Bonnes nouvelles fraîches
Mercredi matin, l’infirmière vient faire son tour de garde. Elle s’informe de ma santé et s’inquiète de cette recrudescence de symptômes que je lui mentionne. Cela la tracasse. Elle s’arrange pour m’avoir un rendez-vous avec le médecin du village. Deux heures plus tard, je me retrouve dans le bureau du médecin qui m’examine. Elle pense que mon infection n’est pas complètement guérie, mon cas la turlupine, elle décide de m’envoyer à l’urgence pour que j’ai des examens de laboratoire plus poussés. Elle écrit un mot pour que je n’attende pas des lustres sur place et l’on sort du CLSC carrément dépités.
Une fois dehors, je ne peux m’empêcher d’éclater en sanglots. Je pleure comme une madeleine jusqu’à la maison. Je n’y crois pas. Je n’en peux plus. Je veux la paix. Je suis si fatiguée, tourmentée par toutes ces douleurs qui ne me lâchent pas que je sens décliner mon moral à vue de nez! L’on refait les bagages, c’est le même manége, le même cirque. Poser le bébé chez sa grand-mère, repartir à l’hôpital, angoisser, attendre, souffrir…
Cette fois-ci cependant c’est moins long que la dernière fois où je faillis y laisser ma peau. Juan est hypra vigilant, le mot du docteur accélère mon cas et en deux heures, je me retrouve dans un lit sous cathéter, piquée de tous les bords! J’ai les veines fuyantes et le seul moyen de les attraper est de viser la main ou le poignet! J'en ai un peu marre de revoir des aiguilles percer ma peau qui n’a pas encore eu le temps de cicatriser. Juan est un ange qui berce ma peine. Il prend soin de mes émotions et sa présence rassure mon être à la dérive…
L’urgentologue pense que mon infection est en dormance. D’après mes symptômes, tout porte à croire qu’elle me cherche à nouveau. Il est sympathique, empathique, et lorsque je lui expose ma douleur, il fait de son mieux pour la calmer (en attendant la suite des résultats) avec des moyens qui m’hallucinent (n’oublions pas que la dernière fois, l’on a pas voulu me donner un seul Tylénol en vente libre en pharmacie!!!). Trois minutes plus tard, arrive l’infirmier avec une seringue pleine, il me dit :
- J’ai ta dose de morphine!
- Pardon?
- Ben oui, le docteur t’a prescrit de la morphine…
- Ah! Ok d’abord…
Depuis le temps que cela me titillait ce truc, je ne vais pas refuser maintenant alors que j’ai toujours été aussi sage qu’une image vis-à-vis de ces histoires là! Il plonge l’aiguille dans le cathéter. Je sens la chaleur de la drogue m’irriguer la veine remonter dans mon bras pour se diffuser dans mon corps et rejoindre mon utérus malheureux. Une partie de mon être résiste tandis que l’autre jubile. Juan me conseille de me laisser aller.
Ground Control to Etolane, c’est un vol plané pour madame! Je décolle sur un nuage de douceur qui m’enveloppe toute entière, il m’irradie, efface mes peines et douleurs. Pour la première fois depuis des mois, je n’ai plus mal nulle part, je me laisse glisser…
Les heures passent dans le coton, enfin arrive le gyneco qui une autre fois m’examine. Enfin quelques bonnes nouvelles, même si j’ai plusieurs symptômes similaires à ceux qui donnèrent le feu vert à cette infection qui failli m’emporter, mes résultats sanguins semblent beaux. Mon corps fait des échos de son traumatisme. Tous mes organes sont enflammés, le contrecoup des antibios, un tout qui relance la fatigue et me remet à plat. Il faut surveiller la fièvre mais tant que celle-ci ne se manifeste pas, je dois prendre mon mal en patience. Il faut surveiller ce mal car il est toujours possible qu’il se cache quelque part. Elle m’explique encore une fois que je reviens de loin et que je devrais passer au travers de creux avant de reprendre pieds, que je dois compter près de 3 mois de convalescence, elle me remet sous codéine et anti-inflammatoires et recommande pour la énième fois ce repos qui seul semblerait être le moyen pour ma peau d'aller mieux…
Elle me tend quelques perches pour me faire comprendre que si j’arrêtais d’allaiter, je guérirais sûrement plus vite. Seulement je ne veux en entendre parler, déjà que je suis malade depuis sa naissance, que je me sens à moitié mère de par ce fait puisque je ne peux pas m’en occuper comme je le souhaiterais, au moins en allaitant j’ai l’impression de faire quelque chose de bien! Cela lui fait du bien au corps et si cela désavantage ma forme cela aide mon moral en branle et comme la mode est au pro allaitement, Dieu merci, l’on ne me force pas à arrêter…
Soulagée, je ressors de l’hôpital pour aller me reposer encore et encore! Juan est heureux de me savoir à ses cotés même si je ne peux pas faire grand-chose. Je vais avoir une aide à la maison la semaine prochaine car il n’est pas évident (avec un nourisson) de se reposer comme le personnel médical l’entend! Je reste quelques jours auprès de Clo. Une grand-mère pour s’occuper du bébé et soulager Juan de cet amas de responsabilité qu’il doit porter sur son dos.
Je dois avouer que je suis fatiguée d’être fatiguée, tannée d’être faible, déprimée d’être toujours sur le fil du rasoir, incapable de reprendre l’équilibre de ma santé qui semble se jouer de moi. Difficile de garder le moral par mes temps qui courent, parfois juste sourire me semble un défi et pourtant lorsque Juan s'acharne sur mon cas, je retrouve le goût de rire. J’avale mes douleurs qui s’expriment malgré les cachets que je reprends. Je retiens mes larmes et je regarde ce bébé tout rose pour me rassurer. J'aime la regarder pousser, sentir sa chaleur contre mon coeur. J’attends. Je bataille de mon mieux cette fatigue qui ne me lâche pas. Avec un peu de chance, je vais enfin arriver à remonter un petit morceau de cette pente qui les mauvais jours ressemble tant à une montagne dont le sommet dépasse les nuages.
Dehors, la neige est retombée. L’on rentre enfin à la maison. Le lac me manque. Je demande à Juan de m’y déposer deux minutes, juste le temps d’attraper quelques photos, de respirer un peu d’air frais. Aujourd’hui le soleil fait scintiller la pelouse enneigée. Je vais essayer d’en respirer quelques bouffées et d'attraper quelques rayons d’espoir pour me régénérer les idées maganées…
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