dimanche, octobre 31, 2004

Halloween Party, Québec city.

La nuit des petits monstres en furie s’est passée en joyeuse compagnie. Un chaperon rouge, une fée recalée punkette, un arc-en ciel, un superman, un mort vivant et une apprentie sorcière en sortie spaciotemporelle à la gorge croquée, sans oublier une Barbie atomique aussi bleue qu’une stroumphette délurée! Petite troupe d’hurluberlus dans les lumières de la nuit dégoulinante de pluie…

Halloween-Party 2004

Retour aux petites heures du matin, la tête dans le c… le lendemain, rigolades de copains ça fait toujours du bien. Paraît qu'on a une heure de plus pour récupérer aujourd'hui, monstres d'hiver et courants d'air cognent à ma porte fermée. Une pensée écarlate pour un petit chaperon mutin qui devra bientôt s'envoler en Mère Patrie. De retour en cours demain matin…

samedi, octobre 30, 2004

American Pumpkin Pie,

J’ai parcouru les potironnades de Miss Lulu et à ma grande surprise, je n’y ai vu que des recettes de plats à la citrouille salés, ne connaissant que la tarte à la citrouille sucrée, je fus bien étonnée…

Mais d’où vient cette tradition qui se mêle si bien à Halloween? En furetant un peu la Toile, quelques indices : The tradition of serving Pumpkin Pie on Thanksgiving Day is a national one and is celebrated both in Canada and the United States. When the European settlers first came to the New World the Indians introduced them to the pumpkin and they used this new fruit in both sweet and savory dishes. For guidance on how to make a pie using pumpkins, the settlers turned to their English recipes for sweet pies made from the thick pulp of boiled spiced fruit. Today the pumpkin pie has evolved to an open-faced single crust pie shell that is filled with a smooth custard-like filling made with pumpkin puree, eggs, cream or milk, sugar, and spices (mixture usually consisting of cinnamon, ginger, allspice, and cloves).

Ainsi cette tarte à la citrouille serait le résultat d’un de ces échanges culturels entre les colons du Nouveau monde et les Indiens locaux! Mais les colons ne connaissaient pas le potiron avant de débarquer en Amérique? Y aurait-il une réelle différence entre la citrouille et le potiron? Bon ben, finalement plus de questions que de réponses…

C'est ma tarte américaine préférée, avec ce petit goût si particulier, une texture douce, une couleur orangée tout à fait appropriée à l'occasion, sa simplicité m'enchante et puis, elle dégage cette odeur musquée, riche et automnale, qui me charme à chaque fois les sens...

J'en offre une part orangée à tout visiteur affamé. Bonne dégustation et prenez garde aux fantômes taquins qui ne manqueront pas d'errer ce soir...

Miam

Ma tarte à la citrouille et aux épices 2004
Ingrédients:
500 ml de chair de citrouille réduite en purée
185 ml de sucre roux
2 gros oeufs
150 ml de lait
150 ml de crème épaisse
5 ml (1 c. à thé) de cannelle
5 ml (1 c. à thé) de gingembre en poudre
1/4 c. à thé de clous de girofle
1 grosse larme de miel
1 pincée de sel

Mélanger à la purée de citrouille le sucre roux, les épices, la crème, et les oeufs battus dans le lait, touiller, une fois le mélange lisse ajouter le miel, retouiller. Étendre la pâte sablée, tapisser un moule à tarte, piquer le fond. Verser la préparation sur la pâte, enfourner dans un four préchauffé à 220° C. (425°F.) pendant environ 10 minutes. Réduire la température à 350° F (180° C) et continuer la cuisson environ 40 minutes ou jusqu'à ce que la lame d'un couteau piquée au centre en ressorte propre. Savourer sans modération et avec une touche de chantilly pour les gourmands...

Tarte-Citrouille-101

HAPPY HALLOWEEN

Halloween Kitchen

Cette année encore, je me suis lancée dans la préparation de ma tarte à la citrouille maison. Cette année cependant j’y suis allée comme une grande, au lieu de copier la recette de base, purée de citrouille, œufs, lait, j’ai décidé d’approfondir le coté gastronomique de cette tarte qui dans l’absolu reste étrange. Ce qui la rend encore plus de circonstance avec cette période de l’année!

J’ai effectué des recherches, consulté des dizaines de recettes, pour finalement en choisir une que j'ai adaptée à mes goûts. Le résultat dépassa mes attentes, même Juan pourtant peu friand de ce dessert, bien malgré lui, se délecta les babines…

Bave de grenouille, farine de squelette, œufs de dragons, langue de serpent hachée et cœur de belette flétri. Bien remuer à feu doux. Laisser macérer le tout, étaler sur une peau de loup puis faire sécher une nuit entière à la lune pleine. Cassez les bonbons en morceaux épais. Dégustez avec une touche d’excrément de crocodile ou soupoudrer de graines de cervelles frites! Un régal pour tout monstre égaré visitant les lieux en ce soir bien particulier…

jeudi, octobre 28, 2004

Éclipse,

La rue endormie sous un ciel étoilé, le village reposé dans un silence sacré, une petite brise froisse les feuilles sèches. La nuit est fraîche, l’air nordique me pince le bout du nez, bien emmitouflée, je me fonds dans l’air nocturne…

Lune rousse.
Grosse boule translucide.
Écriture nocturne.
Je plonge dans une bande dessinée fantastique,
ses nuances m'avalent...

J’ai la tête dans le cosmos, les yeux rivés sur cette sphère lunaire qui blondit subtilement, je m'efface. Bulle d’atmosphère que j’observe patiemment. Les satellites tournent et la planète roule tandis que tu te transformes aux frontières de l'étrange. Les pensées flottent à la surface de la voie lactée tandis que s'écoule la nuit toute douce. Peu à peu, tu retrouves tes ombres, ta luminosité immaculée et ta rondeur céleste. Tranquillement, je redescends me poser le nez glacé entre deux feuilles fanées…
Ma Toile

J’avance sur un fil d’équilibres que je sais fragile. Chaque jour, je tisse et retisse ma toile pour ne pas tomber, pour ne point sombrer…

mercredi, octobre 27, 2004

M’zelle Joe,

Nouvelle élève à guider dans les dédales de la langue, une autre p’tite pomme à éplucher. Treize ans, les deux pieds au secondaire, le jean ras les fesses, les seins qui poussent, un regard pétillant derrière ses petites lunettes sérieuses, M’zelle Joe s’est mise à table ce soir. Le nez dans ses cahiers éparpillés, le regard apprivoisé, l'esprit concentré, les mots rouillés.

Toujours le même problème, toujours ces mêmes lacunes de français. Ces fautes bêtes, récurrentes, que laissent passer les professeurs, les bras baissés. Un paquet de mauvaises habitudes à retoucher et derrière chaque sourire de compréhension, une lueur d’espoir…
Éclipse lunaire...

