jeudi, novembre 30, 2006

Se faire limoger

Cette expression de la semaine m'évoque aussi, par extension, s'en prendre plein la gue... ou se faire casser la gue... D'une façon générale, cette expression évoque une sensation désagréable.

Je ne suis jamais allée à Limoges, mais j'ai un oncle qui y a pas mal forniqué durant ses belles années. Il y a même laissé germer une petite graine d'artiste bourré de talent, Jules mon cousin caché qui n'a que quelques mois de différence avec ma pomme, cousin inconnu mais reconnu que je découvre par correspondance et qu'il me plairait un jour d'embrasser. Pour moi, la ville de Limoges évoque un certain goût de souffre et de mystère...

EXPRESSION
« Se faire limoger »

SIGNIFICATION
Pour un officier, se faire relever de son commandement. Par extension, pour une personne ayant des responsabilités, être mis en disgrâce ou être frappé d'une sanction disciplinaire (mise à la retraite, révocation, licenciement...)

ORIGINE
Beaucoup de gens savent que le verbe 'limoger' est issu du nom de la ville de Limoges.Mais cette origine est-elle justifiée et quelle est la véritable histoire du limogeage ?

Au début de la guerre de 14-18, le général Joffre (Lien externe) doit résoudre une crise importante dans le haut commandement de l'armée française. Il écarte alors de nombreux hauts gradés de leur poste. C'est de cette disgrâce que naît le verbe 'limoger'.

Le 15 août 1914, Joffre reçoit du ministre de la guerre Messimy un télégramme lui indiquant que, désormais, les officiers généraux pourront être mis à la retraite d'office sur simple rapport motivé du commandant en chef. Ayant jugé que de trop nombreux généraux et hauts gradés, brillants en temps de paix, étaient des incapables au front, Joffre décide le 27 août que ces généraux faillibles doivent se retirer dans une localité de la 12e région qui, alors, englobe loin du front les département de la Charente, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne et la Haute-Vienne, et dans laquelle se trouve Limoges, entre autres. Au moment où débute la bataille de la Marne, début septembre, 58 officiers sont d'abord renvoyés à l'arrière. Au total, en décembre, 40% des hauts gradés sont ainsi écartés de leur poste.

Selon certaines sources, tous ces officiers auraient été envoyés à Limoges, justifiant ainsi la naissance de ce qui était à l'époque un néologisme. Mais selon d'autres sources, il paraît que sur les 150 à 200 officiers ainsi éliminés, il y en aurait finalement moins d'une vingtaine qui auraient été réellement tenus de séjourner dans la 12e région, et pas obligatoirement à Limoges même. Et comme cette zone géographique contient plusieurs autres villes importantes, les officiers auraient donc très bien pu se faire plutôt angoulemer, briver, guereter, tuller ou même magnac-lavaler. Dans ce cas, c'est un peu abusivement que 'limoger' serait né en 1916.

mercredi, novembre 29, 2006

Jour de fatigue

Jour de fatigue,

Autumn-Underwater

Juste fatiguée dans l’hiver qui prend sa place derrière mes fenêtres, le givre qui s’agrippe à mon paysage m’ennuie, le gris du ciel aussi. Des nuits trop courtes me laissent sur le carrelage du jour. Fourbue. Trop de cardio combiné à cette série de poids qui sculpte le corps et fatigue la peau, un entraînement féroce qui me laisse sur les rotules. Pas envie de faire des siestes d’après-midi. Tenir la fatigue à bout de bras pour errer dans ce jour de pluie. Je baye aux corneilles. Un enfant qui fait ses dents, qui demande de l’attention constamment, qui pousse son parent vers des vallées d’épuisements. Des montagnes de tendresse, des prairies de sourires et la patience dans les talons. Des soucis financiers comme tant d'autres. Les fêtes au coin du mois prochain. Juste fatiguée…

Juste envie de laisser couler les mots, de les laisser s’échapper de la prison de ma tête. Marre d’écrire tout le temps dans ma tête. Mais lorsque vient le temps de les laisser glisser, le temps est si empressé que ma pomme se fait « écrapoutiller » par ses minutes expéditives. Impossible de structurer quoi que ce soit. Juste laisser les mots asborber le quotidien, en attendant…

Paresses de ménage, regarder le lavage effronté s’égarer aux quatre coins de mon horizon. Shni, le petit génie, empoussière son spleen dans un coin. Ce soir, je reste à la maison, ce soir, je passe du temps avec mon homme. Aller faire des courses à trois. Laver et coucher la petite. Fermer les ordis. Se retrouver ensemble dans une bulle, confortables, se reposer devant un film, tranquilles, puis espérer une nuit sans insomnies capricieuses. Se lever en forme le lendemain…

Hier, je rentre du Gym avec le soir déjà bien avancé, je trouve mon homme dépitée par sa furie de fille :

- Mais elle ne m'a fait que des conneries, j’te jure elle m’a vidée!

Je rigole, compréhensive, je ne peux m’empêcher de sourire.

- Ouais, je sais, elle fait ses dents, puis on dirait qu’elle est dans une sorte de transition où elle comprend de plus en plus de choses, du coup elle est comme montée sur des ressorts! Elle teste ses limites. Heureusement qu’elle fait pas trop mal ses siestes!!! C'est une phase...

La maison est sens dessus-dessous. Pendant que l’on ramasse le bordel de notre petit Soleil, il m’explique ses déboires paternels qui me divertissent énormément. J'apprécie ces échanges noctures. Je me marre un peu de voir comment en trois heures, il s’est fait complètement aspirer par Lily coquine. La maison ressemble un peu plus à quelque chose. Il se remet à travailler sur ses contrats en attente et je regarde un peu de télé, vannée. L’heure du crime sonne, je le pousse vers la chambre. Minuit c’est déjà trop tard pour se coucher. J’entre dans la chambre et je l’entends me dire dans mon dos :

- Oh! Pis j’ai oublié de te dire, la cerise sur le gâteau! Elle a pissé dans le lit!
- Quoi!?!?!?!
- Ben oui, pendant que je la changeais pour le bain, elle a filé dans le coin, s’est assise m’a regardé a fait « aaahhhhh » et j’ai vu appraitre une grosse flaque de pipi!!!
- Mais, mais, tu l’as laissé faire!
- Ben, en fait, elle a été pas mal plus vite que moi! J'ai pas pu faire grand chose!

Je tâte le drap trempé. Je respire un grand coup pour ne pas m'énerver.

- Mais!!! Et t’as laissé ça de même!
- Ben rendu là j’en pouvais plus, pis c’est juste du pipi de bébé, je l’ai couchée et je t’ai attendue...

Le super pipi a traversé le matelas. J’en reviens juste pas. Je le force à retourner le matelas, pas le choix, on va pas remettre des draps propre sur un matelas humide!!! Ça a beau être du pipi de bébé, je suis légèrement écoeurée! Une demi-heure plus tard, on finit par se coucher au sec et dans des draps propres. Cependant lorsque l'on a un homme dans son lit, cela ne veut pas dire que le sommeil est gagné…

Candlelight

Vol de nuit

Vol de nuit

Corps soudés en une seule unité, il se dégage de son étreinte et chuchote : « Tu fais sortir la bête en moi! ». Elle lui sourit, complice, elle caresse son front perlé de gouttes de sueurs. Elle se colle contre lui, sensible, elle laisse courir ses mains sur sa peau. La nuit silencieuse les enrobe d’étoiles. Elle se love contre sa masculinité érigée.

La passion les emporte dans des élans musclés. La nuit s'éclaire des vibrations de leur chair. En des cris étouffés, ils s'enflamment d'un même feu. Les sens comblés, il se laisse retomber sur l’oreiller en soupirant : « Ah! C’est si bon de faire l’amour à sa femme! ».

mardi, novembre 28, 2006

Poésie humaine

Attirée par les beautés imagées de Yann Arthus-Bertrand, je m'arrête par là. Je suis quelques-unes de ses pistes virtuelles. Éveillée, je parcoure ses espaces de long en large et j'attrape ces mots dans ma toile...

J’ai regardé au loin.
J’ai vu quelque chose qui bougeait.
Je me suis approché.
J’ai vu un animal.
Je me suis encore approché.
J’ai vu un homme.
Je me suis encore approché.
J’ai vu que c’était mon frère.

Fable tibétaine

lundi, novembre 27, 2006

Coté papilles

Coté papilles

Quiconque me connaît un peu sait à quel point je ne suis pas la cuisinière de service. Heureusement que Juan m’a mariée avec l’accord de se mettre aux fourneaux! Mais voilà, les années passent, je deviens mère dans ma petite maison de galets et je désire montrer un certain exemple à ma fille. Sans croire que je deviendrais jamais une « as » des casseroles, au moins qu’elle ne me pense pas trop « manche » de la chose et connaisse le goût des repas fait maison!!! Y'a pas à dire un enfant cela transforme la vie! Jj’ai confectionné de très bons gâteaux au chocolat à l’occasion de sa première fête d’anniversaire. Je manipule de plus en plus de légumes. Ma féminité transite. Bref, je me déniaise un peu avec l’âge.

