, dans nos chemises de nuit,
Venions à peine de souffler la bougie,
Quand au dehors, un bruit de clochettes,
Me fit sortir díun coup de sous ma couette.
Filant comme une flèche vers la fenêtre,
Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.
Au dessus de la neige, la lune étincelante,
Illuminait la nuit comme si c'était le jour.

Je n'en crus pas mes yeux quand apparut au loin,
Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,
Dirigés par un petit personnage enjoué :
C'était le Père Noël je le savais. (...) "

Pour la première fois depuis deux jours, Lily-Soleil accepte enfin de roupiller quelques heures dans son lit plutôt que dans nos bras ou notre lit! Soulagement des parents essoufflés. Les douleurs de ce post-partum pour le moins difficile commencent à me grignoter subtilement le moral. Je me "tire", j’ai la dalle. J'ai décidé de boire quelques coupes de champagne pour l'occasion. Je jette donc mon lait alcoolisé pour décongeler celui qui est en réserve. Mais comme nous ne sommes pas des pros de la chose, ma réserve tourne soudainement en décongelant. Aprés avoir englouti le reste de lait dans le frigo, Bébé se retrouve pour une tétée de complément. Bébé, pas content, refuse de boire. En vitesse, je recommence mon manège électrique pour approvisionner bébé affamé qui se tortille. J’en profite pour me décongestionner les seins brûlants. Ma production reprend « tambours battants »…

Décibels

La Québécoise en moi s’exclame : « Ostie que par bout je suis tannée d’être ploguée plus de quatre heures par jour sur la câlin' de patente! » La Française enfouie sous des couches d’intégration se dit : « Ouais, je suis fatiguée d’être branchée plus de quatre heures par jour sur cette machine qui m’extirpe le peu d’énergie qu’il me reste! »

L’hybride que je suis devenue se lamente de n’avoir pas encore pu faire de cartes de vœux, ni de faire-part, ni d’avoir posé par écrit les circonstances de la naissance de Lily-Soleil, il y a dejà plus d’un mois de cela. Les maux grugent mes mots.

Je lis la naissance du p’tit bout d’Alix, et je découvre avec surprise que son poupon est né avec les mêmes mensurations que ma p’tite puce. Notre p’tit trésor ne semble pas tenir du modèle «naine » de sa mère mais plutôt sortir du moule géant de son père! Elle grandit à vue d’œil. Cela passe si vite que c’est à peine si j’ai le temps de me rendre compte du temps qui s’efface entre deux tétées…

dimanche, décembre 25, 2005

Émotions accrochées sur une guirlande de mots.

Merry Christmas to the world... :)

De retour à la maison et c’est déjà le réveillon! Des minous heureux de nous revoir, un chien qui nous fait la fête. Un bordel monstre et un paysage de Noël rêvé par ma fenêtre, un univers recouvert de montagnes de neige immaculée. Un festival de lumière scintille sous ce ciel d’encre adulé, le quotidien repart à la recherche de nos jours bohèmes.

L’homme fricote et d'un coup d'inconscience avale mon dernier post. Folklore et musiques du monde. La magie de Noël se dissimule en deux blagues, entre deux compréhensions, entre deux sourires. Bébé s’en fout, il se contente de bisous et mots tout doux.

Je profite de ce moment volé pour remercier tous ceux qui durant les dernières semaines, plus rudes que la moyenne, m’ont laissé de gentilles pensées. Merci de ces sentiments partagés que je croque à l’aube de ces matins qui m’enrobent lorsque le moral grisaille entre deux courants d’airs glacés. Du fond de mon cœur, je vous renvoie maintes pensées reconnaissantes.



Que cette période des fêtes vous soit douce et sereine
Il n'y a pas d'enthousiasme sans sagesse, ni de sagesse sans générosité.
Paul Eluard

La haine doit être vaincue par l'amour et la générosité.
Baruch Spinoza

Il y a une communication plus intense dans l'échange immédiat à base de générosité que dans la jouissance immédiate.
Georges Bataille

Place d'Youville


Place d'Youville
Envoyé à l'origine par Etolane
Romance d'hiver, air frais, lumières artificielles. Sur la place D'Youville au cœur de Québec dansent les inconnus sur une surface de givre. Les rires chaleureux et amusés alimentent l'atmosphère bon enfant qui règne en ce petit coin de ville tranquille

Joyeux Noël et paix sur la Terre pour tous ses enfants devenus grands.

Breton: Nedeleg laouen na bloavezh mat
Columbia: Feliz Navidad y Próspero Año Nuevo
Eskimo: (Inupik): Jutdlime pivdluarit ukiortame pivdluaritlo!
Gaelic (Irish): Nolag mhaith Dhuit Agus Bliain Nua Fe Mhaise
Samoan: La Maunia Le Kilisimasi Ma Le Tausaga Fou
Yoruba: E ku odun, e ku iye'dun!
Cree: Mitho Makosi Kesikansi

vendredi, décembre 23, 2005

Poésie urbaine.

Port-de-sucreSkating-by-night

Une chambre de passage.
Un corps sans visage.
Juste un morceau de chair.
Qui ballote, qui suffoque, qui sanglote.

Brille sous la voûte nacrée le désarroi des Anciens. Juste une autre nuit sans étoiles dans une mégalopole anonyme. Dans les lumières éphémères, le temps se moque de nous. Le bruit s’amplifie et les arbres soupirent. Aspire les lumières. Les humains absorbe l’essence de la Terre.

