lundi, novembre 30, 2009

sous la neige...

Le temps perçu est forcément du passé, ce qui revient à dire que le présent a un arrière-goût de souvenir et que l'avenir projeté n'est qu'un futur souvenir, donc un passé à venir !
Hubert Aquin

Dans le style le plus simple, que la phrase soit vierge, on veut une neige fraîche où personne n'a encore marché.
Jacques Chardonne

La neige possède ce secret de rendre au coeur en un souffle la joie naïve que les années lui ont impitoyablement arrachée.
Antonine Maillet

samedi, novembre 28, 2009

Un samedi matin chez Paillard

En escapade gourmande...

Matinée sucrée

Samedi matin, nous sommes partis en escapade gourmande chez Paillard sur la rue St-Jean. Ayant eu vent virtuel qu'une dégustation de buches de Noël gratuite aurait lieu en matinée, j'ai tout de suite pensé que cela serait une bonne activité familiale.

Nous avons découvert ce café-boulangerie durant le festival d'été. Cela sentait le neuf avec un petit parfum d'Europe. Puis je suis tombée nez à nez avec le comptoir à macarons et mes papilles ont sauté de joie! Depuis je ne rate pas une occasion d'aller y faire un petit tour de gourmandise...

Alors que je savoure un thé Chai tout en picorant le petit déjeuner parisien de Juan, ma curiosité m'emporte et je pose à la dame qui me semble être la propriétaire quelques questions qui me picotent les idées. Très gentille, Rebecca répond à quelques-unes de mes interrogations avant de me présenter son mari Yves.

Celui-ci m'apprend alors être un "natif" de mon "lac". Âgé de soixante quinze ans, il se rappelle celui-ci à l'état nature sauvage. De cette belle époque dont parlent les vieux du village avec une larme au coeur. Cette époque bénie de nature sauvage juste avant que la civilisation ne l'ait apprivoisé (et que notre association essaie de le protéger ce qu'il en reste)!

Bref, j'en connais bien toute l'histoire. D'autant plus que ma voisine favorite Yolande, âgée de quatre vingt ans, m'a souvent raconté cette époque dorée où l'on ne pouvait se rendre qu'en chemin de fer au lac. Ou le lac ne possédait ni village, ni route, ni électricité. Ou les poissons étaient si nombreux que l'on pouvait les nourrir à la main. Ou l'eau était claire comme l'air. À cette époque, l'eau du lac était si pure qu'elle était exportée vers la ville sous la forme de blocs de glace. D'un coup, étrangement, en compagnie de ce vieux monsieur charmant, en cette ambiance américaine à saveur européenne où je croque dans une baguette beurée, j'ai l'impression d'être revenue au lac. De voir avec netteté cette époque sauvage où l'on devait sérieusement se soucier des ours et où l'on voyait des originaux se promener par ci par là.

Les souvenirs de Monsieur Simard sont si denses que j'y pénètre en sa compagnie. Il nous raconte ses excursions à pécher des petits poissons dans les ruisseaux de la forêt avec des cannes de jonc. Il nous explique que sa famille venait vivre là durant l'été et qu'elle possédait l'un des rares bateaux de l'époque. Son sage paternel n'autorisait d'ailleurs son utilisation qu'une fois par semaine pour une ballade dominicale! Le reste du temps, la barque était de rigueur et il se souvient encore de combien il avait dû ramer lorsque sa grand-mère prenait l'envie de tricoter au fil de l'eau...

Je souris. Je connais si intimement ce lac que je peux facilement imaginer cette époque disparue. Régulièrement lorsque les vacanciers sont partis mais que les beaux jours persitent, je peux encore percevoir cette formidable zénitude que décrivent ces gens qui ont vécu ici au début du siècle dernier. Cela fait si peu de temps que le lac s'est transformé en ce qu'il est aujourd'hui, qu'il reste encore de solides vibrations naturelles dans l'atmosphère limpide. Lorsque les vacanciers ont repris leur routine citadine, il subsiste ici une sorte de paix universelle...

Ce charmant monsieur nous fait voyager dans le passé. C'est aussi délicieux que mon petit déjeuner! Mais l'on en revient au présent et il m'explique alors qu'il n'est plus capable de revenir au lac. Que son exploitation humaine le peine assez pour qu'il refuse d'y venir reposer ses vieux jours. Qu'il préfère garder ses souvenirs intacts pour ne pas entacher leur pure beauté. Ce point me fait me demander si je ressentirai la même sensation à 70 ans? Si revenir au lac me sera trop douloureux pour que je puisse l'envisager. Si celui-ci aura tant changé que j'aurai peine à le reconnaitre. Si c'est le cas, alors cela sera vraiment bien triste pour nos enfants...

...

Pendant ce temps, M'zelle Soleil croque de bon cœur dans une tartine croustillante de baguette dorée. Le propriétaire charmant retourne vaquer à ses obligations et nous en profitons pour déguster les fameuses buches de Noël. Exquises. Même si je ne suis pas vendue aux buches de Noël, j'ai succombé à celles-ci. J'ai particulièrement aimé "La paillard", une buche "crème légère au caramel à la vanille avec des morceaux de poire infusées et un biscuit Joconde aux amande". M'zelle Soleil, par exemple, a englouti "L'équinoxe" tout chocolat en trois coups de langue! D'ailleurs, la demoiselle s'est chocolatée le bec en beauté tout au long de cette matinée passée chez Paillard...

En discutant de nouveau avec Rebecca Simard, je comprends mieux l'idée qui se cache derrière ce café-boulangerie. Restaurateurs à la retraite, son mari n'aimait guère l'idée de ne rien faire. Depuis toujours, il désirait ouvrir à Québec une sorte de café qui combinerait l'Europe et l'Amérique en une ambiance contemporaine...

Et en effet, chez Paillard rien n'est laissé au hasard. L'on s'applique à raffiner l'endroit jusque dans ses moindres détails. L'ambiance est branchée mais ultra conviviale. Les produits proposés sont tous excellents. En quelques mois seulement, Paillard est certainement devenu l'un des endroits tendances sur la rue St-Jean...

Et puisque l'on est ici, même si je me suis gavée en avance de délicieuses buches de Noël, je ne peux repartir sans ma dose de macarons! J'apprends d'ailleurs que le pâtissier à fait un stage chez Pierre Hermé à Paris l'année dernière (l'un des gourous de Marie-Julie Gagnon, une véritable experte en passion macaron). Et il vrai que les macarons de chez Paillard sont si bons que l'on n'y résiste point!