En passant chez Martine je suis tombée sur sa recette de purée de chou-fleur qui me semble parfaite pour ma petite puce ensoleillée. Comme je fais cuire du chou-fleur depuis quelques semaines déjà et que je me suis découverte un certain goût pour la chose, voici une recette qui me met à l’aise, en plus c’est avec du lait de coco et je raffole de cette saveur d’ailleurs. Une recette facile et à ma portée, ni une, ni deux, je me lance...

Je ne peux m’empêcher de ne pas suivre la recette à la lettre, je me tourne vers du navet et j'ajoute quelques touffes de brocoli à la recette originale, mais j’en conserve les grandes lignes. Au final Lily-Soleil a bien aimé l’expérience, l'homme ne s'est pas plaint non plus, il va falloir que je me relance…

Purée chou-fleur navet et brocoli

Je cuisine donc un peu plus chaque semaine, j'ai commencé par m’amuser à faire des muffins étranges à l’homme qui n’en peut plus de mes expériences santé. Il me tend des perches en achetant les ingrédients de la recette qu’il désire. Comme je fais semblant de ne pas comprendre, il s'exprime de plus en plus clairement puis il finit par exiger de simples muffins aux pépites de chocolat! Il me harcèle:

- Allez, fais pas un truc avec plein de graines, de la farine d’épeautre où je sais pas trop quoi de bizarre, j’voudrais juste des muffins tous simples avec des pépites de chocolat, pas besoin d’y mettre de la banane, genre super normal…

Je le taquine :

- Oh! Mais t’es pas le fun, regarde j’ai trouvé une super recette de muffins chocolat courgette!!!

Il ne rit pas du tout, il désespère. Presque inquiet, il insiste :

- Allez juste des muffins super normaux, avec juste de la farine blanche pis des pépites de chocolat! Pis ça tombe bien j’ai acheté des pépites et de la farine exprès pour dessert!
- Tu en veux pas des tout chocolat?
- Noooonnn, je veux le plus normal au Canada, des mufffins aux pépites de chocolat, et pas des pépites au chocolat noir! Juste du chocolat normal...

Au bout de quelques jours je capitule. Je lui prépare ses muffins. Je le vois qui me surveille du coin de l’œil, pas tout à fait rassuré…

- J’ai trouvé une super bonne recette française!
- Mais les muffins, c’est américain!!!
- Justement, c’est une recette française de muffins américains! J’te jure que la recette fait plus envie que les américaines, la façon de faire est plus précise, cela sent la pâtisserie d'expérience…

J’enfourne le moule. Quelques minutes plus tard, une douce odeur de gâteaux embaume la cuisine. L’homme est aux anges. Ces muffins se révèlent excellents pour les papilles mais pas très bons pour la ligne!

Aujourd’hui la matinée brumeuse me donne des envies crémeuses, branchée sur des concepts minceurs, je vais essayer de me diriger en cette direction même si ma gourmandise me pousse vers ce coté culinaire du même concept laitier. Je résiste. Des oeufs au lait, à l'ancienne, une bonne recette de Mère-Grand, c'est ce qu'il y a de plus simple et de moins gras...

Je m'accroche à mon idée. Ah tiens, quelle bonne idée, un peu de courgette dans mon flan? La courgette se mélange vraiment à toutes les pâtes! Pour la pratique cuisine de ma semaine: une premier essai de recette traditionnelle puis peut-être un petit virage coco "loco"..

Prêts pour une nouvelle semaine

Prêts pour une nouvelle semaine

Dimanche nuit, la petite endormie, la maison propre et rangée, petite insomnie. Pour chasser mes ombres je profite, le coeur bien au chaud, du silence nocturne de la maison. Je laisse couler les minutes. Dans la pénombre du salon, j'entends les ronflements de l'homme qui me parviennent par la porte entrouverte de la chambre. Je pense à lui avec douceur d'esprit.

La sensation de travailler en équipe, d’harmoniser nos forces pour se débattre du quotidien le plus sereinement possible. L’amour flotte entre deux sourires, il s’épanouit dans le contrôle de nos humeurs l’un envers l’autre. L'amour dépasse frustrations, énervements, soucis, fatigues pour tisser la toile solide d'une relation humaine. L'amour comme une puissante énergie invisible qui renforce l'être individuel.

Tous les jours d’une semaine ne sont pas roses, il faut sans cesse traverser toutes sortes d’obstacles plus ou moins rudes. Pour quiconque, il y a des semaines plus difficiles que d’autres, des journées qui coulent plus ou moins bien, des heures plus ou moins troubles. Le seul pouvoir que nous avons sur notre destinée n’est-il pas de se tenir le plus en équilibre possible avec le fil de sa vie bien tendu entre ses mains?

samedi, novembre 25, 2006

Humeur video du jour

Humeur video du jour

En errance sur Youtube, je me branche sur Zazie et son loup, je passe par Anais, Camille, Florence K pour ensuite bifurquer vers le passé et me laisser attirer par l'aura magnétique de cet être musical qui a si souvent hanté les nuits psychédéliques de ma vingtaine montréalaise.

Jim, fantôme fantasque de mon imaginaire survolté. Ténébreuse beauté. Mystérieuse bête de scène. Lézard Rock&Roll. Sorcier sexuel. Poète maudit. Fantasme romantique de mon esprit envoûté.

Juan fredonne les mélodies que je déguste du bout des yeux, il entraine bébé dans la danse et lui explique entre deux élans:

- Ah! Maman chante! Tu sais, maman elle est encore un peu amoureuse de Jim! Une ou deux fois par année, elle ressort les vieux bibelots de sa mémoire. Ça lui prend comme ça, d'un coup, ça vient puis ça passe...

Des humeurs de Jim

Chapitres d'enfance

Chapitres de petite enfance (première série)

Tôt ce matin, sous un grand soleil, le gel scintille et s’accroche à la pelouse de plus en plus pâle. Tout doucement l’hiver s'installe. Avec la nuit qui tombe vers quatre heures de l’après-midi, je débute sereinement mon processus d’hibernation. L’hiver sera long. Je m’en ferai un cocon. Une bulle chaude où retrouver mes forces, sculpter ma chair, aiguiser mes neurones, effacer quelques traumatismes et accueillir le printemps prochain régénérée. Pour de nouvelles aventures…

Cette bulle d’hiver hébergera aussi ces moments privilégiés avec Lily-Soleil. L’année qui s’écoule entre la première et la deuxième année de vie d’un enfant est si douce, si riche de cet ébahissement continu, si vibrante de cet apprentissage permanent. Malgré les caprices qui se dessinent et les colères impulsives, elle me fascine. Malgré les contraintes, j'adore assister à ce cheminement de la petite enfance. C’est une année pleine de gestes d’affection. Rassurer, guider, éduquer, aimer. Tout un programme...

Lorsque je donnais des cours privés, mes élèves me trouvaient sévère, cool mais sévère. Je retrouve avec ma minifille ce subtil équilibre. Je la découvre relativement obéissante pour un petit être avec lequel il est impossible de raisonner vu l’absence évidente de communication verbale. Pourtant, elle commence à comprendre certains interdits, elle teste les limites permises, elle les défie, l’œil brillant avec un petit sourire rebelle sur les lèvres. Jour après jour, le début de son « Savoir » personnel se forme, elle associe mot et objet, discerne les concepts du quotidien, essaie d'articuler en phrases ses émotions. Je ne comprends encore pas grand chose de son charabia, ce n'est pas grave. Entre elle et moi, une relation se créée.

Soleil-de-Lily

Au fur et à mesure qu’elle comprend son environnement elle collectionne les bêtises. C'est aussi comique qu'usant! Sans compter qu'elle cultive l'art de foutre le bordel dans une maison rangée! C'est particulier comment un petit enfant peut drainer l'énergie adulte, parfois j'ai presque l'impression qu'elle est comme une pile Energiser qui se recharge sur mon courant. Lorsqu'elle est en mode bêtise, même si c'est énervant, il est souvent difficile de ne pas en rire, de ne pas s’attendrir, de rester ferme et constante. Parce-que je le sais, du fin fond de ma tête, si je plie trop, je suis foutue! Chez nous l'enfant est le prince, pas le roi! Même si nous ne l'avons jamais laissée pleurer durant sa première année, toujours à son service pour un minimum de frustrations inutiles, maintenant qu'elle devient fillette, qu'elle marche, qu'elle prend conscience de ses faits et gestes, une certaine discipline doit se joindre à l'équation éducative.