Deux collines de sucre s’évaporent sous un ciel de bronze. Odeurs douceâtres entre deux bouffées givrées. Ballet industriel sous un ciel artificiel. Mes pas avancent sur une boue de glucides. Colle mes pas pour s'approcher la colline gigantesque. Trois énormes machines ronronnent dans le froid. -20 pour les malins qui s’y aventurent. En cet instant d’immortalité quelques flocons s’éparpillent. Glisser sur des patinoires de sens dessus-dessous.

Inlassablement les machines nocturnes de leurs tendres gueules charrient de monstrueuses poignées de sucre roux dans un lourd bateaux ancré sur le grand fleuve. Des hommes armés de leurs pelles effleurent le « bestiau » aquatique qui s’ébat dans le givre de nos folies. Vogue la banquise de crédulité nappée de cupidité subtilement déguisée.

Îles du temps qui se prélassent en silence. Saison qui chante ses mélodies blanches. Elle se change en un roulis de jours étrangers à ce présent surréaliste. Collines sucrées qui se nourrissent de petits morceaux d’avidité mensongère et d’énergie rayonnante. Palais de foutaises et d’illusions qui se mirent des raisons d’antan. Frissons de nature manipulée. Souvenirs de mégalopoles explosées. Furie lointaine. Saturations d’informations volages. Épidémie de glucides chatoyante. Sublime parasite. Délicieuse torture. Reflets de quotidiens mâchouillés par des milliers de consciences aux regards vitreux des fenêtres informatiques qui les enlacent.

Mélodies d’été et sourires fleuris de douceur de vivre. Trois notes musicales pour sauver un esprit à la dérive. Souffles d’espoirs. Prisons de chair ou d’idées. Un corps sans visage grelotte. Paradoxes matériels. Contrastes de peaux. Des fossés se creusent entre les couleurs. La haine s’inspire des douleurs humaines. Pleurent les mères des larmes qui ruissèlent dans les poches de Bush qui s’en tape. Royautés mauves, vertes royalties et nature agressée. Rougeurs de Père Noël bedonnant, honteux des excès qui charment les aveugles et alarment les moins peureux de ceux qui gravitent sur des cultures dessinées par le pinceau des millénaires. L’avenir roule virtualisé dans sa limousine repue. Des carrés d’images s’étendent dans un horizon d’infinis et de possibles. Une grosse boule déboule…

Grosse boule bleue qui flotte en cette galaxie qui nous héberge le temps d’une étincelle. Sucres d’existences qui se fondent dans la nuit des temps que croustille les descendants d'Ève et d'Adam. Démesure des sens. Corps d’ivoires et d’ébènes. Épices d’édens révolus. Étoiles qui scintillent dans le chaos des humains qui déchirent les toiles des émotions uniques de milliards d’individus survoltés. Révoltes invisibles. Ils livrent leurs sentiments, insolites peurs, qu'ils déversent dans les innombrables fosses aux lions qui sévissent dans ces foires virtuelles que l’on consulte en de nouvelles solitudes. Réel subjectif qui pétille. Comme ces boissons gazeuses qui s’offriront aux esprits festifs des joyeuses fêtes qui colorent et réchauffent certains, en désolent d’autres qui se meurent en d’autant d’indifférences.

Dans des univers d’excitations, mutent les saisons qui tanguent. Au milieu des délires de géants insouciants naissent les enfants innocents. Étincelles vivantes qui nous enchantent. L’avenir avale le passé et déroule son futur. Il affronte le chaos des Aînés. L’adolescence est une flamme qui vacille et frappe. Nostalgie. Les adultes jouent et se brûlent des ailes oubliées, devenues invisibles à l’œil nu qui regarde ailleurs. Principe qui diminue la vue des chemins où se cachent les rêves des enfants…

Grande-AlléeChristmas-Light

mardi, décembre 20, 2005

Sur la rue Maguire II


Sur la rue Maguire II
Envoyé à l'origine par Etolane

Vivante…

Tandis que l’homme achève sa session, le temps me file entre les doigts. Je voudrais écrire toutes sortes de choses. Les sujets se jouent de mes jours. L’inspiration va et vient en mes sens comme un amant terrible sans me donner aucune jouissance. Étincelles cérébrales. Pépites scintillantes. Mon corps et mes neurones sont en réparation entre déboires physiques et légers traumatismes. J’attends l’orgasme avec une patience de sioux.

Entre mes besoins de phrases inachevées et mes envies de traduction inavouées, mes promenades blogosphèriques se font plus rares. Présentement, je me concentre du coté de la Tunisie puisque je participe aux Tunisie Blogs Awards 2005 où je découvre des univers virtuels inconnus.

J’ai des idées pour remodeler ce petit coin virtuel qui entamera ses 3 ans avec la nouvelle année. J’en parle à Miss Dine qui me sort deux minutes de ma bulle pour que l’on papote autour d’une salade et d’un bagel. Elle me dit :

- Oh! Mais j’aime bien à quoi il ressemble ton blogue!
- Mais ça fait longtemps que j’ai rien changé, je pense à faire sauter le lac en fond de page. Cela me peine un peu, je l’aime bien mon lac mais bon ça irait peut-être plus vite sans…
- Ben, dernièrement avec mon Mac ça va bien, y’a plus de bugs!
- Ouais, j’ai mis moins de posts sur la première page, c’est supposé aider. Je pense pas révolutionner le truc mais juste changer un peu, histoire d’être en phase avec ma renaissance de peau…


Avant tout ça je dois répondre à mes mails, envoyer mes vœux, mettre mes photos et vidéos en ordre. Lily-Soleil se marre de plus en plus souvent, elle nous regarde et se fend la poire tandis que ma pomme rigole...