Alors que l'on s'apprête à partir, un boulanger installé en chemin, fait gouter ses dernières prouesses afin d'en récolter l'avis du public. Juan homme salive sur sa fougasse salée, heureusement qu'il n'y en a pas à vendre car l'homme n'y résisterai pas! Enfin, on part déjà avec des macarons, une baguette et une miche, je ne suis pas sure d'avoir besoin d'une fougasse en plus! L'on sort alors marcher dans le Vieux-Québec afin de dépenser les quelques calories que l'on aura récolté avec toutes ces gourmandises que l'on a mangé ou que l'on mangera...

vendredi, novembre 27, 2009

Nu organique et corps flétris

Nu organique et corps flétris...


Aujourd'hui, après une longue journée de traduction à discipliner mes idées éparses, j'ai ressenti l'envie subite de voir du nu artistique. J'aime le nu artistique, j'aime la poésie corporelle et l'absence de vulgarité qui s'en dégage. Je découvre alors un sublime album qui me fait penser à du nu organique (crédit photo Dave Aharonian)

La beauté des photographies de Dave Aharonian me nourrisent l'âme. J'y retrouve ces sensations pures de ma vingtaine où je m'amusais à me promener nue dans les bois juste pour le plaisir de me fondre la peau dans la nature bienveillante...

Pourquoi n'a-t-on jamais autant conscience de sa beauté que lorsqu'elle s'est fanée ou se fane? À l'aube de mes trente sept ans, alors que ma grossesse s'est inscrite dans ma chair (et la parentitude en ma raison), ce n'est plus le temps de me promener les fesses entre deux arbres en tenue d'Ève! Mais j'adorerai prendre un jour de si belles images...

Puis en passant par le boudoir de Mademoiselle K, je tombe sur le portefolio de Marrie Bot, une photographe néerlandaise qui découvre l'intimité âgée en une série très particulière. La première photo fait jaillir un subtil cocktail d'émotions paradoxales en mon sang. Je suis troublée et émue à la fois. Puis je tombe sur ce baiser qui dégage un romantisme auquel je ne sais résister pour finalement découvrir cette autre photographie qui me bouleverse profondément.

Dormir en cuillère passé 80 ans, c'est si émouvant. Il y a une telle douceur qui se dégage de cette image que je reste scotchée. J'en parle à Juan lorsqu'il rentre et il s'exclame: "Mais oui, à cet âge là, tu ressens toujours l'amour mais tu dois l'assumer avec le corps que tu possèdes! Mais le soir dans ton lit, tu dois encore avoir de ces moments où tu as envie de dormir en cuillère!". Il me prend la main et je sens une vague de chaleur me parcourir le cœur. En effet, il n'y a pas d'âge pour s'aimer....

L'amour qui est porté de décennie en décennie me fascine. J'en soupçonne une magie humaine insondable. Je viens de vivre une seule décennie d'amour et déjà, j'apprécie les sentiments qui en résultent. Ceci ne veut pas dire que notre vie est rose tous les jours mais elle n'est certainement jamais noire et insoutenable. La vie, tout au long de son cours, connait bien des passages douloureux. Nous avons déjà affronté bien des épreuves ensemble. Il nous arrive aussi de nous disputailler lorsque nous sommes stressés, de nous taper sur les nerfs lorsque la vie est dure ou de nous chamailler pour savoir qui passera le balai! Mais jamais nous ne nous déchirons les entrailles. Cet amour que nous cultivons ne laisse pas de place à ces moments tranchants.

Évidement, il y a une certaine passion qui, après avoir tenu le volant, s'installe dans le siège arrière de l'auto ! Mais parfois il suffit de garer la voiture et de sauter sur le siège arrière pour s'en rappeler (et la consommer)! Les stationnements sont plus rares une fois parent mais il s'en trouve toujours bien, un par ci par là, au coin du quotidien...

Je crois aussi que le ressentiment est le poison de l'amour. La compréhension en est l'engrais et la communication est la clé qui ouvre les portes du bonheur. En ma première relation, qui dura aussi dix ans, il y avait de l'amour mais tellement de blessures et de ressentiment accumulés au fil des ans que cela ne pouvait qu'exploser en une sorte de fin du monde qui me dévasta les jours.

C'est là que le destin déposa Juan sur mon chemin. Celui-ci s'éprit tant de ma peau qu'il eut la brusque envie de me recoller le cœur en miettes. Je ne sus résister à ses charmes et succomba. Et il a réussi son coup le p'tit maudit! Dix ans plus tard, mon cœur est recollé comme neuf et ses cicatrices ne font même plus mal! Il marche désormais merveilleusement bien et c'est en partie grâce à lui (et aussi pour lui). Je vais quand même m'accorder une certaine responsabilité de ma guérison en assumant les choix de vie que j'ai pris pour rendre le tout possible.

Alors que je vois arriver mon prochain anniversaire d'un œil désabusé, ces images d'amour et de nu flétri révolutionnent mon esprit qui n'admet pas le poids des années sur son corps. Comment ne pas me sentir à un carrefour d'existence, prise en sandwich, entre ces deux albums de photos découvert sur la Toile? Alors, je réalise que ces images de corps vieillis m'offrent d'autres repères que le souvenir de mes promenades d'antan. Elles dissipent le désespoir de ma jeunesse qui s'estompe inexorablement pour me débroussailler un chemin d'espoir vers de nouvelles perceptions...

mercredi, novembre 25, 2009

D'humanité et de parentitude...

D'humanité et de parentitude...

Ah! La nature humaine, aussi riche que pauvre, aussi stupide qu'intelligente, aussi vile que bonne, aussi fascinante que répugnante. Est-ce qu'être humain, ce n'est pas rechercher constamment l'équilibre qui nous sauvera de la perdition?

Parfois je me demande si la pure beauté de notre humanité ne réside pas en ces équilibres qui nous éloignent du chaos. Peut-être est-ce pour cela que le Cirque du Soleil marche si bien, il accroche des soupçons de cette universelle humanité équilibriste qui coule en nos sangs...

Les semaines passent. Novembre se fait beau comme un prince. Je retrouve ce rythme de cervelle que j'ai soigneusement étouffé durant ces années où je ne me suis consacrée qu'à elle. Mes affaires roulent, non pas sur l'or mais sur le bronze, c'est cool. Je travaille fort à bien faire. Et cela va assez bien pour que j'aie envie de toucher du bois afin que cela ne s'estompe point. Mais alors que je reviens parmi le monde des "adultes" encore une fois la complexité humaine m'intrigue, me fascine et m'attriste tout à la fois. C'est ainsi...

M'zelle Soleil grandit et j'étouffe cette bouffée de nostalgie qui peut me noyer en ce passé qui nous forme. L'émotion puissante me tire de l'arrière et je me rappelle à la raison pour aller de l'avant. Vivre le présent est de rigueur. Ce qui est fait n'est plus à faire! Je soupire et accepte cette réalité. Une étape est passée.