C'est un rendez-vous sous les étoiles, cette nuit je m'en vais regarder la Terre jouer avec la lune et le soleil...
Croire tout découvert est une erreur profonde ;
C'est prendre l'horizon pour les bornes du monde.
Antoine-Marin Lemierre

En ville il n'y a pas d'horizon, pas de porte, aucun issue.
Francis Dannemark

Qui veut atteindre la perfection, veut marcher sur l'horizon.
Paul Carvel

Miroité

mardi, octobre 26, 2004

Remise en boule

Avec l’hiver à ma porte, un changement de décor commence à me titiller sérieusement les nerfs. Ce carnet dinosaure devra bientôt être rénové! Je ne sais pas trop comment, pour commencer, j'imagine que la photo de fond va sauter, ensuite it’s a « free fall », only God knows! En fait, je ne sais pas trop ce que je veux mais je ressens un vif besoin de changement qui me gratouille les tempes douloureusement…

Bol-de-couleursTenzinAu-fil-de-l'eauBlue-stepPyramide-et-couleurs-au-sol

Erotika (Journal érotique de Léa F.),

Parfois je me perds la tête dans l’incroyable carnetosphère, je plane de fil en fil, je fais toutes sortes de découvertes virtuelles. C’est quand même hallucinant, les carnets poussent plus vite que des champignons atomiques, cela grossit, cela grossit…

Ce coup-ci, je tombe sur un carnet tout neuf et je remarque que la vie peut tisser d’imprévisibles liens. Qui eut cru que Loic Le Meur aurait pu inspirer cette dame pleine de charmes, ce petit coin d’érotisme et de nudité? Étonnant, étonnée, bien que…

Rose-trémière

Sans queue ni tête…

Enfin sorti le nez de Termium Plus, j’ai presque cru prendre racine! Je n’adore pas le vocabulaire spécialisé de l’entreprise et pourtant, avec ce cours de passage, j’en avale à tort et à travers! Et ce n’est pas encore fini, même si on peu oublier le tout un bref instant...

Enfin, je vais pouvoir mettre la main à la pâte de ma tarte saisonnière. Parce que bon, Halloween sans tarte aux potirons, c’est plus vraiment Halloween! J’ai donc fait quelques recherches de recettes et je crois avoir trouvé la bonne! Je pense cependant l’agrémenter d’une touche de miel, à suivre dans un futur proche…

Pour l’instant, je reste un peu traumatisée de cet article du Voir paru la semaine dernière qui m’apprit que la gélatine était fabriquée à l’aide de cadavres d'animaux. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais toujours pensé que la gélatine et les bonbons de ce type étaient issus d’un procédé chimique quelconque, jamais je n’aurais imaginé, toute seule, que cela puisse provenir de carcasses animales! Mais pourquoi donc un produit chimique est-il moins repoussant qu'une mixture de carcasses? À la lumière de cette nouvelle information, je ne pense plus être en mesure de remanger des produits gélatineux avec le même œil (ou la même bouche)! Toute une autre perspective se dessine à mes papilles perturbées...

Sans être végétarienne ou musulmane, je bloque un peu sur le sujet. Même si l’idée de manger de la viande ne m’est pas répulsive, l’idée de manger des bonbons à base de couenne et autres merveilles du genre me dégoûte profondément. Déjà que j’aime pas bien le principe des saucisses, là on atteint encore un autre niveau. Mais allons-y voir de plus près

Fabriquée à partir de peau et d'os de bovins ou de couenne et d'os de porcs, la gélatine se retrouve partout, dans le yaourt, les gâteaux, les bonbons et bien d’autres délices gustatifs (sans parler des produits de beauté)! Ainsi, derrière le bon goût sucré de diverses gourmandises, se cache un tout autre mélange, pas mal plus corsé! Ce que l'on absorbe sous bien des formes et des couleurs, si l'on y pense vraiment, devient soudainement moins apétissant. Je me demande combien de végétarien tombent dans le panneau chaque jour?!?

Cela me coupe un peu l'appétit. Même si au fond, suffit de ne pas y penser, un peu comme avec les escargots! Pour les intéressés du processus, ce site traitant de la transformation de matière première est à se mettre sous une dent bien aiguisée....


lundi, octobre 25, 2004

Halloween Time.
Premier Coup de cœur : Ruby Gloom

J’aime bien Emily Strange, et la prochaine fois que je descends Mtl, je me trouve un T-Shirt adéquat, d'ailleurs je me demande bien quelle Emily, je puis être:

Which Emily Strange are you?

You are Lost Emily!!
You are: Lost Emily
brought to you by Quizilla

Aujourd'hui cependant, c’est Ruby qui me charme! Tout à fait en phase avec le temps qui passe, même son nom ressemble à l’atmosphère de ces jours d’automne sans lumière: Gloomy! Ruby Gloom! Cela se tord sous ma langue qui s'en balance. Ruby se commercialise, elle se « blogue », elle possède d'inconditionnels fans et semble connaître une renommée mondiale. Ce matin, j'adopte sa petite face en mon étrange jardin…

Jour potiron.

L’automne laisse doucement place à Sieur Hiver au coin du chemin. La chaleur s’évade, les nuits deviennent si fraîches que l’air se met à pincer douloureusement la peau découverte. Crispy air! C’est la semaine d’Halloween! C’est le temps des citrouilles et films d’horreur. C’est un petit vent de folie douce qui souffle entre deux feuilles. J’aime bien Halloween, la tradition se fond dans le paysage en transition, j’ai subitement des envies de tartes qui me démangent le bout des doigts, potiron ou citrouille, who cares…

Un dernier devoir à rendre, une dernière recherche terminologique à effectuer et ensuite, un certain souffle de liberté pour mes pensées. Allez pousse ma fille, un dernier coup à donner et tu y es presque! L’une se force, l’autre rechigne et veut rêver, une autre s’en mêle : « Yo, et mon pilates alors! », tout le poulailler se met de la fête, c’est la cacophonie dans ma tête! Piaillage de poules sous ciel bas! Arrive la fermière mécontente qui, avec ses quelques coups de balai bien lancés, restaure une discipline mutine et récolte les quelques oeufs de la matinée…


Artist: Diane Pedersen

dimanche, octobre 24, 2004

Sous les draps,

Il me serre dans ses bras durs, m'embrasse au creux de l'oreille, effleure mon cou sensible. Je frissonne au contact de ses lèvres douces. Son souffle est chaud. Je me love au creux de son corps, il me serre, me câline, m'emporte. Je sens la force de ses muscles bandés qui m'entourent, il me murmure des mots d'amour et tout mon être fond comme neige au soleil...

samedi, octobre 23, 2004

Dans mes cartes…

As de Pique,
Dame de cœur
Sept de trèfle
Dix de carreau.

Âme fragile, cervelle solitaire, intérieur sauvage, cœur sensible.
Rencontre du neuvième type...