Hier nuit, je suis balladée sur Maguire et j’en ai profité pour accrocher quelques clichés urbains à ma collection d’images éparpillées…

samedi, décembre 17, 2005

Après la tempête...

Into-the-storm

Revenus de notre périple hivernal sans encombres. Est-ce le fait des épreuves traversées ces dernières semaines, est-ce le fait d’avoir flirté avec la grande faucheuse qui nous a donné autant de calme durant la tempête? Sommes nous blasés du danger ou simplement grandis par les obstacles dépassés? Je n’en sais trop rien mais je sais que nous avons bravé la tempête sans piper mots, sans serrer des fesses, sans nous énerver deux minutes…

Ceci dit, cette première tempête qui nous est tombée sur le nez était un peu moins violente que celle qui s’acharna sur Montréal. Nous n’avons eu qu’une vingtaine de centimètres alors qu’ils en ont écopé de plus de quarante! Évidement la route était mauvaise mais franchement on a déjà vu pire. On croise quelques sorties de route sans gros dégâts. On avance vers notre destination en silence.

Rouler à 40 sur la 40 avec prudence
aux rythmes des stations de radios que je cherche du bout des doigts. Scruter la route de nos quatre yeux pour être surs de ne pas en sortir lorsque l’on se retrouve avec une visibilité nulle en ce désert blanc où souffle avec passion les vents méchants. Garder ses distances et s’enorgueillir de pouvoir suivre de loin les phares de la voiture qui nous précède pour garder des repères bienvenus lorsque tout s’efface dans les bourrasques de neige folles.

On-the-roadStormy-dayStormy-RoadWhile-driving

Je prends une dizaine de vidéos, quelques photos. Le trajet se fait sans surprises. L’on arrive à la clinique sains et saufs avec la nuit qui tombe. Le docteur semble content de me voir revivre. Il me dit :

- Ah! Cela fait du bien de revoir de la lumière au fond de ton regard et ton sourire est plus vivant, je suis content!

À force que l’on me dise ces derniers jours que j’ai meilleure mine, j'en finis par me demander à quoi je pouvais donc ressembler lorsque je n’avais même pas la force de me regarder pour savoir quelle face je pouvais avoir! Pourtant lorsque je croise un miroir, le reflet qu'il me renvoie me fait plutôt pitié! Je demande à Juan :

- Mais j’avais donc vraiment l’air d’une morte-vivante?
- Oui, tu faisais un peu peur! Ton cas était pas mal grave, c'est le fun de te voir reprendre du poil de la bête…

Ainsi j’imagine que je suis sur la bonne pente. Je dégonfle parait-il à vue d’œil. Encore là, je trouve que ce n’est pas encore assez vite pour que je puisse en être satisfaite, mais bon j'étais si bouffie que je suis bien heureuse de ne plus avoir le visage autant gonflé d'eau! Je constate que mes forces reviennent petit à petit même si je me fatigue encore bien vite. La preuve en est qu'après la journée d’hier, j'étais si épuisée que je me sentais comme une poupée cassée. J’avais tant de peine à me bouger que j'en arrivais presque à ramper!

Lorsque je repense au mois qui vient de s’écouler, je n’y vois que des douleurs qui flottent dans une étrange brume. Je me sens comme un équilibriste qui a perdu son fil…

Ma production de lait n’en est pas affectée pour autant, je pourrais en donner si je connaissais des mamans moins laitières que moi. C’est bien dommage que Québec ne dispose pas d’une banque de lait car cela me ferait plaisir d’en donner pour aider les petits bébés prématurés ou pas…
Après le docteur, l’on rentre chez nous voir comment vont les chats. Les pauvres s’ennuient et nous font la fête. Il y a un bon quarante centimètres entre le chemin et notre entrée. Je me fraye un passage jusqu’à la porte, par endroits, j’ai de la neige jusqu’aux cuisses! Juan en profite pour déneiger. J’en profite pour tirer mes seins tendus…

Trois grosses heures plus tard, il fait nuit noire et la tempête n’est plus. Nous prenons la route à une fois de plus pour rejoindre bébé joufflu. Ma nature paisible me manque déjà mais Juan doit travailler comme un fou jusqu’à mardi. Il lui reste encore plusieurs travaux à rendre, des examens à passer...

Ensuite lorsqu'il aura fini de trimer, peut-être nous pourrons profiter un peu plus de la période des fêtes qui illuminent nos nuits d’hiver

Pas-de-neigeSapin-enneigéMa-terrasse-sous-la-neige

Pour reprendre l’expression trop bonne de Colombia : "Le poids des mots, le choc des vidéos!" Toutes les vidéos de notre parcours enneigé par là

vendredi, décembre 16, 2005

Méchante tempête

Nous sommes pour l’instant à Québec pour quelques jours. Mega tempête de neige aujourd’hui, la plus grosse depuis cinq ans. Déjà plus de 30 centimètres à Montréal et elle se déploie présentement sur nous. L’aventure hivernale embarque et l’on doit prendre la route pour se rendre chez nous là bas sur la montagne. Le vent souffle des rafales d’enfer et la poudrerie folle efface tout sur son passage.

Évidement au moment où il conseillé de ne pas prendre la route, c’est le moment même où l’on doit prendre la route! Bébé reste sur place chez sa Mère-Grand en compagnie de sa Clo de tante. Avec un peu de chance l'on pourra rentrer ce soir, sinon l’on devra passer la nuit à la maison et attendre que cela se tasse pour redescendre. Dans tous les cas de figure, j’emporte avec moi mon appareil pour attraper quelques films et images au vol de notre périple blanc.