À partir de quatre ans, la petite enfance s'achève. La partie la plus pure de notre développement humain. Peut-être la plus dure pour certains parents mais surement la plus douce pour moi. Je le confesse, je suis en adoration devant la petite enfance. C'est plus fort que tout, c'est instinctif, viscéral. J'aime les tout-petits et cette vérité, cette pureté, cette innocence qu'ils dégagent...

M'zelle Soleil grandit, sa personnalité aussi. Son langage aujourd'hui totalement acquis devient l'un de mes dadas. J'étudie sa progression linguistique le sourire au lèvres. Je suis une fière maman qui s'extasie en son cœur à l'entendre dire des choses comme "Maman, je me suis rendue compte de...blablabla lalalala... Maman, ce n'est pas grave, on va faire comme blablabla lalallala..." Ou encore "Mais maman, rendue à 4 ans, je suis une grande fille. Une petite fille "grande" je veux dire!". Elle parle tant et si bien qu'elle entourne son pauvre père qui y perd parfois la tête: "Mais Lily, jamais tu te tais genre dix secondes, tu as vraiment toujours quelque chose à dire, c'est fou! T'es une vraie fille!"

Quant à moi, je l'écoute utiliser une grammaire dont elle n'a aucune conscience avec une facilité déconcertante. Son vocabulaire, de plus en plus dense, m'enchante. Fierté maternelle quand tu nous tiens, tu serres bien! J'en perds presque mon souffle! Elle aligne les phrases en des suites construites. Juan remarque même qu'une fois lancée, elle est capable de disserter plus longuement sur un sujet que lui! Son raisonnement de petite fille s'étoffe aussi. C'est un étrange bonheur que de l'écouter essayer de nous expliquer la vie. Et maintenant lorsque nous ne sommes plus à son goût nous devenons "Les parents" (tadatadadam!), jusqu'à ce qu'elle s'exclame ce genre de phrase: "Pour les parents c'est des fois difficile de comprendre les petites filles!" Et plus les petites filles sont grandes, plus les parents doivent s'accrocher!

Je réalise alors que pour me guérir l'âme de la nostalgie de ces années bambines, je pense souvent à l'enrichissement humain que nous apporteront ses prochaines années d'enfance. Là où nous, "les parents" continueront d'apprendre et de grandir à ses cotés. Okay, je crois que j'ai définitivement été contaminée par Harmonium et ce refrain précis : " (...) on a mis quelqu'un au monde on devrait peut-être l'écouter...tililidamdam..." J'ai définitivement écouté cette chanson avec beaucoup trop d'attention et de conviction! D'ailleurs je suis encore bien affectée puisque je peux me faire des boucles sporadiques de cette intemporelle chanson et en ressentir les mêmes sensations!

Combien de fois en mes jeunes jours, alors que j'étais fraiche et pimpante, les fesses rebondies et les seins hauts perchés, ai-je pu rêver de cet instant précis où je serais devenue mère, devenue vieille, mais où j'aurais en ma vie cet enfant que j'écouterais?

Des centaines, des milliers de fois? Surement assez de fois pour me le tatouer entre deux neurones! Et voilà que ce jour approche perceptiblement. Et c'est correct. Je m'y fais. Je suis même prête à l'apprécier...

J'en parle avec Juan qui s'inquiète de sa personnalité bien trempée lorsque nous devons creuser en nos réserves de fermeté et de discipline parentale (oh! pas drôle!).

Il s'inquiète de sa répartie fulgurante alors que je me marre dans mon coin car je reconnais trop bien cette essence qu'elle dégage. Je me suis reproduite. Bang! Dans la vie, il faut savoir se regarder dans d'autres miroirs que celui de Narcisse. Ma fille est désormais la prunelle de mes yeux et le miroir de mes années à venir. Il ne nous reste donc plus qu'à l'éduquer! Le défi est aussi grand que notre humanité. Tant mieux! J'en suis heureuse. Je réponds à mon homme qui frissonne à l'idée de ses années adolescentes:

- C'est vrai dans une dizaine d'années, elle va nous mettre nos vérités dans la face et cela ne sera pas grave, si on est pas trop cons, on sera capable de gérer et puis cela sera surement intéressant d'entendre sa perspective de la vie. J'ai même hâte de savoir ce qu'elle va nous sortir pour ébranler nos convictions de vieux croutons...

- Mais, Etolane, cela va être dur, j'en suis sur. Elle va nous déchirer la cervelle...


- Oui surement mais en même temps cela doit être aussi trippant en un sens. On a juste à l'écouter pis à être des parents convenables...


- Mais on fera quoi après avoir écouté?


- Ben on considérera ce qu'elle nous dit...


- Ah! Ouais. C'est pas fou.


- Merci.


Et c'est vrai que je n'ai pas peur de discuter avec elle et d'être confrontée aux fougues de sa jeunesse. Je n'ai pas hyper hâte non plus mais je n'ai pas peur. Je crois que cela nous gardera en forme, alerte. Cela approfondira notre existence. J'ai bien plus peur de vieillir, de me flétrir ou de m'aigrir...

Et lorsque j'imagine mon brin de fille devenue femme, je l'imagine douce, belle comme un cœur, fraiche comme une rose, et si possible intelligente autant du cœur que de l'esprit. Je l'imagine à son meilleur. Je suis persuadée que si l'on y arrive à proximité de cet état de vie alors que je sois devenue vieille et flétrie aura bien peu d'importance. Car j'aurai atteint un nouvel équilibre humain...

Mini Miss

lundi, novembre 23, 2009

Émotions linguistiques

Émotions linguistiques et soupçons de lac...

La semaine dernière, une nouvelle via Twitter, a quelque peu bouleversé ma langue. Le mot "oignon" ainsi que quelques accents innocents ont été sacrifiés au nom de la nouvelle orthographe...

À partir de juin 2010, les élèves québécois qui écriront «renouvèlement», «ognon», «bruler» ou «iglou» dans les examens du Ministère ne seront plus pénalisés: «Les élèves ne seront pas pénalisés, dans la mesure [où ces rectifications] seront inscrites dans les dictionnaires usuels», a expliqué la porte-parole du ministère de l’Éducation. En lisant cela mon sang n'a fait qu'un tour! Bouillonnant, il s'est mis à enflammer le cours de mes neurones. Et c'est sur Twitter que j'ai exprimé un certain énervement...

Car même si je ne suis pas une adoratrice des accents ou du surréalisme de certaines règles de grammaire, je reste tout de même très attachée à ma langue. J'en suis même totalement amoureuse! Et après tout un accent ou une double consonne n'a jamais tué personne que je sache! De plus un peu de difficulté offre une bonne gymnastique pour la cervelle francophone. Évidement, je comprends le raisonnement de l'évolution de la langue vivante mais je ne vois vraiment pas le besoin de charcuter l’orthographe d’un pauvre oignon!!!