Juan est en ville, il a encore des examens tout le jour, Shni le petit génie du ménage m’observe du coin de l’œil, assis sur le haut de l’écran, je m’apprête à lui parler lorsque je remarque son sourcil froncé. Cela me coupe toute envie « Fais chi…! ». Je vais quand même pas devenir son esclave avec l’âge! Je me souviens de ma tolérance au bordel à 20 ans et je réalise que je change, m’améliore(?) évolue ou vieillit, c’est selon…

Hypérion, la tête posée sur une pile de cahiers s’en fout, il veut juste faire son petit somme pépère, en fait, si je pouvais rester tranquille, cela l’arrangerait…

Je décide de sortir faire un tour de mon jardin en deuil. La pelouse est jonchée de feuilles, un petit vent nordique appelle la saison à venir, je frissonne en mes os mûrs. À la lisière du bois, je vais de l’avant et avance entre les arbres décharnés. Le silence est d’or même si le ciel est gris, je grimpe m’asseoir sur un énorme rocher. Je me souviens de ma vingtaine où lorsque j’étais seule, je pouvais m’amuser toute seule et pas de façons les plus catholiques lors de mes balades nudistes dans la forêt isolée du monde pressé…

Je descends du rocher, effleure la mousse fraîche qui l’enrobe et me fraie en passage dans un champ d’énormes fougères jaunies par la malice du temps. Je trébuche sur un morceau de bois et m’étale de tout mon long, je me relève en maugréant et aperçois ce qui m’a fait tomber. Ce n’est pas un vulgaire morceau de bois mais un petit coffre finement ciselé. Je m’agenouille dans les fougères et l’ouvre délicatement, un petit nuage sombre éclabousse mes doigts et je tombe sur les fesses, le coffret se referme en un « clac » sec.

Peau-d'arbre

Mes oreilles bourdonnent douloureusement et j’ai des fourmis plein les mains, quelquechose se forme sur le dessus de cette étrange boite et une créature humanoïde apparaît devant moi. Un être verdâtre habillé d’un uniforme rouge pompier se dessine. Je voudrais me lever mais je suis paralysée, mon corps ne répond plus aux commandes de mes idées. La créature se fait moitié homme, moitié arbre et une petite bouche aiguisée s’ouvre dans l’écorce de sa peau. Il me dit :

- Salut Etolane! Je t’attendais! Tu ne peux pas parler, le gaz ténébreux te paralyse mais je peux entendre tes pensées si tu les diriges vers moi…
- Ah Oui!
- Tu vois, tout fonctionne à merveille!
- Je n’irais pas jusque là, mais si tu le dis, pourquoi je peux plus bouger?
- Parce-que tu n’es plus dans la dimension habituelle de ta réalité, tu es décalée en quelque sorte, tu peux me voir, nous pouvons discuter, mais tout cela n’est pas réel pour ton corps, il est comment dites-vous : « on hold »?
- Hum, et pourtant, je te vois et t’entends et je me sens toujours exister là, puisque je ne peux plus bouger! C’est pas super logique ton truc…
- Ce n’est pas supposé être logique, ah! Si je savais rire, tu m’amuserais beaucoup…
- Super! Pis c’est quoi ton deal? Y doit avoir quelque chose puisque tu es là, je te vois et tu me parles…
- Tu as raison, il y a un deal, tu es perspicace à ce que je vois, l’on ne m’avait pas informé de ce détail au bureau général!
- Pfff! Encore un bureau général!Ya de la bureaucratie dans toutes les dimensions, c’est quand même déprimant vos histoires! Pis "shoot" don’ c’est quoi ton bureau à toi?

De ses petits doigts, aussi fins que des brindilles, il sort une minuscule carte de son costume, c’est si minuscule que je ne vois rien d'autre qu’un petit éclat entre deux rayons de soleil qui percent entre les nuages bas. Alors que je scrute de mon mieux cette étrange créature à une bouche, elle s’ouvre à nouveau :

- Je fais partie du réseau IMD, Interspirit Mental Divisions, en charge des cas comme je tien!
- Ah! Parce-que en plus même chez vous, je suis un cas!
- Nous avons ton dossier en main depuis quelques semaines et après tes vibrations d’hier, le bureau a décidé d’entrer en action et de se placer sur ton chemin…
- Avec un coffret antique dans les fougères?
- Disons plutôt un aimant interdimensionnel très puissant…
- Oh! Excusez, pis c’était quoi le problème de mes ondes hier? J’ai rien fait de spécial, si ce n’est quelques gourmandises chocolatées que je regrette déjà!
- Je ne suis pas là pour t’expliquer chaque détail de la procédure! Alors là, tais-tois et écoute moi!
- Pff, si je pouvais grimacer, je le ferais, mais c’est bon, go…
- Bien! Je disais donc, après étude de ton dossier, nous avons reçu l’autorisation de changement de peau. Tu as été prise en charge par le programme et je suis ton premier contact. Le changement s’opérera cette nuit et je ne suis là que pour te préparer à la transition mentale que tu devras supporter. Certains sujets ne passent pas le cap et cela devient très dangereux pour nous, mais le Bureau a décidé que tu avais les capacités requises pour la transformation, donc tout devrait bien se passer…
- Heu! Allo! Pardon? Changement de peau, transformation? Yo! T’hallucines pas un peu trop! Je comprends pas! J’ai même pas goûté un milligramme de Datura!!! Tu peux pas décider de m’envoyer quelque part où je veux pas aller! No Way!
- Ohohohoh! Ne t’affole pas, ce n’est rien que tu ne peux affronter et puis es-tu vraiment sure que lorsque tu sauras ta destination, tu ne seras pas heureuse de lacher ta peau? Comme je le disais avant que tu ne m’interrompes encore, le Bureau a choisi et t’a octroyé la peau de Vanessa, femme de Johnny!
- Pardon?!?
- Vanessa Paradis! Ne fais pas la sotte! Nous avons intercepté tes ondes lors de ta lecture hier, dans ce petit café, comme le bureau t’étudiait depuis un certain temps, les chargés de projets se sont finalement mis d’accord et je suis là pour t’accompagner dans cette nouvelle aventure…
- Ahhaha! Si je pouvais rire, je serais à moitié morte! Bien que peut-être que je le suis déjà dans le fond! Come on’ Tout ça à cause de cet article dans le dernier Vanity Fair! Vous y allez un peu fort quand même! Je me demande bien qui est le grand chef de votre organisation???
- C’est un détail que je ne puis te révéler, et cela n’est d'aucune importance! Ainsi le changement de peau s’opère durant le sommeil, nous opèrons toujours lorsque les deux cerveau sont en mode relâché et il suffira d’un réveil pour que la nouvelle réalité prenne forme. Nouveau corps, nouvelle vie! N'es-tu pas trés heureuse?

Malgré la torpeur de mes membres engourdis, je n'en garde pas moins une certaine vivacité d'esprit. Plus la créature parle et plus je sens pointer un danger invisible entre ses mots généreusement donnés. Cachée, déguisée, il y a anguille sous roche et c'est clair comme de l'eau!