Après tout, ce n’est ni la première, ni la dernière tempête de vos existences québécoises! Et j'aime bien ces émotions subtiles qu'elles font naître en mon sang à chaque fois. Danger, magie, adrénaline, survie, que l'aventure commence...

jeudi, décembre 15, 2005

Rêves de chats enfouis

Ces derniers jours reviennent en mes sommeils d’étranges rêves. Après ceux qui se passent en des sociétés de fin de monde où je me dépatouille tant bien que mal les pinceaux pour y comprendre quelque chose, entre aventures exaltantes et survie de ma race. je deviens noire au corps brûlant qui discute avec Bono au détour d'un carefour. Et voici que cette nuit mes chats disparus depuis de longs mois décidèrent de me rendre visite l'autre nuit.

L’été verdissait ma nature et j’allais ramasser mon courrier à la « boite à malle » lorsque je voyais sortir de nulle part un chat noir que je connaissais bien. Sumiko venait se frôler à mes chevilles. Étonnée, je lui souriais doucement pour voir du coin de l’œil arriver Patapouf et Yoda. Je clignais des yeux et Petite-Crevette se retrouvait dans mon champ de vision accompagné de mon cher Atlantik. Ne sachant quoi penser de tout cela, heureuse de les revoir un instant, je prenais le temps de les caresser.

C’est en soulevant mon doux Yoda dans les bras que je remarquai sa fourrure pleine de terre. Un frisson me parcourait subtilement l’échine alors que je ressentais une impression digne de Pet Cemetery de King. Sans pour autant m’affoler, je savourais le bonheur de les revoir tous ensemble tout en sachant bien qu’ils ne faisaient plus partie du royaume des vivants. Je savais que je ne pouvais les ramener à la maison, je savais qu’ils disparaîtraient bientôt.

Je me suis réveillée avec les pleurs de Lily-Soleil affamée. Mon rêve et mes chats se sont effacés dans la nuit. Et tout ce jour, je trimballe en mon sein une subtile tristesse que seuls peuvent comprendre ceux qui ont perdu leurs animaux domestiques en de macabres circonstances. Seul Atlantik était parti de manière naturelle puisque nous n’avions pas les moyens de le sauver. Mais comme il était le chef de ma petite tribu, cela ne m’étonne point qu’il veille encore sur leurs âmes félines. Je ne peux toujours pas regarder leurs photos sans éprouver un tiraillement de cœur. Sans revenir aujourd’hui sur les cruelles circonstances de leurs disparitions, le souvenir reste inscrit par là ou ici…

Lorsque j’ai commencé ce blogue, ma maison était remplie d’une colonie de chats. J’avoue que Juan « capotait » un peu vu le nombre qui dépassait la raison. Mais j’aimais tant vivre au milieu de leurs consciences animales. J’aimais perdre mon humanité et mes désespoirs en leurs univers félins. Dans le silence de mes solitudes, j’aimais me transformer à leurs contacts, je vivais un véritable fantasme de petite fille. Juan, par amour pour ma pomme, supportait mon excentricité tout en aboyant parfois lorsqu’il devait changer deux litières à la fois tous les trois jours. Comment lui en vouloir vu la tâche ingrate à accomplir!?! Il ne pouvait à l’époque me donner ce bébé qui me torturait les pensées alors pour me consoler il me laissait exister au milieu de ma petite bande poilue. Il savait le bonheur que j’en retirais et me l’offrait à défaut de pouvoir me gâter autrement.

Après que j’eus pleuré des riviéres de ne plus les avoir en mes jours, Chanelle décida de venir s’installer chez nous. Depuis des lustres, elle voulait que je l’adopte. Pas bête pour deux sous, elle s'incrusta subtilement dans le gouffre de ma tristesse pour obtenir cette place qu’elle désirait tant dans notre salon. Sans que l’on s’en rende vraiment compte, elle se fit une niche en notre maison et Juan se rappela qu’il avait toujours rêvé d’avoir un chien. Il y retrouva son rêve de petit garçon….

Désormais j'ai mon bébé, je suis une femme de plus en plus comblée. Il me reste encore quelques chats à aimer, je croise les doigts pour qu'ils survivent à la malédiction du voisinage! J'aurai l'âge du Christ avec le nouvel An, il ne me reste plus qu'à être raisonnable. Enfin tant et soit peu que je puisse être libre et sereine...

mercredi, décembre 14, 2005

Mes Anagogies du jour (Élévation de l'âme, extase).

- Attraper au vol un petit sourire de mon rayon d’Amour.
- Aspirer ses soupirs innocents et ses petits sons tout neuf.
- Regarder ses petits yeux bleus se fermer pour ensuite contempler ses sommeils et fondre de bonheur devant ses étirements si rigolos à ma pomme ratatinée.

lundi, décembre 12, 2005

Question technique

J'ai eu vent que quelques-uns des passants de ce jardin de mots avaient des difficultés à pénétrer en mon humble antre virtuelle. Je me demandais si ceci était un problème récurrent pour plusieurs? Est-ce que cela dépend des navigateurs? De la page trop lourde? C’est sur que pour ceux qui naviguent à basse vitesse, cela peut être long…

Lion-miniature

Si nous arrivons à trouver un peu de temps, Juan devrait me refaire un nouveau décor pendant les fêtes. On est encore un peu dans le flou pour trouver des idées de refonte mais je commence un peu à être tannée et à avoir quelques envies de changements. En attendant, je peux lui expliquer tout problème technique. Merci…
Couleurs fugaces

Juan court entre deux devoirs, trois examens. C’est la fin de sa dernière session à temps plein. Vu les circonstances actuelles, il a pris pas mal de retard, c’est la pagaille! Je m’occupe du bébé pendant qu’il étudie à plein régime, je fatigue sans mot dire. Je m'essoufle, d'intenses bouffées de chaleur m’assomment joyeusement, vive les hormones! Cet après-midi, pour nous soulager Vivi vient surveiller quelques heures la petite. Éreintée, je vais me coucher pour sombrer dans le néant dès ma tête touche l’oreiller.