Présentement, son plus grand plaisir est l’eau. Jeter des trucs dans le bol de toilettes. Tremper ses jouets dans la gamelle du chien, la renverser. Essayer d’aller mettre les pieds dans le lac sans une seconde se demander s’il est gelé. « Hé, Chanelle, elle y va bien y mettre les pattes, alors pourquoi pas moi aussi d’abord! ». Il paraît qu’elle n’a que des signes d’eau dans sa carte du ciel, je ne sais pas si ce sont les planètes qui agissent sur ses pulsions mais cet enfant est définitivement attirée par l’eau. Déjà, cet été, tout petit bébé, elle barbotait sans peur, sans cri, toute en sourire…

Cette semaine, à noter dans le chapitre des premières bêtises : la dégustation de crème pour fesses! Mademoiselle a, dans mon dos, récupéré un tube de pommade de zinc qui traînait (bon je sais c’est de ma faute) pour, sans un bruit, l’ouvrir et s'en délecter les babines! Son silence m’a vite fait me douter de quelque chose. Un bébé qui ne fait pas de bruit fait sûrement une connerie! Combien j’ai dû me retenir d’éclater de rire lorsque je l’ai trouvée avec de la crème plein la figure, les mains toutes blanches et ce petit air contrit d’être pris en flagrant délit, si irrésistible! Entre deux sourires et une pincée d’inquiétude, je l’ai quand même un peu grondée (et j’ai appelé la pharmacienne pour être sure que c’était sans conséquence)…

Même semaine, autre page, chapitre des colères, Mademoiselle Soleil essaie d’attraper un chat peu coopératif. Le chat se cache dans l’interstice entre le frigo et le mur. Elle tend la pain, pousse le pied, elle voit le chat mais n’arrive pas à le toucher. Ça l’énerve! J’observe son petit manège, sans intervenir. Elle se contorsionne, grogne, pousse, insiste, arrive à passer une jambe, une fesse et l’épaule malgré l’étroitesse de l’endroit. Elle s’enfile une partie du corps mais la tête coince! La tête refuse de passer! Comme elle ne veut pas se faire mal, elle commence à crier un peu et essaie d’un autre coté, même principe, le corps passe mais la tête est trop grosse! Elle commence à sérieusement frustrer. Je l’observe sans rien dire, attentive, tout en faisant semblant de lire un magazine, après tout c’est sa vie, il faut qu’elle l’expérimente.

Elle s’acharne encore quelque minutes avant de crier, de plus en plus en colère, de plus en plus véhémente, c’est à ce moment là que j’interviens : « Lily-Soleil arrête tes comédies, y’a pas de place, tu es trop grande, tu peux pas aller là, laisse le chat tranquille, il va sortir tout seul. » Je lui parle calmement, doucement mais fermement. Elle lève la tête, me regarde, chouine un peu et s’exprime en son langage codé. Je lui explique que je compatis, que c’est plate, mais que c’est comme cela, on n’y peut rien. Je sens qu’elle écoute le fil de ma voix, sans être certaine de ce qu’elle y comprend, je poursuis mon discours, ce qui lui suffit pour qu'elle oublie cette idée saugrenue de se coincer la peau entre le frigo et le mur!!! Le chat en profite pour se sauver, la crise passe...

Au chapitre développement, ses dents sortent de tous les cotés, molaires, incisives, cela bosse, cela rougit, cela pointe. C'est pas tous les jours drôle!Ses cheveux, châtain clair, poussent en boucles de plus en plus définies. Elle s'amuse souvent à remplir et à vider des contenants de toutes sortes. Elle mange de plus en plus comme nous. Ce matin, nous nous sommes régalées de crêpes amoureusement préparées par l'homme de maison. Elle partage toujours un peu avec Chanelle en rigolant toute seule. Elle arrive à manger avec une cuillère, c'est pas encore concluant, très fière de son exploit, elle maitrise cependantde mieux en mieux le mouvement. Elle arrive presque à courir, ou tout du moins, elle s'y essaie. Elle sait s'assoir comme une grande dans son petit fauteuil. À part quelques petits soucis de peau sensible, la petite fille en devenir grandit à vue d'oeil...

Miss-BordelLily-SoleilHugging-her-toysSage-LilyIn-Motion

vendredi, novembre 24, 2006

Reprendre du poil de la bête

Cette semaine, un classique...

EXPRESSION
« Reprendre du poil de la bête »

SIGNIFICATION
Aller mieux après avoir été très malade.
Reprendre l'avantage sur un adversaire après avoir été en situation de faiblesse.

ORIGINE
A l'origine, cette expression avait un sens plus restreint, puisqu'elle voulait dire 'chercher le remède dans ce qui causé le mal' ou 'chasser le mal par le mal', venu de la croyance répandue que les poils de la bête qui venait de mordre permettaient de guérir la plaie.

jeudi, novembre 23, 2006

J’ai mal à mon lac

J’ai mal à mon lac

Blue-Zen

Au Québec, l’eau est une partie importante de ce qui fait notre patrimoine collectif. Il y a plus d’un million de lac en notre belle province. La majorité se cachent dans le Grand Nord en des territoires plutôt inhospitaliers, ce qui a le mérite de les protéger (même si plusieurs mines et autres projets d’industries affectent sérieusement plusieurs cours d’eau). Dans le sud du Québec, nos plans d’eau se dégradent à vue d’œil. Il faut se rendre à l’évidence, il coure en nos contrées un mal insidieux qui se prénomme ignorance. Un mal qui fait des ravages. Faut-il penser que l’indifférence est en train de se joindre à l’ignorance pour composer ce dangereux cocktail qui, à long terme, empoisonnera la majorité de nos lac habités?

Dans la partie industrialisée du Québec, il est de moins en possible de boire l’eau de nos lacs. La nature se fait dévorer par les excès de notre société. Si l’on ne fait rien pour changer le cours des choses actuelles, cette nature qui fait la fierté de notre patrie et la pureté de ses paysages, dignes des meilleures cartes postales, ne seront plus que des publicités mensongères pour touristes crédules.

Entre les coupes à blanc, la pollution des grandes cités humaines, l’agriculture menée selon des concepts industriels, l’extinction des espèces, les bélugas malades, l’étouffement des lacs et la fonte du Grand Nord, ne doit-on pas se poser les questions suivantes? « Quel est l’impact de notre mode de vie sur notre environnement? Quel environnement désirons-nous laisser à nos enfants? Que pouvons nous faire à notre échelle? »

Ce qu’il est bon de savoir sur les lacs

Un lac n’est pas juste une cuvette d’eau que l’on peut impunément transformer en un terrain de jeux pour adultes insouciants. Un lac peut se comparer à un cœur. C’est un organisme vivant qui est le résultat d’un bassin complexe. Des millions de rigoles forment les veines qui le nourrissent. Sa bande littorale est son muscle cardiaque. L’eau peu profonde qui borde ses rives est l’habitat de 80% de sa population aquatique. La majorité des poissons utilisent cette bande littorale comme une garderie, c’est là qu’ils élèvent leurs petits.

Chaque "cœur de lac" a deux pulsations cardiaques par année, l’une au printemps et l’autre à l’automne. Cet automne, dans le sud du Québec, des dizaines de lac ont eu des petits malaises cardiaques. Petits malaises causés par le stress qu’on leur impose. En effet, notre mode de vie moderne stresse les lacs qui nous apaisent! N’est-ce pas l’ultime ironie? Il est bon de se rendre compte que même si l’on a le pouvoir de tuer un lac en une poignée de générations, il est encore plus facile de tuer le plaisir paisible qu’il peut nous offrir. Malheureusement, transformer un lac innocent en un puéril terrain de jeux est d’une simplicité enfantine puisque le gouvernement impose si peu de réglementations sensées. Un gouvernement actuel si laxiste sur le sujet qu’on pourrait presque croire qu’il s'en lave les mains.

Ainsi chaque lac, chaque réservoir d’eau potable a besoin de notre conscience civile. En tant que citoyens avertis, il est de notre responsabilité morale de protéger cette richesse commune en prenant les mesures nécessaire pour assurer sa pérennité. Nos lacs se détériorent, il y a urgence! Nos actes présents détermineront la nature de demain.

Qu’est-ce qui menace nos lacs ?

Plusieurs facteurs se conjuguent pour agresser un plan d’eau. Il y a, la déforestation qui fragilise énormément les lacs comme c’est le cas pour plusieurs situés dans les Laurentides. Il y a, l’agriculture moderne qui n’a plus rien d’ancestral et qui, par un mode de surproduction, rejette des doses massives d’engrais et autres éléments nocifs dans la nature qu’elle exploite. Il y a, les pluies acides qui ne sont pas prêtes de s’arrêter de tomber vu l’expansion du parc automobile au pays. Il y a, le déboisement massif des rives habitées qui nuit au bon fonctionnement des filtres naturels. Il y a, les bateaux, de plus en plus gros, de plus en plus puissants, de plus en plus nombreux qui brassent les eaux sans se préoccuper des conséquences de leurs vagues. Il y a, selon les contextes, des fosses sceptiques qui fuient, des égouts qui débordent, des habitudes de vies généralement nocives à la bonne santé de nos lacs.

L’avenir est entre nos mains.

Malgré des bilans de santé souvent médiocres, avec de bons soins et de la bonne conscience, un lac peut guérir. Pour le soigner, il suffit de diminuer l’apport des phosphores. Il est important de prendre les mesures adéquates pour ce faire, car en quelques générations seulement, il est possible d'inverser la vapeur. En faisant évoluer nos mentalités, l’on peut sauver un lac pour le rendre intact aux enfants des siècles prochains. Chaque personne a le pouvoir d’agir à sa petite échelle. En unissant les forces et les esprits, il est permis d’espérer des changements positifs pour tous.