- Bon, je commence à entrapercevoir la nature de ta requête, mais j’ai quand même une question, il arrive quoi à Vanessa dans tout ça?
- Et bien c'est simple! Elle reprend ta peau, c’est un changement de peau, pas un assassinat! D'ailleurs si vraiment tu le désires, il est toujours possible de ne demander qu'un bref séjour...

Je le sens qui m'aguiche. Il cherche en moi la petite bête qui grince et débloque. Je vois pointer entre ses lèvres d'écorces de minuscules dents, si nombreuses et étincelantes, que je fais de mon mieux pour ne plus les regarder.

- Ouais! Ben, me semble qu’elle y perd pas mal au change la pauvre! C’est pas en sa faveur me semble. Je dis pas que mon Juan n’est pas des plus charmants, mais bon déjà, le réveil, intense, me semble! Pis ensuite je te raconte même pas une fois qu’elle pose un pied à terre dans mes tongs! C’est débile! Elle va jamais résister! Son cœur va lâcher, elle va me tuer en un soupir!
- Mais non! Tu dramatises complètement! Qui te dis qu’elle ne finira pas par y trouver ses aises, ta vie n’est pas une si grande torture! En plus nous lui avons donné ta semaine de lecture pour s’ajuster, qui te dit qu’elle n’aimerait pas aller en cours, elle est bilingue comme toi, elle devrait arriver à s’en sortir, et puis tu n’as qu’un seul cours de version, tu as collectionné les bonnes notes, c’est pas mortel non plus! Elle devrait être en mesure de s'ajuster!
- Man, tu te fous de ma gueule! Elle va pas s'ajuster à Québec et au Lac en une semaine! C'est comme changer de planète! Et dans son sens, cela devient cauchemardesque! Pis si mon existence n'est pas une si grosse torture pourquoi je devrais la fuguer? Non mais franchement! Moi, je me réveille avec Johnny, une cage dorée, une garde robe excellente, du soleil à gogo, j’imagine des maisons tripantes, je dis bien DES maisons! La plage, ah! la plage! Des palmiers, deux enfants en bas age et tout le tralala pour s’en occuper. Le rêve quoi! En gros, le Paradis! Ahaha! C'est un peu tiré par les cheveux, si tu veux mon avis!
- Tu paniques, c'est normal, tous ceux qui sont choisis passent par là. Respire, cela va passer. Nous avons étudié vos deux dossiers, et contre toutes apparences, je te l'accorde, il s'est avéré que tu étais parfaitement compatible avec elle. Ce n'est pas moi qui m'occupe de cette section de la procédure, mais nos scientifiques ne se trompent jamais! Allez Respire par le cerveau! Tu vas voir, cela va aller mieux...

Je décide de ne pas écouter ses conseils et de suivre ce chemin de pensées qui me porte désormais. Subitement, j'ai les idées claires, le coeur pur, et une volonté de fer!

- Ben voyons, tu me contes des salades, encore qu'on soit compatible, c'est pas ça le point! Je peux pas prendre sa vie et lui donner la mienne! La pauvre, elle se retrouve à la lisière de l’hiver, dans une cabane perdue au milieu de nulle part!!! Trois sous dans ses poches, pas d’enfants, et une tonne de lectures à avaler sur des sujets dont elle n’ a rien a foutre! Pis tout ça c’est normal! Ça devrait passer comme une lettre à la poste! Ya right! Humm, j'ycrois pas "pantoute"! Je suis sure que y’a un coup bas dans ton truc, cela me semble pas catholique du tout ton histoire! Y’a aucune compassion! Je ne veux pas jouer à ce jeu!

- Depuis quand les catholiques font de la magie un art??? Ah c’est certain! Tu as raison! Tout ceci n’est pas catholique. Mais n'as-tu point remarqué que le catholicisme bat de l’aile ces temps-ci? Ce n’est plus comme si l’on avait besoin de s’en préoccuper! De toute façon tu n’as pas le choix, la décision a été prise en haut lieu, tu ne peux plus rien y faire!
- Cela m’étonnerait fort! La vie n’est pas si simple mon cher! Et même si je n’y comprends pas grand chose à tes histoires, j’aimerais que tu me libères sur le champ! Je désire réintégrer ce corps désobéissant, et je souhaite que tu proposes à d’autres ton petit marché diabolique! Ciao!
- Comme cela, tu refuses Johnny Depp!
- Oui! C’est pas parce-qu’il me fait mouiller sur papier glacé que je vais lui voler sa femme pour aspirer sa vie! C’est n’importe quoi ton truc! Allez disparais de ma vue! Et que je ne te revois plus! Amen!!!

La petite bouche se met à grogner, et je sens que j’ai touché le point faible, l’étrange créature d’arbre et d’esprit se dissout sous ma détermination farouche et je reprends peu à peu le contrôle de mes mouvements. Je me lève d’un seul bond et d’un pas rapide me dirige vers mon jardin, je retrouve la chaleur de ma maison. Shni est toujours sur le haut de l’écran. Il discute avec une mouche en m’attendant. Je soupire profondément et prends le balai à ma droite…
L'âge modère l'être,
but why do we have to get tamed!?!


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Progressive Girl

Take the 'What Kind of Girl Are You?' quiz
at CookingToHookup.com



Twilight Lights

Quelles étranges sensations l’on peut vivre dans le dédale de nos émotions quotidiennes! Parfois le virtuel se déchire et l’on y découvre des gens que l’on apprécie, l’on y retrouve une réalité humaine, l’on reconnaît l’autre. D’autres fois, la boîte se referme et l’on trouve des amis qui se virtualisent sous nos yeux, l’on réalise alors ce que l’on est devenu. Des mots sans visage, une présence désincorporée, intemporelle. Une sorte de petite fumée qui s'évapore dans les vents phosphorescents de cette étrange sphère virtuelle…

Twilight-lightsFolies-lumineuses

jeudi, octobre 21, 2004

Promenades entre deux arbres...

Je ne suis pas capable de continuer l’autofiction d’Atlantik, un sujet qui se révèle encore trop émotionnel pour ma pomme, alors Hypérion prend le relais des mots de chats, en attendant que se tasse la peine du coeur…

Night-Lights

Aujourd’hui même s'il ne faisait pas beau, j’avais décidé d’aller faire un tour de terrain quand Pimprenelle décida de me suivre. Comme je la trouve mignonne, je la laisse me suivre même si elle est plus bavarde qu’un écureuil. Mes pattes me mènent au cimetière des anciens, Nelle s’approche des croix et me demande :

- Quoi ça?
- C’est là où reposent mes ancêtres!
- Pou’quoi se re’posent?
- Je sais pas trop, parce-qu’ils sont fatigués!
- Quoi c’est un ancê’te?
- C’est les parents de mes parents, mais tu es trop petite pour comprendre…
- Mama?
- Oui, Mama est un parent!
- Toi avoi’ Mama?
- Oui, mais elle a disparu avec toute la famille, je suis tout seul maintenant…
- Moi et frè’e êt'e là!
- Oui, c’est vrai...
- Mama pa’ti…
- Ta Mama a disparu aussi?