Je me lève avec le coucher du soleil pour découvrir dans le ciel une flamboyante palette de couleurs pastelles. De jolis nuages roses flottent sur des variations mauves qui se fondent dans un ciel de Noël. Entre quelques flopées de flocons, une parade de couleurs toutes douces enchantent quelques instants mon cerveau courbaturé.

Pas le temps de sortir attraper quelques images, juste le temps d’accrocher quelques mots sur le blanc de ma page. Et le temps d’écrire ces quelques phrases, la nuit tombe déjà sur la blancheur de mon paysage. Il est quatre heures et quart. Bébé dort comme un petit loir...

Street-by-nightChristmas-Deco

dimanche, décembre 11, 2005

Brève de couple nocturne

Avec l’aube, ils se réveillent grâce aux gazouillis de bébé gourmand. Aprés le biberon, ils déjeunent dans le jour naissant. D'humeur coquine, elle lui dit :

- Tu m’as pris la main cette nuit!

Il lui sourit avec délice et répond :

- Oui, j’en avais trop envie!
- Petit cochon! Du coup, j’y ai mis la bouche!
- Hummm! J’en demandais pas tant mais qu’est-ce que c’était bon…

Entre neige et eau glacée

Mots de lac et de bébé

Boucles-et-main

Lily-Soleil a pris 1 kg en un mois, mon lait crémeux lui remplit les joues alors qu’elle perd le duvet sur le dessus de sa tête. M’zelle chauve me fait rigoler. Bébé à la coiffe de moine médite sur sa suce...

Mon lait est riche, il coule à volonté même si j’ai développé du Candida grâce aux antibiotiques. Bah! Je suis plus à une douleur près (ni à un médicament)! Ces fameux antibiotiques m’ont sauvé la vie mais ils n’en finissent plus de me le faire savoir. Tu as voulu rester sur cette terre ma fille, allez mange ça avant que l’on ne t’oublie!

Ce n’est pas dangereux pour le bébé, juste extrêmement douloureux pour la maman. Comme une armée d’aiguilles qui s’amusent à percer mes sensibles (imposants) ballons. Ceci ne sera pas encore ce qui me fera arrêter d’allaiter puisque au final bébé semble apprécier cet « or blanc » que je paye cher (de ma petite personne). L’infirmière très douce et compréhensive respecte mon choix de mère. Après tout, c’est ma peau et c’est mes seins! Elle me dit doucement : « Tu sais plusieurs auraient arrêté après tout ce que tu as traversé, c’est remarquable ce que tu fais là mais c’est vrai que c’est ce qu’il y a de mieux pour ton bébé! » Et puis quitte à me reposer, autant produire et se coucher!!! Et quitte à avoir mal autant que cela soit pour la bonne cause!

Mais justement je veux essayer de donner le meilleur à mon bébé. Cela me fait du bien au moral. Cela me donne l’impression d’être là pour elle, même si depuis un mois, je n'ai pas compris grand-chose à ma vie et je n’ai rien vu du temps qui s’écoulait. Au moins, avec mon lait, j’aurai été dans son ventre. Cela rassure cette fibre maternelle qui vibre lorsque je la regarde. Cette fibre qui s’en veut d’être encore malade, de ces faiblesses qu’elle trimballe.

Aujourd’hui, il semblerait que j’aille mieux. Même si je le sens pas encore vraiment en mon sang. Juan me le dit en souriant et Vivi qui me balade deux minutes aux bords du grand lac est heureuse de me voir rigoler, de me voir marcher sur l’eau nouvellement gelée. Chanelle me suit au bord de l’eau devenu glaçon et mes pas glissent entre les doux flocons qui recouvrent la glace fraîche …

December-Lake-IIFrozen-Lake-IIFrozen-Lake-Sunset

Quel bonheur que de respirer l’espace qui se déroule devant moins dans le lumière glissante de cette journée qui s’achève. Quel bonheur de que savourer quelques instants de Terre sauvage, d’eau givrée et de ciel ouvert

Demain le 10 décembre Lily-Soleil aura un mois…

Art-BabyWarp-Baby

Et depuis deux jours, j’essaie de trouver le temps de poster ce petit billet sans y arriver! En ce dimanche au ciel voilé d'hiver où flottent quelques flocons, je m'y penche. Le temps a changé de consistance depuis que j’ai accouché. C'est subtilement étrange...

Une partie de ma conscience a l’impression d’avoir accouché il y a seulement deux ou trois jours. Ce dernier mois me semble s’être déroulé dans une étrange brume. En mode survie, je n’ai absolument rien compris à ma vie! L’hiver s’est installé, le paysage s'est enneigé, le lac a gelé, p'tit bébé a poussé mais je n’ai rien vu passer.

Depuis deux ou trois jours, j’ai enfin l’impression de reprendre vie, de retrouver les rênes de mon quotidien, de mieux comprendre le fil de mes heures. Cela fait du bien de se sentir un peu plus vivante. J’ai encore besoin de beaucoup me reposer, mes énergies restent capricieuses, mais je n’ai plus l’impression de m’étioler comme une fleur fanée bonne jeter. Juan contemple ma mine d’un air soulagé et m’explique comment il est heureux de me voir reprendre quelques couleurs. Cela me touche et je me dis que je devais vraiment ne pas avoir l'air bien pour qu'il m'en parle ainsi...