Est-ce un phénomène d'évolution ou une paresse intellectuelle que l'on glorifie? Est-ce que l'on oublie à quel point l'écriture est le meilleur outil pour synthétiser et construire ses pensées? La langue ne mérite-t-elle pas davantage de respect pour le bienfait qu'elle apporte à nos idées? Et puis n'est-il pas nécessaire de définir une frontière entre le parler et l'écrit?

Être en mesure de discerner les diverses variations de notre langue est une richesse pour celui qui la manie. Personnellement, je crois "qu'écrire à l'oreille" bêtifie nos enfants qui sont capable de faire mieux. Tout enfant est une éponge qui ne demande qu’à apprendre. Pourquoi lui refuser un savoir ancestral? Ne pas se donner la peine de lui enseigner les nuances de sa langue, cette même langue qui l’aidera à organiser ses idées de manière claire et concise, me révolte!

Dieu merci, M'zelle Soleil ne va pas encore à l'école car sinon j'irais de ce pas discuter avec son professeur de ses méthodes d'enseignement! Lorsque l'enfant se trompe est-ce que la chose intelligente à faire n'est pas de lui apprendre à mieux faire, de lui expliquer son erreur pour qu'il l'assimile et la corrige? De lui montrer son erreur afin qu’il puisse la comprendre et éviter de la refaire? De lui expliquer combien notre langue est belle lorsque l’on arrive à la maitriser?

Via Facebook, je discute avec mon ami Guillaume, un partisan de la réforme en mes rangs, de cette nouvelle qui me bouleverse. Car il est vrai que ce charcutage d'oignon m'a chamboulée les émotions et Guillaume me le fait gentiment remarquer...

Mais, attention, je ne suis pas du contre une évolution de la langue. Je confesse même prendre régulièrement le parti de ne pas mettre de majuscule lorsque j'écris le mot "Web" en mes textes (par souci d'évolution). Et puis finalement je trouve que "courriel" est une super invention qui fait évoluer le langage avec son temps. Je me force même à l'adopter pour bien annihiler l'anglicisme trop facile. Et c'est ainsi qu'il s'insère en mon vocabulaire jusqu'à ce que je n'y fasse plus attention...

Mais quand même, d'après moi, enlever le "i" de oignon est totalement inutile! Je suis peut-être plus partiale sur iglou. Mais oignon, franchement, non, cela ne passe pas! Il est vrai que j'ai moi-même maudit et pesté de tout mon saoul lorsque j'ai dû apprendre les absurdes règles de grammaire. Ces règles qui ne te parlent pas pour deux sous quand tu as 8-9-10 ans et plus! Mais au final, avec le recul, je me rends compte que cette profondeur de langue fait intégralement partie de sa beauté. Je réalise aussi à quel point la langue française écrite reste une sorte d'art à mes yeux. Un art abstrait que je savoure sans modération.

Je crois qu'en grammaire, il y a, en effet, plusieurs "non-sens" mais que c'est justement là où il faut lâcher prise pour atteindre un autre pallier de compréhension. La langue française offre une possibilité de clarté, de poésie et de nuances qui est phénoménale. Et cela vient surement en partie de cette complexité qu'il ne faut point sous-estimer.

Mais je pense aussi que les adultes paressent en ce qui concerne l'enseignement de la langue. Pour avoir passé 10 années à soutenir des enfants dans leur apprentissage du français, je peux dire que tout enfant à qui l'on enseigne correctement le français peut écrire oignon sans que cela ne le tue (même les plus cancres)! Je crois qu'il faut faire trés attention lorsque l'on touche à la langue. Elle possède une telle perfection que la transformer demande énormément de réflexions et bien plus de raisons que ce qui est expliqué en cette nouvelle. Éviter de pénaliser les gamins n'est pas à mes yeux une raison suffisante pour engendrer de telles transformations! J'ai beau être libérale, ceci atteint le seuil de ma tolérance! Bon, il parait que l'on écrivait "ognon", dans les années 1200 mais si l'on doit revenir à l'an 1200 pour que cela fasse du sens, je n'appelle pas cela de l'évolution mais de la régression!!!

Alors que l'événement de "courriel" est une évolution en ce qui me concerne, je ressens en cette nouvelle un non-respect de la langue qui m'interpelle profondément. Car si nous sommes des résistants de la langue française en Amérique du Nord et des pionniers de la linguistique francophone moderne, ne sommes-nous pas aussi les gardiens de cette langue qui nous est chère?

Zénitude d'automne

Zénitude d'automne

Avec novembre qui découvre ses charmes insoupçonnés, je prends souvent des bols de lac sous un soleil caressant. Je squatte mes lieux secrets en compagnie de Chanelle qui s'y rafraichit les pattes, le sourire au museau...

Assise au bout d'un quai désert, les pieds à fleur d'eau, je médite en toute simplicité humaine. Je remplis mes poumons d'air pur. L'horizon m'attire. Une ultime zénitude m'envahit bientôt.

J'inspire l'atmosphère silencieuse. Je m'imprègne de cette nature qui m'entoure, de cette paix qu'elle exulte. En symbiose avec Chanelle, je lève le nez dans le vent. Et, en tournant légèrement le regard, je capte cette image...

Golden November Lake

jeudi, novembre 19, 2009

À quoi rêvent les petites filles de quatre ans?

À quoi rêvent les petites filles de quatre ans?

À quoi rêvent les petits? C'est une question que je me pose régulièrement. Cela pique ma curiosité adulte. C'est donc une question que je pose à M'zelle Soleil depuis ses deux ans. Mais ce n'est que depuis peu qu'elle est en mesure d'y répondre vraiment...

Ainsi de plus en plus souvent, peut-être même pour me faire plaisir, M'zelle Soleil essaie de me raconter ses rêves de façon cohérente. Je suis toute ouïe. Et, cette fin de semaine, elle se lève un matin toute guillerette et elle m'explique

- Maman, maman, z'ai rêvé que z'étais une fleur. Ze rêvais et z'ai reconnu que z'étais une fleur et ze m'envolais dans le ciel, z'étais bien...

Mon coeur fond à cette image si douce. Elle poursuit:

- Après, z'ai crouvé mon prince...
- Ah bon? Y'avait aussi un prince?
- Oui et on s'embrassait comme des amoureux!

Et là, petit instant de panique en ma peau de maman, j'ai beau être une irréductible romantique, je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse récolter des graines de romance si jeune! Enfin ce n'est pas comme si je ne remarquais pas déjà ses jeux de séduction qu'elle manie à la perfection. Je dois même avouer en ressentir une certaine fierté maternelle...