Au cours des dernières années, le gouvernement a peu à peu laissé tomber ses programmes de préservation des lacs. Il ne semble pas vouloir faire de notre nature une priorité. C’est donc au citoyen d’agir, c’est à lui de se démener pour se faire entendre, de se battre pour ce qui lui tient à cœur. Partout au Québec des associations se regroupent pour lutter contre l’ignorance populaire, pour forcer les administrations à bouger. Petit à petit, l’espoir renaît sous forme d'étincelles humaines…

Lake-AttractionA-Beautiful-Day

Enfant d'eau

Enfant d'eau

Un bambin aux astres sensibles conçu au lac, né en ville, élevé au lac. Une petite Scorpionne, à l'ascendant Cancer avec sa lune en Poissons, découvre ses différents univers, pas après pas, elle grandit. Petite fille aux signes remplis d'eau si facilement attirée par les reflets azurs d'un lac paisible...

Enfant-d'eau

Une pensée, un espoir, que les enfants de demain ne se fasse jamais la guerre pour assouvir leur soif d'eau potable, denrée de plus en plus rare. Que les adultes d'aujourd'hui chassent leurs ignorances avec coeur et conscience, qu'ils protègent les natures en péril. Que l'égoïsme crève de faim. Que l'espoir engendre un monde meilleur...

lundi, novembre 20, 2006

Flou volontaire

Flou volontaire,

Je navigue sur la blogosphère en pratiquant une sorte de flou volontaire. C'est un concept abstrait d'où je tire mon épingle de chignon. C'est un peu comme sur certaines photos où l’on met le focus sur un élément de l’image et le reste se fond dans un flou ambiant. Ici, c’est un peu le même principe. Chaque billet qui s’inspire du laboratoire de ma vie est une lumière sur un élément choisi et je laisse consciemment le flou s’emparer du reste de l’image. Suis-je claire? Je ne sais pas si cela est possible lorsqu’on veut décrire ce qui est flou.

Cela ne me dérange pas que des gens de ma connaissance proche ou lointaine sachent l’existence de cet endroit virtuel. Mes mots s’envolent en toute liberté. Je n’ai rien à cacher en cet atelier d'écriture. Je dévoile ce qui me tente et j’assume ce que je dévoile. Ensuite, tout est dans l’interprétation de celui qui attrape ces mots, interprétations qui ne sont plus de mon ressort. Je joue avec la langue à ma guise, j’explore l’invisible des pensées partagées, je badine, je médite, je dessine des tableaux de mots au fil de mes humeurs, en fait, je ne fais que tisser mon petit bout de toile…

Au cours des années, j’ai eu l’occasion de faire quelques sympathiques rencontres «bloguesques», sans jamais le regretter. Toutes les personnes que j’ai eu l’occasion de connaître via ce carnet virtuel ont, d'une façon ou d'une autre, enrichi mon univers par l'échange amical de points communs ou de différences. J’espère en rencontrer d’autres la prochaine fois que je sortirai de ma tanière pour aller « montréaliser » ma réalité. Il y a aussi quelques visites que j'aimerais faire et quelques visiteurs qui devraient finir par trouver le chemin de mon antre. Même si je ne pense pas sortir Etolane aux soirées de blogueurs officielles, il me plait de rencontrer ces personnes qui se cachent derrière l’écran autour d’un café et de réelles conversations…

Mais je désire aussi garder cette subtile (illusoire) distance virtuelle qui me permet d’exister en toute tranquillité. C’est pourquoi je brouille un peu les pistes sans pour autant les effacer. Et c’est pourquoi je ne ferais pas de d’hyperlien direct entre le blogue associatif auprès duquel je collabore au réel et mon jardin de mots cultivés avec passion. Par contre, si quelqu’un est intéressé à en savoir plus sur l’association en question, il est tout à fait possible de communiquer avec moi par courriel.

Sur-le-lac
Décembre 2004 - Talon sur glace

De retour en cette nouvelle semaine de novembre 2006, après des records de douces températures, la nuit a déposé un voile de neige sur la nature qui s’endort pour l’hiver. C’est la deuxième bordée de l’automne bientôt achevé. L'hiver s'approche à petits pas, presque timide, ce qui n'est pas dans son naturel...

Devant moi, la liste des tâches à accomplir cette semaine. Plusieurs sont d’ordre intellectuel, d’autres sont pratiques ou même esthétiques, rappels de choses à faire, petites lignes qui organisent les idées actives sans arriver à les discipliner. Parfois j’ai l’impression que d’une semaine à l’autre, je recopie plus ou moins la même liste de tâches à effectuer. Ce qui veut dire que j’ai raté certains objectifs ou que je surestime mes capacités d’actions! Une semaine après l’autre, tirer un trait sur ces lignes qui décrivent les choses accomplies et se dire qu’à force d’essayer, on finit quand même par atteindre un soupçon d’idéal.

Un bébé qui trottine de droite à gauche en babillant gaiement, une routine à respecter et le temps qui m'évapore…

vendredi, novembre 17, 2006

Ciel lourd d'une sourde colére de nature menaçante.

Ciel lourd d'une sourde colére de nature menaçante.

Vendredi-grisou

Plus impressionnant que méchant, un ciel capricieux teinte le lac de ses humeurs sombres. Un ciel empreint de menaces invisibles qui accepta cependant de laisser percer quelques touches de lumières divines avant que la nuit n'avale son jour...

Un vendredi sur la terre,

Un vendredi sur la terre,

À l’aube, des giboulées nerveuses, aussi bruyantes qu’éphémères éclaboussent le paysage. Juan part au bureau. Bébé et ma pomme faisons un petit somme. L’on émerge, fraîches comme des roses, en milieu de matinée. La température dépasse alors les 15 degrés. Pas un souffle de vent ne remue l’atmosphère humide. J’ouvre les fenêtres. L’air circule librement dans la maison.

Petit bout se promène d'un bout à l'autre de nos cinq pièces. En moins d'un mois, elle est passée des petits pas vacillants à gambader de la sorte. Je l'observe tendrement. La vitesse à laquelle un bébé apprend peut parfois me laisser bouche bée. Coup de fil de la présidente de l'asso qui est satisfaite de mes services (ce qui me réjouit), le blogue de l'asso prend bonne forme. Il parait que l'un des élus y fait quotidiennement un tour et se pose quelques questions sur ma pomme! Ce nouveau blogue est définitivement un bon moyen de communication, d'information et de sensibilisation. J'ai, à ce sujet, un article de lac qui me trotte dans la cervelle. Avec un peu de chance, j'aurais un peu de temps cette fin de semaine pour le mettre en page.

Faire diner minipuce, passer un coup d'aspi, jouer, ranger, changer la couche, biberonner, poupouner, cajoler, surveiller, changer la couche, expliquer, plier, au fur et à mesures de la routine ménagère je regarde dehors. Le ciel, bas, se décline en une multitude de gris qui s’éclaircissent au fil des heures qui s’écoulent.

En début d'après-midi, j’habille ma progéniture, j'enfile un pantalon. Quelques bourrasques effraient la pluie qui ne semble pas être d’actualité aujourd’hui. Chanelle en éclaireur, nous parcourons la centaine de mètres qui nous sépare de la plage nichée au coeur du village. Une fois arrivées à bon port, Lily-Soleil se dandine sur le sable humide. Elle s'échine à trainer sa poussette dans le lac paisible, je guide la ronde et tourne le manége de l'enfant. Dès que je me détourne, elle file en direction de l'eau. Le lac frissonne sous des petits vents tièdes. Il n'y a personne d'autre que nous pour profiter de la douceur de ce caprice d'automne.

LilooGambaderP'tit-BoutStanding-FirmLily-So-II

Je respire à plein poumons. Il fait si doux qu’on en a presque chaud! Comme le soutient la chaîne météo, l’on est définitivement au dessus des normales saisonnières! Ce qui n’est pas pour me déplaire mais a un peu tendance à m’inquiéter! Dans quel climat vivront les générations futures? Le lac fonce et se froisse sous la cavalerie de nuages qui n’en finissent pas de traverser nos contrées. Est-il inquiet de son sort? Le regard perdu dans l'horizon menaçant, j'aspire des secondes limpides. L’espoir d’un rayon de soleil ne semble pas vain. Nous prenons le chemin du retour, chien, poussette, femme.

La lumière est spectrale. Tout est si calme. Le village semble oublié des hommes. Le silence a la texture de la paix. En arrivant chez nous, le ciel s’ouvre sur quelques rayons de lumière qui transpercent le jour lunaire. C’est le temps d’une escapade en notre arrière bois. Quelques tours de balançoire plus tard, un plein soleil se joint à nous. Durant une quinzaine de minutes, ses caresses lumineuses réchauffent nos visages. Pour la première fois de cette semaine, le soleil nous fait l'honneur de sa présence. L’enfant commence à fatiguer. L’on en profite encore quelques instants avant de rentrer s'encabaner.

Arrière-boisRoche-de-baleine

Une fine bande de ciel bleu se faufile dans l’horizon qui grisonne, quatre heures sonnent à l’horloge. Je jette un dernier coup d'oeil par la fenêtre. Le soleil se couche derrière les nuages opaques qu’il colore subtilement. La nuit approche. Dans sa chambre, une petite fille aux yeux rouges de fatigue est quelque peu récalcitrante à l’idée de devoir se coucher…

jeudi, novembre 16, 2006

Rouler des yeux de merlan frit

Voilà encore une expression que j'ai fréquemment entendue durant mon enfance mais que j'interprètais principalement selon l'angle de la surprise plutôt que de la peur. Il semblerait donc, si j’en crois cette définition, que je "pédale un petit peu dans la semoule"! Hum...