Je décide de m’asseoir sur une pierre pour mieux discuter. On a jamais vraiment parlé des parents des petits. Quand ils sont arrivés, ils parlaient à peine, ils étaient pas beaux à voir et ils sifflaient tout le temps. Heureusement, ils se sont calmés! Depuis quelques lunes, ils apprennent vite à mieux parler. Je regarde passer une fourmi qui m'énerve et je demande à Pimprenelle qui me regarde de ses grands yeux de bébé :

- Elle est partie où ta Mama?
- Je sais pas. Un jou’ Mama pa’ti che’cher manger, pas reveni’! Aut’es frè’res do’mi. Pas vouloi’ se ‘ éveiller. Nous attend’e, Mama pas reveni. Plein de yunes dans le ciel. Mama pas reveni’. G’and fré’ dit nous pa’ti’. Nous m’aché beaucoup, beaucoup eau, beaucoup mouillé, nous m’acher. G’osses mains t’ouvé nous! Nous veni’ ici. Aut’e Mama pou’ nous, nous contents…

Je lui lèche les oreilles, pauvre petite, elle m’attrape la queue et je coure me cacher derrière la maison. J’aime bien jouer avec Primprenelle, elle me fait oublier que je suis tout seul maintenant…

"O Grand Esprit, dont j'entends la voix dans les vents et dont le souffle donne vie à toutes choses, écoute-moi.

Je viens vers toi comme l'un de tes nombreux enfants; je suis faible... je suis petit.. j'ai besoin de ta sagesse et de la force.

Laisse-moi marcher dans la beauté, et fais que mes yeux aperçoivent toujours les rouges et pourpres couchers de soleil.

Fais que mes mains respectent les choses que tu as créées, et rends mes oreilles fines pour qu'elles puissent entendre ta voix.

Fais-moi sage, de sorte que je puisse comprendre ce que tu as enseigné à mon peuple et
les leçons que tu as cachées dans chaque feuille et chaque rocher.

Je te demande force et sagesse, non pour être supérieur à mes frères, mais afin d'être capable de combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

Fais que je sois toujours prêt à me présenter devant toi avec des mains propres et un regard droit. Ainsi, lorsque ma vie s'éteindra comme s'éteint un coucher de soleil, mon esprit pourra venir à toi sans honte."

Entre deux langues, entre deux pôles,
entre deux temps,
je tangue des mots…

Quasiment traversée le désert informatique de ma traduction à ce propos peu palpitant. Enfin, je devrais avoir fini à tant! Yes Sir! I’m so f.…ing happy!

Le facteur a déposé dans notre boite à mail (aux lettres) le rapport annuel de Milvia, la petite fille que l’on parraine depuis 4 ans. Toute émue, je suis, vieille fille (heu pas vraiment, j’ai un mari!) sans enfants, je fonds devant la binette de cette petite fille qui grandit quelque part dans une brousse du Guatemala. Toute fière, je me sens de l’aider dans la misère de son quotidien, qui n’a rien a voir avec la mienne, qui vit dans un pays si riche. Ses parents cultivent des cacahouètes sur des terres de location et je suis sure qu’ils travaillent dur pour leur survie. Grâce à nos trente et un dollars mensuel, la petite va à l’école, elle a des chaussures (chose si importante à la superficialité de ma propre pomme), des fournitures scolaires adéquates (elle peut apprendre à lire sans trop de soucis). Elle semble aimer les mathématiques, les poupées et les dînettes. Elle a un suivi médical, sa santé est bonne, (sa dernière lettre expliquait qu’elle aimait aussi les chats). Et, comble de surprise, sa famille a eu un toit neuf en tôle étanche et un plancher de ciment, ce qui évite ainsi la propagation des bibites et maladies exotiques! Tout cela grâce à notre petit don mensuel. Parce-que bon, soyons francs 31 $ sur un mois, c'est pas énorme. Cela vaut bien quelques petits sacrifices dans cet univers de consommation qui nous engloutit la vie...

L’émotion me serre la gorge, mon cœur déborde. Je me dis : « Quand même on peut faire tant avec peu! » Je suis sure que si tout le monde y mettait un peu du sien, l’on pourrait éradiquer la pauvreté dans le monde…

Ah! Mais pour cela, il faudrait partager! Gros dilemme, n’est-ce pas? Et peut-être faudrait-il renoncer à cette expansion de notre qualité de vie matérielle, well, est-ce que cela serait vraiment mortel? Ce qui m’inquiète plus, ce serait que l’on finisse par faire exploser la planète par notre nombre toujours croissant! Mais ne sommes nous pas assez intelligents pour gérer ce que la nature nous a donné, ce que nous offre l’univers (sans tout détruire)?

Je regarde cette nouvelle photo de Milvia avec attention, je constate qu’elle semble joliment grandir. Je reconnais sa petite mine sans sourires et son regard perçant. J’espère qu’elle trouvera un destin un peu moins difficile que celui de ses parents. Elle est toujours immaculée dans ses petites robes d’ailleurs. Petite fleur d'humanité oubliée. Une voix me murmure silencieusement : « Hé! C’est le temps de préparer ton colis de Noël ma fille! »

Milvia-2004

mercredi, octobre 20, 2004

Devoirs !?!

Le nez dans ma traduction qui avance à vitesse d’escargot pour cause d’extrême platitude, j’essaie de me concentrer sur ma terminologie spécialisée lorsque le téléphone sonne pour la énième fois!

Chanelle, couchée dans le salon, est revenue me voir avec le soir couchant. Je vais devoir la ramener dans la nuit noire, car je suis certaine qu’elle ne voudrait jamais rentrer toute seule, à la voir prendre ses aises dans le salon! Je ne suis pas trés chaude à l'idée du petit bout de forêt à traverser pour ce faire! C’est assez « creepy » le bois dans le noir! Va falloir que je serre les fesses! Les chatons se cachent au fond du bureau. Hypérion se la joue cool au ralenti. Tenzin, hérissé de tout son poil, siffle de tout son souffle dès que Chanelle bouge un cil. Petite Pimprenelle pointa sa tête entre deux livres lorsqu’elle l’entendit laper son assiette pas terminée. Les yeux écarquillés, la mine dépitée, elle semblait hurler intérieurement : « Ah! Non! Pas la bouffe! Nooooonnnnnn» Recroquevillée derrière la lampe, elle n’était pas des plus satisfaites de cette situation!

Dring-dring! Je décroche, le ton impatient, pour découvrir à l’autre bout du fil une maman en détresse.

- Ah! Non! D’habitude, je ne prends pas les enfants en cours d’année!