Mais je me dis parfois qu'il y a quelque part, dans un bac à sable, un petit garçon qui ne sait pas encore ce que lui réserve son coeur. Et puis, je me dis qu'avoir deux parents amoureux sous son toit n'aide pas son cas! Finalement, je ne peux qu'espérer que les Dieux de l'Amour se montreront cléments avec mon enfant...

En compagnie de Robert...

En compagnie de Robert...

En ce merveilleux mois de novembre, certainement l'un des plus doux et ensoleillé de ma mémoire, les semaines me filent entre les doigts.

Les ombres s'allongent à mesure que les jours raccourcissent. La lumière se transforme. J'apprécie, en mon être et conscience, la beauté de cet automne qui s'attarde délicieusement...

Je cybertravaille à la maison de manière très réelle. Je sors parfois en ville pour assister à des événements virtuels. Je discipline le cours de mes neurones pour vaquer à plusieurs occupations à la fois.

À chaque jour, choisir sa concentration. Un matin, je me concentre les idées technos qui s'enroulent autour des multiples nuances du web 2.0. Un autre, je fais voyager les idées d'une langue à une autre ou encore je farfouille les prochaines tendances pour des articles de mode.

Éberlué, Juan me demande:

- Mais cela te dérange pas de passer du coq à l'âne d'un jour à l'autre?
- Ben non, cela ne me dérange tellement pas que j'adore cela! J'aime pratiquer le saut du coq à l'âne en un même royaume de mots. C'est ma gymnastique préférée...

Couvrir ou participer à quelques conférences, traduire, rédiger, m'occuper de ma puce qui grandit, sourire à mon homme. Heureuse de retrouver une routine intellectuelle qui me délecte l'esprit, je me laisse voguer sur ces flots actifs...

Seul hic à mes jours, je cours inlassablement après ces temps d'inspirations libres qui sont à la source de ce blogue et de mes écritures littéraires. J'accroche un instant au fil du temps. J'entre par la petite porte du jardin qui mène mon clavier en ce terreau virtuel. Mais d'un coup, je me demande par quel bout creuser! Je suis en retard dans mes chroniques d'enfances, j'ai une montagne de brouillons divers à cultiver, mes photos soupirent d'abandon, et mes idées trainent dans tous les sens!

Mes mots "s'indisciplinent". Coquins. Ils se moquent de ma pomme qui essaie de les remettre en ordre! Pour ne pas me laisser faire, je vais chercher Robert à la rescousse. Robert et sa rigueur de langue qui me fait saliver les idées. Robert qui est devenu aussi virtuel en ma vie que ce jardin de mots (et d'images) qui est mien depuis des lunes. Robert qui ne semble pas avoir adopté les virtualités du "web 2.0" en la définition de cet adjectif si moderne...

Picnik collage

Virtuel, elle [viʀtɥɛl] adjectif : étym. 1503, rare avant 2e moitié du XVIIe ◊ latin scolastique virtualis, du latin virtus « vertu » Famille étymologique ⇨ vertu.

1. Qui n'est tel qu'en puissance, qui est à l'état de simple possibilité. ➙ possible, potentiel. Le marché virtuel d'un produit. À l'état virtuel. latent. Candidat virtuel à la présidence. ▫ Subst. Le possible, le probable et le virtuel. 2. (fin XVIIIe) Phys. Travail virtuel : travail des forces appliquées à des déplacements virtuels ou fictifs. ▫ Particules virtuelles : particules fictives permettant d'expliquer l'interaction entre les quantons. 3. Opt. Objet virtuel, formé par l'intersection de rayons convergents issus d'un système optique. Image virtuelle, formée par des rayons divergents. 4. Inform. Qui apparaît fonctionnellement pour l'utilisateur, indépendamment de la structure physique et logique utilisée. Mémoire virtuelle. Disque virtuel. 5. Qui concerne la simulation de la réalité par des images de synthèse tridimensionnelles. Réalité virtuelle. Monde virtuel. ➙ cybermonde. ▫ Musée virtuel, visite virtuelle, sur Internet. ▫ N. m. L'ère du virtuel. ■ contraires : Actuel, 1. effectif, formel, réel.

jeudi, novembre 12, 2009

Bureau de lac et virtualité...

Bureau de lac et virtualité professionnelle...

Brume de lac sur soleil levant...

Ce matin après avoir emmené ma puce et mon homme à leur rendez-vous de covoiturage. Je me suis allée prendre une bouffée de lac. Le jour s'éveillait. Pour le plaisir d'observer la brume nocturne voguer à la surface de l'eau, je me suis laissée engourdir les doigts par la gelée matinale que chassait le soleil levant à grands coups de rayons.

J'ai inspiré l'atmosphère unique empreinte de sérénité terrienne et puis, juste avant de perdre trois doigts, je suis rentrée sagement travailler devant cet écran qui fait mon bureau de maison...

Je suis une cybertravailleuse. Mais je crois que je préfère le masculin de ce barbarisme qui évoque une nouvelle dimension de travail humain. Le féminin de ce terme semble posséder une connotation sensuelle qui ne s'applique pas à la tâche que je performe!

Dans la réalité de la chose, je me sens libre même si je dois posséder une bonne discipline quotidienne et une certaine organisation d'actes et de pensées. Certains jours, j'ai l'impression d'avoir discuté avec plein de monde alors que je n'ai pas ouvert la bouche. D'autres jours, je fais des rencontres professionnelles sans même prendre la peine de coiffer mes mèches rebelles ou d'être convenablement habillée.

J'aime bien cybertravailler. D'ailleurs je pense que je cybertravaille de façon efficace. J'aime la solitude physique qui m'apporte une concentration monacale. Et maintenant que M'zelle Soleil va à la garderie et que j'ai repris du service du clavier, je cybertravaille assez pour retrouver un certain rythme de croisière qui fait le plus grand bien à mon portefeuille dégarni!

Manque plus que je retrouve le souffle de ma discipline d'écriture d'antan pour combler le moindre de mes neurones!

Brève d'enfance

Brève d'enfance

Souvent, par espièglerie, j'épie les comportements de mes amours de maison. Et mon oreille baladeuse me donne l'occasion de sourire à profusion...

Lui: Ah! Liloo, on n'arrive plus à marcher dans ta chambre!
Elle: Ben! C'était quand z'avais trois ans que z'ai fait le bordel!
Lui: Ben c'est ça et maintenant tu as quatre ans et tu peux aider à ranger!!!