J’ai même pu aller faire quelques pas, chausser mes bottes de yeti pour explorer l’hiver à mes pieds, filmer Vivi casser la glace, emmener Chanelle jusqu’au bout de ma rue. Les lumières de Noël décorent les maisons, scintillent dans la nuit. Envies de photos qui me démangent les yeux, envies de croquer dans le vent des instants de présent. Envies de retrouver quelques activités culturelles pour mieux me sentir exister…

Entre neige et eau glacée
Originally uploaded by Etolane

vendredi, décembre 09, 2005

Nouvelle corde à mon arc…

Poussée de croissance pour bébé goulu, entre biberons, malaises et repos, quelques mots et une nouvelle corde j’accroche à l’arc de cet espace virtuel…

Après les photos, voici les vidéos! En suivant la voie de Romuald, je pénètre dans ce nouvel univers qui me permet de mettre en ligne les petits vidéos que je prends avec mon appareil numérique! Cela faisait des mois que je cherchais le truc et là je pense avoir trouvé le filon…

Dernièrement j’ai revu des vidéos que je faisais au début de ma vingtaine lorsque je louais une caméra pour archiver mes solitudes boisées et l’enfance de Petite Clo. Je me filmais très peu, je préférais enregistrer ce qui m’entourait, parfois je passe par là (histoire d’être sure que j’existe) et me revoir ainsi dans toute la splendeur de mes 22 ans ramena à la surface de ma mémoire toutes sortes d’émotions enfouies dans les tiroirs de mon passé…

Avec l’appareil photo, je fais parfois de petits films, depuis que j’ai du son, c’est pas mal plus le fun. C’est un bon moyen de partager des morceaux de quotidien avec les amis et la famille au loin. Cependant je n’avais pas encore trouvé de support adéquat! Ce n’est plus le cas. Je défriche un nouvel espace par là

Tout comme pour les photos, il y a des vidéos publics ouverts à tous et d’autres privés (comme par exemple ceux de Juan qui chante Brassens à bébé) ouverts aux amis et à la famille. J’ai fouillé mes archives pour en retrouver quelques-uns. Certains sont muets, d’autres avec sons. Il y a les bruits de pas sur le lac gelé, des souvenirs de campus, une traversée de village durant l’été, des p'tits bouts de concerts ou de plage

Un nouvel espace qui me permettra de me laisser aller à d’autres inspirations visuelles. Ainsi, il est fort possible qu’avec la nouvelle année, en plus des mots et des images qui agrémentent ce paysage, l’on découvrira en cet endroit des petits vidéos spécialement destinés à ce petit coin d’invisibles partages d’humanité…

mercredi, décembre 07, 2005

Dans le ruisseau de mes mots

Bébé charme. Lily-Soleil enchante tous ceux qu’elle rencontre sur son passage. Son regard marin fait fondre les plus durs. Ses fossettes réjouissent les âmes souples et ses risettes coquines ensorcellent les plus sensibles. Petit bébé qui illumine la grisaille et réconcilie les querelles familiales. Dans la perspective de sa lumière « chérubine », mes déboires physiques prennent une autre dimension et même si mes maux refusent de s’amenuiser, je les assassine sous ses sommeils sereins…

Durant des années, alors que je combattais mes démons en des univers urbains, j’ai abusé de mon corps, inconsciente de ma chance, je l’ai privé, malmené, dénigré. Inconsciente du bonheur de ma beauté, je l’ai effacée sous une montagne de perfectionnisme inutile. Et aujourd’hui, je me demande si je n’ai pas une leçon à tirer de toutes ces complications qui m’aspirent le bout des os, qui étouffent ma réalité. Je me demande alors que je me repose sagement en mes draps retrouvés ce que je peux retirer de tout cela. Alors que je suis alitée mon esprit fait des tours de raisons. Entre deux souffles de codéine pour soulager mes peines, je me dis que lorsque j’aurais retrouvé ma forme et mes formes, je serais moins dure envers ma pauvre chair. J’essaierai de mieux apprécier ce que la nature m’a donné.

Déjà lorsque je me suis retrouvée paralysée à 13 ans, j’avais essayé de tirer quelques leçons de cet étrange destin. J’avais appris que la vie ne tenait qu’à un fil et que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Qu’il fallait vivre dans sa vérité pour ne rien avoir à regretter. Qu’il fallait essayer de devenir ce que l’on voulait être et non pas l’image de ce que les autres pensait que l’on devait être. C’est toujours ce que je me suis toujours efforcée de faire depuis…

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. À chaque épreuve de ma vie, cette petite phrase m’a aidé à accrocher le poids des jours difficiles à mes savates glissantes. Dans le passé de ma vingtaine, mes souffrances furent principalement intérieures. Mon cœur saignait, mon sang se révoltait, mon esprit brûlait. Parfois j’ai cherché à m’auto-détruire car ces souffrances attisait mes feux internes. Avant de réussir à m'effacer, je me suis reprise en mains. Dans la solitude, je suis partie à la recherche de fils d’équilibres pour m'y déposer les pieds.

Puis Juan est entré dans bulle, sans invitation, il en a pris possession. Il a recollé mon cœur brisé de ses sentiments puissants, apaisé mon âme de ses paroles sages, cicatrisé mes blessures de ses doux baisers. Au cours des années qui se sont déroulées, de nombreux obstacles sont venus entraver notre chemin, mais à chaque fois nous les avons traversés sans nous déchirer grâce au dialogue et aux compromis mutuels.