Je sens le désespoir de la dame, touchée en plein coeur, je ne peux m’empêcher de lui tendre la main.

- C’est sur, que si la petite est bien mal prise, je peux peut-être lui trouver une place!

La Dame m’explique qu’elle veut vraiment de l’aide, que la petite (au secondaire) en a vraiment besoin, qu’elle va bien mal en français et en bout de ligne, je capitule…

Je suis incapable de ne pas donner ce petit coup de pouce qui aide les enfants à ne pas sombrer. J’ai des bouffées de solidarité qui m’envahissent et me renversent, sans compter que cela me fait si plaisir de les voir s’améliorer. Et puis il y a cette passion du français à partager, parce-que bon, si on veut que la langue survive en Amérique du Nord, il faut la chérir, la nourrir, la soutenir…

Les nouvelles générations sont ceux qui feront perdurer le Français au Québec, si je peux de à mon échelle, aider le français à résister encore plus longtemps, il est de mon devoir de me plier à la tâche…

Devoirs et délire d'animaux…

Toutes les feuilles sont tombées, l’été meurt doucement au soleil d’octobre. La lumière change, elle blanchit discrètement et le jour rétrécit à vue d’œil, je pense souvent à mes chats. Le nez dans ces devoirs à rendre cette semaine, la tête dans l’effort, le corps en vrille. Je voudrais croire que je suis quasiment passée au travers de cette grippe qui semble courir Québec et mes intestins. L’on se passe gracieusement des détails! Paraît que la petite bête a une durée de vie d’environ trois semaines, je serais donc dans la troisième semaine, j’en conclus que c’est presque terminé. C’est pas dommage! La fièvre semble s’être rangée, reste la dernière ligne à dépasser…

Cette nuit, j’ai fait un drôle de rêve, je trouvais sur le pas de ma porte, un drôle de félin, étrange métissage de lynx et de lion, efflanqué, malheureux, détrempé. Aussi gros que Chanelle, il miaulait avec autant de force qu’un chien aboie. Ma fascination l’a vite emportée sur ma peur initiale. Je le laisse entrer dans la maison, les chats disparaissent se terrer dans un coin. Serait-ce lui qui aurait croqué ma famille féline? Je le regarde, cette question dans les yeux, son regard pénétrant semble me dire qu’il n’a pas fait exprès, qu'il avait juste faim! D’un seul coup, ma colère tombe, je compatis avec sa peine et ne lui en veut pas. Je lui explique que s’il est gentil, je veux bien l’adopter en ma maison (à condition de ne pas dévorer mes minous!) et que je le nourrirais et l’aimerais comme il le mérite. Ses dents sont énormes, il dégage une puissance féline incomparable. Juan se lève et manque de faire une crise cardiaque en voyant la bête dans le salon. Je lui explique la situation, je désire le garderavec nous et pouf! Je me réveille…

Aprés un réveil douloureux, je cogite sur ma traduction à rendre lorsque je vois apparaître un gros animal à ma fenêtre! En quelques secondes, je me rappelle de ce rêve enfoui dans les brumes du sommeil. Hé! C’est Chanelle à ma fenêtre! Je retrouve mon état à moitié gaga, c'est le même manège à chaque fois qu’elle vient me rendre visite. C’est plus fort que moi, je fonds devant l’idée qu’elle part de chez elle pour se dire dans sa tête de chien : « Tiens, je vais aller voir si y’a pas quelques caresses à savourer chez Etol. »

Les chatons se cachent sous le frigo dés qu'elle entre dans la maison et Hypérion, pas peureux pour un sou, ne me lâche pas d’une semelle, bien décidé (semble-t-il) à surveiller cette grosse chose dan son salon! Juan sort de sa douche, nu comme un vers, il esquive un léger sursaut en voyant la belle étalée sur son chemin. Elle rigole à pleine bouche, il la flatte gentiment, elle entend quelqu’un qui l’appelle au loin. Je lui ouvre la porte et la voilà qui file dans le vent comme une flèche. Les chatons finissent par sortir de leur trou. Hypérion leur ramène une souris pour les amuser. Je grogne et lance la victime dans les feuilles mortes avant de reprendre le fil de ma traduction…


Chanelle-la-belle
Le premier des devoirs, sans doute, est d'être juste ;
Et le premier des biens est la paix de nos coeurs.
Voltaire

Dès lors qu'on est parent, il y a des devoirs qu'on ne peut esquiver, des obligations qu'il faut remplir, quel qu'en soit le prix.
Paul Auster

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs.
Robespierre

mardi, octobre 19, 2004

Pas perdus…

Il n’y a pas que moi qui "trippe" chaussures! Souvent je prends mes pieds en photos, cela me fait rire et Juan aussi d’ailleurs! C'est pourquoi ce blog anglophone découvert au détour d’un carrefour Flickr est un petit délice pour ma pomme qui rigole…
7 ans et une voiture

La voiture avale les kilomètres qui les séparent de Québec. Le ciel est bas, menaçant, la femme est au volant. Elle demande à l’homme qui farfouille dans la boite à gants :

- Tiens mets le CD sans nom, ce sera la surprise…

Il glisse le disque dans la fente magique et Mickey 3D met une touche d’ambiance dans la boite à sardines roulante. La route défile, Mylène et ses "effets secondaires" prennent la place de Mickey, elle sourit :

- J’aime cette chanson de ce temps là! Je sais pas trop mais il y a une pesanteur qui se dégage d'entre les notes qui s’accorde trop bien avec l’atmosphère présente...
- Tu es drôle, le temps t’affecte, cela m'hallucine, t’y fais tellement attention! Tu l’observes tellement, je sais pas comment tu fais…

Il replonge dans ses notes afin d‘arriver prêt à son examen en vue. Arrive Nirvana, l’homme lêve la tête et s’exclame :

- Oh non! Come on’ Etol…
- Allez, juste une! Juste « Le Plateau », cela va trop bien avec l’automne!

Il soupire et répond :

- Mais! Tu trouves pas quand même que c’est un peu démodé?

Elle l’observe, le regard belliqueux.

- Pffff! Moi, j’m’en fous, j’ai presque 32 ans et Kurt restera toujours Kurt!

Il rit avant de reprendre :

- Ahahhah! Moi j’ai 32 ans et je m’en fous parce-que je suis aussi démodée!
- Oh!

Choquée, elle lui lance un regard sombre tandis qu’il poursuit en souriant :

- Mais, c’est vrai, tu as raison! La bonne musique, c’est comme les belles femmes, cela ne se démode pas!!!

Son ton charmeur la désarme. Elle le regarde, dubitative, elle finit par répondre :

- Bien joué! Tu t’es rattrapé comme un chef mon p’tit maudit!