M'zelle Soleil pianote les touches en plastique de son ordi portable. Elle explique à son père qui lui demande ce qu'elle fait: "Z'écris des mots pour avoir des chèques!". Bouche bée, mes yeux s'écarquillent de surprise. Je m'insinue dans la conversation et demande:

- Mais c'est des chèques pour qui?
- Pour mes enfants!

Je sens qu'avec ses quatre ans qui débutent, je vais pouvoir sourire des oreilles toute l'année durant...

- Maman, quand z'ai quatre ans, c'est vrai que ze peux apprendre des vrais mots pour écrire?

Autre jour, autre sourire intérieur devant la personnalité grandissante de ce petit bout de fille qui est mienne.

- Dis maman, "ne pas faire la sieste" c'est une expression hein?
- Heu.... Comment!?!
- "Ne pas faire la sieste" c'est une expression?
- Heu non, pas tout à fait, celle-là je ne le connais pas du tout! Bien essayé!

mardi, novembre 10, 2009

Quatre ans...

Quatre ans...

Il y a quatre ans, à 7hres du matin, je perdais mes eaux. Douze heures plus tard arrivait sur Terre une petite fille prénommée Lily-Soleil. Que d'efforts, d'épreuves, de bonheurs et d'apprentissages depuis. Mettre au monde ce brin de nous aura été un chemin de croix pour mon corps et une délivrance pour mon coeur. Je ressens pour elle un amour d'une profondeur infinie qui m'infuse l'être. Un amour qui submerge mes sens et que je laisse couler en mon sang. Il y a quatre ans devenir parents était un nouveau concept à nos idées. Désormais c'est une réalité dont on ne pourrait plus se passer...

collage de Lily-Soleil

Devenir parent est une sacré aventure! Un voyage mental et émotionnel qui bouscule les repères et responsabilise les pensées. L'aventure débute en une fusion "parent-bébé". Puis, au fur et à mesure que l'enfant devient autonome, le parent doit subtilement se détacher (tout en restant présent) pour ne point brimer son développement. Devenir parent tue l'égoïsme latent, il dénombrilise les jours et permet à l'esprit de s'élever plus haut, plus loin.

Devenir maman à 32 ans a été un processus naturel. Maturité aidant. Merci à cet instinct que je possède en ma peau. J'apprécie cet instinct qui me guide de par les sentiers invisibles de mon inconscience. Il fait le pont avec ma conscience qui réalise mon quotidien.

Le chemin de la parentitude est long. D'après mes estimations, il doit s'étaler sur plus de seize ans. Il ne longe pas un long fleuve tranquille. L'on y découvre cascades, remous, courants et eaux calmes. Le chemin de la parentitude s'inscrit dans une véritable épopée humaine. Le parent grandit avec l'enfant ou plutôt il vieillit. Car l'enfant deviendra l'adulte de demain et le parent essaiera de ne pas devenir un vieux con. Le présent de l'enfant est à la source de son futur. Le présent du parent deviendra son passé. Ainsi est la vie qui s'écoule en nos veines.

Être maman c'est concocter des brownies en forme de cœur à 10hres du soir pour le bonheur de l'enfant qui aura 4 ans le lendemain. Sous la lune en croissant, la maison s'embaume. Un cœur en chocolat fondant attend le réveil de M'zelle Soleil. À huit heures du matin, alors que j'ai décidé de garder ma puce enrhumée à la maison, j'entends M'zelle Soleil se réveiller...

J'ouvre la porte de sa chambre pour découvrir une petite fille, levée, avec les yeux qui brillent dans le beurre de peanut, qui s'exclame dans un élan de joie: " Z'ai quatre ans!" tout en levant dans les airs une main de quatre doigts. Le sourire empreint d'innocence qui s'affiche sur son visage m'emporte le cœur en des sphères lointaines.

lundi, novembre 09, 2009

Expression et tergiversations...

Expression et tergiversations...

Avec cette nouvelle semaine qui débute, la température se fait douce et clémente. Le lac se repose de ses émotions estivales. Zénitude de solitude. L'on effleure les quinze degrés en plein soleil de midi. Subtil bonheur.

Je ne veux pas écouter les prévisions de la météo. Juste regarder le ciel avec de l'espoir en boite. Je refuse l'idée d'être sous la neige avant le quinze décembre! Ah! Si je possédais une baguette magique, l'on en parlerai plus! Je désire attendre les flocons afin de mieux en savourer leur féérie...

Je suis toujours en tergiversation de vaccination. Je n'aime pas cette indécision qui entraine l'inaction. Juan veut maintenant que je me fasse vacciner en plus de ma fille. Nouvel élément à déposer en ma balance personnelle. Lui se fera vacciner.

Et pendant que je tergiverse, M'zelle Soleil a attrapé un rhume! (cela ne peut être que cela puisque cela n'est pas la "grippe code postal". Enfin c'est assez pour qu'elle soit joliment maganée!). Elle a la voix cassée qui lui donne un petit ton de camionneur et une toux bien peu appétissante.La sentir malade me fragilise les émotions qui partent en vrille si je ne les retiens pas.

Je réalise combien je n'ai guère envie de la voir traverser cette fameuse grippe. Comme elle est malade, je ne l'envoie point à la garderie aujourd'hui. J'aime bien la sentir à mes cotés même si cette semaine se révélera périlleuse pour remplir mes contrats professionnels. Je compte donc sur la collaboration de mon petit bout de fille qui aura quatre ans demain!

Mais si j'en reviens au vaccin, à un certain point, je crois qu'il faut faire confiance à la médecine. Juan est diabétique de type I depuis ses quinze ans. Sans insuline, il ne vivrait certainement pas aussi bien. Dans son cas, se piquer, c'est choisir de vivre. Dans le passé, les diabétiques comme lui ne dépassaient pas trente ans. Il aura trente ans le 31 janvier prochain et je compte bien vivre avec lui encore quelques décennies! La médecine l'a aussi bien réparé lorsqu'il s'est cassé le cou. Sans compter que lorsque j'ai eu cette septicémie post partum, c'est la médecine qui m'a sauvée la vie. Vu mes ennuis de santé des dernières années, aurais-je survécu sans la médecine moderne? C'est peu probable. Je sais aussi que cette vaccination de masse ne peut que donner un coup de poing à cette grippe sortie de nulle part. Et l'on sait bien que plusieurs maladies ont été éradiquées par des efforts de vaccination massive. C'est un point que je considère fortement.

Maintenant qu'un million de québécois est vacciné, étrangement, je me sens un peu plus rassurée. En mon cœur je les remercie de l'avoir fait. En mon esprit, je tangue encore. Je dois avouer que je n'aime guère l'idée de me faire injecter une micro dose de virus. Mais c'est plus irrationnel qu'autre chose. Cependant qui n'est jamais légèrement irrationnel? De nos jours la médecine donne quelques frissons avec ses expériences en tout genre. Elle devient titanesque, gargantuesque, effrayante. Je déplore aussi le peu d'information sur les éventuels effets secondaires de ce vaccin. Il est difficile de récolter des informations sur le sujet qui ne virent pas à l'extrémisme...