Enfin il me reste la justesse de la stupeur et je vais, de ce fait, insérer l'effroi à la texture interne de cette expression-ci. Bien que si j'y pense, en remuant cette expression dans une soupe de neurones agités, ce sens d'épouvante est loin d'être fou!!!

EXPRESSION
« Rouler des yeux de merlan frit »

SIGNIFICATION
Avoir un regard effrayé ou étonné, les yeux grands ouverts.

ORIGINE
Qui a fait déjà griller un poisson à la poêle a pu constater que cette pauvre bête, bien que n'étant plus trop en état d'avoir peur ou d'être étonnée de son sort, a en général la bouche ouverte et, surtout, les yeux sortis des orbites et ressemblant à des billes blanches. Il n'est donc pas très étonnant que, vers la fin du XIXe siècle, des gens se soient amusés à comparer quelqu'un ouvrant des billes rondes d'effroi ou de stupeur à un merlan frit.

EXEMPLE
« Il m'a regardé alors avec des yeux de merlan au gratin et s'est immédiatement fait disparaître. » Léon Bloy - Le désespéré

mercredi, novembre 15, 2006

Humeur Vidéo

Humeur Vidéo du jour...

Une atmosphère de bruine absorbe ce mercredi gris, mon humeur tangue entre ceci ou cela, ou peut-être ça, à moins que je ne penche pour celui-ci! Finalement je me décide pour Charlotte! Un petit pied de nez à l'homme de mon coeur qui n'est pas fan des susurres de la donzelle et qui refuse que je l'écoute en sa compagnie. Tant pis pour lui parce-que mon humeur du jour est aux douces susurres! Et j'en profite pour lancer un clin d'oeil complice à Jolie Mama Candy...


mardi, novembre 14, 2006

Mardi pluie…

Mardi pluie…

Entre deux ondées, une petite excursion extérieure avec ma demoiselle Soleil. Accrochée à mon doigt, elle marche sur la rue, comme une grande, un peu plus loin chaque semaine. L’on s’arrête devant notre chalet d’antan, devant cette cabane où elle fut fécondée et couvée au creux de ma chair. Elle veut s’en approcher. Intuition? Reconnaissance? Curiosité? Nous avançons dans notre ancienne allée avant de faire demi-tour pour retrouver l’asphalte mouillé.

C’est étrange d’être à quatre pas de son ancien chez soi. Ce n’est plus chez nous et pourtant nous y avons tellement vécu qu'il se cache beaucoup de nous entre ses lattes de bois. Nous y avons pas mal grandi, un peu vieilli. Je ne regrette pas ses 30 mètres carrés d’espace, sa salle de bain microscopique, son toit qui coule. Notre nouvelle maison est beaucoup plus fonctionnelle pour l’embryon de famille que nous sommes. Mais, il m'arrive parfois, de regarder les fenêtres du chalet avec une tendre nostalgie…

Je voudrais pouvoir étirer le temps pour arriver à faire tout ce que j’ai sur mon agenda de tâches. Je n’y arrive pas. Je dois faire avec ces quelques plages de siestes pour m’occuper des miettes de ma vie active. Et me voilà officiellement rédactrice du nouveau blogue de l’association pour la protection du lac! En parallèle du comité, je me retrouve avec une certaine responsabilité au sein de l’association, quelques réunions, quelques obligations. Le téléphone sonne, des visiteurs trouvent ma porte alors que je suis encore en liquette crasseuse, le chignon à moitié défait! Heu? Je fais comment pour étirer le temps (et me laver!)?

Hier fut une journée particulièrement intense pour la mère en apprentissage que je suis. Mademoiselle Soleil en pratique de rébellion avait décidé de tester mes limites. En une journée, elle m’a avalée le temps tout entier pour le transformer en une longue rengaine de discipline! Yerk! Pas cool la mère! Après s’être couchée tard samedi pour avoir passée la soirée avec son parrain, Mademoiselle a explosé ma routine bien huilée. Plus question de dormir! Les siestes? J’en veux pas de tes siestes! Un rythme? Ça sert à rien! Et je mangerais des croquettes des chats si je veux!!!

Bébé-mandarine-ILittle-Monster-Love

Je vois avec sa nouvelle année, un nouvel éveil qui m’émerveille, ce n’est plus tant un bébé qu’une petite personne qui se dessine. De plus en plus consciente de son environnement, de plus en plus volontaire, de plus en plus automne, elle tâtonne les bases que notre éducation. Éducation plus ou moins pensée, en principe élaborée, mais pas vraiment rodée. Le but ultime étant l'équilibre de l'être aimé...

Mademoiselle Soleil cherche de plus en plus à interagir avec ce tout qu’il l’entoure. Elle cherche à comprendre. Elle assimile. Je vois les prémices de son langage se mettre en place. Elle cherche à imiter les mots, son babillage empli d’intonations et de pauses ressemble de plus en plus à de véritable conversation. Sa langue un peu chinoise sur les bords avec des touches d’Inuit et de latin primitif m’amuse. C’est une curiosité pour mes oreilles ouvertes.

C’est une enfant plutôt calme, souriante, marrante, pas vraiment difficile, mais avec une tendance manifeste à lutter contre le sommeil. Depuis sa naissance, elle est vive et curieuse avec un intérêt minime pour le repos. Par la force des choses, c’est donc là que se bâtissent les fondations de notre éducation. L’éducation parentale! Ouf! En voilà une autre montagne à gravir! Dire que je n’en suis que sur les premiers plateaux, à peine consciente, sûrement naïve…

Étant de service à la maison, c’est sur mes épaules que repose, à la semaine, le bon fonctionnement de la chose. J’ai le rôle d’éducatrice à temps plein. Heureusement, les années passées à donner des cours aux enfants en difficulté m'offrent une certaine expérience du concept. Je sais les limites de ma patience, les degrés de ma fermeté et où se cachent les foyers de mon autorité. Je suis une main de fer dans un gant de velours dotée d’un cœur tendre et d’une cervelle tournée vers la compréhension et l’empathie. Dans le meilleur des mondes, l’on est tous parfait, sur Terre, nous sommes tous des humains inachevés en quête de l’insaisissable perfection.

Hier, Mademoiselle Soleil m’a entraînée dans un tourbillon de remises en questions parentales. Seule dans ma maison, à affronter mon petit monstre en action, je me suis sortie plutôt gagnante de l’épreuve mais passablement vidée! J’ai dû faire quelques compromis. Elle a finit par plier. Aujourd’hui, le rythme semble être de nouveau accepté, l’après-midi commence et elle dort comme un ange. Je crois qu’il est bon de respecter un rythme de sommeil pour son développement (et pour l’équilibre de mon esprit), lorsqu’elle est reposée, elle est souriante, douce. Lorsqu’elle est en mode adrénaline c’est: « Je dépasse ma fatigue, je croque à pleine dents dans la vie, je ne fais que ce que je veux!». Alors elle devient plus « chouineuse », une petite pelote de nerfs qui demande six bras et trois de yeux. Je ne veux pas devenir une mère cyclope avec un petit monstre accrochée à mes jupes! Alors mon éducation maternelle passe par la sieste obligatoire! Elle tourne autour de ce sujet, l’inscrit dans un style de vie, l’ordonne.

Par contre, je suis plutôt permissive sur ces petites choses de rien qui n’ont pas de conséquences. Je la laisse jouer avec le téléphone et la télécommande, je la laisse ouvrir certains tiroirs, fouiller leur ventre inoffensif et y foutre le bordel. Je la laisse mettre les journaux en miettes (tant qu’elle ne mange pas de papier). Sous ma supervision constante, je la laisse expérimenter différentes sensations, escalader, tirer, traîner, défaire. Puis je range, je ramasse et je me fais gober par le ménage…

Cependant malgré toutes les petites difficultés courantes, malgré un certain isolement, malgré une douce monotonie et malgré cette impression de nager à contre-courant, j’aime bien étudier sa progression, assister au cours de ses jours, accompagner ses premiers pas. J’aime être le guide de ses premières connaissances. J’aime apprendre à la connaître en profondeur au fur et à mesure qu’elle s’ouvre au monde. Je me compte chanceuse de profiter de la magie de ses secondes. C’est un chemin à deux voies. Semaines après semaines, je dois évoluer avec elle, m’adapter. Je crois qu’à long terme je regretterai moins les opportunités avortées de ma carrière professionnelle plutôt que de n’avoir pu partager cette période cruciale de son existence.

Deux grosses heures de siestes sereines pour une tranquillité d’esprit, pour une liberté momentanée de femme atrophiée, c’est peu demandé! Pour pouvoir tisser un cocon personnel où faire repousser mes ailes. Pour me rappeler qui je suis...

Un jour, Mademoiselle Soleil volera de ses propres ailes et d’ici là j’aimerais garder les miennes intactes. La dernière année les a, cependant, passablement abîmée. Je suis en mode organique. Je me reconstruis la vie. Mais il y danger. Le danger est de se couper du monde, de se couper des autres. Je sens la bulle m’enfermer. J’y ouvre des petites fenêtres. J’y respire l’air d’ailleurs. La blogosphère est une petite fenêtre pour ce faire.