Juan a le diabète qu’il promène en ses veines. Une maladie chronique qu’il doit affronter du réveil au coucher et qui a même le pouvoir de déranger ses songes les plus profonds. Mais il possède aussi cette force de vie qui m’hallucine. Ce besoin de se dépasser, d’avancer malgré l’adversité, besoin de se construire. Il combat avec passion cette destruction que chaque humain trimballe en ses gènes. Il soigne ses faiblesses sucrées sans les cristaliser. Il m’apprend que la vie vaut la peine d’être vécue, que j’ai aussi le droit d’exister.

Il m’a donné ce magnifique bébé qu’il aime tant tout en continuant de me chérir. Et maintenant que je suis malade, livide comme l’hiver qui enserre le jardin, il me soutient même lorsque je suis bien chiante. Lorsque je me plains, je déprime, me lamente ou pleurniche, il m’enlace, me caresse, me réchauffe. Il est là pour accompagner mes douleurs, encourager mes espoirs et je réalise aujourd’hui que je veux vivre encore pour lui et ce bébé qui sourit aux anges. Que je veux vieillir pour la voir grandir. Que lorsque la santé fait défaut, cela remet la vie en perspective.

Je regarde mon beau bébé sans oser m’avouer qu’elle est si jolie de peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Elle est si douce et gentille. C’est un miracle jaillit de mes rêves les plus fous.

Hey-Mummy

Je découvre cette peur de la perdre. Cette peur de me retrouver plongée dans l’obscurité, si soudainement par malheur, ils devaient disparaître de mon existence. Je découvre cette sensation de bien-être lorsque je les regarde être ensemble et que je trouve ma place dans l’image de bonheur qu’ils me renvoient. Mon cœur se remplit d’Amour et je cherche au plus profond de mon être la force pour combattre ces maux qui me claquent!

Dans la fatigue, je cherche le ruisseau de mes mots pour m’y laver les entrailles. Car malgré tout, je dois écrire pour subsister. Écrire pour batailler, pour ne pas sombrer, pour être en phase avec moi-même. Besoin de laisser glisser les phrases entre mes doigts. Je dois écrire pour espèrer un jour trouver les fleuves de ces romans qui me hantent le sang. Mais en attendant, je me baigne dans n’importe quelle piscine que je trouve sur mon passage. Écrire et aimer sont les deux ambitions qui me donnent le courage d’exister en ce monde que je peux trouver insupportable si je le regarde en détails.

Pour ne plus me révolter, j’ai choisi de m’exiler, de me retirer là où la nature est reine pour me laisser porter sur sa traîne. J’ai besoin de la nature pour respirer, elle est l’oxygène qui alimente ma chair. Grâce à elle, je peux supporter les travers de l’humanité, supporter d’en faire partie sans avoir envie de me supprimer. Chercher le meilleur de moi-même, le meilleur des univers qui m’entourent. Regarder le bon pour effacer le pire sans pour autant l’oublier, simplement m'en éloigner...

Dehors le vent souffle des –20 degrés. Une minute, je me suis arrêtée devant le lac qui se gèle. J’ai ouvert grand les yeux pour attraper une once de forces, quelques gouttes de courage, puis j’ai laissé Juan me rentrer en mes pénates où je dois m’allonger pour réparer ma peau en morceaux. Bébé charme la madame (qui me répète combien elle adore le calme coquet de notre cabane) venue soulager ce quotidien difficile. Je me repose le corps et vide ma cervelle de ces mots qui l’engorgent.

Going-Home-II

Laisser le temps panser mes plaies. Laisser le temps s'écouler. Je sais que certains jours je suis blanche comme l’hiver. Retrouverais-je mes couleurs avant que ne revienne le printemps?

mardi, décembre 06, 2005

Maman en réparations.
Bébé en réflexions.


Rodinesque-Lily

Bébé grandit sagement entre sommes et biberons, elle adore barboter dans l’eau sous les doigts de Papa qui frotte sa douce peau. Elle sourit aux anges et gazouille gaiement tandis que Maman lèche ses plaies en silence…

Ma jolie Lily-SoleilFunny-BabyAqua-Lily-IIIBaby-Soleil-II

L’hiver prend ses aises, comble d'ironie, je m’en rends à peine compte. Dans 20 jours Noël! J’ai manqué quelques trains et perdue la gare de vue! Je suis patiemment les rails en espérant retrouver un wagon avant que le lac ne se transforme en glaçon

White-GardenBanc-de-décembreRue-de-décembre

dimanche, décembre 04, 2005

Bonnes nouvelles fraîches

Mercredi matin, l’infirmière vient faire son tour de garde. Elle s’informe de ma santé et s’inquiète de cette recrudescence de symptômes que je lui mentionne. Cela la tracasse. Elle s’arrange pour m’avoir un rendez-vous avec le médecin du village. Deux heures plus tard, je me retrouve dans le bureau du médecin qui m’examine. Elle pense que mon infection n’est pas complètement guérie, mon cas la turlupine, elle décide de m’envoyer à l’urgence pour que j’ai des examens de laboratoire plus poussés. Elle écrit un mot pour que je n’attende pas des lustres sur place et l’on sort du CLSC carrément dépités.