La semaine dernière, j'ai creusé, exploré, questionné ce sujet complexe. Cette semaine, je prends le temps de le méditer, de l'avaler et de le digérer. La semaine prochaine, je prendrai une décision (en espérant que cela soit la bonne). Et d'ici là, une petite expression de circonstance pour la route...

EXPRESSION via expressio.fr
« Avoir la science infuse »

SIGNIFICATION
Savoir sans avoir appris. Prétendre tout savoir.

ORIGINE
Cette expression est souvent ironique, parce qu'on l'adresse en général à quelqu'un qui sait tout (ou prétend/croit tout savoir) pour essayer de lui faire comprendre que c'est impossible, ce qui est souvent peine perdue. Il ne s'agit pas ici de connaissances qui auraient longuement infusé avant de donner le meilleur d'elles-mêmes, comme une bonne verveine ou un tilleul, mais de savoir supposé être inné, connu sans avoir été appris. C'est une vieille histoire qui remonte à l'aube de l'humanité, puisqu'elle vient d'Adam (le concubin d'Eve). En effet, en théologie, la science infuse n'est ni plus ni moins que la connaissance qu'Adam reçut de Dieu.

AILLEURS
Allemagne: Angeborenes Wissen haben - Avoir des connaissances innées. Espagne: Saber (hacer) alguna cosa por ciencia infusa - Savoir (faire) quelque chose par science infuse. Italie: Avere la scienza infusa - Avoir la science infuse. Pays-Bas: De wijsheid in pacht hebben - Avoir la science à bail. Serbie: Pelcovala te nauka- La sciense t'a infusé

vendredi, novembre 06, 2009

La peur au ventre

La peur au ventre...

La saga de la grippe H1N1 scénarise toutes sortes de films dans ma tête. H pour hémagglutinine et N pour neuraminidase. Le chiffre 1 correspond au rang du virus. Le fameux virus qui est sur toutes les lèvres...

Depuis que je suis toute petite, la grippe espagnole me fascine. Si meurtrière. La grippe la plus dangereuse de l'Histoire. Souvent, avec quelques frissons, j'ai creusé le sujet en compagnie des vieux de mon enfance. Et voilà pas que le virus H1N1 de 1918 est un ancêtre éloigné du virus qui sévit aujourd’hui! Un virus qui a beaucoup évolué en se « cachant » durant des décennies dans les populations porcines avant de refaire surface chez les humains.

Sur Twitter, la mode est à la "grippe code postal". Inconsciemment, cela dédramatise la chose, j'adopte l'expression sur le champ. Pour essayer de ne pas trop capoter, je consulte mes amis sur Facebook en partageant quelques-uns de mes états d'âmes. Comme j'ai dans le même panier virtuel des amis québécois et français, je constate vite le fossé culturel qui sépare nos deux mentalités francophones. Les différences de perceptions y sont flagrantes. Les français pensent que l'on s'affole. Les québécois tiennent mordicus au vaccin. Deux courants de pensées s'affrontent en cet espace virtuel qui me fait de plus en plus penser à une sorte de salon invisible.

Je constate donc que coté québécois, c'est la vaccination de masse. Coté français, ils s'en tapent un peu et ils ne font guère confiance au vaccin conçu à la va-vite. Mes idées se mêlent et s'entremêlent. C'est le sujet de discussions de l'heure en nos diners de famille. L'on en arrive à la décision que Juan se fera vacciner. En tant que diabétique insulinodépendant, il est à risque. L'on sait bien comment une sale grippe peut débalancer dangereusement son taux de sucre. Déjà que le diabète au quotidien, ce n'est pas le nirvana. Lui comme moi n'avons guère envie de connaitre les résultats de la combinaison diabète et H1N1!

Dans la foulée, il pense alors à faire vacciner M'zelle Soleil. Je recule d'un pas. Sans trop savoir pourquoi mon instinct de maman bloque cette décision. Il est vrai que je ne suis pas certaine de faire entièrement confiance à ce fameux vaccin. L'homme me dit:

- Ben là, t'as confiance que pour moi cela sera correct mais t'es pas sure pour la petite?
- Ben oui, toi, t'es un homme, t'es grand. T'es fort. Elle est encore petite, elle est pas finie...
- J'avoue que si ce n'était du diabète je ne penserai même pas à me faire vacciner! Mais je n'ai pas peur du vaccin...
- Je sais. Mais toi de toute façon c'est la science qui te fait vivre!
- Alors tu te dis que quitte à faire c'est bon que je participe à l'essor de la médecine!
- Ben oui, un peu...

Quant à ma peau, je ne sais trop quoi en faire. Je reste encore un peu traumatisée par les longues et périlleuses suites de maladies qui ont suivi la naissance de M'zelle Soleil. Pour avoir eu deux pneumonies durant cette période, je peux très bien me souvenir des sensations douloureuses que cela engendre. Je me souviens trop bien de ces périodes de maladie si intense où l'on se demande sincèrement si l'on y survivra. Je n'ai aucune envie de repasser par là! Mais d'un autre coté, je vais mieux. Depuis six mois, je vais bien. Les docteurs m'avaient bien dit que cela prendrait de quatre à cinq ans pour me refaire un système immunitaire. Cela fait quatre ans que le mien est tombé à terre. J'ai quand même l'impression que depuis il s'est relevé. Mais cela n'enlève rien à mon histoire personnelle qui me fait désormais craindre tout microbe...

Pour essayer d'exorciser le sujet, j'écris un article construit et plutôt neutre en cet autre portail où je travaille. Cela aide un peu mon cas mais pas assez. J'essaie de ne pas trop m'en faire avec ces nouvelles tragiques qui me rendent phobiques mais cela devient difficile. Évidement les médias n'aident pas mon cas. Comme cette grippe m’angoisse le sang, je crains plus que tout la perspective de perdre un membre de ma famille. Cette émotion devient plus forte que ma raison. J’ai peur. Les médias jouent avec mes émotions et je n'arrive pas à trouver le bouton "off".

Ainsi je ne sors plus sans mon désinfectant à main. Je recommence à prendre mes capsules d'échinacées. Je ne mange que des produits bons pour la santé! Lorsque je vais faire mes courses, j'utilise les lingettes désinfectantes offertes sur place pour désinfecter la poignée de mon caddie et comme je ne suis plus à une précaution près, j'en profite pour laver le dessous de mon sac à main (reconnu pour héberger toutes sortes de germes). Arrivée à la caisse, une lingette magique en mon caddie, je craque. C'est plus fort que moi. Quand vient le temps d'utiliser ma carte débit, sous les regards médusés de la caissière et du client derrière moi, j'en profite pour laver la machine Interact! Avec un sourire contrit je dis: "Oui, je sais, je capote un peu! Désolée!"