Cette façon de vivre est un choix personnel que j’assume même durant les heures périlleuses où je rêverai d’être ailleurs pour ne pas vivre la minute difficile de discipline et de rigueur. Car malgré toutes les petites difficultés de la vie courante, j’aime bien m’accomplir de ce rôle précieux de mère à temps plein. J’aime la voir évoluer, progresser, s’affirmer. J’aime apprendre à la connaître au fil des jours qui s’effacent. J’avoue être réfractaire à l’idée de l’envoyer en garderie, même si une partie de moi désire retrouver les rennes de sa vie individuelle.

J’ai l’âme trop bohème. Je suis incapable d’accrocher à ce rythme matériel qui est l’essence même de notre monde moderne. J’ai la cervelle rebelle et je veux discipliner ma fille! Pour qui je me prends!?! Cette idée est souvent d’actualité dans mes remises en questions maternelles. Celle-ci et plein d’autres qui s’enchaînent, s’entremêlent, se lient et se délient autour du noyau de ma conscience raisonnée.

Mais voilà déjà presque une heure de passée! Le libre silence de la sieste de l’enfant n’en a plus pour longtemps et j’ai, sur ma planche, une liste de pains divers à enfourner. Je file pétrir un peu de pâte avant de reprendre en main mon rôle actif de mère au foyer!!!

lundi, novembre 13, 2006

L'autre

L'égoïste n'est pas celui qui vit comme il lui plaît, c'est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l'altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir.
Oscar Wilde

"L'enfer, c'est les autres", écrivait Sartre. Je suis intimement convaincu du contraire. L'enfer, c'est soi-même coupé des autres.
Abbé Pierre

Les mots que l'on prononce ne sont pas les mots qu'on écrit. Autre syntaxe, autre monde.
Pascal Quignard

Humer l'autre vérité en une phrase

Humer l'autre en une phrase

Lorsque l’on aime vraiment, sans calcul, sans égoïsme, sans malice, alors il est facile de percevoir la vérité de l’autre, cette vérité jaillie de son essence pure et profonde, cette vérité humaine née de l’essence intérieure de chacun.

vendredi, novembre 10, 2006

Retour dans le passé.

Retour dans le passé.
Un jour qui grave la mémoire


Il y a un an de cela, mon corps déformé par la vie menaçait de s’effondrer. Il y a un an de cela, une fine couche de neige recouvrait la rue devant chez moi. À peine le jour levé, ce 10 novembre 2005, j'ai perdu mes eaux, c'était une expérience bizarre. L'on ne s'est pas trop affolé. Nous étions prêts. Accompagnée de mon homme, chaussée de mes bottes de yeti, je suis allée chercher ma délivrance et rencontrer l'enfant caché en mon énorme ventre.

Lorsque je suis arrivée à la maternité, j’étais dans un tourbillon de sensations percutantes que je ne savais pas interpréter. Des vagues de contractions me fouettaient à toutes les deux minutes, j’étais en transe. En transe existentielle, le corps gonflé d’un petit bébé prêt à jaillir de mes entrailles.

Il était neuf heures du matin. J’ai accepté l’épidurale, chose que je regrette aujourd’hui. Je suis certaine que sans épidurale, j’aurais accouché en quelques heures, à moins que je n’aie pas tenu le choc! Dans le fond je ne le saurais jamais. Donc je me prends l’épidurale dans la face. Comme une locomotive qui t’aplatit sur ses rails. En quelques minutes, mon état de transe se transforme en un état végétal. Je suis devenue larve. Je suis même sure que je bave un peu tellement je suis paf, trop paf! Ce que je n’avais pas compris c’est que l’épidurale arrête les contactions, il faut donc les repartir chimiquement. L’une de mes veines, prise en otage, contrôle désormais mon état physique. À partir de ce moment là, l’excitation est retombée comme un soufflé raté. Il faut désormais attendre…

L’attente fut torturante. Interdiction de boire et cette soif intense qui me nargue, se joue de moi, m’emporte dans un désert aride où se dessèchent mes lèvres. Les minutes passent et je sens mon corps rebelle faire des siennes. Il m’emporte dans une série de convulsions des plus désagréables pour ne pas dire effrayantes! L’on se rend compte que la dose d’épidurale est trop forte. Je ne sens plus rien, inerte, je m’évapore. Juan, à mes cotés, est un phare dans la tempête qui emporte le moindre de mes sens. Je m'accroche. Les heures passent…

Une infirmière, avec de la jugeotte, pense que ma vessie trop pleine empêche mon col de se dilater, et hop, une petite sonde pour résoudre le problème. Dans ces moments là, on est heureuse d’être rendue végétale! L’infirmière avait raison, à partir de là, mon col se dilate à vue d’œil. Ouf! Je suis heureuse de ne pas avoir à le regarder en face ce maudit col! Je commence à ressentir une forte pression dans les hanches. Je comprends que le moment approche. L’épidurale n’est plus vraiment effective. Il paraît que je ne dois rien sentir. Ils veulent forcer la dose, je refuse. Non merci, je préfère sentir la douleur, vivre l’instant, plutôt qu’être perdue dans un coma éveillé! Je commence à avoir peur. Avec la douleur débarque la peur…

Je sens l’angoisse m’envahir au fur et à mesure que la pression dans mes hanches augmente. J’écoute battre le cœur du bébé. J’ai peur du moment où je devrai pousser. D’abord comment on pousse??? Je ne sais pas pousser moi, j’ai jamais poussé moi!!! Comme on dit ici : « J’ai la chienne. » Une douce infirmière qui m’a rencontrée durant mon suivi de grossesse est de garde. Son travail est mon cas. Elle voit mon âme chavirer et arrive à ma rescousse avec des mots doux et une voix posée qui m’enjoint de rêver. Elle m’entraîne dans une visualisation futuriste qui calme mon épouvante. Elle me pousse à imaginer le meilleur des mondes pour moi et mon enfant. Je m’imagine, bien dans mon corps, fine, libre, sur une plage des Caraïbes, je vois la mer turquoise, je sens le souffle des cocotiers, je regarde les petits pas de ma fille sur le sable. Je me baisse pour ramasser des coquillages avec elle, tout est doux, non loin, Juan nous observe, souriant…

Je me calme juste à temps pour entreprendre le contrôle de mes poussées. Le moment crucial est arrivé. La douleur est particulière, aussi forte que méconnue, je pousse. C’est affreusement dur, incroyablement sportif. Une autre infirmière m’explique l’Art de la chose :

- Tu prends trois grosses respirations, tu pousses pas, tu gardes ta respiration et puis tu pousses un gros coup quand tu relâches ton souffle, là tu pousses de toutes tes forces…

Cela me prend deux-trois fois pour comprendre le rythme, j'assimile le truc et je me concentre à cette périlleuse tâche. Je pousse comme une malade mentale. Je pousse avec l'appui de toutes les forces de ma volonté (car mon corps est réellement dans un état pitoyable). Je comprends bien que c’est là le moment clé, que si je ne pousse pas assez fort, le bébé remontera et alors s’en suivra un dangereux va et vient entre l’endroit où il est coincé et la porte de sortie!

Lorsque je sens la contraction, je pousse comme une folle. Je deviens dingue de pousser. Je ne ressens plus rien d’autre que cette infernale pression dans mon bas-ventre. Des sensations étranges se révérbèrent dans mon bassin torturé. Le bébé se fraye un chemin en mon corps. Centrée sur l'effort. J’entends battre le cœur de l’enfant. Là se cache l’essence de toute ma volonté. Son coeur ralentit à peine quand je pousse. J’ai l’impression de tanguer entre plusieurs dimensions, je pousse encore plus fort. Je me déchire l'être. Un peu plus tôt, l’infirmière m’a dit que cela pouvait durer des heures! Que nenni! Je vais certainement pas avoir la force que cela dure des heures! C’est terriblement éreintant. Chaque contraction me laisse sur le pavé. Je donne tout ce que j’ai de ma vie à chaque poussée, je grogne comme une sauvage, je pousse…

Au bout d’une dizaine de poussées de forcenée, j’entends l’infirmière qui dit :

- Ça y est, je vois la tête!

Ah! Ben il était temps, je me dis intérieurement, parce que c’est vraiment crevant ce truc! Je vais y laisser ma peau!!! Il est sept heures du soir. Ma chair explose, mes os grincent, il y cette pression du bassin qui me vrille toute entière, elle me bouscule le bas ventre, c'est littéralement intolérable! Je vois Juan qui regarde, je le vois s’émouvoir, il me soutient, m’encourage, il m'aime. L’infirmière me demande :

- La tête sort, tu veux toucher la tête?

Mon cerveau manque de déraper, je réplique plus vite que ma pensée :

- Non, je veux juste qu’il sorte!!!!