La voiture approche de la ville, la circulation devient plus dense, Kurt laisse la place à Outkast. Enrobés d’humeur Hip-Hop ils débarquent sur le campus agité…

dimanche, octobre 17, 2004

Le temps change…

Un tapis d’automne recouvre la Terre qui nous héberge. Les dernières fleurs pleurnichent en choeur. Halloween est au coin de la rue. Il flotte un petit air morbide entre deux chansons du jour.

Tout est normal, entre traditions et humeurs de saison, c'est juste la vie qui célèbre la mort, c'est le monde végétal qui s'endort. L'atmosphère locale est à l'hibernation, aprés la mort, la vie, le printemps (quelque part à l'horizon), ma pomme qui grelotte. Rien qu'un autre cycle de réincarnations subtiles qui se déroule et nous roule en boules (de nerfs?)...

En quelques jours seulement, la pluie, le vent et même la grêle ont eu raison du spectacle des arbres en fête. J’entends maintenant le grognement de l’Hiver en rogne qui approche à grands pas…


Évolution SuperSimette

Lorsque Petite Clo est à la maison, la vie tourne dans d’autres sens et c’est toujours différent. Cette fois-ci la m’zelle avait amené son nouveau Sim2. Voilà des années que je n’avais pas mis le nez dans les Sims! J’ai même d’ailleurs donné ma collection à Clo, l’année dernière... Mais cette nouvelle version m’intriguait vraiment et Petite Clo, encore perdue dans la multitude de paramètres à gérer, me demanda de l’aide, comment résister?

Il faut dire que j’adore faire des maisons, les décorer, les arranger, les rendre parfaites à mes yeux, et ce n’est pas la tasse de thé de Petite Clo! Mais attention! Ce jeu est une drogue! Si, si, une vraie drogue, aussi dure que de la roche lunaire! C’est un monde dangereux qui aspire le temps en une virtualité si réaliste que l’on s’y perd bien trop facilement. Que ne ferais-je donc pas pour ma petite sœur! La petite rigole, sautille, m'entraîne et s'amuse de me voir avaler par cette étrange virtualité. Dieu que cette nouvelle version est jouissante…

Pour certains, les Sims, c'est presque une religion, les dépendances ne sont pas loin, les philosophies s'en mêlent et je crie : "Au secours!". Dans un sens, tout cela me rassure, il n'y a pas que moi qui suis à risques. Les exemples de gens avalés par cet étrange monde sont multiples. Pourtant, je n'ai guère envie de voir jusqu'à quelle profondeur je pourrais plonger...

Cela dit, sans les « triches », ce n’est plus vraiment un jeu, c’est presque trop réaliste! Mais comme dirait ma petite Clo qui me supplia de trouver les "cheats":

-Si c'est aussi difficile que la vraie vie, c'est plus du rêve! C'est moins bon pour l'imagination! Allez trouve moi le truc qui donne de l'Argent en deux clicks!

Je capitule et j'obéis. Je ne la vois pas souvent, alors il est vrai que lorsqu'elle passe deux jours chez moi, je tourne souvent autour de ses petits doigts! N'est-ce pas Petite Clo qui passe parfois par là!?! Cette fois, elle me prit la main et l'on plongea à pieds joints dans la Simania!

Petite anecdote comique, lorsque la Simette adorée de Petite Clo se fit écrabouiller par un déchet de satellite tout en regardant les étoiles! La petite n’en crut pas ses yeux! Je la vis fondre devant l’inévitable, se résigner pour continuer et avancer. Je ne pus résister au plaisir d’en plaisanter fougueusement! Déviations de Sims en folie...

Cependant, l’idée qu’il y a maintenant des générations qui évoluent, des personnages qui naissent, vivent et meurent de vieillesse, est étonnante. Mais non! Dans le fond, je ne crois pas que je désire avoir cette tentation en ma maison! Je vais encore attendre encore un peu. Attendre d’avoir le temps de tuer du temps sans y noyer mon âme…

jeudi, octobre 14, 2004

Songe d’été

Une sauterelle couleur pomme verte se fait bronzer les ailes sur un tournesol jaune pinson. Les chatons courent après le vent qui trimbale l’automne. Une minuscule bestiole verdâtre, striée d’ocre, se grille les pattes sur une grosse feuille inondée de chaleur.

J’avance sur des tapis de feuilles mortes qui bruissent et s’effritent sous mes pas. J’arrive devant le lac d’un bleu électrique, étincelant, frissonnant. Il ondule silencieusement au fil du temps qui s’essouffle et arrache les feuilles qui tourbillonnent et recouvrent les pelouses attristées.

Je me couche sur le quai démonté. Je pose ma tête sur mon poncho en boule, je me prépare pour une dernière cuisson, l’eau m’emporte et je sombre…

Deux heures plus tard, je reprends le chemin de ma maison. Une dame d’allure très chic marche vers moi, elle m’accoste et me dit :

- Alors, tu as dormi?

J’écarquille les yeux de surprise :

- Heu, oui, ben heu non! J’ai somnolé fort, en fait…
- Je t’ai vue de chez moi, allongée sur le quai au soleil. Tu avais l’air si bien que cela m’a fait plaisir de te regarder…

Elle me sourit amicalement. J’essaie de ne pas écarquiller les yeux davantage, je lui réponds gentiment :

- Oui, c’était agréable, il fait si beau…

Elle me lance un dernier regard empreint de sympathie, je passe mon chemin, quelque peu estomaquée, à peine étonnée. Quel drôle d’endroit que ce petit village perché!
Transformation saumon

Parfois je regarde autour de moi et je me trouve bien à coté de cette plaque qui fait tourner la société. Petit poisson oublié sur cette planète qui rétrécit, j’ai accès à tant d’informations et de courants différents que j’en ai l’esprit tout embrouillé. J’observe les modes qui passent et se dépassent pour mieux sentir ces courants qui nous bourlinguent. Je me laisse flotter....

Dans la superficialité des jours virtualisés, je recherche la profondeur des temps, ceux qui viendront et ceux qui se sont achevés. Au diable, le présent! Existe-t-il vraiment? Ou n’est-ce que la vie qui s’amuse de notre mortalité? Je plonge...

Même si le temps est au sexe, je ne montre pas mes fesses. Juste mon cœur. Je ne recherche ni les débats, ni les tergiversations subtiles. Je voudrais juste accrocher quelques gouttes de sagesse fertile. Je rejette les déséquilibres pour mieux fuguer dans cette quête d’équilibres tangibles. J’écoute mon âme inutile. J’arpente des toiles géantes. Je marche sur des fils invisibles que la nature déroule sous ma tête puérile. Je renie la ville, ses merveilles humaines, ses excès de modernité galopante, sa vie qui déboussole mes lignes…

Je me bataille pour mieux grandir. Chaque jour, de nouveaux obstacles, des joies et des douleurs et toujours cet apprentissage humain qui ne cessera qu’avec ce dernier souffle de vie, avec ce souffle ultime qui achèvera mon corps, un jour...