Passé la caisse, je rencontre un local que je connais plus ou moins, un gentil monsieur d'un certain âge, un peu étrange avec des idées toujours loufoques. Évidement il me branche grippe. L'on essaie de ne pas s'affoler. Je fais mon possible pour tenir des propos raisonnables même si la peur me tenaille le ventre. Il me dit que si l'on a rien eu d'ici le 15 décembre, le froid devrait tuer le virus. D'un coup sec, j'ai hâte à ce que Noël arrive pour avoir bien froid...

jeudi, novembre 05, 2009

Chasse d'enfance en bonne compagnie

Chasse d'enfance en bonne compagnie...

Cette année, sur l'invitation motivée de mon amie Julie, nous sommes allés chasser les bonbons du coté de Lévis.

Julie et Gab ont deux petites filles en bas âge, Anouk qui a deux ans et Élora qui a trois mois. Julie, qui materne en vase clos depuis trois mois, avait besoin d'un peu d'amitié et d'air frais. Elle avait aussi l'envie folle de se faire un Halloween en gang de parents.

Habituellement, nous allons chasser les bonbons dans le seul quartier résidentiel du village. Notre rue et son quartier boisé étant trop paisibles pour y voir défiler des petits monstres.

Halloween vu depuis l'enfance est d'une incroyable magie. L'on se fait des petites frayeurs tout en se bourrant la face de bonbons, l'on rencontre plein de congénères. Les parents sont cools, c'est l'aventure à son meilleur.

J'aime chasser les bonbons en compagnie de mon petit soleil et de mon grand amour. Dans le quartier résidentiel à saveur familiale où nous allons errer la nuit d'Halloween, nous y croisons toujours les pompiers qui distribuent des bonbons, des grappes d'enfants déguisés et des parents joyeux. L'on se reconnait parfois, l'ambiance est excellente. Il me peinait d'aller voir ailleurs. Mais c'est sans compter l'amitié qui motiva mon coeur à changer mes habitudes...

Ce jour d'Halloween arrive donc enfin. M'zelle Soleil est, comme l'on peut s'y attendre, une petite princesse qui a très hâte d'aller chasser des bonbons. Le jour se lève sur son excitation enfantine alors que le temps décide de faire la gueule. Débarque midi et derrière les fenêtres, un vrai "temps de chiottes" définit la saveur du jour.

Vers trois heures, nous prenons la route sous une pluie battante. Cela promet! Quarante cinq minutes plus tard, nous voilà à Lévis. M'zelle Anouk est aussi une princesse et sans que Julie et moi ne nous consertions, nos fillettes sont en mauves! Et toutes deux portent des ailes. Cela fait même sourire minuscule Élora en son costume de citrouille. À Lévis, si prés du fleuve, le vent est toujours plus présent qu'en notre forêt. Le même temps de chiottes nous accueille là-bas. Entre amis, nous motivons notre parentitude. L'on se souvient de ces Halloween gelés où l'on se "caillait les c..." Ensemble nous ne nous laisserons pas faire par ce temps si déprimant!

Malgré le mauvais temps, la température est douce. Une douzaine de degrés réchauffe le moral adulte. Il est convenu de rejoindre Marie-Lune et ses parents (amis de Julie embarqués dans la ronde) sur le coup de cinq heures. Nous voilà vite en route. Nous sommes contents de finalement les rencontrer après tout ce temps à se connaitre à travers Julie. La maman de Marie-Lune est un joli arlequin et la petite est une mignonne sorcière à la robe clignotante. Hé oui, le soir d'Hallowen, ici, les robes des mini-sorcières clignotent! Ainsi, cette année, Marie-Lune et Lily-Soleil chasseront les bonbons ensemble...

Nous nous retrouvons dans le quartier cossu des grands-parents de Marie-Lune. Alors que nous essayons de sortir, le temps monte d'un cran. D'énormes bourrasques de vent balaient les rues désertes, la pluie tombe en méchantes rafales. Nous ne nous résignons pas. Les grands-parents nous ouvrent les bras et nous décidons de nous réfugier un moment en cette maison qui accueille notre petite troupe halloweenesque.

Les filles s'apprivoisent gentiment, M'zelle Soleil presque 4 ans, Marie-Lune, 3 ans et Anouk, deux ans, forment une adorable gang. Bébé Élora s'est endormie comme un charme. Elle restera bien au chaud en compagnie de Youri, 6 mois, petit frère de Marie-Lune. Trente minutes passent et le temps semble subtilement se calmer. À travers les fenêtres, une voiture de police pique notre curiosité. Nous sortons dehors. Et que commence la chasse...

Dehors, le vent se fait moins violent et la pluie hésite à devenir bruine. Un policier, la sucette au bec, accueille en souriant deux princesses mauves et une petite sorcière peureuse accompagnées de leur troupe parentale. Les fillettes écarquillent les yeux. Les parents se marrent sous la pluie. Le policier est ultra sympatique. Voilà qui commence bien le soir! Alors que la nuit tombe, l'on croise d'autres troupes d'enfance qui bravent le temps et s'amusent tout autant.

C'est donc parti pour une petite heure de bonheur sous la pluie. Je réalise combien ma fillette grandit. C'est la plus vieille de la gang d'enfance. Autonome, indépendante, je n'ai guère besoin de lui tenir la main. Tant que les bras de son père sont là lorsqu'elle fatigue un peu, tout va pour le mieux! Et même si je frissonne dans le vent, je suis heureuse d'avoir laissé Julie m'entrainer dans sa ronde amicale.

Les gens sourient devant le charme de notre petite troupe. Six parents, trois petites filles, rien que du fun et de l'affection! Comme toujours, je me fonds en cette ambiance si douce qui fait s'ouvrir toutes les portes des maisons. En ce moment précieux où les adultes se rejoignent pour le plaisir des enfants. Les portes s'ouvrent. C'est la fête. Le temps s'apaise un peu. Il pleut des bonbons. Les enfants s'éclatent. Les parents jasent et rigolent. La générosité est au coeur de l'instant. Et, pour moi, ce simple fait vaut bien toutes les sucreries du monde.


lundi, novembre 02, 2009

Du fond du ventre...

Brève d'enfance

- Quand z'étais petite, z'étais dans ton ventre et z'entendais mal les choses...

-Ah bon? T'entendais pas les chansons de papa?

- Z'entendais pas bien parce-que z'étais au fond du ventre...

- Ah! Oui, évidement...