Une autre contraction m’emporte, je pousse, je sue, j’enrage, j’ai peur, j’ai mal, je force de toute mon âme. Je m’écrase contre l’oreiller, en nage, essoufflée, ravagée par l’effort. J’entends dire que ça y est presque. Je ratroupe les miettes de mon courage. J’attends la sensation maintenant familière de la contraction qui soulève la chair et je pousse, je n’ai plus grand chose dans le corps mais je pousse malgré tout…

Plongée dans une brume douloureuse, j'entends cette phrase qui me déconcerte :

- Maintenant dis au revoir à tes organes génitaux tel que tu les connais!!!

Je me demande si je rêve, mais qu'est-ce qu'elle me dit l'autre?!? Je n'ai pas le temps de me poser toutes sortes de questions, mon ventre durcit encore, une autre contraction se fait sentir. À moitié démente, je force une autre poussée avec tout ce qu'il me reste d'énergie. Je n'en peux plus. J’entends un splash, une sensation toute aquatique m’inonde l’être, j’ai l’impression d’accoucher d’un poisson! Hein?!? Je sens que c'est passé, elle est sortie, c’est fini! Je soupire de soulagement, je n’entends plus rien. Inquiète, je veux savoir comment va le bébé. Du coin de l'oeil, je vois Juan essuyer une larme sur sa joue. L’on pose contre mon sein une toute petite chose qui me regarde de ses grands yeux, calmement. Je fonds, simplement. Elle est là…

L’une des assistantes du docteur relève la tête, une traînée de sang colore sa joue. Mon sang sur sa joue. J’ai un peu honte. Je voudrais m’excuser mais je n’ai plus la force de parler, de bouger. Juan prend le bébé contre sa peau, il berce notre nouveau né tandis que je me fais recoudre. J’avais même pas réalisé que j’étais ainsi ouverte! J’en avais pourtant eu si peur de cette coupure! Je n’ai même pas senti le scalpel m’ouvrir, dans la douleur se noie la douleur. Encore une expérience féminine des plus inintéressantes à vivre! Enfin comme il vaut mieux être bien raccommodée, je serre des dents et plonge mon regard dans celui de Juan, aux anges…

Je ne sais pas encore que je suis en train d’attraper la mort, que d’ici quelque jours, j’entrerai dans un cauchemar physique qui durera des mois. Je ne sais pas encore à quel point l’année à venir sera difficile, et c’est tant mieux…

Finalement ce qui me faisait le plus peur ne m'aura pas fait mourir et ce que je n'imaginais même pas a failli me tuer! Il aura fallu plusieurs mois pour que je puisse reconnaître mes parties intimes mais rien n'est foutu, tout finit par se replacer et contre toutes attentes, ce ne fut pas cela qui fut le plus traumatisant! Quelques jours plus tard, j'ai demandé à Juan si j'avais rêvé la remarque du docteur. Il m'a répondu que non, elle a bien dit cette phrase bizarre juste avant de me couper! Il m'a dit que c'était le seul moment où il avait détourné les yeux! Il m'a aussi expliqué comment voir son bébé venir au monde fut le moment le plus magique de sa vie...

Aujourd’hui je vais mieux, je reprends peu à peu possession de mon corps. Je suis moins malade, moins faible, toujours un peu fragile. La fin de semaine dernière, je vais rendre un film loué et la caissière, nommée Doris, me dit :

- Tu as l’air mieux, je suis contente…
- Ah! Oui, merci, je reprends de la vie…
- Ma pauvre, tu as vraiment eu une grossesse épouvantable et après c’était même pire, tu faisais vraiment pitié!!!
- Oui, je sais, ça a été vraiment dur…

Elle m’explique, avec chaleur, comment elle a vu la grossesse me passer sur le corps dévasté, comme elle a eu mal pour moi. Je ressors de là, un peu déstabilisée, pas vraiment étonnée, alors comme cela je n’étais pas la seule à me faire pitié!!! Mais je vais mieux…

Dans mon malheur, je me compte chanceuse d'avoir une petite fille en bonne santé, éveillée, dégourdie, volontaire, qui dit maman et papa, qui bavarde, qui explore, qui éclaire la vie de sa petite bouille lunaire. Rien que pour cela, je serais prête à tout recommencer. Car c'est vraiment un petit rayon de soleil qui m’illumine le cœur. De la plus pure magie humaine...

Parfois je la regarde et je retiens mon amour de la croquer, de la dévorer de baisers. Je la vois évoluer, progresser, je ressens sa personnalité qui se dessine et je suis submergée d’une tendresse incroyablement douce et puissante. Je souhaite lui donner le meilleur de moi-même et c’est pour cela que je plie sans casser, pour cela que je me relève à chaque fois que je tombe, lorsque la détresse m'écrase, c'est pour cela que j’avance. Chaque jour, j'avance un peu plus sur le chemin du bien-être et de la guérison…

Un an

Un an.

Birthday-Cake

Ce matin, l’on regarde Lily-Soleil manger sa bouillie. L’un après l’autre, nous lui disons en levant un doigt dans l’air :

- Aujourd’hui, tu as un an, un an, Lily-Soleil. Joyeux anniversaire…

Elle rigole, imite notre doigt levé et répond :

- Gnan Yan

Les nouveaux parents que nous sommes rayonnons de fierté et d’amour pour ce petit bout de chou qui a bouleversé nos vies en profondeur.

Voici donc une première année d’existence pour ce petit bout de fille. Il y a un an, j’ai mis au monde un petit être, une petite personne est née de ma chair. Un individu de plus est venu prendre place sur cette grosse boule bleue qui gravite autour d’un gigantesque astre de feu…

Cet enfant est de nous mais elle ne nous appartient pas, même si elle devient elle à travers nous, même si elle se forme et grandit au creux de notre cocon! Nous ne la possédons pas. Elle est libre de sa destinée. Elle a explosé notre bulle d’intimité pour mieux la redéfinir, plus grande, plus vaste, avec sa place bien personnelle. Elle est Lily-Soleil

My-Heart-through-her-Eyes

Elle vit dans la solitude boisée de sa mère, au rythme du travail de son père, attentive, elle vit au fil des saisons qui s’écoulent. Elle connaît ses grands-parents, sa tante et fait toujours des sourires aux amis qui font la fête en sa maison. Elle a un chien et des chats. Elle développe une douce relation canine avec Chanelle, la chienne qu’elle nourrit, en riant, du haut de sa chaise. Les chats sont ses compagnons de jeux quotidiens, elle vit chez eux, chaque race respecte l’autre.

Elle connaît le lac, sa plage et son sable. Elle sait le vent qui souffle dans les arbres. Lundi dernier, elle a redécouvert la neige, il lui semblait bien qu’elle avait déjà vu cela mais jamais d’aussi près! Elle a grogné un peu parce-que c’est bizarre et qu’être emmanchée comme un pingouin pour ne pas avoir froid, c’est pas super amusant!

En ville, à quelques temps de voiture, habite sa grand-mère active, la maladie de sa mère lui a offert une mère-grand qui la gâte et « gagate ». Pour y aller, il y a la route et ses paysages qui défilent, maintenant que son siége regarde de l’avant, elle comprend mieux le principe. Elle aime bien sa tante, plongée dans son tourbillon d’adolescence, souvent elle lui réserve ses plus doux sourires…

Depuis quelques semaines, elle marche. Et ça c’est cool! Pendant plus d’un mois, elle est restée debout, bien plantée sur ses deux pattes, à se demander si elle allait oser le pas. Finalement elle s’est lancée, subtilement d’abord, puis avec de en plus en plus de confiance, maintenant elle gambade. Sa liberté est plus grande. Sur son territoire, les portes des pièces doivent être bien ouvertes, elle s’en assure régulièrement. D’un pas assuré, elle va surveiller les chats qui dorment sur le grand lit des parents, puis elle va discuter un coup avec la poupée géante en lui tirant bien les pieds histoire d’être sure qu’elle l’écoute. Ensuite, elle fait son tour de salle de bain, attrape une baleine bleue qui traîne au passage, revient faire son tour de placards de cuisine, et retourne voir ce que traficote sa mère dans le salon.

Lily-Soleil

Sa mère qui sait toujours ce qu’elle fait, l’attrape dès qu’elle essaie de faire une connerie, pas moyen d’aller jouer avec les croquettes ou de s’amuser avec l’eau des animaux. Pourtant les conneries cela fait aussi partie de la vie! Hier, elle avait d’ailleurs trouvé un super jeu. Baigner la vachette dans le gros bol d’eau, éclabousser le plancher et bien tremper le corps du jouet dans l’eau qui lui dégoulinait sur les pieds. Elle avait à peine commencé que sa mère l’avait déjà attrapée et d’un tour de bras l’avait ramenée en un endroit moins drôle. Elle n’était pas très contente. Obéir c’est quand même chiant! Mais c’est pas grave, elle aime bien sa maman quand même, elle aime bien les chatouilles de sa maman, elle aime rire aux éclats, se coller contre ses seins, écouter ses bavardages qui lui expliquent les choses de la vie.

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Je suis Lily-Soleil, je suis une gentille petite fille, je sais faire des câlins sur demande, tendre la bouche lorsque j’entends le mot bisou et je ne suis pas particulièrement adepte des pleurs inutiles. Je goute à tout ce que l'on me propose, j'aime bien les légumes, la viande, un peu moins les fruits sauf la banane coupée en morceaux. J'aime bien manger avec mes doigts.