Une fois dehors, je ne peux m’empêcher d’éclater en sanglots. Je pleure comme une madeleine jusqu’à la maison. Je n’y crois pas. Je n’en peux plus. Je veux la paix. Je suis si fatiguée, tourmentée par toutes ces douleurs qui ne me lâchent pas que je sens décliner mon moral à vue de nez! L’on refait les bagages, c’est le même manége, le même cirque. Poser le bébé chez sa grand-mère, repartir à l’hôpital, angoisser, attendre, souffrir…

Cette fois-ci cependant c’est moins long que la dernière fois où je faillis y laisser ma peau. Juan est hypra vigilant, le mot du docteur accélère mon cas et en deux heures, je me retrouve dans un lit sous cathéter, piquée de tous les bords! J’ai les veines fuyantes et le seul moyen de les attraper est de viser la main ou le poignet! J'en ai un peu marre de revoir des aiguilles percer ma peau qui n’a pas encore eu le temps de cicatriser. Juan est un ange qui berce ma peine. Il prend soin de mes émotions et sa présence rassure mon être à la dérive…

L’urgentologue pense que mon infection est en dormance. D’après mes symptômes, tout porte à croire qu’elle me cherche à nouveau. Il est sympathique, empathique, et lorsque je lui expose ma douleur, il fait de son mieux pour la calmer (en attendant la suite des résultats) avec des moyens qui m’hallucinent (n’oublions pas que la dernière fois, l’on a pas voulu me donner un seul Tylénol en vente libre en pharmacie!!!). Trois minutes plus tard, arrive l’infirmier avec une seringue pleine, il me dit :

- J’ai ta dose de morphine!
- Pardon?
- Ben oui, le docteur t’a prescrit de la morphine…
- Ah! Ok d’abord…


Depuis le temps que cela me titillait ce truc, je ne vais pas refuser maintenant alors que j’ai toujours été aussi sage qu’une image vis-à-vis de ces histoires là! Il plonge l’aiguille dans le cathéter. Je sens la chaleur de la drogue m’irriguer la veine remonter dans mon bras pour se diffuser dans mon corps et rejoindre mon utérus malheureux. Une partie de mon être résiste tandis que l’autre jubile. Juan me conseille de me laisser aller.

Ground Control to Etolane, c’est un vol plané pour madame! Je décolle sur un nuage de douceur qui m’enveloppe toute entière, il m’irradie, efface mes peines et douleurs. Pour la première fois depuis des mois, je n’ai plus mal nulle part, je me laisse glisser…

Les heures passent dans le coton, enfin arrive le gyneco qui une autre fois m’examine. Enfin quelques bonnes nouvelles, même si j’ai plusieurs symptômes similaires à ceux qui donnèrent le feu vert à cette infection qui failli m’emporter, mes résultats sanguins semblent beaux. Mon corps fait des échos de son traumatisme. Tous mes organes sont enflammés, le contrecoup des antibios, un tout qui relance la fatigue et me remet à plat. Il faut surveiller la fièvre mais tant que celle-ci ne se manifeste pas, je dois prendre mon mal en patience. Il faut surveiller ce mal car il est toujours possible qu’il se cache quelque part. Elle m’explique encore une fois que je reviens de loin et que je devrais passer au travers de creux avant de reprendre pieds, que je dois compter près de 3 mois de convalescence, elle me remet sous codéine et anti-inflammatoires et recommande pour la énième fois ce repos qui seul semblerait être le moyen pour ma peau d'aller mieux…

Elle me tend quelques perches pour me faire comprendre que si j’arrêtais d’allaiter, je guérirais sûrement plus vite. Seulement je ne veux en entendre parler, déjà que je suis malade depuis sa naissance, que je me sens à moitié mère de par ce fait puisque je ne peux pas m’en occuper comme je le souhaiterais, au moins en allaitant j’ai l’impression de faire quelque chose de bien! Cela lui fait du bien au corps et si cela désavantage ma forme cela aide mon moral en branle et comme la mode est au pro allaitement, Dieu merci, l’on ne me force pas à arrêter…

Soulagée, je ressors de l’hôpital pour aller me reposer encore et encore! Juan est heureux de me savoir à ses cotés même si je ne peux pas faire grand-chose. Je vais avoir une aide à la maison la semaine prochaine car il n’est pas évident (avec un nourisson) de se reposer comme le personnel médical l’entend! Je reste quelques jours auprès de Clo. Une grand-mère pour s’occuper du bébé et soulager Juan de cet amas de responsabilité qu’il doit porter sur son dos.

Je dois avouer que je suis fatiguée d’être fatiguée, tannée d’être faible, déprimée d’être toujours sur le fil du rasoir, incapable de reprendre l’équilibre de ma santé qui semble se jouer de moi. Difficile de garder le moral par mes temps qui courent, parfois juste sourire me semble un défi et pourtant lorsque Juan s'acharne sur mon cas, je retrouve le goût de rire. J’avale mes douleurs qui s’expriment malgré les cachets que je reprends. Je retiens mes larmes et je regarde ce bébé tout rose pour me rassurer. J'aime la regarder pousser, sentir sa chaleur contre mon coeur. J’attends. Je bataille de mon mieux cette fatigue qui ne me lâche pas. Avec un peu de chance, je vais enfin arriver à remonter un petit morceau de cette pente qui les mauvais jours ressemble tant à une montagne dont le sommet dépasse les nuages.

Dehors, la neige est retombée. L’on rentre enfin à la maison. Le lac me manque. Je demande à Juan de m’y déposer deux minutes, juste le temps d’attraper quelques photos, de respirer un peu d’air frais. Aujourd’hui le soleil fait scintiller la pelouse enneigée. Je vais essayer d’en respirer quelques bouffées et d'attraper quelques rayons d’espoir pour me régénérer les idées maganées…