Aspirer à l’Amour, désirer le couple, accepter les compromis et les sacrifices. Cracher sur l’ombre pour se jeter dans ces lumières que l’on rencontre. Cueillir les fleurs du bonheur pour en cultiver, tout au long de l'existence, les graines invisibles. Laisser s’épanouir l’empathie. Sourire à chaque fois que brille le soleil…

Transformation: (Metamorphosis) Artist: Sheila Wolk


Fish School ~ Yukimasa Hirota

mardi, octobre 12, 2004

Ellipses
Ombre-et-lumièreombre-et-lumière2Ciel-et-Vents-d'automne

Envie de mots, j’effleure Robert, envie d’ailleurs et d’imaginaire, envie de phrases mobiles et de lettres sensibles, d’histoires oubliées et d’essences humaines…

Au hasard des pages noircies, grappiller les mots expliqués. Découvrir d’illustres inconnus au drôle de son. Graphite : Variété naturelle de carbone cristallisé formée de carbone presque dur. Percevoir de nouveaux concepts, apprendre davantage, mieux comprendre, connaître toujours plus…

Il n’y a pas assez d’une vie pour tout accomplir, combien m’en faudra-t-il pour m’accomplir…
Sarah et Wojtek (Chapitre sept)
Chapitre: I, II, III, IV, V, VI

À l’horizon du ghetto de Varshaw, un petit jour gris se levait. Éclairant à nouveau les horreurs de cet endroit maudit, une autre journée débutait en enfer. Dans un immeuble délabré, perdu au milieu de dizaines d’autres pareils que lui, dans une petite chambre sombre sous les toits, Sarah, emmitouflée dans une couverture rouge rêvait aux délices de l’Amour...

Elle se réveilla dans la nuit noire. Elle se força à ouvrir les yeux, elle avait faim, son estomac gargouillait et hurlait sa colère. Contre ses premières volontés, le cœur pesant, elle se leva péniblement. Elle vacilla plusieurs fois avant de trouver un équilibre précaire sur ses jambes engourdies. Elle ouvrit silencieusement les placards et les tiroirs du petit logis pour n’y découvrir qu’un vieux morceau de pain noir, une livre de sucre et un peu de café.

Elle grignota le pain dur et mangea un peu de sucre en suçotant ses doigts gelés, peu à peu, quelques gouttes d’énergie vaines lui parcoururent le sang. Elle retourna s’asseoir dans ce fauteuil qui conservait l’empreinte réconfortante de son cousin disparu. La tête entre les mains, incapable de faire un geste de plus, elle se sentait chavirer toujours plus loin. L’angoisse, plus que la peur, la parcourait toute entière. Une angoisse chaude, sourde à tout raisonnement, une détresse corrosive qui lui brûlait le ventre douloureusement et lui glaçait la chair en même temps.

Inondée de pensées brumeuses, elle se sentait prisonnière d’un gouffre étourdissant qui l’empêchait de penser normalement. À l’intérieur de son cerveau flottaient librement les éclats de sa vie passée. Ils scintillaient comme des étoiles perdues au fin fond de l’univers et elle pouvait les contempler jusqu’à ne plus se sentir exister. Sarah se sentait déchiquetée au plus profond d’elle-même. Le flot de ses idées reflétait son état d’esprit perturbé. Elle se laissait couler dans cette cascade vrombissante qui frappait ses eaux sur ce lit de rochers escarpés, écueils de ses pensées meurtries. Dans le plus grand des silences, d’heure en heure, elle se vidait de sa vie…

Elle sentait la mort tout autour d’elle, elle s’en fichait, son âme était une plaie à vif. La mort l'enrobait et elle la souhaitait comme guérison à ce mal qui l’enivrait. Quelque part dans le quartier, des cris, des tirs, le vacarme du chaos de ce nouveau quotidien. Elle ne ressentait plus cette panique des premiers jours. Un étrange calme l'habitait désormais. Elle s’approcha de la fenêtre givrée.

Le ciel était dénué de lune et d’étoile, aussi sombre qu'un purgatoire, il effleurait le toit des bâtiments voisins grâce à une brume menaçante. La rue était déserte. Sarah colla son nez contre la vitre, aucune lumière, si ce n’est ce réverbère jaunâtre, n’éclairait la noirceur dans laquelle était plongé ce quartier si triste. Au bout d’un long moment, ses yeux s’habituèrent à la pénombre environnante, elle discerna les contours de corps empilés en un petit tas au coin de la rue. Elle frissonna de dégoût. L'horreur semblait régner sur chaque atome de ce quartier lugubre. Que pouvait-elle bien faire en un tel endroit? Quel espoir restait-il à ses jours? Elle se sentait pénétrer dans un tunnel opaque, un tunnel qui menait aux entrailles du monde, là où aucune lumière ne brillait…
Promenades dans le regard des autres…

Trois petites pistes pour se perdrent les yeux avec les visions d’autrui…

Les photos d’Écritures, les images d’Ine, les formes de Londres...
Parcelle d’existence et paradoxes de vie

La semaine dernière Juan est rentré avec des cadeaux pour sa chère femme. Sa chère femme, toute étonnée mais très heureuse de la justesse de ses choix l'embrasse amoureusement. Elle découvre un joli livre sur Monet. Il s'explique : « Entre les paysages et les jardins, je t’ai trop reconnue! Comme je sais que tu aimes les impressionnistes, j’ai tout de suite pensé à toi et fait le parallèle!» Elle l’embrasse affectueusement et tourne les pages lustrées avec délice. Il lui donne aussi ce parfum qu’elle désirait depuis des mois. Elle fond de plaisir devant l’homme tendre et viril. Elle pose sa main chaude sur cet endroit intime qui durcit si vite, et la suite s’imagine…

monet-dans-l'herbe

Pourtant l’anecdote est ailleurs. Juan lui montre ensuite le livre que lui-même s’est acheté. Sa petite femme lève les yeux au ciel alors qu’il éclate de rire :

- C’est drôle t’as vu, c’est aussi une blogueuse!
- Yeah! Super! Ben c'est tout un autre registre! Elle tourne les pages en esquivant une petite grimace.
- Ouais, j’ai trouvé cela trop drôle, ma femme, elle est dans les feuilles d’automne, la nature, la beauté des paysages et tout le tralalala, pis là, t’as une autre extrême, c'est normal que je sois curieux, non?
- En effet, on est bien loin d’Etolane! Mais c'est peut-être juste que t'es un homme avec une que... qui gigote! C’est quand même relativement gore! Pas le genre de truc à laisser traîner autour des enfants! Tu es mortel quand tu veux quand même! La reine Victoria serait scandalisée!!!
- Ben si ça se trouve y’a des gens qui sont hyper-sexe et qui lisent Etolane pour se changer (masturber?) les idées...

Elle grogne doucement. Il l’entoure de ses bras musclés et la soulève en rigolant comme un géant. Il la bécote passionnément, elle se laisse bercer en riant avec lui, douce folie de vie, et la suite s’imagine…