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Mon papa est un roi qui me fait voler dans les airs, qui me porte sur ses épaules, qui prend soin de mon cœur durant les nuits difficiles lorsque les cauchemars, la douleur ou la crainte sont plus forts que le sommeil. Il trouve toujours des jeux supers marrants qui font souvent crier maman. Il s’occupe de moi le soir lorsque maman s’en va dans le noir. Il part le matin et je lui dis « Ba-ba » en secouant ma main pour lui dire au-revoir. Je suis Lily-Soleil et aujourd'hui j'ai un an…

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Daddy's-Girl-IIILily-SoleilLily-SoleilMother-and-daughter

mercredi, novembre 08, 2006

À ma petite échelle

À ma petite échelle

Mirroir-d'eau-II

Hier, réunion municipale, je décide de me rendre à pieds à l’Hôtel de Ville. J’ai déjà mentionné ici que mon petit village de bord de lac a des rêves de grandeur, il se prend pour une ville. Avec trois cent habitants à l’année et un peu moins de cinq mille l’été, l’ex-montréalaise en moi trouve ce concept légèrement exagéré! Il y a quelques semaines, j’ai osé parler de "village" durant une réunion municipale pour aussitôt me faire reprendre :

- … est une ville.
- Ah! Heu, oui, j’avais oublié!!!

Il fait nuit noire, je suis la piste cyclable qui traverse le cœur du village. L’atmosphère humide laisse flotter des mirages de brume dans l’air frais. La neige tombée en début de semaine fond doucement. Je ne rencontre absolument personne sur mon chemin. Le village assoupi n’est que silence dans la nuit.

J’arrive en avance dans la salle à peine éclairée. Deux minutes plus tard un couple entre et me demande :

- C’était 8hres ou 7hres30 la réunion?
- Je croyais 7hres 30 comme à l’habitude, mais il n’y a personne je me suis peut-être trompée!!!

Le couple part investiguer la chose dans les bureaux en arrière et revient avec la confirmation que c’est à 8hres! D’autres personnes arrivent dont Kate, mon acolyte de croisade, c’est pas mal la seule dans ma tranche d’âge même si elle n’a que 25 ans. Je la connais depuis plusieurs années, nos destins se sont plusieurs fois intercroisés. Anglophone, d’origine montréalaise, la vie l’a conduit ici pour quelques temps depuis que la mort à emporté Peter, son père, Kate finit de rénover sa maison de bord de lac. Au sein de la nouvelle association, Kate se rapproche de la dame qui l’a fait renaître de ses cendres. La dame en question, anglophone de son état, fait pas mal bouger les choses. L’association a déjà rassemblé plus d’une centaine de membres, j’admire sa ténacité et son travail. L’on ne s’était encore jamais parlé. Kate fait le lien et je m’offre rédactrice d’un nouveau blogue pour l’association. La dame, Linda, de son petit nom est extatique, elle s’exclame :

- C’est un miracle! Merci, justement je n’arrêtais pas d’en parler, il nous faut un site.

Je suis un peu intimidée par sa réaction! Je lui explique mon idée du blogue pour l'asso et de ses possibilités, elle approuve et me donne le feu vert! Bon voilà, je me suis embarquée, j’ai encore trouvé le moyen de faire du bénévolat! Et je n’arrive pas toujours pas à remettre les pieds sur le marché de la traduction! M'enfin...

Je dois donc cette semaine m’occuper de cette nouvelle tâche. Après mes excursions sur MediaTic, les images du photoblog de Magic-Moments, je me lance dans "l’associatif écologique blogosphèrique"!!! Vais-je jamais avoir le temps de répondre à mes courriels et d’écrire plus professionnellement sur tous ces sujets qui me chatouillent l’esprit? Hum, c’est mal parti. Enfin, c’est le début d’une autre aventure humaine, je pense que cela risque d’être intéressant.

Commence la réunion avec la remise de médaille pour les jeunes athlètes du village qui se sont illustrés dans leur sport respectif. C’est touchant, l’on sent le maire très ému, fier de cette relève. C’est mignon comme tout. Si mignon que je ne peux m’empêcher d’en voler deux minutes digitales (live).

Arrive l’ordre du jour, plutôt décevant en ce qui concerne la préoccupation des élus pour ce qui a trait à la bonne santé du lac. Beaucoup de questions administratives, bien peu d’écologie. L’on apprend que l’interdiction de boire l’eau du robinet est levée. Les élus sont contents. Les cyanobactéries ont disparu des tests effectués sur l’eau du lac. Le danger est passé. Malheureusement l’on sait tous que le problème sera de retour l’année prochaine, et que si aucune mesure n’est prise d’ici là, cela sera certainement pire! Heureusement la nouvelle association pour la protection du lac est en bonne marche, il est permis d’espérer le meilleur.

C’est le temps de la séance de questions. Fidèle à mes habitudes, j’écoute, j’observe, je soupèse l'atmosphère avant de m’ouvrir la trappe. Alors que tout le monde semble avoir posé ses questions, alors que l’on s’apprête à passer à autre chose, je me lève et dépose ma grenade verbale :

- Lors de la première réunion, vous nous avez dit qu’il y aurait une réunion spéciale en ce qui concerne les bateaux, j’aimerais savoir où cela en est et quand est-ce que l’on peut s’attendre à ce que cette réunion ait lieu?

Cela grince des dents chez les élus, cela balbutie, cela se remue sur ses chaises. J’insiste :

- En effet, lorsque j’ai posé la question la dernière fois, Mr Untel, ici présent, avait bien dit qu’il était question d’une réunion spéciale au sujet des bateaux, peut-on s’attendre à ce qu’elle ait lieu avant le printemps? C’est un sujet qui inquiète beaucoup de citoyens…

Mr Untel essaie de se défiler mais ne trouve pas de porte de sortie. Finalement l’on me dit que l’on doit attendre le rapport qui est en étude sur le lac pour ce faire. L’atmosphère est glacée. Je me rassois et vois l’un des hommes que je connais plus ou moins bien, appelons-le Mr Cool, presque voisin, vivant dans le même "quartier" que ma pomme, poursuivre sur la même lancée:

- Oui, c’est pour quand cette réunion? Parce que c’est bien beau de dire l’on attend tel rapport, quand cela trois ans que je viens ici et que vous dites toujours la même chose, on remet à plus tard. pourtant on sait bien tous que les bateaux sont un probléme...

J’hoche du bonnet prête à me relever lorsque je vois d’autres mains se lever, d’autres questions essayer d’approfondir le sujet. Mr Cool me sourit et me fait un clin d’œil complice. Ma question fait boule de neige et entraîne le débat. Je souris doucement alors que Kate se retourne pour me souffler : « T’as vu comme ils se sont tortillés sur leur chaise quand tu leur as demandé pour les bateaux! ». En effet, j’ai mis le doigt là où cela fait mal, mis en lumière le tabou, je lui murmure : « Je viens quand même pas me faire chi… à toutes les put… de réunions si c’est pas pour faire un peu de vagues! » Parce-que les réunions municipales, avouons le, c’est pas mal barbant, je n’y viens pas pour y perdre mon temps, j’y viens avec une stratégie…

Malgré une terrible migraine, je m’accroche à mes neurones pour écouter la fin de la réunion. Une fois celle-ci terminée, j’ai l’impression que ma cervelle se fait hacher menue, je discute au minimum, j’entraîne vers la sortie Kate qui me ramène chez moi. Une dame que je ne connais point m’accoste, je lui souris en me montrant pressée, elle me dit : « C’était une bonne intervention. Merci. ». Je ne peux que sourire, trop mal à la caboche pour engager la conversation. Mon cerveau est à l’agonie, tout ce que je désire, c’est un cachet miracle et mon lit….

mardi, novembre 07, 2006

Le parcours du combattant

L'expression choisie de la semaine se décline à l'infini humain. On a tous nos parcours du combattant, notre chemin de croix, Y a t il une seule vie humaine qui peut se targuer de ne jamais avoir ressentie la vérité de cette expression à un moment donné de son existence? J'en doute même si les degrés, les circonstances, contextes et raisons sont différents pour chacun, l'idée reste universelle.

EXPRESSION
« Le parcours du combattant »

SIGNIFICATION
Des démarches (administratives, judiciaires...) longues et compliquées.
Un parcours semé d'embûches.

ORIGINE
De nombreux lecteurs d'expressio de la gent masculine ont eu un jour (et même plusieurs) l'immense plaisir de porter un uniforme kaki et, muni d'une arme quelconque et d'un sac à doc rempli de trucs bien lourds, d'enchaîner, sur un parcours bien délimité truffé de passages difficiles, des épreuves pénibles comme on aurait aimé en voir beaucoup moins souvent. Le parcours du combattant vient donc du milieu militaire où les hommes en vert armée ont à enchaîner plusieurs épreuves souvent très physiques et pénibles. Ce nom désigne à la fois le parcours lui-même avec tous ses obstacles, mais aussi l'épreuve qui consiste à le traverser, souvent dans un temps limité.

Par extension, et attesté depuis 1963, il désigne toutes les démarches, tous les parcours, toutes les activités dans lequels on est susceptible de rencontrer d'importantes difficultés, de se heurter à des portes désespérément closes ou à des obstacles difficilement franchissables.